« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)
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Frank trottinait devant moi d'une démarche guillerette et frétillante.
"Je suis trop de bon poil, aujourd'hui !" annonça-t-il pour la troisième fois de la journée.
C'était le problème avec lui : quand il avait la pêche -ce qui arrivait souvent- il se répétait. Beaucoup. Heureusement, ça ne me dérangeait pas spécialement. Une forte dose de bonne humeur atténuait mes propres maux, me faisait oublier la douleur. Parfois. Ce jour-là, j'avais la chance que mes migraines me laissent tranquille. J'avais décidé de faire une longue promenade avec l'intention de croiser Apollon 'par hasard' sur le trajet. Après tout, je n'y pouvais rien s'il faisait souvent son footing près de chez moi. J'avais fini par penser que ce n'était pas une coïncidence : il voulait me voir.
Soudain, Frank aboya en reconnaissant deux silhouettes au bout du trottoir. Sans surprise, le dieu des arts et sa chienne couraient à un rythme régulier quelques mètres plus loin, dans notre direction.
"Luna est là !" s'enthousiasma le carlin en sautillant sur place. "Je suis comment ?"
Il leva la tête vers moi et montra toutes ses dents, mélange de chicots jaunes et noirs. Malgré tous les bains de bouche qu'il faisait, il avait toujours une dentition aussi déplorable. Les cigares Magrathéens faisaient des ravages. C'était l'une des raisons pour lesquelles je n'en fumais jamais, préférant les cigarettes terriennes de temps à autre, mais mon chien était trop accro pour arrêter.
"Magnifique." assurai-je, car malgré ses petits défauts physiques, il restait mon toutou et je l'adorais.
Le 'sourire' de Frank s'agrandit et il se lécha les babines.
"Heureusement que j'ai mis ma plus belle chemise. Elle va défaillir, ce coup-ci." dit-il d'une voix rauque.
Effectivement, juste avant de sortir, il avait passé près de trente minutes à choisir une tenue parmi la quantité de petits vêtements qu'il possédait. Considérant qu'il ne pouvait pas porter son costume d'agent secret pour faire un footing, il avait opté pour une chemise orange aux motifs hawaïens. Les couleurs flashy étaient la grande mode à Magrathéa, ces temps-ci.
Il courut presque sur le dernier mètre avant de japper joyeusement devant le labrador, sur un ton de crooner : "Be-bop-a-Luna she's my baby Be-bop-a-Luna I don't mean maybe Be-bop-a-Luna she's my baby Be-bop-a-Luna I don't mean maybe Be-bop-a-Luna she's my baby doll My baby doll, my baby doll !"
Je m'arrêtai devant Apollon et lui fis les bises.
"Je n'ai préparé aucune chanson en ton honneur, contrairement à mon chien." plaisantai-je dans un sourire.
En revanche, j'avais enfilé une petite robe blanche aux courtes manches en dentelle, élégante et printanière, pas du tout adaptée à un footing. Elle faisait passer un message : faisons autre chose, aujourd'hui.
"Frank expose à Olympe." annonçai-je en plaçant les mains dans mon dos.
J'ignorais si Apollon était au courant. En tant que Gardien, ça aurait dû être le cas, mais je me doutais que ses soucis ne lui laissaient guère de temps pour s'informer des activités au sein de son "entreprise".
"Oh, c'est juste des gribouillis sans prétention." intervint Frank avec un air bonhomme. "J'ai juste besoin de la patte d'un expert pour estimer mes toiles !"
Il était toujours aussi obnubilé par Luna, allant même jusqu'à... renifler son arrière train de temps à autre. Je battis des cils et fis comme si je n'avais rien remarqué, me concentrant sur Apollon.
"Basile m'a aidée à les porter à Olympe." précisai-je. "C'est un garde très méritant."
Une minute plus tard, nous étions au domaine des dieux. Je m'y étais rendue que très rarement et à chaque fois, je mettais un point d'honneur à ne pas paraître trop impressionnée, mais cette fois-ci, je ne manquais pas d'écarquiller les yeux et de former un 'o' avec ma bouche, afin de flatter l'ego du Gardien. Après tout, nous étions chez lui, en quelque sorte. Nous marchions dans un vaste couloir aux murs immaculés.
"Il expose par ici, c'est..."
