J'étais sorti de chez Granny's avec mon sac sur le dos. J'avais l'impression de quitter Storybrooke pour toujours. C'était étrange comme sensation. Je me sentais tellement bien dans cette ville. J'avais trouvé des gens fantasques et fantastiques, je m'étais émancipé, et c'était peu dire. En témoignaient mes pouvoirs eu'feu'risants. Et voilà qu'il fallait tout balancer pour accompagner mon cher géniteur dans des contrées lointaines et glacées. "Rien n'est plus important que la famille", m'avait dit un jour ma mère. Super citation, j'avais même failli la faire imprimer sur un tee-shirt histoire d'ajouter un cachet supplémentaire à cette "grande aventure".

Je rejoignis le point de rendez-vous à l'heure indiquée. Comme d'habitude, j'étais le premier. C'était vraiment pénible d'être régulé comme une horloge. Elijah faisait son cake divin, comme à l'accoutumée, il allait sûrement se pointer avec une heure de retard pour bien insister sur le fait qu'il était "au-dessus des horaires". Pour un dieu omniscient qui avait vu les premiers jours du monde, il aurait au moins pu avoir la décence d'être ponctuel.

Je m'appuyai contre un réverbère éteint et laissai tomber mon sac de mon épaule pour le déposer entre mes pieds. Je glissai les mains dans les poches de mon jean et restai ainsi quelques minutes, à observer la rue déserte envahie par un épais brouillard. Il était encore très tôt, Storybrooke était encore endormie. Moi aussi, j'aurais bien aimé rester au fond de mon lit... Je finis par sortir les mains de mes poches ainsi que mon portable. Un détail venait de m'alarmer. Je n'avais prévenu personne de mon départ imminent. D'un côté, cela n'intéresserait personne de savoir que je partais au pôle nord. Je ne me voyais pas envoyer un message à Henry pour lui annoncer : "Salut vieux ! Je pars pour une mission suicide sur la calotte polaire ! Ah oui, j'emmène ta mère avec ! Ne t'en fais pas, sa mort n'est pas prévue dans le script !". C'était moyen ce genre de nouvelle pour un gamin de onze ans... Quant aux autres, je n'étais pas suffisamment intime avec eux pour les prévenir. Enfin si, il y avait bien quelqu'un, mais...

Je poussai un soupir avant de passer une main dans mes cheveux ébourrifés, l'autre main tenant toujours le téléphone. Je fixai l'écran d'un air méditatif. Soudain, quelque chose attira mon oeil. Je levai les yeux et découvris la silhouette longiligne d'Emma traverser le brouillard. Aussitôt, j'eus l'impression qu'une décharge d'essence enflammée embrasait mes veines. Je me raidis et me cognai le crâne contre le réverbère dans une tentative précaire de paraître détaché.

Oh non... de toutes les personnes qui nous accompagnaient, il fallait que ce soit elle la première à arriver. Elle était shérif, elle était ponctuelle. Aussitôt, je me maudis d'avoir respecté l'horaire. Pourquoi n'avais-je pas pensé à ce cas de figure ? Pour tout dire, je n'avais pas prévu de discours pour nos "retrouvailles". Notre brève entrevue pour la convaincre de nous accompagner n'avait pas du tout été gênante. Je m'étais contenté des faits, je m'étais focalisé sur le but de ma mission. Tout s'était très bien passé. Mais la revoir, hors contexte, alors que nous attendions les autres, c'était particulièrement embarassant.

"Salut !" lançai-je tandis qu'elle restait à une distance convenable.

Je me décollai du réverbère, m'élançant vers elle avec un sourire un peu niais avant de me stopper brusquement. Qu'est-ce que je faisais, au juste ? Je voulais quoi, lui faire la bise ? J'avais crâmé mon cerveau ? Je restai devant elle, mon sourire s'affaissant peu à peu. Elle était aussi réelle que dans mon souvenir, que dans ce rêve incroyablement réel.

"C'est pénible les gens qui ont du retard !" fis-je en dansant d'un pied sur l'autre.

