« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)
Mon enfance, comme celle de tous les enfants, a été riche en découvertes. C'est bien avant l'adolescence que j'ai été confronté pour la toute première fois, à ma plus grande leçon de vie. Elle a débutée par une évidence simple. Dieu a créé les dinosaures. Ma mère m'avait appris que les dinosaures n'étaient qu'une invention des hommes et non une réalité. Mais malgrès toutes ses convictions, elle avait du se résoudre à admettre que ces grands reptiles avaient bien foulés le sol de notre belle planète. J'ai été au musée avec l'école. J'ai vue les vestiges du passé. L'explication de ce revirement de jugement par ma mère avait été simple. Dieu a enseigné beaucoup de choses aux hommes. Mais il n'avait pas jugé utile de leur parler de ses premières créations, car pour lui, on était sa plus belle réussite. Désormais, on admettait à la maison que les dinosaures avaient bel et bien existé, mais on ne pouvait pas pour autant remettre en cause les fondements même de la civilisation chrétienne et de son livre de chevet préféré.
Quelques années plus tard, un dénommé Steven Spielberg a poursuivi mon éducation dans le domaine de l'ère préhistorique, en m'inculquant que non seulement Dieu avait créé les dinosaures, mais que Dieu avait aussi détruit les dinosaures. Là où ma mère avait été en désaccord avec lui, et m'avait interdit d'aller voir le film dont il était question de ces grands reptiles, c'est qu'il avait ajouté que Dieu avait créé l'Homme, mais que l'Homme avait détruit Dieu. Il avait fait cela en créant les dinosaures et en s'élevant à un niveau divin. Ca n'avait ni plus à ma mère, ni à son commité de femmes très pieuses qui oeuvraient pour notre bien chère église. Ces dernières avaient tentés au mieux d'interdire le film dans toute la ville, mais sans réel succès. D'ailleurs, en parlant de succès, ce dernier en avait été un très grand et ce, à l'échelle planètaire. La même planète que Dieu avait lui même créé.
On était en août. Le 21 pour être plus précis. Je venais de fêter en famille mon anniversaire. Cela faisait deux mois que le film était en salle et que la plupart de mes compagnons de classe l'avaient déjà vue plusieurs fois. Je venais tout juste d'avoir 16 ans. Ca ne me permettait pas encore de pouvoir faire tout ce que je voulais. Il ne restait plus qu'une toute petite salle, dans un petit cinéma de quartier, qui diffusait le film. J'aurais bien eu envie de me rebeller et d'aller le voir, mais il me manquait ce petit quelque chose qu'avaient tous les hommes. Peut-être parce que je n'étais pas encore un homme, et que je n'avais pas cette envie de rebellion en moi, qu'éprouvaient la plupart de mes amis.
« Ne fais pas ta chochotte ! » me lança Beverly.
C'était une copine de classe. Une fille sur laquelle j'avais flashé, mais dont j'avais du mal à lui exprimer ce que je ressentais. A dire vrai, je me demandais si ce qui m'avait aidé dans la vie n'était pas que j'avais flashé sur elle, mais qu'elle avait également flashé sur moi. Par la suite, elle avait quitté la ville avec ses parents pour aller dans une école à l'autre bout du pays, à cause de son père qui était ambassadeur d'un tout autre pays que le nôtre. Notre histoire n'aurait sans doute pas menée bien loin, on avait que 16 ans, mais j'avais tout de même était triste pendant plusieurs semaines. C'était ce qui petit à petit m'avait poussé à me rebeller et à devenir l'Homme que j'étais devenu. J'avais eu besoin d'un déclencheur. Et ce déclic était arrivé ce 21 août 1977, du haut de mes 16 ans.
On était entré en douce dans ce petit cinéma, et on avait assisté à ce grand chef d'oeuvre du septième art. Ma mère n'en avait jamais rien su et fort heureusement pour moi. Car c'était ce jour là que mon éducation sur la plus grande leçon de vie qui m'avait été donné d'apprendre, s'était achevée. Je m'étais rebellé de bien plus de manières que j'avais imaginé, ce jour là. J'avais aussi appris que Dieu avait non seulement créé les dinosaures, et qu'il les avait détruit. Tout comme que Dieu avait créé l'homme, et que l'Homme avait finir par détruire Dieu en créant à son tour des dinosaures. Mais surtout... que les dinosaures avaient fini par manger l'Homme. Et qu'au final, c'était la Femme qui héritait de la Terre. C'était elle qui nous avait fait croquer dans la pomme. Qui m'avait poussé à me rebeller. C'était Beverly ce jour là qui m'avait donné la meilleure de toute les leçons de mon existence. Pour être heureux, il ne fallait pas être celui que nos parents voulaient qu'on devienne, mais celui qu'on voulait réellement être.
