Il était une fois : Le Roi Lion
Sortie en 1994
le Roi Lion, 32ème grand classique des studios Disney est le film le plus rentable des dits studios avant d'être détrôné deux décennies plus tard par
La Reine des Neiges. Chef d’œuvre pour certains, surcoté pour d'autres quoi que l'on en dise
Le Roi Lion ne laisse pas indifférent, surtout quand on sait qu'a l'origine personne n'avait vu venir ce succès. En effet, personne ne se passionne vraiment pour ce film mettant en scène uniquement des animaux et même chez Disney, tous les regards sont tournés vers un autre classique d'animation à venir juger plus noble
Pocahontas une légende indienne.
Le projet voit le jour en 1989, Jeffrey Katzenberg directeur des studios à l'époque décide de monter un film sur le thème du passage de l'enfance à l'âge adulte. Dans un premier temps, c'est Thomas Schumacher qui sort tout juste de la réalisation de
Bernard & Bianca au Pays des Kangourou qui s’attelle à la mise en travaux de ce projet connu à l'époque sous le nom de "Roi de La Jungle" en tant que producteur aidé de Goerge Scribner, réalisateur sur Oliver & Compagnie et Linda Woolverton, futur scénariste sur La Belle & La Bête leur tâche est avant tout de défricher les très nombreuses pages de scénarios, afin de réussir à créer une histoire. Malheureusement au moment où le film entre en production, ils étaient tous à l'exception de Thomas Schumacher passé à autre chose. Et ce dernier, s'étant vu confier la responsabilité du développement des films d'Animation, dût renoncer à sa présence dans le développement quotidien du futur chef d’œuvre pour ne devenir que producteur exécutif.
C'est en 1991, que le film a droit à son tout premier réalisateur Roger Allers. S'il a participé à la construction des histoires de
La Petite Sirène,
La Belle & La Bête ainsi qu'
Aladdin entre autres, Le Roi Lion est sa toute première réalisation. Et afin de s'imprégner au mieux de l'univers dans lequel allait devoir évoluer les personnages, il monte une équipe qui s'envole en novembre de la même année pour un voyage au Kenya dont ils ramèneront la vision à la fois réaliste et enchanteresse qu'ils voulaient véhiculer de l’Afrique. En 1992, le projet se voit attribué un coréalisateur en la personne de Rob Minkoff entré la même année que son confrère chez Disney et qui a déjà légèrement touché à la réalisation avec les deux cartoons dérivés de l'univers du film Qui veut La peau de Roger Rabbit :
Bobo Bidon et
Lapin Looping.. Les deux réalisateurs continuent de planter leur décor, piochant dans les grands classique western afin de donner aux scènes de paysages un côté grandiose.
Malheureusement, si Allers & Minkoff arrivent à se faire une idée de l'univers dans lequel les personnages évolueront, pour ces derniers et pour le scénario, c'est tout sauf gagné. Afin de pallier à ce problème, un "groupe d'idée" est monté par Jeffrey Katzenberg. Les scénaristes originaux ainsi que l'équipe de la
Belle & La Bête sortant tout juste de la création du film sont mobilisés et tout ce beau monde s'enferme durant deux jours entiers afin de dégager un thème et une première ébauche de scénario. Les choses sont cependant loin d'être acquise, de ce groupe de réflexion ressortira surtout la relation père/fils. Il faudra attendre l'arrivée des scénaristes Irène Mecchi et Jonathan Robberts pour enfin voir le tout décoller.
Comme ce fut déjà le cas, lors de la réalisation de
Bambi où Walt avait fait venir un cerf, de vrais animaux furent amenés dans les studios afin que les animateurs puissent les étudier dans des conditions moins contraignantes que s'ils avaient dû se rendre au zoo pour cela. Et en plus de pouvoir dessiner des animaux vivants, les animateurs bénéficient également d'une étude de leurs anatomies, rendant ainsi leurs manières de se mouvoir et leurs habitudes parfaitement crédibles.
