« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)
Laisser Derek et Duncan assis dans un bureau fermé, en leur donnant l'ordre d'attendre assis qu'un policier vienne les interroger, fut probablement l'acte le plus naïf observé cette année à Storybrooke, ou dans tout le pays. En effet, si les jumeaux, dociles et coopératifs, se sont laissés emmener volontiers au poste de police lorsqu'on est venu les arrêter pour des raisons quelques peu floues qu'ils n'avaient pas réellement compris, il fallait tout de même être vachement sûr de soi pour espérer les voir attendre patiemment sur une chaise pendant plus de cinq minutes.
Résultat, 10 minutes, lorsque enfin, un agent de police était venu pour interroger ses suspects, il avait la surprise de voir ceux-ci en train de chanter et taper des percussions, improvisant un concert en ayant transformé la pièce en instrument de musique géant.
Et c'est à vouuuus, invita Derek en voyant l'homme à la porte, tendant du bras le micro imaginaire pour l'inviter à chanter à sa suite.
Le policier, d'abord surpris, passa simplement à un air blasé en les regardant. Il croisa les bras, se disant qu'il fallait mieux prendre un air autoritaire. Je ne chante pas, et vous n'êtes pas là pour ça non plus. Veuillez regagner vos places où je vous mets en cellule pour entrave dans une enquête policière.
Légèrement déçus que le concert s'interrompe aussi vite, sans même une volonté de la part du policier d'y prendre part, les jumeaux finirent toutefois par se plier à l'autorité du policier pour retrouver leurs chaises, tandis que l'agent prenaient place en face.
Il sortit alors un dossier jaune, qu'il ouvrit devant eux pour leur montrer des photos imprimées en grand, prises de caméra surveillance. Qu'est-ce que vous pouvez me dire de ça ?
Derek et Duncan regardèrent pendant un loooong moment, avec sérieux et réflexion, avant que le deuxième ne répondent enfin. J'en dis que ça a du être cher d'imprimer ces photos sur feuilles A4. Surtout que au 21ème siècle, on est largement capable de regarder ces photos sur un écran en meilleure qualité qu'en impression encrée. Et puis, ça vient du caméra de surveillance, alors pourquoi avoir explosé votre budget imprimante alors que c'était beaucoup plus clair et facile de regarder la vidéo ? Vous vous mettez tout seul des contraintes un peu nulles dans votre enquête je trouve.
Le policier... resta incrédule, voulant riposter mais n'ayant pas d'arguments pour contre-attaquer. Euh... je... Il prit un moment pour s'éclaircir la gorge. Je vous ai pas demandé ça ok ? Répondez-moi, vous en savez quoi, de ce braquage ?
Les jumeaux se concentrèrent de nouveau sur la photo. On y voyait un grand homme, dont on ne voyait pas le visage, mais la carrure et les cheveux bien roux étaient assez visibles. Il sortait de la vieille boutique du défunt Mr. Gold, propriété actuelle de la mairie de Storybrooke, dans laquelle il était entré, de nuit, en brisant la porte, pour voler quelques objets dans son sac.
Je sais qu'un braquage est une bien vilaine action, interdite par la loi, et passible de plusieurs années de prison ! Répondit Duncan, courroucé.
Le policier soupira. Vous me prenez pour un idiot ou quoi ? Lequel d'entre vous a fait ça ?
Les jumeaux sursautèrent. Ce n'est pas nous ! Quelle idée ! On n'a même pas besoin de voler, on reçoit encore l'argent de S-life au Japon ! Et puis pourquoi on irait voler un magasin tout moche comme ça d'abord ?
L'agent approcha sa tête des jumeaux en plissant les yeux. C'est justement pour ça que vous êtes là, pour me dire pourquoi. Ce type vous ressemble comme deux gouttes d'eaux, alors à moins que vous êtes des triplés, c'est forcément l'un d'entre vous. Arrêtez de tergiverser, on sait que c'est vous. Vous feriez mieux de coopérer maintenant.
Pourquoi il nous ressemble ? On voit que ses cheveux ? C'est raciste.
Énervé, il frappa sur la table. Ca suffit ! Vous étiez où, hier soir, alors ?
Derek et Duncan rougirent, et eurent un petit sourire amoureux. On était chez les Brooke ! Pour passer du temps avec James !
J'imagine que si on leur demande de confirmer votre histoire, ça ne vous dérange pas ? Demanda-t-il, sans y croire une seconde.
Mais le dialogue de sourd s'interrompit ici, puisque la porte s'ouvrit sur une autre personne. Leur avocat est arrivé, ils ont un alibi vérifié, on doit les relâcher.
Evidemment, ce n'était pas du tout pour plaire au policier. Mais les jumeaux sourirent en reconnaissant l'homme derrière la femme qui venait de parler. Ce n'était pas un avocat ! C'était Sirrus, le meilleur journaliste du monde.
It's quite a drop from the top. So how are you feeling down there ? It's a cold, cruel, harsh reality. Caught, stuck, here with your enemies !
