« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)
A cette époque, alors que l'épais nuage de la malédiction n'avait pas encore tout emporté sur son passage, les années semblaient être des jours. Le temps s'écoulait à une vitesse si grandiose, que Willie n'en prenait jamais vraiment conscience. Les seules dates du calendrier qui lui permettaient de réaliser que les aiguilles des horloges trottaient toujours, étaient le dix-neuvième jour de Mars et, trois mois plus tard, le dix-neuvième jour de Juin. Le destin avait sûrement trouvé cela amusant de disposer ainsi les jours de sa naissance et de sa mort, mais Willie n'en avait que faire, célébrant ces deux fêtes avec autant d'intensité l'une que l'autre. Fut un temps, elle avait eu du mal avec l'idée de rendre hommage à sa mort, mais cette réticence lui était rapidement passée.
1975 n'avait pas bien commencé, comme un lundi matin pluvieux. Blanche et elle s'étaient encore disputées et certains mots, prononcés trop sèchement, avaient dépassé les pensées. Comme toujours, le sujet de leurs querelles était les meurtres à répétition commis par la plus âgée. Willie avait tout essayé, elle ne savait plus quoi faire pour faire entendre raison à son amie. Elle avait beau lui répéter que son âme brûlerait dans les feux de l'Enfer, lorsqu'elle finirait par véritablement perdre la vie, Blanche n'écoutait pas.
Le mois de Juin toucherait bientôt à sa fin, marquant la moitié d'une nouvelle année qui aurait glissé sur Willie sans vraiment la toucher. C'était la quatre-vingt dixième fois qu'elle avait fêté ses 18 ans, et aucune marque de vieillesse quelconque n'était venue entacher son doux visage. On aurait cru voir un ange, ou une fée, avec sa peau de porcelaine et ses cheveux blancs comme les lys. Mais en réalité, Willie était bien loin de la créature de conte de fée, elle en était même à l'exact opposé. Les fantômes, aussi doux soient-ils, n'avaient pas leur place dans les rêves des enfants. Ils étaient craints, et des populations entières s'enfuyaient en les voyant arriver.
Même si elle n'en avait pas vraiment conscience, fêtant chaque année le même anniversaire, Willie venait à peine de dépasser les un siècle. Et pourtant, rien ne semblait avoir changé. Elle était toujours aussi jeune, fantomatique et maudite. Lorsqu'elle était avec Blanche, Willie pouvait profiter des pouvoirs d'invisibilité et d'intangibilité de cette dernière. Mais quand elle se retrouvait seule, elle n'était plus qu'une abomination. Le seul pouvoir qu'elle possédait était celui de tuer. Une véritable malédiction qu'elle avait rejetée dès qu'elle avait pu le faire. Danser était sa façon de semer la mort, alors elle se détourna des bals où on ne l'invitait déjà plus, des valses solitaires, et des pas improvisés dans les rues lorsqu'elle entendait de la musique.
Cette fois, Willie était seule, flânant dans les rues de Washington. Elle n'avait que faire de la politique, mais elle adorait l'Histoire, et elle savait que l'un n'allait pas toujours sans l'autre. Alors qu'elle jetait un œil distrait aux écrans de télévision exposés dans une vitrine, se nourrissant de ce que pouvait lui apprendre la chaîne d'informations, elle reçu un projectile. La façon dont été composé le corps de Willie était un grand mystère, dans le monde des fantômes comme dans celui des vivants. Habituellement, les danseuses nocturnes disparaissaient le jour pour réapparaître la nuit afin de mener à bien leur vengeance. La jeune femme ayant quitté le groupe auquel elle appartenait, rejetant les desseins que le monde avait pour elle, réagissait différemment à la lumière du jour. Lorsque le soleil se levait, elle devenait simplement légèrement translucide et intangible -dans une certaine mesure. Rien ne pouvait la toucher, mais l'inverse était possible. Passer à travers les murs lui était donc impossible, mise à part si c'était le mur qui passait à travers elle. Et quand la nuit venait, elle semblait retrouver la vie, son corps devenant entièrement tangible et sa peau aussi opaque que celle d'un vivant. Quoiqu'il en soit, elle portait de longs manteaux et de larges chapeaux afin de ne pas troubler les yeux ignorants des humains. Malheureusement, il y a des regards qu'on ne trompait pas, et notamment ceux des enfants.
