« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)
En cette journée de mi-novembe, le temps était maussade et l’air frais qui transperçait les vêtements était annonciateur d’un hiver froid et rigoureux. Cependant, ni les nuages gris qui s’amoncelaient dans le ciel, ni la brise bien peut engageante ne pouvait freiner ma détermination. Mes visites au cimetière étaient un rituel auquel je me pliais deux ou trois par semaine quels que soient mes autres engagements. La petite tombe qui m’attendait fidèlement se remarquait à peine, dissimulée derrière d’autres plus imposantes et plus riches qu’elle. La seule chose qui la différenciait véritablement était la petite tête de souris gravée au sommet de la pierre de granit. Quant à son épitaphe, elle était aussi courte que la vie du petit être qui aurait dû l’occuper. « A mon fils bien-aimé, passant sa vie auprès des anges ».
La tombe était très propre et régulièrement nettoyée, même si très peu de personnes en ville étaient au courant de son existence ! A vrai dire, seul Hayden et moi nous nous y rendions régulièrement. Il était le seul véritable soutien sur lequel je pouvais compter pour partager mes regrets concernant mon bébé. Pourtant, ils n’avaient tous les deux aucun lien de parenté… ce n’était après tout pas lui le père de mon enfant ! Avait-il seulement remarqué cette tombe parmi les centaines qu’il avait croisées durant ces longues balades en ces lieux ? Certainement pas ! Il était bien trop occupé avec sa peste de rouquine pour prêter la moindre attention aux besoins de la souris. Je regrettais amèrement cette situation… c’est sans doute si qui me poussait à prendre grand soin du nom qui y était inscrit « Anthony B. Barker ». Qui sais après tout, il finirait par la remarquer et y déposer une petite attention, comme les bougies pour sa fille sur le banc du clown ! Mais j'étais stupide. Au fond, je savais que je ne faisais que me bercer d’illusions.
Pour le moment, Anthony avait au moins sa Maman pour penser à lui. Certaines fois, j’emportais avec moi un petit bouquet de fleurs fraichement cueilli par Katelyn pour son grand frère. D’autres fois, c’étaient des objets plus personnels, comme ce doudou souris gâté par les intempéries que j'emportais parfois avec moi pour le nettoyer. Ce fut notamment le cas ce jour-là ! Après l’avoir déposé sur le socle, je m’étais assise à côté d’elle sur un petit coussin que je gardais dans mon sac. C’était une sorte de petit rituel pour moi. A chaque fois, j’emportais un livre pour enfant où lisais un poème que j’avais écrit spécialement pour lui ! La veille l’inspiration m’était soudainement venue et c’est le cœur plein d’émoi que je récitais ce poème à haute-voix. Peut-être qu’il m’entendrait et s’en sentirait quelques peu soulagé.
Mon petit Ange d’Amour, Tu as grandi en moi, Mais je n’ai jamais pu te prendre dans mes bras. Nos regards se sont croisés, Je n’ai même pas pu entendre ton cri de nouveau-né. Mais le lien est là, réel et éternel. Ce lien qui unit une mère à son enfant, Dès le premier jour, et même avant. Tu resteras toujours suspendu au-dessus de moi, mon ange, Mon étoile, celle qui brille au creux de moi. Peu de temps mais tant d’amour, Pour toi mon petit prince pour toujours. Tu as grandi suffisamment pour atteindre mon cœur, Et faire mon bonheur. Maintenant, quoiqu’en en ai décidé la vie, Nous serons toujours unis. Ta maman qui ne t’oubliera jamais et qui continue de croire en toi et de vivre pour toi.
Observant alors un silence religieux, je demeurais assise et caressait d’une main attendrie la petite pierre tombale glacée. Après une dizaine de minutes supplémentaires, je finis par me relever tout en silence. La tristesse brouillait légèrement mon regard et des larmes perlaient alors à mes yeux. Troublée, je ne me sentais pas l’envie de me perdre parmi la foule d’inconnus qui arpentaient les rues de la ville. Après un dernier adieu à Anthony, je me relevais et alla m’asseoir sur un banc en bordure non loin de là. Toujours aussi passionnée de lecture, je sortis de mon sac un ouvrage de circonstances appelé « Communication avec l’au-delà ». Mon intérêt pour le monde de l’occulte ne datait pas de hier ! Mon esprit rationnel me rappelait sans cesse l’idiotie de ces propos. Pourtant une petite voix soufflait que monde existait bien et que j’avais parfaitement le droit d’y croire ! Je n'étais pas désespérée au point de ne vivre que pour cela... bien au contraire ! C'était le sujet qui m'intérpelait avant tout. Cependant, l’arrivée inopinée d’une jeune femme dans le cimetière m’interrompit dans mes projets. Son visage ne m'était d'ailleurs pas inconnu. J'avais l'impression de l'avoir déjà croisée dans les couloirs de l'hôpital au temps de la malédiction. Même si notre hôpital était assez petit, je n'avais jamais eu l'occasion de parler avec elle. En revanche, je croyais déjà connaître son nom. Croisant son regard, je lui souris alors aimablement et prononçait une petite salutation du bout des lèvres.
« B… bonjour ! Vous êtes Mary Bates... c'est bien cela ? »
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Mary Bates
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Depuis longtemps maintenant, Mary ne célébrait plus rien. Elle ne voyait pas d'intérêt à fêter le moindre événement, trouvant cette pratique stupide et méprisable. Le dernier Halloween auquel elle avait tenté de prendre part ne faisait que la conforter dans cette pensée. Cela avait été un véritable fiasco, et même une horrible torture. Il lui avait fallut plusieurs jours pour ne plus se retourner brusquement au moindre bruit en rentrant chez elle le soir, craignant de voir James surgir d'un coin de rue pour venir la tourmenter avec entrain. Il avait prit un plaisir fou à conter, encore et encore, les atrocités qu'il avait pu commettre, récits dont elle se serait volontiers passer, sans qu'elle ne se soit pour autant rabaissée à le supplier d'arrêter. Elle avait été assez forte pour y survivre, ça avait été un jeu d'enfant de les encaisser l'espace d'une nuit. Du moins, elle cherchait à s'en convaincre.
Si elle devait être honnête avec elle-même, ces quelques heures accompagnées seulement par les défunts l'avait chamboulé. Elle avait finit par apprendre qu'il ne s'agissait pas d'entités véritables, mais de produits que son esprit brisé avait reconstruit mêlé au sortilège de ce Clan étrange. Ce n'était pas plus rassurant à ses yeux. Mary s'était imaginée les avoir tous enfouis assez profondément pour ne plus en être perturbée, pourtant c'était donc elle-même qui s'était infligée la douleur de les revoir. Se complaisait-elle donc véritablement dans cet état de souffrance comme le pensait Ormebrun ? Non. Elle avait cherché à s'en écarter, s'y habituant tout au plus pour ne pas en être davantage blessée. Et elle ne donnait de toute façon aucun poids au discours de ce Professeur d'Art. Il ne connaissait rien de sa vie et il lui disait de l'accepter. L'imbécile.
« Tu l'aurai adoré cet homme, Lizzie. Charismatique, beau-parleur et manipulateur, c'est comme ça que tu les préfères, non ? » marmonna-t-elle, sarcastique, tout en expirant la fumée de sa cigarette.
Il était encore très tôt. Les rayons du soleil matinal ne parvenaient pas à se frayer un chemin à travers les nuages. Il faisait froid, aussi. Un mois de novembre qui annonçait un hiver futur relativement glacial. Peut-être autant qu'elle ? Elle n'était cependant pas dérangée par la basse température, emmitouflée dans un manteau de saison sombre, sa main libre se perdant dans l'une des poches.
Elle exécrait tout en ce lieu. L'air pesant empli d'une peine qui lui donnait la nausée tant c'en était ridicule, et le poids qui l'étouffait dès qu'elle y mettait les pieds. Mary appréciait la compagnie des morts pendant qu'elle les rendait présentables, pas lorsqu'ils étaient déjà six pieds sous terre. Elle ne venait pas rendre visite à ses clients une fois qu'elle avait terminé de les apprêter. Elle n'assistait même jamais à la mise en place de leur corps dans leur cercueils. Cela faisait remonter trop de traumatismes.
Pourtant, elle était là, assise sur une pierre tombale face à une grossière croix de bois sur laquelle son propre nom était presque effacé par les années. Elle en distinguait pourtant encore les lettres gravées à la va-vite. La plupart des autres tombes étaient somptueuses, décorées de gerbes de fleurs, de couronnes grandioses, de couleurs vives. Des gestes d'affections auxquels elle n'avait pas le droit. Elle eut un rictus, désabusé et dégoûté.
« Joyeux Anniversaire, Elizabeth. » soupira la jeune femme en se redressant, tandis qu'elle écrasait son mégot sur une pierre tombale.