Installé tranquillement à l’une des tables de la pâtisserie, Sirrus suivait attentivement les allers et venues des quelques serveuses qui travaillaient là ; elles n’étaient pas très nombreuses mais nul doute que Queenie les connaissait toutes de A à Z et avait une excellente raison de les employer ici. C’était bien la seule chose qui faisait que le Chafouin se permettait de flirter ouvertement mais n’était jamais allé au-delà de ses propres principes. Déjà parce qu’il ne passait jamais deux nuits avec la même femme et, ensuite, parce qu’il préférait ne pas se coltiner la colère de la pâtissière. Elle était rancunière et si d’ordinaire ça l’amusait, il n’avait actuellement pas le temps de gérer ce genre de crises. Il n’était pas venu ici pour titiller la patience de la jolie blonde, mais plutôt pour attendre quelqu’un avec qui il n’avait pas conversé depuis très longtemps. Trop, peut-être ?
Sa main pianota sur la table impeccable, son attitude décontractée contrastant avec l’acidité de son regard bleu qui furetait le moindre détail pour l’enregistrer dans son esprit. Savait-on jamais, tout était bon à conserver pour être utilisé plus tard… Ses oreilles vagabondaient dans les conversations alentours, passant du racontage de life passionné à la dernière aventure d’un yorkshire au parc de la ville, des péripéties d’une nuit sulfureuse à la débauche malheureuse d’emplois d’un type qui avait l’air de sortir d’une campagne profonde. Insignifiantes problématiques qui trouvaient des solution bien plus vite qu’il ne faut de temps pour le dire.
Sirrus tourna la tête pour tomber sur le visage souriant d’une blonde qui n’avait pas grand chose à voir avec la gérante de l’endroit – à part la couleur des cheveux, évidemment. Un coup d’œil à son badge lui rappela son prénom et il écarta la main pour l’inviter à poser son plateau sur la table. Un sourire carnassier se dessina sur ses traits.
Saoirse releva vivement la tête, ramenant le plateau devant elle en réfléchissant à toute allure. Elle se mordilla la lèvre inférieur dans un geste adorable mais qui n’allait pas vraiment la sortir de ce léger pétrin où elle venait de se fourrer… Respecter les commandes était très important et, outre le fait qu’elle risquait de s’endormir à tout bout de champ durant ses horaires de travail, elle n’aimait pas passer pour une idiote qui n’avait pas compris les demandes ! Fixant les roulés et la tasse de café, ses yeux vagabondèrent sur la main posée tranquillement à plat, le corps du Chafouin, son visage attreyant, puis la chaise où il était assis et…
Une autre chaise. De l’autre côté de la table. Vide.
« Vous attendez quelqu’un ! »
Sirrus ricana, amusé. Puis, face à son silence, il ajouta :
« Ce n’était visiblement pas une question. »
« Oh pardon ! Je veux dire… Vous aviez commandé pour deux, c’est ça ? » Il hocha la tête, la laissant continuer sa réflexion. « Doooonc… Il manque une tasse et une pâtisserie ! »
Elle leva l’index, fière d’elle et le chat hocha la tête. Saoirse sautilla sur place avant de déguerpir en direction des cuisines… Pour revenir à peine quelques secondes plus tard, l’air soucieuse. Sirrus ne manqua pas de s’en amuser intérieurement, hésitant très sincèrement à la tourmenter encore un peu pour le simple plaisir de la voir mariner et patauger. Saoirse ouvrit la bouche puis la referma, se plaquant le doigt sur les lèvres comme pour tenter de se rappeler seule de la commande… Elle inspira, sembla se souvenir, puis fronça encore les sourcils.
Sirrus fit tourner lentement la cuillère dans le mug de café en la regardant, un sourire aux lèvres et une nonchalance féline caractéristique. Ah, quelle fourberie que la mémoire ! Si seulement elle pouvait ramener une seconde tasse de café, ils auraient droit au plus beau scandale de la journée et celle-ci manquait cruellement d’amusement… Mais, malheureusement – ou pas – Saoirse sembla soudain avoir le fameux éclair de génie pour allumer la petite ampoule au-dessus de son crâne.
« Du thé ! C’était du thé ! Et une tarte… A la fraise ? »
Elle grimaça en attendant une validation… Qui ne vint pas. Chafouin se contenta de la regarder, amusé, et la jeune femme fini par s’éloigner rapidement pour se procurer les fameux mets sucrés. Cette petite altercation lui ayant permis de gagner quelques minutes, Sirrus goûta au café et tourna la tête en entendant tinter la petite porte d’accès à la pâtisserie. Bingo, voilà son invité ! Son sourire s’élargit malgré l’air un peu préoccupé de Jefferson et quand ce dernier le repéra, il attendit qu’il le rejoigne.
Ils auraient très bien pu se retrouver au salon de thé du Chapelier mais, étrangement, Sirrus avait choisi le Fantasia à la place. C’était un lieu un peu plus amusant et loin de l’univers familier de son ami… Puis l’entendre critiquer du thé valait son pesant d’or, surtout quand la gérante était très à cheval sur les saveurs et les pâtisseries servies ici.
« Ponctuel. » Fit remarquer Sirrus, après lui avoir serré la main. « Café ? »
Ils ne s’étaient pas vu depuis vraiment trop longtemps. Dommage, la folie était pourtant contagieuse et le Chapelier était son meilleur élément dans le domaine.