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 T'as pas un Neurone en moins, Mister Barbier ? [Fe]

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Lily Olyphant
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________________________________________ 2018-12-31, 10:59





« Ouais j'aime bien les bruns... et alors ?
T'as rasé tes neurones d'un peu trop près ?! »




    Je me pose une multitude de questions sur tout plein de choses. Le départ de Robyn m'a poussé à me remettre en question. Est ce que je suis du genre à tourner en boucle ? A rester avec les même personnes ? A attendre patiemment chaque année que les choses se font ? Que le Temps se passe ? J'ai toujours eu l'impression que ma vie était le fruit du hasard. Que chaque chose qui se produisait était du à de simples coïncidences. Mais aujourd'hui, je me demande si tout n'est pas planifié à l'avance. Si on a le choix de notre vie ou si on nous l'impose. Mes pensées se font de plus en plus confuses et mes envies de plus en plus rares. Car à quoi bon chercher à planifier, si de toute façon notre vie ne nous appartiens pas ? Ca la rend vide et inutile.

    J'essaye pourtant jour après jour de combler ce vide. J'ai envie de changement. J'ai tout ce qu'il me faut mais je continue à vouloir des choses que je n'ai pas. Jai besoin de changement.

    Quand je me regarde dans le miroir, je vois tout ce que je ne suis pas. J'aimerais penser que je suis courageuse. Mais en réalité, j'ai peur. J'aimerais croire que je suis une bonne mère. Mais j'ai été incapable de préserver mon adorable petite fille. J'aimerais être persuadée que je suis utile. Mais ma vie est tragiquement confuse.

    J'ai besoin de changements.

    « Il me faut du neuf. Quelque chose de totalement différent. Je veux changer. » dis-je avec conviction à Balthazar Graves qui se tenait sur le seuil de sa porte.

    Je m'étais rendu chez lui. Je voulais du changement et il allait être le premier à m'aider. Une nouvelle coupe, une nouvelle tête... ça apporterait déjà son lot de nouveauté. J'avais demandé à François de rester silencieux quelque temps. De me laisser le Temps de réfléchir.

    Faut dire que depuis qu'il était entré dans une certaine pièce de ma tête, il était devenu par lui même silencieux. Les petites Lily m'avaient rapporté qu'il était resté quelque longues heures sans rien dire. Puis, qu'il avait fait comme si de rien était. Mais apparemment, ça avait été trop dur à encaisser pour lui et il s'était isolé dans une partie de mon corps. Ca faisait plusieurs jours que je ne l'entendais plus.

    Est ce que c'était moi le problème ? Est ce que j'étais véritablement dingue pour accepter certaines choses inacceptables ?

    Sans laisser à Balthazar le temps de répondre à ma requête, je m'étais approché de lui et je lui avais fait une bise sur la joue. J'avais besoin d'attention, de câlins. Puis, je m'étais passé une main sur les yeux. Je ne m'étais même pas rendu compte que sur le chemin menant jusqu'à là où il logeait, des larmes avaient coulés toutes seules le long de mes joues. Mais c'était pas grave, car le nouveau visage ne pleurerait plus.

    « On ne pose pas de questions et on se contente de couper, monsieur Graves. » ajoutais-je en tentant d'afficher un léger sourire.

    Puis, je m'étais installée. C'était à lui de jouer maintenant !

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Balthazar Graves
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Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.


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________________________________________ 2019-01-02, 18:17


Que savez-vous du genre humain ? Et de la solution finale ?
Que savez-vous du bien ? Que savez-vous du mal ?


