« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)
La nuit était plus douce que le jour, toute aussi dangereuse, certes, mais plus tendre. Il y avait dans le clignotement des étoiles cette lueur poétique qui ne laissait pas Emaline indifférente. D'aussi loin qu'elle se souvienne, elle avait toujours eu peur du noir; peu de gens étaient au courant, seuls ceux qui avaient besoin de l'être. En aimables conseillers, ils avaient toujours soufflé à l'oreille de la pauvre enfant de faire de la lune sa confidente et des étoiles ses amies. Emaline les avait d'abord écoutés naïvement, mais un jour, la reine de la nuit ne s'était pas montré et avait retenu sa cour avec elle. Depuis cette trahison, le petit oiseau avait du mal avec celle qui trônait fièrement dans le ciel lorsque le soleil n'était pas là; parallèlement à cela, elle essayait de ne pas se trouver seule dans les rues lorsque les nuances de bleu qui habillaient les cieux devenaient plus sombres. La jeune femme dardait sur la lune un regard tout aussi obscur, bien rancunière quant il s'agissait de ce Judah.
Pourtant, c'est son courage en poche, qu'elle serpentait dans les rues de Storybrooke à la recherche du cinéma qu'était censée abriter la ville. Voilà que Gatsby le magnifique, son film préféré devant tous ceux qu'elle avait pu voir, était diffusé ici lors d'une soirée spéciale. Ce chef d’œuvre détrônait pour elle n'importe qu'elle autre adaptation cinématographique, l'histoire la faisait pleurer, les costumes étaient divins et Leonardo Dicaprio la faisait fondre un peu plus à chaque mot. Ravie à l'idée d'observer une fois de plus les cheveux parfaitement ordonnés de l'acteur et de replonger dans l'azur de ses iris; Birdy pressa le pas, tant et si bien qu'elle eu même l'espoir fragile d'être en avance. Et lorsqu'elle arriva sur les lieux, personne n'était là. Un sourire exquis étira ses lèvres tandis qu'elle pensait déjà au lendemain, lorsqu'elle se targuerait d'avoir été la première à acheter sa place pour la diffusion spéciale de cette merveille visuelle. Aucun employé ne se tenait au guichet pour vendre des billets, ce qui sembla d'abord étrange à la jeune femme, mais elle calma les agitations de son esprit en parvenant à se convaincre, par abus de naïveté, qu'elle devait être terriblement en avance. Ainsi, elle fit longuement courir ses doigts devant la vitre qui devait séparer le guichetier et le client, faisant glisser ses mains dans la coupole où devait avoir lieu la transaction entre l'argent et la place. Bien que tout cela la répugnait profondément, réfléchissant au nombre titanesque de bactéries et autres micro-organismes présents, chiffre qui aurait arraché un haut-le-cœur à n'importe qui; Emaline redevenait une enfant sous le coup de l'impatience. Alors, la saleté n'était plus l'une de ses préoccupations et elle pouvait se rouler dans la boue à loisir si cela parvenait à calmer son empressement.
Enfin un bruit, un mouvement de foule... Loin d'être celui que la jeune femme attendait avec tant d'ardeur. Les battants qui couinaient étaient ceux des portes de la salle qui libéraient les spectateurs qu'elles avaient retenus durant cent quarante-deux magnifiques minutes. La tristesse commença à doucement s'insinuer dans le coeur d'Emaline, rampant à la manière d'un serpent excité à l'idée de répandre son venin. Mais le jeune moineau n'était pas si facile à abattre et son optimisme la rendait absolument incontrôlable. Elle traversa la foule à contre courant, parfois emportée par des vagues trop violentes, mais finit par atteindre le hall du bâtiment. Elle apprécia brièvement la sensation de la moquette rouge sous ses chaussures, avant de se diriger d'un pas décidé vers un employé qu'elle avait cru voir au loin. Elle était vêtue d'une longue robe noire qui seyait parfaitement à sa silhouette; l'accoutrement était un peu osé pour une balade nocturne en solitaire, mais Emaline aimait être vue. Elle pouvait être naturelle, douce et gentille au possible, personne ne pourrait lui enlever son goût pour le luxe, les vêtements ou encore les bijoux. La jeune femme était faite pour vivre d'abondance et de fêtes somptueuses. Bon, il est vrai qu'elle commençait à sentir la morsure du froid sur tout son pauvre corps, mais que voulez vous, les femmes têtues étaient impossibles à convaincre. Quoiqu'il en soit, et ce malgré sa tenue, Mademoiselle Songbird s'approcha de l'homme du hall en trombe sans même prendre le temps de détailler les traits de son visage.
Elle baissa la tête pour reprendre son souffle et s'amuser de ses bégaiements incompréhensibles, les mots se bousculaient dans son crâne et le changement d'éclairage si soudain entre extérieur et intérieur avait rendu sa vision légèrement floue. Lorsqu'elle eut rapidement repris ses esprits, consciente qu'elle venait de se ridiculiser devant un parfait inconnu avant même d'avoir su formuler la moindre demande, elle releva les yeux brusquement avec ce petit sourire au coin des lèvres.
Ses iris rencontrèrent alors le cyan profond d'un autre regard. Elle voulu parler, formuler une phrase ou simplement épeler son nom, mais sa voix se brisa comme on brise un verre sous le coup de la surprise. Ses mains tremblaient, elle n'avait aucune idée de la façon dont elle devait agir, le vacarme de ses pensées bousculait le silence alentour. Son esprit criait si fort qu'elle était persuadée que même lui pouvait l'entendre. Sa gorge se noua et les larmes lui montèrent irrémédiablement aux yeux. Elle avait l'impression de se noyer et de suffoquer en même temps. Elle avait les yeux vitreux, mais le sel ne se rependait pas encore sur ses joues. Pourtant, elle ne faisait aucun effort pour retenir ce lot d'émotions. Son coeur avait déjà lâché prise, seul son cerveau luttait, tentant de déceler chaque indice qui pourrait trahir l'illusion qui se tenait raisonnablement devant lui. Mais il ne trouva rien. Le mirage n'était pas un mirage, la chimère pas une chimère. Alors, Emaline se jeta dans ses bras, comme on se jette à corps perdu dans la mer. C'est à cet instant, la tête nichée dans le creux de son cou, qu'elle éclata en sanglots. Comme disait Espinosa, on n'éclate jamais de faim ou froid. En revanche, on peut éclater de rire ou en sanglots. Il est des sentiments qui justifient qu'on vole en éclats. A ce moment précis de son existence, il était tout à fait légitime que la jeune femme aux cheveux blonds vole en éclats. Elle aurait même pu se briser vingt fois de plus si cela lui chantait, tout serait pardonné. Vous auriez d'ailleurs dû vous estimer heureux qu'elle le déclenche pas une tempête, qui réduirait vos maisons en tas de briques et vos bestiaux en tas d'os. Le corps agité de soubresauts, elle ne pouvait arrêter les torrents de ses larmes, alors elle se montrait docile, expulsant toute la douleur de la façon la plus primaire qui soit: dans les pleurs. Elle savait pertinemment qu'il ne supportait pas qu'on le touche, mais pour une fois, Emaline ne pouvait que se montrer égoïste.
Jamais elle n'avait ressenti sentiments si contradictoires pour une seule et même personne. Les proches d'Emaline auraient tous pu vous le dire, Jude avait été quelqu'un de très important. Aucun d'entre eux ne l'avaient connu, mais c'était tout comme. Elle s'écroulait de douleur dès qu'elle parlait de lui et la simple évocation de son prénom la ravageait. Em était une fille sensible, mais il était tout de même rare de la voir dans de tels états. Ce soir, Jude et elle étaient de simple étrangers; des étrangers avec des souvenirs.
Jude Happer
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Les jours s'écoulaient à la fois lents et semblables, sans réelles surprises ni passions. Pourtant, il arrivait que certaines journées trouvent un intérêt à mes yeux, même si cela restait rare. Mon travail n'était pas désagréable mais la routine me plombait. Je ne rêvais pas d'une autre vie non plus, les rêves m'avaient quitté depuis longtemps, je restais simplement passif, contemplant l'avenir qui s'étirait devant moi. Quel genre de vie souhaitais-je vivre ? Je n'avais pas vraiment de réponse, peut-être que celle-ci me convenait finalement. Même si je devais bien avouer que mon ancienne vie me manquait parfois. Partir en expédition avec Natsu, découvrir de nouveaux endroits et vivre de nombreuses aventures. Tout semblait tellement plus simple à l'époque. Loin des souvenirs et des cauchemars qui me hantaient aujourd'hui.
Je savais pourtant que tout ça n'avait rien de réel, de simples illusions créées par un mauvais sort. Toutefois, je n'arrivais pas à passer outre, je ne pouvais pas faire abstraction de certains éléments qui marquaient désormais ma vie. Les liens, eux, n'avaient pas disparus. La blessure était encore bien présente même si moins douloureuse. J'apprenais à prendre sur moi, à oublier. Je ne pourrais pas éternellement rester prostré sur moi-même, je devais m'ouvrir aux autres et au monde. Noël avait été un point décisif avec mon retour à la Guilde. J'y avais retrouvé une forme d'équilibre même si je conservais certains blocages et que les questions n'allaient pas tarder à poindre le bout de leur nez. Je restais égal à moi-même, attendant le jour où je ne pourrais plus fuir et où la vérité éclaterait. Finirait-elle par sortir ? Je me sentais incapable de desserrer les dents, de mettre des mots sur mon passé. Comprendraient-ils ? Je ne voulais pas voir le dégoût ou la pitié se peindre sur leurs visages.
Il y avait des choses qu'il valait mieux garder pour soi. Voulaient-ils réellement savoir de toute manière ? Toute cette sollicitude qui semblait sincère mais pouvait parfaitement être feinte. Je ne les connaissais plus, eux aussi avaient leur passé. J'évitais ainsi une situation gênante pour tout le monde, ils ne seraient pas obligés de prétendre devoir agir pour moi. Je n'exigeais rien d'eux en réalité, simplement leur compagnie pour ne pas finir totalement seul. C'était, au final, ce qui m'effrayait le plus sans doute, la solitude. Serpent sournois qui s'immisce bien trop facilement. Je l'avais choisie fut un temps et je l'assumais pleinement mais il y avait des soirs où elle me pesait.
