Encore sous le choc face à la scène qui venait de se produire avec l'inquisiteur. Enat ne réalisait toujours pas qu'elle avait été enlevé pour la deuxième fois de la journée. Trop de choses se passaient en même temps sous ses yeux sans qu'elle ne puisse y comprendre quelque chose. Entre la révélation de sa liaison avec l'inquisiteur, ce qui expliquait sans doute pourquoi elle avait une attirance particulière à son encontre. La violence des échanges fait entre le clan des hommes bêtes et celui de son époux. La protection et les paroles incompréhensibles de l'asiatique en armure.

Fixant l'homme pâle d'un oeil légèrement inquiet, elle le vit se vider de son sang silencieusement. Ils avaient beau être des ennemis, sa blessure était dû à l'impact qu'il avait subi pour elle. La rousse s'en sortirait sans doute avec un hématome ou deux, rien de bien méchant, mais lui risquait d'y passer.

- C'est un châle. Répondit-elle seulement face à l'ordre du chevalier qui requérait son tissu pour l'utiliser comme compresse. Comme-ci, chipoter était la réaction la plus efficace qu'elle avait trouvé à ce moment.

Ne prêtant pas attention à sa remarque, l'homme retira difficilement son armure et saisit son épée à la lame. Voilà une façon bien étrange de tenir son épée, se disait-elle. A l'instant même où sa pensée se terminait, Nathan passa à l'action et Enat ressentit un immense frisson parcourir son corps. Elle ne put retenir un haut le coeur de dégoût et se retourna vivement de l'opération, incapable de voir plus longtemps la plaie à vif que venait de se procurer le chevalier.

Inspirant un grand coup, la rouquine se retourna doucement en entendant l'homme-loup secouer Nathan. La plaie rapidement pansée afin de faire pression sur son ventre, l'homme avait finalement perdu connaissance, exigeant un médecin. Devait-elle en profiter pour s'enfuir ? Après tout, son compère ne le laisserait pas mourir ainsi. Mais il lui avait avoué souhaité la voir à son réveil. Mais si ce n'était que pour la faire culpabiliser ? Afin qu'elle n'en profite pas pour s'enfuir. Le réussirait-elle vraiment après tout ? La bête risquait forcément d'être plus rapide. Pourtant... il était occupé. C'était vraiment sa chance.

D'un pas qui se voulait discret, elle s'éloigna doucement vers l'opposé du dos du Grand Loup. Se sentant assez éloignée de lui, elle commença à courir frénétiquement. Mais, comme elle avait pu prévoir, l'idée fut d'une stupidité sans limite. En quelques pas, une immense pattes s'abattit au bas de ses jambes, la faisant violemment chuter en avant. D'un geste indocile, Samuel traîna Enat sur le sol à l'aide des pans de sa robe et de nouveau elle se retrouva à l'arbre qu'elle venait à peine de quitter.

- Nathan vient de sauver ton cul. Ça serait bien de rester pour l'aider.
- Il m'a aussi enlevé, tout comme vous ! S'énerva-t-elle en se redressant sur ses coudes égratignés par la terre.
- On t'a sauvé.
- Ne me prenez pas pour une idiote, je n'ai peut être pas de souvenir mais l'inquisiteur m'a bien spécifié que je ne devais pas avoir de contact avec vous. Lui seul veut réellement mon bien.

Sans donner une autre réponse que son pouffement, l'homme-loup mit délicatement le chevalier sur son dos et récupéra la rouquine de manière brusque avant de se remettre en route.

Le voyage dura une journée entière avant d'arriver au repère des hommes-bêtes. Enat avait passé une journée entière à râler, implorant d'être libéré, s'énervant sur son manque de considération et autres futilités dans ce genre. Lorsqu'ils arrivèrent finalement, la rousse était affamée et avait terriblement soif à forcer d'utiliser sa gorge pour s'égosiller. La contraignant à le suivre jusque dans leur campement fait dans les arbres, il confia aussitôt Nathan au soigneur de leur peuple. Une femme-hibou nommée Ibis, comme ci tout le peuple s'était donné le mot, elle ne donna pas plus d'information et s'enferma en compagnie du blessé.

- Maintenant qu'il a été pris en charge, serait-il possible d'espérer avoir enfin un peu de nourriture et d'eau ?
- Suis moi. Grommela Samuel, fatigué de l'avoir entendu geindre durant une journée entière.

L'amenant dans l'une des nombreuses cabanes en bois suspendus, il intima à la jeune femme de rester ici en attendant qu'il lui ramène de la nourriture. Une fois de plus, c'était sa chance. A l'heure qu'il était, l'inquisiteur était sans doute à sa recherche, elle ne devait pas leur faire confiance sous prétexte qu'ils ne lui avaient pas encore fait de mal. Ils souhaitaient sans doute l'utiliser comme monnaie d'échange pour faire chanter l'elfe des bois. Il était un homme puissant, certains désiraient sans doute ce qu'il avait. Elle devait absolument trouver un moyen de retourner vers lui, il était la clé de tout ces souvenirs.

