« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)
Assis devant un bon feu de cheminée, je regardais passivement les flammes danser devant moi tout en m’entourant de leur douce chaleur. Une bouteille de bière à la main, je restais enfermé dans le silence de ma douce solitude. Il y avait bien longtemps que ma demeure n’avait pas baigné dans une telle atmosphère. Il faut dire qu’il y a également bien longtemps que je ne m’étais plus retrouvé totalement seul avec moi-même. Durant des années, j’avais vécu la plus douce des existences aux côtés de ma Fiona. J’aimais cette vie de couple et j’étais certain qu’elle durerait toute notre vie. Mais il y avait tellement de complications en dehors de notre petit confort quotidien. En effet, comment oublié qu’à cause de moi la princesse que j’avais sauvée avait renoncer à tout son confort et à la vie paisible qu’elle aurait pu vivre aux côtés d’un homme. Elle avait accepté d’embrasser pleinement une vie d’ogresse alors que rien ne la prédestinait à cela et cette apparence n’avait été qu’une malédiction pour elle. Et même lorsque je pensais qu’ici nous trouverions enfin un peu de paix et d’acceptation de la part des habitants de la ville, cela s’était avéré loin d’être évident. Oh bien sûr, la vie que la malédiction nous avait créé était fausse. Mais échapper à une condamnation à mort me ramenait immanquablement à ma condition d’ogre. Qu’importe quelle était notre apparence, le mauvais sort semblait se déchaîné sur nous.
Je ne pouvais pas faire vivre ça à ma compagne, elle méritait tellement mieux que de vivre cette vie de paria. J’avais donc décidé de rompre avec elle. Ce n’était pas une chose évidente, ce d’autant plus que je n’avais dans le fond aucunement envie de la quitter. Mais si je l’avais fait, c’était par amour. Après tout, elle était bien intégrée à cette ville. Elle n’aurait aucune peine à rencontrer un Don Juan véritablement charmant qui lui offrirait tout ce que moi j’étais incapable de lui donner. Quant à moi, je resterais plongé dans ma solitude, rêvant à ce bonheur que je ne pourrais jamais atteindre. C’était une tragédie, une de ses injustices que je ne pourrais pas combattre, mais c’était mon destin. Les ogres ne sont pas destinés à vivre heureux pour toujours. Cela ne s’était jamais produit et cela n’arriverait sans doute jamais. D’ailleurs, c’était bien ce que la marraine la fée m’avait fait comprendre et cette phrase n’avait fait que tourner en boucle dans ma tête ces dernières années.
Qu’est-ce que l’avenir me réserverait ? Pour le moment, je me contentais de rester enfermé dans ma chaumière, laissant le monde défiler au dehors alors que mes journées n’étaient plus rythmées que par la réserve de bouteilles de bière que je vidais. Je n’étais plus animé par aucune flamme et le peu de temps que je passais dehors, je le faisais en passant mon temps à chasser dans les bois. Ce n’était pas une activité déplaisante cela dit. Nous étions en automne et les sous-bois regorgeaient de toutes sorte d’animaux qui gambadait dans les environs, peu soucieux de vois un ogre leurs tomber dessus pour mettre un terme à leur existence. Je perfectionnais alors mes recettes et songeais parfois à compiler mes recettes dans un livre de cuisine, histoire de me faire des revenus en plus. Mais pour le moment, le monde pourrait bien s’écrouler que cela m’était complètement égal !
D’ailleurs, Fiona n’était pas la seule à être absente de ma vie. Notre séparation m’avait poussée à couper les ponts avec tous nos amis. Je ne voulais pas passer mon temps à entendre des paroles réconfortantes et recevoir des invitations à droite ou à gauche de la part d’Alejandro, de James et de Cody pour m’aider à me changer les idées. Je ne voulais pas lire dans leurs yeux de la pitié ou de la compassion qui m’aurait donné le cafard.
