C’était long. Pourquoi Violette avait-elle accepté de faire partie de cette expérience ? Plus les minutes avançaient, plus elle regrettait. La brune n’avait jamais signé pour qu’on lui pose des questions louches et pour se faire draguer par des lourds. Heureusement, Violette avait eu comme compagnon de speed-dating des hommes sympathiques comme Léo et Axel. Mais là, elle venait de terminer par un homme assez louche. Quel soulagement lorsque l’entrevue fut enfin terminée. La brune était prête à partir lorsqu’un nouvel homme prit place en face d’elle.

En guise d’accueil, la brune ne put s’empêcher de soupirer. Franchement, elle n’avait pas envie de se retrouver devant un nouveau lourd. Mais lorsqu’elle remarqua l’identité de la personne face à elle, Violette se pinça les lèvres. Elle avait un peu honte de sa réaction devant Monsieur le Maire. Que venait-il faire ici ? N’avait-il pas une fille et donc une femme ? Violette fronça les sourcils, cherchant une explication plausible à sa présence ici. Et la raison ne mit pas longtemps à venir dans l’esprit de Violette.

« Monsieur le Maire ! Vous venez me voir par rapport aux dernières enquêtes et à ma formation de policière ? Je…je sais que je ne mérite pas ce job. Je suis peut-être encore trop jeune ? Si vous devez me virer, ce serait compréhensible. Après tout, j’ai du sang sur les mains. »

Sympa le bonjour. Mais voilà, Violette était persuadée qu’il savait tout sur la formation peu concluante de Violette. Car même si elle avait réussi à apporter son aide sur pas mal d’affaire, elle avait aussi pas mal enfreint les règles. Elle avait même été envoyé en mission avec les militaires et avait fait tué l’un des leurs. Trop d’événement qui montraient à Violette qu’elle n’était peut-être pas prête pour intégrer officiellement la police. Et il était évident qu’Hadès se déplaçait pour lui annoncer de vive voix. Chris n’aurait jamais osé. Il aurait été bien trop triste à l’idée de ne plus avoir Violette dans ses rangs. Il était même sûr qu’il n’aurait jamais pris la décision d’écourter la formation de Violette. Mais peut-être que d’autres en eurent la juste idée ? Hadès par exemple ?

Ou alors, Violette se trompait sur toute la ligne ? Il était réellement là pour le speed-dating ? De toute façon, vu le regard des organisateurs, Violette semblait obligé à piocher une carte.

« Désolée, je crois que les gens là-bas veulent qu’on suive les règles. Donc… »

La brune piocha une carte. A la première lecture, celle pour elle-même, dans sa tête, Violette devint toute rouge. Non pas de honte, mais parce qu’elle était en train de s’étouffer avec sa salive. La question était horrible.

« Non mais c’est quel genre de speed-dating ici ?? Réservé aux psychopathes et autres tarés du sexe ? »

Pourquoi toutes les questions tournaient autour de ce sujet ? Violette ferma les yeux un instant, inspira un petit coup pour relâcher une grande expiration d’énervement. Quelle honte ! En plus, poser ce genre de question au Maire, c’était tellement déplacé.

« Vous m’excuserez, les questions ne sont pas de moi et je crois qu’ils n’avaient qu’un sujet d’inspiration. Donc…voici la question : Aimeriez-vous aller faire des choses cochonnes dans la chambre rouge de Christian Grey ? »

Avec de la chance, il ne saurait pas qui est Christian Grey ?

Alors là, elle avait tiré le gros lot ! Violette ne connaissait pas personnellement Mr Le Maire mais ça avait l’air d’être un sacré numéro ! Déjà parce qu’il se baladait avec une mandarine sans la manger. Mais le pire c’est qu’il se baladait avec une créature chelou qui semblait corriger toutes les idioties qu’il pouvait dire. La créature était-elle donc plus intelligente que Mr le Maire ? Violette espérait que non, sinon, dans quelle direction allait Storybrooke avec ce mec à la tête de la ville ? Quoi qu’il en soit, cette rencontre l’avait clairement déboussolé. Elle ne savait même plus par où commencer. Pour la première question, la créature y avait répondu. Mais cela avait amené une autre question dans l’esprit de la jeune femme. Elle pointa son doigt vers la créature.

