“ We are the best, around.”

La pluie battait contre les vitres. C’était un de ses matins d’automne qu’Eris affectionnait particulièrement. En petite culotte, avec un long pull, elle se délectait de fixer la végétation se gorger d’eau. Elle pouvait sentir toutes les cellules des plantes environnantes. Et c’était clairement du plaisir. Soupirant, elle se détacha des vitres et se leva du fauteuil. Toujours habillé ainsi, elle ne s’embêta à faire son lit. Après tout, nous étions dimanche aujourd’hui, et elle avait bien l’intention de ne rien faire.
Arrivant dans la cuisine, Eris se traîna jusqu’à la cafetière pour se servir un café. Rapidement, elle s’en saisit pour aller ensuite s’asseoir dans son fauteuil, proche d’une fenêtre également, la gazette de Storybrooke dans les mains. Buvant le liquide chaud, ses jambes au clair, elle commença à lire les articles plus ou moins efficaces selon elle. L’un d’entre eux plutôt people, faisait état du divorce de l’ancienne et célèbre Maire de la Ville, Régina Mills. A cette lecture, un sourire froid apparut sur son visage. Puis, au bout d’un moment, une légère compassion apparut sur son visage. Elle était à plaindre. Soudain, elle posa la gazette.
Qu’est ce qu’il lui arrivait ? Avait-elle vraiment de la compassion pour Régina ? Après ce qui s’était passé la dernière fois ? Son coeur se serra un peu, exactement à l’endroit qu’elle avait elle même serrer quelques temps avant. Pourquoi avait-elle garder le silence et n’était-elle pas revenue sur ce qui s’était passé ? Tout simplement par crainte. Crainte d’avouer les sentiments qu’elle avait ressenti ce soir là. Plus jamais elle n’aimerait. Plus jamais elle ne poserait son regard sur quelqu’un encore fois ainsi. L’amour, c’était pour les faibles.
Comme si le destin avait encore frappé, la sonnette retentit. Activant la télésurveillance sur sa télé, son coeur s’emballa quand elle vit le visage de Régina à l’entrée de chez elle.
Sortant immédiatement de la lumière extérieure, elle se cacha à l’intérieure et éteignit immédiatement la télé et tous les appareils émettant de la lumière. La berçant étrangement dans les vaisseaux du soleil du matin. Son visage fin, gracieux et doux se contracta, contrarié. Au final, elle se mit à beugler comme une poissonnière. Passant une main sur son visage, elle soupira. Cette idiote allait certainement faire sauter la porte si elle n’ouvrait pas. Après de longues minutes, elle passa sa main dans ses cheveux ébourrifée et ouvrit la porte d’un geste assez sec.

« Ne crie pas de bon matin. »

Ses yeux, et ses narines étaient contrarié comme la Dragonne qu’elle avait été autrefois. Elle ne connaissait pas l’adage ? Ne jamais chatouiller le dragon qui dormait ? C’était pourtant la devise de Poudlard. Des cernes sous les yeux, elle ne se permit même pas de dire bonjour, et même si son coeur battait la chamade, elle se contenta de la dévisager comme une inconnue.

« Qu’est ce que tu veux ? Tu n’as rien d’autres à faire un dimanche matin ? »

Ca c’était vrai à moitié. Son ton énervé ne l’était pas véritablement. En réalité, elle était ravie de la voir, mais elle n’osait se l’avouer. Fermant les yeux un instant, elle fit un geste de la main, et sécha immédiatement Régina avec l’aide de la Magie.

« Entre, je vais te faire un café. Il fait un temps pourri. »

Elle était la Dragonne. Pourtant, elle savait qu’elle venait de faire rentrer un prédateur certainement bien plus redoutable qu’elle. Elle le savait, mais elle en avait envie, et surtout, elle aimait ça. Alors de dos, elle se dirigea vers les boissons chaudes, et un sourire étrangement satisfait apparut sur ses lèvres, mais Eris était convaincu qu’elle ne pouvait le voir.

« Quel bon vent t’amène, ma douce et chère Méchante Reine ? »

Réajustant son pull sur ses cuisses, pour ne pas paraître trop aguicheuse, elle la fixa dans les yeux, puis ses derniers descendirent vers ses lèvres. Avec envie, il fallait l’avouer.

“ We are the best, around.”

Maléfique marcha de manière impérieuse, et passa calmement de l’autre côté du plan de travail. Lançant la machine à café, elle déposa deux tasses sous cette dernière. Sans se retourner, elle ricana et se concentra sur sa tâche.

« C’est très réussi en tout cas, si tu viens pour m’ennuyer. Rien ne fais moins plaisir que de te voir. »

Servant la tasse, elle se retourna brusquement, ses yeux lancèrent des éclairs. Déposant avec vigueur et d’un geste sec ces deux dernières sur le plan de travail, elle la foudroya du regard.  Que venait-elle faire ici après tout ? N’était-elle pas mieux à batifoler avec son Locksley ? D’ailleurs, qu’est ce qu’elle lui voulait ? La voyant bredouiller, elle en fut légèrement troublée. Mais rien ne parut dans ses yeux si doux et son regard asserré.
Son sourire ne l’a laissa pas le moins indifférente, mais de peur de paraître ridicule, elle n’osa lui rendre. Le regard assez froid et distant elle se moqua en ricanant.