La drogue ne suffisait plus à apaiser totalement mes doutes et mes incertitudes. J'arrivais encore à faire passer certaines angoisses et à mieux supporter le quotidien de façon général. Mais je sentais que parfois, l'épuisement guettait et j'avais besoin de pouvoir me reposer un peu sur quelqu'un, baisser la garde au moins un peu. Même si je savais parfaitement qu'il m'était impossible de la baisser totalement. Les rares personnes à qui j'avais fait confiance avaient tous fini par me blesser. Volontairement ou non. Il n'en restait pas moins que je n'étais plus vraiment capable de me reposer sur quelqu'un d'autre que moi-même. Perdu dans mes pensées, je fus presque surpris d'entendre le brouhaha qui accompagna la sortie de la salle numéro deux. Je leur jetais un regard morne avant de contourner le comptoir des friandises et autres sucreries pour aller bloquer la porte battante contre le mur. Je préférais éviter qu'elle ne claque de trop contre le mur, je n'avais pas envie d'entendre le patron râler sur les potentiels travaux qu'il allait devoir faire si le mur finissait troué.
Ce n'était pas un mauvais bougre mais il avait une tendance assez fâcheuse à ronchonner sur tout et sur rien. Et clairement, aujourd'hui, je n'avais pas la patience de l'écouter vociférer tout en hochant la tête conciliant. Je voulais juste terminer mon travail et rentrer chez moi. Avec un peu de chance, Lily m'attendrait devant la porte en réclamant à manger. Il y avait un moment que je n'avais pas revu le chat errant. Mais il allait et venait au fil de ses envies et cela me convenait très bien. Il était libre après tout. Je poussais un nouveau soupir en retournant vers mon comptoir avant de m'arrêter en chemin lorsqu'une voix m'interpella. Je me retournais avec un sourire poli, prêt à répondre aussi succinctement que possible à la question qui me serait posée. Mais mon sourire se figea sur mon visage alors que je dévisageais la jeune femme qui approchait vers moi.
Une douleur vive m'enserra le cœur alors que ma gorge se nouait tandis que je la voyais s'arrêter devant moi les yeux baissés. Elle ne m'avait pas encore vu, pas encore reconnu. J'attendis, tendu, qu'elle redresse le regard, qu'elle réagisse. Je vis sa stupeur se refléter dans la mienne lorsqu'elle me regarda enfin. J'observais les traits fins de son visage, ses yeux qui commençaient à se perler de larmes alors qu'elle réalisait, qu'elle comprenait. J'aurais voulu bouger, faire quelque chose avant qu'elle ne se jette à mon cou mais je fus incapable de bouger. Je me raidis en sentant ses bras autour de mon cou, ses cheveux chatouillant ma joue et mon cou alors qu'elle glissait sa tête contre mon épaule. Ses larmes mouillèrent bientôt la chemise noire et le gilet rouge sans manches qui me servaient d'uniforme. Mais j'étais toujours incapable de bouger alors qu'elle restait tout contre moi en laissant éclater toute sa peine et peut-être aussi sa... joie ?
J'étais beaucoup trop hébété pour savoir ce que le fait de la revoir me faisait. J'étais... heureux ? Soulagé ? Peut-être un mélange des deux. Elle semblait aller bien. La culpabilité me rongea aussitôt alors que je consentis enfin à enserrer son dos entre mes bras. Ma tête se posant contre le haut de son crâne. Je n'aimais pas qu'on me touche, je n'aimais pas le contact physique mais aujourd'hui, c'était différent. J'avais besoin de ce câlin autant qu'elle. Comme lorsque Mira m'avait pris dans ses bras à Noël. C'était ce même genre d'étreinte. Celles qui font du bien et qui apaisent. Alors, je la serrais contre moi. Celle que j'avais abandonnée sans un mot à la veille de mes dix-huit ans. Trois ans que je ne l'avais pas revu. Trois ans qu'elle me manquait au delà des mots. Trois ans que son absence me pesait mais que ma fierté m'empêchait d'aller la retrouver. De m'excuser.
Cette dispute me semblait bien futile alors que je la serrais contre moi, alors que mes propres larmes accompagnaient désormais les siennes. J'aurai voulu que ce moment dure toujours. J'aurai aimé que rien ne puisse nous séparer à jamais mais les regards curieux des spectateurs alentours commencèrent à me mettre mal à l'aise. Je me dégageais doucement des bras d'Emaline et la fixait un moment en souriant à travers mes larmes qui se tarissaient doucement. Timidement, presque hésitant, je levais la main et essuyais sa joue doucement. Elle était encore plus belle que dans mes souvenirs. C'était presque douloureux de la regarder. Mon sourire se fana légèrement alors que je me reculais pleinement pour mettre définitivement fin à notre étreinte. Je la fixais, incertain de la marche à suivre désormais. Plus par gêne que par coquetterie, je réajustais mon gilet tout en la détaillant du regard.
"Emaline"
Son prénom m'échappa comme une évidence. Il y avait si longtemps que je ne l'avais pas prononcé. C'était presque un délice de pouvoir l'énoncer à nouveau. Je ne la quittais pas des yeux alors que les questions se pressaient dans mon esprits. Que devenait-elle ? Où habitait-elle ? Avait-elle quitté Storybrooke ou était-elle restée ? Pourquoi maintenant ? Je repris légèrement mes esprits avant de sourire doucement, de ce sourire en coin qui me caractérisait en permanence.
"Comment tu vas depuis le temps ?"
Une question banale pour dissimuler mon trouble qu'elle devait percevoir malgré tout. Elle était certainement celle qui me connaissait le mieux. Je plantais mes mains dans les poches de mon pantalon avant de lui faire signe de la tête pour l'entraîner à l'écart.
"On sera plus tranquille par là. C'est l'heure de ma pause t'façon."
Je me dirigeais vers le fond du cinéma vers une table, des chaises, un thermos de café et des tasses avec des petits gâteaux.
"Vas-y installe toi. Tu veux un café ?"
Je me servais une tasse tout en l'interrogeant du regard. Je tirais ensuite la chaise face à elle pour m'y installer. Je vivais un rêve éveillé, ça ne pouvait être que ça. Je ne comprenais pas ce qu'elle faisait ici après tout ce temps.
"Alors..."
Je commençais hésitant, cherchant les mots justes. Que pouvais-je bien lui demander sans paraître grossier ? Était-elle toujours ami avec Ali ? Je me giflais mentalement, ce n'était pas le moment de remettre ça sur le tapis.
"Tu v’nais voir un film ?"
Ma question me parut idiote dès qu'elle franchit mes lèvres. Bien sûr qu'elle venait voir un film, sinon pourquoi serait-elle là ? Elle semblait tout aussi surprise que moi toute à l'heure, elle n'était pas là pour mes beaux yeux. Je fronçais légèrement les sourcils.
"Désolé. J'ai pu trop l'habitude des conversations civilisées."
Un rictus narquois souleva ma joue en un tic nerveux alors que je passais une main dans mon cou, sur l'oiseau tatoué. Il était pour elle. Juste après mon départ de l'orphelinat. Quand sa présence m'avait trop manqué. Pour l'avoir près de moi en toute circonstance. Et maintenant, elle était là devant moi et je ne savais pas quoi lui dire. Je ne savais pas par où commencer plutôt. Parce que j'avais beaucoup de choses à lui dire en réalité. Beaucoup trop de choses. Qu'elle m'avait manqué à en étouffer. J'avais presque l'impression de respirer à nouveau alors qu'elle se trouvait devant moi. C'était totalement con mais je ne pouvais pas m'en empêcher.
"Tu d'viens quoi ? T'habites en ville ?"
Je plongeais mon regard dans le sien à nouveau, incapable de faire croire que sa présence ne me faisait absolument rien. C'était tout l'inverse.
Emaline Songbird
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Les câlins de retrouvailles n'avaient pas de prix et avaient le même effet qu'un macdo un lendemain de soirée. L'étreinte était salvatrice et Emaline avait la douce impression que tant qu'elle était dans les bras de Jude, rien ne pouvait lui arriver. Son chagrin rampait doucement hors de son corps tandis qu'ils s'écartaient pour s'observer, comme deux inconnus qui se découvraient. Le regard de la jeune femme se déplaçait délicatement sur le corps de son interlocuteur, plus timide encore que le jour de leur rencontre. La petite blonde frémit lorsqu'il passa une main sur sa joue pour en éloigner les pleurs. On aurait cru voir deux gosses, pleins de tendres attentions et de petites maladresses. Au fond, c'est bien ce qu'ils étaient, comme si le temps s'était arrêté dès qu'ils avaient été éloignés et qu'il venait tout juste de reprendre son cours classique. Alors, ils avaient à nouveau dix huit jeunes années.
« Emaline »
Son souffle se coupa. Elle avait l'habitude d'entendre son prénom chaque jour, avec des intonations variées, à travers des lèvres aux courbes dissemblables. Mais dans sa bouche à lui, elle avait l'impression d'en redécouvrir chaque lettre. Quelque chose qui lui semblait si banal il y avait de cela trois ans avait pris énormément de valeur avec le temps jusqu'à devenir l'une des clefs de son bonheur. Et cette voix, qu'elle n'avait pas entendue depuis des années et dont elle avait presque oublié le galbe. Pour vraiment apprécier quelque chose, peut-être fallait-il d'abord le perdre ? Birdy ne fit même pas attention à la question du jeune homme, trop préoccupée par ses propres interrogations. Pourtant, ses pupilles étaient cramponnées à son dos, deux billes noires qui suivaient chacun de ses mouvements, chacun de ses battements de cil. Elle avait peur qu'il disparaisse à nouveau, peur que tout cela ne soit qu'un rêve cruel.
« Vas-y installe toi. Tu veux un café ? »
La jeune femme prit place sur une chaise de la façon la plus machinale qui soit, pourtant ses gestes n'étaient pas saccadés, bien au contraire d'ailleurs, elle se sentait légère et souple comme une plume. Elle appuya sa tête sur ses paumes, buvant les paroles de Jude sans même essayer d'en saisir le sens. Elle voulait tout savoir de lui autant qu'elle voulait rester assise sur cette chaise, le regard baignant dans l'azur de ses yeux, se délectant de chaque détail de son visage. Tous ses particularismes lui redevenaient familiers, ce grain de beauté qu'elle avait oublié avec le temps, cette infime ridule.
« Je n'aime toujours pas le café... Certaines choses ne changent pas »
Sa voix finit par se briser, avoir une conversation avec Jude était à la fois libérateur et si compliqué. Emaline avait l'horrible impression de s'adresser à un fantôme de son passé, un homme dont elle avait toujours espéré le retour mais dont la présence la perturbait. Et elle se rendait compte qu'il était juste là pendant trois ans, tout près, qu'elle s'était rendue au cinéma de nombreuses fois sans même l'apercevoir au loin. Si cela avait été le cas, elle aurait probablement rapproché cette vision du mirage, comme en plein désert lorsque la canicule s'étale sur vos épaules. Mais elle aurait couru et se serait laissée tomber dans les eaux de l'oasis, quitte à se retrouver à demi ensevelie dans le sable brûlant.