Pourtant ce n’était pas faute d’avoir essayé. Si Cody ne me voyait pas, il passait son temps à me harceler par téléphone. C’était lui qui m’avait offert mon téléphone portable au Noël dernier et qui m’avait appris à m’en servir. J’avais accepté bien sûr, parce que je pouvais lire dans les yeux de velours de ma femme qu’il aurait été de très mauvais goût de le gronder alors que cela venait d’une bonne attention de sa part. Je l’avais donc gardé même si son utilisation me dépassait totalement. D’ailleurs, elles étaient bien rares les fois où je l’employais et je ne le regardais que le soir avant d’aller me coucher. Lorsque je le faisais c’était pour m’apercevoir que Cody m’avait envoyé plus d’une centaine de textos durant la journée. Et tout ça pour quoi ? Pour me pousser à rester positif et croire que tout pourrait s’arranger d’un coup de baguette magique. Non mais qu’il était pénible ce grand corniaud d’âne lorsqu’il s’y mettait. Du coup je ne lui répondais plus depuis quelques jours. Ni à ses jolies photos de famille qui me faisaient sourire tristement, ni à ces images soi-disant toutes mignonnes et qui me délivraient des messages du genre « Quand la vie te donne des citrons, fais-en de la limonade. Ou encore « Il faut savoir sourire à la vie et elle le fera en retour ». Ce que ce ramassis d’âneries pouvait royalement m’agacer ! Mais Cody n’avait pas été le seul à m’écrire. Alejandro m’avait également écrit pour savoir à son tour si une soirée au bar me plairait. Ce à quoi je n’avais naturellement pas répondu. Tout ce que je voulais c’était qu’on me laisse seul et je n’arrivais pas à comprendre ce qui leur échappait dans le concept !
Mais depuis quelques temps, je ressentais de la part de mes amis, et surtout de la part de Cody, un léger agacement. Il commençait à en avoir marre de mes silences prolongés et c’était plus que certain qu’il finirait par débarquer un jour à l’improviste. Du coup, je passais mes journées à guetter son arrivée. C’était étrange comme comportement mais d’un certain côté cela m’aurait très certainement rassuré. Si cette grande bourrique avait tendance à taper sur le système, sa présence m’apaisait beaucoup. Sauf que ça, bien évidemment, je ne le reconnaîtrais jamais de vive voix. Ça n’aurait fait que le motiver à me casser d’autant plus les oreilles.
Cela m’arrivait très souvent de me lever lorsque j’entendais quelqu’un frapper à la porte. D’ailleurs ce que j’en connaissais c’était rarement de bonnes surprises. Je me retrouvais parfois face à des petits malins qui voulait prouver leur courage en tentant d’effrayer le terrifiant « homme des bois ». Comme si ça ne suffisait pas d’être un ogre, j’étais à nouveau la victime de bien des farces plus soporifiques et originales pour un sous les unes que les autres. Remarquez que je ne m’en plaignais pas. C’était bien là les seuls moments où j’appréciais le contact avec des inconnus. Au moins je pouvais m’amuser à leur faire peur et cela faisait ma journée. Pour ça j’étais doué et tellement que certains d’entre eux n’avaient plus essayer de revenir. De ce que j’en savais, ils passaient des soirées d’horreur avec leurs amis à leur raconter comment s’était déroulé notre rencontre et claironnant à tout va qu’ils étaient parvenus à faire trembler de peur le géant que j’étais. Cela poussait leurs amis à en faire de même et finalement ils me collaient bien plus à l’arrière-train qu’une bande de démarcheurs à la sauvette. Dans le fond j’étais devenu l’attraction du coin et cela finissait par m’agacer horriblement.
D’ailleurs ce jour-là, j’étais persuadé qu’une fois encore cela allait recommencer. Lorsque j’entendis toquer à la porte, je ne pouvais pas m’empêcher de lever les yeux au ciel.
« Si c’est encore pour l’une de vos farces idiotes je promets que je ne réponds plus de rien. »
Me levant lentement et posant ma bière à côté de mon fauteuil, je finis par me lever agacer. Serrant les poings, je faisais ma tête des grands jours, me préparant à leur flanquer une trouille bleue. Dissimulé derrière la porte, je pouvais entendre des chuchotements et je voyais les ombres de deux personnes. Ah parce que maintenant en plus, ils voulaient faire des plans à plusieurs ? Ouvrant à moitié la porte, je commençais à pousser de ma grosse voix.
« C’est vraiment ça que vous voulez ? Vous tailler une bavette avec l’ogre ? Eh ben c’est parfait, vous n’allez pas être déçus ! »
Mais je n’eus pas même le temps d’ouvrir la porte que je reçu un gros choc. Cody venait de me foncer dans les bras pour me faire un câlin.
