« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)
Retourner entre les murs de l’hôpital n’était franchement pas une expérience enrichissante ni rassurante. Je n’avais qu’une seule envie à vrai dire : partir d’ici le plus rapidement possible ! L’ennui c’est que, sans cet hôpital, mon mari serait sans doute mort à l’heure qu’il était et je devais donc prendre mon mal en patience pour qu’il se remette convenablement. J’avais d’ailleurs chaudement remercié Thomas pour ce qu’il avait fait ; j’avais conscience que s’il n’avait pas été là, s’il n’avait pas réagit suffisamment rapidement, ça aurait sans doute été à la morgue qu’il nous aurait donné rendez-vous. Il me certifiait que ce n’était rien mais je refusais de le croire. Le meilleur ami de Carlisle lui avait sauvé la vie quand je n’avais pas été là pour pouvoir le faire… J’avais pleuré, encore, en le remerciant à nouveau et il s’était contenté de me tapoter le dos pour me rassurer. Parfois je me disais que je ne méritais pas mon compagnon… Ce ne fut qu’une preuve de plus à cette idée.
Le docteur Yang n’alla pas vraiment pour me permettre de souffler, encore plus lorsqu’elle énonça que cela pouvait très mal se passer pour Carlisle ! Du sang dans sa salive ? Mon dieu. Et son estomac. Et sa gorge. Et tout le reste ! Et s’il s’étouffait dans son sommeil ? Ou s’il ne pouvait plus jamais parler ? Chanter ? S’il ne parvenait plus à avaler quoi que ce soit et doive se nourrir de soupes à longueur de journée ? Mon esprit prolifique était en train d’imaginer tout un tas de scénarios catastrophes et je sentais le sang quitter mon visage au fil des secondes. La vie ne tenait décidément qu’à un fil, j’étais bien placé pour le savoir, mais l’idée qu’il puisse arriver quelque chose de pire à mon mari… Qu’il puisse ne jamais s’en remettre, ou encore… ?!
Ses mains, fraiches, m’attrapèrent le visage en coupe pour m’obliger à redresser la tête et quitter le saugrenu de mes pensées. Je croisais son regard, à la fois sévère et inquiet, et me mordit l’intérieur de la joue. Je n’avais pas à lui rajouter une dose d’inquiétude alors qu’il allait déjà mal ! C’était à moi de prendre sur moi et de faire comme si tout allait bien, pour penser à lui. J’inspirai en constatant qu’il attendait peut-être une réaction et fini par soupirer brièvement. Je posai une main sur les siennes.
« Ca va aller. » Dis-je, peut-être un peu plus pour moi-même que je ne l’aurais voulu. « Tu as besoin de quelque chose ? De ton ordinateur ou de ton téléphone ? Ah non, elle a dit de se reposer donc pas de ça ici… Déjà que tu t’es habillé, on ne va pas exagérer non plus. »
Même si je me doutais qu’il avait sans doute déjà demandé à Thomas de lui rapporter ses outils de travail à distance… Un homme comme lui ne s’arrêtait jamais vraiment, combien de fois avais-je coupé son téléphone à l’en faire hurler ou refermé l’écran de son ordinateur portable sous ses noms d’oiseau. Carlisle ne s’arrêtait jamais, il ne faiblissait jamais et après avoir été affiché dans le congrès, je me doutais bien qu’il avait plutôt intérêt à se montrer plus fort que jamais. Plus intouchable que jamais. C’était presque si je m’attendais à ce qu’il m’annonce qu’il y retournait demain comme si de rien était… Je serrai les dents et espérai secrètement que le docteur Yang l’en dissuade si l’idée était évoquée.
Toute cette peur enfouie était en train de ressurgir et je devais faire avec, malgré le petit sourire encourageant que je lui offris et auquel il ne fut pas dupe. Je ne pouvais pas duper mon compagnon, je le savais très bien mais je tentai quand même de faire bonne figure. Ma joue se perdit contre sa paume et j’y déposai finalement un baiser avant de reculer d’un pas.
