Cours de musique dans le parc

Le matin venait tout juste de se lever que je sautillais déjà de bonne humeur dans tous les recoins de la maison. Toujours égal à lui-même Hatori était d’un calme olympien et tentait du mieux qu’il pouvait de se concentrer sur la lecture de son journal favoris. Sachant qu’il avait travaillé très dur ces derniers temps, je m’étais levé aux aurores pour lui préparer des pancakes au sirop d’érable en forme de lapin. Ce n’était pas de l’arrogance de ma part, j’avais simplement tendance à mieux réussis cette forme caractéristique propre à ma seconde nature. Peut-être que des biscuits en forme de dragons aurait sans doute plus lui plaire davantage. Mais je connaissais assez bien mon cousin pour savoir qu’il n’appréciait que très peu sa forme d’animal du zodiaque. Je ne voulais donc pas risquer de le vexer et de rater la surprise que je lui avais préparée. Je ne me souvenais encore que trop bien de la réaction qu’il avait le mois dernier lorsque j’avais commis cette erreur. Il avait alors jeté un regard dédaigneux sur ces derniers et n’avait même pas pris le temps de manger son petit déjeuner. Ce matin en revanche, il semblait de bien meilleure humeur. Bien qu’il ait de la peine à saisir ma fierté d’être l’ambassadeur de cet adorable petit animal aux grandes oreilles, il considérait mes actes avec une empathie qui lui était propre. C’était quelque chose que j’aimais infiniment chez lui. Nous étions tous les deux extrêmement différents. J’étais un éternel extraverti, toujours prêt à m’amuser alors qu’il était introverti et peu démonstratif. Toutefois, cela ne l’empêchait pas, derrière cette façade froide et indifférentes de vraiment se préoccuper des autres. Il n’avait pas hésité un instant à m’accueillir chez lui lorsque j’avais fui ma famille et il veillait sur moi comme un véritable grand frère. Il était donc normal que je fasse tout mon possible pour lui rendre la pareille.

Nous avions passé beaucoup de temps à discuter à table ce matin-là. Buvant avec beaucoup de plaisir ma grande tasse de chocolat, nous bavardions de choses et d’autres sans jamais nous lasser. Ce n’est que lorsque l’heure fut venue qu’il me rappelait que j’avais une obligation très particulière ce matin. Finançant moi-même mes études de musicien, je donnais très souvent des cours de violon à de jeunes artistes en herbe qui comptait sur moi pour les aider à développer leur talent. Bien évidemment, je prenais la chose très au sérieux et tâchais de donner le meilleur de moi-même pour qu’ils puissent être fiers de leur progrès. Plus égoïstement, cela me rappelait un peu les cours que je donnais à ma petite sœur Momo lorsque la malédiction de la « Méchante Reine » avait toujours cours dans la petite ville de Storybrooke. N’ayant malheureusement pas eu l’occasion de grandir avec elle dans notre monde d’origine, j’étais extrêmement fier et touché de pouvoir réaliser mon rêve qui était de pouvoir m’occuper de ma sœur et de lui enseigner tout ce que je savais de la vie. Mais hélas la Sauveuse avait fini par régler la situation, nous forçant à nous rappeler de notre vie passée. Toujours traumatisé par le souvenir d’une mère qui m’avait rejetée lorsqu’elle avait découvert ma transformation en animal, j’avais fui la maison familiale craignant de tout cœur de revivre une telle expérience. Je ne pouvais donc plus accompagner ma petite sœur pour la voir devenir une adorable jeune fille. Alors ces cours étaient un peu l’occasion pour moi de retrouver ce sentiment de plénitude que j’avais auparavant. Même si je devais bien admettre que sans elle, cela n’avait plus grand sens. Je gardais cependant l’espoir qu’un jour je pourrais retrouver et vivre avec ma famille. D’ici là je ferais tout pour faire en sorte qu’ils puissent être fier de moi.

Saisissant mon violon et souhaitant une bonne journée à Hatori, je grimpais sur mon vélo et me dirigeais vers le parc. Le chemin n’était pas très long et c’était plutôt une bonne chose. Après tout, j’avais déjà un peu de retard et il aurait très impoli de ma part de faire attendre Lorenzo d’avantage. Nous n’avions eu l’occasion de nous croiser qu’une seule fois mais je me rappelais parfaitement son visage. Lorsqu’il fut à portée de vue, je lui adressais de grands signes de la main.

« Eh oh Lorenzo, c’est moi ! Je suis désolé d’être en retard. J’espère que tu ne m’en veux pas trop. »

Je ne pris pas même le temps de m’inventer une excuse. Après tout, cela aurait été vraiment très déplacé de ma part que le tout début de notre relation élève-professeur se base sur un mensonge. Alors je me contentais de lui adresser un sourire désolé, me promettant de rattraper les précieuses minutes que nous avions perdues. Une fois arrivé à sa hauteur, mon regard fut immédiatement attiré par la guitare qu’il tenait dans ses mains.

« Oh mais c’est une guitare… elle est vraiment belle ! Je ne savais pas que tu en jouais c’est vraiment génial. Au moins ça prouve que tu as déjà une base d’instrumentalisation. Est-ce que tu pourrais m’en jouer un morceau pour que je puisse juger de ta technique ? »

Après tout, le doigté était quelque chose de très important dans les instruments à cordes. Le violon et la guitare ne se jouaient certes pas de la même manière, mais la technique et la manière de produire des notes avaient quelques similitudes. Me plaçant en tailleur juste devant lui, je reposais ma tête sur mes mains avec la plus grandes des attentions. Après tout, je me devais d’être un professeur studieux et surtout très efficace.