« Vous avez vu, vous avez vu ? Je vous l'avais dit, hé, vous avez vu j'avais raison, c'est un fantôme ! »
Fut un temps, elle avait essayé de jouer avec ce genre de garnements qui s'introduisaient sans aucun tact, mais elle avait vite compris que c'était voué à l’échec. Il ne suffit que d'un regard pour qu'ils se dispersent tous en hurlant. Voilà quelque chose que Willie détestait particulièrement dans la vie de fantôme. Cette peur qu'elle véhiculait sans pouvoir y remédier. Un peu attristée, et lasse de Washington, elle décida qu'elle devait changer d'air. Blanche pouvait être partout dans le monde, alors elle aurait été incapable de la retrouver en la cherchant, inutile d'essayer. Et puis, le destin avait cette fâcheuse manie de toujours les rassembler, sans même qu'elles ne l'aient souhaité. Il lui fallait tout de même une destination, un point à mettre sur sa carte mentale. C'est alors qu'un flyer atterrit aux pieds de Willie, probablement amené par le vent de la providence. Elle le ramassa du bout de ses doigts translucides, et le parcourut des yeux. Gravity Falls, cet endroit semblait parfait.
Quelques jours plus tard, après avoir été ballotée à travers toute l'Amérique, Willie mettait les pieds dans la petite ville que lui avait promis le flyer. Elle aspirait à un peu de tranquillité, loin des foules et plus proche de cette nature qu'elle aimait tant. Plus le temps passait, et plus elle se sentait à son aise dans cette ville qui ne la rejetait pas. C'était peut-être car elle restait cantonnée aux grandes clairières de la forêt, mais ça n'avait pas d'importance, elle se sentait bien. 1975 ne l'avait encore jamais laissée vivre une si tendre existence. La nuit, elle se rendait parfois en ville pour observer les habitants de loin et essayer de découvrir leurs coutumes sans les effrayer. Dès que le soleil baignait le monde de sa douce lumière, et que son corps devenait vraiment celui d'un fantôme, elle retournait dans la forêt où elle ne voyait jamais aucun vivant. Elle passait ses après-midi à observer la faune et la flore grandir, à contempler les reflets de la rivière et à s'allonger dans les clairières. La vie était magnifique -enfin la mort en l'occurrence. Jusqu'au jour où tout recommença.
« UN FANTÔME ! »
Tous les oiseaux avaient quitté leurs branches, et les rongeurs étaient partis se cacher, effrayés par cet homme qui s'était sûrement abimé les cordes vocales en hurlant si fort. Willie s'était relevée d'un bond, aussi apeurée que toute la faune, mais n'avait pu apercevoir que la nuque de cet homme qui s'enfuyait à toutes jambes. Au loin, elle l'entendait continuer de crier à qui voulait bien l'entendre, qu'il avait vu un fantôme. Willie savait qu'elle devrait partir. Encore. Alors, elle décida de profiter de ses derniers instants dans la douce ville de Gravity Falls. Soupirant, avant de s'allonger à nouveau dans l'herbe tendre de la clairière. Le soleil caressait son visage de ses doux rayons, tandis que les nuages défilaient dans le ciel. Elle s'amusait à deviner les formes que Dieu avait voulu leur donner, inclinant la tête sur les côtés lorsqu'elle n'arrivait pas à trouver du premier coup. Les chants des oiseaux la berçaient tellement, qu'elle aurait pu s'endormir si elle n'était pas déjà morte. Juillet était à peine arrivé, que Willie était déjà chassée ailleurs par des Hommes ignares. 1975 était une année mitigée.
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J'arrivais enfin à Gravity Falls, la ville des mystères ! D'après mes calculs, elle était s'en aucun doute le premier foyer d'étrangeté que nous pouvions trouver au monde. Pour mes recherches et le projet que je préparais, je devais impérativement m'y rendre et ainsi découvrir et prouver la théorie de la grande unification de bizarrerie ! À l'Oregon, ce sera vite chose faite. Il y a tant à écrire que j'ai déjà pu diriger mes enquêtes sur 6 sections différentes, je prendrais sûrement quelques années à tout mesurer au détail près - rien ne doit être laissé au hasard ! - puis trierais toutes les informations, publierais la théorie et rejoindrais Tesla, Newton et Einstein au sommet !