« Est-ce que vous avez une idée de qui a fait ça ? »
Je fixai Sirrus et Thomas en posant cette question, ayant bien conscience que Shubner ne m’avait pas tout dit la veille et qu’ils avaient tous une idée derrière la tête. Il suffit de voir leurs regards se croiser pour comprendre, qu’effectivement, ils me cachaient quelque chose. Je poussai un soupir désabusé… J’avais beau être issu d’une autre classe sociale qu’eux, la sécurité de Carlisle était une de mes priorités. Même si j’avai sbien moins de moyens et, apparemment, bien moins envie de me salir les mains qu’eux.
« Nous n’en sommes pas encore tout à fait sûr. » Justifia le Chafouin, lissant sa cravate. « Mais il se pourrait que les Mazzini ne soient pas étrangers à ce qui est arrivé. »
Thomas hocha la tête et beaucoup de choses passèrent dans le silence dont il gratifia Carlisle à côté de moi. Ah, j’aimerais tellement pouvoir me glisser dans leurs têtes et savoir ce qu’ils pensaient !
« Mazzini… Comme la femme qui m’a interpellé hier ? » Compris-je soudain. « Mais je croyais que cette famille n’avait rien à craindre de toi, et vice-versa ? Elle avait l’air de bien te connaître en plus… »
Je me mordis la lèvre inférieure, me remémorant les mots que m’avaient échangés… Elle ne s’était pas présentée mais les jumeaux avaient indiqué qu’elle s’appelait Gianna. Elle avait des frères et un père de famille aussi revêche que les italiens en général. Une famille aristocratique et ancienne. Quel intérêt alors de s’en prendre à Carlisle ? Je n’y comprenais pas grand chose… A dire vrai, je n’avais jamais véritablement saisi pourquoi on pouvait attaquer des gens sans raison, les enfermer et les torturer puis les tuer sans montrer de remords ou de regrets. Je ne saisissais pas toujours les dangers de leur monde… Et je n’avais, jusqu’à présent, pas eu besoin de le faire parce que mon compagnon était mon rempart. Mais quand on s’ne prenait directement à lui, que restait-il pour ne pas tomber dans un piège et se fourvoyer ?
Sentant une nausée me prendre sous leur discussion à la fois remplie de sous-entendus et vide de sens communs, je portai les doigts sur mes tempes et les massai lentement. Prit d’une grimace, je fini par déclarer devoir aller récupérer un café et les laissait un peu seul. J’entendis l’ordre de Carlisle de ne pas trop m’éloigner et je lui adressai un sourire entendu ; s’il pensait que j’allais le laisser filer tout seul après ce qui était arrivé, il ne fallait pas y compter !
Seul devant la machine à café de la réanimation, j’étais en train d’étudier quelle boisson prendre pour chasser ce mal de tête en train de solidement s’installer… Lorsqu’une vois sirupeuse mais nimbée d’arrogance me détourna de mon objectif : une femme se trouvait juste à ma droite, habillée d’un manteau en velours pourpre et chaussée de bottines en cuir. Son visage me fit sursauter et je me décalai de plusieurs pas pour éviter de me retrouver à portée de Gianna Mazzini !
« Et bien, quelle étrange manière de saluer quelqu’un. »
Hein ?! Non mais, elle était quand même gonflée ! C’était pas elle que Thomas avait accusé d’être derrière la tentative d’assassinat de mon mari ?!
« Qu’est-ce que vous faites là ?! »
Elle me toisa des pieds à la tête sans aucune manière et je fis de même, sur le qui vive et prêt à bondir au moindre signe d’attaque. Elle venait peut-être terminer son œuvre ? Sûrement pas ! Plutôt mourir que de lui indiquer où se trouvait Carlisle !
« Je suis venue m’assurer de la santé d’un… Ami, dirons-nous. »
Qu’est-ce que je disais…
« Savez-vous où je peux trouver Monsieur Evil ? »
Son sourire sonnait si faux que je sentis une vague pulsion grimper en moi… Est-ce que je pouvais le lui arracher du visage pour le lui faire avaler ? Non parce que si c’était bien elle, ou un de ses frères, elle pouvait se mettre le doigt dans l’œil ! Et ce n’était pas parce qu’elle affichait des yeux rougis d’ailleurs, ni une trace rouge sur la joue, que j’allais me laisser avoir. Il s’agissait de la sécurité de Carlisle.
