« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)
u loin, le premier éclair attire l’œil de Liliann, accroche son intérêt, la pousse à se poser des questions, à prendre une pause, dans sa vie, pour comprendre ce qu’elle est devenue, récemment. Tant d’amis perdus retrouvés en un instant. Cela lui fait peur, en vérité. Elle ne se demande le message caché, ce qu’elle va devoir supporter, dans peu de temps. Vont-ils, les uns après les autres, l’abandonner comme elle les a abandonnés ? Vont-ils disparaître sans se retourner ? Vont-ils connaître un malheur qu’elle ne pourra pas éviter ? Elle n’en a pas la moindre idée, mais la boule est bien là, coincée au creux de sa gorge. Et elle ne sait pas comment l’avaler, la digérer, l’oublier. Elle ne peut que la sentir et se dire que rien n’y fait. Peu importe le bonheur de ses colocataires, les grands sourires qu’ils sèment, elle sent l’avenir basculer, comme une fatalité.
Le tonnerre gronde quelques secondes après l’éclair, qui pourfend le ciel de part en part. Liliann reprend sa respiration, penchée par-dessus l’évier, et se reconcentre sur les casseroles qu’elle nettoie doucement, dans une lenteur toute à elle, sans se presser, sans les abîmer. Ainsi concentrée sur sa tâche, elle sent, dans son dos, glisser des mains qui n’existent plus, des doigts chauds qui ont caressé sa nuque, autrefois, pour lui faire croire qu’elle est belle, qu’elle est aimée, que tout va s’arranger. Elle n’y croit plus, désormais, et les caresses de celui qu’elle a quitté ont un arrière-goût de poison sur ses lèvres sombres. Elle s’en débarrasse d’un roulement des épaules, s’étire un peu, déplie ce dos trop souvent plié, soumis aux envies des autres, et termine sa tâche sans sourciller.
Se débarrasser du passé n’est pas chose aisée, mais la brune, pour une fois, réussit cet exploit. Elle ne sent plus le souffle chaud de celui qui l’a épousée pour atteindre son père et peut se donner toute entière à sa vaisselle de la journée, maintenant que le repas est prêt, emballé, réservé pour les heures de pause de tous ses colocataires. Il ne lui reste plus qu’à tout finir de ranger, sans faire trop de bruit, sans rien casser, et le tour est joué. Dehors, les éclairs n’ont pas fini de gronder et, alors qu’elle range le dernier ustensile utilisé, Liliann prend conscience de l’arrivée imminente d’un gros orage. Les éclairs déchirent le ciel plus souvent et le délai entre la lumière et le bruit, à chaque nouveau grondement, semble se réduire.
Une pensée qui, inévitablement, la ramène à quelques jours ou semaines de cela, bien assise au bureau du Punch & Purge, à ranger tranquillement les papiers de Gajeel. Elle se souvient avoir entendu le tonnerre, gronder au loin, très loin, dans un moment de silence comme la salle de sport en connaît peu. Et elle souvient, également, de la soudaine tension aperçue dans les épaules du professeur de sport, Lily. Son collègue n’a donné l’air de rien, à continuer ce qu’il faisait, mais Liliann n’est que peu de trompée par les crispations des muscles. Avec des collègues comme les siens, les corps en disent parfois plus que les lèvres et, dans son coin, elle guette les signes de fatigue, d’agacement, de manque d’énergie, aussi. Pour prendre soin d’eux comme il se doit, sans même qu’ils ne s’en rendent tout à fait compte.
Poussée par ce souvenir, alors que l’orage, ce jour-là, était loin de Storybrooke, Liliann s’empare de son manteau d’hiver, glisse la capuche sur ses cheveux noirs et sort dans les rues, en direction de la salle de sport. Il fait déjà si sombre, dehors, qu’elle mise essentiellement sur ses souvenirs de la ville que sur sa vue, pour se diriger. Au-dessus d’elle, haut dans le ciel, les éclairs ont doublé de nombre, d’intensité, et les grondements se font plus terribles. Peut-être que la foudre tombera sur la ville, ce soir. Cela ne l’inquiète pas, Peau d’âne. Elle n’a pas peur de l’orage, mais elle sait, elle devine que ce n’est pas le cas de tout le monde, qu’elle se doit d’être là pour rassurer son collègue, pour s’assurer qu’il va bien, qu’il n’a besoin de rien.