Nous n'y étions, cependant, pas encore. Je devais me constituer un dossier en fer forgé pour me permettre d'imaginer une réussite. Il me fallait aller vérifier mes hypothèses, les mythes et les légendes contés par les habitants qui donnait toute sa réputation à la ville et ses travers. J'avais, pour cela, décidé de me rendre en ville, dans un restaurant ouvert récemment "la bonne gargotte". Il y avait du monde, en général, et surtout : des informations.
"[...] Je l'ai croisé la semaine dernière, il ne ressemblait pas du tout à ce qu'il me décrivait dans les lettres. Je ne sais pas comment je vais l'annoncer à mon père -"
Je ne trouvais pas cela plus intéressant... La serveuse était, pour ce client, très envahissante.
"Monsieur ?!"
Oh mince. Rectification. C'était à moi que celle-ci s'adressait. Il fallait que je me concentre un peu plus sur moi-même, cela faisait plusieurs mois que je n'avais pas tenu de discussion avec quelqu'un d'autre que moi. Exposé au monde, je me pensais plus comme un spectre parmi la foule.
"Oh oui, veuillez m'excuser ! Répondis-je alors, perturbé. Je... Un café, s'il vous plait. Oh non, deux !
- Vous attendez quelqu'un ? Elle afficha, avec ceci, un petit clin d'œil que je ne compris pas.
- Non, pas du tout. Pourquoi ?"
Je souhaitais simplement mes cafés pour tenir encore la journée. Je n'avais pas dormi la nuit dernière et ce n'était pas le moment de refroidir ma matière grise. Aujourd'hui était un grand jour ! Si je trouvais sur quoi la porter... Il fallait se concentrer sur les faits récents qui pouvaient attirer l'attention à n'importe qui. J'aurais alors carte blanche pour aller les vérifier. Est-ce qu'un client de ce bar saurait quelque chose ? J'avais bien patienté une bonne demi-heure avant d'obtenir la discussion qui programmerait mon après-midi. Un jeune homme, amoché et complètement terrifié, était entré dans l'établissement suivie d'une jeune fille qui devait être sa petite-amie, à première vue. Il lui expliquait à ton élevé qu'il avait été poursuivi par un fantôme alors qu'il se baladait tranquillement dans la forêt, près des clairières. Je m'étais précipité sur lui pour lui demander dans quelle zone cela s'était-il exactement passé. Malgré le sentiment d'agression que je lui laissais, il avait répondu : au Sud, près des frontières de la ville. Super ! Il était l'heure de partir à la chasse aux fantômes !
Après être passé à la maison prendre de quoi me défendre selon le stade du fantôme que j'allais affronter - il faudrait d'ailleurs que j'en classifie dès que j'en saurais plus -, je me rendis sur les lieux, là où l'individu avait pu découvrir, allongé sur l'herbe, un fantôme. Il était persuadé l'avoir reconnu pour sa blancheur et sa transparence - lui-même avait pris du temps avant de comprendre que quelqu'un d'autre était à ses côtés dans ce périmètre où personne ne venait habituellement. C'est vrai que Gravity Falls n'était pas un endroit encore très peuplé. La plupart des habitants se concentraient au centre et non pas aux alentours, comme moi j'avais pu volontairement le faire. Si le paranormal évitait le "normal", il fallait donc que je m'en éloigne moi aussi le plus possible !
Silencieusement, j'avançais vers la clairière du Sud, longeant le feuillage pour me faire discret et me fondre dans le décor. Mon regard, aux aguets, recherchait une silhouette similaire à la description du garçon qui avait fui face au fantôme. Il avait fallu que je me concentre sur la trajectoire des rayons du soleil pour y discerner - enfin - une forme pâle et limpide se fondre avec la verdure. C'était elle ! Une jeune fille que je soupçonnais tout juste plus jeune que moi, reposait sur le sol, traversée par la lumière de l'astre. Elle donnait l'impression d'en ressentir la chaleur. Mais était-ce possible ? Subjugué par la scène, j'avançai doucement sans oser la quitter des yeux - mais ne remarqua alors pas la lierre dans laquelle mon pied se prit lorsque je le relevai innocemment pour m'étaler au sol la seconde suivante. Quel piètre entrée en scène. Tentant tout d'abord de me redresser avec tout l'embarras du monde, mon regard croisa celui d'un spectre surpris et je retombai à la renverse.