« Je ne vois pas de qui vous parlez. » Feignis-je.
« Oh, je pense que vous voyez exactement de qui je veux parler. »
Je n’aimais pas la manière qu’elle avait de communiquer. Résolu, je me redressai et repris un peu contenance pour lui faire face sans ciller. Je n’allais sûrement pas lui donner l’information qu’elle recherchait et je ne bougerai pas de là tant qu’elle s’y trouverait !
« Désolé. Essayez du côté de l’accueil ? Ils ont souvent les noms des patients et l’endroit où ils sont hospitalisés. »
« C’est ce que j’ai fais. » Me coupa-t-elle, un peu plus froide. « C’est pour cela que je sais qu’il est ici, monsieur Tiger. Je ne vous demandais que par politesse. Mais il semblerait que je me sois trompé et que vous ne sachiez rien… Du moins, pas officiellement. »
Sans réfléchir, je me jetai en avant et la retint par le bras. Elle m’adressa un coup d’œil si assassin que je manquai de la lâcher sous la surprise, mais je tins bon. Tout pour lui faire perdre du temps et essayer de trouver une solution. Tout pour qu’elle n’approche pas un seul cheveux de l’homme de ma vie !
« Vous n’avez rien à faire ici ! »
« J’ai tous les droits. » Siffla-t-elle. « Lâchez-moi. »
« Et si je refuse de vous laissez continuer ? »
Elle plissa le regard, comme pour jauger de mon sérieux.
« Je vous déconseille de me provoquer, monsieur Tiger. »
Bizarrement je la croyais… Mais entre ma vie et celle de Carlisle, le choix était très vite fait.
Sloan Fyresciell
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| Avatar : King Tom Hiddleston
• Franchement Slo', on a pas besoin de se retrouver dans un parking glauque pour que tu m'annonces que tu me prends comme ton témoin de mariage !
• Ssssssh discrétion Al' discrétion !
• Sloan ? Tu m'écoutes ? Lui là ... je peux le tuer quand tu veux !
• Hum oui oui Dew' ... oui oui
| Conte : Le Hobbit | Dans le monde des contes, je suis : : Smaug le magnifique
Laisser Antropy déambuler seul n’était pas dans ses habitudes, et après que le roux ai fermé la porte, il tourna les yeux vers les jumeaux, qui hochèrent la tête de concert. Rapidement, Sirrus sorti à son tour, aussi silencieux qu’il pouvait être parfois, laissant Carlisle seul avec Thomas. Même face à lui, il fit mine de ne pas souffrir, mais Thomas n’était pas dupe. Sans un mot, il lui fit signe de se rallonger, et dans un accord tacite, Carlisle finit par retourner s’allonger, relevant le dossier de son lit au maximum cependant. Il était hors de question qu’il reste alité comme un mourant. Même quand Mère lui avait brisé les doigts, il n’était demeuré en convalescence qu’une journée avant de reprendre les classes. Ce n’était pas aujourd’hui qu’il changerait ses habitudes.
-Les vidéos de surveillance de la faculté, tu les as?
-Economise ta voix si c’est pour demander de telles banalités, fit Thomas, levant les yeux au ciel avant de sortir une tablette de la poche intérieure de sa veste. Nous les avons visionné, et envoyé à Alexei pour analyser et répertoriés le moindre visage. Malheureusement, pour le moment, cela ne donne rien. Nous avons pu retracer le parcours de la bouteille sur quelques minutes, mais cela reste une faculté, les caméras ne couvrent pas tous les angles.
-La fille qui me l’a donné? demanda-t-il, zoomant sur son visage sur la tablette.
-Marie-Anne Campbell, 24 ans. Etudiante en médecine. Se destine à la pédiatrie. Elle a été interrogée par la police, puis par nos équipes, mais elle semble de bonne foi. Elle parle encore avec Katheleen à l’heure actuelle, mais je doute qu’elle nous en apprenne beaucoup.
