En ce début de journée, Belle avait commencé sa journée comme d'habitude : le réveil avait sonné, elle était allée sous la douche pour finir de se réveiller, s'était habillée et avait pris un petit-déjeuner tout en lisant l'un de ses romans préférés. Bizarrement, elle était pas mal attirée par les romans de Bit-Lit en ce moment... Peut-être parce qu'Adam lui manquait énormément. Ils avaient été longtemps ensemble, enfin, plusieurs mois, et la Malédiction les avait séparé. La jeune femme n'avait pas réussi à le retrouver pour le moment, mais elle ne désespérait pas : après tout, il avait surgi dans sa vie quand elle s'y attendait le moins. Sans doute que les choses se passeraient de cette façon...

Une fois prête, Belle sortit et décida d'aller passer un moment calme au parc. Un livre sous le bras, la jeune femme se dirigea vers l'un des petits parcs de la ville, ravie de l'air doux de ce début de matinée. Elle s'installa sur un banc et se mit à lire tranquillement, se plongeant avec plaisir dans cette histoire de métamorphes et d'âmes soeurs. Ayant au préalable réglé son portable pour qu'il sonne assez tôt pour ne pas se perdre dans son livre et arriver en retard au travail, la lectrice sursauta presque quand elle entendit son appareil sonner. Soupirant de dépit, le passage qu'elle lisait était vraiment trop intéressant, Belle rangea son livre et se leva, prête à aller au travail.

C'était sans compter sur un petit chien qui déboula d'une allée et se mit à lui sauter dessus. Surprise, Belle tomba au sol et le chien en profita pour lui lécher allégrement le visage. Le maître ne tarda pas à arriver, pas très content manifestement que voir que son chien ne lui obéissait pas. Mais ce qui fit que Belle se figea, c'était la voix du propriétaire. Elle la connaissait cette voix. Cela faisait plusieurs années qu'elle rêvait de l'entendre de nouveau. Ceci dit, elle espérait tellement qu'elle n'osait pas lever les yeux. Jusqu'à ce qu'il s'adresse à elle. Qu'il dise son nom. Alors doucement, presque avec peur de voir son rêve ne pas se réaliser, la jeune femme leva les yeux.

- Adam... Dit-elle doucement. Adam ! S'écria-t-elle avant de se lever et se jeter sur l'homme en face d'elle. C'est vraiment toi ? Demanda-t-elle en posant doucement sa main sur sa joue.

Comme avant. Comme quand le sort de l'Enchanteresse avait été brisé. Elle n'osait y croire. Et pourtant. Il était bel et bien là. Pour son plus grand plaisir.

C'était perturbant. Mais dans le bon sens. Ceci dit, Belle avait beaucoup de mal à croire en sa chance : Adam était bien là, devant elle. Et visiblement, tout comme elle, il n'avait pas oublié leur histoire. Cela la rassurait un peu, parce qu'au fond, vu toutes les années qui étaient passées, la jeune femme avait eu peur qu'il ne l'oublie définitivement, qu'il raye un trait sur tout ce qu'ils avaient vécu ensemble. Visiblement, ça n'était pas le cas. Et la jeune vendeuse se retrouvait comme après la rupture du sort de l'Enchanteresse : à le découvrir.

Il la rassura, lui montra que tout comme elle, il était perturbé par ces retrouvailles. Qu'ils devaient à Sultan, bien évidemment. Ce chien avait toujours tendance à être dans leurs pattes, mais pour une fois, elle n'allait pas le chasser de là ! Aussi Belle sourit à Adam avant de s'accroupir pour être au niveau du chien et lui faire un bisou sur la truffe.

- Je suis certaine qu'il nous comprend. Dit-elle ensuite en se relevant, sans perdre son sourire.

Sourire qu'elle ne perdit pas quand il la complimenta, même si elle rougit un peu sous le compliment, peu habituée à ce genre de réaction. On avait plutôt tendance à la déprécier en général... Même le contact de la main rugueuse d'Adam ne lui fit pas perdre le sourire. Et surtout pas en l'entendant par la suite plaisanter sur son nouveau travail. La jeune femme profita cependant de cette caresse tendre et pour lui montrer que les calles sur ses mains ne la dérangeaient pas, Belle s'appuya légèrement de la joue dessus, savourant ce contact dont elle avait longtemps été privée.

