« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)
Like a plastic bag drifting thought the wind, wanting to start again.
Dans d'autres circonstances j'aurai certainement défendu Billy que j'appréciais grandement face aux deux vigiles, mais la tricherie était un crime et, surtout, l'évincer me donnait une chance supplémentaire de gagner. Les concours ne m'intéressaient généralement pas et mon esprit de compétition ne se manifestait que rarement, seulement je pouvais à cet instant remporter un prix en ayant le droit à de la nourriture gratuite à profusion. C'était une association qui valait le coup que je m'y intéresse.
"COMMENT CA C'EST TROP TARD POUR PARTICIPER ???"
Je tournais à peine la tête en direction d'une blonde furieuse qui se trouvait en retrait à l'autre bout de la table, en train de frapper ses poings contre le torse d'un autre agent qui tentait de la maintenir comme il le pouvait.
"Je suis sûre que c'est des trucs aux sojas de toute façon ! C'est de l'arnaque ! Les vegans sont un danger pour la planète vous savez !"
J'étais persuadée de l'avoir déjà croisé quelque part... C'était cette folle furieuse au régime alimentaire suspect. Les sourcils froncés, je la dévisageais tout en me rappelant de la morsure qu'elle m'avait infligé en octobre tandis que sa voix criarde agressait mes tympans.
"Si personne ne se décide à l'assommer, je peux le faire." proposais-je avec sérieux, bien qu'en vérité je n'étais pas parvenue à articuler aussi clairement à haute voix. Cela sonnait plutôt comme une suite de syllabes incompréhensibles à base de "ch" appuyés.
Faisant abstraction des cris outrés de l'indésirable, je jetais un coup d'oeil à la pendule numérique située derrière moi et me décalais pour laisser passer le chien qui courait toujours après l'autre créature étrange. Je pouvais me permettre de prendre mon temps et être certaine de repartir victorieuse, mon compteur affichait déjà vingt-neuf alors que les autres étaient en retard. C'était trop facile.
Du mois en théorie... Cependant, rien ne se passait jamais comme prévu dans cette ville.
Je cru m'étouffer lorsque deux bras se refermèrent brusquement autour de de ma taille, si fermement que j'en eus le souffle coupé. Je parvenais généralement à avoir de l'instinct pour contrer ce genre d'étreintes surprises mais je devais en avoir perdu l'habitude, sans compter que ma concentration toute entière était portée sur la nourriture face à moi. J'eus d'abord l'intention d'inverser le rapport de force pour tordre le cou de cet individu au comportement déplacé avant de réaliser de qui il s'agissait.
"Tu m'as manquééé petite !" énonça le garde en me soulevant du sol, ce qui me fit me débattre vivement dans un réflexe. "T'es là depuis longtemps ? Pourquoi t'es pas venu me chercher ? Tu fais la tête ? C'était comment ton voyage ? Et tu gagnes au moins là ?"
"Plus maintenant !" m'exclamais-je immédiatement en parvenant à me dégager alors que la plupart de mes concurrents s'étaient retournés dans notre direction pour profiter de la vue que Basile leur avait offert sur mes jambes.
Je décidais de les ignorer, eux ainsi que la folle furieuse qui avait profité de cette perturbation afin de se frayer un passage sous la table des participants. Je n'avais jamais mangé aussi rapidement de ma vie, pas même lorsqu'il avait s'agit de finir ma pizza avant que Michel-Ange ne me la confisque quand il m'était arrivé de l'énerver.
"Trente-huit !" m'écriais-je après avoir terminé ma dernière bouchée, les bras en l'air et satisfaite à la fin du temps limité, alors que je sentais que mes joues devaient être rougies par ma précipitation.
"C'est la meilleure ! C'est ma pote ! DONNEZ SON PRIX A CETTE AMAZONE !" appuya Basile à côté de moi en prenant mon poignet tel un pom-pom boy exalté, mais j'ignorais la coupe affreuse qui trônait dans un coin pour le tirer avec moi loin de cet endroit.
Je contournais la blonde affamée qui rampait au sol avec la bestiole violette au bout de son bras levé pour le garder hors de portée du chien d'Eurus Holmes et dépassais la ligne des caméramans à toute vitesse.
"Je devais passer inaperçue. Tu es en train de tout faire rater !" m'emportais-je une fois dans la foule en lui offrant un air peu convaincant de reproches.
"On doit pas avoir la même définition de la discrétion." rétorqua-t-il avec un rire joyeux qui me fit me renfrogner. "Tu croyais rester incognito en te mettant devant des caméras ? Mauvais plan. Tout le monde va être au courant !"
"Ce n'était pas prévu... J'avais juste faim."
Pendant plusieurs semaines je m'étais nourri le plus sainement possible et si m'alimenter était davantage un loisir qu'un besoin, j'en étais arrivée au point où je salivais à l'idée d'un hamburger aux ingrédients chimiques. Les hot-dogs s'étaient présentés sur mon chemin comme un très bon compromis auquel je n'avais pu résister. Je soupirais suite à cet aveu de faiblesse avant de me redresser pour prendre la casquette qui se trouvait sur sa tête et la placer sur la mienne. Maladroitement, je tentais d'y cacher mes cheveux, quelques mèches parvenant à s'en échapper malgré mes efforts.
"Et si tu m'as pisté à l'aura, tout le monde n'a pas cette capacité. Donne moi ton gilet." ordonnais-je presque, ce à quoi il n'émit aucune opposition si ce n'est un "toujours aussi aimable" prononcé dans un murmure.
Le vêtement était trop ample pour moi, même si finalement c'était comme porter une robe trop courte dans un sens. Je grimaçais en remarquant les tâches sur mon haut blanc que j'avais dû faire durant les dernières minutes du concours et décidais de remonter la fermeture jusqu'en haut pour les dissimuler. A défaut d'être esthétique, c'était confortable, et j'étais ainsi beaucoup moins reconnaissable.
"Je comptais faire une surprise à Michel-Ange et Théodore." poursuivais-je en jetant un regard autour de nous pour m'assurer de la non-présence de mes colocataires dans les environs. "C'est encore possible si je m'y prends bien. Il y a aussi Nolan que je n'ai pas prévenu, puis..."
Je m'interrompais brusquement au moment où j'avais tourné la tête et me stoppais dans mon avancée . Je clignais des yeux une fois, ainsi qu'une seconde, en dévisageant malgré moi la jeune femme qui se trouvait à un mètre de moi.
"Puiiiis ?" tenta de me relancer le garde en portant son regard au même endroit que le mien.
"Winifred."
J'aurai aimé que ma voix soit plus assurée et afficher moins de perplexité. Je ne m'étais pas attendue à la croiser aussi... naturellement. J'avais fais un classement des personnes que je devais aller voir ou des choses que je devais faire en revenant et je n'avais pas encore été très productive en à peine 24 heures, tout comme je n'avais pas réussi à y trouver une place pour cette jeune fille. Ce n'était pas surprenant : elle était liée d'une façon ou d'une autre à Balthazar et je ne savais plus où le mettre non plus dans l'ordre de mes priorités. Je ne m'attendais pas à ce que le psychopathe soit dans les parages pour autant. Et c'était mieux ainsi.
"Tu es toute seule ?" fut la seule chose que je parvins à prononcer alors que mes idées se remettaient à se bousculer à une vitesse impressionnante.
C'était plus correct que "Tu as repris tes séances chez ton psychiatre ?" ou "Tu as poursuivi tes projets d'harcèlement envers Balthazar ?", tout en étant loin de ce que j'aurai défini comme un bon début de conversation.
"Enchantée mademoiselle ! Basile, ami de cette impolie qui me laisse dans un coin sans prendre le temps de faire les présentations." enchaîna le garde souriant à ma place en tendant sa main vers elle d'un geste enjoué.
"Je n'étais pas accompagnée, à la base." affirmais-je d'un ton détaché et cette remarque de ma part lui arracha une mine faussement vexée.
"Elle a pas changé ! Ce manque de reconnaissance est affligeant." se plaignit Basile en croisant les bras tandis qu'il se plaçait face à moi à côté de la jeune femme."J'aurai pu t'ignorer et continuer mon petit tour tranquille tu sais ? Je suis en mission d'infiltration pour Apollon à la base, histoire de vérifier que cette fête est pas plus réussie que les siennes... Enfin maintenant que t'es là au moins je peux aller lui assurer qu'un truc va péter avant la fin de la soirée et que ça va être un désastre."
