Vivre aussi longtemps avec un abruti comme Bran, ça n’était peut-être pas donné à tout le monde (et heureusement, parce que la place était prise par Tim), mais surtout, ça lui permettait de sentir quand son bro se foutait ouvertement de sa tronche, parce que Timothy avait toujours été le plus bête des deux. Oh, il ne doutait pas que son bro ne pensait pas à mal, mais il sentait bien, dans ses mots, qu’il lui cachait une partie de la vérité pour que l’écureuil ne s’énerve pas. Sauf qu’il pouvait toujours bouder et, les paupières plissées et les sourcils froncés, il fit comprendre à l’alien qu’il le trouvait extrêmement suspect. Cette histoire de réflexion cachait quelque chose que Bran préférait ranger dans les tabous et, forcément, ça ne pouvait qu’être hyper trop bizarre et méga trop suspect. Mais bon. Timmy ne voulait pas secouer son bro pour lui tirer les vers du nez. S’il ne voulait pas lui en parler, tant pis !

Les remerciements, eux, finirent d’achever l’asiatique, qui se contenta de ricaner un peu, pour cacher, à sa façon, qu’il ne comprenait pas grand-chose à cette explication. Était-ce seulement une explication ? Il n’en était pas certain, alors que le sens de ses mots se perdait entre Bran et Timothy. Mais puisqu’il ne voulait pas insister sur ce sujet-là qui, comme l’autre, ne le mettait pas forcément à l’aise (bien que ce fut pour une autre raison), Timmy décida d’envoyer valser le sujet ailleurs, loin, très loin, pour ne plus jamais l’évoquer dans leur conversation. Il ne voulait pas que son bro le remercie, point. Il n’avait pas besoin de ses remerciements et de ses pensées qui fourmillaient sans cesse, dans son gros cerveau de génie. Non, il avait juste besoin que Bran se vide la tête et profite. Ils auraient tout le temps du monde, de retour à Storybrooke, pour s’inquiéter de choses et d’autres.


J’suis une bonne compagne, aussi, paraît. Achète-moi une robe, la prochaine fois, bro, que je te montre comme je suis beau, s’amusa-t-il pour changer de sujet.

Puis le blackout, le bug monumental. Ciao l’année 2000 et l’apocalypse. C’était encore pire, à l’instant, dans le cerveau de Timothy qui ne pouvait, clairement, pas supporter de regarder une maid se trémousser devant lui (bon, OK, il exagérait un peu le trait) pour lui prendre une commande, tandis que son bro n’était même pas là pour le soutenir. Bien qu’en vérité, Tim était plutôt persuadé que Bran se serait normalement jeté sur l’occasion pour se moquer un peu de lui et de sa timidité étrange. À moins qu’il ne devait appeler ça de la pudeur ? Moignon préférait parler de respect, et pas de respect pour lui-même, mais pour la maid qui n’avait peut-être pas demandé à être habillée ainsi et qui n’avait sûrement pas envie d’être regardée de manière lubrique par des gros dégueux pas beaux.

Lui, il n’était pas un pervers et ne l’avait jamais été. Il avait déjà du mal à laisser les infirmières lui soigner un bobo (bon, d’accord, c’était souvent plus que de simples bobos) sans rougir comme une tomate et elles, pourtant, elles n’avaient pas de tenue « extravagante » disons. C’était, en vérité, leur proximité qui le dérangeait un peu. Il ne savait pas lui-même d’où ça lui venait, alors qu’il avait passé sa vie à grandir avec une fille, sa sœur, mais il n’aimait juste pas ça. Et il avait, d’ailleurs, tendance à ranger les femmes dans la catégorie « ami », comme ça, il n’avait plus de soucis à se faire. Là, la maid n’était clairement pas son amie et la voir s’approcher l’avait achevé.

Heureusement pour lui, Bran était trop choqué par l’absence de café (information qui, enfin, avait fait son chemin jusqu’au cerveau de l’écureuil) pour réagir au bug de son bro et se moquer de lui. Timothy profita de la diversion pour s’emparer du bras de l’alien et les emmener, tous les deux, vers un stand plus agréable, plus tranquille, avec, d’ailleurs, beaucoup moins de monde à table. Comme quoi, Tim n’avait pas tort en pensant qu’il y avait un sérieux problème avec la tenue de maid. Ce qui le dérangeait atrocement et lui hérissait les poils, sur la nuque. Le respect des femmes, apparemment, était mort et enterré depuis longtemps.


Ouais, ouais, elle a dit pas de café, c’est bon, tu vas t’en remettre, ronchonna Tim, en tirant son ami derrière lui.

Devant eux, le stand du père Noël n’avait, franchement, rien à foutre en plein milieu d’une comic-con, mais ce n’était pas Timothy qui allait s’en plaindre. D’ailleurs, à voir les quelques enfants, autour des tables, il se dit que ce n’était pas une si mauvaise idée. Si ça pouvait leur éviter de traîner dans l’aura malsaine de gros pervers qui attendaient le passage de la maid pour mater… Timothy avait peu de respect pour les gens de son propre sexe, en vérité. Alors, grognon, il se plaça derrière la queue et lâcha son frère. L’odeur du café qui régnait dans la zone sembla suffire à le ramener sur Terre.

Heureusement pour Tim, cette histoire de cadeau avait été très vite oubliée. Comme ça, il n’avait pas besoin de répondre et Bran abandonnerait peut-être l’idée quelque part. S’il ne savait pas ce que voulait son bro, il ne pouvait rien lui offrir, de peur de le décevoir. Et toc ! Coincé, l’alien ! Hahahaha ! Parfois, Timmy était un petit génie et il aimait bien se lancer des fleurs lui-même, dans son crâne de cinglé. En revanche, l’odeur suffit à donner envie à Bran de gruger tout le monde et l’écureuil le regarda faire, totalement outré. Il n’y avait pas tant de monde que ça, il pouvait bien attendre son tour !

Néanmoins, Timothy n’eut pas le temps de s’en plaindre que son bro revint vers lui, apparemment décidé à attendre son tour, comme tout le monde. Personne ne grogna dans la file et l’asiatique ignora les quelques regards, tournés sur eux et leur accoutrement, pour s’intéresser à son frère soudain si… légal ? respectueux ? docile ? Il ne savait pas trop, mais il était sûr qu’il avait tout intérêt à rester sur ses gardes, s’il ne voulait pas se faire coincer dans des questions auxquelles il ne voulait pas répondre.


Oui, oui, voilà, on parlait de ça ! Tout à fait, tout à fait.


Alors qu’il acquiesçait plusieurs fois du chef, Timmy se maudit intérieurement. S’il apprenait à se la fermer, de temps en temps, il risquerait moins de se griller, incapable de mentir. Là, si Bran pigeait pas qu’il essayait de noyer le poisson (même si l’image lui déplaisait affreusement), c’était qu’il était vraiment, vraiment, vraiment concentré sur son envie de café. Un point sur lequel Timothy préféra revenir, d’ailleurs. Histoire de noyer le poisson pas du tout noyé, une bonne fois pour toutes. Ou au moins d’essayer.


D’habitude, j’aime pas quand tu bois du café. Je te l’ai peut-être jamais dit, mais bon. (Il haussa les épaules, en regardant ailleurs.) Après, t’es tout fou, tu cours partout, t’es comme Secousse. Et même si j’adoooore Secousse et que je t’aime toi, baaaah… j’arrive pas à suivre, moi. Comme quand tu penses, en vrai. Dis-toi que le temps que t’aies résolu un théorème, j’en suis encore à me demander comment je m’appelle, hahaha !

Comme à son habitude, Timothy exagérait peut-être un peu le trait, mais au moins, le message devait être passé. Et pour minimiser ses propos, ou détourner l’attention de Bran, il passa un bras sur les épaules de son bro et lui frotta la tête, en ricanant comme le débile qu’il était et qu’il assumait être depuis longtemps.


Mais là, tu m’as donné de quoi suivre, paraît ! Hahaha ! C’est toi qu’as plutôt intérêt à t’accrocher pour me suivre, cette fois ! Et je vais tous les Ma. Ra. Ver.

Très fier de lui, Timothy haussa plusieurs fois les sourcils et se para d’un grand sourire ravi. Les pouvoirs de Bran pouvaient, au moins, lui servir à suivre le rythme effréné de l’alien et ne plus être le gros boulet qui traîne derrière.


Wow, eh ! Un vrai tombeur, bro, j’crois que t’as une touche, dit-il, soudain plus bas, en pointant, du menton, une table à quelques pas. Tu devrais peut-être lui demander son num, hahahahaha. Mais me fais pas de l’infidélité, hein, sinon je change de team direct et je te défonce. Dans le jeu, pas pour de vrai.

La pauvre concernée avait eu la bonne idée d’un regard insistant de quelques secondes de trop, sur leur étrange duo et Timothy ne risquait pas de penser que c’était pour lui et sa gueule de cinglé, coincé dans son costume de Goku. Il ne s’intéressait pas aux filles, comme on l’a déjà prouvé, et pensait que la seule qui eut, un jour, un peu d’intérêt pour lui, devait être une gamine de cinq ou six ans, à l’hôpital, qui lui avait juré qu’elle se marierait avec lui. Il lui avait, d’ailleurs, rétorqué qu’il serait vieux et laid, le jour où elle aurait l’âge de l’épouser, et la gamine était partie en boudant. À ce souvenir, sa cicatrice le démangea un peu, mais il fit mine de rien et se concentra plutôt sur la queue qui avançait. C’était bientôt leur tour de passer.

