« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)
Regardant sa belle montre, Queenie poussa un petit soupir. Elle qui détestait être en retard ...n’était pas forcément en avance pour son rendez vous. Oh elle n’était pas non plus en retard, juste qu’elle aurait préféré arrivée un peu en avance, pour pouvoir réfléchir à toutes sortes de choses. Or le destin avait voulu que Jean Balthazar vienne sonner à sa porte. Pas réellement sonné vu que Viktor n’avait pas fermé la dudite porte … mais bon, elle avait passé un agréable moment, à discuter avec lui. Elle avait bien conscience qu’il n’était pas venu par hasard, cherchant un soutien dans ce qu’il traversait. Il ne fallait pas être idiot pour voir que son père n’était pas la figure paternel adéquat, et qu’il se servait de lui comme un punching ball. De part ses diverses activités, elle avait apprit à savoir reconnaître le comportement de la peur, même sous le plus inexpressif des visages, et il y avait ce regard triste, qu’il ne pouvait lui cacher. Et il lui suffisait de lui dire un seul mot pour qu’elle aille régler son compte à cet affreux personnage. Si elle ne supportait pas que l’on touche à des enfants, elle ne supportait encore moins l’idée que l’on puisse faire du mal à ses amis. Néanmoins, elle pouvait comprendre que JB ne veuille rien dire, Alors elle avait tout fait pour lui changer les idées, ne plus lui faire penser à ses dures journées, enfermés dans un travail qu’il n’aimait pas. Mais forcément, Viktor, qui n’avait pas sa langue dans sans poche quand il s’y mettait, contrairement à ce que tout le monde pensait, avait retourné la situation contre elle, ce vilain garnement. Il savait pourtant qu’elle n’aimait pas forcément parler d’elle, faire du commérage pour entendre ensuite l’avis des personnes présentes. Elle n’était pas Gabrielle ni Luciano, qui se délectaient de ce genre de chose. Elle avait bien essayé de dériver mais toujours les deux jeunes hommes revenaient d’une façon ou d’une autre à son rendez vous. Heureusement, le temps était passé plutôt vite, et c’est ce même rendez vous, dont elle avait réussi à ne pas trop donné de détails qui avait réussi à la sauver. Elle avait mit ses deux amis dehors, en leur répétant de ne pas la déranger, leur envoyant pour être bien sur, comme à River et Edan un sms en majuscules. Non c’était bon… à chaque fois il y avait quelque qui l’empêchait de se détendre pleinement alors elle avait prit ses précautions, ce qu’elle croyait bien entendu. Tout le monde avait été averti que si le moindre petit pépin viendrait à coincer les rouages de la soirée qu’elle avait prévu … la reine des fées s'énervait … et personne n’avait envie de voir ça car cela impliquait certainement la mort. Ainsi, devant le miroir de la salle de bain de l’un de ses appartement se trouvant au dessus de la pâtisserie, elle arrangeait son maquillage. Même si elle avait l’habitude, au quotidien, de prendre soin d’elle, ce n’était pas la même chose que de se parer d’habits de lumière. Coquette oui, mais à petite dose. Souvent un trait d’eyeliner et un bon rouge à lèvre suffisaient, mais pas pour ce soir. Est ce qu’elle voulait l’éblouir ? D’une certaine manière, surtout lui faire oublier l’état désastreux dans lequel elle s’était mise le soir de Noël. Rien qu’à cette pensée, elle poussa un petit soupir. Même si elle savait que Livio n’était pas du genre à s’arrêter sur un événement, qu’il s’en amusait plus qu’autre chose, son orgueil et son égo réclamaient justice. Alors elle faisait tous les efforts nécessaires à ça. Si en un claquement de doigt, sa robe noire brillante et moulante, qui était tout en suggestion, dévoilant son épaule et le début de ses tatouages, avait épousé la forme de son corps grâce à sa magie, ainsi que ses cheveux qui s’étaient coiffés seuls, ça m’avait pas été le cas pour son visage. Elle aurait peut être dû faire appeler à Gabrielle .. Non non, elle pouvait parfaitement se débrouiller seule, dans un temps imparti, et c’est ce qu’elle fit. Elle affrontait des choses beaucoup plus difficile que ça, ce n’était pas un crayon à paupières ou du blush qui auraient sa peau.
Fin prête, prenant sa petite pochette en vérifiant qu’elle n’avait rien oublié, comme ses clefs ou son portefeuille, elle put sortir sereinement de chez elle, regardant au passage si cette fois la porte du Fantasia était bien fermée, par soucis de maniaquerie. Rassurée, il ne faudrait pas qu’on vienne saboter son outil de travail, elle s’élança dans les rues du centre ville. Elle n’avait pas besoin de prendre sa voiture pour les quelques minutes de marche qu’elle avait à faire, ne comprenant d’ailleurs pas pourquoi les gens s’évertuaient à le faire. Etait ce si difficile de devoir activer ses muscles ? Si difficile de devoir se bouger un peu ? Certaines choses étaient beaucoup plus facile ici que dans son monde d’origine, et elle avait comme l’impression de s’empater un peu, sans doute pour ça qu’elle se vouait à faire trente six milles choses en même temps. Ses talons résonnaient dans la rue qui menait au bar où ils devaient se retrouver, et le bruit fut vite remplacé par un joyeux brouhaha. Il y avait du monde malgré les températures froides de ce mois de Janvier, mais Queenie n’en était pas forcément étonné. Les gens avaient besoin de se détendre, de passer un bon moment et le samedi soir était un excellent moment pour lâcher prise et penser autre chose qu’au travail. Saluant d’un petit geste de la main certaines personnes qu’elle connaissait, elle rentra dans le bar classieux, lui aussi animé. A nouveau, elle jeta un petit coup d’oeil à sa montre, elle était pile à l’heure, et c’est avec un petit sourire de fierté qu’elle s’alla s’installer non loin du comptoir, prenant place dans l’un des grands fauteuils. Posant son téléphone sur la table, où cas où on lui enverra un message, elle se saisit de la grande carte, autant faire quelque chose en l’attendant. Cependant, elle n’eut même pas le temps de commencer à lire qu’elle entendit son prénom parmi le brouhaha et la musique. Son sourire s’agrandit en le voyant arriver, toujours aussi charmant, toujours aussi élégant. Elle se leva alors, par politesse, rougissant du baise main qu’il venait de lui faire en guise de salutation. C’était l’une des choses qui l’a faisait craquer, ces manières venues d’une autre époque, qui contrastait avec la violence dont il pouvait faire preuve lors de leurs combats, un peu comme elle au final. “Comment s’est passée ta journée ?” Elle avait repris la lecture de la carte, jetant quelques regards par dessus, ne pouvant s’empêcher de le détailler, de l’observer, hochant la tête à ses propos avant que le serveur ne vienne la déconcentrer. “Le Daïquiri à la fraise pour moi s’il vous plaît.” Comme toujours, elle avait beau vouloir essayer de nouvelles choses, elle revenait à ses basiques, à ses fondamentaux.