Un éléphant sur le paillasson.
En ouvrant sa porte, Balthazar sut instantanément que cette journée serait mauvaise. De toutes façons, son quotidien était rarement bon. En revanche, il était plutôt surprenant ces derniers temps, même s'il se serait bien passé de toutes ces péripéties. Découvrir Lily au seuil de son appartement n'avait rien de transcendant. Au contraire, il se demandait quelle catastrophe allait se profiler à l'horizon. Il plissa des yeux tout en observant la jeune femme, gardant fermement la main tout contre la poignée, prêt claquer la porte. Dès qu'il la voyait, il pensait aussitôt au clown et cela avait le don de l'agacer. Hélas, il était contraint de la voir fréquemment puisqu'elle était l'une de ses meilleurs clientes.

Il bloqua sa respiration lorsqu'elle l'embrassa sur la joue. Pourquoi faisait-elle ce genre de choses ? Il crispa la mâchoire, résistant à l'envie de l'étrangler. Il ne supportait pas les démonstrations d'affection. Puis, elle s'écarta pour entrer sans invitation. Un instant, il fut tenté de la retenir par l'épaule afin de la forcer à faire demi-tour. Il coiffait à domicile, mais pas à SON domicile ! C'était bien le dernier endroit adapté à son travail, car tout était bien trop en désordre. Pourtant, Olyphant s'installa sur la seule chaise disponible et attendit qu'il commence la besogne.

Lugubre, Balthazar claqua enfin la porte et pivota mécaniquement vers elle. La jeune femme pleurait, même si elle tentait d'afficher un sourire tremblant. Que lui était-il encore arrivé ? Il n'était pas intéressé, hormis si cela concernait le clown. Il était bien décidé à lui faire rendre gorge une fois pour toutes, la prochaine fois qu'il croiserait son chemin. Cependant, étant donné qu'Olyphant avait demandé à ce qu'il ne pose aucune question, il se doutait que le coeur de ses soucis n'avait rien à voir avec Grand Sourire. Tant mieux. Ou pas. Au moins, il aurait pu se défouler.

Le barbier resta plusieurs secondes, immobile, à fixer Lily d'un oeil noir. Il réfléchissait. Elle était encombrante. Il fallait s'en débarrasser au plus vite. Mais elle ne bougerait pas. S'il la chassait, elle risquait de changer de coiffeur, et il y perdrait au final. Il devait donc se montrer patient et intelligent.

D'un pas brusque, il se dirigea vers le coin cuisine, frôlant la chaise de la jeune femme, et ouvrit plusieurs placards très mal rangés. Il en sortit du café soluble qu'il claqua contre la table, ainsi qu'un paquet de BN entamé, deux tasses et un sucrier fendu. Après quoi, il se mit en quête de quelque chose dans son réfrigérateur. Il finit par trouver le lait habituellement réservé à Moustache. D'ailleurs, le chat se manifesta à cet instant, comme muni d'un radar. Il miaula et observa Lily avec curiosité, avant de se décider à se frotter contre ses jambes. Balthazar le considéra d'un air consterné. Imbécile...

Il versa un peu de lait dans la gamelle du félin, posé sur le sol, puis se redressa pour demander à Olyphant d'un ton incisif :

"Froid ou chaud ?"

Il savait qu'elle aimait le lait, mais n'avait pas jamais prêté attention à sa préférence. Pourquoi s'y attardait-il, à présent ? Depuis quelques temps, le barbier allait encore moins bien que d'habitude. Les réminiscences lui retournaient la tête. Par moments, il se perdait dans ses propres souvenirs, comme si une porte impossible à refermer avait été ouverte. Les yeux dans le vague, il s'égarait.

"On ne peut changer que l'apparence. Ce qu'on a à l'intérieur, on le garde, quoi qu'il arrive."
maugréa-t-il, aussi morose que songeur.

Elle était sotte si elle espérait qu'une nouvelle coiffure ferait disparaître ses problèmes. Olyphant était une personne superficielle. Pendant longtemps, Balthazar avait cru lui aussi que les jolies choses sont les plus dignes de confiance.