Je stoppai net en remarquant une jeune fille à la peau noire et aux cheveux volumineux, avachie sur le sol, contre une porte fermée. Si je ne me trompais pas, il s'agissait de celle menant à la chambre d'Apollon (je m'étais renseignée auprès de Basile sur la logistique de l'endroit, c'est toujours utile de connaître le plus d'informations possibles). En revanche, je ne connaissais pas la fille. Restant assise par terre, elle renversa la tête en arrière en nous entendant approcher, et lança à Apollon sans un bonjour :
"Je suis venue récupérer mon poulet."
Depuis combien de temps attendait-elle ? Etant donné son allure peu reluisante, elle donnait l'impression d'avoir fait le pied de grue toute la nuit. Peut-être même la journée de la veille. Je la détaillai rapidement : traits tirés, paupières lourdes, yeux minuscules, cernes épaisses. Toxico. Ou insomniaque. Probablement les deux. Une lueur d'agacement passa dans mon regard mais se volatilisa très vite. Je n'aimais pas ne pas savoir qui était la personne en face de moi. Tout connaître de quelqu'un, c'est avoir un certain pouvoir sur lui.
Malgré tout, j'affichai un sourire charmant et déclarai à Apollon :
"On peut vous laisser, si tu préfères. On t'attend juste là."
J'indiquai un petit espace agrémenté de poufs et de sofas et Frank jappa pour montrer son enthousiasme.
"Luna est la bienvenue, si elle veut." précisa-t-il d'un ton roucoulant.
"Y a pas de malaise." intervint la fille hirsute d'un ton mou. "Je veux juste mon poulet et je me barre."
Décidément, elle était vraiment étrange. Travaillait-elle aux cuisines d'Olympe ? Pourquoi cette fixation sur un poulet en particulier ? Et pourquoi le réclamer près des appartements privés des dieux ? Je ne la comprenais pas. Et tout ce que je ne comprenais pas, je m'en méfiais, car c'était rarissime. Mon cerveau tournait à plein régime afin de mettre un terme à cette énigme qui retardait mes projets avec Apollon.
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... et bien pour l'instant, ils ont un petit problème de catégorie "volaille".
"Hein ?" articula simplement le Gardien dans un premier temps, en clignant des yeux en pleine incompréhension, tandis que son regard se balada de Vaiana à Eurus, avant de s'arrêter sur Luna qui trottinait plus loin dans le couloir, suivie de près par Frank.
Il éprouvait dernièrement quelques difficultés à se concentrer, du moins lorsqu'il n'était pas obnubilé par les histoires et les projets divins qu'ils devaient essayer de déchiffrer et mettre en place tant bien que mal. Reprendre des activités sportives régulières avait été un moyen pour lui de s'aérer l'esprit sans pour autant se laisser aller. C'est ce qu'il prétendait en tout cas quand les gardes s'interrogeaient sur ce regain d'énergie après qu'il ait passé des semaines à simplement se goinfrer en se promenant à Olympe sans prêter attention à qui que ce soit. En vérité, ça lui permettait de mettre en avant son physique que certains s'étaient bien trop amusés à remettre en question ces dernières années, comme si il espérait que travailler ses abdos et chacun des autres de ses muscles attirerait l'attention... c'était le cas. En tout cas, ses sorties footings lui avaient bel et bien permit de recroiser le chemin de "Victoria" à de nombreuses reprises récemment. Il appréciait ce genre de rencontres fortuites, totalement dues au hasard, comme un signe du destin...
"Est-ce qu'il est castré ?" interrogea-t-il avec un froncement de sourcils tout en dévisageant toujours le chien alien. "C'est pas que je le trouve pas assez bien pour ma petite, mais c'est juste que je sais pas ce que ça pourrait donner comme hybrides si ils s'accouplaient quoi..."
Il attendit pendant de longues secondes une réponse, avant de se redresser vivement et de se racler la gorge en réalisant que ce sujet de conversation pouvait très bien être remit à plus tard. D'abord, le poulet. Ensuite l'expo. Après on parlerait stérilisation.
"Pardon, je divague." se reprit-il en esquissant son plus grand sourire qui ferait que personne ne lui reprocherait sa distraction.
Après tout, Vaiana était venue jusqu'ici. Il devrait plutôt être content, même si ce n'était pas pour lui mais pour son animal de compagnie, qu'elle avait d'ailleurs laissé tomber mais ce n'était qu'un détail... Cette réflexion lui fit pencher légèrement la tête en avant en direction de la jeune femme aux cheveux incroyablement beaux et bouclés.
