« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)
La question de l’inventaire pose une colle à Liliann qui ne sait même pas si la malédiction de Regina a prévu ce genre de détails. La brune a beau se souvenir de choses qui n’ont pas vraiment existé, elle sait qu’il manque des informations, des objets qui ne lui auront, sûrement, jamais appartenu. Sa vie n’est qu’une illusion. Tout ce qui s’est passé dans cette maison ou ailleurs n’a pas vraiment eu lieu. Les mains que Peau d’âne sent, sur sa peau, n’ont jamais glissé, touché, frappé son corps. Certaines n’ont peut-être, même, jamais existé. Elle se souvient de visages que le monde pourrait, tout aussi bien, ne jamais avoir connus. Tout comme le monde extérieur à Storybrooke n’a, sûrement, jamais entendu parler de la pianiste qu’elle est censée avoir été.
Heureusement, Eliana balaie les incertitudes de Lili et lui assure que l’inventaire n’est qu’une formalité qui, de toute façon, ne lui servira pas à grand-chose. La brune acquiesce doucement aux mots de la restauratrice. Elle échappe même un faible sourire, à l’entente de ce que les gens sont capables de faire pour un peu d’argent. Ça ne l’étonne pas, Peau d’âne, mais elle peut jurer qu’il n’arrivera jamais rien de tel dans cette maison. Quoi que… Eliana n’a pas tort, après tout. Personne n’assure que son père n’est pas venu chercher l’un des tableaux pour son usage personnel, avant de lui léguer sa fortune et tous ses biens. Elle n’y croit pas, Lili, persuadée d’avoir vu, dans les couloirs et pièces de la maison, la collection complète de son paternel, mais cela aurait pu être possible. Il était, après tout, tout à fait le genre d’homme à faire cela.
Ce n’est, néanmoins, pas le cas et Liliann se demande, parfois, si son père ne va pas revenir, passer la porte, pour récupérer certaines de ses affaires… ou réclamer le pardon que Lili ne veut pas lui donner, le pardon que Peau d’âne lui a déjà donné. Elle préfère se débarrasser de toutes ses affaires avant qu’il ne puisse les exiger, dans un regain d’égoïsme et d’avarice comme il en a eu toutes ses vies. Liliann prévoit de vider son compte en banque, aussi, avant qu’il ne puisse revenir sur sa décision de donner l’argent à sa fille, comme si la richesse pouvait effacer le passé. Un passé qui n’a pas vraiment existé et qui laisse Lili perplexe, en constante réflexion. Qu’y a-t-il à pardonner, s’il ne s’est rien passé ?
Les virements pour la restauratrice seront faits en temps et en heure, et débarrasseront, enfin, Lili d’une partie de cet argent dont elle ne veut pas. Elle ne craint pas les sommes demandées par Eliana. Elle ne protestera même pas si, d’aventure, la blonde s’amuse à gonfler les prix, dans un élan d’avarice dont Lili doute qu’elle soit capable. La jeune femme a, sans le moindre doute, plus besoin de cet argent que Liliann. Elle le mérite, aussi, pour le travail conséquent que la brune lui jette dans les bras et qu’elle s’apprête à effectuer sans protester. La passion, sans doute, pousse Eliana à faire ce que l’héritière lui demande sans rechigner. Cela plaît à Lili qui n’hésitera pas rendre visite à la restauratrice, de temps en temps, sous couvert de s’intéresser à l’avancée des travaux, mais pour, en vérité, s’inquiéter du bien-être de la jeune femme.
Peau d’âne laisse Eliana embarquer deux des trois tableaux, mais elle garde un œil sur elle, au cas où elle aurait, soudain, besoin d’un coup de main. Liliann, aussi, est plus forte qu’elle n’en a l’air. Tout comme, paradoxalement, elle est plus fragile qu’elle n’en donne parfois l’impression. Petit à petit, une fatigue inquiétante s’appuie sur les épaules de Peau d’âne et menace de la jeter à terre. Elle sait lever le menton, dresser le dos et faire comme si de rien n’était, mais un jour… Un jour, la vérité éclatera au grand-jour et Lili espère, secrètement, que personne ne sera jamais mis au courant.
Le chemin jusqu’à l’atelier se déroule sans encombre et Liliann attend, patiemment, qu’Eliana ouvre la porte du garage pour découvrir son lieu de travail. Elle pose, docilement, le tableau là où le lui indique la restauratrice et jette un coup d’œil rapide à la pièce. Il n’en faut guère plus, à la brune, pour enregistrer les détails dans sa mémoire et ne plus, jamais, réussir à les y retirer. Depuis le temps, elle ne cherche même plus à s’en défaire, habituée à ses souvenirs aussi pimpants, puissants, que la réalité.