Une fois de plus, il fut emporté par son passé. Il se revit, alors qu'il avait sept ou huit ans, assis en tailleur sur le sol, très occupé à coiffer une vieille poupée de porcelaine. Ses cheveux étaient aussi secs et cassants que de la paille, mais le petit garçon s'appliquait à les démêler avec soin, passant ses doigts délicatement entre chaque mèche. Une fois encore, il avait délaissé les soldats de plomb et les billes. L'antiquaire chez qui il passait les après-midi -un vieil homme débonnaire- le laissait s'amuser avec les jouets de son choix car il savait que l'enfant était très soigneux. Cette journée avait été spéciale car l'antiquaire lui avait donné la fameuse poupée qu'il chérissait. Il avait déjà prévu de la cacher sous son lit afin que son père ne la voit pas.

Hélas, il ne fut pas suffisamment rapide. Un bruissement d'étoffe lui apprit qu'il se tenait déjà dans sa chambre minuscule. Il était rentré plus tôt que d'habitude. Benjamin voulut aussitôt cacher la poupée mais trop tard.

"Où as-tu eu ça ?" s'enquit son père d'une voix dure.

L'enfant resta silencieux, trop anxieux pour parler.

"Je t'ai déjà dit que je ne voulais pas que tu joues avec ça ! C'est ridicule ! Un jour, tu seras un homme ! Alors tu dois avoir des jeux de garçon !"

Benjamin se mordit les lèvres, pris en faute. Ce n'était pas la première fois que cette discussion avait lieu. Le père s'empara de la poupée.

"Non père, je vous en prie !" implora-t-il.

"Ah, voilà que tu retrouves ta langue ! Je veux que tu ailles dehors, que tu joues avec des garçons de ton âge ! Cesse d'être bizarre ! Tu me fais honte ! Heureusement que ta mère ne peut pas te voir !"

De rage, le père jeta la poupée. Son visage heurta le sol en premier dans un bruit cristallin. Benjamin resta tétanisé, fixant le petit cadavre morcelé. Il attendit que son père quitte la chambre pour éclater en sanglots. De grosses larmes roulèrent sur ses joues alors qu'il s'agenouillait devant la poupée afin de récupérer les éclats de porcelaine dans ses mains, comme il l'aurait fait pour un animal blessé. Il se coupa à maintes reprises et grimaça de plus belle. Impossible à réparer. Impossible... Et bientôt, de petites gouttes de sang se mêlèrent à la porcelaine.


Balthazar ferma les yeux et inspira profondément.

"Mon père n'a jamais accepté ce que j'étais. Je n'ai pas changé pour autant." dit-il tout en rouvrant les yeux.

Il resta interdit quelques secondes. Venait-il vraiment de raconter quelque chose de personnel. A Lily, de surcroît ? Il avait véritablement un problème. Secouant la tête en grommelant, il attrapa une casserole et demanda d'un ton presque agressif :

"Alors, froid ou chaud ?"

Il avait toujours la bouteille de lait en main et cette situation commençait sérieusement à le crisper. Un instant, il hésita à récupérer la casserole pour la claquer contre la tête de la jeune femme. Il se fit violence pour se contrôler. Olyphant devait vivre. Il n'avait pas envie que son imbécile de mari et sa folle de fille viennent la venger. Même si c'était extrêmement difficile, il fallait rester civilisé.
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________________________________________ 2019-01-28, 13:44





« Ouais j'aime bien les bruns... et alors ?
T'as rasé tes neurones d'un peu trop près ?! »




    Je secouais la tête de haut en bas à plusieurs reprises. Balthazar avait sortit du lait de son frigo et il venait de m'en proposer. Je n'avais pas trouvé mieux comme réponse à sa question de si je le voulais chaud ou froid. J'allais paraître comme une fille compliquée à ses yeux, alors qu'en réalité j'étais tout l'inverse. Heureusement, son chat vint se caresser les poils contre ma jambe, si bien que comme je m'étais penché pour le caresser, et l'écouter ronronner, je ne pouvais plus répondre à la question du barbier coiffeur si parfait qu'il était.