Et, oui, évidemment, la pauvre jeune femme lui servait surtout d’excuse pour détourner l’attention de son frérot. Timothy était prêt à tout pour n’aborder ni le sujet de la maid, ni le sujet des cadeaux.

Vivre aussi longtemps quand on était un abruti comme Bran, c’était un véritable défi. Vivre avec lui … C’était déjà plus simple, et il était assez heureux de voir qu’il y arrivait et que Tim aussi. Manquerait plus qu’il n’arrive pas à le supporter. D’ailleurs, encore une fois, Bran se demandait si Tim l’aimerait pareil s’ils venaient à se rencontrer maintenant … Il se souvient plus de leur rencontre. Pour lui, c’était aussi normal que de respirer que d’avoir Bran à ses côtés. On pouvait les séparer, mais jamais Tim ne pourrait devenir « qu’un ami ». Il était son frère. Il était son jumeau. Il était important … mais tout le pousser à se demander s’il l’aimerait maintenant. L’étrange personnage qu’il était, mi-alien, mi-humain, mais aussi expérience et sortit d’un tube. Il se le demandait vraiment. Et c’était cette réflexion qu’il n’avait pas envie de dire à son ami. Cette idée de ce qu’il « vaut » en tant que personne, qu’il n’osait comprendre. Pourquoi était-il son frère ? Pourquoi acceptait-il sa colère, son existence ? Il ne le savait pas, et il doutait un peu que Tim puisse lui donner une réponse qu’il trouverait bonne. Ou alors Timothy lui donnerait juste une paire de baffe pour remettre son esprit à l’heure ? Cela pouvait être une idée.

- Une robe ? Mhhhh rouge avec des fleurs blanches dessus ça te ferais plaisir ?

Était-il sérieusement en train de réfléchir à lui offrir une robe ? Bien sur que oui. Et d’ailleurs la seule qui s’imposa à son esprit était celle que portait Lilo le plus souvent dans les souvenirs de son conte … donc … C’était une idée encore plus lumineuse pour notre alien. Il ne répondit pas sur le fait d’être de bonne compagnie ou pas. Bran n’était pas le genre à s’emmerder à rester avec des gens qu’il n’appréciait pas. Comme il l’avait pensé un peu avant, Tim était comme l’oxygène autour de lui. Il avait besoin de lui, c’était quelque chose d’ancré, d’acté, d’immuable et d’irremplaçable. Il n’avait certes pas le même lien qu’avec Lilo … mais des fois il avait l’impression que c’était bien plus puissant avec Tim qu’avec Lilo… bien qu’il n’ose le dire.

Il s’était laissé changer de lieu. Pensant au café mort dans son âme. Avait-il fait les mêmes réflexions que son frère sur les maids et les gros pervers ? Non. Parce qu’il n’avait tout simplement pas vue. Il avait bien sur vue la femme qui était venu lui proposer de prendre la commande, mais tout avait été bloqué quand elle parla du café. Même son visage il ne pourrait le certifié. Il ne pouvait même pas dire si c’était une femme ou un homme… Sa sœur aurait été à la place de la serveuse que son cerveau se serait arrêté tout de même. Il posa les yeux sur Tim.

- m’en remettre … je vais m’en remettre …

Mais pas sans café, était la suite de la pensée qui traversait sans relâche son esprit… Il savait qu’avec un café il était motivé comme jamais … et que peu de personne le supporter … mais tant pis, il avait des envies et le café et la noix de coco, deux choses que la créa n’aime pas du tout, était pour lui une institution. Il faisait la queue suelement pour faire plaisir à Tim. Il savait qu’il y avait bien des choses, malgré leur ressemblance, qui leur rappelait qu’ils n’étaient pas frères d’éducation. Les deux revirent alors sur la discussion du début … que Bran croit en tout cas. Son cerveau était encore en train de se remettre de la surchauffe qu’il venait de subir. Il avait l’impression que quelque chose clochait … et le regard qu’il lança à l’écureuil avait les sourcils fronçaient et un début de suspicion. Il n’était pas sur de pouvoir faire confiance à Tim pour lui rappeler leur discussion… peut être n’écoutait il pas lui aussi ? Mais le manque de café ne faisait pas ce genre de chose à son meilleur ami.

Alors que Tim répondait, il releva le corps, tourna la tête, et observa. Ses yeux se posèrent de l’autre côté, là où une maid venait d’apparaître. Courant dans une direction qui lui était inconnue pour faire quelque chose qui était aussi inconnu dans les données de Bran. Mais en tout cas, l’information s’analysa, et fit son petit bonhomme de chemin dans son esprit. Tim n’avait pas bugué à cause du café comme lui, mais à cause des maids. Il sourit à cette idée… Quelle scène avait du faire les deux frères à cette pauvre serveuse. Il faudrait qu’il aille demander pardon … avec Tim ? Peut être pas. Il sourit alors qu’il replanta ses yeux vers son meilleur ami.

- Pourquoi tu n’aim…

Il n’avait pas eu le temps de finir la phrase qu’il lui répondit. Il était tout fou llui ? il courrait partout ? Il avait l’impression de ne pas avoir besoin de café pour faire cela, mais un sourire étira à nouveau son visage alors qu’il pensait à tout ce qu’il pouvait faire sans dormir avec du café dans les veines. Un rire sortit même de ses lèvres alors qu’il comprenait un peu.

- Menteur !

Dit il tout simplement. A force de connaître son meilleur ami, il savait des choses, ou était sur de choses. Comme le fait que son meilleur ami n’était pas si con qu’il le disait. Et s’il ne faisait rien pour contrer cela, il savait aussi qu’il s’heurterait à un mur tellement haut, et infranchissable, que Tim risquerait de ne plus jamais vouloir le voir. Mais son meilleur ami n’était pas aussi nul qu’il le dit.

- Je suis sur que tu peux me suivre, parce que sache que je n’ai jamais diminué la cadence depuis que je te connais et que tu es le seul qui est encore à mes côtés. Donc tu es un menteur, qui se ment à lui-même…. Et je pense que même sans café je suis pareil.

Peut être un peu plus fatigué ? Et encore il n’était pas sur. Il avait un métabolisme de malade mental. Il pouvait avoir un projectile dans le corps, et la plaie se refermerait autour (super quand il faut ensuite lui faire le chemin retour mais c’est autre chose). Il ne pouvait pas être bourré. Donc … Il se demandait si le café lui faisait réellement quelque chose … Cependant, ce n’était pas le sujet important. Le sujet important c’est qu’il n’avait pas envie que Tim pense qu’il était à la ramasse avec lui… ni maintenant, ni jamais. Il n’avait pas envie que son frère pense qu’il puisse être … trop rapide. Bran n’avait jamais été le genre à diminuer l’allure, à laisser les gens être à sa hauteur. Tim s’était mis à sa hauteur, tout seul, sans avoir besoin de tricher, ou que lui ralentisse. Alors il ne vpoulait (oui oui v et p en même temps dans le mot pour dire vouloir et pouvoir) pas laisser son ami penser cela. Il était bien plus doué que ce qu’il ne pense et Bran le portait bien plus en estime que ce qu’il ne semblait comprendre. Bran sourit alors à l’étreinte et aux paroles de son ami. Même sans ses pouvoirs il les aurait maravés, mais il sourit juste pour une fois.

- Tu vas tous les maraver, et moi je vais bien rigoler.

Parce que la violence le faisait toujours rire malgré lui… mais surtout voir son ami content, ça, ça le faisait sourire. Et il ne pouvait que le remercier à nouveau silencieusement de justement avoir tenu cette cadence qu’il avait donné depuis des années … peut être devrait il lever le pied enfin ? Il n’avait pas besoin de fuir quiconque maintenant. Il pouvait juste profiter de son meilleur ami. Il allait lui dire autre chose alors que Tim parla de tombeur. Il fronça les sourcils et observant la table présenté. Là, une femme semblait être en train de les mater. Il sourit à la jeune femme qui rougit de plus belle. Mais Bran savait que ce n’était pas pour ça qu’elle les regardait. Il attrapa son frère par l’épaule comme lui un peu avant, donnant un câlin assez étrange entre deux garçons, et il pointa du doigt le sol.

- Regarde ce qu’elle a acheté imbécile, elle était derrière nous quand on parlait de ta BD tout à l’heure.

Et dans le sac, on pouvait voir un début de la couverture d’une des BD de Tim. Bran les connaissait toute par cœur, et il savait aussi que la jeune femme qui les regardait était celle derrière eux quand ils discutaient tout à l’heure. De quoi mettre un peu de baume au cœur à son meilleur ami non ? Ils arrivèrent entre temps devant le père noël. Bran l’observa et n’eut pas le temps d’ouvrir la bouche que le père noël demanda :

- Un graaaand café serré, c’est bien cela ?

Il fit un oui affirmatif de la tête. Alors que le père noël demanda des yeux ce que désir le second partenaire de ce duo. Bran observait encore la jeune femme au loin, et le temps qu’il laisse Tim choisir, il demanda tout simplement.

- Cela te tente qu’on aille s’assoir avec elle ? Elle a peut être envie de parler de ta BD et de ce que tu fais non ? ça pourrait être agréable en plus. Oublie que c’est une fille, c’est une lectrice, et les lectrices, il faut y faire attention pas vrai ?