« Je ne dirais pas non à un verre d’eau, répond-elle, avec un sourire un peu plus prononcé. »
Liliann se détourne finalement de la restauratrice pour s’approcher du chevalet, dans un coin de l’atelier. Elle inspire l’air iodé de la mer qui glisse jusqu’à eux et détaille, silencieusement, l’œuvre commencée depuis peu. Comme elle s’en doutait, Lili apprécie le style de la jeune femme. Elle a envie de se perdre dans les coups de pinceaux, les couleurs chatoyantes, la scène qui se dessine devant elle comme si elle en était, elle-même, témoin à l’instant-même.
Sans toucher la peinture, Lili lève une main et suit, d’un doigt, une ligne colorée. Elle sent la brise du soir, entre ses doigts, imagine le ronflement des vagues sous le coucher du soleil. Un peu de paix, de tranquillité, qui fait du bien au cœur de la pianiste et lui donnerait presque, presque, envie d’ajouter une mélodie à la scène qui se joue devant elle.
« C’est un très joli tableau, commente-t-elle, consciente qu’il n’est peut-être même pas fini. Quand mon projet, pour la maison, sera un peu plus clair, je pense que je viendrai vous commander quelques œuvres. Cela vous convient-il ? Vos tableaux apporteront, sans le moindre doute, beaucoup de chaleur à ses murs. »
Lili sent que les choses se précisent, dans son esprit, quant à l’avenir de la demeure familiale dans laquelle, il faut l’avouer, elle ne pourra plus vivre désormais. La douceur de la peinture, les couleurs, tout conforte Peau d’âne dans son envie d’en accrocher quelques uns à la place des œuvres rares de son paternel. Elle ne pense, néanmoins, pas lui en commander autant que ce qu’il y a, déjà, dans la maison. Si Liliann ouvre les portes à des enfants, elle compte bien afficher, aux murs, certains de leurs travaux, pour valoriser leur créativité personnelle, plutôt que de les confronter, constamment, à des choses qui, peut-être, les dépassent un peu.
« Vous avez beaucoup de talent. Vous avez déjà songé à vous faire exposer ? Je suis sûre que votre art plairait, ici, ou même dans le monde. »
Témoin d’un tel talent, Liliann se mettrait, sans doute, très bientôt, à réfléchir à la possibilité de se reconvertir en mécène, si les travaux dans la maison de son père ne suffisent pas à épuiser ses comptes.
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Eliana R. Cunningham
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La jeune femme avait fait la route avec Liliann jusque chez elle pour déposer les premiers tableaux dans son atelier. Mieux valait commencer à les avoir de côté, pour pouvoir travailler tranquillement. D’autant qu’il lui arrivait parfois de ne pas réussir à dormir la nuit, ce qui lui permettrait de travailler sur les choses lui demandant le moins de précision. Une fois à l’intérieur, la jeune femme avait montré à la brune où mettre les tableaux puis l’avait laissé regarder un peu l’atelier.
C’était toujours bon de voir les gens avec qui elle allait travailler s’intéresser ainsi à son travail. Enfin, à son autre travail, ce qui était sa passion. Elle n’avait jamais pu s’arrêter de peindre, même sous la Malédiction. Alors les murs de son atelier étaient blancs, mais le couloir de sa maison était très coloré et elle s’était amusée à décorer les murs de son salon dans des tons chaleureux et qui lui avaient un peu rappelé Corona, son royaume…
- Tenez. Dit-elle en revenant avec le verre d’eau que lui avait demandé Liliann. C’est très gentil, je vous remercie. Répondit-elle, sincère. Je peux vous en montrer certains si vous le souhaitez. Même si ce que je préfère, c’est peindre les murs par ce qui me traverse l’esprit sur le moment. Avoua-t-elle. Je faisais déjà ça dans le monde des contes… Ajouta-t-elle.
En même temps, Gothel ne lui aurait jamais payé des toiles… Déjà les murs, c’était bien parce qu’elle était seule dans la tour qu’elle avait pu en faire ce qu’elle voulait. Tout comme les peintures, il avait fallu une occasion spéciale pour que sa mère adoptive lui en apporte. Et dans le même temps, la jeune femme aux cheveux châtains ne pouvait pas renier le fait que Gothel avait pris soin d’elle et avait pensé à lui faire plaisir avec ce pot de peinture rare…
- J’y ai songé. Avoua-t-elle. On m’a même fait une proposition en ce sens. Que j’ai refusé. Annonça-t-elle avant de s’expliquer : C’était grâce à une fille qui me met des coups de couteau dans le dos depuis qu’on se connait… Même dans nos faux souvenirs, elle le faisait déjà. Alors hors de question que je sois redevable à cette femme. Si je dois exposer un jour, ça sera par mes propres moyens. Déclara-t-elle avec fermeté. Mais et vous ? Outre vouloir renouveler votre maison, d’ailleurs, vous ne m’avez pas dit quel était votre projet, qu’est-ce que vous faites dans la vie ? Demanda-t-elle, curieuse.