Mais outre l'animation des personnages
Le Roi Lion bénéficie également d'effets spéciaux et d'animation par ordinateur celle-ci est particulièrement vrai pour une scène en particulier : celle de la fameuse débandade des gnous. Si les personnages présents comme Simba, Mufasa, Scar ou Zazu sont dessinés à la main, le troupeau de gnou lui a été ajouté numériquement afin de pouvoir les multiplier pour coller à la demande des réalisateurs, qui souhaitaient que cette débandade soit composé de centaines d'animaux. Quant aux effets spéciaux, le film en regorge mais rien a voir avec ce que l'on pourrait se représenter à la mention du terme. Qu'il s'agisse de faire tomber la pluie, de mettre le feu à un caillou de créer des ombres afin de donner une impression de profondeur, chaque effet sera au préalable dessiné à la main par le département des effets spéciaux. Mais là où
Le Roi Lion est si spéciale, c'est que la technique va plus loin encore : qu'il s'agisse de l'apparition du fantôme de Mufasa, des sources géothermiques dans le cimetière d'éléphant ou bien de l'incendie provoqué par l'orage lors du finale, tout a été fait de manière à obtenir un rendu se rapprochant le plus possible de la réalité.
En plus de l'aspect visuel, ce qui fait la force du film, c'est également sa musique. Pourtant, à l'origine, ce film ne devait pas être un film musical. L'équipe le voyait plus comme une sorte de documentaire à la National Géographique, mais en dessin animé. Pourtant, plus la création avançait et plus l'idée que de la musique devait y être incorporé se faisait omniprésente. C'est Tim Rice, déjà parolier sur
Aladdin à qui l'on fit appel pour ce travail. C'est d'ailleurs ce dernier qui eut l'idée de faire venir Elton John afin de se charger de la mélodie des chansons. Celles-ci diffèrent d'ailleurs dans leur style de ce que faisait Disney à l'époque puisque Elton John choisit volontairement de leur donner un côté moins comédie musicale et plus pop. Bien vite, l'équipe se rend compte que les chansons composés par le duo Rice/John ne sont qu'une partie d'un ensemble musicale bien plus vaste et afin d'insuffler un rythme à l'ensemble du film et lui donner un air de légende africaine tel qu'ils le voit sollicitent l'aide de Hans Zimmer. À peine positionné sur le projet, que le compositeur s’investit afin de donner au Roi Lion sa propre culture musicale n'hésitant pas à utiliser des voix et styles musicaux sud-africains. C'est d'ailleurs de sa collaboration avec Lebo M, dont naîtra l'introduction chantée en zoulou.
Pour porter ses personnages à l'écran, Disney ne fait pas la fine bouche sur le casting original avec entre autre James Earl Jones dans le rôle de Mufasa, Jeremy Irons en Scar, Whoopi Goldberg en Shenzi ou encore Rowan Atkinson pour interpréter Zazu. En France, le casting n'est pas non plus prit à la légère, puisqu'on fait appel entre autre à Jean Reno et Jean Piat pour donner vie aux deux frères, l'un arrivant parfaitement à rendre la noblesse et la sagesse de Mufasa, tandis que l'autre nous livre une interprétation inoubliable de toutes les facettes de Scar autant sur la ruse, l'intelligence que la cruauté du personnage. Le reste du casting, composé de comédien de doublage professionnel n'est pas en reste non plus et a tellement marqué les esprits, que le choix de le remplacer intégralement à l'exception de Jean Reno qui revient donner sa voix à Mufasa lors du live action de 2019 a clairement fait débat parmi les fans de la première heure.
Sortie le 24 Juin 1994,
Le Roi Lion est un succès immédiat et totalement inattendu au box-office, atteignant quasiment le milliard de dollars (968 511 805 US dollars pour être plus précise) là où il n'en avait coûté "que" 80 millions rentabilisant de ce fait largement les coûts de production. Néanmoins, ce succès fût légèrement entaché par une polémique qui naquît quelques temps après la sortie accusant Disney d'avoir plagié l’œuvre du mangaka Osamu Tezuka connu chez nous sous le titre de Roi Leo (son titre original
Janguru taite signifie en réalité Empereur de la jungle).
