« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)
A la base, il n’était pas censé rester longtemps. Il avait accepté de sortir avec Chloé parce que celle-ci l’avait harcelé de messages, sur les bons conseils d’Emile, qui lui-même n’avait eue de cesse de lui dire de sortir se changer les idées. Depuis que Joanne avait disparu sans laisser d’autres traces qu’un papier sur lequel était tracé ‘adieu’ à l’encre d’or, Rémi avait eu tendance à se renfermé, et cela ne plaisait pas beaucoup à son frère, qui ne savait pas comment le sortir de sa morosité -hormis en emménageant chez lui, chose qu’il fit dès le lendemain, et dont Rémi ne s’était toujours pas remit. Vivre avec Emile était une chose des plus éprouvante, même si il devait bien avouer que son appartement avait reprit des couleurs. Des pailles ornées de cactus en plastiques ou des flamants roses trônaient dans la cuisine, sa vaisselle en porcelaine avait été remisé à la cave et remplacé par des assiettes aux motifs colorés et étranges, une tireuse à bière électrique avait élue domicile sur son comptoir, et des gels douches à l’odeur plus qu’exotiques avaient remplacés son traditionnel savon de Marseille. Le plus flagrant demeurant malgré tout le pile haute comme son bras de comics qui se trouvait désormais dans les toilettes, accompagnée d’un panier de basket fixé sur la porte.
Or, Emile s’était mit en tête de comploter avec les amis de Rémi pour le forcer à sortir de sa bulle ‘post rupture’, dans laquelle pourtant il ne demandait rien à personne ! En bon français, il était à l’écoute -voir au service- de ses émotions, et le spleen typiquement Baudelairien lui allait fort bien ! Cependant, lorsque Alfredo, Colette, Chloé et même Amy, s’étaient soudain tous mit à lui proposé de sortir le soir, d’aller au cinéma, d’aller au yoga avec lui ou encore de venir squatter chez lui pour ‘faire la teuf avec des pizzas’, Rémi s’était assez rapidement rendu compte que son frère était derrière tout ça, et aussi qu’il inquiétait son entourage. Aussitôt, il culpabilisa, penaud d’avoir pu se laisser aller à la tristesse, et si il accepta le cinéma avec Alfredo -et qu’il se fit à nouveau avoir comme une bille puisqu’il l’embarqua pour voir un enième film d’horreur- et la soirée œnologie avec Colette et Queenie, il refusa tout net la soirée prévu chez lui -déjà parce que son appartement ne faisait que 40m², et aussi parce qu’il refusait catégoriquement de manger des pizzas surgelés dans sa maison. Il était peut-être légèrement moins attentif, mais tout de même !
Aussi finit-il par céder à l’insistance grandissante de Chloé, qui l’embarqua pour le Riff Off automnal, et où il fut accueilli par ses paires, qui lui firent un accueil touchant. Il ne s’était pas vraiment rendu compte qu’ils lui avaient manqués jusqu’alors, ayant oublié le Riff Off de la rentrée scolaire, mais il fut réellement content de les revoir, bien qu’il lui expliqua qu’il ne chanterait pas cette fois-ci, prétextant un début de rhume. Chloé lui fit les gros yeux, mais il s’éclipsa rapidement en compagnie de John et Alison, tout deux restaurateurs, et avec qui il parla travail et augmentation des prix de la nourriture pendant un moment, et buvant plusieurs verres sans s’en rendre compte. Or, si il était bien une chose que Rémi devait surveiller, c’était sa consommation d’alcool. Car en moins de temps qu’il n’en fallut pour s’en rendre compte, Rémi se retrouva au milieu de la piste de danse, à se trémousser, avec Chloé, Alison et John, un fou-rire au bord des lèvres. D’ordinaire, ce genre de signes avant-coureur lui intimait d’arrêter immédiatement de boire mais…. Il en avait besoin. La morosité n’était pas fort, et son corps lui intimait de rire et de se détendre, et de danser pour oublier. Ce qu’il fit. Religieusement.
Malheureusement, cela ne dura pas, et après quelques tours de pistes, il s’éclipsa à nouveau, se dirigeant vers une chaise en prétextant de devoir reprendre son souffle. Les choses ne s’en allaient pas uniquement parce que l’on y pensait plus, et malgré lui, il eut une pensée pour son… Ex ? Pouvait-on vraiment utiliser un tel terme concernant Joanne ? C’était si compliqué. Comme si rien n’avait jamais été et pourtant, des promesses avaient été faites.. C’était tellement étrange. Et Rémi devait bien avouer qu’il n’arrivait pas encore à comprendre ce qu’il s’était passé. Mais après tout, y avait-il quoi que ce soit à comprendre…. Perdu dans ses pensées, il ne vit pas la personne qui lui fonça à demi dessus arrivé, et il sursauta malgré lui, relevant les yeux, avant de se redresser.
-Bon… Bonsoir, pardon, je euh… Si je suis l’ami de Chloé.
L’esprit légèrement imbibé d’alcool, il eut du mal à reconnaître le maître de cérémonie, qui parla un peu trop vite pour lui et qui finit par lui redonner un verre, qu’il considéra avec circonspection, avant de finalement hausser les épaules et d’en boire une gorgée. Fichtre, c’était bon !
-Oh euh… Oui ! répondit-il avec un temps de retard. La soirée c’est… C’est très sympa ! Et comment vous… Ah. fit-il, un peu platement, lorsqu’il lui expliqua connaître Amy, ce qui, de fait, rendait la connaissance de son nom un peu moins mystérieuse.
Il prit une nouvelle gorgée de son verre, refusant poliment le cigare qu’il lui offrait, avant de cligner plusieurs fois des yeux, se demandant si il avait vraiment trop bu… ou si l’ombre de Luci venait bel et bien de bouger, le contournant comme pour l’observer. Malgré lui, Rémi tourna sur lui-même, suivant le mouvement, avant de se reconcentrer sur l’humain.
-Ah, fit-il, à nouveau un peu platement. Mais du coup, elle fait quoi là ? J’ai l’impression qu’elle m’observe.
Malgré lui, il gloussa, finissant son verre cul sec.
-Eh bien c’était vachement bon ! C’était de la papaye non ? Je peux en avoir de nouveau ?
Il eut un sourire lorsqu’il répondit par la positive, se laissant totalement guider par son hôte -ou son kidnappeur. De loin, il fit un salut de la main à Chloé, qui ivre morte embrassait Beca au point de probablement l’asphyxier, le faisant sourire, glousser, puis soupirer, avant de sourire à nouveau quand un autre verre se présenta à ses yeux.
-Super ! Merci ! cria-t-il à demi, puisqu’ils s’étaient rapprochés des enceintes. Dîtes, au fait, vous faîtes quoi dans la vie vous ? Moi je suis cuisinier, si vous voulez venir au Ratatouille, dîtes que vous venez de ma part ! Vous aurez une bonne table !
Colette détestait quand Rémi allait en soirée, car ils récoltaient souvent la semaine suivante de nombreux clients affirmant avoir été invités par le chef.
E. M. Kowalski
« J'ai pas trouvé où on peut demander un rang personnalisé... ! »