Forçant l'une des fenêtres, elle prit le reste de sa traîne en mauvais état dans ses bras et s'élança de l'autre côté de la cabane. Malheureusement pour elle, comme ci le loup avait toujours un sixième sens lorsque cela la concernait, il lui saisit les cheveux a sa porté et la réattira à l'intérieur sans ménagement. Une fureur sans limite défigurait désormais son visage déjà impressionnant dans sa dureté.

- T'es qu'une effrontée ! Vraiment honte de rien. Nathan serait pas là, je t'aurai abandonné dans les bois et j'aurai laissé cette forêt dévorer ton âme. Mais en as-tu une au moins ? Cracha-t-il en montrant ses dents entre chaque phrases. Tu deviens ridicule à fuir comme une lâche. Tu penses vraiment que cet elfe est ta destinée ? Qui a voulu amortir ta chute ? Nathan !!! Gosse de riche. Je sais pas ce que Nathan te trouve, complètement folle.

Sous l'influence de la peur face à la colère de l'homme-loup, Enat n'osa pas répliquer un seul mot, se contentant de baisser les yeux, comme une enfant qui prenait un sermon. Elle ne savait pas réellement pourquoi elle réagissait ainsi, tremblante face à ses paroles tranchantes. Sursautant lorsqu'il claqua la porte en signe de départ, la rousse releva doucement les yeux afin de s'assurer qu'il avait bien quitté la pièce. Se recroquevillant à l'endroit où elle avait été jeté violemment, les gestes qu'il avait eu envers elle lui semblait moins dur que ces mots. Ou devrait-elle dire ce mot. Elle ne savait pas vraiment dire pourquoi mais il lui faisait un écho étrangement désagréable. Et plus elle le repassait dans sa tête, et plus elle avait l'impression de devenir littéralement folle. Comment pouvait-il dire cela ? La traiter ainsi ? Elle folle ? Qui était-il pour la connaître ? Qui était-il pour la juger ? Il ne savait pas ce qu'elle avait traversé pour en arriver là. Mais arriver où ? Enat ou plutôt Cassandre, l'avait oublié mais pas les autres. Et il était grand temps qu'ils entrent en scène.

Hurlante face à la nuit tombante sur le repère, la voix de la jeune femme raisonna comme une complainte.

( Pando )

Se réveillant l'air de rien, la jeune femme hésita un instant. Ce n'était pas le décor habituel. Cassandre ne vivrait pas dans un environnement si... rustique. Etait-ce une invitation à un événement spécial ? Que faisait-elle là exactement ? Depuis combien de temps avait-elle dormi ? Qu'était cet accoutrement ridicule et dénué de goût ? Avec qui était-elle venu ? Ou alors était-elle seule ?

Ce qu'il y avait d'inconvénient avec une personne comme elle, c'était qu'elle était pratiquement sûr de se réveiller avec un énorme trou de mémoire. Ne sachant ni quand, ni comment elle allait revenir à elle. L'autre inconvénient, était qu'elle devait s'adapter à vitesse grand v à la situation. Parfois même sans réellement comprendre les enjeux.

Rachel se leva du lit et alla observer à la seule fenêtre où elle avait accès. Pourquoi tout semblait si haut dans cette cabane ? Et puis vraiment, le style écologiste dans les arbres, c'était tellement dépassé, elle préférait de loin les lieux branchés comme les boîtes de nuit. Evidemment, dans ce genre de moment, l'autre se présentait rarement aux portes pour prendre le contrôle de la lumière.

Prenant légèrement appuie sur le simple vitrage afin de ne pas passer à travers, la rouquine jeta un coup d'oeil en contre-bas. Mais à quelle hauteur pouvait-elle bien être ? Qui était là avant elle pour se terrer ici ? Etait-ce vraiment Cassandre ? Ou alors Aaron ? C'était bien son style, mais la robe médiévale l'était beaucoup moins. Il s'agissait forcément d'une personnalité féminine.

Soupirant un bon coup, Rachel fouilla la pièce avec l'espoir de trouver un morceau de papier lui expliquer la situation mais en vain. Qui qu'était celle qui était présente dans la lumière avant elle, elle n'avait nullement cherché à lui laisser le moindre indice. C'était-il passé quelque chose pour que le déclic se fasse instantanément ?Cassandre était-elle finalement en danger ? Devait-elle sortir ? Cela semblait être une bonne idée.