« Hunteeer ! Mon gros ogre mal léché… je suis tellement content de te voir en vie. Je me suis fait un de ces sangs d’ancre je te raconte même pas à quel point ! »
Le laissant faire sans bouger, je ne savais pas réellement quoi répondre. Est-ce que je devais avoir l’air ravi de le voir ou offusqué qu’il débarque chez moi comme ça à l’improviste ? Choisissant de rester pour le moment neutre, je me contentais de balbutier.
« Euh ouais… je suis content de te voir aussi, Cody… euh… »
Il finit par relâcher son emprise et rentra sans rien me demander dans la maison. Un peu éberlué, je finis par jeter un coup d’œil en direction d’Alejandro qui lui était tout comme à son habitude bien plus posé.
« Il a réussis à te convaincre de venir jusqu’ici, toi aussi ? »
Je ne souriais d’ailleurs pas et je perdis le peu de fierté qu’il me restait au moment où Cody qui inspectait la maison finit par se retourner vers moi.
« Dis donc il y en a un de ces bronx chez toi ! C’est quoi toutes ces bouteilles de bière qui traînent partout ? Et en plus tu laisses traîner ton linge sale partout ? Il était grand temps qu’on arrive. Et cette odeur va nous achever sur place. Ça sent l’oignon à plein nez, c’est moi qui te le dis ! »
Je regardais alors l’intérieur de la maison, songeant que nous n’avions réellement pas la même notion de ce qui devait être un vrai chez soi. Quant à Cody, il ouvrit en grand toutes les fenêtres du salon, marquant son geste d’un grand soulagement.
« Non mais eh Cody ! Est-ce que moi je viens mettre le souk chez toi ? J’en n’ai pas l’impression. Alors laisse les bouteilles où elles sont. Ça me convient très bien. »
« Pfff tu parles, je ne vois pas comment tu peux te sentir à l’aise dans un dépotoir pareil ! Oh et tiens vu que je parlais d’oignon tout à l’heure, t’as pas honte de t’être caché derrière tes couches d’oignons ces dernières semaines ? J’étais mort d’inquiétude moi à te savoir tout seul ici. Sally avait beau essayer de me rassurer et de me dire que tu voulais simplement rester un peu seul j’ai pas pu la croire. Comment est-ce que tu pourrais être heureux sans avoir tes meilleurs potes à tes côtés ? »
« Et tu t’es pas dit qu’elle avait peut-être raison et que je voulais juste que vous me fichiez la paix ? »
« Arrête Hunter tu vas pas me faire croire que t’es heureux comme ça. J’y crois pas une seconde ! Ca se voit que tu es malheureux comme les pierres… la preuve regarde l’état de ta baraque ! Crois-moi une bonne soirée passée avec tes amis de toujours ça ne pourra que te faire du bien ! T’est bien d’accord avec moi Alejandro, non ? »
Puis soudain, il s’arrêta dans son discours. Quelque chose l’avait apparemment détourné de son attention première. C’est alors que je remarquais qu’il humait l’air de ses narines.
« Oh attends est-ce que c’est une tourte à la viande ? J’adore les tourtes à la viande. »
Il se précipita alors dans le coin cuisine et colla presque son nez contre la gazinière.
« Dis-moi tu l’as fait avec quoi comme viande ? »
« De la viande humaine… je viens de tuer un joggeur qui passait par la forêt ce matin. Je voulais toucher un cerf mais malheureusement la flèche lui est arrivé dans la tête. Alors je me suis dit que c’était bête de la laisser perdre. »
« Ooooh arrête je suis sûre que tu me racontes des cracks. C’est quoi en vrai ? »
« De la viande de cerfs et de la sauce champignon… mais je ne crois pas que… »
« Oh mais c’est génial ça ! Tient on va partager ton repas, ça serait dommage que tu le mange tout seul. Noooon ? »
Je finis par lever les yeux au ciel. Décidemment, rien de ce que je pourrais dire ne pourrais le faire changer d’avis. Je finis donc par hausser les épaules et leur accorder ce plaisir.
