Anita tendit l’oreille en entendant un bruit dans la chambre d’Even. Elle n’était pas aveugle, la blonde avait bien vu que quelque chose n’allait pas pour sa fille. Seulement, Anita n’était pas de ce genre de mère qui souhaitait toujours tout savoir de la vie de leurs enfants. La lionne savait que si Even avait besoin de parler, elle le ferait. Elles partageaient une réelle complicité et sa fille savait pouvoir compter sur elle depuis la fin de sa déprime. Ceci dit, sa progéniture pouvait parfois aussi être plus que têtue et pour ça, l’assistante sociale attendait le bon moment pour s’occuper de faire parler sa fille.

Ce moment arriva bien plus rapidement que ce qu’elle n’avait pensé. Quand Anita entendit Nathan pleurer alors qu’il venait d’aller voir sa sœur, la lionne n’y tint plus. Ok, ça pouvait aller mal, pas de souci elle comprenait. Mais Even n’avait pas à s’en prendre à son frère qui restait tout de même assez sensible. Aussi l’assistante sociale fraîchement diplômée monta les escaliers et se dirigea vers la chambre de sa fille pour trouver celle-ci sur le pas de la porte. Tiens donc… Ça, c’était nouveau.

- Even ? Fit-elle en se positionnant face à sa fille. Je crois qu’il est temps que tu me racontes ce qui ne va pas depuis un moment. Déclara-t-elle en croisant les bras. Et ça va commencer par me montrer ce qu’il s’est passé dans ta chambre.

Et non, cette fois, Anita n’était pas entrain de plaisanter ou de parlementer. Elles restaient des lionnes et la blonde ne s’était jamais écrasée devant personne. Even la connaissait assez pour savoir quand c’était extrêmement sérieux. Et là c’était un parfait exemple de ce type de situation : Anita ne céderait pas et obtiendrait ses explications. Restait à voir la méthode que sa fille préférerait : la plus rapide ou la plus longue ?

Si Anita avait juste été intriguée au début par le comportement de sa fille, là, elle commençait à être inquiète. Et en colère. Even ne lui avait jamais fait autant de cachoteries. Le fait que la blonde finisse toujours par avoir vent de ce que son aînée avait pu faire comme bêtise jouait grandement et la jeune lionne préférait en général venir en parler rapidement plutôt que d’attendre que l’assistante sociale ne lui tire les vers du nez. Mais là ? Mal parler à son frère était une chose qu’Even ne faisait jamais. Et la repousser de cette façon non plus.

- Even. Dit-elle d’une voix calme mais chargée d’autorité.

Sa fille comprendrait. Anita n’était pas la reine du clan. Mais elle secondait April depuis longtemps, tant à Storybrooke que sur la Terre des Lions. Et la lionne avait toujours eu une règle que personne n’avait cherché à transgresser depuis qu’elle avait mordu une autre lionne qui avait voulu jouer à la plus maligne : quand elle ordonnait qu’on s’explique, on le faisait, point. Anita plissa les yeux quand sa fille se mit à l’attaquer verbalement et en touchant à un point sensible. Sa petite Sasha qui n’avait jamais vu le jouer. Très bien. Puis qu’elle voulait la jouer ainsi…

- Ma maison, mes règles. Dit-elle d’une voix ferme et un peu sèche tout en avançant et en forçant sa fille à reculer bien malgré elle. Assez pour que le dos d’Even touche la porte et pour qu’Anita sente les légères traces de sang. Si tu n’ouvres pas tout de suite, ça va mal se passer.

Ce n’était plus simplement sa mère qu’Even avait en face d’elle. C’était la seconde d’April, la chef des chasseresses. Et la co-dirigeante du clan depuis qu’ils étaient à Storybrooke et que les deux mères s’étaient rendues compte que Simba ne comptait pas reprendre le flambeau. Et à ce côté-là de sa personnalité, mieux valait obéir. Anita ne voulait pas faire de mal à sa fille, mais s’il fallait employer la force pour parvenir à découvrir ce qui n’allait pas, la lionne n’hésiterait pas. Pas alors que sa fille allait visiblement mal.

Anita s’était attendue à une réaction, mais pas à celle-ci. Il y avait clairement quelque chose qui n’allait pas. Even n’était jamais méchante avec son frère, elle le protégeait depuis des années et ça n’était pas prêt de changer. Et quand elle mettait sa patience à rude épreuve, sa fille savait toujours néanmoins quand s’arrêter et cracher le morceau. Mais pas là. Quand la blonde l’avait fait reculer contre la porte de sa chambre, sa fille avait attaqué. Elle l’avait repoussé violemment, toutes griffes dehors – au sens propre du terme.