Malheureusement pour elle, à peine tenta-t-elle de s'aventurer hors de sa cabane qu'elle tomba sur un homme-cerf. Son coeur manquant un battement face à la chose en question qui devait tout sauf existé dans la réalité, Rachel commença à paniquer. La... bête quant à elle ne sembla pas lui accorder d'importance et la raccompagna sans aucun ménagement dans sa piaule.

- Mais lâchez moi ! Satané rennes ! Pour qui me prenez vous ?!

D'un regard sombre du haut de ses deux mètres, voire plus, la chose la lança sur le lit et referma violemment la porte. En voilà un manque de savoir vivre. Il ne lui avait adressé aucune parole et s'était contenté de la ramener ici, comme s'il l'avait attendu toute la journée. Etait-elle captive ? Mais bon sang, où était-elle tombée ?! Il n'y avait pas ce genre de choses qui traînaient les rues à Storybrooke. Et si un quartier entier s'était installé dans la forêt, elle en aurait aussi eu vent à un moment donné non ? Ou alors avait-elle dormi depuis trop longtemps ? D'ailleurs, pourquoi n'y avait-il ni horloge, ni calendrier, ni même un seul appareil électronique ? A ces stupides écolo !

Si elle voulait se sortir d'ici sans encombre, elle allait devoir faire preuve d'intelligence. Quel dommage, c'était vraiment pas son fort pourtant les stratégies. Mais avant toute chose, elle devrait se renseigner sur le lieu où elle était et pour cela, elle avait une idée.

Quelques heures plus tard ~

Livre en main, Rachel essayait toujours de comprendre la situation. Elle avait certes dû faire plaisir pause depuis qu'elle avait pris ces bouquins par manque de concentration et d'admiration pour la lecture, mais elle avait réussi à comprendre deux, trois trucs. Déjà les textes étaient écrit en français, ce qui était un avantage pour elle. Elle aurait pu tombé sur une langue totalement inconnu. Si elle avait bien saisie la situation, elle avait soit remonté le temps, soit découvert un escape game plus que réaliste. Même si le puzzle commençait à s'assembler, il lui manquait encore tellement de pièces pour comprendre.

Par chance, la providence sembla la prendre en pitié. Des toquements se firent entendre à la porte, avant que celle-ci ne laisse entrer un silhouette plus humaine que celle qu'elle avait croisé précédemment. Cette personne pourrait sans doute répondre à ses questions. Mais pour le moment, elle fit semblant de ne pas détourner le regard, faignant une lecture approfondie. Rachel n'était pas encore sûre des personnes qui se trouvait ici, elle devait sembler la plus détachée possible, et s'ils venaient pour l'exécuter ? Ou pire la manger ? Elle aurait du se répéter un discours afin de sauver sa peau au lieu de lire !

S'installant à côté d'elle sur le lit, la personne lui baissa le livre des mains et fixa le plafond. Rien de ce qu'elle avait pu imaginer comme scénario en l'espace de quelques secondes n'allait lui arriver. La rouquine poussa à son tour un soupir, mais le sien signifiait le soulagement qu'elle avait en reconnaissant le visage de l'homme à ses côtés. Il s'agissait de Nathan Crawford, le fiancé de Cassandre. Si lui était là, libre de ses mouvements, cela voulait sans doute dire qu'elle n'était pas totalement perdu. Enfin, elle l'espérait. Elle n'avait jamais vraiment été sympa avec lui à vrai dire, c'était le moment idéal pour lui de la faire disparaître et de reprendre le cours de sa vie comme ci de rien n'était. Sans doute personne n'était au courant de sa présence ici. Encore moins Lady De Trémaine.

Comme Rachel l'avait prévu, il serait sans doute la personne providentielle, capable de répondre à ses questions. C'était une aubaine, elle ne savait pas qui avait été là avant elle mais feindre l'absence de souvenirs était une pure idée de génie ! Pourtant, elle ne savait pas pourquoi, mais il lui semblait, au fond de son être, ressentir une certaine gêne vis-à-vis de ce qui avait pu se passer auparavant. Généralement, ce genre de sentiment provenait de Cassandre. Qu'avait-elle pu faire ? S'il y avait bien une personne qui avait moins de risque de perdre ces souvenirs immédiat, c'était elle.

Retirant la main du jeune homme de la sienne, la rousse repoussa ses cheveux en arrière et sourit de toutes ses dents.

- Je sais qui tu es Nathan. Ce dont je ne me souviens pas c'est ce qu'il s'est passé avant. Je... me suis réveillée ici un matin en me souvenant de mon identité mais étonnament, je ne me souviens plus comment j'ai atterris ici. Si tu pouvais avoir la délicatesse de me le rappeler ça serait très gentil de ta part.

Posant une main sur le torse de l'asiatique, Rachel pencha légèrement sa tête sur le côté afin de se rendre attrayante.