« Lily ? appelle-t-elle, en entrant dans la salle de sport. Tu es là ? Tout va bien ? »
La brune se débarrasse de sa capuche et de son manteau mouillés par la pluie torrentielle, dehors, et les pose dans le bureau, avant de se lancer à la recherche de son collègue. Si elle ne travaillait pas, aujourd’hui, elle sait que ce que n’est pas son cas et qu’il ne doit pas être loin. Elle espère que tout va bien.
Lily White Smith
« J'ai pas trouvé où on peut demander un rang personnalisé... ! »
Un, deux, trois, quatre… Encore, un, deux, trois et quatre… Une petite pause entre chaque minier série. Quelques coups contre le gros sac de boxe. Un joli enchainement de poings, visant des côtes et des épaules imaginaires. On prenait appuie sur ses jambes, on faisait une petite danse sur place, comme si on se préparait à voir se sac se rebiffer, on imagina donc un coup envoyer à la voler et on recommence. Il était tard, l’immense salle de sport était vide et silencieuse. Tous les jeunes étaient parties depuis un petit moment déjà, laissant leur professeur dans sa solitude. Il n’était pas pressé de rentrer. Il se disait même que l’occasion était bonne pour s’entrainer, se tenir en forme et toujours assurer le lendemain quand ses élèves reviendront.
Short noir et t-shirt sans manche sur le dos, Lily transpirait à peine dans ses efforts. Les muscles bandés, il s’amusait à cogner et se protéger comme un gosse qui jouerait les guerriers contre un adversaire redoutable, sortie de son esprit. Lily avait déjà affronté mille dangers. Une centaine d’adversaires aussi différent que redoutable. Ayant vécu dans un monde sans cesse en danger, il avait gardé la bonne habitude de toujours rester sur ses gardes, rester à bon niveau. Le monde autour de lui, semblait disparaitre. Il était focalisé sur son exercice, ne faisait plus trop attention à ce qu’il se passait. Lily ne remarqua pas alors qu’un orage grondait à l’extérieur. Le tonnerre encore lointain, fut étouffer par le bruit des coups donnés. Il devait se dire qu’il s’agissait de quelque chose d’autre. Une voiture ayant un problème, quelques travaux à côté.
Puis, lorsqu’il décocha un uppercut qui fit balancer le sac comme une pendule, une détonation fit vibrer tout le bâtiment. Une lumière électrique illumina la salle à travers les vitres. Lily fut comme paralysé par ce coup, ses membres ne bougeaient plus, pétrifiés. Il se laissa à la merci du sac qui revint vers lui, le frappant au niveau du visage et manquant de le faire choir. Ceci l’aida au moins à rebouger, mais il titubait, non à cause de la douleur, mais se sentant perdu sous les coups de tonnerres qui se répétaient tout autour de lui.
Lily White plaqua ses mains sur sa tête, comme il le faisait en temps d’orage. Avant il rabattait ses oreilles, mais comme elles n’étaient plus longues, ses mains cachaient surtout son visage. Il essaya de se diriger vers une sortie, mais une autre éclaire, suivit du bruit d’une autre détonation, lui fit comprendre que ce serait stupide et qu’il serait plus en sécurité ici. Par instinct, le boxeur alla se cacher dans les vestiaires. Assis sur un banc, il garda ses mains sur son crâne, tout en tremblotant comme une feuille. Il se répétait pour se donner du courage :
"Allez ca va passer courage..."
Mais la tempête semblait durer une éternité. Au bout de quelques minutes, il crut entendre quelqu’un rentrer. Lily se sentait mal. Si c’était un de ses jeunes revenus ? Que penserait-il en voyant son professeur dans cet état ? L’ancien guerrier désirait montrer l’image d’un homme fort et inébranlable. Cette situation de vulnérabilité le mettait mal à l’aise et se sentait en plus impuissant d’y changer quoi que ce soit. Il était comme condamné à subir ça, à se faire trouver et qui sait, moquer ou rabaisser. Et même si on se montrait compatissant, Lily ressentirait une profonde honte.