"Est-ce que tu le mérites, ce poulet ?" questionna la divinité en adoptant un faux air de jugement tout en ne cessant de sourire en coin. "Je veux pas dire mais je m'en occupe super bien depuis un moment. Je le loge, je le nourris, je lui offre plein de cailloux sur lesquels il peut taper et je le tiens à l'écart de la plage pour pas qu'il se noie... Il a plein de copains aussi, avec les gardes qui le promènent, et puis je l'aime bien et... Il serait peut-être triste de s'en aller, tu vois ? Il s'est habitué..."
Au fur et à mesure de ce discours, le regard d'Apollon perdait de son amusement pour prendre une lueur plus triste. Est-ce qu'il ne parlait pas plutôt de lui, là ? Bien évidemment que si ! Il allait devoir laisser partir son meilleur ami ! Et il savait que c'était juste, que c'était ainsi que les choses devaient se passer. Même si Hei Hei n'appartenait en réalité à personne, il était libre de ces choix, mais il avait une cervelle trop petite pour vraiment s'en rendre compte. Alors le Gardien soupira et secoua la tête, avant de se pincer les lèvres.
"Ou peut-être que je mens..." hésita-t-il à prononcer dans un marmonnement difficilement compréhensible, ses yeux se baissant en direction de ses pieds. "Peut-être que c'est la crise alimentaire sur Olympe et qu'il commençait à être un peu intenable... Et que... Peut-être que je l'ai offert à Tony..."
C'était difficile. Très difficile, de sortir ces mots de sa bouche. Mais il n'arrivait pas à les contrôler, ce n'était pas de sa faute si il était perturbé ! Il avait conscience, tout au fond de lui, que c'était une blague de mauvais goût. Et il n'était pas sûre de vouloir vraiment faire de l'humour, en réalité. Peut-être qu'il voulait juste... qu'elle pense Hei Hei mort pour qu'il puisse rester à ses côtés ?
Espèce d'égoïste, s'insulta-t-il lui-même en se mordant l'intérieur de la joue, tout en gardant son air morose et peiné sans oser regarder Vaiana, et encore moins Eurus qui allait forcément le juger pour tout ça.
"On peut toujours... aller voir s'il n'est pas trop tard ?" tenta-t-il maladroitement de se rattraper, conscient que son sentiment de solitude et que toute la pression qu'il avait ressenti ces derniers temps était en train de le rendre dingue.
Il n'attendit pas de réponse, attrapant d'abord la main d'Eurus dans la sienne et posant l'autre sur le bras de Vava pour les faire apparaître dans les cuisines de la cité. Elles étaient plus animées qu'il ne l'aurait imaginé, sans doute parce que c'était l'heure du repas ou du goûter. Il perdait la notion du Temps dernièrement. Et il avait envie de prendre une douche.
"Tony !" héla-t-il plus ou moins joyeusement en culpabilisant de plus en plus de seconde en seconde, relâchant Vaiana pour faire des signes de la main au chef qui portait sa toque tout en faisant tourner une cuillère en bois dans une grosse marmite. "Ca vaaaa ?"
Il était tellement con. Tellement, tellement, tellement con...
"On cherche un petit poulet de cette taille-là à peu près." enchaîna-t-il sans prendre la peine de respirer entre chaque mot. "Un peu bête mais mignon. Pas très gras. Tu sais celui qui crie comme une fillette un peu comme moi des fois ?"
Ok, ce détail n'était pas utile. Apo secoua la tête en soupirant, regrettant à cet instant d'être gigantesque par rapport à ceux qui se trouvaient autour de lui, parce qu'il aurait aimé se faire tout minuscule pour se cacher dans un coin avec sa honte.
"Oh. Je crois que je l'ai vu." répondit le cuistot, ce qui lui fit relever la tête et un sourcil curieux. "C'est pas celui-là ?"
La gorge du dieu se noua quand Tony lui indiqua l'intérieur de son immense casserole, un sourire fier et heureux sur le visage. Il poussa une sorte de gargouillement se rapprochant du cri étranglé tandis que son expression était horrifiée et soudainement paniquée.
"C'est pas... Non... C'est pas... C'est pas ce que tu crois !!!" s'exclama-t-il en se retournant, affolé, en direction de Vaiana tandis qu'il secouait ses paumes devant lui. "JE LE JURE !!!"