« Voilà que tu bredouilles désormais. C’est inédit. »

Ricanant encore quelques temps, elle plaça ses lèvres sous la tasse de café fumante. Son regard sombre se plongea dans celui de Régina. Venait-elle suite à ce qui s’était passé entre elle la dernière fois ? C’était peu probable. Pourquoi souriait-elle ?

« Non, je ne vois pas, désolé. »

Reposant sa propre tasse, elle recula de quelques pas. Elle avait fait rentré un danger bien plus grand dans sa propre maison. Désormais, elle en était consciente. Elle aussi, ressentait des choses. Mais Regina les ressentait-elle avec autant de force elle aussi ?
C’était bien moins sûr. Et ça, Maléfique ne se laisserait pas emporter quand une affaire d’un soir avec Regina. Bien que l’envie lui en prenait, elle voulait intimement que cela aille plus loin. Mais c’était hors de question de lui dire, ou de faire un pas. Maléfique ne ployait pas si facilement. Redressant son nez d’un air un peu impérial, elle la fixa avec intensité puis elle finit par dire :

« Tu viens me parler de ton Locksley ? Il fait la une des journaux. Une rumeur raconte qu’il serait de retour en ville. C’est pour cela que tu viens me voir ? Tu veux un conseil sur la meilleure façon de lui détruire le coeur ? Je crains que tu ne sois plus experte en la matière que moi, chérie. »

Elle avait dit ce dernier mot en insistant dessus. Toujours le nez droit, elle restait à bonne distance, et souriait en coin. Après tout, c’était elle, qui était venu la déranger à une heure aussi matinale.

« A moins que tu viennes pour quelconque conseil en matière de Magie… Mais  j’en doute. »

Cette fois-ci, elle leva les yeux de manière assez perçante et agressive. Fixant Regina, tout semblait froid de prime abord. Mais au fond d’elle, elle pouvait sentir une chaleur nouvelle au niveau du coeur. Que lui arrivait-elle ? Fermant les yeux, un rictus de douleur passa sur ses lèvres. Elle était Maléfique, la Dragonne mauvaise. Pas Morgane, la douce Fée. Non, les siennes l’avaient expulsé pour son manque d’amour. Normalement, elle était incapable de ressentir ces choses là, alors pourquoi aujourd’hui, et surtout pourquoi avec Régina ? Il fallait croire que moins et moins ça faisait plus. Toujours son rictus aux lèvres, une once de courage apparue soudain en elle et elle trouva le moyen de déclarer d’un air autoritaire :

« Allez. Trève de plaisanteries. Viens en au fait. »

Ses yeux devinrent légèrement jaunes. Si elle avait pu, elle aurait tout détruit en se transformant en Dragonne.

“ We are the best, around.”

A sa dernière phrase, Maléfique se leva brusquement. Une légère lueur de folie passa dans ses yeux. Puis, d’un geste brusque, elle saisit Régina par le bras, et l’attira à elle, ses lèvres placées à quelques centimètres des siennes. Avec un sourire mauvais, elle ricana et déposa un léger baiser sur ses dernières.

« Tu crois vraiment que venir chez moi, dans mon antre en me parlant d’Amour est chose si aisée Régina ? »

Restant proche d’elle, Maléfique resta contre elle, puis se recula un peu. Levant son doigt de manière autoritaire comme une élève première de la classe, elle fixa la Méchante Reine avec intensité. Un léger sourire apparut alors sur ses lèvres, assez mauvais. Qu’elle était stupide, d’avoir avouer ses sentiments si rapidement. Elle allait pouvoir en jouer librement.

« L’Amour, ça ne pousse pas comme cela, ma douce. Ne parle pas de chose qui n’en sont pas. Je doute que ce soit de l’Amour que tu ressentes. Considérons plutôt cela comme une passion pour le moment. L’amour, c’est réellement plus complexe. »

Elle n’avait que très peu, elle même ressenti l’Amour. Et c’était aussi plaisant que cela pouvait être profondément douloureux. Une moue apparue sur son visage. Il était hors de question qu’elle ressente cela à nouveau, surtout avec Régina. Pour le moment, elle savait où elle en était. Mais le risque était trop important. Reculant encore, elle croisa à son tour les bras et dit cette fois-ci sérieusement et sans tabou :

« Nous devrions resté prudente. J’ai envie d’un moment avec toi, voir d’une relation. Mais de là à parler d’amour… Je ne pense pas. Je ne sais pas si c’est ce que je pourrai t’apporter. Je ne suis même pas sûr d’être en mesure de savoir de quoi il s’agisse. »

Marquant une légère pause, elle resta immobile, impassible, le visage assez fermé. Fronçant ses sourcils elle la fixa de ses deux jolis yeux noir de jais :

« Ca pourrait causer beaucoup de dégât, à l’une ou à l’autre. Je ne suis pas Loxley. Si cela tourne au désastre entre nous, Storybrooke tout entier tournera au désastre. »

Finalement, elle se rapprocha d’elle, sans la quitter des yeux. L’ivresse du pouvoir, l’odeur de son parfum. Tout se mélangea dans son esprit et un léger sourire de satisfaction passa sur ses lèvres. Pourtant elle posa une main sur le pull de Régina, au niveau de sa poitrine, là où le coeur se situait.