Katheleen, toute aristocrate et discrète qu’elle fut, était une arme redoutable lorsqu’il s’agissait d’obtenir des aveux. Fille de militaire, elle avait rapidement apprit à détecter un mensonge d’une vérité, et avait parfois recours à de subtile procédés d’hypnose, fort utile à son mari. Carlisle hocha la tête, laissant défilé la vidéo. Se voir s’effondrer de la sorte était spectaculaire, mais son regard n’était pas exactement focalisé sur lui-même, tout égocentrique qu’il était. Non. Il cherchait un visage dans la foule. Un sourire mal dissimulé. Une expression de victoire. Quelque chose.
-Gianna? releva-t-il, voyant l’italienne se précipiter vers lui et sortir son téléphone.
-C’est elle qui a appelé les secours, l’informa Thomas, sobrement.
Si Carlisle en fut surpris, il demeura silencieux. Les désirs libidineux de la jeune femme était connu, mais de là à éprouvé quelques formes…. De sollicitude à son égard. Elle était l’incarnation même du vénal, de la personne dont l’orgueil et l’égoïsme supplantait tout autre sentiment, alors pourquoi faisait-elle soudain preuve d’une telle… Sollicitude ? Etait-il possible qu’elle… Rapidement, Carlisle étudia son visage, y cherchant la moindre micro-expression trahissant son jeux mais son inquiétude semblait sincère. Sa peine également. Se pouvait-il que ce que Carlisle avait prit pour un très bon jeu d’actrice soit en fait… La réalité ?
Passant son doigt sur sa lèvre, il reprit son visionnage, cherchant le moindre visage connu dans la foule. Il assista à l’arrivée des secours, des ambulances privées de l’ambassade. Il eut un soupir, se râclant douloureusement la gorge. Quel membre de la famille Mazzini avait donc intérêt à le faire mourir de la sorte ? La mise à mort publique était risquée, très risquée, beaucoup trop pour prendre le moindre risque d’échouer. Cela ne ressemblait pas du tout à la main de fer du père Mazzini, ni à la main de velours de Gianna. Giovanni était lui aussi beaucoup trop brutal pour ce type de choses, ayant probablement préféré le battre à mort dans une ruelle et mettre en scène un vol. Quant à Marco, il était encore en train de faire ses preuves, et Carlisle doutait sincèrement que son père ai pu lui demander de prendre un risque aussi énorme pour rien. Tout cela n’avait pas le moindre sens. Se pouvait-il qu’ils se soient trompés et que l’attaque soit venue d’ailleurs ?
-Des idées?
-Pour être franc, oui. Mais j’attends encore une confirmation avant de révéler mes soupç...
Il fut interrompu par la plus étrange équipée possible. Antropy, plus pâle encore que d’ordinaire, Sirrus, dont le sourire était plus énigmatique que jamais, et Gianna, dont le teint était à peu près aussi pâle qu’Antropy, et dont le bras était plus emprisonné que soutenu par celui de Sirrus. Sirrus échangea un regard avec son frère, dont le sourire s’agrandit et se figea à la fois, comme visiblement très heureux de voir l’italienne.
-Et bien me voici fixé, dit-il malicieusement, faisant légèrement trembler Gianna, si elle fut femme à trembler.
Très dignement, elle retira son bras de celui de Sirrus, observant tour à tour chacun des hommes présents avant de s’approcher de Carlisle.
-Carlisle, je suis soulagée de voir que tu vas bien.
Derrière elle, Carlisle fit Antropy avancer d’un pas, comme près à en découdre, et il arrêta net la déambulation de la jeune femme, levant la main devant lui pour la faire se stopper à quelques pas du lit.
-Que viens-tu faire ici Gianna?
Son ton était glacé, plus polaire que son regard, et pour la première fois, il vit une vraie émotion traversée le regard de Gianna : la peine. Elle laissa passer une seconde, reprenant contenance.
-Je viens m’assurer que tu reçois les soins adéquats.
-Est-ce vraiment la seule raison de ta venue, très chère ?
Elle eut un frisson, ne se retournant pas immédiatement, et Carlisle en profita pour se redresser, se levant près d’elle pour la dominer de toute sa taille.
-Ne serais-tu pas venu ici pour marchander quelque chose? fit-il, doucereux, sa voix aussi douce que le velours et pourtant empoisonnée.