Bran savait déjà ce que son ami pourrait dire « contre » cette idée. Et il avait paré. Il ne savait pas combien de temps il restait pour faire le deuxième round et la suite mais ils pouvaient bien boire un café en compagnie d’une futur lectrice ET d’une futur fan sur son forum non ?

Alerte rouge ! Alerte rouge ! Alerte rouge ! Une grosse lumière rouge venait de s’allumer, dans le cerveau de Timothy, et tournait comme un gyrophare en braillant une vieille alarme du jeu-vidéo du même nom. Il savait qu’il était dans la merde jusqu’au cou et qu’il ne pouvait pas laisser Bran finir cette phrase qu’il venait à peine de commencer. Tim était peut-être même prêt à reparler de cadeaux, même s’il détestait l’idée, tant il redoutait de devoir expliquer pourquoi il n’aimait pas les maids. Et, de toute façon, ce n’était pas tant qu’il ne les aimait, qu’il ne comprenait pas le délire. Un peu comme… euh… oui, bon, le seul exemple qui lui venait n’était pas franchement catholique et il préféra s’arrêter là.

Obliger son frère à la boucler était une dure affaire, mais Timothy sortit la première connerie qui lui passait à l’esprit. Parler du café, c’était naze, ça puait le faux, mais il ne voyait pas ce qu’il aurait pu dire d’autre. Au moins, là, le sujet était bieeeen détourné, très loin des jupes épaisses et des petits nœuds papillon sur des décolletés trop plongeants. Non, il n’exagérait rien, ce n’était franchement pas son habitude, voyons…

Si Timothy était persuadé qu’il serait grillé dans son mensonge, il ne pensait pas que ce serait au sujet du café, mais bien à la phrase d’avant. Mais non, apparemment, Bran comprit le problème à l’envers et l’asiatique fronça fort les sourcils sur ses yeux noirs. Il ne mentait pas vraiment, au sujet du café. Peut-être que ça n’avait pas tant d’incidence sur le corps de l’alien, il n’en savait rien, mais il lui semblait bien que ça changeait des choses à sa manière d’être et Timmy avait parfois du mal à suivre le rythme. Il avait toujours peur d’être à la traîne, de ne pas comprendre un truc, de ne pas être là, juste derrière, au moment où son frère se retourne. Ce qui serait un véritable drame, pour lui.

Au fond, Tim essayait, peut-être, d’être un peu trop là, trop présent, pour que son bro ne se sente jamais seul, abandonné à son sort, comme ça avait dû être le cas dans le laboratoire qui l’avait enfermé. Parce que Tim n’avait pas été foutu de le sortir de là, comme un gars ultra badass à la manière de ses BDs ou de ses jeux-vidéos, et que Bran avait dû se démerder tout seul, comme un grand. Et ça, Timmy pouvait pas croire que, de temps en temps, ça ne popait pas dans l’esprit de son bro. Ça devait forcément faire tache, comme une ombre dégueulasse, dans leur relation.

Alors, l’écureuil essayait d’être là tout le temps, maintenant, sans le montrer vraiment, parce qu’il avait sa petite fierté à la con. Il ne pouvait pas crier partout qu’il n’avait pas été là au bon moment et qu’il aurait bien pu ne plus être là du tout, puisqu’il était assez naze pour ne jamais rien faire de bien. Mais quand son frère buvait du café, Tim ne pouvait pas l’accompagner. Quand il grugeait tout le monde dans la file, Tim ne pouvait pas l’accompagner. Quand il réfléchissait comme le scientifique qu’il était, Tim ne pouvait pas l’accompagner. C’était ainsi et ça ne changerait jamais. Donc, non, il n’aimait pas voir son frère boire et se donner la force de courir partout sans s’arrêter. Cette force-là, Tim ne l’aurait jamais.

Et puis, de toute façon, c’était mauvais pour sa santé, voilà.


Ouais, bah tu penses trop, on l’a déjà dit. Puis je mens pas, moi, jamais. Jamais, jamais. T’as peut-être pas diminué la cadence, mais ça veut pas dire pour autant que j’arrive à suivre. C’est comme… euh… se faire traîner par un cheval parce qu’on s’est coincé le pied dans l’étrier, voilà. Toi, tu galopes, et moi, je brbrbrbrrbrb derrière.

Un brbrbrbrrbrb qu’il mima en se secouant dans tous les sens, comme pris d’une décharge électrique. Ce qui lui donna peut-être l’air d’un gros débile, mais Timothy n’en avait rien à péter. Au moins, il était persuadé de ce qu’il disait et son frère ne le ferait pas changer d’avis sur ce sujet-là non plus.


Et je pense que même sans café je suis pareil, mima-t-il, en exagérant les grimaces. J’ai pas dit que de base je galère déjà pas à te suivre, hein. C’est tout le temps le cas, mais avec du café, c’est pire. Puis, je vois pas pourquoi tu m’embêtes, le café, c’est mauvais pour toi, point. Après, tu dors pas et les génies, ça a besoin de dormir.

Est-ce qu’il sous-entendait que lui, comme il était débile et n’avait pas trop besoin de se reposer la cervelle, il avait le droit de ne pas dormir ? Totalement. Mais c’était, de toute façon, de notoriété publique que Timothy ne dormait pas toutes les nuits. Tout comme tout le monde savait qu’il ne se lavait pas tous les jours, voire pas tous les deux jours non plus.

Mais bon, Timothy ne voulait pas, non plus, passer la journée sur ce sujet, il essayait juste de détourner subtilement ou pas du tout subtilement, l’attention de son bro sur autre chose. Tout ce qui n’était pas les sujets interdits était le bienvenu, même s’ils risquaient de se prendre le chou, encore, parce qu’ils voyaient les choses de manière complètement différente. Et qu’ils étaient trop têtus, tous les deux, pour démordre de leur position. Bah ! tant pis. C’était plus ou moins ainsi qu’ils s’aimaient, les deux bros, alors Timothy s’en foutait de ne pas avoir le même avis que lui.


Oh, mais t’as trop cru, toi ! s’écria-t-il, en frottant à nouveau la tête de son frère. Tu vas pas rigoler, tu vas les maraver aussi. On est une team, j’te rappelle. Une team, ça joue ensemble, pas tout seul.

Si Bran pensait qu’il pourrait se poser dans un coin et regarder Timothy défoncer tout le monde, il pouvait se foutre le bras entier bien profond dans l’œil ! Tim ne les avait pas inscrits juste pour lui. Ils les avaient inscrits pour que Bran s’amuse aussi, donc il avait intérêt à s’amuser. S’il restait à ne rien faire, l’asiatique était bien capable de se foutre dans un coin et de bouder. Et là, ils allaient perdre bien comme il fallait et son bro rirait moins.

D’ailleurs, Tim ne savait pas quand ils devaient reprendre leur match et n’avait pas d’heure, puisque son téléphone était resté dans ses affaires, à l’entrée. Il n’y avait bien que son bro pour avoir le droit de le séparer de son téléphone sans qu’il ne pète un câble. Par principe, parce que ça l’arrangeait, Timmy décida qu’ils avaient laaargement le temps de discuter de choses inutiles et de boire le fameux café. D’ailleurs, avec toutes ces histoires, Tim n’avait pas choisi ce qu’il voulait boire et n’en avait pas la moindre idée. Tant pis ! Lui, à la base, il voulait bouffer.

La fille qui les regardait, le brun s’en fichait un peu beaucoup. Sans méchanceté, hein. Mais les filles, il préférait faire comme s’il ne les voyait pas, persuadé que, de toute façon, c’était pas à lui qu’elles voulaient parler. Celle-ci devait sûrement trouver son bro très à son goût, mais Timothy avait décidé qu’il était à lui pour la journée, et il n’avait pas super envie de partager, même s’il ricana en lui disant de lui demander son numéro. Il n’était pas certain qu’il ne se mettrait pas à bouder sévère, si Bran le faisait vraiment.

Mais le bras de son frère vint se mettre sur ses épaules et Timmy baissa ses yeux noirs vers lui, en se demandant ce qu’il lui voulait. Il pointa soudain le sol, du doigt, et l’écureuil le suivit pour comprendre c’était quoi, son problème. Bon, dit comme ça, c’était un peu méchant, mais il ne pensait pas à mal, Moignon.

Du moins, pas jusqu’à ce qu’il se fasse insulter.

Outré, Tim remua comme un vers de terre, pour échapper au bras de Bran et s’extirpa de son étreinte d’un coup sec. Il le regarda alors de haut en bas et tira sur son costume orange, pour reprendre un semblant de contenance. Le menton levé pour bouder, il posa une main sur sa hanche et regarda les ongles de la deuxième.


Je sais pas à qui tu parles, mais ça doit pas être à moi. Je vois qu’un imbécile, ici.

Et il le regarda de haut en bas, les deux sourcils haussés sur le front. Mais son regard revint vite se poser dans le sac de la fille, sans aucune discrétion, parce que c’était Tim. Et il vit, lui aussi, le bout de la couverture de sa BD. Alors… il rougit un peu, forcément. C’était pas tous les jours que Timmy se retrouvait devant un lecteur, encore moins devant une lectrice.


Ouais, hein, ça veut rien dire, ça, ronchonna-t-il, alors que Bran commandait.

