Mon regard se pose sur Kara qui se tient un peu plus loin, adossée contre le mur de la chambre de mon « père ». Il était rare que je prenne la peine de venir le voir. Pour tout dire, depuis que j’avais quitté la maison familiale pour poursuivre mes études à National City, je n’avais pas pris la peine de rendre visite à Jason Davis et encore moins depuis son internement ici. Pourtant, aujourd’hui, je m’y trouvais pour une bonne raison. Mais ne voulant me résoudre à venir seule, Kara m’avait accompagnée. Kara fut la première à apprendre pour ma grossesse et clairement, il n’y avait personne d’autre qu’elle pour être la marraine de cet enfant. Mais bon, ça c’est une autre histoire. Aujourd’hui, de retour à la « maison », il fallait que le père Davis me vienne en aide.

« Tu connais les dossiers de l’entreprise aussi bien que ton fils, je suis sûre que tu sais où ça se trouve. » « Tu ne viens pas me voir pendant presque dix ans et quand tu oses revenir, c’est uniquement par intérêt. Tu me déçois Lena. »

Soupirant, je passe ma main dans mes cheveux bruns avant de me lever du fauteuil dans lequel je m’étais assise avant de m’adosser contre la fenêtre, posant mon regard sur mon père adoptif.

« Je ne renie plus faire partie de cette famille Jason mais tu sais pertinemment ce que je ressens à ton égard et pourquoi je suis là. C’est loin d’être une visite de courtoisie. » « Sans nous, tu n’es rien. Une petite orpheline qui ne vaux rien. » « Tes petites piques minables ne m’atteignent plus, je n’ai plus treize ans. » soupirais-je, lassée.

Kara me regarde, je lui fais signe que ça va avant de poser mon regard sur le plus âgé.

« Je ne tenterais pas d’aller voir maman. Disons que notre dernière entrevue était loin d’être…amusante. Tu étais à la tête de l’entreprise. Tu en connais les moindres recoins. Donne moi les accès. » « Même si je le voulais, je ne le pourrais pas Lena. Ton frère tiens les rênes aujourd’hui. Je n’y ai plus accès. Et ta mère ne les connais pas. » « Dans ce cas, je vais les trouver par moi-même et je la retrouverais ! Pour le bien de mon bébé, je dois la retrouver ! »

M’approchant de la porte, Kara sur mes talons, les paroles de mon père parviennent jusqu’à mes oreilles.

« Surveille tes arrières Lena. Tu entres sur le territoire de ton frère. »

Je me tourne vers lui.

« Lex ne m’a jamais fait peur et ce n’est pas aujourd’hui que ça commencera. Je repasserais. » lançais-je avant de quitter les lieux accompagnée de ma meilleure amie. Une fois sur le parking, je remets mes lunettes de soleil sur le nez avant de regarder la journaliste « je connais mon frère, je sais comment il fonctionne mais on va le prendre à son propre jeu. Tu es avec moi ? » « Tu en doutes encore Len’ ? »

Un sourire perle sur mon visage alors qu’on monte dans la voiture. Un bon moment plus tard, nous voilà devant les locaux de l’entreprise familiale. Maman n’était pas présente avant la fin de la journée, conférence oblige. Entrant à l’intérieur en compagnie de Kara, cette dernière se dirige vers l’accueil tandis que je me glisse jusqu’aux ascenseurs avant d’être rapidement rejointe par ma meilleure amie.

« Sont stupides ces californiens. » soupire la Toon alors que je pose mon regard sur elle « oh mais non, ça te concerne pas toi évidemment. » un petit sourire perle sur mon visage alors que les portes de l’ascenseur personnel menant aux bureaux de mon frère s’ouvrent. Montant dans l’ascenseur, on ne tarde pas à accéder aux bureaux. Aidée de ma meilleure amie, on ouvre la porte et je m’avance doucement jusqu’à son bureau avant de fouiller dans ses logiciels, essayant de trouver les accès mais sans succès. Kara cherchait elle aussi de son côté avant que je ne lève le regard en entendant la porte se fermer, mon frère se tenant là, les mains dans les poches.

« Sérieusement ? »

Je soupire en refermant l’ordinateur de mon frère avant de me lever pour lui faire face.