Il cherchait ouvertement à m'agacer mais je ne fis que lever les yeux au ciel face à une telle supposition. Je ne pus me retenir d'afficher un sourire amusé à ces propos, incapable d'en être offusquée alors que lui aussi m'avait manqué, avec ce fond trop gentil pour se montrer véritablement vexant.
"Vous connaissez sa réputation ? On l'appelle la Destructrice là-haut." précisa-t-il à l'adresse de Winifred en continuant ce petit jeu distrayant. "D'ailleurs si vous voulez pas rester avec elle faut le dire, ou si vous avez trop peur des représailles on peut mettre un code non verbal en place. Du genre si vous voulez fuir loin d'ici, clignez des yeux trois fois et je vous téléporte à l'abri. Ou si vous êtes consentante, faites le juste deux fois. Et si vo..."
"Si tu veux qu'il se taise, tu peux le gifler, c'est une option que j'approuverai." conclus-je à sa place en remettant correctement la casquette qui glissait sur mon crâne.
Il claqua sa langue contre son palet dans un signe de désapprobation avant de tourner la tête vers le stand d'où s'échappait quelques cris ressemblant à un mélange de plaintes aiguës d'animaux en train de souffrir le martyr. Il devait s'agir de la folle qui créait des problèmes - comme quoi je n'étais pas celle qui représentait actuellement un quelconque danger.
"Je vais aller les aider." jugea Basile en commençant à s'écarter, toujours prêt à rendre service. "Pas de bêtises pendant que je suis pas là !"
Je secouais la tête tout en soupirant et me sentis instinctivement plus tendue lorsque sa silhouette disparue. Je me retournais vers Winifred, les lèvres pincées, ignorant le bon comportement à adopter.
"Il est gentil." fut la constatation que je trouvais la plus pertinente à prononcer, malgré son inutilité. "Même si il raconte n'importe quoi."
Mes mains jouaient nerveusement avec le bord du gilet que je portais, mes doigts pliant et dépliant le tissu de manière automatique.
"Tu veux boire quelque chose ? J'aimerai bien un smoothie. Ils en ont par là-bas." indiquais-je en portant vaguement mon regard sur un stand plus loin.
Mon état de déshydratation était réel après tout ce que je venais d'avaler et je devais m'occuper d'une façon ou d'une autre. Je n'allais pas lui proposer du rhum puisqu'elle était mineure... comme moi, en réalité, et l'illégalité ne m'avait jamais posé de problèmes en fin de compte. Seulement j'avais à présent un doute sur la provenance des boissons alcoolisées de ces festivités, puisque si Frank était l'animateur d'un des stands, Magrathea pouvait bien être le fournisseur officiel de spiritueux. Je préférais me montrer prudente.
"A moins que tu préfères que je te laisse."
C'était possible. Je n'arrivais plus à la cerner. Est-ce qu'elle s'était servie de moi depuis le début ou est-ce qu'elle avait fait preuve de sincérité lors de notre premier véritable échange ? J'estimais que passer du temps en sa compagnie ne pouvait dans tous les cas pas être une mauvaise initiative afin que je reprenne le fil de cette histoire et que rien n'aurait dû alerter ma méfiance, si ce n'était...
"Si tu promets de ne pas utiliser de magie sur moi, ça ne me dérange personnellement pas qu'on se tienne mutuellement compagnie." précisais-je en arborant une expression que je voulais espiègle mais qui était bien trop marquée par mon hésitation.
J'avais beau ne risquer absolument rien, la perspective de subir un de ses petits tours ne m'enchantait pas vraiment. Ce n'était pas de la paranoïa, simplement de l'anticipation. Pour ma première soirée à Storybrooke depuis un moment j'aurai aimé que les choses se passent sans encombres, sans que je termine énervée ou encore blessée, et ce malgré ma soit-disant réputation.
black pumpkin
Winifred Godwyn
« J'ai pas trouvé où on peut demander un rang personnalisé... ! »
| Avatar : Natalia "Choupette" Dyer
Emmet, ça veut bien dire vérité, non ?
Alors arrête de raconter des craques.
So raise your glass if you are wrong in all the right ways
I should be locked up right on the spot.
Il me semblait évident qu'elle ne me terrifiait pas. Je ne ressentais pas de crainte à sa proximité, seulement un bref début d'anxiété, ce n'était pas comparable. J'avais toutes les raisons de me méfier, je n'étais pas familière avec la magie et ses dérives et loin de connaître tout ce qui était réalisable dans ce domaine ou ce à quoi je pouvais être sensible. J'aurai dû me renseigner et m'y intéresser plutôt que de continuer à m'obstiner à penser que c'était inoffensif et que ça ne pouvait de toute façon pas m'atteindre. Je n'aimais pas être dans le doute.
Evoquer le sujet de ma vie sentimentale qui ne ressemblait pas à grand chose n'était pas une meilleure idée. Je supposais que l'image que Winifred avait de ma personne devait être déplorable pour qu'elle s'imagine que je changeais de petit ami de façon aussi régulière et m'imaginer avec le garde comme elle l'avait laissé entendre m'arracha une grimace, tandis que je faisais tourner ma paille dans mon smoothie à la fraise.
"C'est faux. Je n'ai pas tant de prétendants." jugeais-je utile de préciser. "Je ne suis pas avec Basile, c'est un ami. Il est célibataire, tous les gardes d'Olympe le sont. Je ne connais pas de Dylan non plus. Et je n'ai aucun petit garçon dans mon entourage."
J'avais deviné qu'elle évoquait Nolan mais je ne comptais pas la corriger, cela entraînerait probablement une conversation à son sujet que je préférais éviter. Je me sentais déjà assez mal de ne pas l'avoir contacté dès mon retour en ville. A la place, je pivotais légèrement pour tenter de dévisager cet individu minuscule qui tentait de se dissimuler.
Mon aura ne dégageait rien de particulier, pas au point de pouvoir impressionner qui que ce soit en un simple coup d'oeil. Est-ce que je l'avais déjà croisé pour qu'il ait une telle réaction ? Il me disait bien vaguement quelque chose et j'avais arrêté des mineurs lorsque je travaillais pour la police, mais pas au point d'en traumatiser un ou d'être marquante à ce point. Quoi que j'étais remarquable et attrayante, ça devait suffire.
"Ce sont ses hormones qui le travaillent." estimais-je dans un haussement d'épaules.
C'était assez flatteur, je n'allais pas prétendre le contraire, bien que particulièrement dérangeant puisqu'il s'agissait d'un... enfant. Est-ce qu'il avait perdu ses parents quelque part ? Ou est-ce qu'il avait vraiment près de deux cent ans ? Je n'eus pas le temps d'aller poser la question avant que l'intervention de Frank ne me prenne de court. Je n'avais habituellement rien contre les chiens mais j'appréciais qu'il y ait une certaine distance de sécurité entre ce dernier et moi-même - bien que je le trouvais toujours adorable malgré moi dès qu'il faisait usage de ces petits surnoms habituels.
"Est-ce que ce sera filmé cette fois aussi ?"
Après avoir laissé de côté mon intention de rester aussi dissimulée que possible à cause de nourriture, je doutais qu'il soit très judicieux de me remettre en avant simplement pour faire plaisir au toutou d'Eurus (c'était un argument qui rentrait même dans la catégorie des "contres"). Me complimenter était une bonne méthode pour tenter de me convaincre, mais je savais déjà que c'était une proposition que je pouvais accepter sans craindre de me ridiculiser. Je n'avais pas beaucoup de pudeur, cela dit je ne pouvais pas affirmer que c'était le cas de Winifred. J'avais l'impression que là où ma confiance était démesurée concernant mon apparence et mes atouts, la sienne lui faisait défaut. Elle ne déciderait pas de se lancer sans mon soutien... à moins qu'elle n'espère que je refuse. Je n'étais pas télépathe, je ne pouvais pas deviner ce qu'elle désirait vraiment.
"Peu importe... nous ne sommes pas intéressées." affirmais-je alors après un instant d'hésitation. "Je ne serai pas contre un peu d'argent facile en vous aidant à remporter vos paris, mais ce serait faire face à un trop grand nombre de pervers que je devrais remettre à leur place."