Croisant ses longues jambes, elle remua un peu, certainement gênée “Bien, je préfère encore te le redire mais je suis sincèrement désolée pour .. pour la dernière fois.” Elle grimaça, pinçant les lèvres, jouant avec une mèche de ses cheveux. “Mon comportement était vraiment déplorable et je regrette que tu aies dû subir ça … même une enfant de six ans se serait mieux tenue que moi !” Certainement parce qu’une enfant de six ans n’avait pas les même désirs qu’une femme de trentes ans, dans la fleur de la vie. “Bref, ça n’arrivera plus … et si jamais … assomme moi, ça sera mieux pour tout le monde.” Finalement, après quelques secondes, elle rigola de sa propre bêtise, secouant la tête. Le serveur arriva avec les boissons, et elle le remercia vivement, s’empressant de prendre son verre. Elle tchina quand même, avant de le boire à la paille, poussant un petit soupir de contentement tandis qu’elle s’enfonçait dans le fauteuil, une fatigue latente dans le dos. “J’ai proposé ma candidature à la mairie.” Pourquoi le disait elle maintenant ? Pourquoi avait elle ouvert sa bouche rouge alors qu’elle le tenait secret depuis l’élection du nouveau maire ? Elle ne savait pas très bien, comme une envie soudaine de le partager avec lui. “Malheureusement garde du corps était déjà prit …” Elle gloussa avant de reprendre une gorgée de son succulent cocktail, jouant avec la paille. “Alors j’ai postulé pour être adjointe à l’éducation. J’ai décidé de m’impliquer un peu plus, les jeunes ont véritablement besoin d’une figure d’autorité, et pas que les jeunes si tu veux mon avis.” Ce rôle lui tenait très à cœur, et elle avait rédigé une immense lettre de motivation, expliquant son parcours, et pourquoi elle voulait rejoindre cette équipe. “J’essaie de ne pas penser au fait que je ne serais peut être pas prise … mais … tu es le premier à le savoir, même si de base, je ne voulais le dire à personne. Or vu dans l’état où tu m’as vu, je pense que si je n’ai pas le poste ça ne sera pas pire humiliation.” C’était surtout pour ça qu’elle ne l’avait dit à personne, son égo’ ne supportant en aucun cas l’échec. Quand Queenie entreprenait quelque chose, son esprit ne se focalisait que sur la réussite, ne connaissant pas le mot d’insuccès. Elle avait tout entrepris pour qu’on la prenne, or elle savait qu’il y avait d’autres personnes en compétitions avec un background différent. Après tout, elle n’était pas professeur. Néanmoins, son expérience pouvait apporter une vision nouvelle à ce portefeuille municipal. Elle portait en elle des valeurs qu’elle voulait transmettre, une utopie de liberté, d’émancipation, et de rigueur qu’elle estimait fondamentale pour faire de la société un monde meilleur. “Enfin bon, j’aurais normalement la réponse dans quelques jours…. en attendant, je vais essayer de ne pas y penser et évacuer tout le stress que j’ai en me détendant avec toi.” Même si le sous entendu était flagrant, Erza n’était pas connu pour son second degré, voulant tout simplement passer une bonne soirée. Rien que la présence de Livio l’apaisait déjà, aussi agréable par ses manières que son physique. Posant son verre totalement vide, elle attrapa délicatement la fraise coupée en deux qu’elle porta à ses lèvres, assez séductrice mine de rien dans son geste. “Et toi ? Tu as pris des nouvelles résolutions pour cette année ?”
You're a stranger, I'm a native. In the wastes we're born afraid. We're born afraid. Hunt the wicked. Chase disaster. In the world our sin has made... I'm not afraid. no more heroes.
Ce qu’il y avait de bien dans son existence, c’était que dès qu’il avait envie d’être tranquille… Livio ne pouvait pas vraiment l’être. Soit il était enquiquiné par un membre de la famille Marban, soit il se retrouvait dans une situation si difficile à décortiquer que même ses employés faisaient profil bas pour ne pas croiser son regard… Ce qui le mettait en retard dans son planning et avait le don de le rendre particulièrement de mauvais poil. Pourquoi avait-il fallut que cette maudite centrifugeuse fasse des siennes juste au moment où il devait partir ? Pourquoi est-ce que cet imbécile de Billy avait cru bon de la débrancher plutôt que de lancer son programme de restauration, comme le voulait le protocole ?
Et pourquoi est-ce que tout ça c’était corrélé d’une panne informatique généralisée au point de faire sonner tous les téléphones du laboratoire d’hématologie devant la panique des services adjacents ?! Les gens pensaient-ils réellement qu’ils avaient la solution à tous ces problèmes et que lui allait les résoudre ?! Sa jauge de patience avait alors radicalement explosé – comme une journée de trop d’engueulade entre Aguistin et Dolores – et tous avaient fuis avant d’être la cible du vampire en colère. Mieux valait déguerpir plutôt que de devoir l’affronter, c’était certain. Un geste de survie même.
Abattant son poing dans le sac de sable, Livio le fit littéralement voler plusieurs mètres en arrière avant qu’il ne se perfore contre le mur ! Il grogna, poussant un soupir et se tourna pour en chercher un autre où relâcher sa hargne et décharger sa colère. La voix un peu traînante de Joe se fit entendre dans son dos, tandis qu’il constatait des dégâts dans un sifflement sonore.
« Et tu comptes en exploser combien exactement avant d’avoir fini ton caprice ? »
Livio lui adressa un regard cuisant de reproches, mais le vieux coach ne sembla pas impressionné le moins du monde. Il en fallait plus pour le surprendre et ce n’était pas les états d’âme ou d’esprit de son boxeur qui allait le prendre de revers. Un calme olympien dans un corps robuste, il croisa ses bras sur son torse en l’observant frapper de toutes ses forces et à toute allure.