Bizarrement, Eliana n’avait pas envie que la conversation s’arrête aussi rapidement. Elle appréciait Liliann, même si celle-ci semblait un peu renfermée sur elle-même. Sans doute avait-elle dû souffrir beaucoup pour préférer avoir une carapace autour d’elle. Cela ne gênait pas la fille aux cheveux châtains et anciennement magiques : chacun avait ses expériences et puis, la brune lui parlait beaucoup quand même, alors ça allait. Peut-être même qu’un jour, elles seraient plus que simplement employeur et employée.
Liliann est comme absorbée par le tableau. Elle trouve, dans cette œuvre, une puissance qu’elle n’a jamais trouvée dans celles que son père ramenait sans cesse de ses voyages aux quatre coins du monde. Elle n’ira pas jusqu’à dire que les tableaux renommés de son paternel n’ont aucun attrait, mais elle se sent plus proche de l’art d’Eliana que de tous les autres qu’elle a pu regarder, accrochés aux murs de sa maison. Quelque chose de doux, d’apaisant, qui trouve un écho certain dans le cœur meurtri de Peau d’âne et lui insuffle un nouveau rythme, plus calme, plus supportable, un souffle qui ne brûle pas ses poumons.
Le retour d’Eliana, avec un verre d’eau, arrache la brune à sa contemplation du tableau. Elle prend sa boisson, avec un petit merci et un sourire reconnaissant, et sirote silencieusement son contenu, accrochée aux mots de la peintre avec attention. Son aveu la fait sourire, d’un sourire plus prononcé que tous les autres de la journée. Liliann essaie d’imaginer la jeune femme, accroupie devant les murs de sa maison, à dessiner des vagues puissantes et douces à la fois, de gros soleils ardents et aimants, de belles couleurs qui courent dans les couloirs et amènent, sans aucun doute, un style personnel à son habitation. Ce ne sont que des suppositions, poussées par une imagination à toute épreuve, mais la brune doute d’être très loin de la vérité.
Cela l’amuse, l’attendrit, autant que cela réveille, en elle, quelque chose de puissant, comme une vague de chaleur qui remonte en elle en même temps qu’une nouvelle envie ; fait apparaître, dans son esprit, des idées que Peau d’âne a, d’un coup, très envie de voir naître. Elle ne veut plus se contenter d’imaginer ce que cela pourra être, dans sa grande maison. Elle veut mettre ses plans à exécutions, prévoir des choses qui amèneront, sur des lèvres qui n’en ont plus depuis longtemps, de beaux sourires, une véritable envie de vivre, de s’ouvrir au monde. Pour la première fois depuis longtemps, Liliann ne veut plus être spectatrice, mais actrice, agir pour le bien des autres autant que possible.
Mais elle ne veut pas agir seule, Peau d’âne, et dans ses yeux brille une idée, alors qu’elle boit une nouvelle gorgée pour prendre le temps de réfléchir à tout ça.
« Vous avez repeint tous les murs de votre maison avec des dessins ? demande-t-elle, un intérêt certain au fond du regard. Si je peux abuser encore un peu de vos talents, j’aurais peut-être une dernière chose à vous proposer. Vous faites déjà beaucoup pour moi, alors n’hésitez pas à rejeter mes demandes, je ne me vexerai pas. Même ces tableaux… » (Elle désigne, rapidement, les trois tableaux ramenés de chez elle.) « Si vous ne voulez plus les restaurer, ne vous en faîtes pas, ce n’est pas grave. »
Liliann sait ce que ça fait de dire oui, tout le temps. D’être incapable de dire non et de se retrouver, alors, avec plus de choses à faire, par jour, que l’on ne peut vraiment en faire. Pour le moment, la brune n’est pas encore surchargée de travail, mais bientôt, elle devra jongler avec tant de rendez-vous, dans tous les sens et tous les coins de la ville, que son corps aura bien du mal à le supporter. Son esprit qui dort peu, non plus. Mais les choses n’en sont pas encore là et Lili ne s’appuie que sur les expériences passées, quand elle devait jouer du piano, suivre ses cours et s’occuper de la maison, tout en faisant attention à croiser le moins souvent son père dans la maison.