Elle était venue pour la première fois après la levée de la malédiction, sans trop vraiment savoir pour quelle sombre raison. Voir que la croix médiocre qui avait marquée son lieu de repos éternel avait été amenée ici l'avait plongé dans une rage folle, au début, puis dans une tristesse profonde, avant de la laisser indifférente, comme tout le reste. Elle ne faisait l'effort de se rendre visite qu'en ce jour ''spécial''. Un an de plus, qu'est-ce que ça voulait dire maintenant ? Rien du tout. Mais elle le faisait. Peut-être... simplement pour se dire qu'elle pouvait au moins compter sur elle-même, à défaut d'avoir qui que ce soit d'autre.
Ses pas l'éloignèrent de cet endroit qui commençait à serrer son cœur d'une façon trop dérangeante. Evidemment, sa propre croix était bien éloigné du reste du cimetière, presque dissimulée, puisqu'elle ne comptait pas, et elle devait le traverser tout entier pour en retrouver la sortie. Un frisson la parcourut tandis qu'elle jetait un coup d'oeil au loin, sachant exactement où se trouvait les plus petites tombes, les moins imposantes, celles des enfants. Est-ce que... Non. Elle était détachée de tout ça. Elle accéléra l'allure jusqu'à l'entrée du cimetière, se sentant étouffée. Elle eut presque un sursaut à la salutation pourtant discrète de cette femme blonde dont elle croisa le regard si brièvement.
Mary était décidée à l'ignorer. Elle se demandait encore parfois pourquoi certains étaient si enclins à entamer la moindre conversation sans prétexte vraiment valable. Sans répondre tout d'abord, elle laissa ses yeux la dévisager sans la moindre gêne. Cette personne connaissait son nom et, si elle ne doutait pas de sa popularité (pas forcément pour de bonnes raisons), elle estimait connaître l'identité d'une bonne partie des habitants elle aussi, à force d'observer. Propre sur elle, un sourire cordial sur les lèvres, un bouquin sur les genoux. Venir faire sa lecture dans un lieu pareil était morbide, de son point de vue, et rien que le fait de venir ici était une preuve de médiocrité en vérité. Elle serra discrètement les dents à cette réflexion. Après tout, elle aussi était là.
« Docteur Beresford. » prononça-t-elle finalement tandis que sa bouche s'arquait en un demi-sourire poli.
Pédiatre, si sa mémoire ne la trompait pas. Et... plus ou moins liée à Sherlock Holmes. Cet idiot de première division qui finirait par se jeter d'un toit un jour, elle en était intimement persuadée. Cela prouvait toute l'empathie ou l'amabilité de la personne qui venait d'entamer timidement une amorce de conversation. Sa stupidité aussi. Ou au moins une sorte de manque d'estime pour sa propre personne, en quelques sortes, pour perdre son temps avec un énergumène pareil dont l'ego prenait toute la place.
« C'est bien moi. » poursuivit la jeune femme tout en se rapprochant de quelques pas, jusqu'à venir tendre doucement sa main dans sa direction. « Je ne m'attendais pas à vous croiser ici. »
Mensonge. Elle ne trouvait en rien que c'était surprenant, au contraire, c'était presque trop prévisible. Madame Parfaite à la chevelure blonde ne pouvait avoir une vie irréprochable et dénuée de drames. Au premier abord, elle paraissait lisse, sans intérêt, tellement sage et détestable. Mais elle l'avait déjà remarqué, cette petite lueur brisée si familière au fond de ses yeux. Et il y avait quelque chose dans l'air autour d'elle. Quelque chose de lourd, de pesant, d'obscur. De la matière à fouiller. Exactement ce qu'il lui fallait alors qu'elle avait l'impression de perdre elle-même pied avec sa propre identité.
Sans attendre d'invitation particulière, et malgré que le lieu ne fasse pas partie de ces favoris en terme de terrain de jeu, elle prit place sur le banc juste à côté de la docteur. Qui était-elle venue voir ? Un mari dont elle était la veuve éplorée ? Elle devait tellement se laisser berner par la gente masculine. Elle l'avait déjà croisé dans la rue, en compagnie d'un homme qu'elle aurait définit comme insignifiant et... trop parfait, lui aussi. Les apparences sont tellement souvent trompeuses et tout le monde se fait avoir. Les plus faibles, en tout cas. Non. Ce n'était pas un mari. Un parent qui lui manquait affreusement ? Un ami précieux ?
« Intéressante, votre lecture. » fit remarquer Mary avec une pointe d'amusement amical. « Je peux ? »
Ce n'était qu'une façade. Elle n'avait besoin de l'autorisation de personne. Délicatement, ses doigts se portèrent à l'ouvrage qu'elle n'éprouva aucune difficulté à extirper des mains de son interlocutrice. Elle retint parfaitement son rictus sarcastique à la lecture du titre des plus mystiques, et surtout des plus idiots.
« Vous croyez en ces choses-là ? » lança-t-elle distraitement, tout en ouvrant avec douceur le livre dont elle fit défiler les premières pages. « Pourtant certains diront qu'il est préférable que les morts restent à leur place. »
Elle se tendit imperceptiblement à ses propres mots, le souvenir de James et d'Annabelle étant encore trop vif pour qu'elle l'aborde sans que cela ne génère la moindre réaction de sa part.
« Je ne juge pas. On a tous nos petits secrets. » enchaîna-t-elle, imperturbable, tout en tournant légèrement sa tête en direction de la jeune femme. « Mais j'admets être assez curieuse. Un médecin qui s'intéresse à l'au-delà, c'est assez rare. La plupart ont conservé leur esprit rationnel, même dans cette ville où rien n'a de logique. »
C'était même affligeant de remarquer à quel point certains d'entre eux restaient fermés malgré tout ce qui pouvait se dérouler à Storybrooke. Les vieilles habitudes étaient dures à perdre, elle était bien placée pour le savoir, et il était parfois jugé moins désagréable de conserver des oeillères pour ne pas faire face à la réalité. Mais c'était idiot. De son point de vue.
« Vous devez avoir vos raisons. Pardonnez mon indiscrétion déplacée. »
Avec une gêne feinte, Mary referma l'ouvrage pour le tendre de nouveau au Docteur, tout en se redressant lentement.
« Je vous dérange certainement, en plus de cela, vous n'aviez peut-être pas envie que je m'immisce de la sorte... Vous étiez simplement polie. Je vais vous laisser votre tranquillité. » continua-t-elle, la bouche pincée et le regard presque fuyant.
Là était toute la subtilité. Montrer de l'intérêt, faire croire qu'on se sent de trop, pour que finalement l'âme d'une gentillesse débordante face à vous ressente le besoin de vous faire vous sentir à l'aise en vous invitant à rester. Il ne fallait pas qu'elle s'impose brusquement, pas avec quelqu'un d'aussi fragile qui se braquerait à la moindre remarque trop déplacée, comme une pauvre petite souris effrayée.
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Angelika B. Beresford
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Pour quelle raison lui avais-je adressé la parole au juste ? Je l’ignorais. Sans doute étais-je trop polie pour ignorer une personne que j’avais autrefois côtoyée. Ou peut-être avais-je simplement besoin de me changer les idées et d’ignorer ma douleur quelques instants. Les retrouvailles avec mon fils, ou tout du moins ce qu’il en restait, me bouleversant toujours jusqu’au plus profond de mon âme. Seulement, je n’avais guère prêté attention à mes yeux rougis par les larmes et j’hésitais à plus d’une reprise à baisser mon regard afin qu’elle ne puisse pas même les deviner. Elles sonnaient si faux avec le sourire aimable que j’affichais à présent. Une faille dans le masque est toujours une fausse note assez dérangeante, aussi bien pour mes interlocuteurs que pour moi !
S’approchant de moi, elle me tendit une main que je saisis dans un réflexe bienséant. En mon fort intérieur, j’étais heureuse de constater que mon appel avait su trouver une réponse. Après tout, peut-être aurait-elle préféré être seule en ces circonstances ? Entamant la conversation, elle se prétendit étonnée de me croiser en ces lieux. A ces mots, je haussais simplement les épaules.
- Hélas, n’avons-nous pas tous perdus un jour un être aimé ?
Le ton de ma voix était à la fois détaché de ma propre situation et empathique. Après tout, Mary Bates ne se trouvait pas ici par hasard. Elle connaissait certainement un des pensionnaires de ce cimetière.
- Toutefois, je reconnais qu’il aurait été plus agréable de vous revoir en d’autres circonstances ! Que devenez-vous à présent ?