« Tu me dis quand t’as fini, que je perde pas mon temps à t’attendre. »
Livio pesta dans sa barbe, le corps en feu et les muscles tendus de sueur des efforts passés dans cette salle. Il était sorti tard du travail après avoir une nouvelle fois eu affaire à des imbéciles et des incapables, aussi avait-il filé directement ici pour décharger tout ce trop plein plutôt que d’exploser une nouvelle fois sa batterie… Mais il lui manquait quelque chose pour tenir le change. Un adversaire à sa hauteur. Un moyen de se défouler sans craindre une absence de réaction ou des os brisés en face… Les ladd étaient un peu trop fragiles ces derniers temps malgré tout leur équipement lourd.
L’ennui, c’est que celle qu’il avait envie d’avoir sur le ring en cet instant était aussi la raison de pourquoi il était venu si tôt : il avait rendez-vous avec Queenie. Et plutôt que de lui proposer une séance de sport haute en couleurs, ils avaient préféré ça comme le commun des mortels pour une fois : dans un bar, à une heure décente et d’une manière décente. Complètement différemment du réveillon de noël qui avait tourné au désavantage de la jeune femme ; complètement nue et ivre, elle s’était accrochée à lui et avait continuée de chanter et claironner jusqu’à ce qu’elle ne sombre comme une masse dans son lit…
S’il aurait pu tenter quelque chose face à ses réactions, le vampire avait préféré finir sa nuit sur le canapé pour s’éviter d’avoir à manipuler une femme endormie. Profiteur mais gentleman ! Elle s’était réveillée mortifiée de honte et depuis elle tentait sans doute de se montrer sous un excellent jour ! Bien plus que celui-ci.
Qu’à cela ne tienne, plutôt que de le rebuter cet aspect d’elle l’avait plutôt amusé ; il en riait encore. D’ailleurs, rien que de penser à elle, il sentit la tempête de son esprit se transformer en tout autre chose et après quelques instants, il daigna rejoindre Joe et l’aider à déplacer les deux sacs éventrés vers les portes.
« Je connais ça. » Devant le froncement de sourcil de Livio, il ajouta : « La frustration. »
« Et j’espère ne jamais l’atteindre ! Déjà qu’à 70 ans je me sens comme une vieille barrique trainant sa patte… Y’a que les fous qui vivent aussi longtemps. »
Livio tira sur les cordes avant de se hisser sur le ring, poussant un soupir en secouant la tête.
« Ou ceux qui n’ont pas choisis… » Murmura-t-il.
Comme lui qui n’avait rien demandé et qu’on avait projeté au-delà des frontières de la mort pour le laisser errer dans cette éternité non désirée. S’il avait trouvé sa voie, façonné sa place, Storybrooke avait tout envoyé balader et il vivait désormais cette énième vie comme le dernier fléau avant l’apocalypse. Qu’est-ce qui pouvait bien leur arriver de pire après ça ? Qu’est-ce que la vie pouvait bien lui réserver ? Parce qu’il était nettement difficile de faire plus prise de tête que la famille Marban dont il avait hérité ; ça avait au moins le mérite de le tenir réveillé et attentif lorsqu’il s’ennuyait de son immortalité. Il fallait de tout pour faire un monde.
Livio n’avait pas trainé après son entrainement, se glissant sous une douche efficace puis dans des vêtements un peu plus habillés pour l’occasion qui se profilait au fil des heures ! Ponctuel mais pris de court par un appel désespéré d’Aguistin qui l’avait bloqué en pleine rue, voilà qu’il pénétrait dans le bar à l’heure exacte où il était attendu. La ponctualité italienne venait de se prendre une claque, heureusement il put gratifier la blonde sculpturale qui lui fit face d’un baisemain ancestral et observer à loisir les courbes que sa petite robe noire esquissaient sans aucune gêne. En même temps, qui cacherait une silhouette pareille ?
Décidant de ne pas laisser ses yeux se promener de trop, il s’installa confortablement dans le fauteuil à côté de Queenie et attendit qu’on ne lui serve son verre d’amaro montenegro. Ce qui ne tarda pas, pouvant enfin prétendre à la tranquillité d’un vrai rendez-vous qui… Avait l’air de commencer normalement, pour une fois.
« T’assomer ? Et ne pas profiter de ton répertoire de chansons de noël jusqu’à la dernière syllabe ? Plutôt rester attaché à une chaise lestée. Tu avais l’air si emballée de toutes les réciter, je n’ai pas osé t’interrompre. Tu me menaçais avec du champagne. »
Le vampire eu un sourire en coin, ne retenant pas le léger rire que cette situation lui inspirait à la moindre évocation de l’événement. Il devait encore y avoir quelque part sur son téléphone portable les photos compromettantes envoyées par Gabrielle mais il évita soigneusement de le lui rappeler. Il n’était pas homme à manipuler les femmes séduisantes sans raison, encore moins à les tourmenter pour le plaisir. Pas actuellement.
Il bu une gorgée de son apéritif italien, laissant un instant de silence avant que Queenie ne le prenne de court par son annonce… Pour le moins étonnante. Haussant un sourcil curieux, Livio fut étrangement flatté d’être ainsi mit dans la confidence mais aussi agréablement pris au dépourvu devant cette initiative. Lui qui s’impliquait toujours énormément dans les questions de droits et de libertés ne pouvait qu’encourager cette prise d’initiative !
Il se redressa même dans son fauteuil, se penchant en avant pour être sûr de ne rien manquer de ses explications aux fondements importants.
« Je trouve que c’est une très bonne idée. » Déclara-t-il quand elle fit mine de ne pas croire elle-même à sa tentative de postulat. « L’éducation est une part importante de la responsabilité d’une mairie sur le public qu’elle est censée représenter et défendre. Que seraient les écoles s’il n’y avait pas une ligne de conduite pour leur apprendre les valeurs civiques et citoyennes ? Comment pourraient-ils avoir confiance en une administration qui ne respecte ni ne comprend ce qu’ils vivent ? On s’intéresse très souvent à ceux qui peuvent voter, au détriment de ceux qui voteront dans l’avenir et grandiront avec les nouvelles mesures prises par la ville. Plutôt que de les laisser de côté, c’est une bonne chose de vouloir s’investir auprès d’eux. »
Il fit tourner son verre entre ses doigts, relevant son regard clair dans le sien. Son petit sourire en coin et son air tendu malgré ses épaules abaissées en disait très long sur le tumulte de pensées qui traversaient l’esprit de Queenie… Pourtant, plutôt que de l’étudier sciemment, Livio décida de se laisser un peu guider par ce qu’elle avait à lui proposer. Ils avaient déjà eu de nombreuses conversations et échanges, il savait qu’elle n’avait pas que l’allure agréable ou la poigne d’une matriarche : c’était une femme complète. Et complexe.