Alors il se tue, préférant affronter dans son coin sa peur, priant que la personne qui était-là, partirait de son côté ignorant sa présence ici. S’il le fallait, il passerait toute sa nuit ici. Ce serait une bonne idée non ? Montrer que le gars aimait trop son travail et le prenait au sérieux. Il fallait juste rester ici et ne pas bouger. Attendre et rien d’autre. Tout finirait par passer à un moment.
ans le bureau de la salle de sport, ses doigts toujours posés sur son manteau mouillé, sur le porte-manteau, Liliann se demande si elle ne doit pas, plutôt, appeler Samuel ou Gajeel, pour vérifier l’état de Lily. Elle n’est pas sûre que ce soit une bonne idée et prend le temps d’y réfléchir. Quelques secondes qui permettent à un nouvel éclair de transpercer le ciel et gronder fortement. Gajeel est un éléphant sans aucune manière et même si Samuel est plus gentil, elle n’est pas certaine de pouvoir l’envoyer s’occuper de Lily. Il ne reste qu’elle pour le faire et trouver, du mieux qu’elle peut, la meilleure façon de lui venir en aide.
D’abord, la brune l’appelle de son prénom, pour s’assurer qu’il est bien ici. Elle n’entend aucune réponse en retour, mais elle doute que cela soit un signe de son absence. À sa place, elle sait, Liliann, qu’elle ne répondrait pas à l’appel, qu’elle se cacherait dans un coin en attendant que le monde passe autour d’elle, pour que personne ne la voit en mauvaise posture. La honte est un mal empoisonné qui fait beaucoup de dégâts. Elle ne peut pas laisser son collègue baigner dans ce genre de sentiments. Elle doit lui montrer qu’il n’a pas besoin d’avoir honte, avec elle, qu’elle ne le jugera jamais sur ses peurs. Ni sur rien d’autre, en vérité. Lili n’est que bonté.
Puisqu’il ne répond pas, Liliann prend le temps, dans le bureau, de préparer un café (ou chocolat, si c’est ce qu’il préfère). Quand la machine finit de gronder, elle s’empare des deux tasses et rejoint la salle principale. Vidée de ses occupants, la salle de sport a une ambiance étrange, qui n’est pas pour déplaire à Liliann. Elle n’aime pas la violence, elle, tous ces coups envoyés dans les sacs, dans les gants des autres participants. Sans personne pour envoyer le prochain coup, elle se sent plus à son aise, capable de se faufiler entre le mobilier sans frissonner au moindre bruit provoqué par les chocs.
Avant d’entrer dans les vestiaires, la brune pose ses tasses sur un côté, prend une grande inspiration qu’elle expire lentement et s’empare d’une serviette épaisse, qui traîne sur un portant. Heureusement, elle ne semble pas avoir été utilisée, sûrement oubliée par un client. Liliann s’engage, finalement, dans la petite pièce, sans faire trop de bruit, et rejoint Lily, dans son coin. Sans crier gare, elle dépose, délicatement, la serviette sur les épaules et la tête du professeur de sport. Si elle sourit tendrement, il n’en verra sûrement rien, caché dans l’ombre de la serviette.
Habituée à se dissimuler sous sa capuche poilue, Liliann sait que, parfois, la honte peut être plus facile à affronter, quand on ne peut plus voir le monde et que le monde, en retour, ne voit qu’une forme imprécise. Maintenant, la serviette sur lui, Lili ne voit plus Lily, et elle espère que ce geste, simple, lui permette de ne pas se laisser aller à la honte. Elle ne sait pas si cela va marcher, mais elle croise les doigts pour.
Avant d’ajouter quoi que ce soit, la brune s’enfuit des vestiaires et revient chercher ses deux tasses. Elle pose celle pour Lily devant lui, par terre, et s’assoit, elle, juste à côté de lui. Son épaule touche à peine la sienne pour lui indiquer qu’elle est là, et qu’elle ne bougera pas, tant qu’il en aura besoin. Qu’il peut compter sur elle, si cela peut lui faire du bien. Elle ne le juge pas, ne lui veut aucun mal, et ne dira rien de l’orage ou de sa peur, s’il ne veut pas en parler. À la place, elle prend une gorgée de sa boisson chaude, les mains refermées tout autour de la tasse pour se réchauffer.