Quand ce fut son tour, Tim regarda le père Noël longuement, sans un mot, dans un duel de regards idiot que personne ne comprit. Même Tim, en vérité. Puis il commanda aussi, une grosse gaufre pleine de pâte à tartiner. Ça ne le calerait pas longtemps, mais ça ferait l’affaire.


Hein ?


Timmy regarda Bran. Timmy regarda le Père Noël. Peut-être bien que le Père Noël regarda Tim et Bran. Il y eut un long silence digne d’un western, avec un virevoltant qui passe devant la caméra et un son très aigu résonna dans l’esprit de Timothy. Parler à une inconnue ? Lui ? Il le prenait pour qui ?


Tu veux te débarrasser de moi, c’est ça ? Si tu veux aller roucouler, compte pas sur moi pour tenir la chandelle, hein. Oublier que c’est une fille… (Il coula un regard vers elle et rougit un peu plus.) Mais c’est une fille ! De toute façon, elle nous a peut-être pas entendu, et elle nous prend juste pour deux bouffons qui ont que ça à faire de manger en attendant leur tour de tournoi. Il faut faire attention à quoi ?

Il cligna des yeux comme le débile qu’il était et se détourna de toute cette histoire pour s’emparer de la boisson et de la grosse gaufre. Diversion qui tombait A PIC. Et Tim fit mine d’être tellement concentré sur son Graal qu’il ne faisait plus attention au reste. Ce qui n’était pas loin d’être vrai et fut confirmé par un grognement puissant venant de son estomac.

Bran ne comprenait pas forcément les choses dans le bon sens. Il en avait douloureusement conscience, et il savait que cela faisait partit de ses petits défauts à corriger. Il savait qu’il ne le faisait pas exprès. Il avait juste une manière bien à lui de faire fonctionner son cerveau…. Et de temps en temps, il prenait les problèmes à l’envers. Pas que cela ne le bloque. Prendre un problème dans un autre sens permet souvent de trouver une nouvelle méthode pour régler ce problème.

Et pour répondre à la question muette, et mentale, de Bran. Non, il ne pensait pas un seul instant au fait que Tim l’avait « abandonné ». Cela ne faisait pas de tâche pour la très bonne raison que Bran préférait un million de fois savoir son frère chez lui que là où il y aurait eu du danger. Il ne pensait pas non plus qu’il avait juste vécu sa meilleure vie sans lui…. Bran était sur que non. Il n’avait pas besoin de le demander pour savoir qu’il avait occupé pas mal de ses pensées. Et il n’avait pas besoin de demander pour savoir qu’il s’était occupé de Lilo pour lui. C’était le plus important pour lui.

- On ne pense jamais assez, et ose me dire que tu ne le fais pas, je suis sur que ton cerveau fourmille tout le temps là haut et que tu ne te laisses jamais le temps de t’écouter c’est tout.

Il avait sourit à son mime d’homme trainer par un cheval. Ce n’était pas le moment de sourire, mais il trouvait que c’était vraiment proche, alors ça l’amusait.

- Désolé que tu le ressentes ainsi, je dois diminuer l’allure alors non ? Pour ne pas que tu sois trainer et remonter en selle ?

Bien qu’un cheval ayant le poids de Bran sur le dos ne serait certainement pas ravi d’avoir le poids de Tim en plus. Pas qu’ils soient lourd, mais Bran n’avait jamais compris comment les animaux pouvaient supporter certaines choses … Comme des humains sur le dos. Il ne comprenait pas. Lui, il les enverrait tous péter à l’image de « Dégage » dans la chanson Spirit.

- Tu ne dors jamais toi, alors pourquoi j’aurais besoin de dormir. Et ma santé ça va, j’aime juste le café.

Venait il de glisser, au calme, que son frère était aussi un génie pour lui ? Oui. Avait il besoin de revenir dessus ? Non. C’était une vérité immédiate. Une vérité qu’il ne cache pas, et il n’avait pas besoin de faire des discours supers longs pour le dire. Si les génies avaient besoin de sommeil, alors il devrait peut être pensé à retrouver un cycle de sommeil cohérent lui aussi avant de lui dire cela. Bran sourit à nouveau quand il parla de maraver les gens. Tim avait il vraiment cru qu’il allait être seul ? Il ne dit pas qu’il sera le meilleur, mais quand il peut, il fait.

- Je vais rigoler, et les maraver, ça s’appelle être multitâche mon frère.

Puis la fille, et Bran qui s’amuse. Il laisse Tim s’extirpait de ses bras… tout le monde sait que s’il l’avait vraiment voulu, il n’aurait pas pu le quitter. Bran le regarda et sourit. Il y avait vraiment que lui pour prendre un « imbécile » et réagir ainsi. Bran aimait Tim aussi pour ça. Sa manière de toujours répondre comme … Comme Tim en faite. Bran savait que s’ils ne s’étaient pas connus à l’époque, quelque chose aurait manqué dans sa vie. Bien sur, il ne le disait pas forcément, mais il y pensait, aussi, très souvent. Il commanda et reposa les yeux sur son ami.

- Cela veut tout dire plutôt. Cela veut dire que tu intéresses, que tu intrigues. Et ça, c’est bon pour ton bisness !

Il ne savait pas trop, Bran, comment marche le monde de la BD ici…. Il pouvait peut être faire en sorte de l’apprendre. Une fois, il avait même eu dans l’idée de faire sa propre maison d’édition de BD… juste pour le plaisir de vendre que les BDs de son frère … Ensuite, il s’était dit que ça serait bizarre, que son frère le choperais, que les lecteurs trouveraient ça bizarre aussi … mais il en avait eu l’idée… et bien qu’il avait mit cette pensée dans la corbeille, il ne l’avait toujours pas vidé. Une fois leur affaire donné, Bran leva les yeux au ciel.

- Faire attention aux lecteurs. Imaginons qu’elle s’en fiche de nous, au pire tant pis, ça nous fera pas un deuxième trou du ….ça ne nous fera rien. Mais si elle est vraiment un nouveau fan alors tu pourrais laisser sur elle une impression à jamais, et elle finira par acheter tous tes livres.

Bran ne voulait pas plus le pousser que cela, et s’avança vers une table vide un peu plus loin. Elle n’était pas débarrasser, mais lui n’aurait pas besoin de le poser, et ensuite il suffisait de tout pousser. Bran le fit pour que son frère puisse manger en s’appuyant sur la table. Après leur repas, il faudrait retourner au laser game. Après, Bran compte bien que son frère s’amuse avec le reste des trouvailles de cette convention, en l’oubliant. Mais ça ça serait plus tard.

Il n’avait pas tellement tort, son bro d’amour, en supposant que Timothy, lui aussi, fourmillait de pensées à longueur de journées. Et même si l’asiatique jurait au monde entier que ce n’était pas vrai ou que ses pensées n’avaient, en vérité, aucune importance, aucun poids et surtout pas une once d’intelligence, ce n’était pas vraiment le cas. Il pouvait se poser et réfléchir sérieusement à un problème. Ce qui ne voulait pas dire qu’il trouvait une solution, mais qu’il y pensait. D’ailleurs, il avait, plutôt, tendance à trouver des idées, des moyens de résoudre un problème, un peu différents de ce que le monde entier pouvait imaginer. Il avait sa façon bien à lui de faire les choses.

Il n’avait pas tort, non plus, à supposer que Timothy ne prenait pas le temps de s’écouter lui-même. Il y avait comme une grosse barrière, dans son esprit, qui lui disait sans cesse d’arrêter de penser et qui regardait, de haut, les idées s’écraser contre elle. Il était un idiot, de toute façon, alors il n’avait pas besoin de se creuser la tête pendant des heures sur un sujet qui ne le concernait pas vraiment. Il ne restait, en vérité, plus qu’à déterminer quels sujets le concernaient. À part les jeux-vidéos et ses dessins, pas grand-chose, pour tout avouer. Alors l’écureuil restait hermétique à ses propres pensées, ses propres idées, et se concentrait davantage sur les autres que sur lui-même. Ce qui, en un sens, l’empêchait de penser pendant des heures et des heures pour rien.

S’il se laissait le temps de s’écouter, de toute façon, qu’est-ce que ça changerait ?

Timothy préféra ne pas répondre. Il comprenait bien que rien de ce qu’il dirait n’arrangerait la discussion et il ne voulait perdre plus de temps que nécessaire sur cette histoire de pensées. Peu importait, au fond. Tim était bien capable d’avoir les pires pensées du monde et de vivre quand même, comme s’il ne pensait à rien du tout. Il pouvait se traiter lui-même de tous les noms et sourire à pleines dents à ses amis, sans rien laisser paraître de son combat intérieur. Alors que Bran était un petit génie qui ne voulait pas s’accorder une seconde de répit. Ce qui n’avait rien à voir, voilà. Donc la discussion était close, basta.

Les mots suivants, eux, ne plurent pas plus à Timmy qui fixa ses yeux noirs sur Bran et grimaça un peu. Ralentir la cadence pour que le débile puisse remonter en selle ? L’idée ne lui plaisait pas du tout. Il était un gros boulet accroché à la cheville de son frère et Bran le lui faisait remarquer de son innocence toute à lui, sans comprendre le mal dans ses mots. Non, Timmy ne voulait pas le voir ralentir à cause de lui. Tim était, plutôt, prêt à décrocher son pied de l’étrier pour laisser le cheval galoper à son rythme. Lui, il prendrait le temps de souffler, à terre, de se relever et de reprendre le pas, à son rythme de débile.