Je ne l’avais plus revue depuis quelques temps et j’avoue que je m’étais questionnée sur son absence. Oh certes ce n’était qu’une pensée fugace, après tout bon nombre de personnes avaient changé de vie après la malédiction pour un choix de vie correspondant plus à leur nature ! Mais pourquoi ne pas y donner un sens à présent ? D’autant plus que cela nous permettrait une petite pause bienvenue au morbide de cette situation.
Me décalant ensuite pour la laisser prendre place à mes côtés, je l’observais attendant qu’elle rompe le silence. Très vite, elle semblait intéressée par mes lectures du jour. Un léger sourire naquit alors au coin de mes lèvres. Le sujet me passionnant, cela me faisait plaisir de savoir que je n’étais alors pas la seule dans ce cas. Sans vraiment réfléchir, je lui tendis le livre avec un sourire sincère.
- L’ésotérisme est une matière qui m’a toujours fascinée ! Vous vous y intéressez également ?
Bien sûr, je n’étais pas prête à évoquer l’immense secret concernant mon fils ! Après tout, Balthazar lui-même n’en avait eu connaissance que quelques mois auparavant. De quel droit irais-je raconter ma vie à une inconnue ? Je devais rester méfiante même si un certain charisme se dégageant d’elle me poussait à vouloir lui faire confiance.
- Je dos bien reconnaître qu’il est dangereux de jouer avec des forces inconnues. Je ne suis pas le genre de femme à jouer avec le feu… la planche de Ouija, les tables tournantes, les rituels morbides d’incantations auxquels peuvent se prêter certains adolescents… très peu pour moi ! Mon approche de la mort est beaucoup plus théorique !
Revenant irrémédiablement vers notre domaine professionnel, Mary évoqua la fermeture d’esprit de la plupart de nos condisciples. Je laissais alors échapper un léger rire de mes lèvres, approuvant d’un signe de tête ses paroles. Oh bien sûr, il y avait des exceptions. La malédiction dont Hayden avait été victime prouvait mes croyances ! Il lui aurait été difficile de renier ses convictions liées au monde des esprits ! En revanche, certains autres comme Edgar ne s’en préoccupaient guère. Mon compagnon du moment se moquait même parfois de livres oubliés sur ma table du salon. Digne héritier de Saint-Thomas, il se contentait de répéter que tant qu’il ne le verrait pas de ses propres yeux, il se refuserait à y croire. Je poussais alors un léger soupir qui me sorti de mes pensées.
- J’ai toujours considéré l’ouverture d’esprit comme une grande force ! Vivre sans œillère c’est se donner la chance de découvrir le monde tel qu’il est et non tel que l’on souhaiterait le voir. Ces croyances apportent également un grand réconfort aux parents en deuil que je rencontre dans mon travail ! Tant que cela ne tire pas à l’obsession, je ne vois pas le mal que cela peut faire !
Ces quelques mots m’avaient échappé sans que je n’y réfléchisse réellement. N’était-ce pas en réalité de ma propre expérience malheureuse de mère dont j’étais en train de témoigné ? Je croyais fermement aux vérités véhiculées par la spiritualité et le monde surnaturel. Pour quelle raison ? Sans doute parce qu’il était plus facile pour moi d’imaginer Anthony évolué dans un paradis céleste, baignant dans un amour et une tendresse infinie où il pouvait bénéficier de la belle vie que je n’aurais su lui offrir ! C’était bien plus rassurant que de faire à l’autre réalité de la mort : celle du néant !
Subitement, mon invitée se releva du banc où elle avait pris ses aises. S’excusant d’avoir pris l’initiative de me rejoindre, elle s’apprêtait à repartir.
- Je vous en prie, vous n’avez pas à vous excuser ! Je dois rejoindre mon compagnon dans une vingtaine de minutes ! Restez donc avec moi, l’attente sera beaucoup plus agréable avec vous à mes côtés !
J’espérais ainsi la rassurer et le retenir quelques instants. Après tout, il est vrai que je n’avais d’autres obligations aujourd’hui ! Autant profiter d’une rencontre fortuite pour me faire connaissance avec cette demoiselle que je m’étais contentée de croiser jusqu’ici.
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Elle dégageait tant de misère que c'en était saisissant. Bon nombres d'habitants de cette ville avaient un passé tourmenté, bien que peu acceptaient de l'admettre. Cette aura de détresse qui planait au-dessus de Storybrooke était la chose à laquelle Mary se raccrochait, presque avec désespoir, la seule encore qui parvenait à l'animer profondément. Malgré elle, elle était liée au tragique, à l'obscur, à la tristesse et à la détresse. Tant de sentiments et de peine dans laquelle se reflétait presque celle qu'elle avait été, mais elle avait cessé de s'y retrouver, elle ne voyait là que des âmes perdues qui pouvaient décider de voir le monde tel qu'il était ou continuer de se morfondre jusqu'à s'auto-détruire. C'était sa façon de combler la solitude, d'oublier l'espace de quelques instants précieux qu'elle n'avait finalement... rien.
Sans en ressentir la moindre gêne, elle avait ignoré les questions de cette curieuse femme qu'était le Docteur Beresford. Ça aussi, c'était un trait de gentillesse qui était capable de la faire soupirer comme personne. Pourquoi s'inquiéter de la vie de quelqu'un ? Pourquoi s'y intéresser ? Pourquoi chercher un quelconque sujet de discussion, banal au possible, afin de combler les blancs ? Elle faisait généralement l'effort de s'adapter à cet exercice des discussions de politesse qu'imposaient la société et la population, mais elle n'y voyait pas d'intérêt. Trop s'interroger, c'était apporter de l'importance à l'autre. Alors qu'ils n'étaient tous que des grains de poussières qui finiraient par disparaître. Comme ces êtres aimés qu'elle avait évoqué.
« Disons que j'ai eu quelques expériences en matière de spiritisme ou d'occultisme qui font que je ne peux pas nier qu'il existe quelque chose. » affirma-t-elle d'un ton presque indifférent. « Cela dit... je ne suis pas sûre que ce soit le cas dans ce monde. Nous venons tous d'endroits très différents où des tas de choses sont possibles, mais ici, ça fonctionne peut-être autrement. Même si à votre place, je ne dénigrerai pas aussi rapidement ça les Ouija ou encore les rituels morbides. »
Une moue curieuse et incertaine parfaitement imitée prenant place sur son visage, Mary avait même été jusqu'à esquisser un léger sourire de compassion à l'égard de son interlocutrice. La confirmation de sa perte d'une personne importante à ses yeux avait été confirmé, le tout était de trouver qui... et peut-être comment. Cela pouvait être banal. Un accident, une maladie, un suicide, un meurtre. Ce n'était à vrai dire pas vraiment ce détail qui importait, mais plutôt la vision de celle qui était restée vivante à ce sujet.
Le deuil pesait encore sur ses épaules, à l'évidence, elle n'avait pas prit ses distances avec la disparition qu'elle avait subit. On pouvait supposer à tord que le fait de côtoyer les hôpitaux ou de souvent faire face à la Mort permettait aux employés de vivre avec plus de retenue leurs propres malheurs. Mary savait d'expérience qu'être un médecin n'apportait aucun avantage de ce genre, et encore moins de la jugeote ou de la réflexion. Les émotions personnelles guidaient toujours les réflexions, peu importe le domaine d'expertise. C'était un véritable fléau.
Sa tête se pencha légèrement sur le côté tandis qu'Angelika usait avec très peu de recul du terme ''parents'' suivi par le '' deuil''. Ce n'était pas anodin. Certes, elle continuait sur la lancée de la conversation concernant son emploi et son rôle après tout, et elle l'avait fait avec un naturel admirable, mais c'était comme si elle cherchait à défendre son point de vue. Une justification qui n'avait pas lieu d'être alors que Mary n'avait émit aucune opposition à l'attrait qu'elle pouvait bien avoir envers les diverses formes du spiritisme. C'était personnel. C'était une de ces phrases que l'on dit sans réfléchir, ces mots qui nous échappent inconsciemment parce qu'ils nous concernent, ces pensées qu'on ne peut formuler lorsque l'on parle de soi mais qui s'expriment en d'autres circonstances. Elle eut du mal à retenir le sourire qui voulait se dessiner au coin de ses lèvres en feignant son départ.
Sans surprise, la docteur la retenu. Elle s'y était attendue et n'afficha aucune satisfaction, bien qu'elle était intérieurement contentée par cet appel à la confidence qu'elle ne devait même pas réaliser. Innocemment, elle confirmait également le fait qu'elle n'était pas seule ces derniers temps. Un ''compagnon'', un mot si doux pour ne pas parler de tortionnaire. C'était ainsi qu'elle voyait les choses : les sentiments étaient comme une jolie prison dans laquelle les gens s'enfermaient. Ça finissait toujours mal. Beresford s'imaginait-il que cet homme pansait ses plaies et la couvait de tendresse pour la faire se sentir mieux ? Aucun doute que cette histoire ne durerait pas. La jeune docteur finirait le cœur en mille morceaux. Oh, qu'elle avait hâte de pouvoir voir l'évolution de cette relation.