« C’est bon va… vous pouvez rester manger avec moi si vous le désirez. Mais une heure et vous rentrerez bien gentiment dans vos foyers respectifs. C’est clair ? »
« Moi ça me va très bien. Et toi Alejandro qu’est-ce que tu en dis ? »
Bien sûr, cette question ne pouvait tolérer qu’une réponse positive. Je me tournais alors vers Potté, curieux de connaître sa réponse à sa requête.
acidbrain
Alejandro De La Vega
« J'ai pas trouvé où on peut demander un rang personnalisé... ! »
| Avatar : Luke Evans
| Conte : Le Chat Potté & Shrek | Dans le monde des contes, je suis : : El Magnifico
L’ancien chat jeta un regard désabusé à l’ancien âne, qui n’arrêtait pas de tourner en rond dans son salon, suivi de près par deux garçons d’une dizaine d'années. Lui était assis dans le canapé, avec la fillette, qui regardait la télévision, absorbé par une tripoté de mannequin enfermée dans une maison. Ce programme n’était pas pour lui déplaire, et il essayait de le suivre mais l’âne n’arrêtait pas de brailler.
“Chut Papa ! On veut regarder la télé avec tonton !”
Alejandro fit un sourire sarcastique à Cody qui s’assit en plein milieu du tapis en poussant un soupir à feindre l’âme.
“Maaais ! Il est tout seul, sans doute enfermé dans sa cabane ! Il est malheureux !” “Ouais … mais il veut pas nous voir alors laisse le tranquille !”
Depuis qu’Hunter avait quitté Fiona, quelques semaines auparavant, ce dernier s’était considérablement renfermé sur lui-même. Il avait bien essayé de lui parler, de le faire sortir mais toutes ses tentatives étaient vaines. Alors pourquoi forcer ? Il voulait être seul? Très bien, il allait le laisser seul et penser à la connerie qu’il avait faite. Quitter Fiona pour lui donner une meilleure vie. Il n’avait rien entendu de plus stupide, et pourtant des trucs stupides, il en entendait journalièrement entre Cody et Alfredo. Il avait évoqué le sujet avec Rémi, un soir où justement, Hunter ne lui avait pas répondu à ses deux sms. Même l’ancien rat avait dit qu’il fallait lui donner du temps, c’était pour dire. Alejandro le savait. Il était un peu pareil. Quand il était parti au moment où Rémi lui avait dit je t’aime, Hunter ne l’avait pas harcelé pour savoir ce qu’il était et ce qu’il faisait, contrairement à Cody bien sur, alors même que ce dernier était au courant qu’il était parti en mission à l’autre bout du pays. Il estimait qu’il devait lui rendre la pareille. Si Hunter ne voulait pas parler, il ne le forcerait pas et lui laisserait son intimité. C’était triste, oui, mais c’était son choix. Ils n’avaient rien à dire là dessus.
“Non ! Il a toujours été là pour nous, on ne doit pas le laisser tomber !” “On ne le laisse pas tomber Cody ! On lui laisse juste de l’espace … tu l’étouffes !” “Moi ? Moi ? Moi ? Je l’étouffes ? Non mais c’est la meilleure ! Franchement je ne vois pas de quoi tu veux parler.”
Cette fois, Alejandro leva les yeux au ciel en secouant la tête. En plus d’être idiot, il était de mauvaise foi. Parfois, il se demandait comment il arrivait à être ami avec lui et après il se rappelait qu’il avait bon fond. Essayant de faire abstraction de Cody qui disait à ses garçons combien il était égoïste, qu’il ne pensait pas à venir en aide à tonton Hunter et pourquoi il n’aimait pas les chats. Les chats, ces êtres diaboliques, envoyés sur terre par Satan pour mettre au point le complot mondial avec les illuminatis. Qu’est ce qu’il ne fallait pas entendre quand même.
“Moi j’aime bien les chats donc si vous pouvez vous chuter merci ! ”
Il ébourrifa les cheveux de Cameron, qui s’était penché en avant pour faire taire son père et ses frères. C’était le portrait craché de sa mère. Mère qui rentra d’ailleurs en ouvrant la porte à la volée, des paquets de courses dans les bras. Cody se leva rapidement pour aller l’aider et le silence revint un peu dans le salon.
“Besoin d’aide ?” “Non c’est bon Alejandro !”