16 ans. C'était l'âge où j'avais grandis. L'âge où j'étais devenu un homme. 16 ans. C'était l'âge qu'avait Winie, et ça m'énervait au plus haut point. Car je ne voulais pas que l'histoire se répéte. Pas dans ce sens là. Beverly et moi, on était camarades de classe. On avait le même âge. Entre Winie et moi, c'était toute une génération qui s'y trouvait. Je lui en voulais de ne pas me l'avoir dit. Sans doute autant que je m'en voulais de ne pas l'avoir remarqué. Toutes ces années de rebellion, ces années à débusquer le vrai du faux. Tout avait été balayé en une seule soirée. Il y avait eu beaucoup trop de révélations. Et le comble dans tout ça, c'est que ça avait mal fini. Qu'on s'était pris le chou et que depuis, on s'évitait. Que pouvait-on rêver de pire ?
Ces trois dernières semaines, je les avais passés à remettre à neuf le cinéma. Je voulais qu'il soit parfait pour son changement de propriétaire. Le vieux Sam était partit, même si il continuait de venir de temps en temps pour me prodiguer ses conseils. Le Méliés était en train de retrouver toute sa jeunesse. Et ce soir là, quand j'étais sur le point de partir, observant une dernière fois la devanture de mon nouvel et premier établissement, j'avais été surpris non pas par la pluie qui tombait depuis déjà un petit bout de temps et qui avait eu raison de moi, mais par une jeune femme, qui camouflée avec ses vêtements et la tête sous son parapluie, avait fini par apparaître à quelque pas de moi. Je ne l'avais même pas vue arriver.
La première réaction que j'avais eu était de regarder ses cheveux secs. Ils avaient été épargnés par la pluie, grâce à son parapluie. Ils étaient différent de d'habitude. C'était surement ça qui l'avait perturbé. Car ça se sentait qu'elle n'était pas venue dans le but de prendre de mes nouvelles. Elle avait l'air furibonde. Mais, elle s'était stoppée quand j'avais ouvert la bouche en premier pour émettre une évidence.
« Tu es passé au blond ? »
Surpris, intrigué, mais aussi comblé. Ca lui allait bien. Ce qui me perturbait légèrement, car j'étais toujours censé être en colère contre elle.
Winifred Godwyn
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Emmet, ça veut bien dire vérité, non ?
Alors arrête de raconter des craques.
Elle était venue pour parler du planning. C'était un soucis récurent auquel devait faire face chaque employeur. Maintenant que je dirigeais ce cinéma, c'était à moi qu'incombait cette tâche. Tout comme celle de fixer la marre qui se formait autour de Winifred. Ca devait être de même sous mes pieds. Tom n'allait pas être content. C'était lui qui était de soirée et qui allait devoir tout éponger avant l'arrivée des clients. Au lieu de poursuivre cette contemplation, je levais les yeux, observant la jeune femme qui se tenait face à moi et dont sa nouvelle teinture lui allait à merveille. Sans doute un peu trop, vue que je n'étais pas censé m'attarder dessus.
Beverly était blonde. J'avais flashé sur elle dès le premier regard. Faut dire que quand on est adolescent, on flash sur à peu près toutes les filles qui nous portent le moindre intérêt. Est ce qu'elle aurait aimé ce cinéma ? Je ne l'avais pas revu depuis mes 16 ans. Ca remontait à extrêmement loin. Si ça se trouvait, aujourd'hui, elle était mariée et elle avait une dizaine d'enfants. Ca m'arrivait de penser à elle, et surtout au fait que ça aurait pu donner quelque chose nous deux. Mais c'était loin derrière moi. Et on ne peut pas dire que je regrettais ma vie. A part certains bas, il y avait eu de très grands hauts aussi. Mais niveau relations... je n'avais jamais eu de bol. Je ne parlais même pas de mon plus grand regret. D'ailleurs Rocky non plus n'en parlait pas. Il se contentait de déprimer dans son coin et de me faire la tête quand ça lui prenait. J'avais la sensation qu'il m'en voulait. Non pas de ne plus être avec elle, mais de l'avoir laissée partir. Ca lui passerait.