- Je me sens tellement plus en sécurité depuis que tu es à mes côtés. Ce matin, enfin, il me semble que c'était le matin, ils ne sont pas fichu d'avoir ne serait-ce qu'une horloge dans ces cabanes. Enfin bref, ce matin, un homme... rennes ? M'a immédiatement renfermée ici lorsque j'ai essayé de sortir ! Où sommes-nous tombé exactement ? Si c'est un costume pour le carnaval, je tiens à dire que c'est effrayant, nous ne sommes plus à Halloween. Se plaignit-elle.

( Pando )

Écoutant attentivement le récit totalement sur-réaliste, Rachel se demandait bien ce qu'avait pu consommer le fiancé de Cassandre. Etait-ce une énorme plaisanterie ? Si c'était le cas, les plus courtes étaient les meilleurs. Rachel ne manquait pas d'humour, contrairement à Anastasie, mais elle n'aimait pas vraiment qu'on puisse se payer sa tête. En plus, soit Nathan était très convainquant, soit il était réellement persuadé de ce qu'il disait mais elle n'arrivait pas vraiment à distinguer de failles dans son discours.

Et puis, la rouquine se demandait vraiment pourquoi il faisait une fixette sur un collier. Comme ci elle pouvait savoir ce qu'avait choisi de porter Cassandre ce matin là. Elle n'avait eu, ni de vidéos, ni de papiers pour lui indiquer quoi que ce soit. Être prise au dépourvu par ce genre de questions était vraiment dérangeant. Et par la même occasion, elle était actuellement la seule en lumière.

Les gestes tendres de l'asiatique commençait sérieusement à fatiguer Rachel. Ce n'était pas vraiment ce dont elle avait besoin en ce moment. De même, qu'elle était plus fougueuse, alors ce genre de petites attentions. Elle faisait partie de ce genre de filles qui disparaissaient après le coup d'un soir. Pas de quoi s'attacher à quelqu'un avec des gentillesses.

Tandis que Nathan faisait le rôle d'un véritable guide touristique, en essayant de complimenter la jeune femme sur leurs...affinités, un hurlement jaillit de la foule. A partir de cet instant, la jeune femme ne réussit plus à saisir la suite des événements. C'était comme ci, ce qu'avait raconté le jeune homme, ce qu'elle avait lu dans les livres, prenaient sens et s'avéraient vrai.

Sentant des bras se poser de chaque côté de son corps, alors qu'elle était restée à fixer Nathan en train de se battre, la rouquine gesticula dans tout les sens en espérant s'enfuir. La dernière fois qu'elle s'était retrouvée dans ce genre de situation, elle subissait des tortures psychiques et psychologiques de la part de Fink. C'était d'ailleurs ces événements qui avait amené sa personnalité à se créer. Sans ça, Rachel n'aurait sans doute jamais vu le jour, tout comme Aaron. L'autre personnalité farouche et militaire. Il aurait d'ailleurs mieux valut qu'il se trouve à sa place à ce moment, il était beaucoup plus entraîné qu'elle en matière de combat.

Et pourtant, il était absent, et à cet instant. C'était elle qui se trouvait à la place de Cassandre. Toujours abasourdie par la situation, elle se retrouva enfermée rapidement dans un carrosse scellé. Ne lui laissant même pas la chance de voir le paysage extérieur, et dégageant une chaleur étouffante. Elle avait vu Nathan tenter le tout pour le tout pour elle. Enfin, pour sa fiancée. Et il avait malheureusement échoué. Elle était triste de se dire qu'il était sans doute mourant sous les coups des hommes aux oreilles pointues. C'était un bon type. Cassandre ne voyait malheureusement pas la chance qu'elle pouvait avoir. Elle aurait aimé s'amuser avec lui plus longtemps. Ce genre de bon gars était toujours intéressant.

Après, l'agréable petite balade dans un four en pré-chauffage, Rachel se fit délicatement accompagner jusque dans une immense pièce vide. Le plafond semblait avoir cédé sous le poids de quelque chose et une silhouette, vêtu de blanc, restait figé sur un trône se trouvant un fond de la salle. Les elfes l'approchèrent jusqu'en bas des quatre marches et la forcèrent à s'agenouiller sur le sol. L'homme-cape, leur fit un signe de main, leur intimant de lâcher la jeune femme. Ce que les hommes de mains exécutèrent aussitôt.

- Excusez-moi de leur indélicatesse. Ils sont un peu rustre, mais ils ne sont pas méchants. Ils n'ont pas l'habitude de traiter une personne de votre niveau. Ce sont des soldats. Déclara l'inquisiteur d'une voix suave.
- Oh ne vous inquiétez pas. Par contre, si vous aviez l'obligeance de me ramener chez moi, cela m'arrangerait. Vous savez que le kidnapping était puni par la loi ? Ma famille fait partie des gens les plus puissants de ce pays, vous ne devriez pas jouer avec moi ainsi. C'est un conseil d'ami.
- Je vois que vous avez repris vos esprits.