C'était un fait statistique. J'imaginais déjà sans mal l'effet qu'une rangée de jeunes femmes aux tee-shirt mouillés provoquerait. Je me faisais évidemment confiance pour défendre l'adolescente, qui restait une humaine fragile et vulnérable, face aux individus aux pensées déplacées, seulement l'entraîner dans cet évènement aurait été une preuve supplémentaire de mon irresponsabilité. Et une perte de temps.
"En plus Winifred participe déjà à l'élection de Miss Storybrooke." annonçais-je, soudainement plus assurée tout en passant mon bras libre sous celui de la jeune femme. "Elle se ferait disqualifier d'office si jamais elle s'engageait dans un autre concours, surtout un aussi peu valorisant. Elle vaut mieux que ça."
Je conservais mon expression décidée qui ne laissait place à aucune contestation avant d'attirer la jeune femme pour nous éloigner du bar ainsi que de ce chien trop envahissant. Je me connaissais assez bien pour savoir que si il insistait, je finirai par accepter - simplement pour flatter mon ego, ce qui était un de mes gros défauts.
"Ne prends pas exemple sur moi. Ce n'est pas bien de mentir comme je le fais, même si c'est parfois nécessaire." recommandais-je dans un soupir une fois assez éloignées.
Je n'étais pas la mieux placée pour donner le moindre conseil et, en fin de compte, elle était probablement meilleure que moi dans ce domaine si je me fiais à ce que je savais déjà d'elle. Les manigances qu'elle mettait en place était une preuve indéniable de son fond manipulateur qui me laissait si indécise face à elle.
"On va réparer cette erreur de ma part. J'ai entendu parler de cette élection tout à l'heure et on va aller t'y inscrire tout de suite."
Je ne lui laissais pas vraiment le choix en la traînant à mes côtés tout en sirotant ma boisson. Cela boosterait son estime d'elle-même, j'en étais convaincue, ça ne pouvait pas lui faire de mal, c'était une expérience inoffensive. Je ne connaissais pas grand chose à l'organisation de ces choses-là mais je croyais me rappeler que Monsieur Verne avait en tout cas apprécié voir l'émission des Miss France et il ne faisait pas partie de ceux que je considérais comme "pervers", il avait bien plus de valeurs que cela. Ce serait donc forcément moins dégradant et vulgaire que de se faire renverser un seau d'eau sur la tête.
"Je ne suis pas vraiment de Storybrooke alors je ne compte pas te faire concurrence." précisais-je en affichant une légère moue.
Cela aurait été injuste de ma part pour toutes les candidates et je n'étais pas comme Aphrodite à vouloir me mettre en avant autant que possible oui l'amazone n'est pas objective concernant cette déesse.
"Même à Olympe, je ne le ferai pas. Je pourrais organiser une édition chez les pirates mais je doute que ça les intéresse." estimais-je pour moi-même en penchant quelque peu ma tête sur le côté. "Ce n'est pas leur genre contrairement aux préjugés qu'on peut avoir. C'est avec eux que j'ai déserté... même si ce n'est pas le mot adapté. La place d'un Capitaine est avec son équipage, je n'ai fais que ce que je devais faire."
Je n'étais pas persuadée que me confier sur tous les changements de mon existence auprès d'elle soit judicieux. J'ignorais de quelle façon elle aurait pu faire usage de telles informations et je secouais la tête, consciente que mes paroles étaient insensées sans pour autant vouloir lui donner davantage de précisions pour l'instant.
"Ce n'était pas prévu comme voyage, c'est arrivé soudainement. J'ai raté Toy Story à cause de ça." lançais-je en me pinçant les lèvres pour dévier du sujet initial. "Et le dernier Spider-Man aussi. Je comptais venir pour Le Roi Lion. Peut-être."
Je n'étais pas certaine de vouloir de nouveau mettre les pieds dans une salle obscure pour être honnête, pas après ce qui s'était produit en décembre, mais je m'étais fais la promesse de tenter de passer outre les mauvais souvenirs qui y étaient liés pour continuer à avancer comme je l'avais fais ces dernières semaines. Pour Simba, je pouvais tenter de faire un effort.
J'accélérais le pas lorsque je finis par distinguer un stand à l'écart, surplombé d'une banderole gigantesque qui indiquait que c'était l'endroit que je cherchais. Deux jeunes femmes trop maquillées et habillées de couleurs criardes se tenaient derrière, armées de grands sourires qu'elles offraient à tous les passants.
"Bonjour. C'est ici, pour les inscriptions ?" demandais-je en tenant toujours le bras de Winifred sous le mien.
"En effet, Mademoiselle." répondit l'une d'elles avec un froncement de sourcils à peine perceptible en jugeant la casquette qui se trouvait sur ma tête. "Mais il faut avoir plus de seize ans et... être présentable."
Son expression demeurait subtilement désapprobatrice tandis qu'elle me dévisageait de haut en bas, de ma casquette à mon gilet trop large. Elle devrait pourtant se rendre compte que mes vêtements ne changeaient pas grand chose à l'évidence : j'étais bien plus séduisante qu'elle. Je tentais de ne pas afficher mon mécontentement, arborant un sourire tout aussi faux que le sien en serrant un peu plus le bras de Winifred sous le mien.
"Ce n'est pas pour moi. C'est pour elle. Elle rentre dans les critères." poursuivais-je en adoptant difficilement un ton cordial. "Vous pouvez la noter sur votre calepin. Winifred Godwin."
Je ne savais pas feindre l'amabilité et le courant ne passait pas entre moi et cette femme qui faisait tourner son stylo entre ses doigts aux ongles immenses manucurés. Je la sentis se décrisper tandis qu'elle détaillait à présent celle qui m'accompagnait et que ma patience commençait déjà à fondre comme de la neige au soleil. Avait-elle besoin de la fixer aussi intensément ? Elle la jugeait du regard, c'était une évidence. Je détestais ces gens-là.
"Hum. Pourquoi pas." finit-elle par articuler en faisant battre ses cils alourdis de mascara et en griffonnant sur ses bouts de papier. "Vous devrez vous présenter à l'arrière de la grande scène dans une heure avec les autres participantes. Vous avez le temps de vous préparer d'ici là ou d'aller vous... changer, si vous le souhaitez."
J'hésitais à lui arracher ses extensions (puisque j'étais persuadée qu'elle en portait pour avoir un blond aussi peu naturel) pour lui faire comprendre que son hypocrisie m'irritait grandement mais je me retenais en serrant les dents.
"Il n'y aura qu'un seul passage dans la tenue de votre choix et une présentation rapide à faire pour séduire le jury." continua-t-elle tout en tendant un autocollant doté d'un nombre en direction de la jeune femme. "Puisque c'est un tout petit concours on ne vous demande pas grand chose. Tout le monde a ses chances !"
C'en était trop. Elle m'agaçait. Je ne supportais pas sa voix aiguë qui me faisait frissonner d'écoeurement, ni son regard, ni son maquillage et encore moins sa robe. D'un geste rapide et calculé, la moitié de mon smoothie qui résidait encore dans mon verre finit par atterrir sur le décolleté de la femme qui émit une exclamation surprise. Il était froid, certainement, et ça ne devait pas être agréable. J'avais beau me retenir, je ne parvins pas à dissimuler mon sourire satisfait.
"Excusez-moi... Ca a glissé. Je suis tellement maladroite !" prononçais-je sans être convaincante une seule seconde avec mon expression plus amusée que coupable.
Décontenancée, elle me fusilla du regard et se redressa de sa chaise en faisant claquer ses talons avant de se retourner vers son amie qui affichait la même expression choquée de poisson rouge. Même Cléo était pourtant plus adorable quand elle ouvrait la bouche de cette façon. Sans m'attarder plus longtemps, je m'éloignais et entraînais Winifred à ma suite maintenant que les formalités étaient réglées malgré cet accrochage inévitable.
"Ca non plus il ne faut pas le faire normalement. Ce n'était pas gentil mais l'odeur de son parfum était insupportable, je devais la camoufler." fis-je remarquer en me raclant la gorge pour excuser mon comportement puéril. "Ne raconte pas ce qui vient de se passer à Basile si on le recroise, il n'approuverait pas et il me ferait la morale."