« Qu’est-ce que c’est ? »

A vrai dire, Violette aurait pu se montrer plus polie et simplement demander qui il était. Mais son apparence l’intriguait et elle se demandait réellement quel genre de créature c’était.

« En tout cas, il a raison. C’est un film. Mais faut le voir pour comprendre. »

Il n’avait jamais vu ce film ? Incroyable ! Il avait vraiment raté un gros succès. Bon. Ceci dit, Violette ne s’imaginait pas le regarder de nouveau. Pas après ce qui lui été arrivé l’année dernière. En tout cas, Mr Le Maire n’avait pas sa langue dans la poche. Il répondait à la question sans filtre. Il ne semblait même pas choqué de la question. Si ça avait été pour Violette, il était évident qu’elle n’y aurait pas répondu. Mais lui, il venait de le faire sans aucun problème.

C’était d’ailleurs au tour d’Hadès de tirer une carte. Et sa question fut quelque peu étonnante. Y avait-il réellement écrit "Policière ?" sur sa carte ? C’était bien la première fois qu’elle tombait sur une question décente ! Mais la jeune femme n’allait pas cracher dessus. Bien au contraire. Elle était ravie d’avoir ce genre de question.

Violette était sur le point de répondre positivement à cette question lorsque le coup de massue arriva. Et ce ne fut pas Hadès qui mit le coup mais la créature. Il venait de lire la véritable question qu’il y avait sur la carte. Pourquoi c’était lui qui lisait ? Hadès ne savait pas lire ? Là, pour un Maire, c’était vraiment pas possible ! Violette allait exclamer haut et fort son mécontentement face à des questions aussi ridicules. Elle était prête à bondir de son tabouret pour prendre de la hauteur et crier sur les organisateurs. Mais tout cela ne resta qu’à l’état de simple idée, simple plan. Car contre toute attente ce fut Hadès qui répondit à la question. Du moins, avant d’y répondre, il rebondit sur le métier de Violette. Apparemment, il ne connaissait même pas son équipe.

« Quelqu’un a pris la place de Chris Brooke ?! »

C’était la seule chose qui avait retenu son attention. Il venait de dire qu’il avait nommé un sheriff ! Qui était-il ? L’autre personne dont il parlait l’importait peu sur le moment. Malheureusement, l’aparté sur les métiers et nominations prit fin bien trop rapidement puisqu’Hadès décida de répondre à la question qu’il avait tiré, et qui était donc pour elle, à la base. Et au fur à et mesure qu’il parlait, le regard de Violette grandissait. Elle l’observait, les yeux ronds. Il était vraiment cinglé. Mais poli, elle ne lui dirait pas.

« Ooooooook ! »

Son ton montrait toute la surprise et l’étonnement qu’il y avait en Violette. Elle se retourna brusquement vers la créature qui avait signalé que la question était pour Violette. La jeune femme lui fit un petit signe de la main, signifiant que c’était pas grave. Mais alors pas grave du tout !

« Aucun problème. Ça ne me dérange pas qu’il réponde à toutes les questions. »

Puisqu’apparemment, parler de sa vie sentimentale et sexuelle à des inconnues ne le dérangeait pas. A l’inverse de Violette. Donc c’était parfait ! D’ailleurs, c’était à elle de poser une question.

« A moi. » Violette tira une carte. « Enfin ! Même si la question reste bizarre, elle ne porte plus sur le sexe ou les relations bizarres. Ce n’est pas trop tôt. »

Violette se racla légèrement la gorge.

« Vous préférez les blondes, les brunes, les rousses ? Ou les arc-en-ciel ? »

Violette leva les yeux au ciel en lisant le dernier mot de la question. Comme si c’était possible d’avoir les cheveux arc-en-ciel. Elle n’avait jamais vu ça. Soudain, une information donnée par Hadès fit enfin tilt dans l’esprit de la brune.

« Mais….si vous avez une copine. Merida, si j’ai bien compris ? Qu’est-ce que vous faites ici ?! »

Le speed-dating c’était réservé aux célibataires, non ?