Quand je regarde ce cinéma, je me dis que je suis en train de dépenser sans compter. C'est peut-être la crise de la quarantaine. Je n'ai pas réussi grand chose dans ma vie personnelle, du coup j'essaye de faire tenir au mieux ma vie professionnelle et de lui faire prendre un nouvel élan. Après tout, on ne peut pas réussir dans les deux. Je n'avais pas encore prévenu ma mère de cette acquisition. C'était pas facile de lui parler de tout ça. Surtout qu'à chaque fois que je l'appelais - ce qui se faisait de plus en plus rare - elle me parlait d'une jeune femme que je tentais au mieux d'oublier. Rocky avait toujours tendance à suivre la conversation avec grand intérêt, avant de partir comme si de rien était, comme si il me narguait à chaque fois.
Bref, tout ça pour dire que j'avais une employée face à moi, mais aussi une personne avec qui je n'arrivais pas réellement à définir le lien qui nous unissait. Et une chose était sûre, elle était mineure. Ce qui réglait déjà le problème de ce fameux lien. Car il ne pouvait rien se passer entre nous. J'aurais du en prendre conscience plus tôt, mais mieux valait tard que jamais. Et qui disait mineure, disait qu'en tant que patron, j'avais aussi des obligations. Comme celle de la faire travailler de jour et non de nuit. J'ignorais si le vieux Sam avait volontairement était dans l'illégalité ou non, mais pour ma part, j'avais déjà fait bien trop de choses illégales. Celle là n'en ferait pas partit.
« Non. » répondis-je catégorique.
Et au cas où elle ne comprenait pas le sens de ce mot, j'avais poursuivi en étant un peu plus précis sur mes intentions.
« J'adapterai le planning en fonction de tes cours. Mais tu ne bosses pas le soir. Tu n'as pas l'âge pour. »
J'aurai pu rester là et la laisser poursuivre, mais je devais rentrer chez moi. Du coup, j'avais pris soin de remettre correctement mon k-way et je m'étais dirigé vers la porte qu'on avait emprunté pour nous rendre dans ce couloir. Par chance, vue d'ici, j'avais l'impression que la pluie s'était stoppée et que le ciel allait s'éclaircir. Il était temps.
Winifred Godwyn
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Emmet, ça veut bien dire vérité, non ?
Alors arrête de raconter des craques.
Ca m'est déjà arrivé d'éprouver de la tristesse, de la culpabilité, de la peur, de la colère ou encore des regrets. Lorsque l'on perd un être cher, il est important de ressentir beaucoup d'émotions. Il ne faut pas s'en inquiéter. Elles sont importantes.
« Il faut laisser venir la colère, laisser monter la peine. Ces émotions sont liés à l'amour qui te relie à Enoch. »
C'était des paroles réconfortantes qu'avait prononcé Morgan, ce jour là. Il avait été celui qui m'avait prévenu de ce qui était arrivé. Il m'avait pris une place dans un avion pour me rendre sans tarder là où ça avait eu lieu. Puis, il m'avait rejoins dès le lendemain. J'étais totalement perdu. Je ne voulais pas me rendre à l'enterrement. Je ne voulais pas accepter la perte de mon frère.
« Si tu n'acceptes pas d'être en deuil, tu ne trouveras pas la force d'aller de l'avant. » m'avait-il également dit.
J'avais honte. J'étais flic. Je me devais de protéger ma famille, de protéger mon frère. J'aurai du l'appeler plus souvent. Prendre des nouvelles. Le faire venir chez moi. On devait se voir dans quelque jours. Il devait me parler de sa petite amie. J'aurai pu lui éviter ce qui s'était produit.