Il haussa les épaules et encore devant la télévision pendant un certain temps, avant qu’il n’entend des voix s’élever dans des décibels plus fort au niveau de la cuisine. Il regarda Cameron qui avait tourné la tête vers lui, d’un air passablement désespéré et énervé.
“Je vais voir … tu n’as qu’à monter le son de la télévision.”
Qu’est ce qu’il ne ferait pas pour sa filleule quand même, s'immiscer dans une dispute de couple, surtout ce couple là. Nonchalant, il se rendit dans la cuisine, où il vit Sally qui levait les bras au ciel. Quand son regard tomba sur lui, elle eut l’air bizarrement contente.
“Bon sang… il m’agace !” “Oui je sais, je te l’avais dis avant que tu ne te maries avec lui …” “Hé ho je suis là hein !” “Il a fait quoi encore ?”
La jeune femme, qui était aussi entrain de terminer de ranger les courses, posa violamment contre la table une boite de conserver.
“Toujours la même chose ! Il me pompe l’air avec Hunter.” “Ah ça …”
Appuyé contre le rebord de la porte, Alejandro lança un regard plein de reproches à Cody, qui n’en avait rien à faire.
“Tu sais quoi … vous allez y aller ! Tous les deux … maintenant … sinon je vais le réduire en cendres, lui et mon idiot de mari !” “Pardon ? Non j’crois pas !” “SI ELLE A DIT OUI AL ! ON Y VA !”
Cody sortit de la cuisine, surexcité comme une puce, le bousculant même alors qu’il lança un regard noir à la jeune femme.
“Tu sais aussi bien que moi qu’il n’arrêtera pas, alors autant le faire maintenant et abréger nos souffrances.” “Mais Hunter ne veut pas qu’on le dérange !” “Je sais bien, mais entre la paix de Monsieur je suis mieux seul et ma paix conjugale, mon choix a été vite fait. Toi tu t’en fiches, tu n’es pas là le soir, tu ne le supportes que quelques heures mais moi … j’en ai ras la casquette de l’entendre parler matin, midi et soir d’Hunter qui va mal, qui ne repond pas et blablabla.”
Oula, il voyait de la fumée sortir des narines de Sally et il se recula, par instinct. Effectivement, c’était un argument irréfutable et Alejandro capitula, baissant la tête, levant les mains devant lui.
“D’accord, d’accord Mi Querida !”
Allant dans le salon, il embrassa la tête de Cameron, fit un check aux garçons qui jouaient au petit train sur le tapis et prit la direction du hall d’entrée où Cody l’attendait déja, totalement surexcité.
“Calmos Amigo ! Si tu arrives comme ça, on aura même pas le temps d’ouvrir la bouche qu’il va nous rejeter !”
Il le connaissait l’animal et même s’il savait qu’au fond, il serait touché par l’attention que ses amis lui portaient, il n’hésiterait pas à leur hurler dessus pour les faire fuir. Fermant son blouson de cuir, il se dirigea vers sa moto et sortit un deuxième casque.
“Et tâche de ne pas gigoter cette fois, où je te fais tomber dans le virage.”
Alejandro adorait faire de la moto, mais avec Cody, l’histoire était bien différente. Même Rémi avait moins peur que lui et ne bougeait pas autant. Il entendit Cody marmonner dans sa barbe avant de le sentir s'agripper sur les côtés de son blouson. Faisant rugir le monstre, ils prirent la direction de la sortie de la ville, puis de la grande forêt de Storybrook. Il entendait Cody crier quand ils passèrent sur des dos d’ânes, et surtout sur les sentiers de randonnées qui le faisait sauter. Ne disant rien, il se concentra sur la route, et ils arrivent au bout d’une dizaine de minutes non loin de là où habitait leur ami.
“T’es un malade ! T’as failli me tuer !”
Un son guttural se fit entendre dans la gorge d’Alejandro. Une sorte de grondement avant le feulement si Cody continuait de lui taper sur le système.
“Ok ok c’est bon j’ai rien dit !”
Surtout qu’il était allé beaucoup plus doucement pour lui. Rangeant les casques, il soupira en voyant que Cody ne l’avait pas attendu et qu’il toquait déja à la porte. Forcément, ils eurent droit à une injonction tonitruante. Alejandro murmura à l’adresse de Cody qui refrappa.
“Je ne sais pas si ton obstination est une qualité ou un défaut Mi burro !”