« Fais attention, c’est très chaud, ne va pas te brûler. »
Une banalité balancée entre eux avec douceur, tout bas pour ne pas le brusquer. Liliann cherche ce qu’elle peut faire pour qu’il aille mieux, pour que l’orage passe sans plus l’inquiéter. Elle sait ce que c’est, les traumatismes, et elle sait qu’elle aurait aimé, à une époque, avoir quelqu’un pour lui sortir la tête de l’eau.
« J’ai trouvé cette serviette, dans la salle. Je crois que quelqu’un l’a oubliée. Ça ne te dit rien ? Je la garderai dans le bureau, pour la rendre à son propriétaire, sinon. »
Lily White Smith
« J'ai pas trouvé où on peut demander un rang personnalisé... ! »
Lily attendait donc dans son coin, que la visiteuse abandonne ses recherches et reparte chez elle. Si l’orage se calmait un peu, il pourrait tenter de rentrer, pressant le pas et éviter de trembler à chaque éclair qui zébrerait le ciel. Malheureusement pour lui, la jeune femme le trouva. Il cru entendre ses pas s’approchés, et quelques instants après, qu’on déposait une serviette sur sa tête. Ce geste le surprit, il eut un bref sursaut, mais ses muscles furent si contracter qu’il bougea à peine, restant vulnérable. Lily mit un peu de temps pour comprendre le geste de sa collègue. C’était pour dissimuler son visage, ne pas montrer sa peur. Mais en même temps, on la devinait facilement, rien qu’à le voir immobile comme la statue du penseur. Un geste louable et appréciable, mais insuffisant, le guerrier se sentir mal quand même.
Liliane revint vers lui quelques secondes en suite, tendant ce qui ressemblait à un café. Bouger son bras pour attraper la tasse semblait lui demander beaucoup d’effort. Ses doigts se crispèrent autour de l’anse avec une telle force, que le récipient manqua de renverser son contenu. Le boxeur ramena doucement le précieux objet vers lui, peu rassurer, retournant avec sous sa serviette comme un Bernard l’ermite dans sa coquille.
"Merci." Lâcha t’il d’une voix quelque peu faible et craintif.
On ne le voyait pas, mais le rouge lui montait aux joues. Il se sentait mal, honteux, et il fit appel à une force quasi surhumaine pour ne pas montrer sa peur. Jouer encore le puissant guerrier et fière, alors qu’on tremblait comme une feuille. Liliane eut la bonté de ne pas parler d’une seule fois de sa peur et encore moins de l’orage. Tant mieux, car la panthère noire aurait rétorqué qu’il n’avait pas peur, cherchant des excuses aussi stupides l’une que l’autre sans jamais avouer. Le sujet de la serviette eut le don de faire oublier momentanément le ciel en colère.
"Sans doute à un du dernier cours… Je verrais demain s’ils reviennent tous…"
Un nouvel éclair fit gronder le ciel et illuminaient les fenêtres derrière lui, faisant apparaitre des ombres longues et déformés tout autour. Le bruit et le flash firent sursauter Lily qui lâcha un râle et se braqua encore plus. La panthère aimerait bien se montrer plus loquace, mais il avait le sentiment d’être un bébé, un bambin sachant à peine parler et vulnérable à n’importe quoi dans ce monde. Il essaya de se rassurer que c’était le dernière éclair, mais un autre suivit et encore un autre, comme si le ciel se moquait de lui et s’amusait à le persécuter. La présence de Liliane à la foit le rassurer car il se sentait moins seul pour affronter ses terreurs, mais aussi honteux de se montrer ainsi en spectacle. Quand le tout semblait reprendre un relatif calme, Lily en profita pour lâcher quelques mots, usant de la force qu’il lui restait.
"Me… Merci beaucoup. Pou… Pour… La serviette et le café."