« Tu v’nais voir un film ? »
Un grand sourire étira les lèvres du petit oiseau qui ne disait rien, pas un piaillement. La situation vue de l'extérieur aurait pu sembler étrange: un jeune homme un peu confus qui s'excusait en fronçant les sourcils face à une petite blonde qui ne pipait mot, mais dont les yeux et le sourire avaient mille et une choses à raconter.
« Désolé. J'ai pu trop l'habitude des conversations civilisées »
Emaline aurait pu l'écouter des heures et des heures sans prononcer une seule syllabe, sans répondre à une seule de ses questions. Simplement assise de l'autre côté de la table, enivrée par ses paroles, pendue à ses lèvres. Un rire d'ange s'échappa de sa gorge tandis qu'elle penchait doucement la tête vers la droite, elle avait toujours eu tendance à faire ça sans même s'en rendre compte, l'un des nombreux tics qui composaient la vaste mosaïque de son être. La formulation de la phrase était toute aussi curieuse, comme si Jude avait vécu en ermite durant les trois dernières années, coupé d'elle et du monde. Si je laissais vagabonder mon âme de poète, qu'elle échappait à mon contrôle, j'aurais pu ajouter qu'Emaline était son monde. Mais ne voulant pas attirer les foudres d'un Baudelaire jaloux, je me contenterai de simplement souligner le fait que la douce colombe était un pilier dans la vie de son jeune interlocuteur. Le contraire était probablement tout aussi véridique. Il suffisait d'avoir deux yeux pour s'en apercevoir.
« Tu d'viens quoi ? T'habites en ville ? »
Chaque intervention de Jude ramenait le petit oiseau à la réalité, le tirant de ses tendres rêveries avec délicatesse. Elle fit courir ses doigts sur la hanse d'une tasse vide, les joues rougissant un peu plus à chaque instant. Emaline n'était plus habituée aux iris céruléennes de son interlocuteur et encore moins à ce sentiment qui lui parcourait l'échine lorsqu'il plantait ses pupilles dans les siennes. La jeune femme avait l'impression qu'il pouvait lire dans son âme comme dans un livre, et c'était peut-être le cas au final.
« Je vis dans les bois depuis quelques temps, comme un oiseau libre... Emaline esquissa un sourire empli de malice, et vous jeune homme ? »
La réponse de Birdy n'était pas tout à fait sincère, enfin disons plutôt qu'elle était sélective. Mais il fallait la comprendre, le fait qu'elle fréquente Ali avait déjà causé du tord par le passé, il était absolument inconcevable de refaire les mêmes erreurs. C'est pourquoi il n'était pas envisageable qu'elle lui révèle qu'elle logeait dans le Blue Palace. Cette fois-ci, elle ne voulait pas le perdre pour une dispute stupide. Et c'est précisément pourquoi elle avait évité le sujet tabou des études.
Après avoir écouté avec une attention toute particulière la réponse de Jude, Em fit glisser un livre hors du minuscule sac qui l'accompagnait. Le temps avait fait son œuvre, jaunissant les pages comme il blanchissait les cheveux; la couverture était quant à elle dans un état pitoyable, mais l'illustration en demeurait presque intacte. La jeune femme ouvrit l'ouvrage à un endroit où le coin était plié et commença à lire d'une voix incroyablement douce, une voix de berceuse.
« Il m'adressa un sourire. Un de ces sourires rares, source d'éternel réconfort, comme on n'en rencontre que quatre ou cinq fois dans sa vie. Un sourire qui défiait -ou semblait défier- brièvement le monde entier, puis se focalisait sur vous comme s'il vous accordait un préjugé irrésistiblement favorable. Qui vous comprenait dans la mesure exacte où vous souhaitiez être compris. Qui croyait en vous comme vous auriez voulu croire en vous même »
Emaline laissa échapper un long soupir, des étoiles plein les yeux.
« J'adore cette histoire... Tu te souviens quand on est allés le voir au cinéma ? elle fit défiler les pages sous ses ongles manucurés jusqu'à s'arrêter au moment où Jay retrouve Daisy, là, coincées entre deux phrases, une paire de places pour la séance du premier novembre 2013, on se connaissait depuis quelques jours à peine et tu m'avais pas laissée te convaincre d'aller en cours pour ton anniversaire, alors j'avais séché avec toi et on était allés voir Gatsby le magnifique, elle eut un petit rictus amusé avant de reprendre en faisant glisser les places vers Jude, c'était la première fois de ma vie que je séchais, je me rappelle y avait personne dans le cinéma parce qu'on était en plein milieu de l'après-midi, et je mettais les pieds sur les sièges comme une ado rebelle »
Emaline laissa sa voix se perdre dans les bruits de fond, la mélodie lointaine des éclats de rires, les sons distants de la ville qui s'endort. Avait-elle espéré, au moins un peu, que Jude se montre ce soir et qu'il lui propose son bras pour l'emporter jusque dans la salle obscure ? Les choses seraient alors redevenues comme avant, le temps d'un instant. Il fallait arrêter de ressasser le passé, mais Birdy souffrait de ces trois années perdues à s'ignorer, éloignés par la bêtise et la providence.
« On était cons à 18 ans »
Voilà qui résumait plutôt bien le problème. Elle aurait voulu lui dire qu'elle entendait sa voix dans tous les bruits du monde, qu'il y avait des lieux devant lesquels elle ne pouvait plus passer, qu'il avait infiltré sa vie. Mais tout ce qu'elle trouvait à faire, c'était des remarques de six mots accompagnées d'un petit sourire en coin. Le temps était passé, l'eau avait coulé sous les ponts et Emaline avait oublié comment ils s'étaient apprivoisés. Il leur faudrait du temps pour retrouver leurs marques, mais heureusement, Birdy était de nature optimiste.
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Certaines choses ne changeaient pas en effet et pourtant... j'avais presque oublié qu'elle n'aimait pas le café. J'esquissais pourtant un léger sourire désolé avant d'attraper la bouilloire qui se trouvait sur le comptoir derrière moi, au milieu d'anciennes publicités et autres tracts. Je dénichais un sachet de thé à la menthe, un peu passé par le temps mais encore consommable, avant de lui tendre.
"Je crois que c'est tout ce qu'il y a..."
Une moue désolée exprima ma gêne alors que je versais de l'eau chaude dans une tasse. J'avais l'impression d'évoluer en terre inconnue tout en étant familier avec tous les composants du moment. J'avais connu Emaline aussi bien que je me connaissais moi-même, nous avions été si proches que j'en avais presque cessé de respirer lorsque nous nous étions disputés, lorsqu'elle était partie travailler en colonie. J'aurais pu, j'aurais dû l'attendre mais ma fierté avait été trop grande, j'avais été trop blessé ou trop bête pour pardonner. Alors j'avais fui et j'avais souffert seul dans mon coin. Plus d'une fois, j'avais pensé à elle, j'avais voulu savoir ce qu'elle devenait, j'avais voulu la retrouver. Mais je n'avais rien fait, j'étais resté caché dans l'ombre, attendant je ne savais trop quoi. Et quand la douleur de son absence avait été trop forte, je l'avais tatoué sur moi. Cet oiseau, son emblème pour la garder prêt de moi malgré la distance.
Une protection et un souvenir. Elle restait là, même si je ne la voyais plus. C'était presque plus facile en sachant qu'elle m'accompagnait presque malgré elle partout où j'allais. Pour autant, je n'avais pas cherché à la retrouver, elle était mieux loin de moi. J'étais un poison, elle méritait tellement mieux. J'étais néfaste et pas adapté pour le monde qu'elle voulait côtoyer. Je n'étais pas Ali, je n'étais pas un beau parleur qui arrivait à obtenir tout ce qu'il souhaitait d'un battement de cil. Je ne pouvais pas lui offrir ce qu'elle attendait de moi. Même si c'était agréable de s'imaginer revivre ce que nous avions autrefois. Alors, je la pressais de questions pour savoir ce qu'elle devenait, la dévorant du regard, notant chaque détail dans ma mémoire. Pour plus tard. Pour quand elle serait partie.
La beauté de ses longs cheveux blonds, ses yeux pétillants de joie et de malice, son sourire sublime qui me réchauffait déjà le cœur autrefois. Et son rire. Seigneur son rire. J'en aurai presque pleuré de bonheur tant il était adorable et pur. Tant de souvenirs remontaient en mémoire et la honte l'accompagnait. Comment avais-je pu la laisser filer ? Quel idiot j'avais été dans mon orgueil. Elle m'avait tellement manqué. C'était comme si je retrouvais une part de moi qui s'était envolé en même temps qu'elle. L'avenir n'était peut-être pas si sombre que cela après tout. Ma vie prenait un tournant presque heureux avec mon retour dans la Guilde mais avec Emaline... Elle s'annonçait radieuse.
Je ne la quittais pas des yeux, souriant à m'en faire mal aux joues. Riant presque de la voir pencher la tête dans ce petit tic qu'elle avait toujours eu et qu'elle semblait avoir conservé. J'attendais, presque avec impatience, qu'elle réponde enfin à mes questions sans pour autant vouloir que ce moment prenne fin. J'étais simplement curieux de savoir ce qu'elle était devenue et où elle vivait. Je voulais réapprendre à la connaître, je voulais faire parti de sa vie à nouveau. Je voulais tellement chose que tout cela semblait impossible. Et pourtant... Elle était là devant moi. Elle n'avait pas fui, au contraire. Elle semblait aussi heureuse que moi de ces retrouvailles. Ce qui laissait espérer, au moins un peu, que tout redeviendrait comme avant. Je hochais doucement la tête avec un sourire amusé lorsqu'elle finit par prendre la parole. Elle vivait dans les bois ? Cela était à peine surprenant et pourtant... c'était comme s'il y avait autre chose. Comme si c'était à peine croyable. Mais la liberté était une chose fondamentale pour elle.
"Je vis dans un petit appart en ville. Mais je vais bientôt bouger. J'ai... retrouvé des personnes de ma vie d'avant la malédiction. La Guilde. Je vais aller vivre là-bas."
Pourquoi est-ce que l'idée me mettait mal à l'aise lorsque je l'évoquais à voix haute ? Ou du moins lorsque je lui en parlais ? Je n'avais pas ce sentiment lorsque j'en discutais avec Edan. Il avait réussi à me convaincre après tout. Mais c'était peut-être ce qu'il y avait autour qui me gênait. Les non-dits, ceux qui laissaient supposer que je ne payerai plus de loyer et que c'était de l'argent en plus pour ma drogue quotidienne. Une façon comme une autre de laisser les souvenirs douloureux au loin. Tout comme sa voix qui me tirait de mes rêveries alors qu'elle lisait un passage de Gatsby le Magnifique. Je me laissais prendre par le charme envoûtant de sa voix, partant dans mes rêveries et me replongeant dans le souvenir de cette journée magique. Lorsque nous avions été voir ce film ensemble.