« Si vous insistez... » articula doucement Mary, faussement gênée.
Vingt minutes, c'était largement suffisant. Elle qui avait débuté sa journée de façon si morose ne s'était pas attendue à tomber sur pareille occasion. Comme quoi, elle avait bien raison de ne rien espérer, il n'y avait qu'ainsi que l'on finissait par avoir de bonnes surprises.
« Et si vous me le permettez, je pense que nous pourrions faire preuve d'un peu moins de formalités. Vous ne seriez pas gênée que je vous tutoie, n'est-ce pas ? Je trouve ça plus... commode. »
Etablir une proximité, un contact plus familier, au-delà de la cordialité. Il fallait mettre en place la confiance, la modeler, créer cette atmosphère bienveillante. Ce n'était même pas faux, pour une fois. Mary voulait réellement venir en aide à cette personne perdue... à sa manière.
« Que diriez-vous de marcher ? Je pense que ça nous fera du bien à toutes les deux. » proposa-t-elle, souriante.
Elle n'allait pas refuser, elle était bien trop aimable pour ça. Elle attendit simplement que la jeune femme la suive pour commencer sa marche. A vrai dire, même si la conversation s'annonçait intéressante et distrayante, elle préférait s'écarter de ce cimetière qui tendait chacun de ses muscles d'une façon désagréable. Prétendre que cela pouvait aérer leurs esprits n'était qu'une demie-excuse qu'elle donnait.
« Tu parlais de croyances et de leurs capacités à permettre de découvrir le monde tel qu'il est... Et si c'était le contraire ? » poursuivit-elle, un air de légère réflexion sur ses traits. « Je dirais que c'est à double-tranchant. Cela peut apaiser, réconforter et nourrir l'espoir, mais c'est tout autant une façon de ne pas faire face et de se rassurer avec des chimères. Il n'existe aucune certitudes en ce qui concerne... l'Au-delà. Si ce n'est que l'existence des Enfers semble être véritable puisque son dieu est après tout notre maire. »
Elle se permit même de laisser échapper un rire léger dans le but de détendre l'atmosphère. Elle ne cherchait pas à comprendre les histoires de ces divinités, ni le rôle qu'ils avaient à jouer. Même s'ils étaient supérieurs, ils ne restaient eux aussi que des êtres soumis aux mêmes souffrances et aux mêmes dilemmes que le reste de la population.
« Quoi qu'il en soit, je suis d'avis que le dialogue est le meilleur des remèdes. C'est s'imposer une horrible torture que de conserver le silence et de ne pas exposer ses craintes et sa tristesse. Une sorte de déni aussi. S'exprimer librement permet de tout exposer sous un nouveau jour. »
Tout en parlant, elle gardait ses yeux rivés devant elle, le calme du lieu et des alentours dégageant presque quelque chose de mystique. L'hypocrisie dont elle faisait preuve l'impressionnait elle-même. Elle tourna quelque peu la tête en direction d'Angelika, un doux sourire éclairant son visage pâle.
« Je ne suis pas en train de te dire de te confier à moi, ce serait bien incorrect de ma part, mais je pense que c'est une nécessité. » prononça-t-elle avec douceur et indulgence.
Il fallait être idiot pour ne pas remarquer que la docteur était plus habituée à écouter les confidences d'autrui plutôt que de partager les siennes.
« Oh évidemment tu n'es pas obligée de le faire, ce n'est qu'un conseil... d'une mère à une autre. » jugea-t-elle utile d'ajouter avec détachement.
Elle avouait par ce biais avoir mit le doigt sur un détail à son sujet, tout en faisant part du fait qu'elle le partageait. Elle aurait tout aussi bien ne pas se donner la peine de le préciser mais elle avait remarqué qu'il fallait parfois donner de soi-même pour recevoir d'autrui. Et toute bonne illusion devait contenir un peu de vérité pour avoir de l'impact.
« Parlons de choses plus joyeuses ! Ce compagnon, qui est-il ? Est-ce qu'il travaille à l'hôpital lui aussi ? » enchaîna-t-elle sans transition, apportant un peu plus d'engouement à sa voix. « J'y viens encore de temps à autre, je croise quelques anciens collègues en chirurgie... Peut-être que je le connais ? »
Bien évidemment, Mary ne voyait pas l'intérêt de préciser que si elle avait changer de domaine depuis quelques années, c'était parce que sauver des vies n'était pas sa réelle spécialité. Tout comme elle n'y trouvait aucune motivation, ni aucune satisfaction. Il était bien plus facile de travailler avec des cadavres. Les enjeux étaient moindres et au moins, quelqu'un s'en occupait. Les morts méritaient après tout autant d'attention que les vivants.
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Intéressée, je m’étais penchée plus en avant sur la question du spiritisme. Parler de sujets à la fois banaux et passionnants, nous permettrait de maintenir une certaine distance par rapport à des sujets plus personnels. C’était ce que je désirais au fond car la mort d’Anthony était l’un des plus cruels fardeaux que la vie m’avait obligée à porter ! Je ne désirais pas m’y attarder… pas même une minute !
Toujours aussi souriante, je suivais donc les propos de mon ancienne collègue avec beaucoup d’attention. Bien que parlant de spiritisme, mon esprit s’évada vers d’autres phénomènes inexplicables qui semblait avoir perdu toute substance depuis notre arrivée à Storybrooke ! La Magie… cet art si particulier qui avait causé tellement de souffrances et de désillusions dans notre monde originel. Inconsciemment, je caressais d’un geste mécanique la petite pierre que je portais autour du cou.
« Vous avez raison ! Ce monde semble étranger aux lois qui régissait celui d’où nous venons. Ce n’est sans doute pas une mauvaise chose… Mais comme vous dite, ce n’est pas parce que des phénomènes étranges se produisent différemment qu’ils n’existent pas. Je vous prie de m’excusez si mes propos ont pu froisser vos croyances personnelles. Ce n’était pas mon intention ! »
Mon interlocutrice accepta ensuite avec plaisir l’invitation que je lui avais faite. Simple élan de politesse de ma part ? Ou intérêt réel pour Mary ? Je n’aurais su le dire avec précision mais je n’étais pas contre un peu de compagnie, c’était certain ! Lorsqu’elle me proposa de me tutoyer, je hochais avec simplicité mes épaules, un sourire chaleureux et accueillant aux lèvres.
« Je n’y vois pas d’inconvénient à cela, Mary ! Tutoyons-nous… c’est vrai que cela sera beaucoup plus simple. »
Me relevant alors du banc, je suivais la jeune femme dans sa promenade. Il était certain que je n’étais pas mécontente de me relever de mon assise. Marche faisait du bien et il était évident que cela me permettrait d’aérer mon esprit que plus efficacement. Nous glissant une nouvelle fois dans la peau de philosophes, nous reparlions des croyances, du Bien et du Mal qu’elles pouvaient nous apporter dans notre vie quotidienne… dans la perte tragique de nos proches !
« Je ne peux pas te contredire sur ce fait ! Il est certain que comme toutes choses, les croyances sont à prendre avec la plus grande des précautions. Mais ne dit-on pas que l’Espoir fait vivre ? Quel mal peut-il y avoir à vivre avec ses pensées ? Après tout, les personnes qui nous sont enlevées ne reviendront plus ! Ne vaut-il pas alors les imaginer heureuse dans un monde qui nous est totalement étranger ? Tu l’as dit toi-même…. L’Enfer existe, mais toute chose ne peut exister sans son contraire. S’il existe un Enfer, il doit bien y avoir un Paradis quelque part ! »
Elle me parla alors avec une grande Sagesse du besoin de dialoguer pour aider à nous libérer de certaines blessures. Inconsciemment, mon corps se contracta et ma gorge se serra. Un malaise désagréable s’empara alors de mon être. Parler de moi ne faisait pas partie de mes habitudes. Je passais tellement de temps à guérir les blessures des autres que je n’avais plus de temps pour m’occuper des miennes. Cela me faisait réaliser qu’en quelque sorte, mon engagement pour les autres était un peu égoïste. Ce que je désirais plus que tout c’était m’oublier et noyer mes propres tourments dans les histoires tragiques des autres.