« Je comprends, assure-t-elle, d’une voix un peu basse. Je suis désolée d’apprendre que vous traversez ce genre… d’épreuves. Je suis sûre que le jour où vous en aurez envie, vous y arriverez. »
La brune aime la détermination d’Eliana. Elle-même a passé sa vie à promouvoir l’envie des enfants, sans s’intéresser aux caprices des parents. Elle n’a jamais forcé les enfants à apprendre le piano si les leçons ne les intéressaient pas. Le besoin de la peintre de faire les choses elle-même trouve, donc, un écho certain chez la pianiste. Elle comprend, elle admire, elle approuve. Les choses sont toujours plus belles, plus percutantes, quand elles sont faites avec le cœur. C’est, du moins, ce qu’elle a toujours pensé.
« Parce que mon projet n’en est encore qu’à l’état d’ébauche, de croquis qui ne ressemble pas à grand-chose, je dois bien l’avouer. » (Elle sourit et jette un nouveau coup d’œil au tableau, sur son chevalet.) « Mais vous me donnez des idées, de bonnes idées. Je dois encore y réfléchir, mais les choses se précisent, petit à petit. »
Les demi-révélations de Liliann, si l’on peut appeler cela ainsi, n’ont pas pour but de garder Eliana loin de ses secrets. Néanmoins, la brune ne sait pas à quel point la restauratrice s’intéresse au projet d’une pauvre femme comme elle, qu’elle vient à peine de rencontrer, et Lili ne veut pas la pousser de force dans ses drôles d’idées.
« Ceci dit, je dois bien avouer que je ne fais rien de ma vie, pour l’instant, avoue-t-elle, coupable. J’ai été pianiste, pendant la Malédiction. Mais je n’ai plus touché un piano depuis longtemps. Il me faudra trouver un travail, en ville, bientôt. Pour l’instant, je me contente de mettre en place les rénovations de la maison, ce qui prend déjà beaucoup de temps. »
Même si Lili n’aime pas spécialement parler d’elle, encore moins de sa capacité à vivre sans travailler, grâce à l’argent maudit de son père, elle n’ignore jamais une question et se doit de répondre honnêtement. Ce qui ne l’empêche pas de penser que sa vie n’a rien d’intéressant et qu’Eliana ne doit poser la question que par politesse, ce qui est mieux pour elle et pour Peau d’âne. Il n’est pas toujours bon de trop creuser le passé.
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Eliana R. Cunningham
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Eliana avait laissé Liliann quelques instants dans son atelier, la laissant regarder ses œuvres alors qu’elle allait lui cherché un verre d’eau. En revenant, la jeune femme n’imaginait pas entendre que Liliann avait encore une proposition à lui faire. La peintre ramena ses cheveux châtains en arrière, ceux-ci lui tombant sur le visage comme souvent, pour écouter, très curieuse de cette nouvelle proposition.
- Pour tout vous dire… Je l’ai fait ici aussi. Si ça vous tente de regarder… Proposa-t-elle. Qu’elle est cette proposition ? Demanda-t-elle ensuite. Et ne vous en faites pas, je ne fais pas ça contrainte et forcée, j’aime peindre. Essaya-t-elle de rassurer sa cliente.
C’était d’ailleurs assez révélateur de voir à quel point Liliann était timide, enfin du moins, très encline à s’excuser quand il n’y en avait pas besoin. Qu’est-ce qui lui était arrivé ? Ellie n’en avait aucune idée, mais elle ne pouvait qu’imaginer que ça avait été assez grave au fond. Mais, même curieuse comme elle l’était, elle ne voulait pas poser de questions trop intimes aussi ne fit-elle aucune remarque.
- En fait, j’ai déjà exposé à New-York et j’envoie quelques tableaux à la galerie qui m’avait fait exposer. C’est pour ça que je n’en ai pas besoin ici. Et encore moins par cette folle… Répondit-elle, tremblant encore légèrement en repensant au café brûlant que Dinah lui avait lancé au visage.
Heureusement qu’il y avait eu l’agent Romanov qui était intervenu, sinon Eliana ne savait pas du tout comment toute cette histoire se serait terminée. Sans doute aurait-elle fini par trouver une poêle pour assommer Dinah… Heureusement pour elle, Liliann revint sur son projet, encore en ébauche apparemment.
- Si vous avez besoin d’un coup de main en tout cas, n’hésitez pas, ça me fera très plaisir. Proposa-t-elle en souriant à la brune.