L'homme retira enfin sa capuche et descendit les escaliers qui les séparait. Il tendit sa main vers son menton et releva délicatement son visage vers lui.

- Ca alors, si on m'avait dit que vous sauriez si beau, il n'y aurait pas eu besoin de m'enlever. Je me serais portée volontaire pour vous rencontrer. Vous semblez figé dans le temps.

Riant face à l'audace de la nouvelle Enat, il aida la jeune femme à se relever.

- Vous n'avez pas l'air de vous remémorer votre passage ici. Vous semblez aussi, un peu... différente.
- Oh... euh oui c'est fort possible.
- Les effets de la brume semble avoir un effet différent sur vous.
- Oui... sans doute. Déclara-t-elle en virant ses yeux sur le côté. Gêné qu'un inconnu puisse ainsi la percer à jour aussi facilement. Qu'avait bien pu faire Cassandre ?
- Cela est peut être une modification du à vos pouvoirs. Mais votre nouvelle personnalité est forte... attrayante.
- Vraiment ? Vous êtes un vrai charmeur.
- Certainement Madame. Mais comme je vous l'avez promis avant tout cet... incident. Je compte bien vous expliquer le pourquoi de votre présence. Et l'importance de notre union.
- Notre union ? Je suis désolée mais vous devez vous tromper, je suis déjà promise à un autre homme.

D'une vivacité à vous glacer le sang, l'elfe des bois approcha son visage à quelques centimètres de celui de la rouquine.

- Je serais vous prouvez que je suis le meilleur choix entre les deux, ma chère.

( Pando )

Jetant des coups d’œils furtifs à l'elfe des bois, Rachel ne trouvait toujours pas le moyen de se détendre. Il était certes aussi beau qu'un dieu grec, mais il ne lui inspirait pas confiance. Son apparence souriante et rassurante n'était qu'une façade. Et ça, Rachel s'y connaissait bien. Son apparition datait de l'époque où le Docteur Fink, s'amusait à faire des tests. Elle n'était donc pas née de la dernière pluie, et parmi tous, elle était certainement celle qui avait côtoyé le plus d'homme dans leur vie.

- Souhaites-tu commencer à me poser des questions ?
- Comment ? Demanda-t-elle, surprise du silence qui venait enfin de se briser.
- Je sens ton regard sur moi. Tu as sans doute des choses à me dire.
- Je pense qu'il s'agit plutôt du contraire. C'est vous qui vouliez me prouver que vous étiez le meilleur choix. Alors pourquoi nous baladons nous tranquillement dans les couloirs en ce moment même ? - Vous êtes plus vive depuis que les effets de la brume ce sont estompée. Répondit-il seulement en souriant.
- Je prendrais ça comme un compliment venant de votre part.


S’arrêtant finalement devant une énième porte en chêne, ce qui se trouvait à l’intérieur ne ressemblait en rien à ce qu’aurait pu s’attendre la jeune femme. Evidemment, Rachel ne s’était attendue à rien, puisqu’elle ne connaissait pas les lieux et s’en moquait éperdument, mais elle afficha tout de même un visage surpris. La salle qui se trouvait face à elle était incroyable. Elle n’était composée que d’un seul matériau, qui contrastait avec le bois ambiant. La pièce était recouvert d’un verre impeccable, comme s’il venait juste d’être placé. Elle qui se croyait sous terre de plusieurs mètres, voyait la lumière du jour pénétrer dans la salle comme ci le soleil lui-même restait figé à cet endroit. S’approchant du centre, elle y découvrit un tunnel de terre au niveau du plafond, bloqué par une couche de verre. Les sièges, le pilier centrale, les décorations, tout étaient d’un transparent incroyable, et taillés dans une finesse sans nom.

- Cette pièce est le véritable coeur de ce sanctuaire.
- Je n’aurais jamais cru voir un elfe des bois utiliser ainsi le verre. Je pensais que vous étiez plus du genre écolo.
- Ecolo ? Voilà un terme qui ne met pas familier.
- Ca veut dire que vous êtes à fond avec la nature, en communions, vous parlez aux plantes quoi.
- Il est vrai que mon espèce est proche de la nature mais nous ne sommes pas contre quelques… changements.


Digne de la diva pour laquelle elle se prenait, Rachel alla s'installer sur l'un des sièges en face du pilier. Croisant les jambes, elle cala son dos sur le verre froid et attendit.

