Amelia n'entendit heureusement pas l'échange entre Anita et Amelia, sinon elle aurait en effet pu prendre les paroles de son ainée pour argent comptant et se mettre en tête de caser Anita. Après tout, elle n'était pas la seule lionne esseulée. Mais comme April lui donnait du fil à retordre (elle manquait un peu de bonne volonté pour se remettre sur la selle de l'amour, c'était certain), Amelia ne se cherchait actuellement pas d'autre âme à quête d'amour à aider. Par contre, elle donnait des câlins gratuits à qui en avait besoin s'il venait dans sa boutique !
Mais toutes ces préoccupations lui passaient un pu au-dessus de la tête cet après-midi-là. April pouvait sans doute s'estimer chanceuse. Il aurait vraiment fallu qu'un homme célibataire tombe du toit (ce dont la pâtissière ne rêvait pas étant donné le nombre de fois où elle avait eu à le faire réparer) pour que l'idée de caser sa sœur revienne sur le devant de la scène. Louis était le point central de son après-midi et le tablier n'était pour une fois qu'un petit trait d'humour qui ne serait pas suivi d'effets immédiats.
Mais juste cette fois-là, April ne pouvait pas espérer mieux.
- C'est vrai, renchérit Amelia, même les adultes ne doivent pas hésiter à goûter mais pas à manger toute la pâte avant de la cuire, ce serait dommage, ajouta-t-elle avec un sourire entendu.
Ce sourire changea de sens quand elle posa les yeux sur Louis qui, effectivement, avait l'air de s'ouvrir. C'était une victoire très émouvante mais l'après-midi ne faisait que commencer. Amelia ne voulait pas se réjouir trop vite non plus au risque de tout gâcher.
- Je crois que des fois les papas et les mamans oublient qu'ils ont des enfants quand ils crient et qu'ils se rendent pas toujours compte de ce que ça peut faire. Tu es pas trop effrayé par tout ça ? Tu as raison, j'ai des enfants alors je me soucie d'eux mais aussi des autres enfants que je vois. Une fille et un garçon mais ils sont plus vieux que toi maintenant. Et comme je sais pas très bien crier… Bref, je suis littéralement une maman gâteau mais on a de bonnes dents dans la famille, alors ça va, ajouta-t-elle avec un clin d'œil.
Amelia était fière de sa vanne, à défaut de savoir si elle était très convaincante dans sa méthode d'approche. De toute façon était-ce réellement important ? Les deux lionnes les plus âgées s'étaient visiblement déclaré la guerre et à tous les coups le laboratoire serait vite devenu un véritable chantier. Par chance, a priori, le toit ne tomberait pas en plus sur leur tête.
- Je t'ai pas déclaré la guerre, je t'ai fait des peintures de guerre, nuança Anita en esquivant une nouvelle salve.
Amelia ne put s'empêcher de ricaner en secouant la tête. Comme quoi, des fois, elle était la plus mature du lot quand même ! Néanmoins, pour se prêter au jeu, Amelia trempa ses doigts dans le chocolat fondu et marqua ses propres joues aussi, un peu à la façon des Indiens d'Amérique.
- T'en veux aussi ? demanda-t-elle à Louis. Apparemment on joue aux Indiens mais je connais que les Cheyennes donc si tu veux choisir un autre nom de tribu, libre à toi. Ma mission c'est de faire le meilleur gâteau au chocolat au monde pour toi, tu veux bien accepter la mission de me protéger du conflit armé d'à côté ?
Son regard coula vers April et Anita, presque méconnaissable de par leur manque de sérieux. Amelia regretta de ne pas avoir le temps de filmer ni d'avoir de caméra de surveillance capables de le faire pour elle. Ca valait quand même le détour !