« Quelles libertés comptes-tu défendre ou remettre en avant ? Les droits des femmes et les égalités dès l’accès au savoir et à l’éducation ? L’équité d’accès au savoir est quelque chose qui a beaucoup fait défaut au fil des siècles et je me rend compte, maintenant, que priver ces dames et ces filles de lectures scientifiques comme philosophiques n’a fait que les pousser à vouloir faire mieux que les hommes. »
Il reconnaissait volontiers avoir fait défaut à la gente féminine de son vivant, quoiqu’il se montrait suffisamment visionnaire pour accorder crédit aux présentations de ses consœurs de l’époque… Une audace non partagée par bon nombre de ses pairs. Insensé, l’avait-on dit. Que valaient les femmes si ce n’était pas dans la cuisine ou dans la maison ?
Livio eu un petit sourire encourageant à l’attention de la pâtissière, vidant la fin de son verre d’une traite.
« Désolé, on n’en parle plus si tu veux. Y’a tout un tas d’autres sujets intéressants ! »
Elle comprit. Il mit une seconde à réaliser la question et remercia ses réflexes vampiriques pour l’empêcher de perdre la face à juste la contempler dévorer une fraise au milieu de sa bouche carmin. Les femmes avaient cet étrange pouvoir attractif sur les hommes et la fabuleuse capacité de les rendre plus idiots qu’une chaise ; et on avait osé les considérer comme le sexe faible ? Fariboles machistes d’une terreur que la virilité soit bafouée.
L’hématologue fit mine de réfléchir, laissant échapper un ricanement amusé.
« Pas vraiment, ça fait bien longtemps que je n’ai d’autres résolutions que de découvrir ce que la vie a encore en réserve pour moi. » Répondit Livio, sincère. « De ce fait, je profite de la compagnie quelle qu’elle soit et je tente alors de rendre la mienne suffisamment agréable pour espérer ne pas te faire fuir trop rapidement ce soir. »
Il appuya son regard dans le sien, poids dans ses paroles, tandis qu’il portait la main à la poche de sa veste. Il sentait son téléphone vibrer mais décida de le couper. Ce soir, Livio n’était pas disponible, quelle que soit la catastrophe à laquelle Aguistin, ou Dolores, ou quiconque puisse être confronté !
« Ne t’en fais pas, les fleurs sont prévues à partir du second rendez-vous. »
La taquina-t-il sur le ton de la confidence, ne voulant pas passer pour un rustre d’être venu les mains vides.
« Enfin, si prochain rendez-vous il y aura ? Je suis certain qu’on ne peut pas le décider après un seul verre mais… Pourquoi ne pas explorer la possibilité de passer un peu de bon temps ensemble ? Parce que si tu pensais que j’allais me contenter d’un bar pour une soirée en ta compagnie, tu te trompes : j’ai bien l’intention de t’inviter au restaurant pour le meilleur repas de ta vie ! »
Livio avait l’air si sûr de lui, une maîtrise de sa gestuelle et de ses paroles acquises au fil des siècles. Une concentration aussi, même s’il n’était pas difficile d’être agréable quand son interlocutrice était une telle mine de plaisir et de réthorique. S’il pouvait donner l’air d’être détendu et nonchalant, il n’en restait pas moins à l’affût du moindre de ses gestes ; un indice ou une évidence, en tout cas… Le jeu du chat et de la souris continuait, pour son plus grand plaisir.
« Ah moins que tu n’ai un dîner ailleurs de prévu ? Dois-je briser la figure à un quelconque prétendant que tu n’aurais pas déjà réduit à néant ou bien suis-je assuré de garder cette ravissante bouche pour moi seul. Et quelques fraises, évidemment, je ne fais pas le poids contre ça. »
Le vampire s’était penché vers elle, attendant ses réponses avec amusement et sympathie. Il n’y aviat pas à dire, elle le rendait aussi bavard qu’impétueux ! Une véritable liberté d’expression qui ravivait son âme et lui donnait la sensation, même pour quelques heures, d’être de nouveau jeune et vivant.
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Athénaïs du Chestershire
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C’était exactement à ça qu’elle pensait quelques heures plus tôt. Si elle aurait pu enregistrer Livio, ou carrément l’amener avec elle devant les deux oiseaux qui étaient venu la voir à la pâtisserie elle aurait fait. C’était comme si la conversation qu’elle avait eu dans son esprit quand les deux parlaient potins se matérialisait dans l’homme assis en face. Parler potins et ragots n’étaient pas une chose qu’elle appréciait forcément. Elle en avait fait l’effort, parce qu’elle avait bien vu que Jean Balthazar et Viktor voulaient l’amener sur ce terrain, mais ce n’était pas sa tasse de thé, comme elle leur avait dit. Tandis que là, elle écoutait avec attention les dires du brun, hochant la tête vivement. “Tout à fait ! Des politiques ainsi que des plans robustes et cohérents forment une base permettant de bâtir des systèmes éducatifs durables, d’atteindre les objectifs de développement en matière d’éducation et de contribuer efficacement à l'apprentissage tout au long de la vie. Il y a trop longtemps eu de beaux discours et non de l’action concrète dans ce domaine ce que je trouve vraiment regrettable !” Buvant un peu de son cocktail, elle eut un léger sourire face à Livio, qui l’écoutait aussi attentivement, les deux se jaugeant comme les chefs qu’ils étaient, chacun de leurs cotés. “Oh très bonne question ! D’ailleurs je trouve cela dommage que dans ma lettre de motivation je n’ai pu l’expliquer ! Il fallait faire qu'une feuille recto verso tu imagines un peu la chose ?” Outrée, c’était clairement ce que son visage affichée comme émotion. Queenie avait toujours été une femme forte, disant ce qu’elle pensait tout haut ce que les autres n’osaient pas dire voir même pas penser, et elle n’avait d’ailleurs pas pu s’empêcher de glisser un petit Post Scriptum en expliquant qu’il manquait une case de description de projet. “Si je ne te savais pas si occupé j’aurais presque peur que tu me prennes la place.” Son rire cristallin résonna quelques secondes avant que son visage ne devienne sérieux, elle aussi s’avançant sur le devant de son fauteuil. “Effectivement, l’égalité des genres constitue un combat qu’il est de bon ton de mener activement, surtout ici, à Storybrook. Certes ce n’est pas le Sud Sahel où les pays de l’est mais la mentalité de certains s’y rapprochent. On ne peut pas leur reprocher après tout, la population que l’on a vient d’horizons et de temporalités tellement différents. Il faut juste quelqu’un pour mettre tout ça au