Cette fois, Hunter ouvrit la porte, sans doute pour les terrifier mais c’était sans connaître Cody, qui cala son pied et poussa de toutes ses forces. Hunter ouvrit entièrement et Alejandro put assister à une attaque de câlins sournoise. Finalement, il avait réussi, et cela lui décrocha un petit sourire. Restant calme, Hunter n’ayant pas besoin d’un deuxième énergumène excité dans sa baraque, il rentra dans la demeure après eux. Bon, Cody avait raison. Ça puait la litière n'avait pas changé depuis des jours et il ne savait pas comment il pouvait vivre avec cette odeur constante.
“On va dire qu’il est marié à un argument plus convaincant."
Il n’allait pas mentir. Cela ne servait à rien. Le suivant, il jeta une longue oeillade aux fameuses bouteilles que Cody mentionna avant d’aller ouvrir tout en grand. Il commença à ranger les bouteilles, ce n’était pas possible ce stade de bordel ! Lui-même n’était pas un grand fan de rangement, mais là, c’était bien trop ! Ça en devenait presque étouffant. Cody était toujours aussi rempli d’énergie et il se rendit dans la cuisine, suivi par un Hunter désemparé. Quand il lui fit la réflexion qu’il avait tué un humain pour sa tourte, Alejandro rigola dans son coin, s’attirant le regard noir de Cody qui le perdit vite quand Hunter capitula à son tour, pour les inviter à dîner.
“Nous sommes là, autant discuter autour d’un bon repas et d’une bonne bière.”
Fermant le sac poubelle qui contenait les bières, il rendit le sourire à Hunter avant de se rapprocher de lui et de lui taper amicalement l’épaule.
“Maintenant qu’il est rassuré de te voir, j'essaierai qu’il ne t’envahisse pas trop en nous faisant partir à toutes les heures.”
Surtout qu’il avait un bon argument cette fois, déja qu’il n’aimait pas la moto de plein jour, alors en pleine nuit, Cody risquait d’avoir une peur bleue.
“En attendant Mi Amigo, profitons de cette soirée tous ensemble !”
En vérité, Alejandro était bien content de voir Hunter. Bien entendu que lui aussi s’inquiétait pour son ami. Personne n’aimait la solitude. L’on pouvait la tolérer, l’appréciait de temps à autre, mais l’aimer toute sa vie, c’était faux. Même lui, en tant que chat, appréciait la compagnie des autres, et de ses amis. Alors qu’Hunter ne vienne pas lui dire qu’il était content de sa situation, il ne le croirait pas. Il se rendit dans la cuisine pour sortir des assiettes, ne faisant pas attention à Cody qui passait même le balai en chantonnant. Alejandro déposa ensuite sur la table basse avant de se mettre sur la chaise.
“Bon, je sais que je ne suis pas le meilleur dans ce genre de choses psychologiques, mais ça va ? Tu tiens le coup ?”
CODE ϟ VOCIVUS - IMAGE ϟ KANE..
Hunter J. Sherman
« J'ai pas trouvé où on peut demander un rang personnalisé... ! »
| Avatar : Charlie Cox
"J'aurais dû le savoir pourtant... aucun ogre ne vivra jamais heureux pour toujours."
"L'amitié c'est sacré."
| Conte : Shrek | Dans le monde des contes, je suis : : L'ogre vert Shrek
En voyant Cody et Alejandro arrivés à l’improviste, j’avoue que je n’avais pas pu m’empêcher de pousser un grand soupir. Je ne comprenais pas ce qu’ils avaient été incapables de comprendre lorsque je leur avais signalé que j’avais besoin d’être seul. Bon en réalité, je les aimais beaucoup tous les deux. Dans le monde des contes, je ne serais jamais parvenu à accomplir tant de choses s’ils ne se trouvaient pas à mes côtés. Ils m’avaient suivi durant des aventures pas évidentes à vivre et j’étais bien certains que sans eux j’aurais été incapables d’accomplir ces quêtes. Ils avaient tous les deux étaient aux premières loges pour suivre mon aventure avec Fiona et il est certain qu’ils avaient donc toutes les raison de se poser des question sur mon avenir sans elle.