Ca y'est. Il s'était mit dans un sacré pétrin. Forcément, avec ce mensonge qu'il avait voulu mettre en place, c'était évident que ça allait se retourner contre lui comme rien ne se passait JAMAIS comme il le voulait dernièrement !
Il se prit la tête entre ses mains, s'approchant vivement du chef pour enlever la casserole du feu d'un geste sec et rapide, son regard à présent humide se posant sur le poulet qui était en train de mariner à l'intérieur, déjà bien... cuit.
"Hei Hei..." murmura-t-il en sentant une larme coulée contre sa joue sans qu'il ne puisse l'arrêter. "C'est pas possible... Pourquoi ?"
Oui. Il était pitoyable. Il s'accrochait à la marmite comme si il s'agissait d'un berceau qu'il fallait manier avec précaution et délicatesse, sans prendre en compte le jugement dans le regard de Vava ou la perplexité qu'aurait pu avoir celui d'Eurus. De toute façon, il s'était déjà ridiculisé de trop de manières possibles pour que sa fierté souffre de cette nouvelle démonstration.
"Pourquoi toi aussi tu m'abandonnes... Je t'aimais tellement..." poursuivit-t-il, prêt à enchaîner cette déclaration digne d'un enterrement.
Sans même remarquer que dans son dos, sur une étagère en inox étincelante (parce qu'on utilise un très bon produit à récurer sur Olympe, pour que ça brille tout le temps), un petit être les observait de sa hauteur... et était sur le point de tomber, d'ailleurs, mais ça n'avait rien d'étonnant venant de lui.
Eurus J. Holmes
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"Ce nouveau design, c'est juste pour moi ?"
"Ne faites pas comme si vous n'aviez pas envie de regarder..."
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La situation échappait à tout contrôle. A force de côtoyer Apollon, j'avais compris qu'il était dans une mauvaise passe, mais je n'avais pas réalisé l'ampleur du désastre avant cet instant. Le voir se lamenter devant une casserole dans laquelle un poulet terminait de cuire avait quelque chose d'inquiétant.
"Je ne savais pas que tu étais un fervent défenseur de la... volaille." déclarai-je, déstabilisée.
En tant que vegan pure et dure, je trouvai son approche touchante, même si je n'avais jamais été au point de pleurer à chaudes larmes face à la carcasse d'un poulet fumant. J'avais des principes mais savais rester digne. Visiblement, le Gardien d'Olympe se moquait de ce qu'on pouvait penser de lui. Au début, j'avais cru qu'il faisait un sketch, mais plus les minutes passaient, plus la scène prenait un ton sérieux.
La jeune femme aux cheveux hirsutes semblait sur le point de l'étrangler. Quant au cuisinier, il nous observait, indécis.
Soudain, je remarquai un coq sec et maigre bien vivant, perché sur l'étagère juste derrière Apollon et la fille. Ses yeux globuleux s'agitaient en tous sens. Il poussa un piaillement avant de tomber tête la première, droit dans une cocotte d'eau bouillonnante.
La fille brune le rattrapa de justesse dans un réflexe qui laissait présager qu'elle n'en était pas à son premier essai.
"Hei Hei !" s'écria-t-elle en le serrant contre elle.
Je louchai sur cette étreinte. Les oiseaux n'étaient-ils pas porteurs de toutes sortes de maladies ? A en juger par l'allure générale de la demoiselle, elle n'en avait plus pour très longtemps à vivre, de toutes façons.
"Brwa !" piailla le poulet.
Après quoi, il fut parcouru de spasmes et commença à picorer les cheveux de la jeune femme.
"Il est sûrement atteint de botulisme." estimai-je tout en l'observant.
Elle leva les yeux vers moi, l'air méfiant.
"Pour l'instant, il tremble. Si vous ne faites rien, le tremblement se transformera en paralysie totale, ce qui inclut la respiration. Il mourra en quelques heures."
"BRWRA ?" s'étrangla Hei Hei, affolé.
Afin de le calmer, la fille cacha la tête du poulet dans la poche ventrale de son sweat. Il fit des moulinets avec ses pattes et s'y glissa totalement.
"Ca va pas de raconter des trucs pareils ?" lança-t-elle en marchant vers moi, l'air mauvais.