Pour avoir les réponses à ses questions, on pouvait repasser. Le Maire n’avait pas répondu à sa question sur ce qu’était ce fameux Norbert. Et elle était intriguée par cette petite créature. Bien que son sourire montrant toutes ses dents lui fit un léger haut le cœur. Il était intriguant mais un peu flippant aussi. En tout cas sa réponse sur Chris était désespérante. Il était vraiment très mal renseigné sur les gens. Levant les yeux en l’air, elle se contenta d’un pincement de lèvre avant de lui répondre réellement.

« Oh bah peut-être parce que c’était déjà mon chef avant, qu’il est shérif depuis bien plus longtemps que vous êtes maire. »

Une petite pointe de sarcasme et une vérité bien placée. C’était totalement la manière de faire de Violette lorsqu’elle commençait à être agacée. C’était clairement ce qui était en train de se passer. Déjà que Violette n’avait pas réellement d’être là alors qu’en plus le Maire ne saisisse pas les manières de faire dans le speed-dating, ça la dépassait !

Ou peut-être que c’était la suite qui la dépassait ! Les yeux gros et ronds, Violette observa cette scène très tactile entre les deux. C’était très bizarre, trop pour la pauvre Violette qui arqua un sourcil lorsqu’Hadès évoqua une crème pour les mains. A quel moment une créature avait besoin de crème ? Quoi qu’il en soit, cette scène était totalement malaisante. Alors la brune décida de s’éclaircir la gorge pour montrer qu’elle était toujours là, qu’elle voyait tout, qu’elle entendait tout.

« Enfin ! Merci pour votre réponse. »

Quel soulagement d’entendre qu’il préférait les rousses. Car Violette ne l’était pas. Ainsi, ce speed-dating allait sans doute se terminer rapidement. Du moins, c’est ce que Vi’ pensait. Mais elle remarqua bien rapidement que Mr le Maire n’en n’avait pas fini avec les questions. Voilà maintenant qu’il commençait à poser des questions sans prendre de carte.

« Monsieur Norbert, pourriez-vous expliquer à votre…maître ? patron ? amant ? ou je ne sais quoi, les règles du speed-dating. »

Violette pointa son doigt sur le tas de carte.

« Toutes les questions doivent venir de ces cartes. »

Et ce n’était qu’à ce moment-là que les questions d’Hadès raisonnèrent dans la tête de Violette. Autant la première semblait totalement innocente. Autant toutes les autres étaient dégoutantes. Le front plissée, les yeux ronds, Violette montrait sa surprise générale, mélangé à de l’incompréhension.

« Pardon ?????! »

Pourquoi posait-il toutes ces questions ? Violette ne comprenait vraiment pas. Mais elle n’aimait pas du tout la tournure que cette rencontre avec le Maire prenait.

« Vous me prenez pour qui ? Une pédophile ? Pourquoi ces questions chelou. Vous êtes vraiment un taré ! »

Elle venait de l’insulter. Mais là, c’était plus fort qu’elle. Il avait réussi à la faire sortir d’elle. Et le coup de massue vint lorsqu’il commença à évoquer de l’argent.

« Mais je veux pas de votre argent ! Et je vois même pas pourquoi vous m’en proposez. Qu’est-ce que vous me voulez ?! »

Désormais, c’était une certitude. S’il était là, ce n’était pas pour le speed-dating. Il était déjà marié donc il n’avait rien à faire là. Alors pourquoi était-il venu ? Pour voir Violette ? Mais pourquoi ? Ou alors il venait pour Norbert ? Violette plissa les yeux, énervée, fâchée par tout ce qui se passait, par ces questions totalement débiles.

« Vous n’êtes pas là pour le speed-dating… »

Violette avait à peine écouté la question et vu de quoi elle traitait, elle n’y répondrait pas. Alors autant connaître les vraies raisons de sa venue ici.

« Norbert est célibataire ? C’est pour lui trouver une copine que vous êtes là ? Et comme il ne sait pas lire, vous l’aidez ? C’est ça ?! »

C’était tiré par les cheveux, mais Violette ne voyait rien d’autre. Alors lorsqu’elle prit une nouvelle carte dans la pioche, Violette décida de l’adresser directement à Norbert, le minotaure.

« Quel est ton centre d’intérêt dans la vie ? »

A part Hadès évidemment….puisqu’à première vue, ils semblaient très proches tous les deux.