Des images me revinrent en mémoire, des images que j'avais tenté d'occulter de toutes mes forces ces derniers jours. J'étais pratiquement sûr qu'il était question d'un volcan à un moment donné... Je secouai la tête avant de lui sourire à nouveau d'un air crispé. Bon sang, que faisait mon père ? Pourquoi même quand il n'était pas là, il rendait tout plus compliqué ? En tous les cas, c'était bien la première fois que je souhaitais sa présence... Je commençai à prier mentalement pour qu'il vienne. Après tout, il entendait les prières, il me l'avait déjà dit !

J'avais toujours mon portable en main. Je baissai les yeux dessus et dis brusquement :

"Attends, je dois envoyer un message à quelqu'un."

Je me plaçai à côté d'elle pour pianoter frénétiquement sur mon téléphone.

Vais au pôle nord. Te rappelle. Bisous.

J'hésitai un instant avant d'appuyer sur "envoyer". Lily allait recevoir ce message sans rien comprendre. Mais je me devais de la prévenir. J'aurais pu lui dire de vive voix mais je ne trouvais pas les mots. De toutes façons, ce ne serait pas long. On allait faire cette stupide expédition et avec un peu de chance, on serait de retour pour le dîner. Tout du moins, je l'espérais.

Je rangeai mon téléphone dans la poche arrière de mon pantalon avant de regarder de nouveau Emma, en fronçant les sourcils.

"C'est tout ce que tu as sur le dos ?" fis-je en découvrant qu'elle était plutôt légèrement vêtue pour partir à la conquête du Pôle Nord. "Oh, d'un côté, je crois que j'ai ce qu'il te faut."

Sautillant, je me dirigeai vers mon sac à dos, l'ouvris et en sortis une parka beige qui prenait pratiquement toute la place à l'intérieur. J'avais préféré rester en chemise car maintenant que je régulais parfaitement la température de mon corps, je pouvais supporter le froid sans aucun problème.

"Je suis chaud tout le temps, maintenant !" lui annonçai-je en revenant vers elle. "C'est plus pratique, je suis paré à toute éventualité !"

Prenant conscience de ce que j'avais dit, je déglutis avec peine et mis la parka sur les épaules de la jeune femme, embarassé au plus haut point. Mais comme j'avais décidé de me ridiculiser totalement, j'ajoutai à mi-voix :

"C'est normal que je te rende la pareille."

J'eus un rire nerveux et tapotai la parka sur ses épaules d'un geste emprunté. Puis je m'éclaircis la gorge avant de dire, sans la regarder :

"Enfin je te rends la pareille avec la parka, pas avec moi."

Hein ? J'écarquillai les yeux et décidai d'entrer dans l'ordre des frères du Silence. C'était mieux ainsi. Si je me la fermais, je ne risquais plus de déblatérer n'importe quoi.

Comment faire quand on se retrouve face à son ex qui n'en est pas vraiment une ? On prend son mal en patience et on accepte le cookie qu'elle nous tend. En plus, j'adorais ça. Pas de me retrouver dans une situation pareille, je parlais bien entendu des biscuits. Cependant, j'acceptais le cookie avec une sorte de méfiance. Puis j'observai Emma qui grignottait son biscuit. Est-ce qu'elle me prenait pour un gamin ? C'était aux enfants qu'on distribuait des gâteaux pour qu'ils se montrent gentils et "coopératifs". Cherchait-elle à m'amadouer ? Dans quel but ?

J'observai le biscuit constellé de pépites de chocolat d'un air intrigué avant de croquer dedans.

"Henry a vraiment bon goût. Ils sont exchellents !" dis-je, la bouche pleine.

J'avalai puis souris à Emma, sans aucune arrière pensée. Finalement, ce n'était pas si bizarre de se retrouver confronté à elle, après ce qu'il s'était passé dans mon subconscient. Je décidai même de mettre les pieds dans le plat. Etant donné qu'elle semblait si détendue, certainement que l'histoire que j'allais lui raconter la ferait rire.

"J'ai fait un drôle de rêve, l'autre jour. Un truc de fou, c'était psychédélique !"

J'agitai les mains devant moi pour lui mimer l'impression que ça m'avait fait.

