"Je veux un deuxième enfant."

Solal observa longuement Tatiana en silence, essayant de déceler ce qui pouvait bien se passer dans la tête de son épouse. Il ne l'aimait pas, ne l'avait jamais aimé et ne l'aimerait jamais. Elle le savait parfaitement, ils étaient mariés uniquement pour une question d'alliance mafieuse obscure. Ariel avait arrangé tout ça pour augmenter son empire. Empire dont Solal bénéficiait aujourd'hui que son père était mort. Il avait cru s'offrir une liberté en le tuant et pourtant, il était encore enchaîné à cette femme qu'il détestait. Ils avaient eu Siméon ensemble, l'être le plus précieux qu'il possédait, son fils était devenu son univers, sa vie. Il ne regrettait absolument pas d'avoir découvert ce bonheur alors qu'au début, il ne voulait pas d'enfants. Pour autant, il ne souhaitait pas renouveler l'expérience. Il ne souhaitait pas offrir une faiblesse supplémentaire à ses ennemis.

"Tu as déjà du mal à t'occuper du premier. Pourquoi t'encombrer d'un deuxième ?"

Il la détailla du regard, des deux, il était celui qui s'occupait le plus de leur fils. C'était lui que Siméon réclamait le soir, pas sa mère. Même le petit avait compris les défaillances de sa génitrice. Elle pinça les lèvres et baissa les yeux sur son verre de martini.

"J'aimerais avoir une fille. J'aimerais avoir quelque chose à partager avec quelqu'un qui me ressemblerait. Siméon est toujours avec toi et... je voudrais avoir ça moi aussi."

Solal esquissa un sourire narquois avant de secouer la tête.

"Tu pourrais l'avoir si tu t'intéressais un peu plus de lui. Il ne demande que ça, de l'attention. Si tu n'es pas capable de lui offrir à lui, penses-tu réellement pouvoir le faire avec un second enfant ? D'autant plus qu'on ne choisit pas le sexe à la naissance. Si c'est un second garçon qui naît que feras-tu ?"

Il la détailla avec une moue de dégoût et poussa un profond soupir avant de vider son verre de whisky d'une traite. Tatiana baissa la tête de honte sans doute, serrant son verre plus fort dans sa main.

"C'est non. Siméon me suffit."

Il passa près d'elle pour sortir mettant fin à la discussion. Il ne la comprendrait certainement jamais, elle avait déjà un fils dont elle ne s'occupait jamais et voilà qu'elle voulait un second enfant. Il était curieux de savoir qui lui avait mis cette idée idiote en tête. Ou peut-être voulait-elle simplement prouver quelque chose à quelqu'un, il n'en avait la moindre idée et il devait bien admettre qu'il s'en moquait. Elle était libre de faire et fréquenter qui elle voulait du moment qu'elle n'interférait pas dans ses affaires ou qu'elle ne le mettait pas dans une situation embarrassante. Elle n'avait qu'un seul rôle à tenir, celui de potiche et elle le réalisait à merveille.

"Helga, allez chercher Siméon et mettez lui son manteau, nous sortons."

Il avisa l'heure sur sa montre et embrassa tendrement le front de son fils quand la nourrice le lui amena déjà vêtu de son manteau. Il avait donné rendez-vous à Cassandre et Eugénie dans le restaurant le plus huppé de la ville et avait promis d'emmener Siméon. Depuis qu'il était rentré à Storybrooke, il n'avait pas réellement eu le temps de passer un peu de temps avec les deux sœurs et il comptait bien remédier à ce manquement. Il fixa un bonnet sur la tête brune de Sim et enroula une écharpe autour de son cou avant de le prendre dans ses bras pour l'installer dans la Porsche. Il lui lassa son doudou et s'installa derrière le volant. Il n'avait jamais conduit aussi prudemment que lorsqu'il avait son fils avec lui en voiture.

Parfois la France lui manquait pour ça, il avait acheté une écurie de Formule 1 et il pouvait souvent conduire ses voitures ou se faire conduire par l'un de ses champions. Il avait abandonné plus que ça là-bas d'ailleurs. Il en avait encore le cœur lourd et se demandait souvent ce que Louis faisait. Il avait bien tenté de garder contact au début mais c'était trop dur. Il devait se résoudre à ne plus jamais le revoir. Le pilote ne voulait pas abandonner sa carrière pour lui, ce que Solal comprenait parfaitement. Il n'y avait pas d'avenir pour eux de toute manière. Pas tant qu'il serait ce qu'il était, il ne renoncerait pas à ce qu'il possédait, à sa sécurité et à sa réputation pour une paire de beaux yeux. Même s'il en souffrait.

Il s'arrêta devant le restaurant et laissa les clés de la voiture au voiturier après avoir sorti Siméon. Il le déposa au sol et le laissa marcher à ses côtés en lui tenant la main alors qu'ils entraient. Le petit garçon n'était plus un bébé et il aimait souvent profiter de sa liberté de mouvement dès qu'il le pouvait. Il le reprit dans les bras alors que l'hôtesse d'accueil lui demanda de le suivre avec un grand sourire, s'attendrissant devant la bouille angélique du petit. Solal avait remarqué que son fils avait souvent cet effet avec les femmes. Lui avait toujours eu un grand succès auprès de la gente féminine mais dès qu'il sortait avec Siméon, le succès était encore plus important. C'était assez impressionnant. Il installa le petit sur une chaise munie d'un rehausseur avant de s'installer également en attendant les deux sœurs. Cassandre fut la première a arriver et il se leva pour l'accueillir, lui offrant une accolade fraternelle.

"Je suis heureux de te revoir Cassandre. Comment vas-tu ?"

Il détailla la jeune femme et lui trouva la même prestance que lorsqu'il était parti. Eugénie arriva au même moment et il la salua de la même façon. Il se réinstalla à table avec un grand sourire et posa le regard sur les jumelles. Elles ne pouvaient pas être plus différentes l'une de l'autre. L'une rousse et l'autre brune. Et pourtant, elles avaient toutes les deux le même port altier. Eugénie se pencha pour embrasser Siméon sur la joue et s'installa à côté de lui.

"Il a grandi depuis la dernière fois que je l'ai vu."

Solal esquissa un léger sourire de politesse en hochant la tête. Il posa son regard sur Cassandre et esquissa un demi-sourire.

"J'ai appris pour tes fiançailles avec Nathan. Félicitations. J'ai été triste de ne pas pouvoir être présent."

Eugénie pinça les lèvres et cacha sa désapprobation en faisant mine de s'intéresser au bambin à côté d'elle. Solal réprima un rire intérieur comprenant parfaitement que la brune devait cacher certaines choses depuis de nombreuses années. Il avait toujours vu qu'elle avait des sentiments pour Nathan mais il n'avait jamais cherché à se mêler de ses histoires.

"J'imagine que vous avez beaucoup de choses à me raconter. Que s'est-il passé pendant les trois ans où j'ai été absent de Storybrooke ? Comment va votre mère ?"

Il posa le regard sur Eugénie qui haussa les épaules, laissant sa sœur répondre pour elle visiblement.