"Je -... Impossible de placer deux mots à la suite avant quelques secondes de prise de recul. J'étais en face d'un fantôme. Un vrai. E- Excusez-moi. Je suis désolé. Je ne voulais pas -... Vous déranger. Je me raclai la gorge, gêné, puis me relevai vivement pour dépoussiérer les quelques herbes qui s'étaient logées sur mon pull. Il fallait être présentable et surtout impassible. Chose difficile à mettre en application. Vous... Vous - Que dire ? - Vous êtes morte... N'est-ce pas ?"
Ses longs cheveux semblaient s'onduler au gré du vent. Était-ce une illusion ? Ressentait-elle l'air, le soleil, l'herbe et tout ce qui l'entourait ? Tant de questions... Jamais je n'aurais pu croire qu'un tel fantôme croiserait un jour ma route. Quoique, c'était plutôt moi qui avait croisait la sienne, pour le coup.
Elle était très belle, hypnotisante. Mais ce n'était pas la question.
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| Dans le monde des contes, je suis : : une danseuse nocturne
La mort avait tout à envier à la vie, c'était évident et très clair dans l'esprit de la plupart des gens. Mais Willie, dont le trépas n'avait pas été total puisqu'elle était devenue un fantôme, n'était pas de cet avis. Du moins, elle s'obstinait à croire que la mort et la vie étaient deux sœurs presque jumelles. Bien sûr, elle était consciente que beaucoup de choses avaient changé pour elle, mais elle préférait se concentrer sur le positif, s'émerveillant souvent devant l'idée qu'elle disposait de tout le temps dont elle avait besoin. Du temps, c'est le seul cadeau que la mort lui avait offert. Ainsi, elle avait déjà pu parcourir une bonne partie du monde, visiter tous les musées qui se trouvaient sur son chemin, et même profiter des premières séances de cinéma de l'Histoire ! Parfois, Blanche et elle passaient plus longtemps à certains endroits, quand la ville leur plaisait ou qu'il y avait énormément de choses à découvrir. Elles avaient par exemple séjourné durant une longue période à Paris, complètement charmées par la beauté de cette capitale.
Mais il fallait bien avouer que la mort était plus terne que la vie, elle ne pouvait plus apprécier le goût d'un bon repas, les gens s'enfuyaient lorsqu'elle approchait, les choses qu'elle touchait ne lui laissaient jamais la même impression que dans ses souvenirs... Les fourrures des animaux qu'elle croisait en forêt, par exemple, n'étaient plus aussi douces que lorsqu'elle y glissait ses doigts alors qu'elle était encore en vie. Mais Willie ne s'était jamais laissée abattre. Là, allongée dans l'herbe, sous des rayons dont elle n'aurait normalement pas dû ressentir la chaleur, elle se mentait. Il était absolument impensable que le Soleil puisse avoir un effet quelconque sur un fantôme, mais elle avait réussit à se convaincre du contraire. Ce qu'elle ressentait en réalité, ce n'était pas la caresse de l'astre, mais celle de ses souvenirs. Elle fermait les yeux, et se revoyait un siècle plus tôt, jouant devant la maison avec son frère. C'était le début de l'été, et il faisait assez bon pour que leur père les laisse courir pieds nus. Ils se pourchassaient en criant des répliques, tout droit sorties des contes qui berçaient la jeunesse autrichienne de l'époque, et leurs rires d'enfants résonnaient dans la hêtraie.
Un bruit de chute l'arracha soudainement à la contemplation de son passé, elle chassa les dernières bribes de nostalgie qui flottaient dans son esprit pour se concentrer sur ce qui venait troubler sa tranquillité. Elle était bien consciente que les vivants finiraient par venir la chasser, ou l'observer avec leurs grands yeux bêtas, mais elle était loin d'imaginer qu'ils arriveraient si vite. Elle n'avait même pas eu le temps d'apprécier une dernière fois les teintes orangées que prenait le ciel, lorsque le soleil disparaissait derrière les grands sapins de la forêt, qu'ils étaient déjà là. Elle s'assit, ramenant ses jambes vers elle, pour pouvoir jeter un coup d’œil par-dessus son épaule. Là, à deux mètres d'elle à peine, un jeune homme était allongé dans les sous-bois. Elle comprit sans mal qu'il était à l'origine du bruit, qui était venu troubler le silence de la clairière. Il essaya de se relever, mais fut à nouveau expédié au sol par la gravité. Cette fois-ci, Willie ne put s'empêcher de laisser échapper un petit rire face au comique de la scène.