Les implications qu’Anita imaginait face à cette situation ne lui plaisait pas du tout. Et quand elle entendit Nathan descendre les escaliers avant de fuir la maison, la blonde se contenta de sortir son portable et de demander à April d’aller le chercher et de le garder avec elle jusqu’à ce qu’elle vienne le chercher. En général, elle s’occupait plutôt de Nathan en priorité parce que c’était lui le plus traumatisé, mais là, c’était Even qui avait besoin d’elle en priorité. Et quand sa fille se laissa tomber au sol en marmonnant qu’elle était désolée, la plus âgée raccrocha et prit sa fille dans ses bras sans se soucier de ses blessures. Elle garderait peut-être de légères cicatrices des griffes de sa fille, mais cela ne l’inquiétait pas. Toute son attention était concentrée sur Even qu’elle tenait dans ses bras.

- Chut ma chérie, chut… Dit-elle doucement, berçant sa princesse. Il faut que tu me parles Even… Tu sais que tu peux tout me dire… Alors raconte-moi. Dis-moi ce qu’il s’est passé. Lui ordonna-t-elle tout doucement, sans jamais cesser de la tenir contre elle.

Anita n’était pas stupide. Even s’était sentie acculée et son instinct avait parlé, sortant les griffes. Il s’était donc passé quelque chose d’assez grave pour qu’elle se sente assez en danger et ne soit plus très rationnelle dans certaines situations…

Si elles avaient été dans leur monde, sur la Terre des Lions, Sarafina n’aurait pas mis très longtemps avant de chopper Nala à la gorge jusqu’à ce qu’elle se calme et reconnaisse que la chef, c’était la plus âgée. Mais elles étaient humaines à présent et Anita se devait d’agir un peu différemment. Elle n’avait pas cédé ni reculé face à sa fille, mais elle ne s’était pas énervée. Et ça, c’était énorme.

Finalement, la blonde laissa sa fille pleurer de tout son saoul jusqu’à la limite de l’épuisement. Elles étaient à présent au sol, Anita tenant fermement Even contre elle, entre ses jambes comme lorsque la plus jeune était encore enfant et qu’elle s’était blessée ou qu’elle avait peur. Les faux souvenirs avaient au moins ça de pratique : la situation ne leur semblait pas étrange, c’était juste très familier, assez en tout cas pour qu’Even en vienne enfin à lui avouer ce qu’il se passait.

- Quoi Even ? Demanda-t-elle doucement. Que t’a-t-il fait ?

Elle allait le buter en tout cas. Quoi qu’il ait fait. Manifestement, sa fille pourtant si forte avait extrêmement peur, à tel point qu’elle ne contrôlait plus son corps et encore moins ses réactions. Il s’était donc passé quelque chose de très grave. Et Anita ne laisserait pas passer ça. On ne touchait pas à sa famille et encore moins à ses enfants, jamais. Le dernier qui s’en était pris à l’un des enfants qu’elle protégeait, à savoir Abigaëlle sa filleule, ça avait été Raspoutine. Et il avait fini avec le bras déchiqueté par ses griffes. Alors quelqu’un qui s’en prenait à sa fille ? Il resterait bien moins de choses…

- Je suis contente que tu en aies parlé à Diku… Reprit-elle doucement. C’est normal Even. Il faut que tu reprennes confiance en toi. Or, les seuls moments où tu as été parfaitement en confiance malgré la peur, ça a été sur la Terre des Lions, quand tu étais une jolie lionne. Expliqua-t-elle à sa fille. Tes griffes sortent bien plus facilement parce que tu veux, inconsciemment sans doute, te rapprocher de ta nature profonde, celle qui ne t’a jamais fait défaut…

Oui, Anita était contente de voir que certains des plus jeunes se tournaient vers Amelia pour avoir des conseils et du soutien. Et même si un petit peu de jalousie se fit sentir, la lionne cacha bien vite ce sentiment qui n’avait pas sa place ici. La pâtissière avait tenté d’aider sa précieuse petite fille et c’était tout ce qu’elle voulait retenir. La blonde se concentra sur sa fille et entreprit de la faire parler durant le reste de la soirée.