diapason.” Quand la malédiction s’était brisée, que les souvenirs étaient revenus, Queenie n’avait pas été aussi dépaysés qu’elle aurait pu le penser. Après tout, elle avait juste l’impression d’être de retour à Edolas, s’attendant quand même à voir débarquer une Erza Knighwalker en furie. Ce n’était ainsi pas pour rien qu’elle préférait demander l’identité des personnes qu’elle croisait, où cas où elle devrait défendre sa peau. Certes elles étaient restés en assez bon termes, mais elles avaient quand même détruit une île entière pour se prouver mutuellement que leurs convictions étaient la meilleur. C’est comme ça qu’elle avait découvert l’étendue des univers que cette malédiction avait touché. “Il faut proposer une solution aussi bien à des enfants élevés par des princesses du 15e Siècle que par des robots du 31e. Mais de tout temps, la transmission de la valeur d'égalité entre les filles et les garçons, les femmes et les hommes, se fait dès l'école primaire. Il faut que cette politique publique soit une condition nécessaire pour que, progressivement, les stéréotypes s'estompent et que d'autres modèles de comportement se construisent sans discrimination sexiste ni violence. Elle a pour finalité la constitution d'une culture de l'égalité et du respect mutuel quel que soit l’origine et l’appartenance. Ici l’on repart de zéro, on met tout à plat pour construire l’échelle des normes et des valeurs ensemble. Cela va passer par une refonte du programme éducatif, la formation des enseignants sur l'adaptabilité des contenus ainsi que la mise en place de cycles de conférences ouvertes à tous. Trois grands chantiers pourront être mis en place. Celui de la transmission des valeurs d’égalité entre les filles et les garçons. Puis le renforcement de l’éducation au respect mutuel et à l’égalité entre les filles et les garçons, les femmes et les hommes et pour finir l’engagement pour une mixité plus grande des filières de formation et à tous les niveaux d’étude. Je pourrais t’en parler pendant des heures encore même avec les quelques verres d’alcool qui se remplissent tout seul.” Elle avait remarqué que le gentil serveur venait de lui apporter le même cocktail sans qu’elle n’ait eu rien à demander alors qu’elle finissait tranquillement de déguster sa fraise, embrayant sur un autre sujet. S’ils avaient décidé de se retrouver dans un endroit comme ça, ce n’était pas pour passer toute la soirée à discuter de boulots, même si débattre sur ces sujets là était passionnant.
“Et je suis persuadée que ton réservoir doit être immense.” Elle cligna quelques instants de ses cils maquillés avant de se rendre compte de l’absurdité de sa phrase. Préférant se noyer dans son cocktail, elle releva vivement la tête, captant son regard si hypnotique. “Me faire fuir ? C’est plutôt l’inverse qui se passe en général.” Oh oui. Seule Mavis savait le nombre de rendez vous raté qu’elle avait eu. Certes, elle ne s’y était jamais investi à fond, n’y trouvant pas un réel intérêt, voulant juste faire comme tout le monde, sans doute pour prouver à River et Edan qu’elle n’était le monstre menaçant qu’ils décrivaient. Or il fallait bien croire que c’était eux qui avait raison, à bien regarder sa vie sentimentale. Jouant avec la pointe de ses cheveux, son sourire s’agrandit et deux taches rouges apparurent sur ses joues à la mention de fleurs et d’autres rendez vous. Il lui proposait d’aller au restaurant, de dîner avec lui, et de passer du bon temps. C’était presque inespérée. Après le sketch qu’elle lui avait fait, elle n’avait pas pensé à une chose pareille. Enfin pour être honnête si. Elle s’était imaginée cette discussion de nombreuses fois, dans des scènes différentes, mais que cela se passe dans la réalité, elle avait un peu du mal à y croire, car sous ses aspects froids et sévère, Queenie se révélait être une romantique rêvant au prince charmant, avec sa définition bien entendu du fameux homme de sa vie. “Ça serait avec plaisir !” Pinçant ses lèvres, elle rangea l’une de ses longues mèches de cheveux derrière son oreille. “Par contre, fais attention, je suis une critique gastronomique hors pair !” La gourmandise était l’un des défaut dont elle pouvait se targuer avec une certaine fierté. Elle n’était pas gloutonne, mais son appétit, comme tous les membres de la guilde, se trouvait vorace, son palais étant néanmoins plus fin que celui des garçons, ne pouvant se contenter uniquement de pâtes et viandes. “Pour le moment tu es le seul sur la liste des prétendants, mais qui sait si d’autres noms viendront s’inscrire ?” Si quelques instants auparavant elle n’avait pas fait attention au sous entendu de séduction qu’elle lui avait dit en lui proposant de se détendre avec elle, là, elle venait de piquer sa jalousie sciemment avant d’éclater de rire, une moue beaucoup plus réaliste. “Non sois sans crainte, en vérité il n’y a pas beaucoup de monde qui se bouscule au portillon.” Elle haussa les épaules d’une manière désinvolte, avant de plisser les yeux, une sensation de vertige étrillant son crâne. Elle cligna plusieurs fois des paupières avant de pousser un petit soupir. Avait elle bu trop d’alcool pour qu’elle se sente déja aussi mal ? Pourtant elle n’en était qu’à son deuxième verre, qui n’était pas fortement dosé contrairement aux cocktails habituels que Gabrielle lui faisait. Elle n’avait pas mangeait, c’était peut être un début d’explication à sa soudaine fatigue, une simple crise d’hypoglycémie. Balayant d’un revers de main hypothétique ce qu’elle ressentait, elle préférait se concentrer sur l’homme en face d’elle. “De plus, tu es un très bon partenaire de combat. Ce n’est pas agréable de finir en moins de trois mouvements. Ce n’est pas pour rien si je refuse à chaque fois de combattre avec Edan et River, l’issu est connu d’avance.” Il y avait un autre défaut que la blonde avait retourné en qualité, si l’on pouvait dire ça comme ça, c’était son immense orgueil. Si elle ne se vantait pas sur tous les toits, c’était uniquement parce qu’elle savait que les gens savaient qu’elle était la plus forte. Dans son monde comme ici, la malédiction n’avait pu gommer cela du caractère de la grande Titania, qui faisait la modeste mais qui ne le pensait pas. Pourquoi pas après tout ? Elle avait travaillé dur, acharnée, perfectionniste, pour avoir la place qu’elle occupait, les louanges qu’elle pouvait se faire de temps en temps n’étaient que méritées.