Il ne préféra pas répondre là-dessus non plus, conscient qu’ils finiraient, sûrement, par se disputer sans se comprendre et il ne voulait pas ça. Depuis le début, tout ce que voulait Tim, c’était qu’ils s’amusent sans penser à rien et il devait bien constater que rien ne fonctionnait. Inévitablement, le sujet revenait tourner autour d’eux et traîner son ombre sur le tableau. Ça commençait sincèrement à gonfler Timothy qui ne comprenait pas pourquoi ils étaient venus jusqu’au Canada pour se prendre la tête. Ils pouvaient très bien rester à Storybrooke, pour ça.

À la question de Timothy qui ne dormait jamais, l’asiatique se contenta de battre des cils et de se parer d’un sourire innocent qui voulait bien insinuer que, justement, lui, il n’avait pas besoin de dormir. Le cerveau toujours en off, il pouvait bien se permettre de rester éveillé une ou deux nuits de suite, jusqu’à tomber de fatigue et dormir longtemps. Lui, il avait le droit parce qu’on n’attendait jamais rien de lui. Personne ne lui demandait de trouver une équation de génie, d’inventer un truc ou de faire quelque chose d’intéressant, dans sa vie. Tout ce qu’on lui demandait, c’était de dessiner une BD de temps en temps et de jouer à des jeux-vidéos. Et tout le monde savait qu’il n’avait besoin d’aucun QI surdimensionné pour ça.

Évidemment, Timothy savait qu’il ne pouvait pas dire ça, alors il se contenta de le dire avec les yeux et de hausser les épaules, sans pouvoir s’en empêcher, pour bien appuyer sur le fait que Bran avait, sûrement, déjà la réponse à sa question. Au moins, l’idée de maraver leurs ennemis détourna l’attention et Timmy rigola un peu fort, à entendre Bran jurer qu’il saurait rire et défoncer tout le monde, tout en même temps. Le grand brun n’en doutait pas un instant. Son frère était bien assez fort pour faire tout ceci à la fois ! Il espérait juste que, cette fois-ci, il cesserait de penser une bonne fois pour toutes et le tour serait joué. Ils pourraient enfin s’amuser. Tous les deux.

La diversion de la fille, elle, en revanche, ne plut guère à Moignon qui se tortilla, dans les bras de son bro, pour fuir sa proximité et faire semblant de s’énerver. Il n’en pensait pas un mot, mais c’était toujours mieux que de rester collé à lui sous le regard d’une… fille, quoi. Ça ne faisait peut-être pas de mal à l’image de Timmy, qui n’en avait franchement rien à péter de tout ce que disaient les autres, vu ce qu’il s’était déjà pris dans la tête toute sa vie, mais il préférait éviter que les rumeurs se retournent contre son ami. Mais il fit mine d’être soûlé par l’insulte, parce qu’il n’acceptait pas vraiment d’être insulté par le seul gars qui avait bien voulu être son bro pour le reste de sa vie, même si Tim, lui, ne se gênait pas pour l’insulter un peu, parfois. À sa manière à lui.

Les mots de Bran se plantèrent dans le grand corps de Timothy qui cligna plusieurs fois des yeux, sans répondre. Que pouvait-il répondre à ça ? Il n’avait jamais cru qu’il pouvait intéresser quelqu’un d’autre que… que personne, en fait. Ses parents, à la limite, mais ils étaient ses parents, c’était bien normal qu’ils s’intéressent à lui. C’était plus une obligation, pour eux, qu’une réelle envie de s’inquiéter de sa vie. Ses frères et sa sœur vivaient avec lui, donc ils n’avaient pas non plus le choix. Bran… Bran c’était pas pareil, voilà. Puis il n’avait pas vraiment d’autres amis, de ce qu’en savait Timothy, alors il n’avait personne de mieux sur l’épaule duquel se pencher. Mais le jour où il trouverait, les choses changeraient, point.


Je m’en tamponne sévère de mon business, comme tu dis ! répliqua-t-il, sans oser regarder vers la fille. Je fais pas ça pour l’argent, alors je m’en fiche. Ce qui intéresse, c’est l’histoire, rien à voir avec moi, d’abord !

Mais les joues de Timothy étaient, tout de même, rosies par l’idée de devenir le centre d’attention. Habitué à être mis en lumière pour mieux le ridiculiser, ce qui avait été le cas toute sa scolarité, avant qu’il ne fuit simplement l’école, Tim ne voulait plus vraiment être mis au devant de la scène. Il préférait se tenir dans l’ombre, là où on ne le voyait pas et on ne risquait pas de le pointer du doigt. Les compliments le mettaient toujours très mal à l’aise et il refusait d’en être la cible. À la limite, il préférait largement les critiques que pouvaient faire ses lecteurs, sur ses BDs. Là, au moins, il savait comment répondre et quoi faire pour que les choses s’arrangent.

À l’évocation de laisser « sur elle une impression à jamais », Timothy s’empressa d’enfourner sa gaufre et de mordre un grand coup sur un gros morceau de pâte et de chocolat. Il le mastiqua, ensuite, de cette manière un peu frénétique qui était toute à lui… quand il était stressé et qu’il avait affreusement besoin de mordre un truc. Généralement, Tim passait ses nerfs sur les noisettes ou sur ses doigts, quand il n’avait rien à bouffer. Là, il s’acharna sur sa pauvre gaufre, alors que ses yeux noirs ne quittaient pas Bran. C’était mort, lui criait tout son être. Mort de chez mort.


Si elle les achète pas d’elle-même, c’est que ça lui a pas plu et que c’est nul. Pas besoin de… euh… laisser une im-impression sur elle, à jamais. (Il avala un peu de travers et dut tousser bruyamment pour ne pas s’étouffer.) Sérieux ! T’abuuuuuses ! Tu vas me tuer, t’as vu. Et je m’arrangerai pour que tout le monde sache que c’est de ta faute, ouais !

Ce qui n’empêcha pas Timothy de reprendre un gros bout de gaufre et constater qu’il n’en restait déjà plus beaucoup à se mettre au fond du ventre. Abusé. Il n’avait même pas pu profiter du goût noisette de sa pâte à tartiner. Et tout ça, c’était de la faute de Bran qui souhaitait tant se débarrasser de son frère ! Déjà que Timmy voyait bien qu’il ne s’amusait pas du tout, alors si, en plus, il insistait pour faire dégager Moignon à la première occasion… Il ne comprenait vraiment, l’asiatique, pourquoi il l’avait emmené dans une comic-con si ce n’était pas pour s’amuser aussi. Ce qui ne lui plaisait pas du tout, du tout. Timothy n’avait pas besoin de son frère pour s’incruster dans ce genre de fêtes. Et il jurait qu’il ne referait plus l’erreur de le suivre à l’aveuglette.


J’en ai marre !


Tim s’énerva un tout petit peu, de cette manière à lui un peu enfantine, en plaquant une main sur la table, mais ses yeux brillaient d’un véritable agacement. Il les darda sur Bran et le fixa longtemps, sans rien ajouter de plus. Il voulut voir si, pour une fois, il pourrait faire comprendre à son frère qu’il y avait un véritable problème et qu’il était temps d’arrêter de jouer au plus idiot pour mettre les choses à plat. Peut-être même voulut-il voir s’il pourrait l’inquiéter un peu ou si Bran, assuré d’avoir le contrôle sur Timmy, n’y verrait qu’un gros caprice. Ce qui n’était pas loin de la vérité, mais il ne valait mieux pas se tenter sur cette voie.


Je sais pas c’est quoi ton problème, mais ça me gonfle. Et je suis sérieux. Regarde, j’ai même arrêté de manger pour toi. (Ce qui était une preuve irréfutable de son sérieux.) Alors soit on met les choses à plat maintenant, soit on se barre d’ici et on rentre chez nous.

Il haussa les épaules, dans son costume de super saiyan, et referma ses bras sur son torse. S’il n’était toujours pas à l’aise avec son déguisement un peu trop voyant, trop collant, trop tout, il avait écarté tous ses soucis d’un coup, pour se concentrer sur son bro. Peu importait le reste du monde. Bran le gonflait et il était temps de crever l’abcès. Même si, pour ça, ils devaient partir de la comic-con en boudant, tant pis. Tout le monde savait, de toute façon, que Timmy n’était pas quelqu’un de rancunier et qu’il aurait vite oublié le boudin qu’il faisait à son frère.


Je te préviens, hein… si on est là pour parler de moi, de moi, de moi, je me barre. Je rentre en marchant, s’il le faut, je m’en fiche. C’est pas ce qui va m’arrêter et tu le sais. Si on est là pour parler à une fille que je connais pas et qui a pas envie de savoir qu’on est deux débiles pas fichus de s’amuser dans une convention, je me barre aussi.

Des menaces qu’il ne valait mieux pas prendre à la légère. Timothy était capable de beaucoup de choses, quand il boudait, et Bran, depuis le temps, devait bien le savoir.


Maintenant, si t’es pas venu pour t’amuser, on rentre tout de suite. Si tu es venu te contenter de me regarder m’amuser, alors t’as rien compris, mon pauvre ! Ça sert à quoi, d’être un génie, si t’es pas fichu de voir que je peux pas m’amuser sans toi ? Et quand je dis sans toi, je parle pas de t’avoir collé à mon c-… hmm… pendant que moi, je m’éclate partout dans la convention. Si je voulais un chien, j’en aurais acheté un.