« Je ne peux pas te proposer l’amour pour le moment. Ni une relation « classique ». Je ne sais pas contrôler mes pulsions, tu le sais. Imagine que j’ai envie de passer une nuit avec quelqu’un d’autre. Qu’adviendra-t-il alors ? Hm ? »

C’était un peu osé comme question, mais il fallait la poser. En effet, Maléfique n’était pas réellement du genre à fonder un couple, une famille. Elle vivait les instants présents, et voyait cette relation comme le moyen de passer un bon moment. Les dents un peu serrés, elle resta cependant proche d’elle et sourit :

« Je suis un peu perdue, moi aussi. J’ai peur de ne pas pouvoir t’apporter ce que tu demandes. Et si j’échoue ? Nous nous battrons à nouveau jusqu’à la mort ? Comme au bon vieux temps ? Et d’ailleurs, n’as tu pas peur que ce soit grâce à cela que les sentiments ont naquis ? Ne crains tu pas qu’une fois la haine envolée, tout deviendra…. Beaucoup trop calme ? »

C’était une véritable bonne question, ça. En effet, si Maléfique et Régina devenait un « couple modèle », n’allait-elle pas se lasser de ne plus avoir cette haine l’une envers l’autre ?

« Qu’adviendra-t-il alors ? Y as-tu seulement pensé ? Tu es trop impulsive. Je crois que tu es surtout en manque de ce que tu étais avant. Et que tu vois simplement en moi un moyen de redevenir la Méchante Reine, Mills. »

Un peu douloureux, les mots avaient été porté avec soin, pour ne pas paraître quand même trop brutal.

“ We are the best, around.”

Restant suspendue à ses lèvres, un éclair jaune passa dans ses yeux, ainsi qu’un léger élan de colère. Attrapant Régina par la col, elle la força à aller contre le mur. Elle devait aimé ça ? Ce n’était pas possible de vouloir autant la provoquer. Fronçant des sourcils et prenant cette fois-ci une attitude clairement agressive, elle serra les dents.

« Ne parle pas de Merlin comme ça, Vipère. »

Des éclairs jaunes passèrent dans ses yeux, et un long silence s’installa entre eux. Fermant un instant les yeux pour se calmer, elle finit par ajouter d’un ton un peu plus doux, mais toujours aussi tranchant :

« Ta ville ? »

Elle la lâcha, et recula de quelques pas. Ce qu’elle dit par la suite la fit encore plus rougir de colère. Après avoir soupiré, elle passa une main sur son visage et poursuivit :

« Cela ne t’importe peu le résultat. Tu ne te soucis que du chemin donc. »

Elle marqua une pause. Etait-ce possible d’avoir un amour véritable entre elles ? Ou devraient elles se contenter de vivre l’instant présent ? Après quelques secondes de silence, elle finit par rajouter :

« Tu as donc été la catin de Storybrooke après avoir été Madame la Maire. Je vais de déception en déception sur ton compte... »

Tournant le dos volontairement, elle fut soudain prit d’une véritable envie d’elle. Essayant de se retenir, elle se concentra sur une plante, chose qu’elle faisait de son mieux, comme d’habitude dans des moments pareil.

« Oh... »

Finalement, elle comprit. S’avançant vers elle, elle se colla à elle alors qu’elle observait l’extérieur. Avec un léger sourire, elle posa une main sur sa poitrine et l’embrassa dans le cou, laissant parler entièrement ses pulsions. Murmurant à son oreille, elle se fit féline et ronronna presque.

« Je vois… C’est donc ta famille qui t’empêche de sombrer… Alors gardons notre masque pour la population, mais entre nous, soyons celles que nous avons toujours été Régina… Les deux Sorcières les plus terribles du monde des contes… »

Elle la retourna, puis l’embrassa avec passion, pour finalement dire d’un aire malicieux en gardant un doigt sur elle.

« Union libre ? Ca te va ? J’aime l’idée que nous nous retrouvions avec plus d’envie après avoir vu ailleurs… Tu en dis quoi ? Je pense que ça ne toucherait pas une ancienne maquerelle que d’agir ainsi non ? »

Avec un regard coquin, elle ricana. Disait-elle ce qu’elle pensait, ou était-elle ironique ?