“Il est tellement rare de nos jours de trouver la personne adéquate avec toutes ses nouvelles modes de sport, qui au final, n’est utilisé que pour avoir le plus grand nombre de likes sur Instagram. Je le sais, la dernière fois à la salle, deux hommes sont venus me voir pour que je les aide à prendre des photos. On a bien discuté, c’était agréable mais dès qu’il s’est agit de faire marcher les muscles il n’y avait plus personne … tellement ridicule.” Queenie ne faisait pas que parler, elle agissait. Si parfois elle pouvait avoir quelques traits superficiels, ils n’étaient que la face visible de l’iceberg. “C’est ça les hommes aujourd’hui beaucoup de parlottes et peu d’actions. Mais je sais que tu n’es pas comme ça ! Ce qui est plus qu’un bon point.” Il fallait qu’elle parle. Il le fallait, car en parlant, la sensation de malaise qu’elle avait s'atténuer où plutôt passait au second plan. Elle avait extrêmement chaud, et pourtant elle n’était pas très couverte, ayant fait tomber sa veste noire dès qu’elle était arrivée. Son sixième sens surdéveloppé lui disait que quelque chose n’allait pas, qu’il fallait qu’elle se ressaisisse, qu’elle sorte immédiatement d’ici, mais tous les autres sens, ainsi que ses hormones et son coeur lui disaient de rester. Forcément, elle resta, adressant un grand sourire à son interlocuteur. “Après je ne dis pas que je n’aime pas traîner, le soir dans mon lit sur les réseaux sociaux. Personnellement j’ai crée mon compte parce que River m’a dit que cela pourrait amener des clients au Fantasia, et il a eu raison. J’ai d’abord été très étonné du nombre de personnes qui se sont abonnés à mon compte, encore plus quand ils ont dit à Gabrielle que c’était grâce à ça qu’ils étaient là. Puis de fil en aiguille, je me suis prise au jeu en postant des photos de moi. Très narcissique comme concept, mais ça plaît, et comme on dit le client est roi.” Elle avait sorti son smartphone pour illustrer en même temps ses propos, essayant de ne pas montrer qu’elle forçait sur sa vue pour voir les photos. De nombreux voyants s’allumaient au rouge en son fort intérieur, mais il fallait plus à la reine des fées pour vraiment s’inquiéter. “Je regarde des photos de pâtisserie du monde entier, et inversement. Dans mon monde, cette technologie n’existait pas. Nous avions ce que l’on appelait des lacrimas de communication. Des boules en verre de taille moyenne absorbant la magie dans l’air environnant, un peu comme notre corps, celui des mages. Ainsi quand une lacrima était chargée, il suffisait simplement de dire le nom de la personne pour qu’elle apparaisse, un peu sur le même principe ici que la visioconférence. Selon la puissance de la lacrima, l’on pouvait aussi faire apparaître en une sorte de, comment on dit ici, 4d ? Tu m’excuses deux petites minutes ?” Vacillant légèrement, elle fit un geste de la main devant sa tête comme pour lui indiquer que tout allait bien, ce qui n’était bien entendu pas le cas. Rapidement, elle chercha la porte les toilettes. Se frayant un chemin, elle poussa un énorme soupir en y rentrant, et en s'apercevant qu’ils étaient vide. Elle jeta un coup d’oeil au grand miroir qui surplombait les lavabos et elle grimaça en voyant son teint grisâtre. Elle s’était pourtant maquillée … Les vertiges reprirent de plus belles, et elle décida que le mieux était de s’enfermer et s'asseoir sur la cuvette des toilettes pour reprendre contenance. Or, à peine eut elle le temps de mettre le loquet sur la porte, qu’elle sentit ses jambes flageoler, n’arrivant plus à tenir sa grande carcasse , s’effrondant comme un château de carte sous une bourrasque de vent.
C’est la voix de Livio qui l’a fit émerger de son sommeil. Grognant, son cerveau mit quelques minutes à comprendre la situation. Non elle n’était pas dans son lit entrain de dormir tranquillement, elle était allongée dans la cabine étroite des toilettes, un liquide poisseux coulant le long de son crâne. Crâne qui d’ailleurs, abritait selon ses sens un groupe de rock tant elle avait l’impression que les sons lui parvenaient fort, dans un rythme soutenu, cognant contre ses tempes. Elle essaya de se relever, et c’est là, qu’elle sentit que quelque chose clochait. Son centre de gravité n’était plus le même, et surtout elle avait la désagréable impression d’avoir rapetissé … sensation qui n’en était pas une. Son hurlement fut suraiguë, pouvant faire concurrence à n’importe quelle soprano alors qu’elle se jetait sur la porte pour essayer de l’ouvrir, sautant pour atteindre le verrou. Elle n’arrivait pas à répondre correctement à ce que Livio lui disait tout simplement parce que ses neurones s’étaient déconnectés, encore plus quand elle sortit, tombant nez à nez avec son reflet. Enfin le haut de son crâne étant donnée qu’elle ne dépassait pas la hauteur des lavabos. Elle hurla encore, tout en se pinçant activement la peau. Elle était dans un cauchemar, un véritable cauchemar, elle allait se réveiller d’une minute à l’autre. “Ce n’est pas possible … ce n’est pas possible …” Elle porta les mains à sa gorge en entendant cette voix qu’elle pensait à jamais perdue dans les tréfonds de ses souvenirs. Celle de ses huit ans, celle qui avait tant hurlé de douleurs face aux tortures des adorateurs de Zeref qu’elle en était rauque. Les larmes montèrent dans ses yeux clairs, alors qu’elle levait la tête vers Livio, tout aussi perdu qu’elle. “Qu’est ce qui se passe !” Ses mains tremblaient devant son visage rempli de larmes. C’est alors qu’une pensée la traversa. “Non … oh non non non”. Elle tendit la main devant elle, essayant de faire apparaître l’une de ses armes mais rien ne venait. Pourtant, elle sentait la magie couler dans ses veines, constitutive de son personne. Alors elle se concentra au maximum fermant les yeux, puisant au fond d’elle même. Une immense épée commença à apparaître, en une sorte d’illusion tandis qu’elle priait tous les saints qu’elle connaissait pour que cela fonctionne. Au bout de quelques secondes, l’épée se materialisa enfin dans sa main, ses mains, la tenant fermement en l’air. Une enfant normale n’aurait pas pu, mais pas elle. Dès le plus jeune âge Erza avait appris à canaliser le flux magique qui coulait dans ses veines pour une seule et bonne raison, pour se protéger du monde extérieur. Avant la magie, elle n’était qu’une esclave soumis aux pires abominations, une pleureuse comme elle le disait regardant avec tristesse ses amis souffrirent. Avec la magie, elle était celle qui pouvait faire avancer les choses, la liberté guidant le peuple, aidant tout ceux tombés sur le chemin et enfermant son coeur à la vue et au su de tous, derrière cette lourde armure qu’elle portait quotidienne. Ne pas pouvoir utiliser sa magie, et la puissance qu’elle avait signifiait beaucoup de choses pour la rouquine, dont les cheveux flamboyants étaient redevenus comme avant. “Bon … je ne peux faire apparaître que ça pour l’instant et je n’ai pas d’armure à ma taille … c’est très problématique.” Tout comme le fait qu’elle se rendit compte que maintenant qu’elle était nue, une fois rassurée, enfin tout aussi rassurée qu’elle aurait pu être dans cet état là … Forcément, la robe qu’elle portait n’était plus à sa taille, étant tombée au niveau de ses chevilles quand elle avait forcé pour faire apparaître son arme. Et il ne suffit que de ça pour que les larmes coulent à nouveau sur son joli visage, le noyant sous un torrent. “J’ai …. froid …. et j’ai faim …” Visiblement il n’y avait pas que la taille qui était retournée dans le passé, car sous ses aspects de conquérante, Erza avait été une petite fille comme les autres, où du moins, qui aurait dû être comme telle.
