Avoir un bureau aussi large qu'un étage entier (littéralement, il l'était), et qui plus est, au sommet du building qu'il avait fait construire, aurait pu être satisfaisant. Et oui, bien sûr, ça l'était complètement. Oh, Lex était particulièrement habitué à cette condition, mais on ne se lassait pas de son confort aussi luxueux. Mais il fallait qui que le paysage était... dénué d’intérêt.

Pour être un humain du monde réel, il savait que si on disait au reste du monde que toutes les histoires et leurs magies de la pop culture sont réelles et concentrées dans une seule ville de leur monde, ils imagineraient tous des tas de paysages urbains et ruraux différents, mélangeant modernité à la magie. Et certes, chacun d'entre eux pourraient imaginer une ville différente, tantôt grande, tantôt petite, mais aucun d'entre eux ne se diraient qu'il s'agit là d'une petite ville calme des années 80 et surtout qui avait gardé le style des années 80 à part quelques habitants qui s'étaient adaptés aux années 2010 une fois la malédiction rompue. Et du haut du building du Weekly Planet dont il était le propriétaire, il fallait dire que c'était bien fade. D'ailleurs, c'était bien là une des rares bâtiments aussi neufs et modernes (et grands) de la ville. C'était un peu ennuyant.

Mais heureusement que Lex savait que le contenu de cette ville était plus intéressante. Et des milles et uns trésors et particularités de la ville, c'était ce qui interessait sa soeur qui interresait Alexandre. Pour l'arme qu'il avait trouvé et tous les travaux qu'elle menait.

Acheter le journal de la ville pour en faire le premier média d'information papier et digital n'était pas anodin. Il savait qu'une des journalistes les plus influentes et renommées de l'équipe de rédaction, Kara Walters, cousine de l'adjoint du maire, était la première personne concernée par le projet de Lena. Alexandre ne laissait aucun détail lui échapper.

Entrez, annonça-t-il lorsque sa secrétaire lui informa de l'arrivée de Kara, puisqu'il l'avait convoqué. Puisque c'était son patron, elle avait bien été obligée de répondre à la réunion.

Debout devant la fenêtre, il lui faisait d'abord dos avant de se tourner vers elle avec un faux sourire. Bonjour, mademoiselle Walters.

Evidemment, Kara ne partagea pas son sourire. Alexandre ne se laissa pas démonter, s'asseyant sur son siège pour prendre un air sérieux.

Je sais que vous savez qui je suis, je n'ai pas encore rendu visite à ma chère soeur depuis mon arrivée, mais le rachat du journal a du faire assez de bruit pour qu'elle sache que je suis là et qu'elle vous en informe. Ca n'a jamais été la grande passion entre elle et moi...

Il croisa les doigts, et posa ses mains sur son bureau. Alors allons directement au point : je veux parler à Lucy. J'espère qu'elle est disponible. Après tout, en vous payant, c'est aussi elle que je paye. Alors c'est mon employée autant que vous.

Plus tôt dans la journée, j’avais reçu un sms de Lena. Elle m’exprimait simplement le fait que son frère était en ville. Je lui avais rapidement que j’étais au courant, étant donné qu’il avait racheté le journal et qu’il était accessoirement devenu mon patron. Ma meilleure amie n’était pas bien confiante à l’idée qu’il puisse être omniprésent mais qu’elle ne s’inquiète pas, c’était également mon cas. Lui promettant que je me montrerais méfiante tout en continuant de faire mon job que j’aime tant, je m’étais rendue au Weekly Planet.

Ce bâtiment changé du tout au tout entre tous les locaux présents à Storybrooke. C’était étonnant de noter néanmoins que les locaux de BDCorp offrait une touche de neuf déjà à la ville quand Lena s’était installée mais sans doute que son frère voulait lui faire concurrence, voir faire bien mieux qu’elle. Je n’avais pas la possibilité de connaître les soucis de la fraternité mais j’étais certaine d’une chose, c’est qu’il ne me mettais pas en confiance et le fait que je me trouve actuellement juste derrière les portes menant à son bureau était la preuve en elle-même.

Cependant, je demeurais avant tout l’une de ses employées et une journaliste alors j’allais faire comme si bien que je me doutais qu’il est connaissance des liens que je possède avec sa soeur adoptive. Sa secrétaire vient le prévenir de ma présence et c’est donc à sa suite que j’entre dans son bureau. Remettant mes lunettes convenablement, je lève le regard vers la reproduction de Lex Luthor alors qu’il me salue d’un sourire que je ne lui rends guère.

« Bonjour Monsieur Davis. » énonçais-je, bien que ne serait-ce que dire cela m’écorchait les lèvres.