J'enchaînais les mauvais comportements. J'aurai fais une horrible baby-sitter si j'avais un jour pris l'initiative de me lancer dans une telle profession.
"Elles étaient juste jalouses. Tu n'as pas besoin de te changer, ça se voit que tu pourrais porter n'importe quoi et être plus jolie qu'elle sans problème. Elles verront bien quand tu gagnera qu'elles ne font pas le poids." certifiais-je avec ma sincérité habituelle. "C'est quand même dommage, j'espérais qu'il y aurait un défilé en maillot de bain de prévu. J'aurai pu t'en prêter, j'en ai toute une collection, même si je ne pense pas que l'on fasse la même taille."
Ma tête s'était penchée à mesure que je m'exprimais, mon débit de parole se détendant autant que ma personne. Il n'y avait qu'avec Figue ou Deborah que j'avais déjà pu tenir des discussions sur le simple sujet des vêtements, puisque j'étais principalement entourée par des individus de la gente masculine, et je devais admettre que cela m'avait un peu manqué.
"On pourrait quand même aller au centre commercial pour s'occuper puisqu'on a une heure devant nous..." imaginais-je en continuant d'avancer sans prêter d'attention à l'agitation des festivités autour de nous.
Il me semblait que ma dernière journée shopping remontait à une éternité. Je savais que les horaires d'ouverture étaient largement dépassés, mais rentrer par effraction n'était pas quelque chose qui me dérangeait. Evidemment je pouvais attendre le lendemain, ou même la semaine suivante, je ne comptais pas repartir en expédition dans l'immédiat. Cela dit, j'agissais toujours par impulsion.
"C'est une mauvaise idée." répliquais-je de moi-même en secouant la tête en réalisant que si toute seule, je n'aurai pas hésité une seconde, je n'allais pas entraîner Winifred dans une aventure loin d'être légale. "On devrait trouver une sorte de pêche aux canards quelque part. Ou du tir à la carabine. Je suis très forte à ça et j'y gagne toujours des peluches, j'aime beaucoup."
Ca me défoulerait autant, tout en étant plus sage et plus correct. Comme quoi j'étais parfois bel et bien capable de m'adapter aux limites de la société, je faisais des progrès.
black pumpkin
Winifred Godwyn
« J'ai pas trouvé où on peut demander un rang personnalisé... ! »
| Avatar : Natalia "Choupette" Dyer
Emmet, ça veut bien dire vérité, non ?
Alors arrête de raconter des craques.
C'était une catastrophe. La situation m'échappait et prenait une tournure encore moins probable que le pire des scénarios que je m'étais imaginé. En à peine une seconde, j'étais passée de l'amusement à l'idée de défiler en maillot de bain à la place de Winifred à l'incompréhension la plus totale tandis que je fixais le chien avec des yeux grand ouverts. Si en tant que Capitaine j'avais un semblant de contrôle constant qui ne me déplaisait pas, c'était loin d'être le cas lorsque j'étais "simplement" Eulalie. Et je savais déjà que ce n'était pas une bonne chose. Lorsque je perdais la maîtrise de mes propres réflexions, il n'était plus que question de secondes avant que la situation n'empire davantage.
"Il n'y aura aucun scoop ce soir." affirmais-je avec une voix moins assurée que je l'aurai désiré. "Ni demain. Ni jamais. Les gens de là-haut devraient passer à autre chose, comme nous l'avons fait."
Je prenais l'initiative de m'exprimer pour deux puisqu'il s'agissait de ma spécialité et que Balthazar n'était pas de ceux qui aimaient s'attarder en discussion. Il partageait certainement ce point de vue, lui aussi, bien que je ne lui ai à vrai dire jamais parlé de cette planète alien et de tous les produits dérivés qui pouvaient exister à notre effigie dans le détail. Ma gorge et mon coeur se serrèrent à cette pensée alors que mon regard féroce restait braqué sur l'animal à quatre pattes dont l'étrange caméra rivée sur nous me donnait des envies de meurtre. J'hésitais encore à l'empoigner pour la claquer contre un mur jusqu'à ce qu'elle explose. La caméra, pas la petite bête. Ou les deux.
"Pourquoi est-ce que tu me fais ça ? Je ne pensais pas qu'à tes yeux je n'étais qu'un produit marketting." interrogeais-je plutôt Billy en tournant ma tête dans sa direction, les sourcils froncés, la casquette que je portais étant finalement un accessoire bien peu pratique. "Tu as participé à l'enlèvement de Winifred. Je pourrai t'arrêter pour ça. Elle est mineure, ça ne fait que rendre le délit encore plus grave."
Je m'étais décalée d'un pas dans sa direction, ce qui me permettait d'avoir l'ai plus menaçante bien que mon mètre soixante et mon allure générale ne devaient pas être convaincants. Billy me connaissait à présent assez, je l'espérais, pour se douter que je ne plaisantais pas et que j'étais capable de le mettre à terre malgré toute l'affection que je lui portais.
"Je ne sais pas si j'ai encore le droit d'enfermer des individus dangereux au commissariat mais j'ai maintenant des cellules disponibles pour mon usage personnel." poursuivais-je, moins contrariée qu'intriguée à cette éventualité, ma tête se penchant quelque peu sur le côté. "Je pourrai même attacher le toutou en haut du mât."
Je n'avais encore jamais séquestré personne à bord d'Argos. Je devrais essayer, au moins une fois, avoir un tel navire à disposition m'offrait de nombreuses possibilités dont je n'avais pas encore mesuré le nombre et la diversité.
Je m'étais retournée, prête à attraper Frank et l'emmener avec moi pour exécuter sans plus attendre ce plan des plus séduisants, mais à peine eus-je pivoté qu'il se souleva de lui-même du sol avant que je n'ai pu agir. Ma bouche s'ouvrit légèrement sous l'étonnement mais cette surprise se dissipa pour laisser place à de l'exaspération tandis que je prenais conscience que ce n'était pas par magie que le canidé s'était retrouvé en l'air.
"Quel mignon petit chieeeeen !" s'exclama Basile avec un air béat et une moue pitoyable, tout en serrant davantage l'animal contre son torse. "C'est quoi ton petit nom à toi ? Oh la la il est trop chou regarde ses grands yeuuux !"
Comment arrivait-il à survivre dans ce monde en étant si aisément amadoué ? Sa gentillesse finirait par le perdre. Je me détournais tandis qu'il se mettait à gratter l'arrière de ses oreilles avec un air niais de bien-heureux qui allait parfaitement avec le ton mielleux de sa voix.
"Monsieur Graves ! Et Monsieur que je ne connais pas ! Enchanté, Basile, je suis..."
"Je m'en vais." l'interrompis-je en plein milieu de ses présentations inutiles, renfrognée.
Cette intervention eut le mérite de lui arracher une moue déçue que je ne pouvais que remarquer, tandis qu'il continuait de gratter énergiquement le haut de la tête de Frank.
"Mais... tu voulais pas voir Michmich ? Y'a même Monsieur Jules près de la buvette ! Faut vraiment que tu le vois lui." assura-t-il avec un semblant de rire avant de se reprendre. "Puis je voulais te traîner au karaoké avec Nolan, j'ai senti son aura pas loin ! J'avais tout prévu avec Can You Feel the Love Tonight parce que je sais que c'est ta préfé..."
"J'ai mieux à faire." insistais-je en ne laissant place à aucune protestation, peinant à conserver un ton agréable. Je me raclais la gorge, adoucissant les traits de mon visage pour préciser : "C'est une très bonne initiative que tu as prise, mais ce sera pour une autre fois."
Je n'avais pas la moindre envie de chanter en duo avec Nolan, pas dans ces circonstances, pas ici, pas comme ça, pas alors qu'une jeune femme se trouvait je-ne-sais-où à cause d'aliens aux priorités étranges et... Je ne le voulais pas. Cette perspective me donnait même étrangement envie de partir encore plus rapidement.
"D'accord... Tant pis." marmonna-t-il en adoptant une expression dépitée tout en posant enfin le chien au sol. "Bon... Je te dépose au moins ?"