    Quand je le relevais la tête, Balthazar avait les yeux fermé. Il était resté ainsi quelques instants, avant d'inspirer profondément et de se confier à moi. Si j'avais bu en même temps qu'il parlait, je me serais étouffé. Heureusement pour moi, ce n'était pas le cas. Car c'était bien la toute première fois qu'il se confiait à moi. Jusqu'à présent c'était un précieux ami qui ne faisait qu'écouter. Aujourd'hui, il attendait de moi que je lui rende l'appareil. J'ouvris grands les yeux, en affichant un immense sourire. Mon ami avait besoin de moi et de mes conseils !

    « Chaud ! » m'exclamais-je un peu trop fort, avant de me remettre correctement sur ma chaise. « Froid. Je préfère froid. Mais ça n'a pas d'importance mes préférences aujourd'hui. Pour une fois je ne suis pas là pour parler, mais pour écouter ! »

    J'allais me changer les idées en laissant parler mon ami et en le conseillant. Je ne pensais pas qu'un jour ce jour viendrait, même si je m'y étais préparé depuis le tout premier jour où j'avais compris à quel point notre amitié était forte.

    « Alors comme ça... enfin... je n'aurais jamais pensé que tu avais une préférence pour les hommes, mais ça ne me dérange pas. J'ai beaucoup d'amis gay ! »

    A tout bien réfléchir, je n'en avais pas du tout. Ca allait être le premier. C'était encore plus merveilleux. J'avais toujours eu envie d'avoir un ami gay. Dans toutes les séries ils en ont un. Jusqu'à présent je n'avais jamais eu cette chance. Et maintenant qu'il m'avait confié que son père n'a jamais accepté qui il était, et qu'il n'avait pas changé pour autant, je me devais de le soutenir à fond.

    « Tous les coiffeurs sont gay ? Parce que j'ai lu un sondage une fois qui disait que 88% des coiffeurs masculins sont gay. Mais dans ce cas, les coiffeuses sont forcément hétéro ? Enfin dans le sens où pour être coiffeur il faut aimer les hommes, qu'on soit homme ou femme. »

    Ca me paraissait logique. Mais je ne voyais pas ce qui poussait les coiffeurs à préférer les hommes. Est ce que ça venait des cheveux ? C'est vrai que les cheveux des hommes étaient envoutants. On avait tendance à glisser nos doigts dedans et à ne plus réussir à les en ôter. Je faisais souvent cela avec Elliot. De toute façon tout était attirant chez mon homme !

    « Bon, on va commencer par le commencement. Ca remonte à l'enfance, c'est ça ? Mais du coup... »

    Je m'étais stoppé en me rappelant un détail un peu... inquiétant. Il cachait son homosexualité à tout le monde en sortant avec une femme ? Je plissais les yeux en le fixant.

    « Eulalie le sait ? Parce qu'il y a une forte rumeur persistante comme quoi vous êtes ensemble. Mais si mon coiffeur préféré est gay, comment peut-il avoir une copine ? A moins que... »

    C'est vrai qu'elle s'habillait peu. Enfin... elle était souvent en petite tenue ou en des choses qui montraient ses formes. Ca voulait dire qu'elle montrait beaucoup dans le but de cacher le peu ? Enfin... son côté masculin ? J'avais entendu cela à la télé, comme quoi des hommes pouvaient se transformer en femme grâce à quelques coups de bistouri. Et... oh non d'une cacahuète ! Balthazar avait des ciseaux, rasoirs et autre... il avait lui même procédé à l'opération ? J'en eu le souffle coupé !

    « Tu es aussi chirurgien ? »

    Alors là, c'était un truc de ouf ! Car justement, j'avais une question qui me brûlait les lèvres depuis pas mal de temps, mais je ne savais pas à qui la poser. Pour cela que je m'étais levé d'un geste brusque et que j'avais rapidement ôté mon haut afin de me retrouver en soutiens gorge face à monsieur Graves. Puis, je m'étais mise de côté et je lui avais montré quelque chose sur mon côté droit.