Alors qu'en est-il vraiment ? Si sur la forme, certaines scènes ont une ressemblance troublante qu'il est difficile d'ignorer sur le fond, les deux œuvres restent néanmoins radicalement différente. Le Roi Lion s'inspire de l’œuvre Shakespearienne Hamlet, et l'on y retrouve clairement tous les éléments : le roi assassiné par son frère jaloux, l'exil du prince, ainsi que l'apparition du fantôme du père. Il nous raconte, le passage de l'enfance à l'âge adulte a travers Simba.
Le Roi Leo, quant à lui est plus une fable écologique qui fait s'interroger quant à la présence des hommes et les conséquences sur l'environnement là où l’œuvre des studios Disney est vierge de toute présence humaine. Et même si le thème de l'écologie est abordé à travers le cycle de la vie, cela n'est néanmoins pas le sujet principale du film. Plutôt que de plagiat, c'est "d'inspiration" dont il est question, l'erreur des studios de la souris aux grandes oreilles aura été de nier toute ressemblance avec une mauvaise foi évidente là où le simple fait d'admettre s'en être partiellement inspiré eut suffit. Si nul ne saura exactement le sentiment du mangaka décédé quelques années plus tôt, sa fille a estimé qu'en grand admirateur des œuvres de Walt Disney qui l'avaient à de nombreuses reprises inspiré, il aurait été flatté que les studios du Papa de Mickey s'inspirent à son tour de l'une des siennes.
Le saviez vous ?➣ Si
Le Roi Lion a eu autant de mal à trouver une équipe pour le développer, c'est un peu de la faute de Jeffrey Katzenberg. En effet, lors d'une réunion rassemblant les deux projets de l'époque il a estimé que Pocahontas serait un véritable succès là où Le Roi Lion serait plus expérimentale. Résultat, personne ne voulait travailler dessus.
➣ La scène de "Soyez prêtes" où les hyènes défilent devant Scar est une référence à un film de propagande nazie nommé "Le Triomphe de la volonté" où les troupes SS défilaient de la même manière devant le Furher ici personnifié par Scar.
➣ Si Whoopi Goldberg double Shenzi dans la version originale du film, en français c'est Maïk Darah (de son vrai nom Marie-Christine Darah) connue pour être sa voix française officielle qui lui prête sa voix et ce ne sera pas la dernière fois que Disney fait appel à la voix française officielle d'un acteur pour le doubler dans un de ses films d'animations.
➣ En version original, toute la partie suivant "Vous mourrez de faim pour la vie" n'est pas chanté par Jeremy Irons mais par Jim Cunnings le doubleur d'Ed. Irons ayant eu un problème de voix au moment de l'enregistrement et ne pouvait plus chanter
➣ Il est le premier film, sans aucune présence humaine. Si elle n'est que suggéré dans
Bambi, elle n'en reste pas moins l'un des thèmes du film contrairement au
Roi Lion➣ Bien que non nommé dans le film, le nom de la mère de Nala est Sarafina
➣ Dans une première version du scenario, ce n'est pas Simba mais un lionceau du nom de Mheetu qui devait se trouver dans les gorges, afin d'y attirer un Simba déjà adulte. Dans cette première version, il s'agissait aussi du petit frère de Nala.
➣ Afin de surfer sur le succès du film, une série de livres nommés
Le Roi Lion Six Nouvelles Aventures voit le jour permettant de faire la connaissance d'un nouveau personnage baptisé Kopa et qui s'avère être le fils de Nala et Simba. Sa disparition au profit de Kiara dans
le Roi Lion 2 a donné naissance à de nombreuses théories parmi les fans. Cette absence s'explique néanmoins par le fait que les réalisateurs du
Roi Lion 2 n'avaient pas connaissance de cette série de livre. Kopa n'est donc pas un personnage canonique contrairement à Kiara.