Pour ce genre de maison, Eliana avait plein d’idées sur ce qu’on pouvait en faire, d’autant qu’apparemment, Liliann n’y avait pas de bons souvenirs. Il fallait donc tout changer, à son humble avis, mais personne ne le lui avait demandé et elle n’avait déjà que trop parlé, aussi n’ajouta-t-elle rien de plus.
- Moi je sais jouer de la guitare. S’enthousiasma-t-elle. Le piano, je n’en avais pas dans ma tour du monde des contes. En tout cas, si vous étiez célèbre, c’est normal qu’aujourd’hui vous puissiez profiter de la vie, c’est une vie exigeante pianiste, du peu que je sais en tout cas. Dit-elle doucement. Et puis effectivement, la rénovation de votre grande maison, c’est un boulot à temps plein je trouve.
En tout cas, il n’y avait rien de grave à son sens que de profiter de la vie. Après tout, elle, une fois la Malédiction brisée et la barrière entourant la ville disparue, elle était partie très rapidement pour New York, mettant autant de distances que possible d’avec sa mère et cette ville. Du moins autant que ses moyens le lui permettaient…
Les mots d’Eliana rassurent Liliann, en un sens. Habituée à devoir faire ce qu’elle n’a jamais voulu faire ou, du moins, plus depuis la mort de sa mère, la brune ne peut s’empêcher de se questionner, parfois, sur l’envie derrière les occupations des autres. Elle sait qu’il ne sort rien de bien de quelqu’un qui se force à faire ce qu’il ne veut pas faire, même s’il semble doué pour le faire. Seule la passion transporte le cœur et guide le corps sur la bonne voie. Au vu du tableau, sur son chevalet, Peau d’âne doutait, tout de même, qu’Eliana se sente forcée de quoi que ce soit. La beauté de l’œuvre reflète quelque chose que Lili ne peut expliquer, comme un sentiment de liberté qui fait glisser le pinceau sur le tableau pour donner forme à une idée. Il est dur d’avoir des idées quand le sujet n’intéresse pas.
Elle lui est tout de même reconnaissante, en un sens, de la rassurer à ce sujet et Peau d’âne lui sourit gentiment. Elle espère sincèrement qu’Eliana ne perdra jamais cet amour qui la pousse à peindre, qu’elle pourra continuer toute sa vie sans se lasser. Les choses tournent parfois de telle manière que les passions se désintègrent, tombent à l’eau, perdent de leur intérêt. Liliann veut croire que ces choses-là ne toucheront pas la blonde et qu’elle restera, le plus longtemps possible, guidée par sa passion.
« Je ne voudrais pas abuser de votre temps et de votre hospitalité, répond-elle, simplement. »
Liliann est assez curieuse, en vérité, de découvrir le travail d’Eliana sur les murs de sa propre maison, mais elle préfère rester en retrait, dans le garage qui n’est pas tout à fait sa maison, pour que la crasse de Peau d’âne ne touche aucun mur, aucun sol, et que le malheur ne s’enracine pas là où il ne devrait pas, comme une vilaine malédiction. Elle se contente, largement, de son imagination, nourrie par les coups de pinceaux sur le tableau qu’elle peut admirer, dans cet atelier. Elle ne doute pas que ce soit joli, Lili.
« Je comprends ce que vous voulez dire, assure Lili. Si vous pouvez éviter de vous retrouver mêler à cette personne une fois de plus, c’est en effet pour le mieux. »
La brune ne ment pas. Elle comprend. Elle trouve, dans les mots d’Eliana, un écho de ce qu’elle a vécu et qu’elle ne veut plus vivre. Liliann ne veut pas revoir son mari et l’entendre lui imposer de jouer du piano, de monter sur scène pour plaire à un public qui posera, sur elle, ses yeux accusateurs. Elle ne veut plus de cette vie. Elle veut faire autrement, vivre de sa manière à elle, même s’il ne s’agit pas de vivre vraiment. Si elle peut continuer ainsi, sans plus jamais côtoyer son ex-mari, alors tout sera pour le mieux.
« Justement, j’ai peut-être quelque chose à vous proposer, commence-t-elle, ses yeux noirs dérivant dans l’atelier pour se gorger des détails. Ce n’est encore rien de précis, ni de figé, puisque je ne sais pas exactement ce que je vais faire de cette maison, mais une idée me plaît plus que les autres. »
Un drôle de mot qui glisse dans sa gorge et s’y coince un instant, comme un vilain mensonge donné sans y penser vraiment. Liliann sait, pourtant, que c’est la vérité, même si son esprit essaie de s’en protéger. Une idée lui plaît plus que les autres, elle qu s’est jurée de ne plus s’intéresser à rien, de laisser venir les choses et de se contenter de regarder. Cette fois-ci, elle ne veut plus regarder. Elle veut agir, construire de ses mains ce projet ambitieux et offrir, à ceux qui en ont besoin, un refuge, une main amicale, dans leur dos, pour les empêcher de sombrer.