Il lui avait fallut quelques secondes de plus que Thomas pour comprendre, mais l’arrivée de Gianna ne signifiait qu’une seule chose. Et la marque sur sa joue ne venait que confirmer son instinct.
-Ton père sait-il seulement que tu es ici?
-Je parle ici en mon nom, siffla-t-elle, aussi vipérine que lui.
-Quelle bravoure.
-J’ai appelé les secours, dit-elle soudain, comme pour plaider. Sans moi, tu serais probablement mort.
Il y eut un silence, chacun sachant que l’italienne avait, dans une certaine mesure, raison.
-… Merci.
Une fois encore, Carlisle fit une véritable émotion passé sur son visage, comme désarçonner par une telle franchise. Elle l’observa un instant, avant de hocher la tête, comme pour signer un accord tacite entre eux. Si elle eut l’air rassuré, un petit air triomphant sur le visage, elle déchanta bien vite quand Thomas vint se planter devant elle, son plus beau sourire aux lèvres.
-Tu as peut-être sa gratitude… Mais pas la mienne. Je te prierais de signaler à ta chère famille qu’ils ne sont plus les bienvenues à Berlin, ni dans toute l’Allemagne. Vous avez exactement 24 heures pour disparaître du territoire avant que je ne me charge de vous reconduire à la frontière. Je ne garantie en aucun cas que vos hommes la traverse en vie cela dit. Ni même en un seul morceau.
Thomas eu un sourire terrifiant, aussi cassant que le verre et coupant comme un rasoir. Gianna perdu de sa superbe, déglutissant avec peine, sursautant même quand il vint replacer l’une de ses mèches derrière son oreille, dans un geste aussi caressant que violent.
-De plus, tu seras bien aimable de dire à ton cher frère que sa tête est désormais mise à prix. Un bon prix, crois moi, je m’en voudrais de vous faire offense.
Rapidement, il sortit son téléphone, l’agitant légèrement sous le nez de Gianna qui devint blême.
-C’est un enfant ! plaida-t-elle, sa voix prenant de vrai accent de tristesse.
-C’est un crétin, souligna Sirrus, toujours adossé contre le mur près d’Antropy.
-Lorsque tu attaques l’un des nôtres, assures-toi de réussir et de rester… Discret. Mais la discrétion n’est pas le fort de Marco n’est-ce pas ?
-C’est une menace ? cracha-t-elle, retrouvant de sa puissance.
-Oh Gianna, tu devrais savoir que les allemands ne menacent pas. Ils préviennent courtoisement.
Il eut un sourire, encore plus vipérin, prenant une expression amusée en voyant son téléphone vibrer.
-Oh qu’il est agréable de recevoir des nouvelles de ce cher John Wick.
Cette fois, Gianna perdit clairement ses couleurs, et après un ultime regard vers Carlisle, elle quitta définitivement la chambre, ses talons claquant dans le couloir jusqu’à ce que la porte finisse par se clore complètement.
-Tu as vraiment mandaté John Wick pour ça? releva Carlisle, désabusé.
-Que veux-tu, je suis un sentimental ! Et j’aime le travail bien fait.
Antropy Tiger
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Tryna talk, but we can't hear ourselves.
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YOU KNOW WHAT ?
It's kinda crazy 'cause I really don't mind
And you make it better like that
| Conte : Winnie l'ourson. | Dans le monde des contes, je suis : : Tigrou.
Je ne savais pas lequel de ces quatre personnages dans la pièce me faisait le plus flipper pour le moment. Que ceux soient les jumeaux machiavéliques de menaces, Carisle qui venait de revêtir son masque de glace ou encore Gianna et ses manières vipérines qui me filaient la nausée. Tous abordaient des expressions détermines qui cachaient de cruelles intentions et je n’avais aucune envie de deviner complètement lesquelles… Mon cerveau faisait le travail tout seul pour m’obliger à rester prostré près de la porte sans oser bouger. Parfois, à force de côtoyer des personnes, vous finissiez par ne plus vraiment penser au danger qu’elles pourraient représenter pour le monde extérieur ou pour vous-même. Ils vivaient dans un monde de terreur et en tiraient les ficelles, aussi aisément que des marionnettistes face à leurs pantins, sans paraître affecté le moins du monde par les pertes humaines.