- Alors ?
- Je vois que vous êtes impatiente. Ricana l'inquisiteur. Je ne vous ais pas amené dans cette pièce pour rien. Elle est la clé qui me permettra de faire revenir mon peuple, décimé par ces humains qui ont souhaité récupérer entièrement le pouvoir. Autrefois, notre peuple étant le plus âgé, il était celui qui régnait. Nous étions les plus sages. Mais tout cela...
- Je vous coupe tout de suite. Je n'ai pas votre temps. Si vous pouviez avancer à la partie qui me concerne, cela m'arrangerait.
- Comme vous le souhaitez. Vous intervenez, car vous avez toujours été vénérée par notre peuple Enat. Vous êtes une descendante directe de la Déesse du Soleil. En vous se trouve plus de pouvoirs que vous ne pouvez l'imaginer. Cependant, votre corps fait obstacle à ces pouvoirs, ils sont en état de sommeil. Et c'est en cela que j'interviens. Je peux vous donner le pouvoir, la puissance. Bien plus que votre larbin. Vous êtes digne pour un plus grand avenir princesse. Pas seulement pour votre royaume. Mais pour ce monde.
- Et qu'auriez-vous en échange ? En quoi, décupler ces pouvoirs en moi, vous aiderez ?
- Je suis votre plus fidèle serviteur. En sommes, nous faisons un marché. Je sais que vous ne provenez pas de ce monde. Ce collier. Indiqua-t-il en sortant le pendentif dont avait sûrement parlé Nathan. Est un transporteur. Ils avaient tous disparu avec les ensorceleurs qui l'utilisaient. Ils ont fui, il y a bien longtemps dans d'autres mondes. Ces ensorceleurs étaient des fervents de paix et ne souhaitaient pas être exposé à la guerre d'ici. Mais, cela ne doit pas vous intéressez. En bref, je peux vous libérer de vos chaînes. Je m'occupe de vos pouvoirs et vous retourner d'où vous venez. N'est-ce pas équitable ? Les autres sont persuadés que vous êtes la véritable princesse. Je sais que c'est faux. Pourtant, vous lui ressemblez comme deux gouttes d'eau. Cela ne serait-il pas un signe de nos entités.
- Qu'est ce qui vous fait dire que j'ai les mêmes facultés que votre princesse alors ?
- Je vous l'ai déjà dit, c'est un signe. Vous ne pouvez pas être apparu ainsi par pure hasard. Il y a bel et bien quelque chose en vous. Et les prophéties de notre peuple se trompent rarement.
- Une prophétie ?
- Pourquoi pensez-vous qu'Hélène a pu vous accompagnez ici, en vous nommant Enat ? Elle ne s'attendait pas à tomber sur vous. Ici, nous sommes préparé à recevoir la visite de l'Enat. Tout ceci était déjà écrit.
- Vous ne répondez pas à ma question. Puis-je connaître cette prophétie ?
- Plus tard Enat. Chaque chose doivent venir en son temps. Je vais vous raccompagnez
à vos appartements.

Il mentait. Rachel savait depuis le début qu'elle n'aurait pas du se fier à lui. Et le fait que "Cassandre" se soit "réveillée" de la brume ne semblait l'enchanter guère. Elle ne savait pas encore ce qu'il cachait derrière cette prophétie, mais elle espérait ne pas rester assez longtemps pour le découvrir. Maintenant qu'elle savait où se trouver le collier, elle devait trouver un moyen de lui substituer sans qu'il ne le remarque et retrouver Nathan.

Arrivant jusqu'à ce qui semblait être ses appartements, l'inquisiteur ouvrit d'un geste élégant la porte.

- Je vous laisse la fin de journée pour réfléchir. Vous me donnerez votre réponse au dîner.

Et alors subitement. Rachel eut une idée. Attrapant délicatement le col blanc de l'elfe, elle se colla à lui et passa une main sur sa joue.

- Et si vous tentiez de me convaincre... Déclara-t-elle d'une voix suave.

Si Rachel excellait bien dans une chose par rapport aux autres personnalités, c'était bien dans l'art de la séduction. Et elle utiliserait cette arme pour sortir d'ici. Elle avait besoin de rentrer dans son jeu.

- Voilà une proposition fort intéressante. Mais je vous croyez déjà fiancée.
- Vous l'avez dit vous même. Je ne suis pas encore mariée. Rien ne m'empêche de m'amuser.
- Dans ma race, il est rare que nous nous amusions de cette manière.
- C'est une manière de parler. Vous vouliez me convaincre que vous étiez le meilleur choix non ? Je vous laisse une chance de me le prouver.
- Les pratiques de votre monde sont étranges.


Tiquant au fait qu'il ne se laisserait pas aussi facilement berné. Rachel décida de sortir le grand jeu. Le poussant dans la pièce, elle le força. Enfin, elle eut l'illusion de le forcer à s'asseoir sur le lit. Elle savait pertinemment que s'il n'avait pas souhaité accepté, il aurait pu l'envoyer pètre d'un simple geste de la main.