"Tu étais là aussi. Au Rabbit Hole. Je ne pense pas que tu connais, c'est un endroit malfamé." annonçai-je sur le ton d'un bon élève. "Il n'empêche que tu étais là... et bien là."

Je souris à ce souvenir puis secouai la tête. Mieux valait ne pas avoir l'air trop rêveur vis-à-vis de la suite de mes explications.

"Enfin c'était un rêve vraiment..."

La sonnerie de mon portable retentit. Ouf, sauvé par le gong ! Je plongeai la main dans ma poche et devins livide en constatant qui m'appelait. Tout compte fait, je n'étais peut-être pas si sauvé que cela... Je levai le doigt en direction d'Emma pour m'excuser et décrochai, collant le portable contre mon oreille.

"Lily ? Qu'est-ce que...?"

Oulah, elle était très en colère. Attendez une minute... Elle croyait quoi ?

"Non, je n'ai pas rompu par sms !" m'écriai-je, interloqué. "Comment tu as pu comprendre ça ? C'est juste que je ne voyais pas comment te l'expliquer clairement ! Oui, je vais au pôle nord ! Evidemment que si je pouvais t'emmener, je le ferais ! Mais il paraît que tu perdrais la mémoire si tu traversais la frontière de la ville..."

Tout en parlant, je passai une main dans mes cheveux, m'apercevant trop tard que j'avais des miettes de cookie sur les doigts. Je fis une grimace et époussetai ma chevelure, les yeux écarquillés tandis que je tentai de plaider ma bonne fois dans le téléphone.

"J'y vais avec mon père ! Non, pas seulement avec lui..."

Je piétinai, stressé au plus haut point. Puis finalement je soupirai :

"Si je te dis qui nous accompagne, tu vas tout de suite t'imaginer des trucs ! Non... non je ne peux pas te le dire... Très bien. Ok, tu l'auras voulu ! J'y vais avec Emma ! Non, ne... Lily, att...! Attends ! Ne raccroche p...!"

J'éloignai le portable de mon oreille avant de lui lancer un regard meurtrier. Puis je le glissai dans la poche de mon pantalon, totalement dérouté. Je retournai jusqu'à Emma pour me coller contre un autre réverbère, la mine sombre et tourmentée. Puis je lui jetai un coup d'oeil plein de rancoeur, même si elle n'y pouvait pas grand-chose.

"Super, ma copine croit qu'on a rompu. C'est pas de ta faute, c'est celle de mon stupide cerveau. Stupide, stupide cerveau !"

Je tapai plusieurs fois sur mon front avant de prendre un cookie des mains d'Emma pour le manger avec rage et acharnement. C'était malpoli, mais je m'en fichais. Je crevais la dalle et j'avais le coeur en vrac.

"Bon, il se ramène, mon père divin ?" grommelai-je.

Ouf, sauvé par le gong ! Je ne voyais vraiment pas comment me sortir de ce mauvais pas si Emma se mettait elle aussi à avoir des réminiscences sur cette fabuleuse nuit... mais il ne fallait pas crier victoire trop vite. Je l'appris à mes dépens car à peine arrivé, mon père commença à faire du rentre-dedans à la jeune femme. Je m'en fichais profondément. Après tout, nous n'étions pas ensemble, notre écart de conduite n'avait rien scellé entre nous et faisait partie du monde des rêves. Elijah allait se prendre un gros râteau, car Emma n'était pas du genre à se laisser courtiser aussi lourdement.

Je sentis mon sang s'enflammer dans mes veines quand je l'entendis parler du fameux rêve. Comment pouvait-il être au courant ? Ah oui... j'avais oublié. Il était omniscient. Il venait même d'utiliser l'une de mes propres répliques contre moi. Je voyais rouge. Je le fixai d'un regard mauvais puis chassai la fumée de sa cigarette qui venait droit sur moi. L'odeur était entêtante, un peu trop envoûtante... Je devinai aussitôt qu'il ne s'agissait pas de tabac. Je connaissais le parfum caractéristique de la marijuana. A Las Vegas, les fumeurs d'herbe pullulaient tout autant que les strip-teaseuses. J'avais appris à en reconnaître les embruns et à ne pas me laisser bercer par leur odeur obsédante.