« Je… pardonne-moi mais cela n’est pas dans mes habitudes ! Parler n’apporte parfois pas que du bon ! Il y a des secrets qu’il vaut mieux conserver pour soi… car une fois lancées, les rumeurs se répandent vite dans une ville. Ce n’est pas que j’ai confiance en toi. Je ne t’imagine pas aller colporter des ragots partout dans la ville mais… nous ne nous connaissons pas assez pour que je puisse te prêter mon entière confiance ! »
J’avais lancé cette dernière phrase d’un ton abrupte que je ne me connaissais pas ! Mais après tout, n’avais-je pas raison ? Qu’est-ce qui me prouvait que je pouvais lui faire confiance ? Nous ne nous connaissions réellement que depuis quelques minutes. Cependant, je ne pus cacher mon émoi lorsqu’elle évoqua notre maternité commune ! Avait-elle également perdu l’un de ses enfants ? Quel mystère se cachait réellement derrière cette femme si mystérieuse ?
« Tu… tu as per… je veux dire tu as des enfants, toi aussi ? »
Me mordant la lèvre brièvement pour ce petit mot malheureux qui venait de m’échapper, j’espérais que mon interlocutrice n’avait pas saisis le sens de ma question. Ce que je pouvais être stupide parfois ! Quelques instants plus tard, elle me parlait d’Edgar et un léger sourire maladroit naquit aux coins de mes lèvres. Nous nous connaissions avec Edgar que depuis quelques mois et si je ne pouvais pas réellement parler d’une histoire d’amour le concernant, mes yeux pétillants trahissaient l’attachement réel que j’avais pour lui.
« Il s’appelle Edgar Sullivan… il travaille aux soins intensifs de l’hôpital de Storybrooke depuis quelques mois ! Je ne sais pas si tu le connais… je ne l’avais encore jamais vu auparavant moi-même ! C’est quelqu’un de bien ! Gentil, attentionné et il n’est pas rebuter par l’idée de sortir avec une jeune mère célibataire… ce qui est plutôt une bonne chose ! Je suis heureuse avec lui ! »
Un geste trahissant ma pensée, ma main relâcha mon emprise sur le médaillon que je portais au cou. Relâchant rapidement mon emprise, j'adressais un sourire maladroit à mon interlocutrice.
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Mary Bates
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Elle s'excusait, faisait preuve d'une politesse pleine d'amabilité, ne voulait pas froisser ou déranger, exprimait son avis avec sincérité, douceur et naïveté... Ne dit-on pas que l'Espoir fait vivre ? Mary dut se retenir de ne pas afficher un rictus à ses propos. Il était bien stupide de s'accrocher à une telle notion. Elle estimait qu'il était davantage préférable de ne rien attendre. Après tout, qu'est-ce que ça lui avait apporté jusque là ? Elle se morfondait dans un cimetière un beau matin de novembre et se laissait aller à des lectures insensées, en s'imaginant que les personnes enlevées à sa vie étaient heureuses dans une autre dimension. Quel tableau idyllique.
Parfois, il fallait voir les choses en face plutôt que de se laisser aller aux chimères : la mort était une fatalité peu réjouissante et douloureuse de bien des façons qui ne devait mener à rien de bon. Ce ne serait pas la Mort si elle menait à un endroit lumineux et parfait en tout point. Chercher à se rassurer à ce sujet était stupide. Mary supposait que la docteur cherchait par ce biais à amoindrir la culpabilité qu'elle pouvait ressentir à l'égard de la perte d'un être cher, ou à atténuer la tristesse que cela lui procurait, plutôt que de s'y confronter et de l'assumer. C'était faible. C'était... décevant.
Elle ne dit cependant rien, hochant lentement la tête dans une fausse marque d'approbation à son discours. Elle était consciente que l'esprit de la jeune femme était conformée à cette façon de penser digne des héroïnes d'histoires tragiques et fades. Si elle s'exprimait avec assurance, son malaise certain à l'idée de parler d'elle la rendait transparente. Oh, Mary comprenait parfaitement la pudeur ou même le désir de conserver secrets certains détails de son histoire, elle agissait de la même façon. C'était davantage la manière qu'elle avait de se justifier. Les rumeurs ? Avait-elle une tête à discuter avec le premier venu pour lui confier tout ce qu'elle pouvait savoir de chacun ? Elle se pinça subtilement les lèvres. Elle était une vraie tombe. Elle eut presque un rire à cette réflexion ironique de sa part.
« Oui. » répondit-elle alors simplement à son interrogation, coupant court à la timidité et à l'indécision de son interlocutrice.
Mary n'avait aucune confiance en cette femme. Elle n'avait aucune confiance en personne. Cela ne l'empêchait pourtant pas de parfois dire la vérité à son propos. Le fait qu'Angelika ait usé de ce prétexte comme excuse lui laissait penser que son propre vécu devait être complexe et plein de regrets. Il n'y a que les histoires dans lesquelles on a conscience d'avoir sa part de responsabilité qu'on ne se permet pas de déballer librement. Par crainte du jugement, du regard des autres, par honte même. Ça attisait sa curiosité, d'une certaine façon, mais elle ne le montrait pas pour autant.
« Une fille. » précisa-t-elle en tournant légèrement sa tête en direction de la jeune femme, ses yeux se baissant l'espace d'une seconde vers le collier qu'elle portait. « Elle avait huit ans. Elle a disparu dans un accident. »
Elle sentit son corps se crisper à cette simple évocation. Un accident... c'était une façon romancée de présenter les choses. Elle savait que donner des informations sur sa propre existence pouvait pousser l'autre à se laisser aller à quelques effusions à propos d'elle-même. A vrai dire ce n'était pas les faits qui l'intéressaient, davantage le fond. Ce que personne ne cherchait jamais à connaître en se contentant de la surface.
« Edgar... » répéta-t-elle alors, pensive, tandis qu'aborder un sujet plus léger s'était avéré nécessaire. « C'est germanique, non ? Absolument charmant. »
Son sourire cordial n'était là que pour les apparences. En vérité, elle trouvait ce prénom d'une banalité et d'un manque d'attrait affligeant. C'était rude, c'était brutal, ça ne sonnait pas joliment à ses oreilles et ça n'inspirait que de la sévérité. Après tout, si c'était dans ses goûts... Distraitement, elle l'observa du coin de l'oeil relâcher son médaillon, tout en se demandant ce que cette femme pouvait véritablement attendre d'un homme.
« Ca ne me dit rien, en effet. C'est assez étrange, tout le monde finit par connaître tout le monde dans cette ville... Tu ne sais pas qui il était avant ? »
Sa tête se pencha légèrement sur le côté dans une expression intriguée. Il était courant que les personnes parviennent à dissimuler leur identité passée. Par simple envie de discrétion ou pour des raisons tout à fait différentes – elle-même ne criait pas sur les toits son identité, bien qu'il lui était difficile de la dissimuler dès qu'elle se retrouvait face à son reflet. Cela dit, ça avait toujours quelque chose de suspect, lorsqu'on ne désirait pas s'épancher à ce sujet.
« Je ne doute pas de votre bonheur... » énonça-t-elle alors, son ton étant pourtant subtilement méfiant. « Mais j'ignorais que tu étais mère célibataire. Et ton enfant ? Il l'apprécie aussi ? C'est toujours délicat de faire rentrer une nouvelle personne dans sa vie ou dans celle de nos... petits trésors. »
Si elle y parvenait à la perfection, ce n'était pas sans difficulté qu'elle parvenait à retenir une grimace en prononçant cette expression trop... guimauve à son goût. Elle évitait de s'imaginer ce que cela aurait pu être avec Annabelle. Elle s'imaginait qu'elle n'aurait pas eu une vie heureuse, de toute façon. Un mariage forcé, certainement, peut-être même avec un vieux monsieur. James l'aurait organisé. C'était évident. Il aurait tout fait pour l'écarter d'elle. Elle secoua légèrement la tête, effaçant ce début de scénario de son esprit.
« Tu as beaucoup de courage pour te reconstruire dans une relation, en tout cas. J'admire beaucoup ! Je ne sais pas si j'en serai capable. » poursuivit-elle dans une moue exagérée, faisant preuve d'honnêteté sans jamais trop en dévoiler. « Certaines personnes nous marquent si profondément qu'il est difficile de les oublier, n'est-ce pas ? »
Elle prononça cette simple question dans un sourire amical, sachant pertinemment que c'était un point sensible.
« C'est un très joli collier. » enchaîna-t-elle sans lui le laisser le temps de répliquer. « Un héritage de famille ? Pardonne-moi ma curiosité, je suis vraiment incorrigible... C'est simplement qu'il a l'air de te rassurer. On a tous besoin de quelque chose à quoi se raccrocher dans les moments où l'on se sent vulnérable, je suppose. »
Ce n'était qu'une simple observation faite avec détachement. Il avait une importance. Mary ignorait laquelle, mais c'était une certitude. L'inconscient nous faisait toujours agir de la sorte. Elle possédait bien toujours la poupée, enfermée dans une boîte – ironiquement – dans son appartement. Elle ne l'avait jamais ouverte, ne l'avait jamais regardé, mais elle savait que c'était là. Ça l'avait suivit avec la malédiction. On ne peut jamais complètement se détacher du passé.