J'acquiesçais avec un sourire en coin lorsqu'elle me demanda si je me souvenais. Comment aurais-je pu oublier ? C'était la seule qui était venue vers moi depuis longtemps, la seule qui me collait comme une ombre et qui me posait sans cesse des questions. Pourquoi je n'allais pas en cours ? Pourquoi j'arrêtais la natation ? J'avais été agacé au début et puis... il y avait eu cette journée. Elle avait tenté de me convaincre d'aller en cours et à la place, elle avait accepté de sécher pour passer la journée avec moi. Pour mon anniversaire. Le plus beau cadeau qu'on m'ait fait jusqu'à présent. Mon souffle se coupa légèrement alors que je la voyais sortir les places de cinéma de son livre. Je les pris avec ébahissement. Elle les avait conservés ? Mon sourire se fit légèrement ému alors que je les caressais doucement, les larmes perlant doucement aux coins de mes paupières avant d'éclater de rire à sa remarque.
"J'aurais eu le mérite de faire de toi une rebelle."
Je lui adressais un sourire mutin tout en lui lançant un regard affectueux.
"Je me rappelle très bien de cette journée. Une des meilleure de ma vie."
Je lui rendis les places pour qu'elle les range avant de hocher tristement la tête à son affirmation. Ce n'était pas une question, nous étions idiots à dix-huit ans. Si elle savait à quel point je regrettais.
"Oui"
J'inspirais profondément, il était temps de tenter de réparer les erreurs du passé.
"Je suis désolé. Vraiment désolé. Je... Parfois, j'aimerai revenir en arrière pour..."
Je poussais un profond soupir en secouant la tête légèrement. Ne pas avoir terminé mes études ne me gênait pas pour mon quotidien. Ce qui me dérangeait c'était que mon obstination avait coûté mon amitié avec Emaline.
"Enfin, j'imagine qu'on a réussi à s'en sortir malgré tout."
Je lui adressais un petit sourire triste avant de me lever. Une idée venait de germer dans mon esprit. Une façon comme une autre de tenter de me rattraper. De revivre ce qui nous avait rapproché tout en faisant que ce soit différent. Le cinéma était vide, il n'y avait que nous. Autant en profiter.
"Viens avec moi, j'ai un truc à te montrer."
Je lui adressais un immense sourire tout en l'invitant à me suivre d'un mouvement de tête, laissant nos tasses intactes sur la table. Je me dirigeais vers une petite porte dissimulée dans l'ombre que j'ouvris avant de la laisser entrer. Je refermais derrière nous, nous plongeant dans le noir quelques instants avant que je trouve l'interrupteur qui illumina faiblement la pièce. Un projecteur y occupait une bonne place, je m'en approchais pour vérifier que la bobine qui avait été installée était bien celle que je voulais avant de mettre le projecteur en route. Je me tournais vers Emalin et lui adressais un petit sourire mutin.
"Dépêchons-nous où nous allons rater le début."
Mon sourire s'agrandit légèrement alors que j'ouvrais une petite porte à côté du projecteur qui menait directement à la salle de cinéma plongée dans l'obscurité. Seul l'écran laissait échapper une légère lueur alors que le générique de début commençait. J'éteignis la lumière de la salle de projection et fermait la porte derrière moi avant de courir pour rejoindre un siège au milieu de la salle.
"J'espère que le film que j'ai choisi te plaira."
Mon sourire se fit malicieux alors qu'elle me rejoignait et que le titre s'étalait en gros sur la toile de projection. The Great Gatsby. Le premier film que nous avions été voir ensemble. Comme un rappel à ce 1er novembre. Comme pour revenir en arrière lorsque tout semblait être parfait entre nous. Comme pour oublier les trois années écoulées.
Emaline Songbird
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Le petit moineau était encore pendu aux lèvres de Jude, se complaisant dans chacun de ses sourires, se baignant dans l'océan de sa voix. Il était aussi beau à l'intérieur qu'à l'extérieur, la jeune femme l'avait senti à l'instant même où elle l'avait vu, elle voyait le bien partout et en tout le monde, mais pour observer cette bonté d'âme du jeune homme, il n'y avait besoin d'aucun effort. Certes son cursus scolaire était désastreux, mais la bienveillance n'avait aucun lien avec le niveau d'instruction. La petite blonde avait eu l'occasion de croiser le chemin de bien des personnes qui avaient fait de grandes études et "réussit leur vie" -si l'on suivait les attentes sociales du monde dans lequel ils progressaient- mais dont l'âme était si sombre que, même elle, n'avait pas réussit à y trouver la moindre lumière. Armée de patience et de son propre éclat, elle n'avait su y discerner que ténèbres et destruction. A contrario, elle avait vu plus de bonté chez ceux qui avaient été privés de toute instruction qu'elle n'en avait jamais vu ailleurs. Des personnes qui n'avaient qu'un morceau de pain pour se nourrir et qui étaient prêtes à vous l'offrir. Quoiqu'il en soit, Em avait de trop nombreuses fois été témoin de la grande beauté intérieure de Jude pour n'avoir ne serait ce que l'idée de la remettre en cause.
« Je vis dans un petit appart en ville. Mais je vais bientôt bouger. J'ai... retrouvé des personnes de ma vie d'avant la malédiction. La Guilde. Je vais aller vivre là-bas. »
Sans que la jeune Emaline n'ait pu y faire quoi que ce soit, son coeur s'était légèrement serré, subitement, un spasme. Elle n'était pas de nature particulièrement jalouse, ou du moins c'est ce dont elle essayait perpétuellement de se convaincre, mais alors qu'elle venait seulement de retrouver Jude, elle ne supportait pas l'idée d'avoir à le partager. Même si ces personnes devaient avoir une place bien plus légitime que la sienne dans la vie du garçon, elle ressentait le besoin virulent de s'imposer en maître dans le cercle de ses fréquentations. Certes, une partie de leurs souvenirs étaient des scènes fictives fabriquées de toute pièce par la malédiction, mais il n'empêche que dans les cœurs, ces moments passés avaient un goût authentique. Tellement authentique qu'il était légitime pour les habitants de Storybrooke de les inclure dans leur passé. La rencontre entre les deux jeunes gens était bien le fruit du sort noir, mais jamais Em n'avait eu une connexion aussi forte avec qui que ce soit, pendant la malédiction ou même après.
Elle desserra cette main crispée qu'elle avait robustement refermée autour de la hanse d'une tasse dont elle ne boirait jamais le contenu, faisant redescendre la tension qui tiraillait ses muscles. Jude vivrait bientôt en compagnie d'autres personnes qu'il portait dans son cœur. Et alors après tout ? La petite blonde avait besoin de relativiser, elle aussi habitait dans une "maison" avec d'autres individus. Sa relation avec Ali était d'ailleurs sûrement plus ambiguë que celle de son ami avec ses futurs colocataires. Ce qui faisait penser à Birdy qu'il ne devait surtout pas être mis au courant de cette situation. Elle en vint même à se demander si ses retrouvailles avec Jude n'allaient pas troubler son mode de vie. A l'instant même où elle l'avait retrouvé, elle s'était sentie légèrement mal à l'aise vis à vis de sa situation avec le propriétaire du Blue Palace. Mais elle aurait le temps de réfléchir à tout cela lorsqu'elle serait rentrée, pour le moment, elle voulait profiter de la douce compagnie du jeune homme aux cheveux d'ébène.
Em joignit son rire à celui de Jude qui trouvait apparemment cela comique d'avoir été le motif de son premier jour d'école buissonnière. C'est vrai que c'était finalement assez drôle, et puis en y réfléchissant, il était probablement le motif de tous les autres jours qu'elle avait séchés. Ils n'étaient pas nombreux certes, et cela parce que la petite blonde avait toujours été une bonne élève, mais il y en avait eu. Des jours spéciaux, qui resteraient gravés dans sa mémoire pour de longues années encore.
« Je suis désolé. Vraiment désolé. Je... Parfois, j'aimerai revenir en arrière pour... »
La phrase était restée incomplète, ses dernières syllabes flottaient encore dans l'air, mais Birdy n'avait pas besoin d'entendre les autres mots pour savoir à quoi le garçon faisait référence. Un frisson parcouru son échine, elle détestait avoir des regrets, mais cette horrible dispute qui les avait séparés l'un de l'autre ne pouvait qu'en être un. L'enfance apporte son lot de remords à chaque existence, on se demandait pourquoi est ce que l'on avait fait pleurer notre mère jusqu'à ce qu'elle nous achète ce dernier jouet à la mode duquel on s'était finalement désintéressé en l'espace de deux journées. Pourquoi est ce que l'on avait dépensé autant d'argent à la fête foraine pour attraper les peluches d'un jeu truqué. Ou encore, pourquoi est ce que l'on avait eu ces propos dévastateurs qui avaient éloigné deux camarades inséparables. Vivre avec des regrets était une vie qu'Emaline ne souhaitait à personne, mais vivre avec des remords était différent. Lorsque l'on repensait à ces souvenirs, on avait un petit pincement au cœur en se disant que les choses auraient pu être faites autrement, mais au final on acceptait la situation, ajoutant même deux ou trois anecdotes liées à cette erreur passagère. De l'optimisme plein le cœur, Em était à la recherche des bons côtés de cette séparation et il se trouve qu'elle parvint à en trouver. Elle considérait effectivement que ce qu'ils vivaient à ce moment présent, et qui était l’œuvre de la grande providence, n'avait pas de prix. Leurs retrouvailles déchiraient leurs coeurs autant qu'elles les soignaient, si bien que la petite blonde commençait à accepter la dispute qui avait eu lieu quelques années auparavant. L'ambiance avait doucement changé, basculant du rire aux larmes. Aucun des deux ne pleurait vraiment, mais ils étaient tellement émus que même un aveugle aurait pu s'en apercevoir.