Enfin, jusqu’à ce que ça les touche eux.
SI j’avais appris quelque chose avec Carlisle, c’est que la parole était d’or et qu’elle apportait aussi bien pouvoir que perte. Dans sa position, vous ne conserviez pas le pouvoir en faisant exemple sur un seul homme. Non. Vous faisiez exemple sur tous. Absolument tous. Jusqu’au dernier. Thomas fonctionnait exactement de la même manière et je soupçonnai Sirrus d’être de la même trempe. Ces hommes faisaient régner la loi, leur loi, et si une nouvelle faction naissait après celle éliminée pour prendre un peu de pouvoir, elle le ferait en respectant les règles qui auront été forgées dans le sang de leurs prédécesseurs. C’était plus que de simples calculs mathématiques, c’était de la stratégie guerrière et j’avais sans doute à côté de moi certains des plus brillants cerveaux de notre époque.
Mon regard coula lentement vers Carlisle, droit et fier malgré ses blessures et le poison qui devait encore ronger son être à l’en faire souffrir. Il ne faiblissait pas. Il ne défaillait pas. Mais face à Gianna qui était, en quelque sorte, responsable de sa survie il n’avait eu d’autre choix que d’appliquer ses propres règles. Lui était-il redevable ? Devait-il vraiment plus que de la remercier ? je n’aimais pas du tout l’idée qu’il soit débiteur de cette femme et j’espérai très sincèrement que ceci s’arrêtera là. Fort heureusement pour nous, Shubner pris la parole et balaya le moindre espoir d’une reddition – sinon, d’un asile politique – pour cette femme.
En la voyant partir, je déduisis que rester en vie était la forme de remerciement pour son geste désespéré envers mon compagnon. Pour combien de temps ? Et si elle bravait les préventions lancées par Thomas ? Enfin, préventions… Clairement il s’agissait de menaces, même moi je l’avais compris, et je n’avais aucune espèce d’envie de voir ça. Deux clans, deux pays, qui se livrent soudain à la guerre ; ça à l’air si indécent et pourtant je venais d’assister à un règlement de compte, un jugement et une décision en moins de cinq minutes. Le monde n’était pas tout rose ou tout blanc, il existait apparemment une noirceur telle qu’elle pouvait se faufiler absolument partout. Même quand tout semblait aller bien et promettait un peu de répit et de temps radieux.
Nous aurions dû passer un séjour agréable avec des amis. Voilà que nous nous retrouvions harponné par son monde, encore une fois. Mais ce n’était pas de ma faute pour ce chapitre – maigre consolation. Pourtant, je n’arrivais même pas à en vouloir à Carlisle pour ça : c’était son univers, ses responsabilités, sa vie qui était en jeu, mais je ne pouvais pas le voir comme un coupable de ce qui nous arrivait. J’avais accepté, le jour où nous nous étions embrassés, que ça ne serait sans doute jamais facile. J’avais compris que les kidnapping et la souffrance seraient notre lot quotidien. J’avais saisis en l’épousant que je vivrais désormais avec l’homme mais aussi son ombre et tout ce que cela impliquait. J’avais toléré les absences, supporté les incompréhensions et tenu tête aux préventions. J’avais appris. J’avais compris. Grâce à lui.
En fait, Carlisle était peut-être la personne la plus vraie que j’avais rencontré dans ma vie. Aussi paradoxal que cela puisse sonner, il n’avait jamais nié le moindre de ses péchés et toujours avoué quel diable se tapissait sous ses beaux airs nobles. Il m’avait dit que je souffrirais, que c’était de la folie et qu’il n’était peut-être pas prêt à quelque chose comme notre histoire… Et pourtant. Ce qu’il refoulait en revanche, c’était ses motivations. Et ces motivations faisaient toute la différence entre lui et Sirrus par exemple. Je n’étais pas en train de me mentir et de prétendre que tous ses actes avaient de nobles motifs, mais la plupart avaient des raisons qu’il considérait comme parfaitement justifiables – bien qu’il n’aient jamais eu le besoin de se justifier auprès de qui que ce soit. Le remord n’était pas son plus grand ami quand il s’agissait de sa vie de l’ombre et des décisions qui y étaient prises. Certaines personnes devaient être tuées et il n’avait jusqu’alors aucun problème à être celui qui confiait le boulot.