Peut-être bien qu’il devenait un peu méchant, Tim, mais il n’avait pas toujours conscience des limites et des choses qui pouvaient être gentilles ou méchantes. C’était un concept qui lui échappait, aussi souvent qu’il avait besoin de faire passer un message.


Si tu veux jouer à ce jeu-là, on peut jouer. On retourne finir notre partie et je me pose dans un coin pour te regarder défoncer tout le monde et t’amuser. Tu verras, ce que ça fait. Et après, tu viendras essayer de me jurer que c’était cool et que tu t’es éclaté, que je ricane un peu de tes mensonges. (Ses yeux noirs se voilèrent de tristesse.) Tu sais le goût que ça a, de s'amuser sans toi ? Quand t'étais pas là et que j'ai dû faire semblant que ça allait, que c'était pas grave, qu'on pouvait continuer comme ça. C'est aussi fade que ça. (Il pointa sa gaufre, sur la table, et grimaça.) Et là, c'est comme si t'étais pas là, mais que je faisais semblant que si, comme à l'époque. (Il reprit sa gaufre, comme pour conclure la discussion, mais ajouta, avant de mordre dedans à pleines dents :) Oh, et si c’est pour me répondre de la merde, tu peux toujours aller voir ailleurs si quelqu’un est plus disposé que moi à t’écouter. Je deviens sourd quand je mange.

Tout aller de travers… Tout aller à l’inverse de ce qu’il avait envie. Tout se mettait s’en dessus dessous et rien n’avait plus aucune logique, même les phrases dites… Bran ne savait plus quoi faire quand il jeta son gobelet de café vide dans la poubelle, après toute la discussion avec son frère … Mais rembobinons un peu. Parce qu’il le faut … et que même si Bran, et la créa, préfère ne pas jouer une dispute avec Tim, il n’y avait pas vraiment le choix. Oui, ça c’était déjà une dispute dans le cœur de Bran, et ça lui donnait une sensation étrange … comme s’il allait en être malade.

Déjà, il avait eu les mots malheur pour dire qu’il ralentissait la cadence. Ce n’était pas tant quelque chose de méchant qu’un fait véridique. Personne n’allait aussi vite que lui en course, sauf peut être un super héros connu pour sa vitesse comme … Flash… Flèche … Quicksilver …. Pas de F cette fois, mais c’était autre chose. Il n’avait donc pas senti ses mots comme une méchanceté mais une vérité.

Le seul de ses cousins qui pourrait réellement le suivre dans une course, c’était Reuben, et pas sur qu’il en avait envie … Certainement qu’il s’arrêterait dans un quelconque restaurant à volonté.

Bran se foutait de bien des choses comme des autres … Il se fichait de la population mondiale, des gens, de la faim dans le monde… non… En faite, Bran avait un attachement à l’humanité par Nani, par Lilo et aussi par Tim. Tim était un pilier. Une zone de conscience. Un lien qui permettait à son niveau de méchanceté de ne jamais dépasser sa tête …. Mais Tim se dévalorisait tout le temps…

Et ça rendait fou Bran. Cela le rendait fou parce qu’il était si génial, si super, si …. Tim quoi, qu’il ne comprenait pas, et n’admettrait jamais, qu’il puisse se voir comme un looser. Son frère était le meilleur de la Terre. Le plus incroyable, le plus doué, le plus important. Sans lui sur Terre … Bran ne savait pas ce qu’il ferait de sa vie. Sans lui, bran aurait peut être déjà quitté la Terre… Même s’il y avait encore Nani…. Parce qu’elle méritait sa vie, sans lui…

Tim aussi méritait sa vie sans lui … Mais non. Trop tard. Il était trop son ami pour quoi que ce soit. Puis … si un jour une certaine amie à Tim voulait le pousser pour prendre plus de place … alors peut être se laisserait il pousser pour le bien de Tim. Mais pas pour le moment.

- Je sais que tu ne fais pas ça pour l’argent, mais tu es doué. Le monde entier devrait te connaitre.

Et tous les avis négatifs que Bran voyait sur les livres de Tim l’emmerdaient. Bien sur, il ne les enlevait pas … parce que Tim voulait les lire pour s’améliorer … alors qu’il y avait déjà de l’art dans ses œuvres … on ne pouvait pas critiquer les génies c’est tout. Bran ne supportait pas qu’on critique son frère.

Bran avait observé son ami et sourit… C’était mort était écrit sur son visage … Et il trouvait cela cool de pouvoir ainsi lire dans les yeux de son ami.

- Tim, tout le monde sait que si un jour tu viens à mourir, je deviendrais fou. Et que je ne peux donc pas t’avoir tué….

Il avait compris la gêne de son frère … il ne pouvait que la comprendre parce qu’il le connaissait depuis tellement longtemps. Il buvait doucement son café. Il ne voulait pas le forcer, il ne voulait rien en faite … Sauf peut être que son frère arrête de dire n’importe quoi … c’était une idée … Mais … La suite l’attrista … et il ne pu qu’essayer de se noyer dans son café pour ne pas le montrer à la personne en qui il avait le plus de respect.

Enervé Tim l’avait rendu triste, et il ne voulait pas rester sur place. Il avait envie de partir, se caler dans un coin, et taper quelqu’un. Il ne pleurait pas lui. Il ne pleurait plus depuis longtemps. Il ne voulait pas pleurer plus. Plus jamais. Plus après que sa sœur fut blessée.

- Je n’ai pas de problème.

Il voyait bien que son frère avait arrêté de manger. Il voyait bien le sérieux dans son regard … Et Bran n’aimait pas ça …. Il avait pas envie de se disputer avec son frère … il n’avait pas envie d’avoir une discussion triste avec lui… Il ne voulait pas de tout ça.

- Et si j’ai envie de parler de toi, toi, toi. Tu es la personne que je préfère le plus sur Terre. Je ne voulais pas t’énerver …. Je veux m’amuser mais je veux surtout que tu t’amuses. C’est la chose que je voulais le plus.

Il avait toujours son café et voulait le boire … mais il n’avait pas envie que son frère puisse déduire du moindre de ses gestes quelque chose, alors il ne bougeait pas. Triste comme jamais de sentir le début d’une colère venir entre eux… il ne voulait pas de ça. Il voulait tout mais pas ça….

- Je ….

Il avait dû mal à dire les mots qui allaient sortir … parce qu’il avait dû mal avec le concept … et cela malgré le fait qu’il avait été obligé de l’expérimenter avec sa famille durant sa courte vie de faux souvenirs.

- Je suis désolé.

C’était tout ce qu’il dit alors qu’il laissa son frère manger. Lui, il prit le temps de boire une fois, deux fois, trois fois dans son gobelet. Il bu encore une fois et avait fini son gobelet dans un silence étrange. Il se leva et le jeta son contenant. Il soupira une fois, deux fois, trois fois.

Il se retourna et arriva devant son frère. Il était encore en train de manger, oui c’est vrai. Mais il s’en fichait. Il le fit se lever et le prit dans ses bras d’un coup. Comme ça. Il n’avait pas le choix que de lui faire un câlin, et si Tim essaya de se sous traire à ses mains, bran ne lui laissa pas le choix. C’était un câlin et c’est tout.

- Pardon Tim, je te promets que je me m’amuse, c’est juste que je n’ai plus mes pouvoirs, tu les as, et je voudrais que tu t’amuses mais j’ai peur qu’on te veuille du mal. Je ne veux pas qu’on puisse te faire du mal, et même si j’ai envie que tu puisses profiter tu vois ?

Il se décala un peu. Légèrement. Et il fit un large sourire. Il fit un grand sourire. Il allait s’amuser. Et pas que parce que Tim lui demandait, non… parce qu’il en avait envie. Et qu’il était heureux d’avoir un ami aussi génial que Tim. Un ami qui pouvait s’empêcher de s’amuser juste parce que lui ne s’amuser pas.

- Je t’adore. Tu es le meilleur amie que j’aurais pu rêver avoir, le sais tu ?

Il observa doucement son meilleur ami et il se dit qu’il avait tout de même beaucoup de chance. Il avait tellement de chance. Plus de chance que de tout le reste… il pourrait tout simplement mourir par la joie qu’il avait de trouver dans ce monde un ami comme lui. Presque autant que la créa aime la personne en train de lire ça. Qu’elle veut que son bonheur, qu’elle veut qu’elle arrive à se déstresser, à se sentir mieux dans sa tête. Parce qu’elle est vraiment une personne géniale. Bran pensait que Tim était le meilleur, et c’est pareil. C’est tout.

Tim avait l’impression de tourner en rond avec cet abruti qu’il avait choisi comme meilleur ami, frère de coeur et compagnie. Plus il essayait de lui expliquer les choses, moins la compréhension se frayait un passage dans le cerveau de l’alien. À croire qu’il pensait à trop de choses pour piger les situations les plus simples. Peut-être que Timmy devrait songer à lui expliquer la vie sous forme d’équations, mais il savait d’avance que ça allait grave le saouler. Alors, il ne savait plus quoi faire, à part s’énerver un peu en espérant que ça suffise à bousculer son frérot et lui faire comprendre, une bonne fois pour toutes, ce qu’il avait déjà essayé de lui dire au début de cette convention.