Soudain, Jude se leva, dominant Em de son mètre quatre-vingt-sept. Avec un sourire qui recelait de grands mystères, il la pressa de le suivre à travers le cinéma, qui s'offrait à la jeune femme comme un grand labyrinthe aux couloirs tous plus étrangers les uns que les autres. Elle imaginait que derrière chaque porte se cachait le doux souvenir de quelqu'un, une anecdote croustillante à se mettre sous la dent ou une future rencontre digne des plus grands films romantiques. La jeune femme avait attrapé les pans de sa robe et suivait son camarade, la curiosité piquée à vif. Elle avait un petit peu de mal à marcher sur la moquette avec les chaussures à talon qui habillaient ses pieds délicats, mais elle s'y efforçait, faisant des petits bonds de cabri maladroit. Sa démarche pressée n'était pas des plus gracieuses dans le genre, mais elle avait au moins le chic d'être amusante. Et l'air avait encore changé, l'humidité des pleurs avait quitté l'atmosphère, cédant sa place à la malice de Jude et l'émerveillement de celle qui l'accompagnait. Elle découvrait l'envers du décor et étudiait avec attention la façon dont un film était lancé, les yeux brillants d'admiration devant un Jude dont les petits sourires complices ponctuaient la scène.
L'écran brillait tandis que des images qu'elle avait déjà vues commençaient à habiller la toile blanche. Ce n'était que le générique, et son coeur se gonflait déjà d'un grand bonheur. Emaline savait pertinemment ce qui était en train de se passer et un sourire commençait à poindre à la commissure de ses lèvres.
« J'espère que le film que j'ai choisi te plaira. »
La malice de Jude résonnait dans sa voix, ce qui avait le don d'amuser la petite blonde. Cette dernière, qui faisait semblant de ne pas voir ce qui se tramait, prit place à gauche du beau brun, se laissant tomber dans le confort relatif des sièges du cinéma. Le titre s'afficha enfin à l'écran, et l'émotion qui traversa le corps d'Emaline fut si forte qu'elle en eut les larmes aux yeux. Elle était de ces fleurs sensibles que les sentiments submergeaient toujours comme une vague destructrice. Elle ne se mettait pas en colère, elle implosait; ne pleurait pas, mais tombait en morceaux; elle ne souriait pas, elle rayonnait. Et alors que des perles salées naissaient aux coins de ses yeux, elle sentait le regard du jeune homme posé sur elle. Birdy appuya sa tête contre le dossier tout en faisant pivoter son visage à l'expression émue vers Jude, elle planta ses yeux brillants dans ceux du garçon et murmura comme si c'était un secret:
« Tu m'as terriblement manqué, t'imagines même pas »
Et elle resta ainsi durant quelques secondes, les pupilles rivées sur celles du garçon, sans un bruit. Mais alors que le film commençait et que Nick Carraway venait d'apparaitre à l'écran, des lignes particulières attirèrent l'attention de la petite blonde. Dans le cou du jeune homme qui se tenait à sa droite, des traits formaient ce qui semblait être un oiseau, voilà un tatouage qu'il ne possédait pas encore lorsqu'ils partageaient leurs journées à l'orphelinat. Sans passer par quatre chemins, Em attira l'attention de Jude qui avait à ce moment-là le regard rivé sur les images qui s'enchainaient à l'écran.
« Ce tatouage dans ton cou... Il est absolument magnifique, qu'est ce qu'il symbolise ? »
Lady Bird avait fait glisser son regard du dessin jusqu'aux iris azurées du jeune homme, entendant bien saisir chacune des nuances des expressions qui y défileraient. Elle chuchotait, comme s'il y avait quelqu'un d'autre qu'eux deux dans la salle; mais elle aimait l'ambiance que cela instaurait. Les murmures se rapprochaient des secrets, de l'intimité; des choses qui parlaient à la douce jeune femme.
Jude Happer
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La jalousie était un sentiment bien étrange. Elle avait manqué de me faire perdre Emaline une première fois mais finalement c'était l'obstination qui me l'avait enlevé. C'était à moi de ne pas faire deux fois la même erreur à présent. Même si je n'appréciais pas certaines personnes, mon amie était en droit de les côtoyer. Je n'avais aucun droit de lui interdire de fréquenter qui que ce soit. Même si clairement, je ne serais pas forcément toujours d'accord avec certains de ses choix. Mais c'était ça aussi l'amitié, accepter que l'autre soit différent et ne fasse pas toujours les choix que l'on attendait ou espérait de lui. Et j'étais de toute façon trop heureux de la retrouver pour lui reprocher quoique ce soit. Je savais désormais ce que ça me coûterait de la perdre et je ne voulais plus jamais que cela se produise.
Je l'observais alors qu'elle découvrait le film, l'émotion qui l'envahissait me réchauffait le cœur. J'avais été à peu près certain de ne pas me tromper dans mon choix mais de constater que j'avais effectivement bien fait été réjouissant. Mon sourire ne me quittait plus et je frissonnais légèrement alors qu'elle tournait la tête pour me fixer à son tour, son regard plongé dans le mien comme si je pouvais sonder son âme. Mon souffle se coupa légèrement lorsqu'elle avoua que je lui avais manqué. Si elle savait ce qu'elle m'avait manqué aussi... Mes doigts serrèrent l'accoudoir légèrement alors que je lui souriais tristement.
"Tu m'as manqué aussi. Terriblement. Alors... J'imagine un peu."
Une moue désolée s'étira sur mes lèvres alors que mon regard exprimait certainement toute la tristesse que je ressentais alors que je repensais à notre séparation. Ce trou béant qu'elle avait laissé dans ma vie et dans mon cœur. Mais c'était de ma faute après tout. Je tournais les yeux vers l'écran alors que les premières scènes du film apparaissaient. J'étais fasciné parce les images qui s'étalaient devant moi lorsque la voix d'Emaline me tira de ma contemplation. Je tournais la tête vers elle alors que la gêne s'insinuait en moi. Je me mordillais la lèvre, cherchant comment j'allais pouvoir répondre à sa question. C'était assez simple pourtant. J'inspirais profondément à la recherche des mots justes avant de répondre dans un murmure, l'imitant.
"C'est... Je l'ai fait tatouer quand... Un jour où tu me manquais un peu trop."
Je baissais le regard pour ne pas voir tout de suite sa réaction, un peu honteux de cet aveu.
"Alors... J'imagine qu'en quelque sorte... il te représente... toi."
Je relevais les yeux et esquissais un petit sourire. Comme pour montrer qu'au fond ça n'avait pas vraiment d'importance. Ce n'était qu'un tatouage après tout. Mais la symbolique était forte. Beaucoup trop pour qu'elle ne soit anodine. Je l'avais toujours aimé mais j'avais toujours été incapable de dire jusqu'à quel degré. Peut-être que j'étais trop accro, bien trop attaché à elle. Plus qu'à une amie ? Je n'en avais pas la moindre idée. Tout était beaucoup trop confus. Je savais simplement que je voulais la protéger de tout. Qu'être loin d'elle était une souffrance permanente. Et pourtant... J'étais incapable de la toucher, de surmonter cette barrière qui me bloquait pour attraper sa main, caresser sa joue. J'en était incapable. La simple idée me donnait le tournis et la nausée. Et si son visage à lui se superposait à celui d'Emaline ? Comment pouvais-je prendre le risque de dénaturer son visage si parfait ? Je ne voulais pas qu'elle soit associée à Ray. Je ne voulais pas le voir quand j'étais avec elle.
Mais mon esprit était malade et ne faisait pas toujours les choses de façon cohérentes. J'avais envie de me cacher, de pleurer devant ma faiblesse qui me rendait incapable d'avoir une relation normale. J'essayais pourtant à ma façon d'aller mieux mais c'était si difficile. J'étais perdu et je ne savais pas par où commencer. Est-ce qu'elle était assez forte pour me porter à bout de bras ? Pouvais-je réellement lui demander de supporter le fardeau que je représentais. Je tournais la tête vers la toile de projection et tentais de rentrer dans l'histoire à nouveau. J'avais la gorge serrée, j'aurais aimé que tout soit différent. J'aurais voulu ne pas être moi et avoir toute l'assurance du monde. Elle était si... parfaite. Je ne méritais tellement pas toute l'attention qu'elle me portait. Je tournais la tête à nouveau vers elle, incertain de ce que je voulais lui dire.
"Tu crois que... On pourra recommencer ? Comme avant ? Je ne veux pas te perdre encore Emaline."
Mon regard était implorant, je ne pourrais pas vivre sans elle à nouveau, ça me semblait impossible à présent que je l'avais retrouvé. Et j'avais besoin d'entendre qu'elle ressentais la même chose que moi, j'avais besoin qu'elle me dise qu'elle voulait aussi me revoir, qu'elle voulait qu'on retrouve la complicité qu'on avait. Malgré les non-dits et mon silence. Même si elle fréquentait encore Ali. Je m'en moquais tant que je savais qu'elle m'aimait encore. Tant qu'elle était encore là pour moi. J'étais vraiment minable. Je passais une main sur mon visage pour tenter de reprendre mes esprits et arrêter d'avoir envie de chialer comme un môme.
"Je suis désolé. Je ne veux pas t'imposer quoique ce soit... C'est juste que... Après tout ça... j'ai pas envie qu'on reparte chacun de notre côté comme si de rien. Je veux faire parti de ta vie même si on sait tous les deux que ce sera pas tous les jours facile."
Je lui adressais un petit sourire taquin. Nous avions tous les deux un caractère assez fort et parfois, nos paroles dépassaient le fond de notre pensée. Mais aujourd'hui, nous pouvions recommencer à zéro, repartir sur de bonnes bases. Si elle était d'accord pour le faire bien sûr.
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« Tu m'as manqué aussi. Terriblement. Alors... J'imagine un peu. »
C'est alors que le petit moineau, qui pensait toujours à ce que pouvaient ressentir les autres avant ce qu'elle pouvait ressentir elle-même, réalisait au dernier moment que le coeur de Jude devait -au moment présent- battre à l'unisson avec le sien. Les mêmes émotions courraient dans leurs esprits, à peu de chose près du moins, ce qui poussait Em à penser que leurs âmes étaient en parfaite osmose. Cette harmonie lui faisait penser à l'alignement des astres, et si elle continuait sur cette lancée, elle en concluait que quelque chose de grandiose devait se produire; comme lors des éclipses ou de l'alignement des planètes. Les retrouvailles avec le jeune homme étaient déjà plutôt surprenantes, mais si un phénomène céleste s'ajoutait à cela... Birdy était persuadée que sa journée était placée sous la bienveillance d'une bonne étoile.
La question d'Emaline avait arraché le brun au film et comme elle l'avait prévu, elle vit toutes les émotions défiler sur son visage, mais la gêne était celle qui y régnait en maître. Les deux jeunes gens se connaissaient trop bien pour pouvoir cacher quoique ce soit à l'autre. Il était rassurant, d'ailleurs, de voir qu'en trois ans beaucoup de choses n'avaient pas changé. Leurs vies étaient bien différentes, mais ils étaient restés les mêmes dans le paysage qui défilait; mêmes mimiques, mêmes expressions faciales, mêmes sourires. Si l'on sortait les personnages d'Emaline et Jude de leur décor et qu'on les comparait à ceux que l'on aurait pu sortir il y avait trois ans de cela, on aurait vu aucune différence notable. Ils étaient simplement un peu plus usés par la vie, comme des baskets portées tous les jours. Un sourire pincé naquit sur les lèvres de la petite blonde tandis qu'elle l'observait d'un œil emplit de curiosité, la malice était peinte sur ses traits.