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Angelika B. Beresford
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Poursuivant notre conversation, nous en venions à des sujets beaucoup plus terre à terre. Les enfants… c’était un sujet à la fois doux et amer pour moi. Doux parce qu’il m’évoquait tous ces bons moments que j’avais passés en compagnie de ma Katelyn. Amer parce qu’ils me ramenaient au souvenir de ce petit garçon que je ne connaîtrais jamais. Ce petit garçon fruit de ma chair et de mon sang que j’avais attendu avec des sentiments si partagés de crainte et de bonheur. Cet enfant dont j’étais si fière et que j’aurais voulu voir grandir à mes côtés… on me l’avait arraché malgré tous mes efforts pour lui sauver la vie. Il ne me restait donc aujourd’hui plus que des regrets et l’espoir déchu de pouvoir un jour porter un autre enfant dans mon ventre.
Quant à Mary, quelle avait été son histoire ? Elle avouait qu’elle avait perdu son enfant dans un accident mais de quelle manière ? Bien sûr, je ne me risquerais pas à lui poser la question. Après tout, il s’agissait de son jardin secret et de quel droit en aurais-je enfoncé la porte sans même lui demander la permission ? Si elle tenait à se confier à moi, c’était à elle de franchir le premier pas et non à moi. Cela ne m’empêcherait cependant nullement de lui exprimer la plus sincère de mes compassions.
« Je suis vraiment désolée pour toi, Mary ! La mort peut arriver parfois de manière si brutale ! »
Je n’allais certes pas prétendre que je comprenais ce qu’elle vivait… tout du moins pas complètement ! Après tout, la mort d’Anthony n’avait rien d’une surprise. En réalité, je m’étais attendue à sa fin tragique. Depuis le jour où cette gitane m’avait annoncé ma grossesse, ma vie n’avait été qu’une course acharnée vers l’inévitable. Je souriais alors, à présent plus confiante.
« J’ai… j’ai aussi perdu un enfant ! Un petit garçon… il y a de cela des années ! Donc je peux comprendre ce que tu ressens ! »
Je n’avais pas réalisé la portée de mes propos. Après tout, comme Mary le disais si bien, ce n’était qu’une simple confidence d’une mère à une autre, n’est-ce pas ?
La discussion s’orienta alors vers mon nouveau compagnon de vie ; Edgar Sullivan ! Un homme adorable et charmant. Il était tout ce qu’une femme pouvait rêver d’avoir à ses côtés. Ajoutez à cela qu’il médecin et plutôt doué dans le domaine où il travaillait. C’était un ange ! Alors pourquoi ne pouvais-je pas me débarrasser de cette curieuse sensation de malaise à chaque fois que son regard croisait le mien ? Certes c’était un sentiment fugace, mais il demeurait bien présent à mon esprit. Mary ne fit cependant rien pour me rassurer. A la suite de ses propos, je levais simplement les épaules.
« Non mais c’est quelqu’un de très pudique ! Il n’aime pas beaucoup se confier sur son passé… mais après tout, il n’est pas le seul ! J’imagine qu’il a de très bonnes raisons pour le faire ! »
Bien sûr, que j’aurais pu moi-même faire mes recherches de mon côté… ou demander à Sherlock de le faire pour moi ! Après tout, les enquêtes et les mystères c’était un peu notre dada. Mais je ne voulais pas violer toutes les règles de confiance enquêtant dans son dos. La confiance c’était ce qu’il y avait de plus essentiel dans une relation de couple. Je poussais alors un petit rire malicieux en tournant mon regard vers Mary.
« Après tout, il ne m’a jamais interrogée sur mon passé non plus et cela m’arrange ! Je me demande bien comment il réagirait s’il venait à l’apprendre ! »
Oh il n’y avait rien de bien méchant à savoir sur moi finalement ! Mais il y avait certain secret que je préférais garder pour moi. D’ailleurs, je ne l’avais jamais mené jusqu’à la tombe d’Anthony ni même évoquer l’histoire de mon fils et ce manque de curiosité chez lui me plaisait !
« J’ai une fille que j’ai adoptée depuis plus d’un an maintenant. Katelyn ! Elle est tellement mignonne et intelligente, c’est mon petit rayon de Soleil. Elle m’a beaucoup aidé à me reconstruire. J’ai beaucoup de chances avec elle, ma fille est une enfant facile. Elle s’entend très bien avec Edgar même si leur personnalité et leurs goûts sont très différents. »
Mary évoqua alors le courage qu’il fallait pour reconstruire une relation amoureuse avec une nouvelle personne. Mais dans mon cas, s’agissait-il vraiment de courage ? Ou n’était-ce qu’une fuite en avant pour éviter d’affronter une réalité encore plus sombre et cruelle encore ?
« Tu veux dire que tu n’as rencontré personne depuis que tu es arrivée ici ? Remarque, ce n’est pas un reproche de ma part. Il y a également de nombreux avantages à être célibataire. »
Je n’allais pas être la première à lui jeter la pierre. Après tout, elle était libre de construire la vie qu’elle voulait. C’est le hasard de la vie qui nous conduit à prendre des routes que nous ne nous serions pas imaginer emprunter un jour. Peut-être avait-elle rencontré quelqu’un sans oser forcément en parler.
Mes pensées vagabondes furent rapidement interrompues au moment où elle évoqua les personnes de notre passé qu’il nous était impossible d’oublier. Etais-je réellement si transparente que cela ? Hésitant un instant avant de lui répondre, je cherchais rapidement dans mon esprit les mots qui pourraient amoindrir ses soupçons. D’un sourire amical, je hochais simplement les épaules.
« Est-ce que c’est ne nous est pas arrivé à nous tous ? Est-ce que c'est pour cela que tu n’as jamais songer à te remettre en couple ? A cause d’un homme que tu as connu par le passé ? »
J’avais adressé cette remarque d’une voix douce, voire plutôt fluette ! Une manière pour moi d’atténuer un peu la question que je venais de lui adresser et qui était quelque peu indiscrète. Cependant, cette démarche ne semblait pas fonctionner auprès de Mary qui semblait déterminée à savoir ce qui se cachait derrière mes gestes inconscients et mon obstination à vouloir toujours conserver ce porte-bonheur en toutes occasions.
« C’est… disons que c’était un cadeau ! Un présent précieux dont je n’ai jamais su me défaire. C’est un peu idiot de ma part, je veux bien le reconnaître ! Mais comme tu le disais, il est des souvenirs auxquels il est parfois doux de se raccrocher quand tout va mal dans notre vie. Mais je suis certaine que tu en possède un toi aussi, non ?"
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Mary Bates
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La mort peut arriver parfois de manière si brutale ! Un rictus fugace et presque imperceptible avait remué le coin de ses lèvres à cette vérité prononcée de la plus naturelle des façons. Si de la naïveté n'avait pas été dégagé par toutes les pores de cette femme blonde, elle aurait pu croire qu'elle se moquait d'elle ou jouait à un jeu. Seulement, c'était elle qui tentait de la manipuler à cet instant et non le contraire. Elle avait conscience que tout le monde ne réfléchissait pas comme elle, à vouloir assombrir le monde pour s'y sentir davantage à sa place. La plupart s'acharnait à vouloir répandre la lumière. Une ambition bien vaine d'après Bloody Mary.
Mary considérait qu'elles ne pouvaient en réalité pas se comprendre. Ce n'était pas de l'arrogance ou une sorte de syndrome de supériorité, juste un fait. Elles n'avaient pas vécu les mêmes événements et ils ne les avaient surtout pas fait évoluer de la même façon, à l'évidence. Elle avait misé juste cependant en estimant qu'Angelika serait plus à même de se confier si elle racontait elle-même quelques détails de son existence. C'était presque trop facile pour être vrai. Ça avait même quelque chose de consternant de l'entendre si facilement donner des informations sur son passé. Fort heureusement, Mary n'avait pas d'intentions malveillantes. Ou si peu. Elle n'en userait pas, du moins. Angelika aurait pu tomber sur bien pire qu'elle... c'était peut-être déjà le cas, avec cet Edgar. Elle avait l'air si facile à manipuler et à influencer.