Quand l'inconnu réussit enfin à tenir sur ses deux jambes, ce qui ne semblait pas être une tâche facile, elle décida de se mettre debout pour pouvoir lui faire face. La lumière du soleil qui traversait le corps de Willie créait des petits arc-en-ciels presque imperceptibles sur le sol de la clairière, un spectacle assez extraordinaire si l'on était assez attentif pour avoir la chance de l'observer. Elle était vêtue de la même robe immaculée que celle qu'elle portait le jour de sa mort, et ses cheveux blancs brillaient au soleil, donnant l'impression d'être argentés. Elle posa ses grands yeux sur l'inconnu, et commença à l'observer sans rien dire, le regard emplit de curiosité.
Les premières paroles qui sortirent de sa bouche ne ressemblaient ni à des insultes, ni non plus à des menaces. En réalité, il s'excusait. Willie resta bouche-bée devant un tel comportement. Elle avait déjà eu à faire à de tels mots, mais ils s'échappaient des bouches de personnes seulement motivées par la peur. Le jeune homme qu'elle avait en face d'elle ne semblait pas terrifié, il avait simplement l'air gêné d'être ainsi venu troubler son repos. Il bégayait à chaque phrase, ce qui ne manquait pas d'amuser un peu Willie qui esquissa un petit sourire. Mais une question vint rapidement la troubler. Si elle était morte ? Elle haussa les sourcils bien haut, papillonnant des yeux. Normalement, les gens reconnaissaient un fantôme lorsqu'ils en voyaient un... Elle se demanda si elle avait à faire à un idiot, mais le regard intelligent de l'inconnu lui apporta une réponse.
« Est-ce qu'il vous est déjà venu à l'idée de demander à un rouge-gorge, s'il était un oiseau ? Elle remua doucement la tête, et compléta avec un léger sourire: oui, je suis bien morte. »
Heureusement que Willie avait appris l'anglais dans sa jeunesse, il aurait été dommage de ne pas pouvoir communiquer avec la seule personne qui semblait vouloir lui adresser la parole. Pour ce qui était de la question qu'il lui avait posée, elle aurait pu s'en offusquer, puisque demander à quelqu'un s'il était mort, était aussi indélicat qu'interroger une dame sur son âge. Mais elle n'en fit rien, trop surprise et heureuse de l'intérêt qu'il semblait lui porter. Elle souleva légèrement les pans de sa robe afin de faire une petite révérence, et prit à nouveau la parole:
« Très enchantée de vous rencontrer, je suis Wilhelmina Klein, enfin vous pouvez vous contenter de Willie, je comprendrais qu'un américain puisse avoir du mal à prononcer mon prénom. »
Elle eut le réflexe de tendre une main que l'inconnu ne pourrait saisir, puis la rangea doucement en glissant un petit rire nerveux. De toute façon, les baisemains ne semblaient plus être de coutume. Cela faisait tellement longtemps qu'elle n'avait pas rencontré de nouvelles personnes, elle craignait de ne plus vraiment savoir comment agir. Mais l'avait-elle vraiment su un jour ? Willie était une personne solaire qui s'éparpillait tout le temps, que ce soit avec des inconnus ou avec des amis de longue date. Se focaliser sur un sujet n'était clairement pas son fort, elle voulait parler, beaucoup, tout le temps, et de tout en même temps. Mais surtout, elle était incapable de contenir sa joie. Elle prit soudainement les mains du jeune homme dans ses propres mains, sans même penser à la morsure glacée qu'il ressentirait, et demanda:
« Et vouuus ? Qui êtes-vous, que faites vous de votre vie, pourquoi être venu ici ? Elle relâcha les mains de son interlocuteur, pour placer les siennes sur ses hanches et compléter avec un air malicieux: j'imagine que vous me cherchiez. Mais pour quelles raisons ? Si c'est pour me dire de partir, c'était prévu, ne vous en faites pas. Je ne voudrais pas troubler le calme de Gravity Falls plus longtemps, c'est une si belle ville. »