Je hochais la tête en ne prêtant aucune attention aux trois protagonistes qui nous entouraient encore. J'aurai pu remarquer le regard appuyé qu'il avait lancé à Balthazar, si j'y avais fais attention, ou encore le début de sourire en coin qui avait étiré le coin de ses lèvres lorsque sa main s'était posée sur mon épaule. A la place, je clignais des yeux à plusieurs reprises lorsque le décor changea du tout au tout, ayant perdu l'habitude d'être téléportée d'un coin à un autre de cette ville. L'agitation et les illuminations du centre avaient laissé place à une atmosphère plus sombre et au bruit des vagues qui m'était à présent familier.
"Merci Bas..."
"Je savais que c'était pas terminé !" lança-t-il sans me laisser le temps de poursuivre et en me pointant du doigt, avant de réserver le même traitement au barbier. "J'ai eu raison de faire des paris avec Eustache il était sûr que c'était foutu lui !"
Je restais figée, les yeux rivés sur la silhouette du psychopathe qui nous avait à priori accompagner contre son gré - et contre le mien également.
"Qu'est-ce que... Qu'est-ce que tu racontes ?"
"Arrête de faire semblant ! Déjà, je sais que t'as caché un coffre dans le sable avec tout plein d'objets que t'as eu sur cette planète bizarre là, et si t'as tout gardé c'est bien parce que c'est pas fini. Puis si t'es partie c'est parce que t'osais pas le dire à Nolan en fait !" s'extasiait-il alors que sa voix montait dans les aigus d'une étrange façon. "Je le sentais. Je suis comme Monsieur Apollon, j'ai des super-pouvoirs divinatoires."
Il était excité comme une puce, presque à sautiller sur place avec un regard pétillant en nous observant tour à tour, et son émotion me chamboula plus que je ne le laissais paraître. Je ne comprenais absolument rien à son discours mais j'imaginais qu'il devait avoir souffert de ne pas m'avoir à ses côtés le temps de mon absence et que cela avait causé des dommages cérébraux irréversibles, à l'évidence.
"J'ai toujours été de votre côté Monsieur le gentil Graves." continuait-il sans discontinuer, son sourire s'élargissant au fil des secondes. "Je veux dire même si vous êtes pas toujours gentil, quand vous êtes pas dans le coin elle essaye de me violer et c'est trop dérangeant, puis vous avez un petit truc en pl..."
"STOP !" parvins-je finalement à crier plus fort que je ne l'aurai désiré, le souffle court face à un tel retournement de situation.
J'étais prête à le gifler si il osait ajouter le moindre mot supplémentaire. Je le fixais avec incompréhension et irritation et il se tut en me scrutant, les lèvres pincées et l'air gêné. Il avait de quoi l'être.
"C'est... n'importe quoi. Tu es en train de délirer." le sermonnais-je durement alors que je secouais ma tête. "C'est pour ça que je suis partie, parce que vous êtes tous complètement fous."
Je chuchotais à peine et sans leur accorder un regard, je m'éloignais d'eux pour me rapprocher du rivage. J'avais eu tort de revenir si précipitamment, ce n'était à l'évidence pas le moment. Je n'avais pas encore assez de sang-froid, et les autres étaient encore trop stupides pour que je puisse le supporter. Le timing était mauvais.
"Ne renie pas ta part titanesque, t'es encore plus tordue que nous autres !" entendis-je Basile s'écrier mais, à l'instant où je me retournais pour m'apprêter à l'étrangler, il avait déjà disparu. Quel lâche.
Il ne restait plus que les éclats de musiques sourds et lointains ainsi que le bruit de l'eau frottant le sable près de moi pour combler le silence qui s'imposait à présent. Il était pesant, presque étouffant, toute rage qui m'habitait s'évanouissant pour laisser place au malaise lorsque mes yeux se posèrent sur Balthazar. Il était encore plus lugubre, plus hypnotisant, plus captivant lorsque les lumières artificielles étaient moins envahissantes et que celle naturelle du ciel nocturne de l'été venait le balayer. Comment pouvais-je être sans voix alors qu'il ne s'agissait que d'un humain ? Je déglutissais péniblement, les lèvres pincées, avant de lui tourner le dos pour me concentrer de nouveau sur l'étendue d'eau.
"Ca se passe comme ça à chaque fois. Il faut toujours qu'il y ait une dispute." précisais-je sans m'adresser directement à lui. "Il paraît que c'est le cas dans toutes les familles."
Je haussais les épaules et tirais sur le bas du gilet qui me couvrait pour masquer les tremblements nerveux de mes mains. Je n'allais pas m'excuser parce qu'il y avait été mêlé alors que rien ne le justifiait, je n'étais pas responsable.
"Dans moins de dix minutes, Basile va s'en vouloir et venir se mettre à genoux pour implorer notre pardon. Tu peux patienter si tu le souhaites. Il te ramènera à la fête, chez toi ou... où tu veux."
Pourquoi est-ce qu'il avait prit la peine de tenir un stand ce soir, de toute manière ? Il avait un salon pour exercer son métier et il n'était pas du genre à se mêler à la moindre festivité comme tous les autres commerçants. A moins que les choses aient changé, en tant de semaines, presque des mois. Je ne pouvais plus prétendre le connaître après tout, si j'avais moi-même évolué, il ne pouvait en être que de même pour lui.
La tête baissée, je patientais jusqu'à ce que, plusieurs mètres plus loin, l'imposante stature du Hollandais commence à jaillir lentement des eaux en m'arrachant presque un sourire. Si j'avais appris que je ne pouvais plus compter que sur moi-même, il était bien la seule exception que j'autorisais. Son ombre encore lointaine se rapprochait lentement et cette simple vision me procurait de l'assurance.
"Tu peux aussi m'accompagner." proposais-je en me mordant vivement la lèvre. "Je dois retrouver Winifred mais je n'ai plus confiance en Billy et encore moins en ce chien élevé par une Holmes. Si elle se trouve à Magrathéa, Argos peut certainement m'y emmener, il doit y avoir des océans même sur cette planète."
Remettre les pieds là-bas n'était pas quelque chose que je désirais réellement, sauf si la situation l'exigeait, cela dit je me sentais bien plus préparée à cette éventualité.
"Ce serait aussi l'occasion de faire comprendre à ces extra-terrestres qu'ils n'ont pas le droit de s'immiscer dans nos vies privées respectives." estimais-je non sans en ressentir une certaine douleur à la poitrine. "Les objets dérivés à notre effigie comme la tasse qu'il y avait chez moi, cet harcèlement invisible... Tu veux que ça cesse aussi, non ?"
Si ma voix était assurée et ne laissait rien transparaître, ce n'était pas le cas de mon esprit agité. Est-ce que je le désirais réellement ? Oui. Evidemment. Je savais que jamais cette civilisation alien complètement détraquée ne comprendrait quoi que ce soit, et qu'aucun scandale ni même meurtres de masse ne parviendrait à les arrêter, mais j'avais besoin d'essayer pour continuer à avancer. Je souffrais trop à chaque fois que je pensais à toutes ces personnes qui continuaient de croire en ce "nous" inexistant tandis que j'avais déjà abandonné. Notre cause était désespérée, chaotique et désolante, il était temps que tout le monde le comprenne.
black pumpkin
Balthazar Graves
« J'ai pas trouvé où on peut demander un rang personnalisé... ! »
| Avatar : Ben Whishaw
Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.
DEMAIN DES L'AUBE.
| Conte : Sweeney Todd | Dans le monde des contes, je suis : : Mister T.
L'obscurité était sa principale alliée dans ce qu'il s'apprêtait à faire. Balthazar se promenait souvent dans les cimetières, la nuit. Il avait toujours préféré la compagnie des morts à celle des vivants. Les morts ne posent pas de question. Ils se contentent de vous fixer depuis le néant jusqu'à ce que ce soit trop insoutenable pour trouver le sommeil. Le barbier dormait peu. Il appréciait les marches nocturnes. Ce soir-là, contrairement à d'habitude, sa promenade avait un but précis. Il avait besoin de réponses et il savait où les trouver. Il avait passé des mois à faire des recherches. Son obstination n'avait d'égale que sa persévérance.
Le clown avait déjà abusé de sa patience. Il avait joué avec lui comme une marionnette et ne supportait pas que d'autres puissent faire de même. Il n'était pas un pantin.