La thanatopractrice conserva le silence tandis qu'à présent, sa compagne de marche évoquait sa fille adoptée. Elle se retint de froncer le nez à cet aveu, ne sachant comme percevoir un acte d'une telle bonté. Puisqu'elle avait perdu son fils, souhaitait-elle compenser d'une quelconque manière en apportant tout son amour à un autre enfant ? Ou avait-elle désiré combler sa solitude ? Elle la désignait comme sa fille, sans faire de distinction entre les liens du sang et ceux du cœur. Mary ne pouvait pas réfléchir ainsi. Elle aurait vu comme une trahison de s'occuper d'un autre enfant. Non ? Elle ne savait pas vraiment. Elle ne se l'imaginait pas. C'était impensable. Inenvisageable. Presque écoeurant à ses yeux. Elle ne supportait pas les gamins, de toute manière, ils ne devenaient intéressants qu'une fois atteints le stade de l'adolescence. Et encore, la plupart étaient insupportables à cet âge.
Elle secoua subtilement la tête pour chasser toutes ses pensées, adressant un sourire aimable à l'attention du Docteur Beresford. Elle parvenait avec aisance à dissimuler aux yeux de tous l'agitation que pouvait parfois abriter son esprit fissuré.
« Il paraît que les contraires peuvent s'attirer et, si ta Katelyn est si adorable et réfléchie que tu le dis, elle doit comprendre ce qui est le mieux pour sa chère maman... » prononça-t-elle avec douceur et un brin de malice, bien que sa main se soit crispée quelque peu au fur et à mesure qu'elle parlait. « Les enfants sentent ces choses-là. Tout comme toi, je suppose. Si tu te sens si bien avec lui, pourquoi t'en priver ? »
C'était complètement faux. Plus que n'importe qui d'autre, les plus jeunes étaient naïfs et inconscients. Ils ne mesuraient pas les dangers qui les entouraient ou, lorsqu'ils s'en rendaient compte, il était déjà trop tard. Elle ne jugea pas utile de faire cette précision à haute voix et préféra s'interroger au sujet de cet homme qui partageait la vie de la jeune blonde sans qu'elle ne sache presque rien à son sujet. Il fallait du courage peut-être, pour se reconstruire, mais il fallait surtout être sotte pour ne pas avoir le moindre soupçons.
Mary laissa échapper un rire léger et amusé à sa question, remuant la tête de gauche à droite alors que son expression laissait transparaître une moue incertaine.
« Disons que j'ai rencontré beaucoup de personnes... mais que je préfère ne pas m'attacher. Ce n'est pas un mal, je n'ai pas besoin d'un homme dans ma vie. » articula-t-elle avec nonchalance, sans aucune once de jugement, bien que ses paroles n'étaient pas dites sans arrières pensées pour autant.
Il était évident que c'était ce que recherchait la pédiatre. Un soutien, une protection peut-être, un besoin d'affection et de tendresse, ou de se sentir utile. C'était une forme d'égoïsme que de vouloir être avec quelqu'un ou ressentir quelque chose pour qui que ce soit. Il n'en résultait jamais rien de bon. On finissait toujours par souffrir ou faire souffrir lorsque l'on s'impliquait corps et âme. Mary préférait de loin laisser son âme à l'abri, à présent, et se contentait des plaisirs de la chaire. Ils étaient suffisants. Du moins, parfois. Certaines expériences étaient à la limite du passable.
« J'ai été mariée. » avoua-t-elle avec sincérité et un détachement forcé. « Il n'est plus de ce monde, aujourd'hui. »
Sa bouche se pinça malgré elle lorsqu'elle l'admit. Elle ne voulait pas en discuter. La jeune femme qui marchait à ses côtés faisait preuve d'une curiosité presque dérangeante. Elle savait que l'entrevue s'écourterait dès qu'elle devrait partir, cela dit, et ce n'était pas une information classée. En soit, elle était plutôt satisfaite de la fin que James avait vécu, bien que ça ne changeait rien. Ça avait peut-être même empiré les choses pour son propre cas...
« J'étais jeune. Lui aussi. J'étais persuadée que ça durerait pour la vie... ça a été le cas, en quelques sortes. » soupira-t-elle avec un semblant de résignation, laissant ses épaules s'affaisser un instant.
Après tout, il était mort ce soir-là et elle aussi. C'était une manière poétique de voir les choses. Elle aurait pu en écrire une jolie histoire en rendant le tragique romantique... non. Il n'y avait rien eu de beau dans tout ça.
« On ne peut pas oublier. C'est ainsi. » poursuivit-elle dans un demi-sourire. « Et c'est très bien. C'est ce qui nous permet de nous construire, de nous améliorer, de ne pas reproduire les mêmes erreurs. »
Elle s'exprimait sur un ton entendu, considérant que la mémoire était la plus importante des choses à préserver. Pas pour tout, certainement, elle avait fait abstraction de bien des événements elle aussi. Elle ne faisait cependant jamais abstraction de ce qu'elle avait pu ressentir à n'importe quel instant de son existence.
« Non. Je n'en ai pas. » répondit-elle à son interrogation en reposant son regard sur le médaillon de la jeune femme. « Il ne me reste rien de mon autre vie. »
Ce n'était que la vérité. Et puisqu'elle ne touchait pas à la poupée de sa fille et ne voulait pas même la voir de ses propres yeux, elle ne pouvait pas dire qu'elle s'y était attachée. Elle aurait même pu la jeter. Elle était persuadée de ce fait. Si elle ne le faisait pas... c'était simplement qu'elle n'en avait pas l'envie.
« Est-ce que... il est lié à ton fils ? » questionna-t-elle doucement, à demi-mots, en relevant ses grands yeux bleus en direction de ceux d'Angelika. « C'est... déplacé. Encore une fois. Pardonne-moi. »
Elle se mordit les lèvres pour simuler un malaise quelconque face à son indiscrétion maladive.
« Je laisse mon instinct parler à ma place alors que les raisons pour lesquelles tu y tiens ne regardent que toi. » continua le jeune femme en replaçant une mèche de cheveux derrière son oreille. « L'important c'est simplement de ne pas rester accrochée à quelque chose d'insensé qui pourrait t'apporter plus de peine que de réconfort. »
Les intonations dont elle usait laissait penser qu'elle faisait preuve d'empathie et de bienveillance alors qu'elle espérait juste pouvoir tirer plus de confessions de la bouche du Docteur. Elle savait que cette distraction prendrait fin bientôt, autant en tirer le plus de profits possibles.
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Angelika B. Beresford
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Avec bienveillance, Mary me donna son opinion songeant que Katelyn devait savoir ce qui était bon pour moi. Il est vrai que j’avais beaucoup de chance avec elle. Ma fille était une personne très instinctive et je pouvais me fier à son opinion. Après tout, c’était elle qui avait fini par me convaincre de nous installer à Baker Street auprès de Sherlock ou qui avait joué les entremetteuses dans ma relation ave Edgar. Elle devait forcément savoir ce qui me rendrait heureuse, non ? Mais avant de répondre à sa question, je pris le temps de répondre à la première de ses affirmations.
« Tant que les deux partenaires savent s’accorder, je pense que cela donne une relation véritablement plus riche ! »
Répondis-je bien innocemment à sa première affirmation. Il est vrai que dans ce genre de couples l’ambiance était bien souvent électrique mais tant que les réconciliations suivaient il n’y avait pas de raisons de s’en inquiéter, n’est-ce pas ?
« Et je pense que tu as raison. Les enfants ressentent ce genre de choses intuitives. Ils devinent parfois bien plus aisément que nous les personnes qui méritent ou non de faire partie de notre univers ! »
Finalement, la discussion tourna autour de ses propres relations. Mary semblait posséder cet esprit libre qui la rendrait indépendante. Elle n’avait pas peur d’affronter ce monde seule, aussi cruel et sombre pouvait-il être ! Même si sa décision avait pu être motivée par une déception sentimentale, je trouvais sa décision des plus admirables.
« Tu as sans doute pris la bonne décision ! Il est préférable de vivre seule qu’avec un homme que tu n’aimerais pas ou n’estimerait pas. Cela ne servirait qu’à vous rendre malheureux tous les deux ! Et tu as raison, le monde moderne offre tellement de perspective qu’une femme peut très bien y trouver sa place sans avoir besoin de personnes ! »
Cela devait se trouver, une place que l’on pouvait se faire tout seul… dont on pouvait être fiers, non ?
Mary me parla alors subitement de son mari décédé. Cette révélation fit naître une moue attristée sur mon visage. La douleur que l’on pouvait ressentir après la mort de l’être aimé je les connaissais. Moi-même j’étais veuve depuis des années ! J’avais perdu Bernard avant mon départ du Monde des Contes qui en détective téméraire qu’il était, avait perdu la vie après avoir poursuivi des criminels très dangereux. Je lui souris alors compatissante, me rapprochant légèrement d’elle.
« Je suis vraiment désolée de l’apprendre. Ca n’est vraiment pas évident de perdre l’homme à qui l’on a confié sa vie. Moi aussi il m’est arrivé la même mésaventure. J’ai perdu mon époux dans un terrible attentat il y a des années de cela ! Donc je peux comprendre ce que tu as dû traversés. »
Puis, après avoir partagé ma peine, je m’intéressais avec plus attention à la peine de ma jeune comparse qui semblait être véritablement touchée par cette troublante révélation.