"Emmenez-le chez le vétérinaire." répliquai-je en haussant les épaules. "La solution est simple."
"Ou alors, on le cuisine." proposa le blond derrière les fourneaux.
A cet instant, le regard sombre de la brune devint carrément revolver.
"Il a toujours été comme ça !" le défendit-elle farouchement. "Depuis que je suis toute petite !"
Je fronçai les sourcils.
"Les poules ne vivent pas aussi longtemps."
"Vous êtes spécialiste en volaille ou quoi ?" s'écria-t-elle, perdant patience.
"Pas du tout, mais je m'intéresse à toutes sortes de choses." répondis-je avec un sourire méprisant.
La brune plissa des yeux puis les leva vers Apollon.
"Je te remercie pas de ne pas t'être occupé de lui." fit-elle en désignant la poche de son sweat qui remuait. "Les gardes qui le promènent, mon oeil ! Si on était arrivé une minute plus tard, il finissait en pot-au-feu !"
Elle quitta les cuisines comme une furie, les mains plaquées sur sa poche agitée comme une femme enceinte d'un alien. Je déglutis. C'était difficile de garder contenance après un tel interlude. Surtout qu'Apollon semblait toujours particulièrement accablé et chamboulé. Etait-ce la perte du coq qui le plongeait dans un tel état ? C'était bien la première fois qu'en dépit de mes observations, j'étais incapable de rebondir sur les récents évènements. Devais-je le consoler ? Le rassurer ? Bon sang, c'était juste un poulet ! Qui plus est, particulièrement bizarre et maladif. Pourquoi s'attacher à un tel animal ? Cette scène avait au moins eu le mérite de me faire prendre conscience que j'étais une vegan sans beaucoup d'états d'âme. En somme, rien d'étonnant avec le reste de ma personnalité.
Je réfléchis quelques secondes encore avant de poser une main sur son bras.
"Va la rejoindre." lui conseillai-je en arborant une expression compatissante. "J'ai l'impression que vous devez avoir une conversation à propos de... Hei Hei. Son départ te plonge dans l'affliction. Même si cet animal était à elle au début -du moins, c'est ce que j'ai cru comprendre- elle n'a aucun droit sur lui si elle l'a abandonné. Devant un tribunal, ses arguments n'auraient aucun poids."
Etait-ce la bonne chose à faire ? Cela allait-il lui rendre le sourire de s'occuper de cet espèce de grand coton-tige à plumes ?
"Je reste en cuisine avec monsieur en attendant." ajoutai-je en adressant un sourire sympathique au cuisinier, qui me le rendit.
Jolie, patiente, compréhensive. J'avais toutes les qualités requises de la parfaite petite amie. Je savais qu'il finirait par s'en rendre compte. Je n'étais pas pressée. D'ailleurs, si ça se trouvait, il n'allait même pas quitter la pièce. J'étais persuadée qu'il allait faire le bon choix.
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... et bien pour l'instant, ils ont un petit problème de type volaille.
Il n'aimait pas ça. Ressentir ce poids lourd et dérangeant dans la poitrine qui semblait le ratatiner même si, d'apparence, il surplombait toujours tout le monde sa hauteur. Ses sourcils s'étaient froncés dans une expression d'abattement alors que son regard avait suivi Vaiana sans ciller lorsqu'elle s'était enfuie des cuisines en compagnie du poulet. Si la divinité était soulagée au plus haut point maintenant qu'il avait vu Hei Hei bien en vie et qu'il savait qu'il n'était pas le poulet mort (devant lequel il s'était lamenté et ridiculisé, en plus), il n'en culpabilisait pas moins pour autant. Est-ce qu'il avait vraiment été si mauvais que ça dans la garde de son ami ? Il se rappelait des soirées au coin du feu qu'ils avaient passé ensemble, récemment, pendant lesquelles le Gardien avait raconté toute sa vie à cet animal dont la sensibilité l'avait touché plus qu'il n'osait l'admettre. De leur balade à travers les couloirs de la cité, aussi, ou des portraits qu'il avait peint à son effigie. Est-ce qu'il était en train de devenir fou ? ... C'était une probabilité.
Se mordant l'intérieur des joues pour se retenir d'afficher quelques larmes (puisqu'il en faisait toujours des tonnes et que dernièrement il avait l'impression d'être victimes des mêmes hormones qu'une femme enceinte), il posa ses yeux sur la main de la jeune femme qui ne l'avait, elle, pas abandonné, posée sur son bras.