« Faudra que tu changes d'agent de sécurité, ils sont un peu cons » énonçais-je avant de reprendre la parole « Tu sais ce que je veux Lex. » énonçais-je, les bras croisés sous la poitrine, ignorant qu'il avait un atout de son côté également.

La Californie…La destination idéale de ce magnifique mois de juillet pour un dépaysement parfait. Visiter les autochtones était tout aussi rafraîchissant qu’une visite au zoo, quand bien même l’autochtone en question se trouvait être Jason Davis, fondateur de la non moins célèbre société détenue à présent par son cher ami, Alexandre Davis, fils dudit nommé et grabataire notoire. « Triste comme une vie peut être brusquement décadente ! » Ainsi songeait Erwin en observant avec un certain intérêt le visage apathique de l’ancien chef d’affaire. Si haut et à présent si bas. Il avait élevé ses enfants à son image pour lui succéder et par la haine qui en avait résulté avait vu arriver son propre trépas… Un homme médiocre, aujourd’hui comme autrefois. Mué par des penchants indécelables au premier abord mais qui avaient amplifiés la rapidité de sa chute. Il se dégageait une telle tension de haine de cet individu à l’égard d’Alexandre qu’Erwin manqua d’en rire. Pitoyable. Il se retint et se borna à observer l’entièreté de la scène avec la méticulosité d’un metteur en scène et ne reprit la parole qu’une fois les lieux quittés :

- « Celui qu’il a élevé pour lui succéder l’a déchu de son empire. Que le destin est ironique, Alexandre ! Voilà une excellente illustration de mon opinion sur la descendance." Plaisanta-t-il avant d'ajouter dans une grimace "Votre sœur à la sienne.  »

Laissant échapper un léger rire aigrelet, il poursuivit en jetant un coup d’oeil sur sa montre :

- « A mon humble avis, cette idiote doit actuellement se trouver dans l’entreprise, sûrement se pavane-t-elle d’avoir réussi à y pénétrer et trop satisfaite de son propre succès inattendu, n’a encore mis la main sur rien. Oh, je gage que cela sera, encore assurément le cas après le temps de trajet. »

Alexandre s’inquiétait-il réellement pour l’arme ? Visiblement vu qu’il avait insisté pour qu’il l’accompagne jusque dans la Silocone Valley pour tenter de la stopper. Erwin pour sa part peinait à comprendre pourquoi le jeune entrepreneur prenait tant d’inquiétude aux faits et gestes de sa sœur. Lena était aussi menaçante qu’une enfant capricieuse de quatre ans lancée dans une fosse aux lions, juste vouée à se faire dévorer après les avoir criblé de cailloux.
Elle ne possédait même pas les capacités cognitives pour récupérer cette arme, juste pour arriver à la localiser vaguement..et encore, il la soupçonnait d’être bêtement en train d’essayer de crypter l’ordinateur de son frère, spécialiste de l’informatique…Une simple opération lancée à l’aveuglette. Alexandre aurait tout aussi bien se contenter d’observer la manœuvre à distance...Mais non. Tant mieux d’une certaine manière, Preminger voulait un peu d’action.
Lena ne s’attendrait pas à les voir. Correction, elle ne s’attendrait pas à le voir, surtout. En quatre mois, ce petit cafard l’avait si sciemment évité, faisait profil bas, sûrement refroidie et craintive depuis leur dernière entrevue. Il s’était longuement demandé comment elle avait pris la chose… Des zones d’ombre subsistaient encore dans sa mémoire, c’était évident. Alors comment y faisait-elle face ? Comment vivait-elle avec le doute et les angoisses ? Cela plus sa grossesse ironiquement bien tombée. Qu’elle pensait avoir réussi à cacher... Tellement pathétique.
Il n’était pas entré à la suite d’Alexandre lorsque ce dernier avait trouvé Lena, attablée à l’endroit exact où le notaire le pensait, avait préféré attendre un peu, dans l’ombre, guettant les réactions de chacun. Comme il l’avait prédit, la jeune femme avait les mains vides mais toujours la langue trop bien pendue et se gargarisait encore de son « succès » aux relents flagrants d’échec… sûrement aveuglée par la présence de cette chère Kara. Il ne put retenir un ricanement et se glissa dans la pièce tandis que la jeune femme raillait « la faiblesse » des agents de sécurité :