« C'est... Je l'ai fait tatouer quand... Un jour où tu me manquais un peu trop. Alors... J'imagine qu'en quelque sorte... il te représente... toi. »
Le sourire de la jeune femme s'élargit sans qu'elle ne puisse le contrôler. Cette douce idée lui avait trotté dans l'esprit, il fallait bien l'avouer, mais l'entendre de la bouche de Jude était d'une tendresse incroyable. Elle caressait secrètement l'idée de le prendre dans ses bras et de ne plus jamais le lâcher, mais elle avait pris l'habitude de ne pas le toucher. Autrefois, naïve, elle avait un peu peur qu'il se brise si elle le brusquait; mais aujourd'hui, alors qu'elle regardait la situation d'un œil nouveau, elle comprenait qu'il avait toujours été brisé. Au fond, elle l'avait su dès le premier jour, dès le premier instant et c'est même ce qui l'avait attirée vers lui. Elle aimait les hommes qui avaient une faille, comme un éclat dans l'émail. Elle ne s'en ventait pas évidemment, d'ailleurs, peut-être qu'elle ne se connaissait pas ce penchant. Mais au vu de ceux pour qui son cœur avait chaviré, il était évident qu'elle avait de l'affection pour les jouets cassés. Peut-être oubliait-elle ses propres fêlures lorsqu'elle voyait les cicatrices des autres et plus les siennes.
Et alors qu'elle replongeait son regard bleu-vert dans celui du garçon, elle se demandait comment un être si attendrissant pouvait exister. Ses petites imperfections faisaient son charme et chacune de ses mimiques faisait fondre un peu plus le petit oiseau. Elle était en totale admiration devant le cou décoré de son ami d'enfance, appréciant les détails de l’œuvre et chacune des lignes qui la composaient. Et dire que de son côté, elle avait été assez orgueilleuse pour se faire tatouer un oiseau sans même penser une seule seconde à représenter quelque chose de symbolique pour Jude et elle. Elle se maudissait silencieusement jusqu'à ce qu'elle réalise que si elle l'avait fait, elle aurait pleuré à chaque heure de chaque jour et Storybrooke serait aujourd'hui sous les eaux.
« Je l'adore »
D'une voix feutrée, chuchotés entre ses lèvres, elle avait laissé s'échapper trois mots courts et succincts. Mais dans cet espace de huit lettres et un caractère spécial, il y avait bien plus qu'un commentaire sur le tatouage. Elle-même n'aurait su expliquer ce qui s'y trouvait, mais l'on pouvait émettre quelques hypothèses bercées de bons sentiments. La niaiserie était à son paroxysme, mais les deux acolytes n'en étaient même pas conscients, appréciant simplement ce moment comme s'ils étaient coupés de tout et de tout le monde, dans une bulle à l'écart des autres.
« Tu crois que... On pourra recommencer ? Comme avant ? Je ne veux pas te perdre encore Emaline. »
Ses pupilles tremblaient tant et si bien que la petite blonde sentait sa gorge se nouer. Elle n'osait pas parler de peur que sa voix se brise et que les larmes inondent à nouveau son visage. Son maquillage était déjà assez ruiné, si elle continuait, il n'en resterait plus. Alors, elle laissa Jude parler, se contentant de fixer ses magnifiques yeux bleus dans lesquels elle aurait voulu se noyer.
« Je suis désolé. Je ne veux pas t'imposer quoique ce soit... C'est juste que... Après tout ça... j'ai pas envie qu'on reparte chacun de notre côté comme si de rien. Je veux faire parti de ta vie même si on sait tous les deux que ce sera pas tous les jours facile. »
Emaline posa sa main sur celle du jeune homme, elle n'avait jamais vraiment eu besoin de ce contact avant, étant habituée aux réticences de son ami à ce sujet. Mais elle avait connu d'autres hommes, avait pris d'autres habitudes en trois ans; et surtout, elle mourrait d'envie d'être proche de lui maintenant qu'il était revenu. Et si elle s'éloignait un peu trop et qu'il s'évanouissait dans la brume ? Et si elle clignait des yeux et qu'il n'était plus là ? Des peurs qu'elle nourrissait aujourd'hui mais qui ne lui avaient jamais traversé l'esprit du temps de l'orphelinat. A cette époque, sa présence semblait acquise, elle n'aurait jamais pu prédire qu'elle allait le perdre. Elle prit une grande inspiration pour chasser le chagrin de sa gorge et répondit avec un sourire:
« Écoute Jude, si je devais te perdre tous les jours, alors je te retrouverais autant de fois, elle laissa échapper un petit rire à la limite de la malice, tu crois vraiment que maintenant que t'es là je vais te lâcher ? Non non non, va falloir me supporter comme à l'ancienne, mais bon quelque chose me dit que ça ne devrait pas trop te poser de problème... »
Elle lui adressa un petit clin d'oeil complice avant de faire pivoter son buste vers lui et de ramener ses genoux sur le fauteuil. Depuis qu'elle était arrivée au cinéma, Em passait la plupart de son temps à observer le brun, les yeux brillants. Elle se demandait comment elle avait pu égarer quelqu'un d'aussi merveilleux, comme on égare ses clefs ou sa pièce d'identité.
« Tu crois que la providence nous a séparés pour nous mettre à l'épreuve ? Pour voir si on résisterait à trois ans loin l'un de l'autre ? Savoir si les chemins différents qu'on a empruntés sont compatibles ? Ou alors, elle fait des expériences et on est les cobayes, elle veut voir si tout va rester pareil. Je suis tellement curieuse de savoir ce qu'elle veut ! »
Elle se laissa glisser dans son siège, les yeux rivés sur l'écran et la tête débordant de questions encore plus nombreuses que lorsqu'elle avait revu Jude. Toutes ces questions qu'elle avait soupçonné le destin de se poser, elle finissait par se les poser elle-même. Et s'ils étaient devenus si drastiquement différents qu'ils ne pouvaient plus se côtoyer ? Pire que la dispute qui les avait éloignés, Emaline craignait qu'ils se perdent de vue. Quelle fin plus tragique pouvait-on imaginer pour une relation ?
Jude Happer
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Le soulagement qui étreignit mon cœur fut indescriptible. Son sourire n'était pas jugeant ni même choqué, au contraire, il semblait irradier de joie. C'était presque étrange même qu'elle ne m'ait pas insulté ou traité de pervers. C'était peut-être au fond la réaction que j'avais craint de sa part. Après tout, qui aurait tatoué l'emblème d'une amie sur son corps si elle n'avait été que cela à ses yeux ? N'était-ce pas trop bizarre ? Avait-elle été qu'une simple amie depuis le tout début ? Sans doute la seule que j'ai possédé jusqu'à présent. Elle était bien trop précieuse à mes yeux pour que je la perde encore. Et finalement, elle ne trouvait pas ça bizarre ou même dérangeant. Alors, je lui retournais son sourire et je la fixais encore et encore, jusqu'à ce que son visage soit gravé à jamais dans mon esprit et dans mon âme. J'aurais pu m'y brûler les rétines tellement je ne me lassais pas de ma contemplation. La quiétude de ces retrouvailles étaient bienheureuse et j'aurais aimé que ce moment dure toujours.
Je prenais conscience de choses que je n'avais jamais osé comprendre jusqu'à présent. Est-ce que tout ceci était bien réel ? Sa voix douce comme un nuage nourrissait chaque parcelle de mon être et j'aurais voulu qu'elle parle encore. Qu'elle me dise en quoi mon tatouage lui plaisait. Était-ce le dessin ou ce qu'il représentait ? J'avais cette sensation étrange au fond de moi, cette peur irrépressible de la perdre à nouveau. Et je savais, j'avais la conviction que cette fois-ci je ne m'en relèverais pas. Alors je la suppliais du regard tout en lâchant ma requête. J'espérais de tout mon être qu'elle ressentais le même besoin que moi de préserver notre lien. Ensemble tout semblait possible, je me sentais capable de tout surmonter lorsqu'elle me fixait de ses deux yeux bleus pictés de malice. Son émotion semblait aussi forte que la mienne et je lui souris comme pour nous remonter le moral à tous les deux. Nous donner la force de ne pas pleurer davantage.
Le contact de sa main sur la mienne me fit frissonner. Ce n'était pas désagréable, au contraire, c'était doux et chaud. Comme Emaline. Timidement, je posais ma main libre sur la sienne pour l'emprisonner et conserver notre étreinte en un étau chaleureux. Je savais qu'elle ne me ferait pas de mal, elle ne pouvait pas le faire volontairement, elle était beaucoup trop douce et sincère pour ça. Il suffisait de la regarder, il suffisait d'observer le regard qu'elle posait sur moi. C'était l'évidence même et ses paroles réconfortèrent mon cœur apeuré. Mon sourire s'agrandit, répondant à la malice du sien. J'aurais aimé rester comme ça avec elle pour toujours, que ce moment ne s'arrête jamais. Tout était si parfait que s'en était presque trop beau. Je ris doucement à sa supposition, secouant la tête pour confirmer ses dire.
"Non, ça ne me pose pas de problèmes. Je supporterais ta présence autant que toi, tu supporteras la mienne."
Mon sourire s'agrandit légèrement alors qu'elle se tournait un peu plus vers moi, instinctivement, je l'imitais, rassemblant mes jambes sur le siège. Ma tête contre le dossier du siège, je la fixais avec un air rêveur sur le visage. Allait-elle disparaître comme elle était apparue ? Non, elle avait promis de me retrouver et je la croyais. J'avais confiance en elle. Plus qu'en quiconque. Elle était et resterait à jamais celle qui avait su toucher mon cœur brisé. J'écoutais d'une oreille distraite le film que je connaissais par cœur, c'était notre film. Celui que j'aimais le plus au monde, celui que j'affiliais systématiquement à Emaline. Lorsqu'elle m'avait connu, je n'étais peut-être pas l'élève le plus assidu du lycée mais j'étais loin d'être bête. Les rares fois où j'avais daigné aller en cours et faire les devoirs notés, j'avais eu de bonnes notes. Mais je ne pouvais pas suivre cette voix que Ray avait tracé pour moi. Il aurait trouvé un moyen de dire que c'était grâce à lui si j'avais réussi. Il aurait réussi à me dégoûter du travail que j'aurais fourni et je ne pouvais pas lui permettre de tout avilir sur son passage.