"Pourquoi tu es sympa avec moi ?" marmonna-t-il simplement avant de soupirer et de secouer la tête. "Hei Hei adore Vaiana. Il doit être content de l'avoir retrouvé, puis je n'ai pas le droit de me l'approprier ! En plus... elle a raison... je fais n'importe quoi en ce moment."
Il esquissa un bref sourire plein de dérision qui s'effaça rapidement en une grimace, tandis qu'une de ses mains passait dans ses cheveux pour les ébouriffer. De l'autre toujours libre, il attrapa celle d'Eurus et lui offrit cette fois un grand sourire éclatant, même si ses iris bleutées laissaient encore et toujours transparaître une tristesse que lui même ne comprenait pas totalement.
"Alors je ne vais pas continuer sur cette lancée en te laissant tomber toi aussi !" enchaîna-t-il en se redressant légèrement pour se donner contenance. "Je t'ai pas emmené à Olympe pour te laisser à la merci des gardes et de Tony. C'est sûr il va te draguer en plus, j'ai entendu plein d'histoires cheloues sur lui... Comme quoi il se sent seul ici tout ça... Ouais fais pas l'innocent toi, je sais que t'as voulu conclure avec Nono et que si t'as pas tenté avec Eulalie c'est juste parce qu'elle te fait trop flipper !"
Il pointa un doigt accusateur sur le cuisiner, dont les yeux s'étaient exorbités tandis que son expression témoignait de toute son incompréhension face à ses accusations sorties de nulle part. Décidant de l'ignorer maintenant qu'il était en train de parvenir à faire meilleure figure (du moint de son point de vue), Apollon entraîna la Holmes à sa suite sans la lâcher pour s'extirper de cette pièce.
"Oublie pas de préparer des macarons pour le goûter quand même, s'il te plaît !" lança-t-il de façon plus détendue en direction du cuistot.
Comme quoi, peu importe la situation, le Gardien ne perdait pas un certain sens des priorités - et de la politesse. Il était de toute façon préférable qu'il tente, autant que possible, de faire abstraction de sa culpabilité et de son incapacité à gérer n'importe quelle situation ces derniers temps. Peut-être qu'il en attendait trop de lui-même et que cette façon d'être, cette envie constante de faire bien les choses pour compenser l'échec total qu'était sa vie personnelle à ses yeux, le menait à se dénigrer plus que de raison depuis plusieurs longues semaines. En y réfléchissant, passer la journée avec Eurus ne pouvait pas lui faire de mal, loin de là. Il se rappelait précisément leur première rencontre, la journée qu'ils avaient passé, cet amusement qu'il avait ressenti, cette bouffée d'air frais et de liberté qu'elle avait représenté. Même si elle avait été parsemée d'inventions concernant qui ils étaient, de fourberie et de fiction, la sincérité avec laquelle il s'était plongé dans ce jeu et le naturel que Victoria avait dégagé dans toute son imagination et ses illusions était délicat et touchant. Oui, elle se dissimulait, et il ne doutait pas du fait qu'il en savait encore très peu si la véritable Eurus Holmes. Mais contrairement à sa famille où régnait tromperies et mensonges qui fracturait la confiance, il considérait que la jeune femme faisait de son usage un Art. Et en tant que dieu dans le domaine, il ne pouvait que l'admirer.
"Pardon pour le petit désagrément avec Hei Hei." enchaîna-t-il avec une mine légèrement penaude en osant un coup d'oeil dans sa direction, tandis qu'ils avançaient doucement le long d'une allée d'Olympe.
Il n'avait pas eu envie de les téléporter à nouveau, conscient que des déplacements de cette sorte pouvaient être éprouvants pour les humains. Sans compter que, inexplicablement, il avait ce sentiment de fragilité aux côtés de cette femme, sans savoir si cela venait d'elle ou si sa présence faisait simplement ressortir la sienne.
"J'aurai préféré que ça se passe autrement, du genre te faire une visite guidée du coin en bonne et due forme comme je l'ai jamais fais, ou qu'on aille à la galerie avant de se rendre à l'expo de Frank comme je sais que t'as bons goûts en matière d'oeuvres, t'aurai pu me donner ton avis tout ça..." enchaîna-t-il avec toute la maladresse dont il était capable, incertain quand à la manière dont il devait agir.