Il avait appris que Regina Mills, en son statut d'instigatrice de Sort Noir, possédait un registre contenant les noms de tous les habitants de la ville, avec leur équivalent du Monde des Contes. Elle le gardait dans son caveau. Balthazar avait décidé de s'y rendre en toute discrétion. Silencieux comme une ombre, il se faufila jusqu'au lieu de sa convoîtise, son long manteau allongeant sa silhouette parmi les remous de brume qui s'était déposée au sol.
Le caveau n'était pas verrouillé. Etrange. Le barbier tiqua. Il n'était pas un simple d'esprit : il sous-estimait pas les talents de Regina Mills en matière de sorcellerie. Elle avait sûrement placé de nombreux pièges pour dissuader quiconque de violer cet endroit. Malgré tout, il poussa la porte en métal qui émit un grincement de protestation. Ce bruit sembla déchirer le silence oppressant du cimetière. Un frisson parcourut l'échine de Balthazar. Le coeur battant, il passa par la mince ouverture et descendit l'escalier menant au boyau sombre du caveau. Dès qu'il posa un pied en bas des marches, les torches accrochées le long des parois s'enflammèrent d'elles-mêmes dans un chuchotement préoccupant. Il se stoppa net, observant le curieux phénomène. Il s'attendait à voir surgir la sorcière de nulle part, mais rien. Aucune manifestation surnaturelle.
Au bout de la salle assez exiguë, humide et froide, attendait un livre épais posé sur un piédestal de pierre. Balthazar s'en approcha d'un pas rapide, accordant à peine un regard à la couverture de cuir. L'ouvrage ressemblait à un épais grimoire. Pourtant, lorsqu'il l'ouvrit, il s'aperçut qu'il ne contenait rien. Les pages étaient vierges. Il en fit défiler quelques unes, en feuilleta une autre partie, et pour finir, attrapa une épaisse liasse de feuille pour les tourner avec acharnement. Il finit par reposer le livre dans un claquement agacé. Le piège était redoutable. On l'avait berné : le registre n'existait pas.
C'est alors qu'il remarqua une plume posée sur le piédestal. Elle était en bois sombre, sculptée sur tout son contour. A l'instant où il s'en saisit sans trop de conviction, une goutte d'encre noire s'échappa de son extrémité et fut absorbée par la page gauche du grimoire. Détail curieux : une goutte identique apparut l'espace de quelques secondes sur la page de droite, avant de s'évanouir à son tour.
Balthazar fronça les sourcils et sans attendre, traça en lettres nerveuses et allongées :
Joshua Tree
Le nom de l'homme qui arborait les traits de Turpin, ce joueur d'échecs, qui, il en était certain, cherchait à l'abuser. Il attendit, attendit encore, mais aucun mot n'apparut sur la page de droite, bien que l'encre sur la page de gauche fut absorbée. Il prit alors le parti de noter Joshua Tree sur la page de droite, mais le mot se volatilisa sans rien de plus.
Il décida alors d'écrire :
Winifred Godwyn
Cette jeune fille s'était fréquemment trouvé au mauvais endroit au mauvais moment et utilisait la magie. De plus, elle connaissait Joshua Tree. Il en était certain.
Au moment où son équivalent du Monde des Contes s'incrivait sur le registre, du bruit attira son attention. Il se retourna et découvrit le gardien du cimetière, une lampe-torche en main.
"Qu'est-ce que vous fichez là ?"
"Je suis un ami de la famille Mills." mentit-il d'un ton sinistre.
"C'est ça et moi je suis le petit chaperon rouge ! Allez tu te barres ! Sinon j'appelle les flics !"
Le barbier pinça les lèvres, irrité d'être tutoyé de la sorte par un inconnu. Le gardien agita sa langue vers son visage et il eut un mouvement de recule, plissant des yeux, aveuglé. Malgré tout, il se retourna afin de jeter un coup d'oeil vers le livre sur lequel disparaissait déjà quelques lettres d'un bon qui lui glaçant le coeur.
J___n_ _ arker
Il était persuadé d'avoir lu ces lettres dans la lumière vacillante des torches avant qu'elles ne s'estompent.
Il resta tétanisé. Il savait ce qu'il allait vu Il n'avait pas imaginé. La fantaisie n'avait plus aucune place dans son esprit depuis longtemps. Son cerveau n'était plus que logique et ténèbres. Il effleura l'encre qui avait été absorbé, le "J" qui tardait à disparaître. S'agissait-il d'une nouvelle entourloupe ? Pouvait-il se fier au registre ?
"Johanna..." murmura-t-il, ses doigts fébriles caressant le papier.
"Je m'appelle Bob. Et tu te barres tout de suite." ordonna le gardien.
Balthazar était si ébranlé qu'il ne songea même pas à utiliser son rasoir afin de réduire cet imbécile au silence. C'était préférable afin que nul ne remonte jusqu'à lui.
La gamine était sa fille. Et elle avait cherché à le rendre fou durant des mois avec la Pellicule Ensorcelée, en ressassant son passé. Savait-elle ce qu'il avait fait ? Savait-elle qui il était ? Cherchait-il à le faire payer ?
Il quitta le caveau dans un tourbillon de questions, son âme en lambeau accrochée à lui comme une plaie purulente qui le faisait souffrir terriblement.
***
Maintenant.
Comment expliquer qu'il était au-delà de tout ? Sa vie était coupée en deux : il y avait un avant et un après Johanna. Deux hommes bien différents. L'un mort, l'autre en sursis. Il avait toujours redouté de découvrir qu'elle avait survécu, car alors... la porte se réouvrirait. Un aller simple vers la vie. Sauf qu'il était trop tard pour tout ceci. Bien trop tard. Il ne pouvait prétendre à rien du tout. Depuis qu'il savait, il suivait la jeune fille comme une ombre. Il se faufilait dans les recoins sombres, l'observait à la dérobée, nuit après nuit. Il avait noté qu'elle préférait dormir le jour. Combien d'heures avait-il passées, à l'ombre du chêne enténébré planté sous sa fenêtre, à juste espérer l'entrapercevoir de temps à autre ? S'était-elle doutée de quelque chose ? Elle pratiquait la magie mais il ignorait s'il avait été repéré. Il préférait imaginer qu'elle ne savait rien. C'était mieux ainsi.
Il avait pris un stand sur la fête foraine du quatre juillet uniquement car il espérait qu'elle s'y rende. La voir, l'espace de quelques instants, dans la lumière des lampions, était son unique obsession. Ressemblait-elle à Lucy ? Il ne se souvenait plus. Il aurait aimé avoir reçu un choc en la rencontrant la première fois, de sorte à n'avoir aucun doute. Mais il l'avait prise pour une gamine comme les autres.
Revoir Eulalie n'était pas prévu et faisait partie des impondérables de sa misérable existence. Il encaissa en grinçant des dents et se retint de donner un coup de rasoir au sale cabot qui fanfaronnait avec une caméra sur le dos. Il avait l'impression de l'avoir déjà vu avec la soeur de Holmes, sauf que son chien à elle ne parlait pas. Il soupira, morose. Il haïssait n'importe quel canidé, de toutes façons.
Il se raidit instantanément quand Winifred disparut en compagnie d'un balourd en short et casquette. Un ami de "Bond", à n'en pas douter. Le barbier aurait souhaité faire l'interrogatoire lui-même -et prendre un malin plaisir à découper le toutou en rondelles- mais c'était sans compter la tornade Eulalie ainsi que son téléporteur attitré, un imbécile heureux qui brassait de l'air inutilement. Balthazar chercha à rester concentré sur le chien et Bond, la main fermement cramponné à son rasoir, ses yeux injectés de sang lançant des éclairs inquiétants, hélas il perdit bientôt le fil et se retrouva expédié sur la plage, à plusieurs centaines de mètres de la fête. Il chancela légèrement dans le sable et déglutit, agacé d'être trimballé de la sorte.
La rage de Balthazar s'atténua brièvement alors qu'il apercevait un fier navire jaillir des eaux, au loin, dans le pur style pirate. Le sourire d'Eulalie adressé au bateau lui intima qu'elle l'avait appelé. Il fouilla dans les méandres de sa mémoire. Ne lui avait-elle pas dit qu'elle était devenue capitaine ? Il avait l'impression que ses souvenirs avec elle appartenaient désormais à quelqu'un d'autre. Il les avait soigneusement replié dans un morceau de tissu semblable à un linceul et rangé à double tour dans un recoin de son esprit. C'était ainsi qu'il faisait avec tout ce qui le faisait souffrir. Sans quoi, il serait devenu fou.