- Un travail manuel hein... Commença-t-elle, malicieuse. Tu déchires des vêtements usés ? Le taquina-t-elle, en mémoire à toutes ses capes qu'il avait fallu reprisser... Tu fais quoi comme métier à présent ? Demanda-t-elle, curieuse. Oh, je ne suis pas aussi originale que toi... Je vends des livres. Lui expliqua-t-elle alors en riant légèrement. Mon père va bien, il est ici également. Répondit-elle avant de regarder sa montre. Dis... Je suis censée aller au travail... Mais comme je t'ai retrouvé, je n'en ai pas du tout envie. Tu crois qu'on pourrait passer la journée ensemble ? Demanda-t-elle un peu timidement.

Son patron ne lui dirait rien pour cette journée, elle qui dépensait toute son énergie pour la librairie constamment. Pour une fois qu'elle avait besoin d'une journée, elle comptait bien la prendre. Et puis, ce n'était pas tous les jours qu'on retrouvait l'homme de sa vie, n'est-ce pas ?

Evidemment, même si elle était plus que ravie de le revoir, Belle ne pouvait pas abandonner sa curiosité, encore moins quand il s'excusa d'avoir les mains râpeuses, lui qui n'avait jamais eu ce genre de problème par le passé. Alors elle l'avait questionné et avait découvert avec étonnement qu'il était menuisier et charpentier. Si au début, elle avait un peu de mal à l'imaginer, au final cela collait bien à Adam. Et puis, il aurait pu avoir un métier bien ridicule. La Malédiction l'avait épargné, ce n'était pas plus mal, lui qui avait déjà été la victime d'un mauvais sort...

- Ca à l'air de te plaire. Sourit-elle. Je ne suis pas certaine que tu aurais consenti à faire quelque chose de ce genre avant. Le taquina-t-elle. Il a l'air d'être un bon patron en tout cas. Le mien aussi n'est pas trop embêtant, il faut dire qu'il n'a pas vraiment à se plaindre de moi. Plaisanta-t-elle.

Elle n'était pas sa seule employée. Le matin, il y avait un petit jeune qui restait jusqu'à midi. Il était là en apprentissage et elle prenait plaisir à lui apprendre des choses sur le métier mais surtout sur les livres et les relations avec les autres, de façon générale. Elle savait que son patron lui en était reconnaissant et qu'il appréciait de voir que tout le monde s'entendait bien.

- J'aurais pu gérer la bibliothèque municipale. Lui répondit-elle en souriant.

Elle aurait pu. Mais sous la Malédiction, Regina n'avait pas été très méchante avec elle. Au fond, vivre comme n'importe qui et ne pas être une princesse - futur qui s'annonçait avec Adam - ne la gênait pas du tout. Elle était de base une roturière, alors vivre dans un monde sans titre lui convenait également. Le seul bémol avait été l'absence d'Adam à ses côtés mais c'était manifestement du passé vu qu'ils s'étaient retrouvés grâce à Sultan.

- Moi non plus... Dit-elle doucement, profitant de la chaleur du corps du menuisier contre elle.

Faisant comme lui, Belle téléphona à son patron pour lui expliquer rapidement la situation. Compréhensif, il accepta qu'elle ne vienne pas au travail aujourd'hui. L'apprenti et lui feraient l'affaire manifestement. Ce qui était parfait, puisqu'alors qu'elle se tournait vers Adam pour lui faire part de la réponse de son patron, l'ancien prince l'informa que c'était bon pour lui aussi. Elle lui apprit que c'était pareil et ils reprirent leur balade, Sultan gambadant devant eux.

- Sincèrement, j'ai un peu cherché tout le monde, mais sans trop de succès comme tu as pu le voir. Raconta-t-elle. Je n'ai retrouvé personne. Quant à ce que je faisais... Eh bien, je partage mon temps entre mon travail et l'orphelinat où je suis bénévole. J'ai décidé de faire un atelier lecture là-bas, pour leur permettre de voyager un peu malgré leur situation pas toujours facile... Et toi ? À part la menuiserie et Sultan, que s'est-il passé dans ta vie ?

Comme par le passé, la vie de Belle n'était pas si intéressante que cela. Elle avait mené une vie calme, routinière, jusqu'à ce qu'un petit grain de sable nommé Adam et Sultan ne surgisse et ne rende cette vie bien plus intéressante.