- « Mais que vois-je ici ? La fratrie Davis...Vous êtes ici, aussi, bien entendu, Mademoiselle Walters. l’âme damnée de Lena… Ravi de vous revoir. Mademoiselle Davis ne s’embarque que rarement seule dans des situations aussi périlleuses… »  énonça-t-il en accordant un bref hochement de tête à l’adresse de Kara avant de reporter son attention sur Lena « Quatre mois et vous avez...si peu changé, depuis notre dernière rencontre. Toujours si frondeuse... Et en train de critiquer les agents de sécurité sans prendre garde à ceci… » il désigna quelques appareils encastrés à des coins stratégiques de la pièce et poursuivit sur un ton de maître d’école « Cela s’appelle : caméras de surveillance. C’est un outil inventé à votre époque pourtant. Il est vrai qu’en matière de balourdise, vous êtes un excellent modèle, n’est-ce pas Lena ? Je vous invite à noter leurs petites lumières rouges et à songer à ce que l’on appelle une délicieuse inculpation pour flagrant délit. Valable pour vous aussi Mademoiselle Walters. N’est-il pas vrai, Monsieur Davis ? Un homme aussi doué pour l’informatique que votre frère, Lena ne serait pas stupide au point de ne pas disposer d’un excellent système de surveillance. »

Ses pas l’ayant conduit jusqu’à Lena, il glissa derrière son dos et ajouta sournoisement sans cesser de sourire en direction d’Alexandre :

- « Vous êtes ébahie de me trouver ici, n’est-il pas ? Je constate que je ne peux jamais vous perdre de vue sans que vous vous remettiez à vagabonder sottement et dangereusement, me forçant toujours à venir vous sortir d’un mauvais pas, tel un ange-gardien » avant de lui souffler dans l’oreille sur un ton faussement plus confidentiel «  Je suis sûr que je vous ai manqué depuis...la dernière fois. »

Il savait que cela la confronterait à son absence de souvenirs de leur fameuse soirée à New-York.
Tout comme elle devait sûrement se demander ce qu’il fabriquait ici et pourquoi il continuait de déambuler négligemment, comme un invité incongru au beau milieu d’une réunion de famille.
Contourner Lena lui permit également de confirmer que cette dernière n’avait même pas réussi à outrepasser ce qui devait être le premier test de l’ordinateur. Bonne à rien. Cependant, on ne pouvait pas demander à une scientifique de s’improviser informaticienne, chacun son métier. Il posa une nouvelle fois les yeux sur Alexandre pour le lui signifier, signalant de la même manière qu’il avait eu tort de s’en faire.
Revenant devant Lena, il la gratifia d’un charmant sourire en coin, avant de glisser les yeux sur sa tenue, prenant cependant garde à ne pas s’attarder sur le bas de sa taille. Il ne préférait, il avait parfaitement mangé et ne souhaitait pas écoper de nausée. Cette situation..

- « Je m’excuse de ne pas avoir pris de vos nouvelles mais je vois que vous vous portez comme un charme. Rappelez-moi la prochaine fois de vous donner quelques bonnes adresses de tailleur, celui-ci taille mal » finit-il cependant par glisser d’un ton critique avant de reprendre d’un ton plus sérieux, « Maintenant, pour votre propre bien, je pense que vous devriez partir Lena. Je ne pense pas que votre frère soit disposé à vous donner ce que vous voulez, peu importe ce dont il s’agit, et vous n’êtes pas en position de négocier.»

Bien évidemment, elle n’accepterait pas, mais elle ne pourrait nier qu’il s’était placé – de manière hypocrite certes – comme de bon conseil avant que la situation ne dégénère en faveur d’Alexandre.
Tout ce qu’elle y gagnerait serait une crise de larmes, de nerfs et des révélations qu’elle n’apprécierait pas. En d’autres termes un délice.

Quand Lena m’avait annoncée sa grossesse, j’avais sauté de joie. Elle méritait d’être heureuse et quoi de mieux qu’un bébé pour ça ? Le seul problème, c’est qu’elle ignorait qui était le père. J’avais tenté de lui faire lâcher le morceau sur ces soucis de mémoire concernant l’identité du paternel de cet enfant mais elle ignorait s’il s’agissait de James Olsen ou d’un autre homme. Apparemment, elle connaissait bien l’identité de l’autre homme mais n’osais pas me le dire. Je n’avais pas exigé plus de la part de ma meilleure amie, dans tous les cas, elle savait que je serais toujours là pour elle et cet enfant. Elle venait de faire de moi la marraine de ce bébé et je m’en montrerais clairement digne.