Actuellement, il n'y avait qu'avec ses frères et soeurs les plus proches qu'il parvenait à ne pas trop réfléchir sur la façon dont il devait être et paraître. Il était plus distant et autoritaire avec les gardes, quand il n'était pas juste complètement laxiste tellement il peinait à trouver un équilibre. Et il ne se rendait plus vraiment à Storybrooke pour rencontrer les humains avec qui il avait pu se lier. Toutes ses habitudes étaient bousculées et il savait qu'elle l'avait déjà perçu, même si elle ne le lui avait pas clairement fait remarquer.
"Mon mariage a été annulé." prononça-t-il alors sans prendre davantage de pincettes.
Il en lâcha même un soupir soulagé, comme si faire à voix haute cet aveu toujours difficile à admettre le libérait d'une sorte de poids. Depuis qu'il avait tout admit face à Artémis, la seule avec qui il parvenait à ne rien dissimuler, tout le monde le jugeait différemment puisque la nouvelle s'était répandue. Mais il n'en parlait pas. Il ne préférait pas. Sauf... cette fois.
"Je sais pas pourquoi je te le dis." se justifia-t-il en secouant sa tête, avant d'afficher un sourire aussi convaincant que possible. "De toute manière ça faisait longtemps qu'il était prévu et jamais on a trouvé le Temps, donc je suppose j'aurai dû le voir venir ! Et puis ça a jamais été mon truc les grandes célébrations, les fêtes, les gâteaux... Non je suis en train de mentir. Mais c'est trop de pression. Suffit de voir ce que ça a été pour Héra. Le mariage c'est le mal."
Il s'enfonçait totalement et, fort heureusement, de l'agitation au détour du couloir leur indiquait qu'il se rapprochait de l'exposition du chien, tout comme la présence de Luna et de Frank à proximité. Ce dernier tournait toujours de manière un peu trop insistante autour de la golden qui restait totalement indifférente aux avances. Après tout, tel maître tel chien, Luna devait être dans une phase où les sentiments n'étaient pas faits pour elle.
"Promis, j'arrête de parler de ma vie maintenant, j'avais juste besoin de l'exprimer ! Sinon, vous avez invité beaucoup de gens ? Je veux dire, des gens cools ? Basile m'a rien dit sur l'événement ou alors je l'ai pas écouté pour pas changer..." admit-il, les yeux plissés en tentant de se remémorer une possible conversation avec le garde à ce sujet. "Je devrais me changer non ?"
Il avait fait cette observation en baissant les yeux vers sa tenue de sport négligée - bien qu'il ne l'était jamais vraiment - l'air soudainement affolé. Il était loin d'être présentable pour un Gardien ! Réalisant qu'il tenait toujours la main d'Eurus dans la sienne, il la relâcha pour passer ses paumes contre son débardeur.
"Et toi aussi ! T'es la pièce maîtresse de l'expo petit, faut que tu fasses une impression de dingue, le motif à fleurs c'est pas le top !" indiqua-t-il à Frank dont il n'avait pas noté l'exentricité de la chemise jusqu'ici. "De toute façon, la règle première dans les expos artistiques c'est de pas être à l'heure, faut savoir se faire désirer. Je t'emmène avec moi dans ma chambre, on va se mettre sur notre 31, on va arriver avec une heure de retard et tout le monde nous adulera."
C'était un fait : être en retard, ça faisait monter l'impatience des gens et si au début ils seraient tous agacés, à la fin, personne ne le leur reprocherait. En plus, le dieu avait besoin d'une douche, froide, si ce n'est gelé, pour se remettre de ses émotions et aussi pour faire ressortir sa musculature avant d'enfiler sa plus belle chemise blanche. Il était déjà une épave à l'intérieur, hors de question de se laisser aller de l'extérieur.
"Hum... Tu peux attendre là, si tu veux, ou venir, c'est comme tu le sens..." lança-t-il avec hésitation en direction d'Eurus.
L'inviter dans sa suite, même si c'était simplement pour relooker en toute amitié son chien, était peut-être déplacé. Il n'avait plus aucune idée de ce qui était socialement ou non acceptable en compagnie de la gente féminine. Avant, il ne se posait pas la question, il y avait Cassandre et... il y avait toujours Cassandre. Il souhaitait juste ne blesser personne davantage qu'il l'avait déjà fait.