J'éludai sa question. Donc, si je captais bien le truc, mon père nous avait maté en plein acte, peut-être même en mangeant du popcorn... J'eus l'irrésistible envie de le frapper mais je me retins. Donner un coup de poing à un dieu n'était pas envisageable. Je l'avais payé cher la dernière fois que j'avais haussé le ton face à lui. Il avait beau être mon père, il restait très susceptible. Mieux valait jouer profil bas, cette fois-ci. Je trouverais bien un moyen, un jour, de me venger de toutes ses offenses.

"On doit attendre l'arrivée d'un bus ou on prend le prochain téléporteur divin ?" arguai-je, de mauvaise foi.

Je ne m'imaginais pas passer des heures interminables en leur compagnie. Avec Emma, c'était trop gênant. J'avais voulu rester trop cool et balancer le rêve en songeant, en grand naïf, que cette mésaventure nous ferait bien rire, mais au lieu de cela, le malaise s'était agrandi entre nous. Quant à Elijah... Je résumais bien avec le terme "dieu des enfers" ? Passer du temps avec lui, c'était comme avaler constamment du jus de citron par le nez.

"Plus vite on part, plus vite on revient." maugréai-je.

Toutes mes pensées étaient focalisées sur Lily. Notre bref appel ne me disait rien qui vaille. Je croisai le regard d'Elijah et vis ses yeux étinceler. Il était déjà au courant, bien entendu. Il lisait en moi comme dans un livre ouvert. C'était à la fois rageant et terrifiant.

"N'y pense même pas." lui dis-je, le défiant du regard. "Ne t'en mêle pas. Par respect pour elle, ne fais rien. Je peux encore changer d'avis et ne pas t'accompagner au pays des congélateurs."

Emma devait penser que j'étais fou de parler d'un truc qui n'avait aucun rapport dans la conversation actuelle, mais honnêtement, j'étais au-delà de ce genre de jugement. Tout ce qui m'importait, c'était d'en finir au plus vite.

Je passai la langue sur mes lèvres avant d'attaquer dans un angle différent.

"Ou je peux plutôt dire à Emma la raison de notre mission. Qu'en dis-tu, papa ? Je suis sûr que ce genre d'info l'intéresserait énormément !"

Je croisai les bras et le jaugeai, mes yeux s'embrasant de triomphe devant le bref éclair d'incertitude qui passa dans son regard. Il ne me l'avait pas dit clairement -il avait bien trop d'égo pour cela- mais j'avais parfaitement compris le but de notre mission polaire.

"Alors ? Tu nous emmènes ou je dois faire le taxi ? Tu es peut-être trop épuisé pour nous emmener tous les trois..."

L'insinuation était lourde de sens, un peu trop, même. Je risquai gros. Il avait peut-être perdu la majorité de ses pouvoirs, mais il restait suffisamment puissant pour me priver d'un doigt ou deux si je m'opposai trop à lui. De toutes façons, le mal était fait...

Brrr...

La température venait de chuter un grand coup. Pas besoin d'etre devin, ni meme "divin" pour savoir que mon cher papa venait de nous téléporter directement au grand nord. En tous cas, ils ne mentaient pas sur la brochure : on se les pelait grave ! Je pris aussitot mon sac à dos -qui nous avait suivis dans notre périple immobile- l'ouvris, et en sortis un bonnet péruvien que j'enfonçai sur mon crane. Pure mesure de précaution. Je pouvais réguler la chaleur de mon corps, mais je savais que j'avais une faiblesse à la tete. Quand j'attrapai froid, c'était toujours par le crane que cela commençait. Du coup, j'avais développé la facheuse habitude de mettre un bonnet lorsqu'il faisait trop froid. J'étais vraiment très fier de mon bonnet : il possédait un pompon bleu marine sur le sommet ainsi que deux bouts tressés qui tombaient sur mes épaules. Les motifs représentaient des rennes blancs sur fond noir.