« Cette maison a besoin de joie pour se refaire un nom. Cette maison a été une prison, il est temps qu’elle devienne un lieu d’évasion, un tremplin plutôt qu’un gouffre sans fond. Je veux l’entendre rire, ajoute-t-elle, avec un sourire. Ça va prendre du temps, mais je pense y ouvrir une sorte de… foyer temporaire. Un lieu de paix pour ramener des sourires sur les visages d’enfants qui n’en ont plus depuis longtemps et leur permettre de s’insérer dans la vie comme il se doit. Quelque chose dans ce genre-là. »
Liliann, elle-même, aurait aimé que les choses soient ainsi pour elle, que sa famille d’adoption soit une échappatoire, un bon moyen de retrouver une vie normale, d’oublier ce qu’il s’est passé, dans cette maison, et de devenir une personne comme une autre, sans plus s’inquiéter de rien, ou presque rien. À la place, elle n’a connu que le fond et la main, appuyée sur sa tête, qui l’a toujours maintenue sous l’eau. Les mains de ceux qui lui ont donné son nouveau nom, puis la sienne, ses propres doigts qui n’ont pas cherché à la sortir de là. Lili ne veut pas que d’autres connaissent ces choses-là.
« Quand tout sera prêt et si ça vous tente, je pense qu’une activité liée à la peinture, une fois de temps en temps, pour les enfants qui le désirent vraiment, serait une bonne chose. S’ils peuvent contribuer, eux-même, à la décoration de la maison avec les dessins qu’ils auront faits, je crois que ce serait bien pour eux. Même s’il s’agit d’une fresque géante sur les murs, tant qu’ils n’y sont pas forcés et qu’ils y prennent du plaisir. Évidemment, ce n’est pas pour tout de suite et vous n’y êtes pas obligée. »
La brune comprendrait que la blonde refuse. Les enfants que Lili vise, avec son étrange foyer, ne seront pas les plus faciles à gérer. Elle le sait d’avance, Peau d’âne, mais elle ne désespère pas pour autant. Elle ne pense pas être la mieux placée pour les comprendre, mais elle essaie de se persuader, au moins un peu, qu’elle pourra tout de même les aider.
« Je ne compte pas rester inactive trop longtemps, avoue-t-elle, sans aller dans les détails. Il me faut juste le temps de retrouver mes repères dans cette ville. Et je suis sûre qu’une fois les rénovations lancées, les ouvriers seront bien contents de ne pas me voir traîner dans leurs pattes. »
Elle sourit un peu, Lili, mais elle sait qu’elle raison. Un peu égoïstement, peut-être, elle évite avec soin le sujet de cette tour, évoquée par la restauratrice. Quelque chose lui susurre, à l’oreille, que ce n’est pas pour rien que les tours sont associées aux princesses et qu’il ne vaut mieux pas se lancer sur ce sujet-là. Peau d’âne n’a plus rien d’une princesse depuis longtemps.
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Eliana R. Cunningham
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Comprenant que Liliann avait quelque chose en tête, Eliana lui avait proposé de venir voir les murs qu'elle avait peint chez elle, pour se rendre compte de ce que la peintre faisait. Mais la brune ne voulut pas, ayant peur de déranger. Plutôt que de la forcer à quoi que ce soit, Ellie avait décidé de laisser couler. L'ancienne princesse avait comme l'impression qu'il était arrivé quelque chose de très perturbant à sa cliente et elle ne voulait pas raviver quoi que ce soit en insistant de trop.
- Comme vous souhaitez. L'offre tient toujours si vous changez d'avis à un moment. La prévint-elle en souriant.
Cela ne l'empêcha pas de montrer, subtilement elle l'espérait, qu'elle comprenait un peu, enfin du moins qu'elle se doutait un peu, que la vie de Liliann sous la Malédiction n'avait pas été des plus simples. Alors elle parla un peu de sa propre expérience, tant dans le monde des contes que durant le Sort Noir. Histoire que sa cliente sache qu'elle n'était pas seule et que si elle le souhaitait, elle pouvait se confier.
- C'est sûr... En tout cas, ça m'a fait du bien d'en parler un peu. Merci.
Dinah était une folle. Comme Gothel. Mais si elle ne pouvait rien faire contre sa mère adoptive pour le moment, la jeune femme avait entamé une procédure contre la blonde ravagée. C'était déjà ça. Et même si Eliana se sentait soulagée d'avoir porté plainte contre la folle, elle savait aussi qu'il y aurait des représailles. Dinah ne laisserait pas ça passer... Mais elle n'avait pas envie d'y penser. Elle voulait penser à autre chose. Et pourquoi pas au futur projet de Liliann concernant sa maison tiens ?