    « J'ai un gros point de beauté qui est apparu ici. Est ce que ça serait possible de me le faire opérer pour le retirer ? »

    Il avait fait des miracles avec Eulalie. Il pourrait sans doute me venir en aide à moi aussi ! Bon d'accord, le point de beauté était tout petit. Minuscule même. Mais j'avais l'impression d'avoir une grosse tâche sur le côté droit. Pour cela qu'à chaque fois que je me déshabillais face à Elliot, j'éteignais la lumière depuis quelques semaines, ou alors je me mettais du profil gauche....
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________________________________________ 2019-02-04, 22:29


Que savez-vous du genre humain ? Et de la solution finale ?
Que savez-vous du bien ? Que savez-vous du mal ?


Le verre de lait claqua brutalement sur la table. D'un geste vif, Balthazar le fit glisser vers Olyphant sans le renverser. Une qualité qui compensait ses trop nombreux défauts, c'était d'être adroit de ses mains.

Pour ne pas changer, l'éléphant racontait n'importe quoi, mais il n'avait aucune envie de la contredire. S'il l'interrompait, il savait qu'elle continuerait de piailler sur un autre sujet sans doute plus futile et consternant. A force d'endurer sa présence chaque semaine -parfois plusieurs fois par semaine- il avait appris à la connaître. Sa personnalité trop pétillante et haute en couleurs avait le don de l'exaspérer profondément. Pour contre-attaquer, il se plongeait dans un mutisme inquiétant. Il ressemblait alors à une sombre silhouette s'activant autour d'elle pour la coiffer, exprimant son talent et sa créativité en demeurant hermétique à ses paroles. C'était la meilleure façon de travailler correctement sur sa personne.

Hélas, cette fois-ci, il estima que se rapprocher d'elle serait une mauvaise idée, puisqu'elle venait d'ôter son pull. A présent, elle se tenait en soutien-gorge devant lui sans aucune pudeur, et se contorsionnait pour lui montrer un grain de beauté indésirable situé sur ses côtes. Le barbier cligna posément des yeux, se retenant de les lever au ciel. La vision de la jeune femme à moitié nue ne provoquait rien de particulier chez lui, non pas en raison d'une attirance pour les hommes, mais bien parce qu'Olyphant n'était susceptible de ne rien éveiller en lui. Il connaissait pratiquement toute sa vie si insignifiante -qu'elle se faisait une joie de lui raconter à chaque rendez-vous- et il n'aurait pas supporté de devenir encore plus intime avec elle. Il ne put réprimer une grimace et se mordit aussitôt les lèvres, car il remarqua l'expression anxieuse de la jeune femme. Elle avait interprété sa grimace dégoûtée comme une preuve que son grain de beauté était affreux, car il avait regardé vers cet endroit sans y penser.

Laissant échapper un soupir, il s'avança de quelques pas.

"Je ne suis pas avec l'amazone." dit-il dans un grognement douloureux.

Il n'avait plus se résoudre à prononcer le mot "Eulalie". La qualifier par sa fonction était plus facile, cela instaurait une distance nécessaire étant donné la décision qu'il avait prise, et qu'elle l'avait aidé à prendre.

"J'ai des notions en médecine, mais elles sont... approximatives."
reprit-il avec une once de sarcasme.

Ses connaissances en la matière dataient du monde des contes, puisque les barbiers étaient ceux qui pratiquaient les saignées et quelques soins aux malades. Benjamin Barker avait toujours apprécié d'inculquer les saignées, bien avant de devenir Sweeney Todd. Il croyait en cette pratique. A croire que l'hémoglobine avait toujours eu un attrait particulier à ses yeux.