Mon regard ne le quitte pas. Je le regarde faire comme si tout était normal avant de me parler de Lena.

« Effectivement, Lena m’a parlé de vous. Il est clair que votre soeur ne vous porte pas dans son coeur et je crois qu’elle a de bonnes raisons. »

Je me sens soudainement décontenancée par sa demande. Il voulait parler à Lucy. La partie obscure de l’iceberg. Mon regard se pose sur le bracelet doré que je portais au poignet. Bracelet offert par Lena pour mon anniversaire dont Regina s’est servie pour pouvoir utiliser un sortilège de contrôle, me permettant de garder Lucy endormie tant que je le porte. C’était comme ces nombreux bracelets anti-magie que peut faire apparaître Regina mais c’était différent. Puis Lena commençait à avoir de bons résultats avec ses différents sérums, ce qui me permettait de devenir plus forte face à Lucy. Cependant, j’étais prise au dépourvu par la demande de Lex. Un petit rire nerveux m’échappa.

« Je ne vous fais aucunement confiance mais étant donné que vous ne voulez pas me parler à moi et que je me suis déplacée jusqu’ici et que je ne souhaite aucunement repartir sans avoir su ce que vous me voulez, parlez donc à Lucy si ça vous chante. »

Retirant mes lunettes, j’enlève le bracelet et mes pupilles deviennent vertes avant qu’un sourire ne naisse sur mon visage tandis qu’elles reprennent leurs couleurs ordinaires. J’étais toujours « là » sans vraiment l’être, laissant bien malgré moi la place à cette face sombre de celle que j’étais. Mon regard se pose sur Lex.

« Qu’est-ce-que vous me voulez Monsieur Davis ? » demandais-je finalement.

Que Kara ne lui fasse pas confiance était inutile à préciser. Cette journaliste et certainement opposante aimait manifestement se perdre en remarque inutile. Amie de sa sœur, celle-ci qui travaillait même dans un remède à son trouble dissociatif identitaire, il était évident qu'elle découvre rapidement l'identité de son nouveau patron et qu'elle ne lui accorde ni sympathie ni confiance. Il ne l'avait pas fait venir pour lui partager le thé et les confidence, Lex savait bien qu'ils ne seraient pas amis. Aussi, il décida de ne rien répondre, cela en serait inutile, et de la laisser faire jusqu'à ce qu'elle réponde vraiment à ce qu'il avait demandé.

Cependant, il était intéressant à noter tout ce que Kara laissait paraître d'elle même. La journaliste ne lui faisait pas confiance, certes, mais sans s'en rendre compte, elle s'ouvrait beaucoup l'entrepreneur. Le bracelet, Lex l'avait déjà repéré. Élégant, raffiné, fin, discret, il pouvait échapper à l’œil même averti de beaucoup de gens, mais lui avait rapidement détecté la technologie particulière qui bloquait la magie de miss Walters et miss Dark-Walters. Cependant, elle n'était pas très prudente, puisque même s'il ne l'avait pas vu, il aurait tout de suite compris lorsqu'elle exécuta ses gestes pour répondre. Kara l'enleva d'ailleurs avec une attention particulière qui indiquait tout à Alexandre. Ce bracelet était un point faible de choix.

Kara était habitée par des points faibles dont la fragilité reposait sur ce bracelet.

Et, ô dieux, toutes les émotions qu'elle laissait passer dans ses yeux ! Lex restait toujours impassible, n'accordant que des sourires plein d'assurances et de couteaux aiguisés, intimidant. Kara était terriblement expressive, n'y réfléchissant guère. Sa colère, ses ressentiments, sa méfiance, ses réflexions, ses peurs... tout y passait. Un livre ouvert se laissait moins lire qu'elle, à vrai dire.

J'ai des yeux partout, Lucy Walters, commença-t-il alors lorsqu'il vit enfin qu'il parlait à celle à qui il avait vraiment, en réalité, donné rendez-vous, vous en avez conscience ? Sur votre cousin, votre alter-égo Kara, son amie et ma soeur...

Il sortit d'ailleurs son téléphone et ouvrit une page d'application en quelques mouvements de doigts. Lena n'est pas très prudente, d'ailleurs, mes yeux n'ont pas tant de mal à observer ce qu'elle pense, elle a posté à propos de vous juste alors que vous montiez dans mon bureau, dit-il en montrant à Lucy l'écran de son téléphone sur le post instagram de Lena qui faisait déjà mention de leur réunion. Elle compte sur ses paramètres privés pour que je ne vois rien de ce qu'elle poste sur ce profil personnel, pensant naïvement que les sécurités d'une application proposée au grand public étaient assez fortes contre moi.