You're a stranger, I'm a native. In the wastes we're born afraid. We're born afraid. Hunt the wicked. Chase disaster. In the world our sin has made... I'm not afraid. no more heroes.
Livio était plutôt connu pour ses belles paroles liées à des actes concrets et, en matière de charme et de cours, il ne se laissait pas abattre facilement. Amener une dame à parler et dévoiler un peu de ses secrets était un art qu’il avait travaillé au travers des décennies, relevant l’importance de leur faire confiance et de les laisser saisir elles aussi la teneur de leur vis-à-vis. Les considérer écervelées et naïves était une erreur que bien des hommes commettaient, un jugement de valeur qui les menaient à se faire éventer d’une gifle ou d’un refus quand il suffisait de quelques bonnes manières pour se montrer gentleman. Dénigrer une entité féminine revenait presque à signer un contrat à vie avec le célibat et l’insignifiance… Le vampire, loin d’être un homme à femmes, préférait toutefois la conversation à toute autre forme de manipulation ; il pouvait se vanter de n’avoir que rarement forcé une femme à exécuter ses demandes, séantes ou non, n’ayant aucun mal à obtenir ce qu’il voulait. L’Italie coulant dans ses veines pouvait se vanter d’un enfant respectueux de ses traditions.
Queenie était exactement le genre de femmes qui impressionnait et attirait Livio. Vive d’esprit, aussi sublime d’extérieur que d’intérieur, entêtée dans ses idées et ses valeurs, défendant les idéaux et parfaitement capable d’une folie qui pouvait attirer aussi bien le ridicule que le meilleur. No*el avait réservé une excellente surprise, lui offrant une possibilité supplémentaire de marquer des points en la raccompagnant, ivre morte, et ne s’attaquant pas à sa vertu malgré les très nombreuses demandes de la blonde envers son corps. D’ordinaire, il aurait cédé sans regrets. Mais Queenie n’était pas exactement comme les autres. Et peut-être qu’elle serait plus que cela… S’il se décidait à lui laisser une chance. Et vice-versa.
Occupé à fixer l’écran de son téléphone portable, ne comprenant pas complètement l’intérêt de l’utilisation des réseaux sociaux mais acceptant l’idée d’une communauté suffisamment efficiente et efficace pour les créateurs comme la pâtissière, Livio remarqua peu à peu que le pouls de la jeune femme résonnait de plus en plus vite à son oreille. Une alerte simple, d’abord prise pour un rapprochement qui lui avait plu mais… Finalement, la pâleur de son visage ne correspondait pas à l’idée qu’il puisse lui plaire. Le rouge de ses joues avait disparu et le froncement de ses sourcils n’annonçait rien de bon. Se sentait-elle mal ? L’idée de lui avoir fait quoi que ce soit ne l’effleura même pas, il était un vampire pas une quelconque créature influençant l’environnement. Ses yeux se plissèrent lorsqu’elle se leva, chancelante, laissant derrière elle son sac à main et son téléphone, tout comme sa boisson non terminée.
Une minute. Puis une seconde.
Livio déposa un billet sur la table et se leva, refermant sa veste d’un geste tandis qu’il attrapait les effets de la jeune femme et se rapprochait des toilettes où Queenie avait disparue. Comptait-elle lui fausser compagnie ? Etonnante idée. Stupide idée, elle ne se serait pas enfuie en lui laissant de quoi la retrouver… Une Cendrillon moderne peu astucieuse, ce qui ne lui correspondait pas vraiment. S’écartant lorsqu’une femme sortie de la pièce, lui jetant un regard indigné auquel il répondit avec tranquillité, il revint pour frapper à la porte, appelant la demoiselle à l’intérieur. Qu’elle ne lui réponde pas n’était pas forcément la meilleure des récompenses, s’inquiétant qu’elle ai pu faire un malaise ou quoi que ce soit d’inquiétant. L’odeur du sang ne lui implosait pas les narines, il n’y avait donc aucun meurtre ou corps éventré derrière cette porte ; en se concentrant – et entrouvrant légèrement les toilettes – il parvint à discerner une respiration et un pouls. Vivante, donc. Mais dans quel état ?
Le hurlement le fit basculer en avant et il franchit la limite… Pour tomber nez à nez avec une jeune personne complètement dévêtue en train de se regarder dans la glace comme si elle venait de voir un fantôme. S’immobilisant sous la surprise, le vampire fronça les sourcils en essayant de comprendre où se trouvait Queenie : il se pencha pour observer en direction des cabinets mais tous semblaient vides. Il n’y avait que cette jeune demoiselle qui, dans un effort surhumain, fit soudain apparaître une épée dans sa main ! Attendez… Livio savait que la pâtissière possédait des talents naturels pour changer d’armes et de tenues, elle l’avait montré à maintes reprises sur le ring, mais de là à être capable de… Rajeunir ?! Qu’est-ce que c’était que ce bordel encore ?