"Vous ne voudrez pas prendre ce risque."

Pour quelque chose d'aussi ridicule, ajouta-t-il mentalement, mais le coup d'oeil qu'il jeta au grain de beauté était sans équivoque.

"Je ne pratique pas d'opération. Mes méthodes sont plus... radicales."
précisa-t-il avec un rictus carnassier.

Il songea presque rêveusement à tous les meurtres qu'il avait commis. Il avait exécuté chacune de ses victimes avec une précision chirurgicale. On ne pouvait le nier. Ses yeux brillaient d'un éclat diabolique tandis qu'il laissait ces agréables souvenirs l'envahir. Il fixait la jeune femme sans la voir.

"Le laser." dit-il brusquement, comme pour se ressaisir. "Unique alternative."

C'était le seul moyen pour qu'elle se débarrasse de son imperfection, puisqu'elle y tenait tant. Il attrapa du pull d'Olyphant pour lui tendre d'un geste sec, lui signifiant de ce fait que l'exhibition était terminée.

Son regard tomba alors un peu par hasard sur l'édition reliée de l'intégrale de Sherlock Holmes, abandonnée sur une des chaises. Il s'agissait d'un épais volume en grand format, doté d'illustrations. Il l'avait trouvé sur le pas de sa porte quelques jours plus tôt sans aucun message. Il avait cru à une mauvaise blague et avait hésité à le jeter, mais finalement l'avait gardé, pour une obscure raison qu'il ne s'expliquait pas. Il jeta un coup d'oeil frénétique à Olyphant et, craignant qu'elle ne l'aperçoive et ne tienne des conclusions hâtives, il jeta le pull sur sa tête. Réflexe discutable pour l'aveugler quelques secondes. Etant donné qu'elle le pensait gay, appuyer cette théorie en incluant le détective était une chose qu'il préférait éviter. C'était étrange ces pulsions qui prenaient possession de lui dès qu'il voyait quelque chose le concernant.

En attendant, la jeune femme se débattait avec son pull sans en trouver l'entrée ou la sortie. Balthazar leva les yeux au ciel. Comment faisait-elle pour être aussi ridicule à chaque instant ?
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________________________________________ 2019-03-08, 09:23





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    « Par approximatives, tu entends quoi ? Parce que si c'est comme pour découper une dinde, j'ai déjà fait. Elliot m'a laissé tenir les couteaux à Thanksgiving l'année dernière. Je m'en suis plutôt pas mal sortie. Le seul vrai bémol dans la découpe de la dinde, c'est le planté de couteau. » dis-je en tentant tant bien que mal de trouver la sortie de mon pull.

    Je fini par en venir à bout. J'étais à nouveau toute habillée. J'avais adressé un grand sourire à Balthazar. Qu'est ce qu'il était craquant quand il me regardait comme ça, avec le regard vide et pas la moindre expression.

    « J'ai déjà songé au laser, mais j'aime pas trop le concept. En fait l'idéal serait de manière naturelle. Genre j'avalerai un médicament au bon goût de fraise et boom, ça disparaîtrait. C'est pas que je n'aime pas les points de beauté, mais y'a des emplacements qui ne sont pas très judicieux. Vous en avez beaucoup, vous ? »

    Je m'étais mise à le détailler de bas en haut. Je me demandais où mon coiffeur préféré pouvait bien cacher ses points de beauté. Faut dire qu'il s'était rarement, voir jamais déshabillé en ma présence. J'aurai bien voulu voir ce qu'il y avait sous ces vêtements. Enfin en tout bien tout honneur. Un peu comme quand j'avais ôté les miens. D'ailleurs, il n'avait pas eu le moindre regard obscène. C'était vraiment trop bien d'avoir un ami gay !

    « On fait quoi pour mes cheveux ? » lui demandais-je avec une petite moue.

    Je voulais changer. Je le voulais vraiment, mais je n'avais pas d'idées précises. Au lieu d'attendre sa réponse, je m'étais assise au premier endroit trouvé.