Mais ça... cette connection avec Emaline, il ne pourrait pas y toucher. Il ne connaissait même pas son existence et c'était très bien comme ça. Elle était bien trop importante pour qu'il ose même poser le regard sur elle. Je l'écoutais parler tout en essayant de trouver les réponses à ses questions. Y avait-il réellement une destinée et une providence ? C'était un peu comme la notion de Dieu. A mes yeux, rien de tout ceci n'existait, il y avait seulement les choix que nous décidions de faire. C'était beaucoup trop triste de se dire que finalement peu importait nos décision et nos actes, tout était déjà tracé à l'avance. Je voulais être maître de mon avenir et que personne d'autre que moi puisse décider de ce que je ferais demain. Je voulais croire que je possédais toutes les ficelles de ma réussite ou de mon échec.
"Je ne sais pas trop... Tu crois réellement qu'une force plus grande que nous existe ? Je veux dire dans ce cas... Pourquoi avoir eu la cruauté de nous séparer ? Pourquoi nous retrouver maintenant ? Je pense que la vie est faite de choix et... de hasards. Mais... le destin ? Je ne sais pas."
Je la fixais un moment en silence, essayant de démêler mes pensées, la sondant du regard pour essayer de deviner ce qu'elle pensait.
"Et je pense ou du moins, j'espère que nous trouverons la force de surmonter ces trois ans d'absence. Il faut juste réapprendre à se connaître."
Mon sourire se fit doux alors que je me penchais vers elle avec malice comme pour lui murmurer un secret.
"Nous avons beaucoup de temps à rattraper et beaucoup à nous dire. On peut décider de tout se dire ou de garder certaines choses secrètes. Nous avons le droit. Parce que le passé est passé. Nous ce qui nous intéresse désormais, c'est le futur et ce que nous allons en faire. Les décisions que nous allons prendre aujourd'hui et à l'avenir construiront notre relation, tu ne crois pas ?"
Je plongeais mon regard dans le sien à la recherche de son âme ou de sa petite flamme intérieure peut-être. Sans que je ne réfléchisse vraiment à ce que je faisais, comme un réflexe, ma main quitta la sienne et remonta vers sa joue. L'effleurant doucement, timidement avec une pointe d'hésitation. Je chassais l'une de ses mèches de cheveux derrière son oreille sans la lâcher du regard. Le souffle court et le cœur battant la chamade. Était-ce vraiment moi ? Je n'avais jamais osé ce genre de geste avant de peur de me brûler ou qu'il ne se passe une tragédie. Avais-je le droit d'espérer pouvoir vivre normalement ? Tellement d'années s'étaient passées. Quatre ans et pourtant il hantait encore mes cauchemars. Et pourtant... Alors que mes doigts glissaient sur sa peau douce, s'imprégnaient de la tessiture de sa joue, je me sentais bien. A ma place. Comme je ne l'avais plus été depuis si longtemps.
Mes lèvres n'étaient qu'à quelques centimètres des siennes mais je n'osais pas franchir ce cap qui me semblait encore insurmontable. Car après tout, était-ce réellement cela que je ressentais pour elle ou simplement une amitié beaucoup trop forte, presque fraternelle ? Il ne me semblait pas mais je ne pouvais pas prendre le risque d'essuyer un rejet. Pas maintenant. Pas après tout ça. Pas alors que je venais juste de la retrouver. Et je ne savais même pas si je serais capable de supporter une aussi grosse charge émotionnelle. Tout était flou et confus dans ma tête. Je ne savais plus penser rationnellement, je ne savais plus respirer, je savais seulement fixer l'intensité et la profondeur de son regard. Je percevais seulement la chaleur de sa joue contre la paume de ma main. Et c'était tout ce qu'il me suffisait pour que je me sente bien.
Emaline Songbird
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Emaline aurait voulu demeurer sur ce siège rouge pour toujours, aux côtés de Jude, juste tous les deux avec les répliques de The Great Gatsby en musique de fond. Elle avait suivit assez de cours de Sciences pour avoir entendu parler de cette toupie qui ne s'arrêterait jamais de tourner si on posait sur elle un regard théorique, mais dans les faits, les frottements causaient sa chute. Si l'on appliquait ce calque à la situation des deux jeunes gens, ils étaient la toupie et les frottements incarnaient... tout le reste. Voilà pourquoi Birdy aurait préféré rester dans cet espace clos, loin des autres, loin du monde. Mais il aurait été bien cruel d'arracher la potentielle compagnie de deux personnages si intéressants aux habitants de la ville de Storybrooke, alors, leurs retrouvailles finiraient par prendre fin et ils devraient à nouveau interagir avec le reste de la population. Pour son plus grand plaisir.
La petite blonde avait ce soucis majeur de dépendance, son petit coeur chavirait souvent pour des garçons qu'elle connaissait à peine et elle s'imaginait alors tout un tas de grandes histoires pleines de paillettes et de roses rouges. Elle avait déjà senti son cœur s'affoler pour plus d'un jeune homme croisé au coin d'une rue, tout en sachant pertinemment qu'elle ne le reverrait pas. Enfin, disons qu'elle faisait confiance au destin, elle croyait très fort à cette théorie selon laquelle les âmes amoureuses se retrouvaient toujours quelque part. Elles se guidaient à la mélodie des battements de coeur, aux vibrations du manque. La petite blonde avait cru aimer plus d'une fois dans sa jeunesse, c'est toujours ce que supposent les enfants. Ils se prennent d'affection pour un joli gars ou une fille mignonne qui leur dit qu'ils les aiment et qui leur fait des bisous sur la joue aux récrés. C'est à peu près ce que vivait Emaline avant de rencontrer Jude. Et après lui, il n'y avait rien eu. Elle avait connu bien des hommes (et bien des lits), tous différents mais avec un point commun évident: ils n'étaient pas Jude. Et même si elle entendait leurs « je t'aime », elle s'en lassait comme on se lasse d'un paquet de céréales qu'on achète depuis trop longtemps. Ils finissaient toujours par devenir de simples amis, ou des ennemis mortels. La jeune femme les aimait tous, mais certains avaient du mal à accepter le rejet. Après Jude, elle avait eu toute une vie. Une vie de vide, de rien.
Em écoutait les paroles de son ami avec une attention toute particulière, répétant chaque mot dans son propre esprit. Tout ce qu'il disait l'enchantait, elle avait ce petit sourire niais qui restait plaqué sur son visage, comme sur celui d'une groupie face à son idole. Elle approuvait silencieusement tout ce qu'il supposait, inutile de parler quand ses deux yeux bleus étaient si bavards. Il y avait, derrière la vitre courbée de ses prunelles, cette gamine de seize ans à peine qui avait attendu le retour de Jude et qui se réveillait enfin du doux sommeil dans les bras duquel elle s'était lovée. Il fallait construire l'avenir, il avait raison, un avenir commun avec un chat qui se prélasserait sur le canapé tandis qu'ils discuteraient de tout et de rien. Après tout, ils avaient toujours parlé de vivre sous le même toit. C'était déjà le cas à l'orphelinat, et il faut bien avouer que le choc entre la vie en collectivité et son appart avait été violent pour la petite blonde. Beaucoup de choses lui avaient d'abord manqué, beaucoup de monde surtout, mais avec le temps elle avait su prendre ses marques. Et puis, elle avait commencé à travailler à l'université, et au Rabbit Hole, à donner des cours de musique à domicile, elle avait aussi rencontré Leo et avait finalement été vivre chez Ali. Tous ces changements, ce rythme de vie qu'elle s'imposait, ils lui faisaient oublier le passé.
Emaline avait la tête appuyée contre le dossier rouge de son siège, ses cheveux bouclés s'étalaient sur le tissu vermillon, légèrement en bataille, mais elle était loin d'avoir une apparence négligée. Non, elle semblait toujours entourée d'une aura d'harmonie parfaite, même la plus entortillée de ses mèches ne gâchait en rien la beauté de sa personne. Et elle avait cette peau de porcelaine parcourue par de nombreuses tâches de rousseur qu'elle avait fut un temps voulu cacher. C'est Jude qui l'avait poussée à arrêter, un matin où il l'avait surprise en train de couvrir les pigments ocres d'une couche de maquillage. Ce souvenir lui revenait en mémoire dès qu'elle apercevait son reflet dans un miroir ou qu'elle reconnaissait son visage sur une photo. Elle se rappelait parfaitement de cet épisode, le jeune homme venait la chercher pour lui proposer une activité quelconque ou simplement partager un moment avec elle, et c'est là qu'il l'avait vue complètement démaquillée pour la première fois. Elle avait plaqué ses mains sur ses joues, sans que cela ne puisse complètement masquer les éphélides, et les larmes lui étaient montées aux yeux. Il avait directement saisit le fond du problème et lui avait servit un discours d'une grande douceur, le plus adorable qu'il lui fut donné d'entendre. Ce jour-là, elle avait accepté d'offrir ses tâches de rousseur à la vue du monde, et elle avait continué de faire de même tous les jours qui avaient suivit. Ses lèvres pulpeuses étaient d'un rose naturellement foncé et elle tentait de freiner le grand sourire niais qui souhaitait s'y installer. Jude fit glisser l'une de ses mains sur la joue d'Emaline qui frissonna avant de se détendre, apaisée par l'azur des yeux du jeune homme. C'était confortable, d'une façon qui dépassait les sens. Bien sûr, la petite blonde se sentait bien, la joue lovée dans la paume de son ami, mais ça allait au-delà de ça. Ce contact, cette proximité, c'est ce qu'elle avait espéré pendant trois ans sans pouvoir le trouver. Celui qui lui avait fait connaître ce sentiment de plénitude, et qui resterait sûrement le seul, c'était Jude.