« Comment s’appelait-il ? Que s’est-il passé ? Oh pardonne-moi, cela ne me regarde pas après tout ! »
Elle me parla des bienfaits de la mémoire et de l’utilité que pouvaient avoir certains souvenirs dans nos vies. Je ne pouvais qu’approuver, tant les bienfaits dû à mes traumatismes avaient été nombreux dans ma vie.
« J’imagine que rien n’arrive jamais sans raison ! Même les tragédies… et tu as raison il faut simplement avoir la sagesse et la force de pouvoir en tirer quelques leçons de vie importantes ! »
A vrai dire, c’était ce qui avait accompagné chacun de mes pas. Cet espoir que toutes les morts que j’avais eu à supporter dans mon existence ne seraient pas veine. Mary soutenait également qu’elle n’avait pas conservé de souvenirs de sa fille. Elle devait très certainement avoir d’autres moyens de se rappeler des disparus qu’elle avait tant chéris dans sa vie.
« Je préfère ne pas en parler ! »
Avais-je lancé sur un ton plus froid lorsqu’elle avait évoqué le fait que ce collier pouvait être lié à mon enfant disparus. Ce genre de secrets était justement ce que je voulais éviter de dévoiler.
« Pardonne-moi Mary, je ne voulais pas te sembler impolie. C’est juste que son histoire est si particulière… si intime ! Je n’ai pas envie de m’en rappeler. »
Sa dernière phrase me plongea dans une introspection qui ne dura que quelques secondes. Elles furent interrompues par le téléphone portable qui sonnait dans ma poche. C’était Katelyn qui me rappelait qu’il était grand temps de la rejoindre. Après quelques secondes de conversation où je me confondis en excuses, je finis par regarder ma comparse un sourire quelque peu désolée braqué sur mes lèvres.
« C’était ma fille ! Je suis désolé Mary mais nous allons devoir écourter cet entretien. J’ai vraiment apprécié notre discussion et je serais ravie de te revoir un jour. »
Je sortis finalement un petit calepin de mon sac ainsi qu’un stylo. Gribouillant frénétiquement quelque chose, je finis par lui tendre la feuille que je venais d’arracher. J’y avais noté mes coordonnées ainsi que mon numéro de téléphone privé.
« C’est juste au cas où tu voudrais pouvoir me contacter ! A tout bientôt j’espère. »
Tout en lui adressant un léger et sympathique clin d’œil, je me tournais et courais en direction de l’école où ma fille m’attendait. Peut-être que cette entrevue aurait un lendemain !
acidbrain
Mary Bates
« J'ai pas trouvé où on peut demander un rang personnalisé... ! »
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“I wish I were a girl again,
half-savage and hardy, and free.”
| Conte : Folklore | Dans le monde des contes, je suis : : Bloody Mary
Est-ce qu'Angelika comprenait vraiment ? Mary ne se posa cette question que quelques secondes, persuadée que ce n'était pas le cas. Elle ne savait rien des détails sordides et tordus de son existence et elle se dépeignait certainement l'histoire d'une façon crédule et romantique à travers son regard innocent teinté de douleurs. La jeune femme retint un rictus lorsqu'elle réalisa que si ce voile obscur qui recouvrait les secrets de la docteur était ce qui l'avait attiré vers elle, ce n'était pas la seule chose qui l'animait. Elle ressentait une sorte de répulsion naissante à son égard, ce qui lui fit détourner les yeux des cheveux blonds de son interlocutrice pour les fixer sur le chemin de gravier qu'elles empruntaient.
A sa curiosité se mêlait une incompréhension que les candides de son genre réveillait toujours en elle, leur compassion lui provoquant des frissons et leur sensibilité stupide enclenchant une aversion injustifiée de sa part. Elle savait très bien de quoi il s'agissait, sans jamais se l'admettre ni même à elle-même : l'envie. Le pire de tous les pêchés. Elle les possédait tous, de la luxure à la paresse, mais celui-là était le plus vicieux d'entre tous.
« James. » murmura-t-elle comme simple réponse à ses questions déplacées. « Il s'appelait James. »
Elle força un sourire triste alors même que sa mâchoire se serrait à la simple prononciation de ce prénom. Elle se félicitait d'être dotée d'une telle capacité à faire semblant, son masque de veuve blessée n'ayant aucune faille possibles à déceler. Elle balaya les marques de gènes d'Angelika d'un geste vague de sa main libre, même si elle aurait voulu la voir s'étouffer avec ses interrogations qu'elle ne voulait pas subir.
« C'est une très longue histoire. Je te la raconterai peut-être un autre jour. » finit-elle par conclure pour ne pas avoir à s'attarder sur sa propre vie.
Qu'aurait-elle pu dire, de toute façon ? Il n'y avait pas de moitié de vérité à modeler à ce sujet. Elle ne voulait pas mentir sur ce qu'elle lui avait fait subir, tout comme elle n'avait aucune envie de l'avouer à cette inconnue. Elle supposait qu'elle serait le genre de personne à être outrée, choquée, dégoûtée ou effarée de savoir que la jeune Mary avait tué son ancien époux sans en éprouver le moindre regret. Et elle ne se confiait jamais, puisqu'il n'y avait rien à confier. C'était ainsi que les choses s'étaient passées. Il n'y avait rien à discuter.
Mary aimait avoir les informations en main concernant ceux qu'elle côtoyait, mais elle estimait en avoir déjà donné bien assez à cette femme qui n'en disait pourtant pas tant que ça sur son propre passé. Certes, son propre mari était également décédé, elle venait de le lui dire, mais Mary était persuadée que ce n'était pas cette expérience qui pouvait être le déclencheur de tant de mélancolie. Ce n'était qu'un accident. Tragique, selon le point de vue, mais un fait bien moins traumatisant que tout ce qui paraissait concerner le fils d'Angelika.
« Ce n'est rien. Je comprends... et je respecte même ton silence. » répondit-elle face à la rudesse du refus de l'autre jeune femme.
C'était compréhensible. Elle ne pouvait la presser de la sorte à disséquer chaque sombre élément qui l'avait forgé telle qu'elle était à présent. Il y a avait une fragilité visible chez elle et Mary ne doutait pas qu'il devait exister un nombre incalculable de points de pression sur lesquels elle aurait pu appuyer pour la briser en mille morceaux.
Il suffisait de voir avec quel regard elle répondait à son téléphone et d'entendre le son de sa voix quand elle conversait avec sa fille. Ses enfants étaient un point sensible, la faisant encore souffrir aujourd'hui mais dégageant également une étrange aura naturellement apaisante, ce qui crispait Mary de la tête aux pieds. Avait-elle été comme ça, elle aussi, à l'époque ? Lorsque Annabelle était encore à ses côtés ? Elle ignora cette interrogation et la fit disparaître en secouant légèrement sa tête. Le cœur d'Angelika était sa faiblesse. Trop plein d'affection, de dévouement, d'héroïsme et... d'amour. Cela causerait sa perte, ça se terminait toujours ainsi.
« Ce sera avec grand plaisir, Angelika. »
Elle lui offrit son plus beau sourire tout en attrapant la feuille qu'elle lui tendait. Mary savait déjà qu'elle ne l'appellerait pas, elle ne voyait pas d'intérêt à contacter les gens ainsi, elle ne s'en servait que pour des fins professionnelles. Elle n'en dit rien, préférant laisser croire à cette femme qu'elles pouvaient très bien être sur le point de construire une fabuleuse amitié, ce terme lui arrachant un rire intérieur tandis qu'elle saluait la docteur de la main.
« Passe une excellente journée ! » ajouta-t-elle avec amabilité alors qu'elle s'éloignait.
A peine fut-elle hors de sa vue que sa mine se renfrogna à nouveau. Elle chiffonna le papier et l'enfonça dans la poche de sa veste, jetant un regard en direction des tombes qui se trouvaient derrière elle, la nausée retournant son estomac à leur vue. Elle ne pouvait pas rester ici une seconde de plus. Ses talons claquèrent contre le chemin de cailloux alors qu'elle s'en échappait comme si, tout au fond d'elle, elle craignait d'y être piégée. Cette entrevue avait illuminé une petite heure de sa journée seulement, rendant sa morosité habituelle plus supportable, mais elle avait à présent hâte de retrouver ses cadavres et leur silence reposant. Eux ne dégageaient plus de sentiments qui pourraient la frapper de plein fouet. Parfois, elle jalousait leur capacité à ne plus rien ressentir. Les morts étaient les plus chanceux d'entre eux, finalement, à ne plus être soumis au monde tourmenté des vivants.