Au fond, Tim fait plus ou moins semblant de s’énerver un coup, dans l’espoir que ça bouscule un peu Bran. Ça ne le dérange pas, l’asiatique, de se répéter indéfiniment, s’il peut avoir la certitude que ça servira à quelque chose, qu’à la fin, Bran pigera enfin quelque chose à tout ce qu’il lui raconte. Il pourrait continuer toute sa vie, s’il le fallait, en variant les tons, les phrases, les gestes, pour voir, enfin, un semblant de compréhension passer dans les yeux de son bro. Ça prendrait le temps que ça prendrait, mais Timothy ne perdait pas espoir. Tôt ou tard, il réussirait à faire comprendre un truc à cet idiot d’alien.

Cette fois, il avait décidé de s’énerver un peu, de lui balancer quelques vérités en pleine tête en espérant que Bran comprenne qu’il ne mentait pas, même si Tim mentait aussi souvent qu’il tombait, et qu’il était vraiment temps d’arrêter de prendre juste ses mots et ses gestes, pour enfin pousser la compréhension un poil plus loin. Certaines choses ne pouvaient pas être dites, pas encore, mais il ne doutait pas, Tim, que ça suffirait à mettre à plat leur relation. Même si ça semblait commencer plutôt mal, vu que Bran lui assurait qu’il n’avait aucun problème. Si, ils en avaient un gros : ils ne voulaient pas la même chose.

Néanmoins, Timothy décida de rester silencieux, ses yeux noirs plantés dans ceux de Bran et d’attendre ce qu’il pourrait dire ensuite. Dans cette mini-dispute qui, il le savait, ne durerait pas longtemps, puisque Tim était incapable de bouder Bran plus de quelques minutes (du moins en cet instant), l’écureuil s’était confié sur une partie du mal-être qui l’avait étreint, pendant l’absence de son bro. Des choses qu’il n’avait jamais dites, comme un gros tabou jeté sur leur relation, pour éviter à l’alien de devoir repenser à son kidnapping. Timothy préférait essayer de lui vider la tête de ce traumatisme, plutôt que de lui remettre en pleine tronche et de le forcer à se sentir encore plus mal.

Si, cette fois, il prenait le parti de le dire, c’était seulement parce qu’il n’était pas là pour accabler Bran, mais lui faire comprendre qu’il ne voulait pas s’amuser tout seul, qu’il l’avait bien assez fait pour le reste de sa vie, quand il n’avait pas le choix. Maintenant qu’il lui était donné le droit d’avoir son bro à ses côtés, il ne voulait plus s’amuser en solo. Il avait besoin de s’amuser avec lui pour rattraper le temps perdu. De le garder à l’œil, aussi, pour ne pas risquer qu’il lui échappe à nouveau. Mais c’était un autre problème, ça, totalement différent.

Pour l’instant, Timothy préférait garder son visage sérieux et laisser Bran finir son explication, voir où il voulait en venir. Il continuait de mordre sur les restes de sa gaufre, mais il ne loupait pas une miette de ses gestes et de ses mains. Au premier mouvement suspect, au premier mot qui partirait sur des choses qu’il ne voulait pas entendre, Timothy jurait qu’il mettrait ses menaces à exécution et que son frangin allait le regretter.

À l’entendre, finalement, Tim comprit que son frère n’avait rien compris du tout. Ils continuaient de tourner en rond, ces deux abrutis, et l’asiatique ne savait pas comment faire pour lui expliquer les choses comme il les pensait. Si Bran était à côté de lui, alors Timothy n’avait pas envie de s’amuser tout seul. Il voulait profiter de son bro, pas passer leur temps à parler de lui et ricaner comme un abruti, sans que son frère ne s’amuse vraiment. C’était bien pour cette raison qu’il ne comprenait pas bien pourquoi Bran l’avait poussé dans une comic-con. Il savait, Tim, que ces endroits ne plaisaient pas à l’alien, qu’il ne s’amuserait jamais autant que Timothy pourrait le faire.

Bran s’excusa et ces simples mots mirent à mal les menaces et les convictions de Moignon. Il essaya de faire mine de rien, de mordre fort sur les derniers bouts de sa gaufre pour ne pas donner l’air d’être perturbé, mais il savait bien qu’il ne savait pas mentir, l’asiatique. Alors que son frère se levait et s’éloignait, il se demanda même si c’était fini, s’ils allaient arrêter là leur journée, sur une dispute idiote, parce que Tim ne savait pas exprimer ce qu’il pensait correctement. Ce qui lui fit beaucoup de mal et il dut se faire violence pour ne pas bondir sur les traces de Bran et le forcer à rester avec lui.

Concentré sur son besoin de ne pas bouger, de ne pas craquer, Timothy ne remarqua pas tout de suite que Bran était revenu. Il ne le comprit qu’à l’instant où son frère referma les mains sur lui pour le forcer à se lever et vint se lover contre lui. À mort les disputes, les mots que l’alien ne comprenait pas, l’envie de bouder pour enfin lui faire piger ce qu’il essayait de lui dire. Tim envoya bouler très loin toutes ses convictions et se contenta de refermer les mains dans le dos de son bro et de le tapoter gentiment pour le rassurer. Il ne chercha pas le moins du monde à se séparer de lui.

Sauf que son bro eut la très mauvaise idée de ramener, sur le tapis, cette histoire de pouvoirs… Timothy soupira si fort qu’il eut l’impression de vider son corps tout entier de la moindre cellule d’oxygène. Pouvait-on être un petit génie des sciences et un gros débile des relations humaines ? Apparemment, il en avait la preuve entre les bras. Tim ne comprenait pas ce besoin de reparler de pouvoirs dont il n’avait pas voulu et il l’avait déjà dit à l’alien. Il le lui avait crié bien en face, qu’il s’en passait volontiers et qu’il ne voulait pas de ce bracelet. Son frère était grand et fort avec ses pouvoirs. Sans eux, il était toujours grand et fort, mais en plus, il devenait chiant, voilà.


T’es un gros abruti, voilà ce que tu es, décréta Tim, sans lâcher Bran pour autant. Je t’ai déjà dit que j’en voulais pas de tes pouvoirs, mais tu continues de ramener ça dans la conversation. Faut franchement pas être très intelligent, hein. Tu sais que j’ai essayé de l’enlever, ton bracelet tout pourri ? Mais ça marche pas, sinon tu les aurais juste pour toi, tes petits pouvoirs. Parce qu’ils sont à toi et que tu me prendrais moins la tête si tu les avais gardés !

Ce qui n’était que la vérité. Bran était moins embêtant quand il était lui-même. Depuis qu’il avait passé ce bracelet au bras de Timothy, il était devenu chiant. Il ne faisait que de lui dire de faire attention, de ne pas faire ci, de ne pas faire ça, il s’inquiétait pour lui sans raison. Franchement, ils étaient au Canada, bordel ! Les péquenauds du coin ne connaissaient même pas l’existence de Storybrooke ! C’était n’importe quoi !


Détends-toi un coup, hein ! Ici, personne nous connaît et tout le monde s’en fout. Je comprends pas ce qu’il faut que je fasse pour que tu entres enfin les choses dans ta grosse caboche de génie.

Tim poka, d’un index, le front de Bran, juste assez fort pour le forcer à balancer, à peine, la tête en arrière. Il espéra ne pas lui avoir fait mal et avoir, plus ou moins, réussi à contrôler les pouvoirs de l’alien pour ne pas faire plus de dégâts que prévu. Il voulait juste qu’il comprenne, pas le maltraiter.


Je profiterai que si tu t’amuses avec moi. Si j’ai envie de m’enjailler tout seul, bro, j’ai pas besoin de changer de pays, je reste dans ma chambre comme un grand et je joue à tous les jeux que je veux. Mais maintenant que tu es là et que tu nous as amenés ici, t’as intérêt à t’amuser aussi. Et pas juste me regarder faire ! Bordel ! Si je veux qu’on me regarde m’amuser, je fais une chaîne Youtube et puis c’est tout.

Ce qu’il ne ferait jamais, d’ailleurs, ou seulement en ne montrant jamais son visage, puisqu’il ne voyait pas bien l’intérêt de montrer sa gueule, alors que le but était de montrer des jeux-vidéos.


Moi, je me demande surtout si toi, tu le sais, en fait. (Tim plaqua les mains sur les épaules de Bran et le força à se détacher de lui pour le regarder droit dans les yeux.) T’es même pas mon ami, t’es mon frère. Tu comprends ? Des amis, j’en ai pleins. Mais un frère que j’ai choisi moi-même, tu crois que j’en ai combien ? Me réponds pas, je sens que je vais m’énerver sinon. Je te le dis, moi : J’en ai qu’un, et il est assez bête pour pas comprendre que j’ai besoin de lui. C’est un gros débile, hein ?

Timothy lui tapota le haut de la tête et passa le bras par-dessus ses épaules. Il enfourna le tout petit reste de sa gaufre et pointa le doigt vers la tente du Laser Game. Pourtant, ce n’était pas elle qu’il indiqua, mais bien la pancarte « sortie », accrochée au plafond, qui pointait une grosse flèche vers la gauche, juste au-dessus de la tente.