Passé le premier instant de surprise, un air sévère s’afficha sur sa figure alors que son esprit turbinait à toute allure pour ne pas perdre le fil de cette étrange réalité. Qui était cette gamine ? Est-ce qu’elle venait de prendre la place de Queenie ? Ou, pire… Est-ce qu’elle était la blonde sulfureuse à qui il parlait juste avant ?
« Queenie ? » Interrogea-t-il.
Ce fut plus une affirmation qu’une question, d’autant plus qu’elle confirma elle-même quelques instants plus tard en hochant vigoureusement la tête. Très bien, elle était donc de la taille d’une fillette d’une dizaine d’année tout au plus et… Elle venait réellement de se mettre à pleurer ? Qu’est-ce que c’était que ce délire, là ? Levant les yeux au ciel, se retenant de justesse d’une réflexion, Livio se demanda ce qu’il avait bien pu faire au karma pour lui asséner un nouveau coup derrière la nuque de cette manière. Ne pouvait-il pas, au moins une fois, profiter d’un rendez-vous tranquille en compagnie de celle à qui il faisait la cour depuis des semaines ? Non, il fallait que ce soit de nouveau perturbé, et quand ce n’était pas Aguistin ou Dolores, c’était la magie elle-même qui s’y mettait ! S’il avait été malpoli, il aurait juré. A la place, il laissa la porte se refermer dans son dos et se décida à bouger : il déposa les affaires de Queenie sur le bord du lavabo et consentis à retirer sa veste de costume pour la déposer sur les épaules de la version miniature de son rendez-vous. Tapotant légèrement cette dernière, le vampire posa genou à terre pour nouer les trois boutons qui s’y trouvaient pendant qu’elle passa ses bras dans les manches bien trop grandes. L’épée tomba lourdement au sol dans un bruit sourd.
Il allait sérieusement devoir revoir ses priorités pour la soirée.
« Bon, c’est pas si terrible et ça pourrait être pire… Ne pleure pas. On va trouver de quoi te couvrir un peu mieux et… De quoi te sustenter. Je ne suis pas sûr qu’un verre d’alcool te suffise ni ne soit vraiment légal vu ton apparence actuelle. » Terminant de nouer la veste, il se redressa. « Qu’est-ce qu’il s’est passé ? »
Tout en écoutant sa réponse, Livio récupéra la robe tombée sur le sol et la roula soigneusement, tendant son téléphone et son sac à la propriétaire de ces effets. Mieux valait ne rien laisser trainer derrière eux : si Queenie avait été empoisonnée à cause de son verre ou si quelqu’un la surveillait, il fallait se montrer prudent. En particulier maintenant qu’il était mêlé à l’histoire et qu’il surveillait tout autour avec la capacité surnaturelle d’avoir envie de défoncer la tronche de quelqu’un… Pourquoi aucun de ses rendez-vous ne pouvait bien se passer ? Il n’était pourtant pas le plus malchanceux de la fratrie. S’il attrapait le responsable de cet état, ça allait barder extrêmement sévèrement. Livio était patient mais absolument pas magnanime.
Alors qu’il se tournait pour sortir, une demoiselle aux longs cheveux bruns fit irruption et s’immobilisa, aussi surprise que brutalement charmée, ses yeux se permettant un long aller retour du visage du vampire à ses chaussures. Au sourire qu’elle afficha, elle le trouvait à son goût et redressa son dos pour mettre en avant son décolleté radieux dans la robe échancrée qui soulignait ses courbes. Comme si c’était le moment ! L’étrangère ouvrit la bouche mais Livio leva la main pour la poser sur l’épaule de mini-Queenie et la pousser en avant.
« Veuillez me pardonner, nous sortons d’ici. » Déclara-t-il, non sans un sourire poli. « Quelqu’affaire d’une urgence absolue. »
En la contournant, il soutint son regard et la vit attraper le bord de sa chemise un instant. La seconde d’après, elle glissait une carte avec probablement son numéro de téléphone dans la poche de son pantalon et ne manquait pas un effleurement supplémentaire. Malgré son regard perçant, Livio afficha un petit rictus amusé et détourna son attention pour se concentrer sur Queenie qui reniflait d’un air désolé et boudeur devant lui. Bon sang, voilà qu’il se retrouvait à s’occuper d’une enfant au lieu de converser avec la plus sculpturale des créations !
Il remarqua son regard noir en avançant avec elle au travers du bar.
« Ai-je fais quelque chose de mal ? »
Demanda-t-il, faussement impressionné de son expression. Il fallait avouer que la pâtissière était ici mignonne, nullement effrayante.
« Peut-être devrais-je te reconduire au quartier général de la guilde au cas où ils aient une solution ? … J’ai bien peur de ne pas avoir de vêtements adaptés sous la main. »
Et la plupart des magasins étaient fermés à cette heure. Restait à ne pas se faire alpaguer alors qu’il se promenait avec une demoiselle uniquement vêtue d’une veste de costume et d’une épée plus lourde qu’elle ! Ah, il avait fière allure le vampire pour le coup… Parfaite allure. Bon sang, Ambroise en aurait rit à en mourir une seconde fois s’il l’avait vu.
Une fois qu’ils furent à l’extérieur, la nuit était tombée et révélait ses lumières tranquilles en perspective de la soirée à venir. Soirée prenant actuellement un tournant des plus étrange et décisif : devait-il la laisser dans un taxi pour rentrer chez elle ? Cela semblait aussi saugrenu qu’insultant. La réservation du restaurant allait sauter mais il ne pouvait pas l’y emmener comme si de rien était alors qu’elle avait encore du sel sur ses petites joues et les cheveux ébouriffés de ses frayeurs… Elle aurait été mignonne si son regard ne lançait pas des éclairs dans toutes les directions, comme prête à bondir sur un adversaire invisible. Mieux valait se rétracter dans un endroit un peu plus sûr afin de chercher des réponses, même s’il ignorait à quelles questions et par où commencer.
Il siffla un taxi, lequel s’arrêta à leur hauteur et il ouvrit la porte à Queenie dans une invitation. C’était décidé, il la raccompagnerait. Si quelque chose lui arrivait, Livio n’ignorait pas qu’elle pouvait se défendre mais dans cet état et avec sa taille… Pas certain qu’elle s’en sorte aussi bien que les autres fois. Il l’entendit donner une adresse et boucla sa ceinture – pure habitude esthétique.
« Promis, je n’ai rien mis dans ton verre. » Se défendit-il une fois à l’arrière en sa compagnie.
Manquerait plus qu’elle le croit responsable ! Ce rendez-vous prenait des tournures de drama infernal.
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La vérité sort toujours de la bouche des enfants } feat Livio G. Marban