[PHOTO DU BONNET DE ELLIOT]:

Le grand nord. Je ne savais pas précisément où nous nous trouvions. La norvège ? Le Groenland ? Encore plus haut ? Il n'y avait que de la neige à perte de vue. Des étendues glacées et désertiques qui se découpaient à l'infini sur l'horizon. Le ciel était aussi blanc que le reste, presque indissociable de la "terre". Un timide soleil dardait ses rayons sur nos tetes sans prodiguer aucune chaleur. Je pivotai à 180 degrés, observant tout autour de moi, la bouche entrouverte. Nous étions vraiment seuls au monde. Cette impression de grandeur me donnait le vertige. Je savais que le monde était immense, mais je venais juste d'en prendre pleinement la mesure.

Puis, je me souvins qu'Emma était avec nous. Aussitot, je me précipitai vers la jeune femme et me plantai devant elle. Je frottai vigoureusement mes mains l'une contre l'autre puis levant la tete vers elle, je lui demandai un peu trop abruptement :

"Donne-moi ta main."

Aucune réaction, hormis un haussement de sourcil. Je m'y attendais. Emma n'était pas du genre à se laisser faire. Je soupirai légèrement avant de dire :

"Je ne veux pas me promener main dans la main dans les contrées glacées ! C'est pas le summum du romantisme, non plus ! On serait à Venise, je dis pas, mais là... Roh, de toutes façons, on n'est pas un couple !" marmonnai-je, en colère contre je-ne-sais-quoi.

Je lui tendis la main et insistai :

"Tu as incroyablement froid. Je le sais car c'est ce que j'ai ressenti à la minute meme où on est arrivé ici. La différence, c'est que je peux prodiguer de la chaleur. Ca aussi, tu le sais très bien."

Je haussai un sourcil aguicheur malgré moi avant de me reprendre. Elliot, un peu de concentration ! Ce n'est vraiment pas le moment !

"Si je te prends la main, tu auras chaud. Enfin tout du moins, ta température corporelle avoisinnera les 37 degrés. Il n'y a pas d'autre alternative. Soit tu me prends la main, soit tu te transformes en glaçon. Tu peux aussi tenir celle de mon p... de Elijah, mais à mon avis, ça sera nettement moins agréable."

Je jetai un bref coup d'oeil à mon père qui s'amusait à observer l'horizon en se servant de ses mains comme de jumelles puis secouai la tete. Un véritable gamin. C'était assez préoccupant de se dire qu'il allait falloir babysitter un dieu durant ce voyage.

Je décidai de mettre en pratique ses conseils. Meme s'il m'avait traité de "GPS portatif", il avait raison sur un point : j'étais le seul à pouvoir indiquer la direction.

"Je suis le seul à pouvoir t'amener jusqu'à ta reine des neiges, alors sois gentil." lui conseillai-je.

Eh oui, Elliot jouait au rebelle. Ce n'était peut-etre pas très judicieux, mais j'en profitais le temps qu'il n'était pas en pleine possession de ses pouvoirs. Je risquais de le payer cher par la suite mais c'était tellement jouissif de pouvoir le remettre à sa place !

Je fermai les yeux. Je n'entendais absolument rien. En revanche, je ressentais une vibration. Légère, mais persistante. Un coeur battait sous la banquise.

"Je crois qu'elle est là-dedans." dis-je quelques instants plus tard, en désignant le sol gelé.

Mon père semblait peu convaincu, aussi j'insistai :

"Quoi ? Ce n'était pas prévu dans tes plans de briser la glace ? Je n'y peux rien si j'entends un truc sous la banquise ! Apparemment, on n'est vraiment pas loin de son royaume. Tes recherches ont été très fructueuses. Il faut juste un truc pour casser la glace... Si tu penses à ma tete, je t'arrete tout de suite. Je peux très bien utiliser la tienne. Elle a l'air nettement plus grosse."

Je souris, fier de ma répartie, avant de me tourner vers Emma :

"A moins que tu aies ton arme avec toi ? Tu pourrais tirer sur la glace ? Je sais pas si ça ferait un grand trou, mais ça pourrait aider..."

Je n'étais pas certain de ce que j'avançais. Mais à moins de faire machine arrière pour aller chercher des masses, c'était la seule option qui s'offrait à nous. Je n'avais pas vraiment envie d'essayer de faire fondre la banquise, car nous nous trouvions dessus. On ne pouvait rever de plus mauvais plan.