person of interest

Le réveil sonna à six heures tapantes mais les paupières du professeur Hill étaient déjà ouvertes. La nuit ne lui avait apporté aucun repos, ses yeux ne voulant pas se fermer. Cela faisait plusieurs jours qu'une enquête sur lequel il était consultant l'empêcher de fermer l’œil. Un enfant d'à peine 5 ans, retrouvé mutilé et quasiment démembré, dans un fossé sur une route de campagne à 50 miles de Storybrooke. Jamais Hyde n'avait vu un tel défoulement de haine sur une si petite personne.
Lui, tuait sans distinction, il ôtait la vie par plaisir et par nécessité, chaque vie qu'il prenait lui donnait la douce impression de rallonger la sienne. Le meurtre était pour lui une fontaine de jouvence. Il tuait sans distinction, pourtant il ne ressentait pas le besoin de défigurer ses victimes, de les déshumaniser, de leur retirer tout ce qui faisait d'eux des êtres humains. Il tuait simplement, en toute connaissance de cause, ne ressentant jamais de remords ou de doute.
Le criminel qui avait ôté la vie de ce petit garçon était loin de ressembler au professeur Hill. C'était un fou furieux, à l'esprit brisé, cherchant simplement à extérioriser sa rage. Hyde haïssait ces tueurs de pacotille, sans cervelle et sans style. Ces hommes dérangés qui assassinaient sans but ou pour des raisons sans fondements. C'étaient les criminels dont Hyde enseignait le cas en cours. Il décortiquait leur personnalité, leur esprit malade, leur manque total de raison et d'intelligence. Il expliquait à ses jeunes élèves comment les faire parler, comment réfléchir comme eux. Mais jamais au grand jamais, Hill n'exposait un cas comme le sien. Jamais il n'expliquerait qu'un parfait gentleman pouvait tuer par plaisir, pour l'art ou par satisfaction personnelles. Pourquoi ? Simplement parce qu'à part son propre cas, Hyde n'en connaissait aucun autre. Le professeur semblait être le seul tueur doté de raison et d'une vraie intelligence. Où étaient les autres Hannibal Lecter de ce monde ? Il n'en savait rien. Parfois, il rêvait à se trouver un compagnon de tuerie, quelqu'un avec qui il pourrait partager la beauté du meurtre.
En tout cas, le meurtrier de l'enfant ne serait pas ce compagnon. Hill réfléchissait à la manière de le prendre la main dans le sac, depuis des jours et des nuits, il pensait à un plan pour le capturer et le jeter derrière les barreaux, l'empêchant ainsi de continuer à salir l'art noble qu'était le meurtre.

Hill soupira et se leva. Il était habitué au manque de sommeil et cela ne diminuait en rien ses capacités intellectuelles ou physiques. Mais son visage restait marqué de deux belles cernes bleus que ses étudiants ne louperaient pas de remarquer.
En effet, une journée de cours chargée attendait le professeur. Aujourd'hui, il enseignerait à des premières années toute la matinée, puis donnerait une courte conférence ouverte au public, pour enfin donner un cours d'étude de cas toute l'après-midi à ces dernières années.

Le professeur se prépara, et quitta le manoir sans décrocher un mot à Utterson, son domestique zombifié.
Il se rendit à pied à l'université, l'air frais de fin Septembre lui permettant de lui remettre les idées en place.
La matinée et la conférence se déroulèrent sans accrocs. Après un repas composé exclusivement de café noir, Hyde se rendit à l'amphithéâtre où devait se tenir son dernier cours de la journée.
Le professeur Hill s'avança devant l'assemblée d'élèves et vint poser sa mallette sur le bureau. Le silence se fut dans sa salle. Ses élèves étaient des plus disciplinés et des plus appliqués. Il ne pouvait en être autrement devant le professeur Hill. L'élégant trentenaire inspirait le respect.
Son regard parcourut l'amphithéâtre. La salle semblait accueillir plus d'étudiants qu'en temps normal. Hyde attirait maintes de jeunes esprits ayant soif de justice, et sûrement d'autres jeunes gens le trouvant simplement très agréable à regarder et à écouter. Hill se savait séduisant dans son costume trois pièces bordeaux, avec ses cheveux bruns plaqués en arrière et ses yeux bleus perçants, trouant le cœur de quiconque croisait son regard.

- Bonjour à tous ! Lança Hyde à la foule tandis qu'il déboutonnait le bouton de sa veste pour venir s'asseoir sur la chaise qui lui était réservée. Il me semble apercevoir quelques nouveaux visages, alors je me présente : Professeur Hyde Hill, diplômé en Sciences Criminelles et Criminologie, consultant ponctuel pour la police ou le FBI. Aujourd'hui, je m'appliquerais à vous expliquer le cas du tueur d'enfants à Atlanta, ayant fait une trentaine de victimes durant les années 60.

- Wayne Williams ! S'écria un des élèves sûr de lui.

- C'est en effet l'homme que le FBI a arrêté, mais je vais vous expliquer en détail pourquoi ce n'était pas lui. J'ai longuement étudié cette affaire, et je peux vous assurer que ces crétins du bureau fédéral ont mis au frais le mauvais type ! Déclara Hyde avec un sourire en coin. Il aimait énormément dénigrer les forces de l'ordre, un péché mignon qui lui vaudrait sûrement des ennuis un jour, mais il ne pouvait s'empêcher de démontrer à ses élèves, l'incapacité évidente de la police à faire son travail.

Hill éteignit les lumières de la salle et alluma le projecteur pour afficher un diaporama. Le premier diapo affichait un récapitulatif de l'affaire, nombre de victimes, suspect arrêté, enfants retrouvés...
Grâce à un pointeur laser rouge, Hyde pointa la date du premier enlèvement, 1958.

- Qui peut me rappeler quelle organisation suprémaciste sévissait sévèrement à cette époque ?