« La mort n'est que physique. Elle ne tuera jamais l'amour qui unis ton frère et toi. »
J'avais pris la main de Morgan et je l'avais serré bien fort. C'était la première fois qu'on avait créé un contact physique de ce genre. Il était comme un père à mes yeux. Le plus dur dans un deuil est d'accepter qu'il faut vivre avec cette séparation physique, mais que l'amour reste. Car la vie m'a peut-être pris mon frère, mais l'amour que je lui porte a vaincu la mort.
Winifred n'était pas morte. Pas encore. J'avais le don pour m'attacher aux personnes qui ne faisaient jamais long feu. Je m'en voulais de penser cela. Mais c'était la réalité. Je n'avais pas envie d'être en deuil. Pas une nouvelle fois. Je commençais déjà à éprouver de la colère. Elle n'avait que seize ans. Elle devrait songer à ce qu'elle voudrait faire plus tard, à où elle sera dans une dizaine d'années, et non pas à avoir un avenir aussi court et macabre devant elle.
J'éprouvais de la tristesse. De la culpabilité. Qu'elle soit jeune ou non, ne changeait rien au fait que je lui faisait perdre son temps à me comporter ainsi avec elle. J'éprouvais de la peur. Peur d'être responsable de son mal-être. Toutes ces émotions me revenaient à la face, comme la dernière fois. A la différence que je n'étais pas à un enterrement. Et qu'on se situait avant la mort et non pas après. J'avais déjà des regrets, alors qu'en réalité ça ne devait être que des remords.
Je me mordis les lèvres. Je ne savais pas comment agir. Est ce que je la verrais toujours de la même manière ? Ou est ce que je garderais en tête le fait qu'elle est en fin de vie ? Quatre ans c'est court, et en même temps c'est extrêmement long. Il peut se passer une tonne de choses. Ses doigts se crispèrent autour du manche du parapluie. Quant à moi, je me mordis les lèvres.
« Je ne suis pas amoureux de toi. » lui avouais-je.
Je pris le temps de lui laisser comprendre et accepter ce que je venais de lui dire.
« J'ai mal agis. Quel que soit ton âge, ou... ton espérance de vie... » dis-je avec un petit sourire crispé. « Je veux que ce soit clair entre nous. Même si je ne choisis pas nécessairement le bon moment pour te dire tout ça. »
On était dans le couloir. Ici, les rayons du soleil ne pouvaient pas nous atteindre. Les fenêtres étaient au loin. C'était pour cette raison qu'elle m'avait agrippée le bras et qu'elle m'avait entrainée jusqu'ici. Si j'avais su, je n'aurais pas accepté qu'elle sorte en plein jour pour venir me voir. Je n'aurais pas changé son planning. J'aurais sans doute agis autrement.
« C'est d'accord pour le planning. » dis-je.
Je ne savais pas comment rebondir sur tout ça. Est ce qu'on devait parler de sa maladie ? Je pourrais attendre d'être seul pour faire des recherches. Mais peut-être que je devrais tout simplement lui demander. Ou alors ça serait déplacé ? Avait-elle besoin de quelqu'un qui serait là à lui poser une foule de questions ? Ou était-elle juste venue chercher l'aide d'un ami ?
« Je suppose que tu ne peux pas repartir de suite. » ajoutais-je.
Il y avait des éclaircis au dehors. Par conséquent, elle était un peu bloquée dans ce cinéma. La véritable chose que j'avais eu envie de lui dire, c'est qu'elle avait été folle de sortir de chez elle en plein jour. Mais elle n'avait pas besoin de remarques de ce genre. Si elle l'avait, c'était parce que je ne lui avais pas réellement laissé le choix...
« Il y a quelque chose que j'aimerais te montrer. J'ai un peu investit... » précisais-je.
On avait rejoins une salle où on stockait divers objets qui avaient ornés le cinéma par le passé. J'avais commencé à y faire du rangement, mais ce n'était pas encore gagné. Quoi qu'il en soit, quand on était entré dans cette salle sans fenêtres, et où se trouvait encore un vieux projecteur à bobines, j'avais montré à Winnie mon investissement. Il s'agissait d'une caméra un peu plus sophistiqué que ce dont elle se servait. Et la salle disposait également d'un bureau où se trouvait une petite table de montage avec une petite télé qui servait d'écran de surveillance, quand le cinéma était encore équipé d'un système de caméra. Cet équipement, c'était une surprise que je lui avais préparé pour me faire pardonner. Je cherchais juste le bon moment pour le lui montrer. C'était pas évident maintenant. Mais elle ne pourrait pas penser que j'avais fait cela suite à ce qu'elle m'avait dit. Car j'ignorais tout de sa maladie quand j'avais acquis tout ça pour elle.