- C'est un beau projet que vous avez là. Commenta-t-elle avec un sourire. Et j'adorais venir animer un atelier peinture. Ou même poterie s'ils veulent. Bref, un atelier création. Ca me plairait énormément. Dit-elle en acceptant l'offre.
Puis elles parlèrent d'autres choses, notamment de ce qu'elles faisaient avant, durant la Malédiction et ce qu'elles comptaient faire à présent. Pour Eliana, c'était assez évident, mais Liliann, elle, semblait à avoir plus de mal à se décider. Ce qui pouvait être parfaitement compréhensible, le Sort Noir avait fait beaucoup de mal en réalité.
- Vous savez, il vaut mieux prendre le temps que se précipiter. Et puis, la rénovation de la maison et tous les aménagements à faire, ainsi que l'administratif, ça va vous occuper un moment. Croyez-moi, quand j'ai monté mon affaire, ça avait été long et j'ai vraiment la paperasse en horreur. Expliqua-t-elle en grimaçant sur la fin. Bref, tout ça pour dire que vous n'avez pas à vous presser, tant que vous pouvez vivre sans travailler, concentrez-vous sur votre projet. Personnellement, c'est ce que je ferais. Conclut-elle avec un petit sourire.
Liliann se sent étrangement plus sereine que ce matin, à quelques minutes du rendez-vous, alors qu’elle se tenait devant chez elle, réfugiée dans la chaleur de son manteau d’hiver, sans s’inquiéter du temps, du vent, de la température. Elle sent qu’Eliana est un souffle chaud contre sa joue, une main qui l’aide, ne serait-ce qu’un peu, à sortir de la brume dans son esprit, à mettre des mots sur ce qu’elle veut, ce qu’elle compte faire de sa maison, pour nettoyer son nom. La blonde ne s’en doute sûrement pas, mais elle aide Peau d’âne à y voir plus clair, à savoir ce qu’elle veut faire, ce qu’elle doit faire. Une aide somme toute inattendue, que la brune accepte volontiers, sans y penser, déjà plongée dans les plans, les projets, tout ce qui devra être mis en place pour pouvoir avancer.
Pour l’heure, Peau d’âne se concentre sur Eliana et leur conversation, ce qu’elle peut dire sans se retenir, sur ses propres doutes ou les problèmes de la restauratrice. Lili est peinée d’apprendre qu’il lui est arrivé malheur, elle aimerait que cela n’arrive plus. Elle ne peut, cependant, rien y faire sans être intrusive, sans paraître cinglée. Elle doit se contenter de regarder, d’approuver les mots de la blonde, sans la forcer à se confier, sans la réduire, non plus, au silence. Liliann sourit un peu, ravie que ces quelques mots échangés entre elles aient pu aider, ne serait-ce qu’un tout petit peu, la jeune restauratrice à se sentir mieux. C’est tout ce qu’elle peut faire pour elle.
Les yeux noirs de Peau d’âne s’animent un peu, à peine, à l’évocation de ce qu’elle a en tête, à cette demande à demi-voilée qu’elle émet à la peintre. Elle n’a pas d’arrière pensée, ni idée de ce que pourrait en penser Eliana. Elle se contente de proposer, s’enfonçant toujours plus encore dans ses si qui, bientôt, ne seront plus des conditionnels, mais des vérités. Pour l’heure, elle n’est sûre de rien et elle sourit un peu plus fort, Lili, alors qu’Eliana approuve son projet, cette maigre ébauche, et confirme qu’elle aurait envie, elle aussi, de participer à cet effort. Sans le moindre doute, les enfants seront ravis de pouvoir s’échapper aux côtés d’une femme aussi attentionnée qu’Eliana le paraît.
« Je vous recontacterai quand les choses seront lancées comme il faut. Merci, vraiment. Vous m’aidez à y voir plus clair, je sens que les choses, désormais, vont pouvoir avancer correctement. »
Elle est sincère, Peau d’âne, comme elle l’est souvent, aussi franche que bloquée dans la vérité, quasiment incapable de mentir sans le regretter amèrement. Elle a bien essayé, pourtant. Elle a menti comme elle sait le faire pour forcer son ami à la quitter, à l’abandonner sur le côté. Rien de toute cela n’a fonctionné, évidemment. Liliann est bien incapable de mentir longtemps. Elle a beau relever le menton, dire que tout va bien, qu’il n’y a pas à s’inquiéter, qu’elle ne veut personne à ses côtés… Il y a, dans son regard, une tristesse qu’aucun mensonge au monde ne peut cacher.