Finalement, la vie à Storybrooke leur avait bien réussi. Adam faisait un métier qu’il appréciait et qui semblait bien lui convenir. Elle-même avait moins été regardée comme un monstre de foire, même si bien évidemment le lycée n’était pas l’endroit le plus sympa du monde pour une personne qui passait son temps à lire et qui ne prêtait pas attention aux ragots et autres stupidités du genre.

Cependant, niveau métier, Belle rêvait de plus. Elle ne savait pas quoi exactement, mais être vendeuse en librairie n’était pas forcément le plus satisfaisant. Oh, elle avait comblé un peu le manque qu’elle ressentait en devenant bénévole à l’orphelinat, mais elle avait toujours l’impression qu’il lui manquait un truc pour que vraiment sa vie soit pleine et bien remplie. Heureusement, elle avait retrouvé Adam, ce qui déjà remplirait un vide énorme dans son cœur.

- Non. Dit-elle doucement avec un sourire tendre. Personne n’aime les rats de bibliothèque. Ajouta-t-elle en riant légèrement. Donc non, personne dans cette fausse vie et encore moins depuis que j’ai retrouvé la mémoire. Je t’attendais. Avoua-t-elle avant de mettre sa main droite sur la joue d’Adam et de se mettre sur la pointe des pieds pour déposer doucement ses lèvres sur celle de l’ancien prince.

Depuis qu’ils s’étaient revus, elle mourrait d’envie de l’embrasser. Alors puisqu’il venait de lui dire qu’il l’avait attendu, comme elle-même l’avait fait, Belle franchit le pas malgré ses joues légèrement rouges. Pour le coup, elle avait l’impression de retomber en adolescence, à faire quelque chose dont elle ne savait pas comment elle serait reçue. Mais c’était Adam et ils s’aimaient depuis longtemps, alors tout allait bien se passer. Non ?

Avouer que jamais personne ne s’était intéressé à elle avait de quoi la rendre légèrement honteuse. Mais Belle savait parfaitement qu’elle valait mieux que ces gens qui ne s’intéressaient qu’aux apparences. Ce qui n’avait jamais été le cas d’Adam. Jamais. Ils avaient mis du temps à s’apprivoiser l’un l’autre dans leur monde d’origine, mais quand ça avait été le cas, la jeune femme s’était enfin sentie complètement acceptée, à sa place. Et là, alors qu’elle était dans les bras d’Adam, ce sentiment refaisait surface, lui réchauffant le cœur comme rien ne l’avait fait jusqu’alors depuis la fin de la Malédiction.

- J’ai eu beaucoup de chances alors. Répondit-elle en riant légèrement. Je crois qu’on a assez attendu… Ajouta-t-elle en murmurant doucement, savourant sa présence à ses côtés.

Au fond, c’était peut-être là la véritable punition que Regina Mills avait infligé à tout le monde : être dans un autre monde, avoir des faux souvenirs en plus des vrais mais surtout ne pas réussir à retrouver les siens rapidement… Belle n’avait pas envie de penser à cela. En fait elle n’avait envie que d’une chose et pour une fois, elle suivit son impulsion et embrassa tendrement Adam, savourant la saveur de l’homme qu’elle aimait, la sensation de ses bras tout autour d’elle. Plus rien n’existait autour d’eux et c’était là le paradis aux yeux de la vendeuse.

- Tu m’as manqué aussi… Répondit-elle en soupirant légèrement, son front contre celui d’Adam, ses yeux fermés. C’est hors de question. Reprit-elle en ouvrant vivement les yeux et en fixant son regard dans les yeux bleus de son prince. Tu es bloqué avec moi maintenant. J’espère que tu es sûr de toi, parce que je ne te lâche plus.

Ce serait bien trop difficile de le perdre à nouveau. Cette fois, elle ne s’en remettrait sans doute pas. Alors elle était parfaitement d’accord pour qu’ils restent ensemble autant que possible… Un bruit résonna et coupa toute l’atmosphère romantique. Belle rougit, ayant compris : son estomac se rappelait à son bon souvenir.

- Désolée… S’excusa-t-elle en rougissant. Je n’ai pas déjeuné ce matin.

Elle avait été trop pressée d’aller lire au grand air pour prendre la peine de perdre son temps à manger. Seulement maintenant son corps lui rappelait qu’il avait besoin d’énergie, et ce au plus mauvais moment !