Elle savait qu'elle pouvait l'embrasser, elle n'avait qu'à s'avancer un petit peu, et à se laisser porter par son petit cœur qui était à deux doigts d'exploser. Mais pour la première fois dans ce genre de situation, elle avait peur. Jude n'était pas vraiment un garçon que l'on touche, il était plutôt de ceux qu'on effleure comme une œuvre d'art à la valeur incalculable. Il n'aimait pas cela et Emaline, même si elle avait parfois pu déroger à cette règle suprême, le savait. Et même si tout était parfait, que les planètes semblaient alignées comme ça ne se produisait que tous les trois cent ans, et que des feux d'artifice explosaient à l'écran, la petite blonde ne se rua pas sur l'occasion. S'il le fallait, elle déplacerait elle même les astres et sèmerait l'anarchie dans le système solaire pour qu'un pareil moment se reproduise. Dans une heure, ou trois mois. Elle ne savait pas, elle n'en savait rien. Alors, un éclair zébra son regard bleu, une idée de génie qui avait soudainement germé dans son esprit. Elle déposa délicatement un baiser sur la joue du beau brun, rependant une odeur de vanille autour de lui et lui murmura, un petit sourire mutin au coin des lèvres:
« J'ai une idée qui va te plaire... »
Et c'est sur ces mots aguicheurs qu'elle l'entraina vers l'extérieur de la salle, abandonnant leur film préféré au profit d'un geste qui ne pouvait être plus symbolique. Elle s'aventura dans la couche de la nuit d'un pas déterminé, mais ses ardeurs furent immédiatement refroidies par les ténèbres épais qui lui faisaient face. Elle se glissa instinctivement dans les bras de Jude, qui était déjà bien informé sur la liste détaillée de toutes les phobies de la belle. Mascottes, clowns, océan, sang, aiguilles, et j'en passe. Elles ne se comptaient pas sur les doigts d'une main. Et l'une d'entre-elles, était bien contradictoire avec le lieu dans lequel ils se rendaient.
La cloche du salon de tatouage tinta tandis que les jeunes gens s'engouffraient à l'intérieur. L'ambiance plaisait à Emaline dont la chaire de poule parcourait l'ensemble du corps, il y avait des néons partout et des esquisses couvraient les murs en pierre.
« Bonsoir ! Emaline Songbird, je suis majeure et pleinement consciente de mes acteees. Voilà ma carte d'identité !»
La femme qui se tenait derrière le petit comptoir, et dont le corps tout entier semblé couvert de tatouages, se leva un peu pour inspecter la blonde des pieds à la tête. Son regard se plissa tandis qu'elle interrogeait la concernée, dévoilant une langue fendue en deux:
« T'as de quoi payer ? »
Em glissa une main dans son sac et en sortit une épaisse liasse de billets verts, qu'elle déposa devant le regard blasé de son interlocutrice à laquelle elle lança tout de même une œillade provocatrice. Ali lui donnait de l'argent de poche, comme à une gamine de douze ans. Elle était excitée comme une puce et rien ni personne ne pourrait l'arrêter dans son élan, même pas les aiguilles qu'elle ne comptait surtout pas regarder. Elle sortit ensuite le livre qu'elle avait brandit un peu plus tôt devant les yeux de Jude et pointa un doigt sur la couverture:
« C'est ça que je veux. Sans le titre et autres fioritures. »
La tatouée hocha mollement la tête et s'éloigna en précisant qu'elle allait préparer tout ce dont elle avait besoin et en rouspétant un peu après on ne savait trop qui ou quoi. Se tournant vivement vers le jeune homme qui l'accompagnait, impossible de se calmer, Emaline bondissait dans tous les sens, en scandant:
« Une idée géééniale, je te l'avais bien dit ! Ca te plait ? Oh comme ça me plaît ! Et puis si je regarde pas l'aiguille, j'aurai même pas peur ! Eh, après tout j'en ai déjà un ! »
Elle souleva fièrement son t-shirt afin d'imager ses paroles, rayonnant de gloire et de satisfaction puis le lâcha pour se rapprocher drastiquement du brun qui dû baisser la tête pour l'avoir toujours en visuel.
« Notre relation ne sera pas gravée dans la pierre, mais dans la chaire... C'est bien plus cool ! Tu sais, à propos de ce que tu as dit tout à l'heure... Je veux que tu saches tout de moi, le bon, le mauvais. Si toi tu ne veux pas tout me confier, ce n'est pas un problème, je te rassure. Mais j'ai besoin que quand je pleurs, quand j'ai peur, tu saches pourquoi. Comme avant, tu sais... »
Elle lui lança un regard plein d'espoir, en attente d'une réponse qu'elle souhaitait aussi douce que les précédentes.
Jude Happer
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*Perdu dans l'adversité*
*Je retrouve mon chemin*
*Grâce à ma famille*
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Ses lèvres sur ma joue, je fermais instinctivement les yeux, attendant la flopée de souvenirs et de sensations désagréables qui ne tarderaient pas à m'envahir. Mais l'odeur de vanille fut la seule qui troubla mes sens, la douceur des lèvres d'Emaline fut la seule sensation qui resta sur ma peau. Je rouvrais les yeux troublé et heureux, pour la première fois, Ray et son souvenir ne venait pas gâcher un moment de douceur. Je m'étais crispé d'instinct, attendant les souvenirs que je tentais de repousser au plus profond de moi, ceux qui remontaient chaque fois que quelqu'un tentait de me toucher ou quand j'espérais pouvoir vivre un peu normalement. Mais cette fois-ci, rien ne se passa. La joie et le soulagement m'auraient presque donné envie de crier de joie, de sauter et de danser. De ce moment avec Emaline, je ne pourrais garder que le meilleur, aucun de mes souvenirs ne seraient entachés.
J'aurai pu profiter de l'instant pour tenter quelque chose de nouveau, voir jusqu'où je pouvais aller sans que le malaise revienne en moi. Ses lèvres rosées m'appelaient comme une invitation mais je ne voulais pas aller trop vite. Il fallait procéder par étape et je venais déjà de franchir un gouffre, c'était peut-être suffisant pour ce soir. Il ne fallait pas tenter le sort alors je lâchais doucement sa joue et je la fixais interrogateur alors qu'elle semblait avoir une idée bien précise derrière la tête. Sans me faire prier, je la suivais intrigué alors que nous quittions la salle de projection, je ne me posais même pas la question de savoir s'il restait des clients quelque part. Le directeur devait certainement être encore là à cette heure, il fermerait lorsqu'il partirait. Je ne m'inquiétais donc de rien et sortis dans la fraîcheur de la nuit. J'inspirais profondément heureux d'être à l'air libre. J'aimais la nuit et l'obscurité, je me sentais dans mon élément, dissimulé aux yeux du monde.
J'y trouvais un certain confort là où Emaline n'y trouvait qu'une terreur glaçante. J'esquissais un léger sourire amusé alors qu'elle se blottissait contre moi, je ne la repoussais pas, au contraire, j'enroulais un bras autour de ses épaules. Son épaule contre mon torse, j'éprouvais un sentiment de plénitude à la savoir près de moi et une forme de fierté à pouvoir lui apporter une forme de réconfort pour l'aider à vaincre sa phobie. La jeune femme possédait un nombre incalculable de phobies, certaines semblaient risibles mais la peur ne s'expliquait pas. C'était la plupart du temps incontrôlable et je ne l'avais jamais jugé sur ce qui l'effrayait. Elle avait peut-être des raisons qu'elle même ignorait, des traumatismes que ces éléments lui rappelaient inconsciemment quand elle les voyait. Qui étais-je de toute manière pour juger ? J'étais bien mal placé pour le faire et de toute manière, elle était parfaite tel qu'elle était.
Je resserrais légèrement mon étreinte autour de ses épaules, j'étais là pour elle quoiqu'il arrive. J'avais rompu ma promesse une fois et je ne recommencerais plus. Comment pourrais-je me séparer d'elle à nouveau alors que je ressentais de l'apaisement pour la première fois en trois ans ? Je baissais mon regard sur son visage et ses traits malicieux et concentrés à la fois. Un petit sourire s'installa sur mes lèvres, elle était belle encore plus que dans mes souvenirs si c'était possible. Et pourtant, ce n'était pas la seule raison de mon affection pour elle, loin de là. Je m'arrêtais devant la porte où elle nous avait guidé et relevais machinalement la tête vers l'enseigne. Je ne pus retenir ma surprise alors qu'elle m'entraînait à l'intérieur. Elle était sûre d'elle ? Si je me souvenais bien, elle avait peur des aiguilles. Un tatouage ne semblait donc pas totalement conseillé. Mais après tout... si c'était ce qu'elle voulait, je ne l'empêcherait pas.
Je restais donc à ses côtés silencieusement, la laissant parler à la tatoueuse à l'air patibulaire. J'haussais un sourcil surpris et ému lorsqu'elle sortit son livre de son sac et un nouveau sourire fleurit sur mes lèvres. Je la fixais avec émotion alors que la tatoueuse s'éloignait pour préparer son matériel et qu'elle se tournait vers moi irradiant de joie et d'enthousiasme. J'éclatais de rire me laissant enivrer par sa joie communicative et je hochais la tête pour approuver avant de fixer le tatouage qu'elle me montrait sur sa peau blanche. Je me retins difficilement de l'effleurer du bout des doigts tellement il était beau. Il la représentait à la perfection, je le lâchais du regard alors qu'elle le couvrait à nouveau.
"Il est magnifique. Et... je trouve que c'est une idée géniale."
Je la couvais d'un regard rempli d'adoration alors qu'elle s'approchait de moi et que je baissais la tête pour ne pas la perdre des yeux. Je souris doucement et hochais la tête à ses paroles. J'étais heureux qu'elle souhaite tout recommencer comme avant. Mais même avant, il y avait des choses que moi je ne lui avais pas dites. Elle l'avait accepté et elle semblait encore prête à le faire. Alors l'émotion, une fois encore, s'empara de moi. Elle était beaucoup trop adorable pour quelqu'un comme moi et pourtant... elle était là devant moi et elle s'apprêtait à réaliser un geste symbolique fort.
"Je veux tout connaître de toi, Emaline. Je veux pouvoir savoir quand tu as peur et pourquoi tu pleures quand tu le fais. Je veux pouvoir sécher tes larmes et aller chasser tes peurs au loin. Comme avant."
Je lui souris doucement, tendrement alors que je plongeais mon regard dans le sien.
"Et je suis heureux que tu continues de montrer tes tâches de rousseur au monde."
Mon sourire se fit malicieux alors que je venais délicatement caresser ses petites tâches ocres.
"Elles sont bien trop belles pour être dissimilées sous de vils artifices."
Ma main s'attarda légèrement sur sa joue avant de s'éloigner lorsque la tatoueuse revint vers nous visiblement pressée de se mettre au travail. Je saisis la main d'Emaline alors que nous nous approchions de la table de tatouage. Je lui souris doucement alors qu'elle s'installait, je ne la lâchais pas, connaissant parfaitement la douleur de l'aiguille perçant la peau pour y injecter de l'encre indélébile.
"Je reste avec toi. Si tu as trop mal, tu as le droit de crier."
Une lueur amusée traversa mon regard alors que ma main restait ancrée dans la sienne. Elle pourrait serrer autant qu'elle voudrait, je ne lâcherais pas. Nous faisions ça ensemble et je l'accompagnerais jusqu'au bout. Elle et moi, c'était pour la vie.