Entendez-vous le chant des criquets ?

Depuis toujours, j’appréciais beaucoup la nuit. Je n’avais jamais ressenti de crainte face à l’obscurité comme pouvait ressentir un autre enfant. Pour moi, ce moment de la journée était propice au calme et à l’imagination. Laissant tous nos soucis quotidiens derrière nous, nous pouvions mieux apprécier la sérénité de l’instant et pouvions laisser notre imagination s’enflammer sans que personne ne vienne à la troubler par une quelconque remarque qui nous ramenait à la froide réalité de ce monde.

Cependant, ce n’était pas la seule raison pour laquelle j’appréciais tant ce moment de la journée. La marionnette que j’étais avait pris vie au milieu d’une belle nuit étoilée, grâce à l’être magique qui était rattachée à l’étoile des souhaits. Ces petits astres brillants étaient pour moi synonyme de vie et d’espoir. Voilà pourquoi chaque soir, je pointais mon regard en direction de la voute céleste, remerciant cet univers magnifique d’avoir été la source de ma vie. Je devais tant à la Fée bleue et la moindre des choses pour moi était de remercier l’étoile des souhaits.

Le soir était également l’occasion de voir apparaître une autre forme de vie. Les humains qui faisaient tant de bruits durant la journée allaient peu à peu se coucher, laissant à d’autres créatures le soin d’animer ces environnements nocturnes. Ce que j’appréciais par-dessus tout c’était d’écouter les criquets chanter une fois la nuit tombée. Ces petites créatures me rappelaient mon grand ami Jiminy Cricket dont je n’avais pu qu’apprécier grandement sa présence à mes côtés. Ma conscience, aussi fidèle que patiente, avait toujours été là pour veiller sur l’enfant capricieux que j’étais. Voilà pourquoi j’associais ce bruit à un grand et profond sentiment de sécurité. Je m’amusais souvent à sortir le soir, échappant à ma prison de roulotte pour aller découvrir le monde. Mon tortionnaire endormi, cela ne posait absolument aucun problème. J’étais enfin libre et je profitais de cet instant pour aller retrouver mes petits amis insectes.

Oh bien sûr, je n’étais pas totalement idiote. Je savais qu’aucun d’eux ne pourrait jamais remplacer mon ami. Il était absolument unique et j’attendais patiemment le jour où je pourrais enfin le retrouver. En attendant, je chassais la nuit ses amis chanteurs me promenant très souvent dans le parc à cette heure-là, espérant pouvoir les apercevoir et me laisser bercer par leur mélodie. D’ailleurs, je n’étais pas la seule qui profitait de cette ambiance printanière à ce moment de l’année. De part et d’autre des environs je pouvais apercevoir des couples marchant main dans la main, des amis qui buvaient et écoutaient de la musique tout en discutant ou encore des personnes solitaires qui tout comme moi se baladaient dans le parc tout en observant les étoiles.

J’appréciais de voir toutes ces personnes autour de moi, et curieuse, je m’intéressais à ce qu’il faisait avant de poursuivre ma route vers une nouvelle rencontre. Puis fatiguée, je repérais le premier banc que je trouvais et fermais les yeux pour écouter le chant des criquets durant de longues minutes. Ce soir-là, c’est également ce que je fis. Je ne m’aperçus que bien tard que quelqu’un s’était également assis à mes côtés. Ouvrant les yeux, je lui adressais un grand sourire.

« Bonsoir, c’est une soirée magnifique n’est-ce pas ? »

Je laissais à la personne le soin de répondre à ma question ou de m’ignorer totalement.