Je finis donc par me faire une raison. Les ficher à la porte sans leur laisser au moins le temps de s’exprimer aurait été vraiment cruel de ma part. Ce n’était pas parce que j’étais un ogre que je devais toujours me comporter comme tel. Alors que Cody faisait le tour du propriétaire, ne manquant pas une occasion de me faire remarquer je vivais réellement dans un trou à rat qui empestait la vieille tourbe, je me tournais vers Alejandro pour lui demander des explications sur la raison de sa présence aussi dans le marais. Lorsqu’il me fit comprendre que la femme de Cody était derrière tout cela, je ne pus m’empêcher de rire aux éclats, riant du nez comme j’avais l’habitude de le faire.
« Ouais c’est clair qu’il y a très peu de monde qui peut résister à son tempérament de feu. J’en sais quelque chose. »
A l’époque où nous vivions encore comme une belle et grande famille, j’avouais que moi-même j’avais de la peine à lui tenir tête lorsqu’elle se mettait en colère. J’imaginais donc à peine ce que cela avait dû être pour Alejandro. D’autant plus que si Cody lui avait fait le double du cirque qu’il m’avait fait lorsqu’il ne pouvait pas me retrouver, je ne voulais même pas imaginer quelle était l’ambiance qui régnait à la maison. Alejandro me fit comprendre que vus qu’ils étaient là autant en profiter. J’haussais alors les épaules. Je devais bien admettre qu’il avait raison après tout une petite soirée entre amis ne pouvait pas me faire de mal. Surtout que ces amis étaient réellement très particuliers à mes yeux. Et puis l’ancien matou m’avait déjà promis qu’il veillerait à ce que Cody et lui ne restent pas trop tard. C’était tout bénef pour moi. Je leur adressais donc un sourire amical et finis par approuver dans un mouvement de tête.
« Ouais vous avez raison… ça me fera du bien de me changer les idées. Et puis c’est vrai que ça fait bien longtemps qu’on n’a pas pu profiter d’une soirée comme ça. »
Le terme bien longtemps était un charmant euphémisme, dire une éternité aurait certainement été plus correct. Je me tournais donc vers la table et fini par m’adresser à mon vieil ami Alejandro.
« Pendant que Cody est occupé à surveiller la tourte, tu veux bien m’aider à dresser la table ? »
C’était une activité que je n’avais plus pratiqué depuis le départ de Fiona. Durant les semaines qui avait suivi son départ, j’avait plutôt été du style à manger blotti au fond de mon canapé des brochettes d’œil en gelée ou de cuisse de crapaud. Même si j’appréciais la bonne cuisine et me mettre derrière les fourneaux, cela demeurait des occasions très rares. Si j’avais pu cuisiner ma tourte aujourd’hui c’est parce qu’en me promenant en forêt j’avais eu de la chance de pouvoir tomber sur ce magnifique chevreuil très apetissant. Posant les couverts sur la table et laissant le chat potté déposé les assiettes, je me tournais vers une armoire. J’en sortis alors une bouteille d’alcool que j’allais déposer sur la table. Je précisais alors, comme pour ajouter à la convivialité de la soirée.
« Et pendant que vous êtes là autant en profiter. C’est une bouteille d’alcool spéciale Shrek… de la vipérine dans laquelle j’ai ajouté des herbes des bois. Vous allez voir, c’est fabuleusement bon ! »
Je m’amusais à constater que Cody n’était peut-être pas de mon avis, alors qu’il regardait interloquer le cadavre de la vipère dormant à jamais au fond de la bouteille d’alcool.
« Bon c’est pas tout ça mais il est temps qu’on se mette à table. »
En quelques minutes, il me semblait que j’avais retrouvé ma bonne humeur. Voir mes amis m’avaient permis de reprendre un peu du poil de la bête. Je finissais par me convaincre qu’il valait mieux profiter à fond de cette soirée qui allait j’en étais sûre être riche en rebondissements.
Une fois assis à table, alors que nous nous trouvions tous devant une bonne part de tourte à la viande, j’eus droit à la question qui tue de la part d’Alejandro. Pour toute réponse, je bus d’abord une grande gorgée de vipérine avant de me tourner dans sa direction.