Déboutonnant dans un premier temps sa longue cape blanche. Elle appuya son décolleté sous son regard, dans l'espoir que cela face effet sur la planche de bois qu'il était. Relevant elle même les yeux vers lui avec un désir indiscret, elle se laissa aller totalement contre lui.

- Si tel est votre désir... Soupira-t-il dans un souffle de satisfaction.

S’en fut ensuite un échange de corps et de vêtements passionnés. Rachel ne le niait pas, elle qui l'apparentait à un moine, il se débrouillait plutôt bien. Mais elle devait garder un objectif en tête. Le collier autour de son cou. C'est dans un mouvement de bassin, et une embrassade, que la jeune femme saisit la lampe sur le côté et assigna un cou violent dans la nuque. Sous l'effet de surprise et la précision du geste, l'immense corps de l'inquisiteur s'abattit dans son mouvement. Le repoussant sur le côté en saisissant le collier, pour ensuite se relever tant bien que mal fasse au désir inassouvi de son propre corps, la rouquine se rhabilla aussi vite que possible et sortie de la pièce en courant.

Elle n'avait désormais plus qu'un seul objectif en tête, sauver sa peau, sauver Cassandre et retrouver Nathan. Malheureusement pour elle, la méconnaissance des multiples couloirs formés en labyrinthe la perdit. Elle ne savait pas depuis combien de temps elle avait tournée en rond en espérant trouver la sortie. Mais une chose était sûre, la structure n'était pas faite pour s'enfuir lorsqu'on ne connaissait pas le lieu. Ce fut au détour de l'un de ces fameux couloirs sans fin, qu'elle tomba sur lui. Le visage désormais déformé par la colère, il n'avait plus rien de l'homme qu'elle avait pu trouver incroyablement beau auparavant. Cette fois, elle était sans doute fichue. D'un geste de la main, deux gardes exécutèrent ses ordres en attrapant Rachel aux bras. La forçant à s'agenouiller, elle releva difficilement la tête assez haute pour voir le visage de l'elfe qui lui faisait face.

- Tu t'es bien fichu de moi. J'aurais aimé que nous fassions cela de manière délicate. Mais je constate que la manière forte semble plus adéquate avec vous Enat. Soit. Vos désirs sont des ordres. Emmenez là.

( Pando )

Des gouttes s'écrasant sur le sol et résonnant dans une pièce sans fenêtres. Des corps. L'un flottant dans une eau glaciale, tandis qu'un autre était jonché sur une table en fer tout aussi froide. Des essoufflements, des pleurs, laissé en indices. Comme une preuve qu'ils étaient encore vivant.

Vivant, pouvaient-ils réellement l'être avec ce qu'ils venaient de subir ? La violence, la mort, le désir, la sexualité, des termes si proches et nuisibles. Pendant deux mois, les corps qui se trouvaient là avaient été brisés.

Cassandre n'avait que peu de souvenir de ce passage dans sa vie. Rachel quant à elle, avait vécu et revécu cet instant des millions de fois. Elle était née de cette peur. Une peur si insoutenable, comme même la dignité et l'honneur n'avait plus de sens sous les actes qu'elle avait commis. Elles avaient été sali. Un millions de fois par un homme qu'elles pensaient comme un proche de la famille.

Attachée contre les parois humides comme un vulgaire morceau de viande, Rachel revivait avec effroi cette nuit là. Voilà quelques temps qu'elle ne l'avait pas vécu. Cassandre avait-elle inconsciemment rappelé sa personnalité en sentant le danger qu'émanait de l'elfe ? Vacillante, elle n'arrivait pas à garder l'esprit clair. Embrouillée entre le passé et le présent, elle déclencha pour la deuxième fois une crise d'angoisse. Elle trembla, hurla en espérant que quelqu'un ne l'entende.

Mais personne ne vînt. Elle ne se souvenait déjà plus depuis quand elle était arrivée ici. Des heures ? Des jours ? Quelques minutes ? Elle avait l'impression d'avoir eu des absences. Comme ci, certains temps, elle retournait elle aussi dans l'ombre. N'était-ce pas un comble ? Une personnalité qui souhaitait fuir aussi.

Elle tira sur ses chaînes ce qui sembla être une énième fois, mais ses poignées la faisait bien trop souffrir. Ils étaient égratignés, écorchés à vif à force de tirer sur les chaînes en acier. Elle en avait marre, elle se sentait fatiguée et faible. Elle qui avait une vie de princesse, ne supportait pas d'être traité ainsi. Elle valait bien mieux qu'un vulgaire esclave.