"Je m'en fous." répondit-il enfin à la question de la jeune femme.
Il était à demi-hypnotisé par la chevelure cuivrée de l'amazone qui ondulait lentement dans la brise nocturne, en contre-champ avec la faible lueur qui émanait du navire.
C'était vrai : il se moquait de ce que pouvaient bien faire les aliens. Ca ne l'atteignait pas. Il n'avait pas de temps à perdre avec ces âneries. En revanche, s'ils s'en prenaient à sa fille, c'était autre chose.
"Ton bateau..." débuta-t-il, la tête penchée vers ce dernier, pensif. "Il peut la retrouver ?"
Il l'évaluait du regard. Etait-il magique, ou plutôt auréolé d'une essence divine qui lui autorisait des prouesses ? Le barbier n'avait pris la mer que deux fois dans son existence : pour se rendre au bagne et en revenir. Ce n'était pas le mode de transport qu'il affectionnait le plus.
"J'ai besoin d'elle." admit-il à demi-mot, les yeux baissés vers le sable.
Jamais encore il ne l'avait révélé à qui que ce soit. Il n'en pouvait plus. C'était bien trop dur de garder un tel secret, même pour quelqu'un tel que lui. Il avait tout enduré, tout supporté, mais face au poids laissé par la perte retrouvée, il ne savait plus comment se comporter. Il ne comprenait plus ce qu'il éprouvait vis-à-vis d'elle. Winifred. Le plus simple aurait été de ne rien ressentir.
L'amazone comprendrait ce qui lui chanterait. Après tout, elle ne possédait pas toutes les pièces du puzzle. Balthazar n'avait pas envie de les lui donner. Il ne le pouvait tout simplement pas, car raconter son histoire serait la revivre à nouveau. C'était au-delà de ses forces.
"Je ne peux rien espérer d'elle. Je ne veux rien espérer." marmonna-t-il en butant sur le mot. "De toutes façons, je n'ai rien à lui offrir. J'ai laissé passer ma chance, n'est-ce pas ?"
A cet instant seulement, il risqua un regard évasif vers Eulalie. Il lui adressa un rictus douloureux. Tout son visage lui faisait mal tant il était crispé. Une statue de marbre plantée dans le sable.
"Elle vit beaucoup mieux sans moi." se persuada-t-il. "Comme toi."
Il crut utile de souligner ces derniers mots. Il ravala la rancoeur qu'il éprouvait en songeant à cet abruti de Nolan et plongea un regard acéré dans celui d'Eulalie. Puis, il s'en détacha avec une once de regret pour poser les yeux sur le navire.
"Pas de chaloupe ?" demanda-t-il, intrigué malgré lui.
Comment se rendre jusqu'à lui ? Malgré ce qu'il avait dit, il était décidé à sauver Johanna. Winifred. Peu importait son prénom. Il utiliserait tous les moyens en sa possession afin d'y parvenir. Il serait temps ensuite de s'effacer, de disparaître, lorsqu'elle serait en sécurité. Le moment venu, il demanderait à Eulalie de ne pas mentionner sa présence. Il préférait ne pas prendre une part trop importante dans la vie de la jeune fille. Tout ce qu'il approchait finissait par se détruire. Le seul vestige intact de son passé devait le demeurer. A tous prix.
acidbrain
Eulalie
« J'ai pas trouvé où on peut demander un rang personnalisé... ! »
| Avatar : Holland Roden
"Qu'est-ce qu'elle me veut encore celle-là..."
"Coucou TortueMan, je t'ai manqué ?"
"Je sais que j'ai une mauvaise réputation
mais de là à garder une distance de sécurité..
tu abuses, Emmet."
♡
| Conte : Famille Divine | Dans le monde des contes, je suis : : Capitaine Amazone Sexy
"Tu n'as pas le droit de dire ça." fut la seule réponse que je daignais lui apporter, ma tête restant légèrement penchée sur le côté tandis que j'observais les mouvements lointains d'Argos. "Je t'interdis même de le penser."
Je ne réagissais pas à sa question, même si ces mots auraient été tout aussi adaptés comme observation. Le Hollandais n'était pas un navire de croisière comme les autres sur lequel on pouvait se rendre grâce à une barque si l'envie nous prenait, mais je ne lui en voulais pas de le supposer. Après tout il ne savait presque rien du géant, je n'en avais fais qu'une brève présentation lors d'un moment que nous avions partagé et les circonstances ou mon comportement n'avaient sans doute pas été des plus appropriés, d'ailleurs. Je doutais de toute façon du fait qu'il se rappelle de chacun de mes monologues de toute façon, je parlais trop et ce que je pouvais dire ne l'intéressait certainement pas. J'étais quelque peu contrariée à cette idée, alors que de mon côté mes souvenirs en sa compagnie restaient toujours aussi nets dans mon esprit, sans que je ne puisse faire abstraction de la moindre seconde, nimbés de cette intensité qui rendait douloureux chaque moment où j'osais me les remémorer.
Mes mains se crispèrent lorsque je me décidais à pivoter dans sa direction, mon regard dégageant autant d'assurance que de contrariété tout en le dévisageant. Comment avait-il pu rester le même en étant pourtant si différent ? Qu'est-ce qui avait pu se produire pour que son point de vue concernant Winifred change si radicalement ? Qu'avais-je raté d'autre pendant mon absence ? Cette dernière interrogation me serra la poitrine d'une façon désagréable. J'aurai dû m'y préparer. C'était évident après tout. Je prenais de la distance, je m'égarais dans des contrées lointaines, j'évoluais. Je m'éloignais pour le pousser hors de ma vue, je m'absentais pour le bannir de mes pensées. Tout comme je l'expulsais de ma vie, je renonçais à faire partie de la sienne.
"Pourquoi est-ce que tu crois que je suis partie loin de cette ville ?" poursuivais-je malgré tout, me tendant davantage à chaque syllabe songeuses que j'articulais. "Pourquoi est-ce que j'ai décidé de m'exiler sur un coup de tête en passant mes journées en compagnie d'un navire gigantesque qui ne parle jamais ? Pourquoi est-ce que j'ai laissé mon semblant de famille, mes amis, et Nolan sans donner le moindre préavis ? J'ai abandonné Godzilla, mon travail, ou l'idée d'avoir un dressing correct à bord et... et même les fraisiers ou les chocolats viennois !"
J'étais à bout de souffle. Je ne m'étais pas rendue compte que mon ton s'était envenimé au fil des secondes, tandis que ma respiration s'accélérait et que les battements de mon coeur retentissant à mes oreilles avec une telle force que je n'en entendais plus l'agitation étouffée de la fête qui se déroulait au loin. Je clignais des yeux, indécise sans pour autant faire le moindre pas en arrière. Je devais avoir l'air stupide, mais ces détails insignifiants sur ce que j'avais laissé derrière moi représentaient pourtant en partie un quotidien que j'avais chéri pendant plus d'une année. Ce n'était pas rien, ça ne représentait pas rien.
"Je n'ai pas eu le choix. J'en avais besoin. Je devais m'en aller le plus loin possible parce que tout, tout autour de moi me rappelait qu'en te perdant... Je me perdais moi-même." grognais-je alors en maintenant mon regard dans le sien sans savoir par quel miracle je parvenais à garder intact ce lien. "Alors non, je ne vis pas mieux sans toi. Au mieux, c'était le cas avant toi. Parce que tu sais ce que tu es, Balthazar ?"
Le bruit des vagues de plus en plus violentes créées par l'avancée du Hollandais et celui des bourrasques de vent qui emmêlaient mes cheveux n'étaient pas suffisants pour couvrir le son de ma voix, et je ne savais pas si j'aurai préféré qu'il en soit ainsi. Je ne souhaitais pas envenimer notre situation déjà trop délicate, je n'avais pas envie de continuer à m'embrouiller inutilement, seulement toutes mes émotions se mélangeaient sans que je ne sois capable de le contrôler tandis que mon corps se rapprochait de lui comme si il ne pouvait faire autrement. Mon angoisse, ma peine, ma colère, j'étais incapable de les ignorer. Je ne pouvais pas faire semblant.