« Ouais, ouais… je tiens le coup. De toutes manières, c’était la meilleure solution que je pouvais prendre. »
Je soupirais alors lourdement. Songer à Fiona était pour moi une épreuve bien difficile. J’aimais cette princesse que j’avais sauvé d’un donjon. Je l’aimais même certainement plus que tout au monde. Jamais je n’aurais pensé qu’elle puisse à ce point changer ma vie. Lorsque je l’avais libérée c’était uniquement pour pouvoir récupérer mon marais. Mais avec le temps j’avais commencé à apprécier la vie en couple et à penser que cela pourrait durer toute la vie. Mais bien sûr, c’était sans compter sur le sort qui étaient réservé aux ogres dans les contes de fée. Marraine la bonne fée me l’avait bien dit, le bonheur était une chose inaccessible pour des êtres tels que moi. Le temps n’avait fait que lui donner raison. Dans ce monde ou dans un autre, nous étions la proie d’une malédiction qui semblait ne jamais pouvoir être amenée à son terme. Ben sûr, il y avait des gens qui n’y croyaient pas. C’était notamment le cas de Cody qui frappa du poing sur la table dès le moment où j’avais prononcé cette phrase.
« Arrête Hunter, tu peux pas nous la faire à nous. On sait que tu es fou amoureux d’elle Tu l’as toujours été. Je ne comprends pas pourquoi tu t’obstines à vouloir croire que tu seras mieux sans elle alors que ça n’est pas le cas. »
Je le foudroyais alors du regard, tentant de lui faire comprendre que je savais de quoi j’étais en train de parler. Je n’avais pas pris cette décision à la légère. Si j’avais pu le faire, j’aurais gardé Fiona à mes côtés pour toujours mais c’est le sort qui en avait voulu autrement.
« J’ai jamais dit que je serais mieux sans elle… mais elle le sera certainement sans moi. J’ai cru que la malédiction pourrait y changer quelque chose. Je pensais qu’être un être humain nous mettrait à l’abri de tout danger mais ce n’était pas le cas. J’ai pas envie de lui faire éternellement vivre ce qu’elle a dû supporter à New-York. »
Je les regardais alors l’un après l’autre dans un silence quasiment religieux. Je tentais alors malgré le fait que c’était loin d’être évident de percer à jour leur pensée. Une réflexion me vint alors à l’esprit.
« Je sais que vous allez dire que c’était que de faux souvenirs imbriqués dans mon esprit. Mais moi j’ai vu ça comme une mise en garde, un doigt d’honneur du destin. Je suis un ogre et je le resterais sans doute à jamais. L’apparence physique n’y change absolument rien. »
Manquant de peu de briser l’assiette dans laquelle je coupais ma tourte, je finis par tout abandonner pour me passer une main sur le visage. Cela ne servait à rien de m’énerver et je le savais. Mes amis étaient là pour m’aider et en aucun cas je devais laisser ma colère s’exprimer. Encore une fois, après tous les efforts qu’ils avaient fait pour me retrouver, je me devais de me montrer un minimum reconnaissant.
« Enfin bref, je n’ai plus revu Fiona depuis ce moment-là. Je me suis contenté de la regarder au loin quand je travaillais en ville. J’espère qu’elle finira par rencontrer quelqu’un qui pourrait réellement la rendre heureuse. Un homme qui pourra l’aimer et la choyer comme moi j’aurais aimé pouvoir le faire. »
Pour finir la discussion, j’engloutissais le dernier morceau de tourte qui me restait. A cet instant, la seule chose que je pouvais faire c’était de détourner le sujet. J’en avais besoin pour que cette soirée ne tourne pas en psychodrame.
« En revanche, je vous avoue que c’est vrai. Je n’avais pas le droit de vous laisser sans nouvelles. C’est vrai après tout vous êtes mes amis… et peut-être même les meilleurs que j’ai dans ce monde. La moindre des choses c’était que je prenne tout de même de vos nouvelles. »
Je me tournais avec à tour de rôle en direction de mes deux amis. Laissant apparaître un sourire sincère bien qu’un peu triste sur mes lèvres, je lançais alors la question que j’avais réellement envie de leur poser à cet instant.
« Et vous alors comment vous allez depuis tout ce temps ? Quelles sont les nouvelles ? J’ai envie de savoir ce que j’ai manqué »
acidbrain
Contenu sponsorisé
________________________________________
Page 1 sur 1
Les ogres n'ont pas le droit à une fin heureuse (Alejandro)