Il respira un bon coup après avoir dit tout cela. Dire qu’avant il affrontait des dragons et des bêtes titanesques sans jamais reculer. Là, dire quelques mots entre deux grondements semblait bien plus difficiles.
e café chaud, entre ses doigts, fait du bien à Liliann. Traverser la ville pour rejoindre le Punch & Purge, sous cette pluie, n’est pas la meilleure idée du siècle. Elle a froid, au-delà de la fraîcheur de la nuit. C’est un froid qui vient de l’intérieur, qui lui rappelle qu’on ne fuit jamais vraiment un traumatisme. Ils sont toujours là, à l’affût, dans un coin de l’esprit, à attendre le meilleur moment pour ressortir, bloquer le corps dans une catalepsie inquiétante. Alors elle referme doucement ses mains sur sa tasse, essaie de se gorger de sa chaleur pour évincer ce courant d’air, qui souffle à l’intérieur de ses os. Il n’est pas temps de se laisser aller au malheur. Quelqu’un a besoin de soutien et Lili se doit de relever la tête, de faire face avec cette douceur toute à elle.
Elle sait que la serviette ne réglera pas tous les soucis du professeur, mais elle espère que cela l’apaise un peu. L’obscurité de la serviette ne le protège pas du bruit de l’orage, mais au moins, à peine, de la lumière des éclairs qui percent le ciel. Elle sait que cela ne suffit pas, sauf qu’elle ne peut rien faire de plus, Peau d’âne, assise à côté de lui, à siroter son café. Elle ne veut pas parler de son mal pour ne pas l’y plonger. Elle préfère éviter le sujet, lui conseiller de faire attention à la chaleur du café, évoquer l’abandon de cette serviette, dans un coin de la salle. Des banalités qui n’évincent pas le problème, mais le recouvrent doucement, mettent un autre son, par-dessus celui des grondements du tonnerre.
« Tu devrais le goûter, avant de me remercier, sait-on jamais si je me suis trompée, souffle-t-elle, taquine. »
Lili sait que le café est bon, mais elle préfère détourner, un instant, l’attention de Lily des remerciements qu’il lui donne. Elle n’a pas besoin de ces remerciements. La brune fait cela de bon cœur, persuadée qu’il a besoin d’une main tendue, dans ses ténèbres, pour réussir à remonter à la surface et prendre une grande inspiration.
« Hmm, tu as raison, mais je n’arrive pas à me souvenir de la personne qui avait cette serviette. Étrange. Peut-être que ça me reviendra demain, en la revoyant. En attendant, elle ne nous en voudra pas de la lui emprunter quelques instants. »
La café chaud glisse au fond de sa gorge et Liliann appuie, à peine plus fort, son épaule contre celle de Lily. Elle sait ce qu’il traverse, mais n’en dit rien. Elle ne veut pas le plonger plus encore dans ses problèmes, elle aimerait, au contraire, pouvoir l’aider à s’en sortir, même si elle ne sait pas exactement comment faire.
« Tu n’as pas besoin de me remercier, annonce-t-elle, avec un sourire qu’il ne verra pas, mais devinera peut-être. Entre collègues, c’est normal. Entre amis, aussi. (Elle prend un faux air autoritaire qui ne lui va pas tellement.) Mais cesse donc de dire des bêtises et bois pendant que c’est chaud ! »
Doucement, Liliann lui tapote l’épaule, pour lui indiquer que tout va bien, qu’il n’a pas à s’en faire. Elle n’est pas le genre à se moquer, ni à lui mettre bien en face ses peurs. Demain, elle fera mine de rien, comme à son habitude, parée d’un petit sourire triste qui lui colle à la peau depuis si longtemps qu’elle ne sait plus sourire autrement.
« Tu sais… La violence me fait peur. C’est idiot, n’est-ce pas ? d’être secrétaire d’une salle comme celle-ci, alors que le moindre coup me donne des frissons. Je ne l’ai jamais dit à Gajeel, j’avais besoin de ce travail. Tu crois que je devrais arrêter ? Des fois, j’hésite. »
Ce qu’elle n’a jamais avoué à personne, jusqu’à aujourd’hui, mais est la vérité pure et simple, balancée entre eux de cette douceur bien à elle.
« Sauf que je ne saurais pas quoi faire d’autre et je n’ai pas envie de vous abandonner. Je suis sûre que tu n’aurais pas envie de devoir rappeler à Gajeel tous ses rendez-vous, s’amuse-t-elle, avec un sourire un peu plus marqué. »