"Tu es... mon trou noir, ma supernova, une tempête, un effondrement de météorite, une constellation complexe... Tout cet ensemble qui transcende la galaxie, toi, tu le personnifie dans ma vie." laissais-je échapper dans un murmure, les lèvres presque tremblantes. "On m'a dit que tu étais dangereux, que je devais me méfier, mais j'étais trop fascinée et téméraire pour écouter et je n'avais pas la moindre envie de résister. Tu étais mon centre de gravité."
Je ne prêtais même plus attention à Argos, dont la coque se faisait frapper par les flots qu'il provoquait de toute sa stature, et qui s'était interrompu dans son avancée loin du rivage sans que je n'ai besoin de le lui demander en silence.
"J’espérais trouver un équilibre ailleurs, en partant loin, le plus loin possible, mais comment pourrais-je prétendre à un avenir serein alors que je suis incomplète ?" l'interrogeais-je distraitement sans attendre la moindre réponse. "A chaque parole, à chaque toucher, à chaque respiration, tu as happé une part de moi que je ne peux plus récupérer parce que je suis incapable de t’atteindre. Et je ne retrouverai ça avec personne d'autre. Jamais on ne pourra me montrer le monde comme tu le vois, jamais on ne m'aidera à me construire comme tu l'as fais, et jamais on ne me détruira ou ne me consumera comme toi."
Mes sourcils se froncèrent un instant, signe de ma perplexité constante, alors que je sentais mes doigts venir frôler sa main sans la toucher complètement. Je frémissais sans avoir froid par ce simple semblant de contact, mais je n'en étais pas surprise, puisque je savais que peu importe les barrières que je m'imposais vainement, cette réaction instinctive de mon corps était incapable de me lasser. Pourquoi mon cœur devait-il s’accrocher à quelqu’un qui ne voulait pas de lui ? A quelqu’un qui ne me voyait même pas pour ce qu’il était ?
Je ne lui faisais pas le moindre reproche. Il ne s'agissait pas d'une accusation, simplement d'une constatation. Une douce et douloureuses déclaration.
"Et je n'en ai pas envie. Tu es la seule personne pour laquelle j'étais prête à m'oublier, Balthazar."
Peu importait ce que j'étais capable de dire, d'admettre ou de lui confier, finalement, j'étais consciente qu'il ne comprendrait pas, tout comme j'étais incapable de lui expliquer les contradictions qui m'animaient constamment à son sujet. Il détraquait tout sur son passage. Mes convictions, mes croyances, mes envies et ce Temps qui semblait s'accélérer ou se suspendre au rythme de ses inspirations. J'avais baissé les yeux, cessant de respirer pour observer ma main en suspens dans l'air.
"Sauf que je ne peux plus me le permettre. Je ne peux pas m'effacer dans ton passé avec le futur qui m'attend." poursuivais-je en sentant mon regard s'humidifier malgré moi, cette retenue dont je faisais preuve me demandant un effort considérable et me torturant sur place. "Je sais très bien que si tu montes à bord d'Argos avec moi... Le seul endroit où je me sens encore en sécurité, où je parviens à me convaincre que j'ai pris la bonne décision et où je me sens vraiment libre, vraiment moi, finira comme les autres par être hanté par ton souvenir. Je ne peux pas m'imposer ça. Je ne peux pas prendre le risque de perdre le peu de jugement qu'il me reste encore alors... Je vais aller chercher Winifred. Mais sans toi."
Cet aveu ne me plaisait pas. Je mourrai d'envie qu'il m'accompagne, je souhaitais partir loin d'ici avec lui et ne jamais revenir, oublier toutes les obligations qui me retenaient, les raisons pour lesquelles je m'accrochais, cesser de penser à cette fin qui planait au-dessus de nos têtes et ne plus me rappeler jusqu'à ma propre création. Ce serait me condamner, pourtant, alors que j'étais déjà au bord de l'implosion.
"Ca te laissera le temps de réfléchir avant que tu ne finisses par la recroiser." précisais-je en relevant ma tête, un sourire triste et confus étirant mes lèvres un instant. "C'est trop tard pour te dire qu'elle est mieux sans toi. Tu es déjà impliqué dans sa vie, après tout c'est elle qui est venue la première te tourmenter et peut-être même qu'elle attend que tu viennes vers elle... Tout ce que tu peux faire maintenant, c'est agir de la bonne manière pour ne pas l'anéantir davantage."
Elle avait des secrets, des blessures certainement, des problèmes comme tout le monde. Elle semblait pourtant si jeune pour être déjà abîmée par la vie, mais je n'étais pas la mieux placée pour le savoir.
"Si tu as tant besoin d'elle, ne laisse pas ta peur prendre le dessus et fais face au présent, pour une fois." lui ordonnais-je presque, tout en sachant que j'aurai aimé qu'il agisse ainsi avec moi. "Tu as encore le Temps de saisir cette chance contrairement à ce que tu crois, mais il ne t'en reste plus beaucoup avant la fin de tout."
Je savais que le prévenir que l'Apocalypse était proche ne susciterait aucune panique chez lui. J'avais passé des mois et des mois à penser que rien n'effrayait le sinistre barbier de Storybrooke, que rien n'était capable de l'atteindre, jusqu'au jour où j'avais réalisé à quel point je m'étais trompée en pouvant observer de mes yeux la profondeur de sa dévastation. Il n'y avait que les fantômes qui l'obsédait qui étaient capable de provoquer une telle frayeur chez lui, une telle angoisse. Je n'allais pas poser de questions cependant, je n'allais pas créer mes propres suppositions concernant Winifred, puisque pour une fois je ne désirai pas le savoir. Je devais me détacher de tout ça, tout en ne pouvant m'empêcher d'espérer qu'il cesse de se torturer un jour, rien qu'un peu, juste un peu.
Durant de longues secondes, je restais alors ainsi, mon regard plongé dans le sien avec cette hésitation palpable qui m'habitait. Est-ce que je pouvais simplement effleurer ce visage qui me manquait tant ? Embrasser ses lèvres une dernière fois, comme j'avais pensé que ce serait le cas tant de fois ? Est-ce que je pouvais céder à cette tentation juste, juste une fois ? Si lui était tel une galaxie entière dont j’avais désiré découvrir tous les recoins, j'étais une étoile immature à l'éclat inconstant, et précipiter ma chute ne ferait que me mener à une collision fatale. J'étais impatiente de la voir se produire, je voulais la provoquer, je voulais tout détruire par un seul baiser. Mais je n'étais pas prête à en assumer les conséquences, ni à me donner le rôle de celle qui le briserait davantage en imposant ma présence. Alors, avec regret, difficilement, me débattant contre moi-même, je me reculais d'un pas en serrant mes bras contre moi.
"Je ramènerai Winifred chez elle dès que je l'aurai retrouvé." l'avertissais-je néanmoins.
Je ne jugeais pas utile de préciser que je la protégerai quoi qu'il me coûte... que ce soit aujourd'hui ou les jours suivants, d'ailleurs, je m'en faisais la promesse personnelle.
"On se recroisera, je suppose, c'est évident, on finit toujours par... tomber l'un sur l'autre." fis-je remarquer en secouant la tête à la façon dont je présentais les choses. "A bientôt, Balthazar. Prend soin de toi."
Quelle demande inappropriée je lui faisais là... Je ne pouvais plus rester une seconde de plus à ses côtés, c'était trop dur à supporter. J'avais besoin de respirer plus librement et je disparaissais immédiatement pour rejoindre Argos d'un bond, m'écrasant presque contre les planches du pont dans un craquement habituel. Je gardais la tête baissée, accroupie contre le bois, haletante. Je n'avais pas besoin de communiquer avec le Hollandais pour qu'il sache immédiatement où je souhaitais me rendre. Est-ce que visiter Magrathea était vraiment ce dont j'avais besoin à cet instant ? Absolument pas. Cela ne ferait qu'empirer mon trouble et ma tristesse. J'espérais au moins que Winifred me revaudrait ça, à moins qu'elle ne s'amuse sur cette planète aux habitants dérangés et aux traditions encore plus perturbantes ? Au fond c'était ce que je lui souhaitais, même si j'aurai eu du mal à le comprendre, mais cela m'aurait permit de voir un point positif au fait d'être rentrée, si au moins l'une d'entre nous pouvait avoir passé une bonne soirée.