Est-ce que j’aurais aimé quelqu’un de mieux pour moi ? Peut-être. Je l’ignorais. Parce que je ne voyais pas comment je pourrais être avec un autre que lui. S’il avait été différent nous ne serions pas là et je n’aurais jamais eu la possibilité de le tenir contre moi quand l’envie m’en prenait. Je n’aurais jamais vécu tout ceci, les joies comme les peines. Je n’aurais jamais connu une telle aventure et une telle vie… Et ça n’en aurait pas valu la peine.
Le petit rire narquois de Sirrus me tira de mes pensées.
« John Wick… Le John Wick ? » Demandai-je, impressionné.
Ils coulèrent des regards curieux dans ma direction et je m’empressai de me justifier face à leur manque évident de pop culture.
« Le tueur à gage ! Celui capable de retrouver n’importe qui et d’effectuer n’importe quel contrat, tant qu’on ne touche pas à son chien ? »
Ils s’observèrent et Sirrus eu un nouveau ricanement amusé en secouant la tête. Je passai de l’un à l’autre sans comprendre ou, plutôt, en attendant une confirmation qui ne vint finalement pas. Poussant un soupir, je me mordis l’intérieur de la joue et rentrai la tête dans mes épaules lorsque le Chafouin passa sa main dans mes cheveux roux.
« Ah, Antropy… Tu m’étonneras toujours ! »
Ce ton paternaliste me fit me sentir comme un enfant de six ans qui venait montrer son dernier dessin…
« Je vais vous laisser pour le moment et aller m’assurer que des… Italiens sont bien en train de passer la frontière avec leurs effets personnels et les corps qui vont avec. »
Il salua d’un geste les deux autres hommes de la pièce et s’évapora – littéralement ! – sous nos yeux. Je restai un instant à fixer l’endroit où il se trouvait quelques instants plus tôt… Puis fini par m’avancer en direction de mon compagnon. J’avais besoin de sentir sa main dans la mienne ou simplement son contact. Bien que je le vois debout et vivant, ça ne remplaçait jamais la sensation de ses doigts enlaçant les miens dans une légère étreinte discrète mais présente. Il se rassit sur le bord du lit, comme si toute la pression de l’endroit retombait soudainement, et j’en profitai pour relever le nez.
« Qu’est-ce qu’il va se passer maintenant ? » Demandai-je, à Carlisle comme à Thomas. « Carlisle doit rester en convalescence, surtout après qu’il ait été vu en train de subir une attaque à un colloque publique… Mais je crois vous connaître suffisamment pour savoir que ça serait un aveu de faiblesse. Sauf qu’il a besoin de repos ! Tu as besoin de repos. »
J’insistai sur ce point, sachant très bien son talent pour faire comme si de rien était et souffrir en silence. Les images. Les apparences. Duper l’ennemi pour mieux le tromper et le poignarder dans le dos. La fierté de ne pas avoir été atteint. Narguer pour mieux appuyer ses positions. Ce genre de choses qu’on voyait dans les livres, mais la réalité ?
Je resserrai la main dans la sienne. Pas prêt à le laisser seul ou se mettre en danger.
« Le docteur Yang a précisément spécifié que tu avais besoin de te soigner. Je vais annuler ce que j’avais de prévu les prochains jours et je vais rester avec toi et Tasha ! Tu veux qu’on rentre en Amérique ? On peut rentrer en Amerique comme ça je crois… Enfin tu as un avion privé donc ça peut se faire ! Tu ne peux pas faire d’efforts ou continuer de discourir sur la médecin, tu as failli mourir Carlisle ! »
C’était sans doute ça, au fond, la vraie source de l’angoisse qui me filait suffisamment d’adrénaline pour rester debout face à eux. J’avais failli le perdre. Encore. En un claquement de doigts.