Mais pour l’heure, Lili se sent bien, comme rarement depuis si longtemps. Elle sent un étrange sentiment qui remonte en elle et prend possession de son cœur. Comme une impression d’accomplissement, un contentement qui lui susurre à l’oreille que les choses bougent, qu’elle va pouvoir, enfin, cesser d’être spectatrice pour devenir actrice. Pas de sa vie, non. Liliann a, depuis longtemps abandonné sa propre scène. Mais elle s’incruste sur celles des autres, sur ces scènes détruites qui ne demandent qu’à être reconstruites. Elle veut aider. Elle va aider.
« Vous avez raison, confirme-t-elle, avec un sourire sincère. Je vais d’abord me consacrer à ce projet et gérer la paperasse à n’en plus pouvoir en voir. »
Son sourire s’affermit un peu sur ce qui ressemble, à peine, à un trait d’humour. Peau d’âne est encore trop dans le brouillard, mais elle sent que la brume se lève. Bientôt, les choses changeront. Bientôt, elle pourra regarder les murs de son ancienne maison sans plus y voir l’ombre menaçante de l’homme qui y a vécu. Bientôt, elle pourra, peut-être, s’asseoir sur la banc du piano. Pour l’heure, elle se doit de gérer les rénovations.
« Quand les choses seront plus sûres, je viendrai vous en parler comme il se doit, assure-t-elle, en jetant un dernier coup d’œil à la peinture. Vous avez mon numéro, si jamais vous avez besoin de quoi que ce soit. Même si ça n’a rien à voir avec mes tableaux ou mon projet, n’hésitez pas. Je serais ravie de vous aider comme je le peux. »
Il reste, encore, tant de choses à faire avant de pouvoir souffler à nouveau, mais Liliann se sent prête, revigorée, parée à affronter les paperasses, les ouvriers, tout ce qu’elle devra gérer pour mettre en route son projet. En attendant, elle se doit de commencer par le commencement, de mettre en place le transport des tableaux jusqu’à l’atelier, de vérifier que son père n’a pas une liste, quelque part dans son bureau. Tant de choses qui la pressent à quitter cet atelier dans lequel, pourtant, elle se sent étrangement bien. Mais Peau d’âne sait ce qui doit être fait et elle tend la main à Eliana pour demander congé.
« Je vous remercie vraiment pour tout ce que vous faîtes. Prenez le temps qu’il vous faudra. »
Codage par Libella sur Graphiorum
Eliana R. Cunningham
« J'ai pas trouvé où on peut demander un rang personnalisé... ! »
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| Conte : Raiponce | Dans le monde des contes, je suis : : Raiponce
Bizarrement, Eliana se sentait proche de la jeune femme en face d’elle. Elle n’a que deviné certaines choses concernant Liliann, mais c’est assez pour se faire une idée. Et l’idée générale, c’était qu’il fallait tout faire pour l’aider à mener à bien ce projet de restauration de tableaux puis de maison pour transformer celle-ci en refuge pour les enfants. Un projet beau et motivant mais qui dénotait aussi que la brune avait eu besoin d’aide un jour alors qu’elle était enfant… Comme la peintre avait eu besoin d’un coup de main pour franchir la fenêtre de sa tour…
- La réciproque est vraie. Dit-elle en souriant à la jeune femme alors que celle-ci lui disait de l’appeler si elle avait besoin de quoi que ce soit, même en dehors du boulot qu’elle venait de lui confier. Si vous avez besoin de moi, vous savez où me trouver. Si je ne suis pas ici, alors je serais probablement au Roni’s Bar où je suis serveuse quelques soirs par semaine. Précisa-t-elle, au cas où.
On ne savait jamais. Eliana pouvait s’absenter parfois. Mais entre son numéro, l’adresse de son domicile et à présent son autre lieu de travail, Liliann avait toutes les informations pour la trouver sans trop de problème. Pour le moment, l’ancienne princesse était toute seule, elle n’avait que sa cousine Anna, donc souvent elle était dans ces deux lieux : sa maison et son travail.
- À bientôt Liliann. Je repasserais sans doute dans la semaine vous prendre les autres peintures. Prévint-elle en souriant.
Elle voulait la débarrasser. Eliana était enthousiasmée par le projet et savait qu’elle allait s’y consacrer avec patience et énergie, parce que les restaurations de tableau permettraient à Liliann d’avancer dans son projet et celle-ci en avait besoin. Du moins était-ce ce qu’elle pensait alors qu’elle regardait sa cliente partir.