Cette dernière idée lui avait traversé l'esprit pendant qu'elle parlait, peut-être qu'elle se trompait sur toute la ligne et que l'inconnu ne s'intéressait absolument pas à qui elle était. Son grand sourire s'était réduit de moitié, même si elle nourrissait l'espoir d'avoir tord. C'est alors qu'un flash inonda son esprit, elle se revit à l'âge de 17 ans, se rendant dans le cimetière près de chez elle pour faire la rencontre de Blanche de Mitry. A l'époque, Willie était encore en vie, mais Blanche était un fantôme depuis de nombreux siècles déjà. A l'instar du jeune homme, elle n'avait pas eu peur, bien au contraire, elle était même très confiante, adressant naturellement la parole à celle qui deviendrait son amie. Alors, comme pour faire écho aux paroles que Blanche lui avait adressées il y avait de cela quatre-vingt-onze ans, elle ajouta:
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J'y étais, ça y est ! Après de nombreuses recherches, des études approfondies sur les spectres, les esprits vacants dans le monde des vivants sans enveloppe corporelle et cela jusqu'à ce qu'ils rejoignent l'au-delà, j'arrivais enfin à du concret. Du moins, un début de preuves. L'observation et les témoignages savaient peser sur la balance d'une recherche et c'est encore mieux lorsqu'il est question du scientifique en question. Ce n'était que le commencement de nombreuses réponses à des questions que mes collègues continuent de se poser derrière leur comptoir de laboratoire, à Boston. Comment pouvaient-ils penser trouver quelque chose d'intéressant là-bas comme si le paranormal s'approcherait d'eux par lui-même ? Quel prétention et fainéantise. J'étais bien conscient, personnellement, que pour obtenir des réponses à ses questions, il fallait aller les chercher. Il fallait plonger dans l'inconnu sans savoir si on allait en ressortir. Après tout, cette jeune fille transparente qui se tenait face à moi pouvait très bien être de nature mauvaise, vicieuse et manipulatrice. Je prenais des risques en ce moment-même ! Même si pour le moment j'avais surtout l'impression de discuter avec une étudiante des sciences humaines sur le campus de mon ex-Université.
Le fantôme - terme grossier mais contentons-nous des familiarités tant que nous ne comprendrons pas exactement le fonctionnement de la nature de l'être - avait répondu à ma question par une autre question d'une voix claire, douce et calme. J'étais heureux de savoir qu'elle pouvait communiquer aussi facilement avec moi. Ça allait simplifier les choses, à supposer tout d'abord que je puisse tenir sur mes deux jambes et articuler deux mots à la suite.
"Et bien... Je réfléchis sérieusement à sa question. Un rouge-gorge peut être un homme à la gorge irritée. Comme une hirondelle peut être la marque de bicyclettes fabriquées en France et un pigeon le terme péjoratif employé pour décrire un être à qui la perspicacité fait défaut. Vous voyez ? J'haussais les épaules. Rien n'est jamais ce qu'il parait. Vous pourriez être en vie mais simplement recouverte d'un fin tissu qui permet aux rayons du soleil de vous traverser. Vous pourriez aussi, dans des conditions plus propices, être une simple illusion, une hallucination visuelle. Un scientifique doit partir de loin pour préciser sa recherche ! Je partais loin, en effet. Peut-être trop ? Enfin, concluais-je, je vous remercie de m'avoir confirmé ce détail."
Elle se présenta. Wilelmina Whillelmina Willelminah Klein, je lui demanderais plus tard l'orthographe mais j'étais déjà très heureux de connaître son nom. Nous passions à l'étape 3 ! Le sujet avait été observé puis approché et maintenant, j'obtenais un échange avec lui. J'avais désormais une identité sur laquelle porter mes recherches et cela en à peine 5 minutes ! Je ne puis cacher une certaine fierté dans cette démarche réussie. Il ne fallait pas s'arrêter en si bon chemin.