Viens, on se barre, et on va s’amuser dehors. S’amuser pour de vrai, à faire toutes les conneries qu’on veut. Ici, il n’y a ni Nani ni Aya pour nous dire d’arrêter de faire des bêtises. Qu’est-ce que t’en dis ? Et tu sais quoi ? Puisque t’as fait tout ça pour moi, alors que tu aimes pas ça, je vais faire un truc pour toi. Enfin… un truc que tu m’as dit de faire. Enfin bref, regarde.

L’asiatique passa une main sur sa nuque, pas à l’aise à l’idée de faire ce qu’il s’apprêtait à faire, puis il sortit, de la poche du cosplay, le calepin et le crayon qu’il n’avait pas pu s’empêcher d’emporter, incapable de les laisser au vestiaire. Très vite, il dessina un petit Stitch qui tendait la main sur un bisou et faisait un clin d’œil. Il rajouta un mini-coeur très discret qui lui chauffa les joues et très lentement, concentré comme rarement, Timothy écrit « Moignon » juste en dessous. Avec délicatesse, il déchira la petite feuille de son calepin et la tendit à Bran.


V-va lui donner, t-toi, moi je peux pas ! C’est trop pour moi, balbutia-t-il, en désignant, d’un coup de tête pas vraiment discret, la fille à table, à quelques mètres de là. Et ensuite on se casse, OK ?

En courant, eut-il envie de préciser, mais il pinça les lèvres et attendit, les yeux suppliants du chien battu qu’il n’était pas, ou rarement, que son frère accepte de faire tout ce qu’il lui demandait.

Bran savait tourner en rond … Ce n’était plus une impression c’était une certitude … il ne voulait pas de cette situation. Il avait l’impression de s’être baigné dans une marée noire. Il allait couler … et tout le monde savait déjà qu’il n’aimait pas l’eau en règle générale…. Tout le monde savait qu’il ne savait pas nager, que l’eau était sa pire peur, sa pire crainte et qu’elle pourrait très certainement le tuer sans le moindre doute. L’eau tétanisait ses membres et le laisser … mou, pas là, à l’ouest. Une kryptonique douloureuse et dangereuse.

Une dispute avec Tim, c’était comme se faire lentement englué dans le pétron, coulait, mourir… Bran ne voulait pas … il détestait cela … et si les disputes avec ses sœur se finissent par des portes claquaient … Jamais il ne pourrait laisser faire cela avec Tim. Il aurait trop peur de le perdre, de dépasser les bornes … de ne plus jamais revoir son frère … Il n’en survivrait pas.

Après la dispute, la fuite et le câlin.. Bran se trouvait toujours au milieu d’un malstrom de sentiment qu’il ne voulait pas identifier… la plupart était collé à lui. Il l’étouffait encore, même après le câlin … Pourtant avoir Tim dans ses bras était la meilleure défense contre la haine de ce monde. Mais un câlin de Tim ne pouvait pas effacer la colère de Tim. Cela ne marchait pas comme ça.

Puis c’était un peu un boulet Bran … il le savait alors qu’il était revenu sur le tapis des pouvoirs… il ne voulait pas ravoir toute la discussion lui, juste rappeler le détail qui le mettait mal à l’aise…et si quelqu’un remarquait les pouvoirs de son frère et le kidnappé pour en faire des expériences ? Il ne pourrait jamais se le pardonner, ça c’était sur.

- Oui. Je suis un gros abruti …

Il le savait bien, il n’avait pas besoin qu’on lui donne de preuve, il le savait. Bran essaya de faire un sourire au jeune homme alors qu’il ne savait pas quoi répondre pour ne plus parler de ça … pour abandonner ce sujet. Oui c’était lui qui l’avait ramené, mais maintenant, il se dit qu’il aurait du le jeter dans la poubelle avec son gobelet. Il lui fit un signe de tête affirmatif doucement.

- Tu as raison.

Personne ne les connaissait ici. Personne pour leur dire que ce qu’ils font est mal. Pas de Nani, pas d’Aya … personne pour être rabat-joie et faire de leur journée quelque chose de responsable … il ne voulait pas être responsable … Il n’aimait pas cela. Stitch aimait à penser que le monde des adultes étaient stupides … pourquoi était il en train de réagir comme un adulte alors ? (oui c’était un résumé assez expéditif des adultes face à la jeunesse mais chut).

Le poke sur le front de Bran eu le mérite d’être une bulle de pensée qui explosa dans son esprit… il n’avait pas à être autre chose que lui. Si SB ne voulait pas que leur secret se sache, ils le cacheront un peu mieux, en empêchant les jeunes de sortir par exemple. Mais non, ils ne faisaient rien, et ça sera de leur responsabilité, pas de la sienne. C’est tout.

- On va s’amuser !

Dit il alors qu’il lui sourit en étant tout à fait honnête… peut être même un brin flippant pour les personnes qui ne le connaissait pas. Bran avait décidé de laisser de côté toutes les considérations de maturité, de responsabilité, et de conscience. Il préférait la partie inconsciente de lui… Celle que tout le monde lui demande de taire, tout le temps, de garder en lui, sauf Tim.

Tim était le seul qui voulait de lui comme il était. Qui n’écrasait pas son humeur, ses envies, ses habitudes. Tim n’aimait pas les gros mots mais il le laissait en dire. Il n’aimait pas plein de choses certainement chez lui … mais il l’acceptait … il ne voulait pas le changer… et Bran avait essayé de changer pour coller à la norme, alors qu’il devrait rester exactement lui pour rester digne de son meilleur ami. Il lui sourit.

- Je sais que tu n’as qu’un frère que tu as choisi. Ne t’en fais pas. Je n’oserais pas dire l’inverse. Et je sais aussi que c’est un gros débile. Pourtant tu continues de l’aimer, n’est ce pas ?

Il avait dit le « n’est ce pas » de manière assuré. Il était sûr que Tim continuerait de l’aimer, il le savait dans ses trippes. Il n’avait même pas besoin de le dire, c’était comme ça. D’aussi loin que se souvienne Bran, Tim était là… Et si Tim était là, c’était que rien ne pourrait jamais les séparer. Sauf peut être s’il meurt, mais on n’allait pas repartir dans la responsabilité et toute cette connerie tout de suite.

Quand il proposa de sortir, Bran savait qu’il avait prit en compte le fait qu’ils ne gagneront pas le laser game … mais de toute façon, ils avaient déjà gagnés dans leur tête, ça ne faisait aucun doute.

- D’accord ! On peut s’en aller et on s’amusera encore plus ! De quoi tu parles ?

Bran nota tout de même que faire une convention de jeux-vidéos n’était pas une bonne idée (avec lui) peut être que Tim a un ami avec qui ça se serait mieux passé …. Il ne connaissait pas les amis de Tim, ou plus exactement il faisait en sorte de les oublier pour ne pas être jaloux …. Mais il devait bien en avoir un.

La suite, il ne la comprit pas… et Bran le laissa faire le temps de comprendre alors qu’il dessinait à la vitesse de l’éclair. Puis, Bran sourit. Il savait que son frère savait qui il était, logique, mais Stitch avait envie de se vanter qu’il était encore plus beau comme ça. Il avait envie de faire le geste pour rigoler, mais il pencha la tête sans comprendre. Pourquoi faire un dessin maintenant ?

Puis il comprit quand il lui dit de le donner à la jeune femme là-bas. Bran sourit et prit le dessin. Il allait faire un geste, puis se tourna et lâcha un bisou sur le visage de son frère, trop content, pour repartir. Pour lui il n’y avait rien de plus normal que de faire un bisou sur la joue de son frère pour le remercier de ce qu’il faisait pour lui, tout le temps. Les autres qui l’ont vus faire cela, il les proutait sévère. Avançant vers la femme sur la table, il lui dit bonjour et lui tendit le dessin.

La jeune femme sourit et le remercia plusieurs fois. Elle était un peu gênée. Bran en profita pour y glisser le nom de son forum, parce que c’était toujours bien d’avoir une personne en plus… et il finit par tourner la main vers Moignon. La jeune femme se tourna vers Tim et se pencha vers Tim dans un signe de reconnaissance alors qu’elle tenait le dessin contre son cœur.

Bran revient auprès de Tim, trop content de ce qu’il venait de se passer. Il prit la main de son frère. Pour l’aider à se déplacer, il semblait un peu … à cran. Tim avait aussi ce côté si mignon. Il était bien trop gentil pour ce monde. Bran savait qu’il était bien trop gentil pour être son meilleur ami, mais il s’en fichait.

Ils finirent par se changer et rendre les cosplays. Il prit son téléphone et trouva deux trois adresses qu’on disait sympa. Ils y allèrent, et s’amusèrent. Bran avait mit une alarme pour ne pas oublier de prendre leur bus retour… parce que sinon, ils allaient devoir dormir ici et il était sur que deux jeunes femmes ne le supporteraient pas. Ils avaient fini par être exténué à la fin de la journée alors qu’ils s’étalèrent dans le bus.

Alors qu’il regardait d’aurtres personnes revenir de la convention, Bran sourit. Il venait de réaliser quelque chose d’important. Tim avait laissé tomber une journée de jeux vidéo pour lui. Pour être avec lui. Tim était toujours en train de jouer, mais quand il était là, il ne le faisait pas, ou moins… Alors sans lui demander le temps de dire non, il prit son bras et se colla à lui pour mettre sa tête contre son épaule.

- Tim, je t’adore !

Et se fut la fin de cette exténuante journée. Et de ce magnifique rp. Merci encore de l’avoir fait avec moi. Et moi aussi je t’adore !