    « En ce moment y'a beaucoup trop de choses qui se bousculent dans ma tête et qui bousculent mon quotidien. Alors je me dis, reste calme et va chez ton coiffeur préféré. Mais c'est pas si facile que ça. Parce que rester calme, je peux le faire, mais en même temps j'ai la sensation de bouillonner de l'intérieur ! » dis-je en serrant mes poings pour lui montrer à quel point ça bouillonnait.

    J'espérais qu'il cernait le problème.

    « Mais faut faire avec, n'est ce pas ? On a tous des hauts et des bas. Cela dit je préférais l'époque où Melody me kidnappait, où alors quand avec Robyn on se retrouvait piégé dans des maisons contrôlés par une vieille sorcière qui voulait nous manger tout cru. C'était bien plus facile à ce temps là. »

    Je le pensais réellement. J'aurai bien voulu avoir son avis sur la question. Est ce que pour lui aussi tout était bien plus compliqué aujourd'hui ? Ou alors ça l'était bien plus avant ?

    « Tu préférais avant ? Enfin, je parle de quand... en fait je ne sais pas à quoi ça ressemblait ton avant. Cassie m'a bien mise devant le film Sweeney Todd en m'expliquant que tu étais quelqu'un de très mauvais, qui selon elle l'est toujours. Mais y'a eu l'après, c'est ça ? Enfin l'avant de maintenant, mais l'après de l'avant. Et cet avant après était mieux ? »

    Je sentais que je le mettais mal à l'aise avec ma question. Même si je ne comprenais pas trop où était le problème. On pouvait parler ouvertement de notre ressentis sur la vie. On était amis après tout.

    « J'ai la sensation que j'ai un vide au fond de l'estomac. Comme si quelque chose me manquait. Plus le temps passe et plus mes amis s'éloignent. Pour Robyn je ne sais pas trop ce qu'il en est, elle ne me donne pas la moindre nouvelle. Elle a été dépixélisé et boom, plus rien. Mais je sais qu'elle est toujours là quelque part. Je le sens au fond de moi. Quant à Grand Sourire, c'est pas mieux. Il a été tellement vilain que je ne sais plus si je peux le considérer comme un ami proche, ou si je dois m'en méfier. Et puis, pareil, il ne donne plus de nouvelles. Ce qui en soit est plutôt rassurant, mais en même temps c'est assez perturbant. »

    Je me demandais vraiment ce qui poussait les gens à m'abandonner petit à petit, alors qu'on partageait quelque chose de très fort à chaque fois. Au moins Balthazar était toujours là. C'était pour cette raison que je lui avais adressé un petit sourire.

    « On va tout faire pour que notre amitié ne connaisse que des hauts et pas des bas. Faut rester souder monsieur Graves. Et d'ailleurs, pour ce qui est de l'amazone, car je ne comprend pas très bien où ça en est... si elle est une fille et pas un garçon et que tu n'es pas gay, même si tu es mon ami gay, ça signifie que tu as envie d'être avec elle ou pas ? Genre, il faudrait peut-être faire le premier pas vers elle. Lui offrir des fleurs. Lui amener une soupe ou quelque chose de ce genre. Voir un collier. Les filles adorent les colliers. Ou alors juste lui proposer un ciné. Y'a de bons films en ce moment. Et puis y'a le beau Emmet qui travaille là bas. Je l'ai croisé la dernière fois. Il m'a filé du pop corn gratis. Mais ça colle aux dents, c'est pas très pratique à manger, du coup je l'ai donné aux pigeons. En fait quand on va au ciné, ce que j'aime bien ce sont les M&M's. Y'a une cacahuète dans le chocolat. C'est magique. Un peu comme un Kinder Surprise, mais la surprise c'est quelque chose de trop trop bon ! » affirmais-je avec un grand sourire.
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