« C'est pour tes prochains courts métrages. Si on doit les diffuser dans ce cinéma, c'est mieux que tu sois équipé. »
Je l'avais laissé juger par elle même.
Winifred Godwyn
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Emmet, ça veut bien dire vérité, non ?
Alors arrête de raconter des craques.
Une amie, c'est une confidente. Une personne plutôt proche avec laquelle on partage tout. Elle nous connait bien et nous comprend. Je ne pouvais pas dire à Winie qu'elle n'était pas une amie, car ce n'était pas totalement vrai. On partageait beaucoup et on s'entendait énormément tous les deux. Il y avait une réelle attirance amicale, et vraisemblablement, une attirance physique. C'était ça le hic ! Car la frontière de l'amitié est parfois floue. Surtout dans le cas où il y a de l'attirance physique, comme là. Est ce qu'il était trop tard pour se demander si coucher avec une amie était une bonne ou une mauvaise chose ?
J'ai connu des gens qui disaient que l'amitié entre les deux sexes était impossible. C'est pas totalement faux. Le gros problème chez les êtres humains, surtout ceux qui ne sont pas en couple, c'est qu'ils ont des envies qu'ils ne peuvent pas satisfaire avec leur partenaire. Il y a ceux qui font la tournée des bars à la recherche du partenaire d'un soir. Ceux qui sont constamment à la recherche du grand amour et ne pensent qu'à ça. Et enfin, ceux qui se tournent vers leurs amis. Ca n'arrive jamais comme ça, dans un claquement de doigt. A dire vrai, ce genre de relations nait de plusieurs manières différentes, mais au final, toutes innocentes. L'envie de sexe. L'alcool. L'ambiance. Un petit moment de faiblesse, et boom, c'est le passage d'ami à sex friends !
Je n'avais rien fait de mal. Et elle non plus. Surtout elle. Elle était mineure, c'était peut être la seule chose qu'on pouvait me reprocher. Mais elle, elle ne pouvait pas m'en vouloir pour quoi que ce soit. On était tous les deux consentants. Il fallait que je mette de côté le fait qu'elle était mourrante. Etre avec elle, que ce soit pour un soir ou pour quoi que ce soit d'autre, ce n'est pas par pitié. On l'a fait sans que je sache de quoi elle souffrait. Ni même qu'elle souffrait de quoi que ce soit. On ne l'a pas fait par amour. Plus par besoin. Je ne savais juste pas que je représentais le premier besoin qu'elle éprouvait. Je ne suis pas amoureux d'elle. Et je n'ai pas l'impression qu'elle l'est. Elle a sans doute bien plus la tête sur les épaules que moi. Et elle sait bien mieux ce qu'elle veut. Quand elle m'a parlé de cette proposition, ça semblait tellement naturel pour elle. On est tous les deux sur la même longueur d'onde, alors pourquoi pas ?
« Juste un six ? » dis-je sceptique et un peu contrarié. « Tu te bases sur quels critères ? » ajoutais-je en croisant les bras et en plissant les yeux.
Si j'étais sa première fois, sur quoi se basait elle pour juger ma performance ? C'était avec ce genre de commentaires qu'on pouvait facilement cibler d'où venait le problème. L'alcool ? Non. J'avais été performant de ce côté là, du coup je n'étais pas saoul. L'ambiance ? C'était plutôt excitant, même si on avait été coupé à un moment et qu'on avait changé de lieu... peut-être que sous la douche, au premier contact, ça aurait valu un petit 8, voir même un grand 9. L'envie de sexe ? Sans doute. Ca remontait à loin la dernière fois. Restait à définir si ça n'avait été qu'un petit moment de faiblesse ou si il allait durer.
« Je voulais juste que ce soit clair entre nous. » dis-je en décroisant les bras et en me sentant légèrement gêné. « On est amis. Je tiens à toi. Mais je n'ai pas fait ça en étant amoureux. C'est pour cette raison que j'en suis désolé. Car c'est de ça dont tu aurais besoin. D'un amoureux. Pas d'un ami. Tu es encore jeune. Tu as le temps pour le trouver. » ajoutais-je en me mordant les lèvres.