Il verrouilla son smartphone et le posa à plat sur le bureau. C'est un exemple certes bien minime face à l'étendue réelle de mon champs de vision dans cette ville... ou ce pays, et en fait, sur beaucoup de la surface du monde. Il se posa contre le dossier de sa chaise, n'ayant jamais quitté son interlocutrice des yeux. Alors, il y a déjà de nombreuses semaines que vos mystères n'en sont plus pour moi, vous vous en doutez bien, même alors que nous ne nous sommes pas rencontrés. Et je continuerai à voir, sans que vous sachiez comment, l'évolution de votre vie misérable confinée à l'intérieur d'un esprit qui n'est pas le votre, jusqu'à votre mort, que causera Lena avec ses serums destinés à délivrer Kara de votre présence.

Il eut un très léger sourire, quasiment invisible, qui ne plia qu'à peine la commissure de ses lèvres. Ou alors vous acceptez d'envisager ce que vous pourriez obtenir avec moi, de bien différent qu'une simple prison corporelle et une mort cérébrale à venir. Il finit alors sur un haussement d'épaules pour lui montrer la simplicité de l'échange. Montrez moi ce dont vous êtes capable... et c'est tout là votre part du marché.

Alexandre eut un sourire, et alla même jusqu'au rire amical, franc. Il sortit de la poche externe de sa chemise une carte à jouer, l'un de ses tics gestuels "volontaires" qui montraient son assurance. Il joua distraitement avec cette carte entre ses doigts d'une seule main, sans la faire tomber et rapidement, ce qui était assez impressionnant, alors qu'il se laissa tomber sur le dossier de sa chaise de bureau, et leva ses jambes pour poser et croiser ses pieds sur son bureau.

Je ne suis pas surpris (on aura appris que peu de choses peuvent me surprendre, et peu de gens encore). Pas surpris que nous nous entendrions bien, c'était une évidence, vous devez le voir aussi maintenant. Mais c'est toujours un plaisir de constater les bonnes choses évidentes.

Il lança sa carte en l'air, et la rattrapa sans trop d'effort avec les doigts de l'autre main. Du bout du nez, il pointa son bar. Parlons nous comme des amis. Mon bar à alcool vous est ouvert, faîtes moi plaisir Lucy, servez vous un verre.

Il la laissa faire avant de répondre à ses questions. Il en avait l'habitude. Alexandre allait toujours droit au but dans ses discussions, mais n'oubliait pas non plus son confort et le confort de ses intérêts. Mais même s'il s'était attardé à l'inviter à boire, il n'oubliait aucune de ses questions bien qu'il n'y avait pas répondu petit à petit. Pour vous répondre, dit-il, du coup, je sais ce que je DOIS savoir sur les toons. Ce que j'ignore n'est que les quelques futilités de votre existence dont je me fiche. Votre dossier m'est totalement connu, pour ce que je dois savoir. A propos de votre fonctionnement, votre vie, et la façon dont on vous menace librement sans même s'en rendre compte. Il sourit en la regardant droit dans les yeux. Moi, je m'en suis rendu compte.

Il finit par reposer ses jambes par terre et se lever, pour se tourner vers sa large baie vitrée qui donnait sur la ville tout en jouant toujours avec sa carte. Je sais que vous pouvez être une arme et bien d'autres choses. C'est pourquoi, il est évident que oui, vous avez la garantie avec moi de survivre. Deux possibilités, soit vous êtes séparées de ce corps plutôt que d'être étouffée sous la personnalité de Kara lorsqu'elle deviendra dominante, soit vous restez dans ce corps, mais c'est vous, qui étouffez la personnalité de Kara.

Toujours debout, et bien qu'il resta à sa place, il se tourna alors pour faire de nouveau face à Lucy. Dans les deux cas, c'est à milles lieues de ce qu'essaye Lena, à savoir vous tuer pour garantir la vie seule de Kara. Et dans les deux cas, nous avons tous les deux ce que nous voulons. Vous, la vie, une vraie vie et plus une vie en sursis occasionnelle de temps à autres, et moi, votre compagnie bien plus intéressante plutôt que celle, inutile et ridicule, de la faible Kara.

Il rangea finalement la carte, et retourna à son siège, posant ses coudes sur la table, entrelaçant ses doigts. J'espère que parmi vos qualités se trouve celle de bonne actrice, Lucy. Car il faudra jouer un jeu, pour ne pas éveiller les soupçons. Continuer à faire croire que Lucy n'a aucune affaire avec moi. Ils auront des soupçons, au début, à cause de ce rendez-vous. C'est normal. Mais des soupçons temporaires ne sont en rien dangereux, tout dépend de vous, ensuite.