Hurlant de nouveau, à défaut de pouvoir faire autre chose. Rachel maudit en français l'inquisiteur de l'avoir traité de la sorte. Elle était certes celle qui l'avait trahi, mais elle savait très bien qu'il n'aurait jamais honoré sa promesse. Il ne l'aurait pas renvoyé aussi facilement chez elle. Et le fait d'éviter à tout prix de conter cette prophétie était un signe. Il souhaitait lui cacher, et la manipuler à sa guise. Peu de chance pour lui, elle n'était plus Cassandre.

De la lumière pénétra dans la pièce, suivit de pas lourds. Quelqu'un était entré dans sa cellule.

- Avez-vous pris le temps de réfléchir sur vos actes ?

La rouquine releva un visage abîmé sous les coups des gardes.

- Je trouvais déjà que la déco était ignoble. Mais en plus il y a des parasites.


Riant à gorge déployé, l'inquisiteur s'agenouilla à sa hauteur. Observant son oeuvre d'un œil satisfait.

- Vous avez encore la langue bien pendue. Devrais-je vous la couper avant la cérémonie ? Un sourire barra son visage. Bien. Puisque vous ne souhaitez pas vous repentir, nous avons avancé la cérémonie. C'est tellement dommage, devoir vous sacrifier dans cet état.

Il posa un regard sur sa robe déchirée et attrapa une mèche de cheveux afin d'appuyer ses propos.

- Je savais depuis le départ que vous ne souhaitiez pas me renvoyer chez moi.
- Vous êtes réellement perspicace à ce que je vois. Dommage pour vous, vous auriez dû vous rendre compte plus tôt que j'étais dangereux. Vous avez été assez stupide à m'agresser d'ailleurs. Moi qui souhaitiez que vous vous sacrifiez par vous même. Pour faire cela dans l'élégance. Mais vous êtes une femme manquant de raffinement visiblement.
- Vous pensiez sincèrement que j'accepterais un tel sacrifice ? Vous êtes fou.
- Moins que vous ici jeune fille. J'ai cru comprendre que la détention ne vous satisfaisait pas ? Mes hommes vous entendent hurler dans tout les couloirs. Vous n'êtes ici que depuis trois heures pourtant.

Trois heures ? Rachel avait cependant l'impression d'y avoir passé des jours et des nuits à forcer d'attendre.

- Vous voulez vous montrer forte, mais vous n'êtes qu'un vulgaire insecte. Vous me tenez tête mais vous tremblez et me suppliez au moindre de mes gestes.
- Vous aimez changer de sujet.
- Vous aimez qu'on réponde à vos désirs. Mais ce n'est pas le cas ici. Je suis le maître absolu dans cette enceinte, et vous n'êtes que le sacrifice. Vous auriez pu le faire par amour pour moi. Ca aurait été tragiquement beau. Une histoire qui se serait conté dans les contrées les plus lointaine. Mais, vous m'avez tenu tête, comme vous le faites encore. Et c'est ce qui vous perdra. Ne vous croyez pas supérieure à moi jeune fille. Vous êtes ici seule, et je ne pense pas que quelqu'un vous pleurera.
- Nathan viendra me chercher.
- L'homme-loup ? Penses-tu réellement qu'il souhaitera te sauver encore une fois de mes griffes ? Cet homme à déjà failli perdre la vie deux fois entre mes mains. Personne ne serait assez fou pour retenter. Et quand bien même. Penses-tu réellement qu'il voudra te sauver ? Toi ? Il t'abandonnera, comme les autres avant lui.

Rachel baissa les yeux. Il avait visé juste. Mais comment connaissait-il si bien son coeur ? Alors qu'elle même faisait tout pour l'ignorer ? Nathan allait-il revenir la chercher ? Il aimait Cassandre non ? Etait-il seulement encore en vie aussi ? Elle l'avait quitté, avec une blessure mortelle. Peut-être n'avait-il pas survécu ? Il ne pouvait pas. Il devait la sauver. Elle. Elle ne voulait pas mourir. Pas ici. Pas comme ça.

Sentant les larmes commencer à lui monter aux yeux, la rouquine tourna le visage dans la pénombre. Mais ce n'était sans compter sur l'elfe qui attrapa son visage.

- Oh, la la. Déclara-t-il en caressant ses cheveux. Il ne faut pas vous chagriner ainsi, ce n'est qu'une fatalité. Vous ne pouvez rien y faire.

Et alors, elle s’abattit sur l'inquisiteur. Baissant les yeux sur sa tunique d'un blanc nacré, il constata avec dégoût l'empreinte de salive que venait de laisser Rachel. Entrant de nouveau dans un instant de colère, il serra sa prise sur les cheveux de cette dernière et l'approcha de son visage.

- Tu n'apprendras donc jamais.

D'un mouvement violent, il jeta sa tête rousse contre la parois où elle était attachée. L'entraînant sous le choc, à perdre de nouveau connaissance.

- Nous nous reverrons demain pour le sacrifice jeune fille.

( Pando )