Je n'étais pas idiot. J'avais entendu le passage sur le fait qu'elle était mourante. Mais il lui restait encore au moins quatre ans à vivre. Qui sait ce que la vie lui réservait.
« Il n'y a pas d'âge pour trouver une personne à qui on tient, et pour qui on compte plus que tout. Ensuite, la durée ça n'a aucune importance. Ce qui compte c'est de le vivre au moins une fois. »
Je marquais une pause. J'avais très envie de dire oui. Mais j'étais adulte. Elle n'avait pas encore vécue tout ce que j'avais vécue. Elle ne pouvait pas encore correctement faire le point sur tout ça et prendre la bonne décision. Pas nécessairement la bonne pour elle, ou pour moi, mais celle qui est le mieux pour nous.
« Je ne t'aime pas comme un amoureux. Mais je tiens beaucoup trop à toi pour te priver de ce moment. »
J'avais l'impression d'être un imbécile. Une fille sexy, adorable, gentille, avec qui j'accrochais bien, me proposait d'être avec elle sans la moindre contrainte. C'était le rêve de chaque homme, n'est ce pas ? Et je répond quoi ? Que je refuse, qu'elle doit trouver quelqu'un d'autre... Je suis un idiot. Et en même temps je tiens à elle. Beaucoup trop pour ne pas être suffisamment stupide pour refuser cette offre alléchante. Ou alors...
La vérité dans tout ça, c'est que ce jour là, ce n'était pas l'ambiance, ni l'acool, ni le manque de sexe qui m'avait poussé à la folie. La vérité c'est que ce jour là, je l'avais vue, elle. J'avais croisé ce "moment" dont j'avais parlé à Winnie. La personne avec laquelle je l'avais partagé. La seule fille que j'avais réellement aimé. Celle à qui je m'étais confié. Avec laquelle je m'étais laissé aller. Je l'avais croisé elle. Et le seul moyen que j'avais trouvé pour m'empêcher d'aller la voir et de me ridiculiser, car elle aurait fini par se rendre compte à un moment ou à un autre, que j'étais toujours raide dingue d'elle, c'était d'aller avec une autre. Winnie avait été là au bon moment, au bon endroit. J'avais été stupide. J'avais mal agis. Et je n'avais pas réussi à me sortir Mel de la tête. Bien au contraire. Elle était encore bien plus présente maintenant.
« J'ai une question. » laissais-je échapper.
Quand je réfléchissais trop, je pensais à bien trop de choses en même temps. Et il m'arrivait que quelque chose me traversait l'esprit et que je n'arrivais plus à me le sortir de la tête. Après tout, ça faisait quelque jours que je voulais lui demander, mais je n'en avais pas eu l'occasion. On s'était peu parlé. Là, c'était peut-être le meilleur moyen pour changer de discussion. Et puis, ça lui ferait peut-être du bien d'apprendre quelque chose qu'elle ignorait peut-être... ?
« Tu connais un certain Balthazar Graves ? »
C'était l'un des seuls barbiers de la ville. Quand Morgan m'avait parlé du spectacle de Charlie, sa fille, juste après que je l'avais appelé au moment où Winnie m'avait chantonnée cette chanson issue de ce spectacle, j'avais fait ma petite recherche. Ce Balthazar avait l'air assez particulier. Pas au point d'être un psychopathe. J'avais passé du temps à l'observer discrètement dans sa boutique. Il exerçait en ville. Est ce qu'elle le connaissait ? Elle savait qui il était ? Et est ce qu'elle avait un lien avec lui, ou tout ceci était totalement le fruit du hasard ?
Winifred Godwyn
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Je ne savais pas grand chose sur ce Balhazar Graves en dehors du fait qu'il était barbier. Son salon avait brûlé et j'ignorais si c'était pour cacher des preuves d'un crime, ou si c'était un simple accident. N'étant plus dans la police, c'était beaucoup plus difficile d'enquêter aujourd'hui. En quelque sorte, ma profession de l'époque me manquait. J'adorais ce que je faisais. Aujourd'hui, je dirige un cinéma. Je ne me souvenais plus de quelles idées étaient passés par mon esprit au moment où j'avais signé les papiers. Je n'étais pas fait pour ça. C'était un travail comme un autre, mais ça demandait beaucoup de temps dans un bureau. Il m'arrivait de me poser la question de combien de temps je tiendrais. Ca manquait cruellement d'action.