Tout ceci n’était donc qu’une mascarade ? Tout devenait plus logique, plus clair. Il y avait forcément une raison pour que le Maire, qui avait déjà une femme, soit présent à un speed-dating. Et la raison était Violette ? La brune était déconcertée. Notamment lorsqu’il lui indiqua qu’elle était embauchée.

« Embauchée ? A quoi ? »

Depuis quand les entretiens d’embauche se faisait en soum-soum, dans un speed-dating sans même savoir quel était le job en question. Qui plus est, Violette en avait déjà un. Elle était policière. Certes, elle hésitait à mettre sa formation en pause, surtout depuis que cette Blanche avait réussi à se faire la malle alors que c’était Violette qui avait réussi à l’arrêter après l’avoir vu commettre un crime odieux : un meurtre ! Mais est-ce qu’elle le ferait vraiment ? Ça c’était une autre histoire.

Hadès continua à jouer le jeu du speed-dating. Mais Violette n’en avait plus envie. Son étonnante embauche l’intriguait plus que de savoir de qui était amoureux Norbert. Mais il devait forcément s’agir d’une déesse puisqu’Hadès avait évoqué sa sœur. Mais laquelle ? Il en avait tellement. Enfin qu’importe. Ce n’était pas le plus important.

Arquant un sourcil, Violette voulu rétorquer face à sa remarque sur le retard et le salaire en moins. Justement. Quel était le salaire ? Ce fut malheureusement une question qu’elle n’eut pas le temps de poser puisqu’Hadès fit apparaître deux contrats. Un pour lui et un pour Violette. La jeune femme prit le sien puis l’examina minutieusement. Elle voulait les réponses à ses questions. Mais ce qu’il disait sur les contrats fit perdre le fil de la lecture de Violette, qui releva brusquement la tête en fronçant les sourcils.

« Sérieusement ? Vous trouvez pas que vous exploitez un peu trop votre minotaure !? »

Le pauvre. Et tout ça, sans doute parce qu’il n’y avait pas de droit de travail chez ces pauvres créatures. Du moins, c’était ce que pensait Violette. N’écoutant pas forcément la réponse d’Hadès à sa précédente question, Violette repartit dans sa lecture….qui s’arrêta de nouveau rapidement lorsqu’il lui fit un petit rappel des tâches.

« La Mairie de Storybrooke a un facebook ? Depuis quand ? Enfin qu’importe. Avant de signer…c’est quoi le salaire ? »

Car évidemment, elle n’avait pas faire tout le sale boulot d’Hadès pour des clopinettes. De toute façon, elle savait qu’elle renégocierait. Cela ne devait pas être trop compliqué d’obtenir une augmentation de la part de ce Dieu-là. Il était tellement loufoque. Violette décida alors, sans vraiment savoir le salaire, de signer les deux contrats. De toute façon, sa formation en tant que policière ne se passait pas sans encombre. Elle était sans doute encore trop jeune. Le mandat d’Hadès lui laissait environ un an pour gagner en maturité et revenir plus forte dans la police, terminer sa formation et rendre fier Chris.

Puis soudain…malaise. Violette ne se sentait pas très bien. Elle avait mal au ventre. Elle se mordit la lèvre inférieure, tentant de garder bonne figure devant son nouveau patron.

« Euh…et bien…maintenant que vous êtes parvenu au but, je pense qu’on peut partir chacun de notre côté. Lundi, 8H. Je serais là ! »

La brune ne se fit pas plus attendre. Elle quitta brusquement sa chaise, prenant ses affaires. Et se rendant invisible, elle partit incognito dans les toilettes du bar. La délivrance fut totale. Mais Violette n’avait pas pris le temps de faire attention à la quantité de papier toilette. MALHEUR ! Il n’y avait plus une seule feuille. Sauf qu’il était trop tard. Trop tard pour changer de cabine. Crier aurait pu être une solution mais c’était bien trop la honte. Alors le regard de Violette se posa sur le contrat d’Hadès. Elle n’avait pas le choix. Fermant les yeux, Violette s’en voulait d’agir ainsi. Mais il fallait avouer que le contrat d’Hadès était un bon essuie-tout et qu'il était très bien dans la poubelle des toilettes. Lundi 8H, elle irait faire une photocopie couleur du contrat qu’Hadès détenait. C’était un passage obligé !