Quand par la suite, elle m’avait demandée de l’accompagner dans la Sillicon Valley pour pouvoir récupérer l’arme qu’avait crée son père biologique et qui lui avait été volé par son frère, je n’avais pas non plus hésité une seule seconde. Elle ne voulait pas être seule et encore plus, elle n’avait pas envie d’affronter seule son père adoptif. Je savais la vérité sur ce qu’il lui avait fait endurer et il valait sans doute mieux que je sois là, sans quoi, elle l’aurait sans doute tuée. Mes lunettes correctement posée sur mon nez, j’écoutais avec attention tout ce qui se disait entre ma meilleure amie et Jason Davis qui n’était rien de plus qu’un grabataire désormais.

Il vint à la mettre en garde sur les agissements de son frère mais Lena commençait à connaître son grand frère et j’avais eu par moi-même l’occasion de voir un peu qui il était et clairement, j’étais prête à me tenir face à lui et combattre s’il le fallait. J’avais appris par Lena qu’il savait que j’étais Supergirl et que mon cousin était Spider-man mais apparemment, il n’en avait pas parlé et c’était sans doute une bonne chose on dira. Mais là n’est pas la question. Après être passée avec trop de facilités devant les vigiles et les femmes de l’accueil, je m’étais rendue compte qu’ils étaient tous plus ou moins stupides, nous étions arrivées jusqu’au bureau de Lex.

Une fois à l’intérieur, Lena commence à fouiller sur l’ordinateur tandis que je commence à chercher dans les coffres et également les dossiers pour trouver une trace d’une quelconque arme qui porterait le nom « Bishop », le nom biologique de Lena qui appartenait à son père mais rien. Nous n’eûmes pas le temps d’aller plus loin que bien vite, nous fîmes face à Lex qui se tenait fièrement prêt de la porte, rapidement rejoint par…

« Vous ?! » m’exclamais-je, sur le coup.

Faisant un pas pour me retrouver plus près de Lena, je ne quittais pas le nouveau rédacteur en chef des yeux, les sourcils froncés. J’écoutais ce qu’il disait, tout en ramenant mon regard vers Lena avant de le rapporter à nouveau vers Lex, puis sur Erwin avant de l’amener à nouveau sur ma meilleure amie.

« J’ignorais que vous étiez le petit chien chien d’Alexandre Davis, Monsieur Dorian. » énonçais-je, les bras croisés sous ma poitrine.

Je savais que les hormones risqués de jouer avec les nerfs de Lena et Erwin semblait bien s’amuser à la titiller. Etait-il au courant ?

« Cette entreprise appartient à ma famille Monsieur Dorian. » énonça Lena avant que je ne reprenne « Lex en est peut être le patron mais Lena demeure une membre de la famille Davis et donc, elle a le droit d’être ici. » énonçais-je en fixant Erwin.

J’écoutais avec attention les propos d’Erwin avant de comprendre et faire le calcul dans ma tête. Et si… Oh non, j’espérais pas pour elle. Lena m’avait exprimé le fait qu’elle ne se souvenait de pas grand chose de cette soirée. J’espérais pour elle que ce n’était pas lui parce que ça risquait de lui peser sur la conscience. Je crois que j’allais la pousser à faire un test de paternité, juste au cas où même si je mettrais ma main au feu que James Olsen était bien le père de cet enfant. Rien que l’idée que le notaire puisse… ça me donnait la nausée. Me positionnant aux côtés de Lena, je pose mon regard sur Erwin et le toise avant de reprendre la parole.

« Et si vous la fermiez pour que Monsieur Davis puisse parler ou vous souhaitez continuer à vous pavaner comme vous le faites ? Parce que si vous pensez clairement que Lena écoutera ce que vous exigez ou que je le ferais moi-même, alors vous êtes clairement plus bête que vous n’en avez l’air. » énonçais-je en posant mon regard sur Lena alors qu’un sourire perlait sur le visage de ma meilleure amie « vous avez entendu Kara ? Mon frère sait exactement ce que je veux et que je l’aurais quoi qu’il arrive. » conclut ma meilleure amie.