« Tu en as parlé à ta tutrice. » demandais-je à la jeune femme.
Elle s'était confiée à moi. Je me doutais qu'elle ne l'avait pas fait avec sa tutrice. C'était évident, vue que j'avais du entamer la conversation en premier, pour qu'elle se confie. Pourquoi la suivait-il ? Et pourquoi que maintenant ? Ce n'était jamais bon signe quand quelqu'un se mettait à vous suivre. Généralement ces gens là avaient de mauvaises intentions. Je m'étais approché instinctivement de Winie, et j'avais posé une main sur sa joue.
« Tu aurais du m'en parler plus tôt. »
Pourquoi j'avais eu ce geste envers elle ? Qu'est ce qui m'avait poussé à me montrer protecteur ? Mais surtout en lui touchant la joue comme si j'étais totalement sous le charme ?
Par le passé, j'avais été formé à déchiffrer tous les gestes des personnes qui se trouvaient face à moi. Tous des potentiels suspects. L'un des gestes les plus fréquent et qui symbolisait l'affection, et l'attirance, c'était de poser sa main sur la joue de la personne en face de nous. Généralement, les femmes plus mature le faisaient envers moi quand je venais les interroger. Mais ce n'était pas de l'attirance. Juste de la manipulation, car ces femmes là avaient de l'expérience, et elles savaient comment détourner l'attention d'un homme. Ca ne marchait pas avec moi.
J'avais retiré ma main de sur la joue de Winnie, tout en me mordant les lèvres. Un autre signe. Mais on y reviendra une autre fois.
« Quand je t'ai entendu chanter. J'ai reconnu la mélodie. » avais-je débuté, avant de m'interrompre.
Pendant une fraction de seconde, j'avais ressentis quelque chose qui m'avait juste fait mal. J'avais détourné le regard, me sentant coupable. J'avais touché la joue de Winie. J'avais peut-être éprouvé quelque chose pendant un court instant. J'avais fait bien plus que j'aurais du faire avec elle. Je ne me sentais pas coupable de l'avoir fait, même si elle était bien plus jeune que moi, mais j'étais coupable de ne pas avoir songé à elle, à chacun des instants qu'on avait partagé tous les deux. Le simple fait d'évoquer « une mélodie », me ramenait une nouvelle fois vers une autre personne. Alors que ce n'était qu'un mot qui ne faisait que se remémorer un nom. Mais ce nom représentait tellement de choses à mes yeux. Fallait que j'aille de l'avant. Que je me concentre sur autre chose. Balthazar Graves. C'était une bonne façon de revenir à la réalité et d'avancer.
« Je vais aller à sa boutique et je vais lui parler. Il ne te suivra plus, quelle que soit la raison qui le poussait à le faire. » dis-je confiant à la jeune femme, après avoir retrouvé mes esprits et m'être concentré sur ma tâche.
Depuis le début de l'été... songeais-je. Ca remontait déjà à loin. Elle aurait du venir me voir. Je n'en revenais pas de ne pas m'être rendu compte que j'étais peut-être suivi. Car quand elle l'était, elle était peut-être avec moi à ces moments là. Si quelqu'un nous avait suivi dans la rue ou ailleurs, j'aurais du m'en apercevoir. Comme je pouvais m'apercevoir là, à cet instant précis, qu'il faisait toujours jours. Que Winie avait pris un risque en venant jusqu'ici pour une histoire de planning, et que je ne pouvais pas la laisser seule, dans le cinéma, à attendre bêtement que la nuit tombe.
« Qu'est ce que je peux faire pour que tu puisses rentrer chez toi ? » lui demandais-je. « D'ailleurs ça serait bien d'en parler à ta tutrice également. »
J'attendrais qu'elle soit en sécurité, chez elle, puis j'irais parler à ce Balthazar. J'espérais pour lui qu'il aurait une bonne raison de suivre une fille mineure, qu'elle soit sa fille ou non...
Winifred Godwyn
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