Willie s'était approché de moi et, sous une surprise difficilement masquée, elle avait attrapé mes mains qu'elle serra contre les siennes. Comment expliquer mon embarras ? Était-ce voulu ? À en voir son regard, il ne semblait pas. Je tentai de garder mon calme, lèvres pincées, jusqu'à ce qu'elle s'éloigne et tourne les pans de sa jupe d'un mouvement de hanche enfantin. Son regard taquin arrondissait le mien d'étonnement - positif -. Elle était adorable. Je sais que ce n'est pas une manière de parler d'un sujet d'analyse, néanmoins je me permets, ici, de décrire cette personne comme l'être humain que je voyais en elle. Une âme à qui on avait retiré sa vie... Trop tôt.
"Je me nomme Stanford Pines. J'hésitai à m'incliner. Je ne le fis pas. Scientifique et chercheur en paranormal, installé récemment à Gravity Falls pour parfaire ma thèse. Ravi de vous connaître également, ma chère Willie. Il n'est aucunement dans mes intentions que de vous inciter à partir, bien au contraire ! Je vous conseillerais de rester. Je portais les mains aux poches de mon pantalon. Cette ville, Willie, est très spéciale, bien plus que vous ne le pensez ! Pour ainsi dire, elle attire l'étrangeté sous toutes ses formes sans que je ne sache encore comment. Si vous êtes ici, à mon avis, ce n'est tout simplement pas un hasard. Souriant, sincère, je réalisais également que je pouvais maladroitement manquer de tact. Mon sourira s'effaça alors. Oh ! Sans - Sans vouloir dire que vous êtes étrange, ce - ce n'est pas - enfin... Vous n'êtes pas bizarre, vous êtes... Morte. Mais ce n'est pas mauvais non plus, évidemment !"
Enchaînement de maladresses, c'était pitoyable à voir. Heureusement, je ne pouvais pas sortir de moi-même pour assister à la scène. Peut-être serait-ce possible, plus tard, si je me concentrais sur le cas des spectres et de la mort ? Ce n'était pas la question pour le moment ! Fallait-il encore que je puisse entrer les fantômes dans un chapitre de mes recherches. Je n'avais pas envisagé cette idée avant de rencontrer Willie mais à la voir si réceptive à ma présence me donnait de bons espoirs d'en savoir plus sur elle. Ça promettait d'être intéressants !
"Peur ? Je souris. Et bien, écoutez, cela fait quelques jours qu'un étrange personnage aux membres fins comme une tige de fleurs épineuses allongés sur près de 5 mètres de haut et entouré de bandages de soin me fixe au loin à 21h46 précise par la fenêtre de mon bureau, alors... Non. Vous n'êtes pas la chose - je veux dire, la personne ! - la plus effrayante que j'ai pu croiser ici. Et je ne pense pas que vous soyez la dernière... J'haussais les épaules, Après tout, Je suis venu ici pour percer des mystères, alors il me semble normal de tomber sur des cas inconnus à résoudre. Là est tout le challenge que je me suis donné."
Et là était toute l'image que je souhaitais me forger avec les années. Un scientifique sage, intelligent, bravant les risques les plus dangereux à la quête du savoir. Un véritable... Nicolas Tesla. Il y avait du chemin à faire, je n'en doutais pas, mais j'étais prêt à tout pour arriver à cet objectif. J'étais déterminé et cela pouvait se lire sur mon visage tandis que je jouais de mes pauvres expériences de débutant devant la jeune fille. Elle n'y connaissait probablement rien mais si elle s'intéressait ne serait-ce qu'un peu à ce que je lui racontais - véridiques, par ailleurs, je ne dors toujours que sur une oreille -, alors, peut-être, souhaiterait-elle rester dans les parages jusqu'à ce que je finisse cette rubrique sur les créatures qu'elle représentait. Et puis, ce n'était pas comme si elle était de mauvaise compagnie. En y réfléchissant bien, encore deux minutes et ce sera sûrement la personne avec qui j'aurais le plus discuté depuis mon arrivée ici.
"Et vous, dites-moi ? Demandais-je avec curiosité. D'où venez-vous ? Quelle est... Je cherchais mes mots. Votre histoire ! Conclus-je alors. Vous vous êtes éloignée de chez vous mais pour quelle raison ?"