Assise par terre, elle m'observait de ses grands yeux de Chat Potté, rendus d'autant plus énormes par les doubles foyers mal nettoyés qu'elle portait toujours. Les mains jointes en signe de prière, elle me donnait vaguement l'impression de tenir le bonheur de toute sa vie entière entre mes mains et ce n'était pas tellement pour me déplaire. Je crois que si j'avais demandé, elle m'aurait léché les chaussures - sauf que c'est dégoûtant, donc c'est pas demain la veille que je demanderai un truc pareil.
Son regard suppliant valait mille mots.
Je secouai la tête et roulai par la même occasion des yeux.
- Très bien, soupirai-je dans ma grande mansuétude. Tu peux venir mais à deux conditions : tu ne morves sur personne et tu ne me fiches pas la honte.
- C'est promis, Dégoût, assura-t-elle à demi voix, les yeux brillants de larmes et de reconnaissance. Je le ferai pas. Enfin… Je vais essayer. Je me montrerai digne de ta grande bonté, jura-t-elle faiblement la main sur le cœur avant d'enserrer mes jambes.
J'attendis patiemment qu'elle finisse avant de récupérer les pleins pouvoirs sur mes mouvements et de me préparer. Aussi près de Noël, il fallait que j'achète LA tenue de fête idéale et quoi de mieux que de me rendre chez Elsa ?
Nous nous connaissions depuis mon arrivée, deux ans et demi plus tôt. J'avais visité sa boutique par hasard et, en même temps, c'était comme si le destin avait poussé mes pas jusqu'à chez elle. L'endroit était parmi les plus agréables en ville mais je m'étais bien vite aperçus qu'avec un peu d'aide de la bonne personne (c'est-à-dire moi) il pouvait rayonner davantage. Elsa n'avait pas tardé à dire que j'avais raison (preuve de sa supériorité intellectuelle) et j'avais ainsi pu l'aider à développer son affaire en commençant avec la création d'un site internet tendance.
Depuis, nous étions amies. Elle était le joyau du nord de la collection de gens triés sur le volet que j'aimais dans cette ville.
Sandy avait fatalement fini par apprendre que j'étais la meilleure amie de la Reine des Neiges et, en dehors de ses larmes de crocodile qu'elle dispensait chaque jour, ne vivait que pour rencontrer son idole. C'était évidemment hors de question. Et puis quoi encore ? C'était déjà pas évident de s'afficher avec elle juste pour aller acheter des gaufres alors la ramener dans le temple de la mode face à Elsa…
Pourtant, à dix jours de Noël, que voulez-vous que je dise ? Oui, naturellement. Du Grinch, je n'ai que la couleur et les punchlines. En période de fêtes, elle et les autres essayaient de bien se conduire pour que Papa Noël soit gentil avec eux. Ca pourrait peut-être le faire.

Moins d'une demi-heure plus tard, nous pénétrions dans la boutique.
- Oh regarde c'est elle ! souffla Tristesse, admirative en l'apercevant.
Pour le moment, elle ne morvait ni ne reniflait et avait attrapé mon bras pour m'indiquer la Reine des Neiges.
- Oui, Tristesse, je sais. Moi aussi j'ai des yeux pour voir, rétorquai-je.
- Tu… tu crois qu'on peut aller lui dire bonjour ? demanda-t-elle, soudain hésitante.
- Eh bien c'est-à-dire que je suis en partie venue pour ça, fis-je observer avant de l'entrainer, d'un pas décidé, vers Elsa pour la saluer. Bonjour Elsa. Je suppose qu'avec tout le travail que j'ai fourni pour compléter le tien les affaires fleurissent et que tu as la perle rare pour faire de moi une reine pour les fêtes de Noël ? demandai-je sans reprendre mon souffle ni m'essouffler pour autant. Je suis venue avec Sandy qui tenait à te rencontrer.
Tout en parlant, j'indiquais l'émotion bleue qui lui souriait timidement, l'observant par dessus ses lunettes embuées. Elle lui adressa un timide signe de la main avant de demander :
- Est-ce … est-ce qu'on pourrait faire un selfie ? Ca me ferait très très plaisir et le plaisir c'est pas quelque chose que je connais souvent, renifla Sandy.

Free hugs never [kind of] bothered me anyways
Elsa & Deborah

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Elsa leva les yeux de son ordinateur en entendant la sonnette de la porte. Un simple regard lui permit de voir qu’il s’agissait de Deborah accompagnée d’une autre femme qu’Elsa n’avait jamais vue. En tout cas, la blonde était ravie de revoir son amie. D’autant plus que ça lui faisait une pause dans ce qu’elle était entrain de faire sur son ordinateur, à savoir développer son activité.

Un concept que Deborah lui avait appris et lui avait montré. Son application n’était pas difficile en soi, mais être toujours au taquet et poster de façon régulière des photos de ses créations pour attirer les clients, ça prenait du temps et Elsa avait du mal à se contraindre à cet exercice, trouvant plus gratifiant de dessiner ses tenues. Ceci dit, elle ne pouvait qu’avouer que ce concept que lui avait montré son amie lui avait permis d’accroître son taux de clients et ça n’était pas à négliger. Ceci dit, la souveraine n’avait pas l’impression que l’émotion était là pour le travail.

- Bonjour Deborah. Sourit-elle à son amie. J’étais justement entrain d’ajouter des photos sur le site de la boutique que tu m’as créé. Répondit-elle. J’ai toujours une perle de côté pour toi, tu le sais bien ! La taquina-t-elle avant de se tourner vers l’autre femme. Bonjour Sandy. Bienvenue dans ma boutique. Dit-elle avec le sourire mais avec un peu moins de chaleur que pour Deborah, puisqu’elle ne connaissait pas la nouvelle venue.

Elsa lança un regard un peu affolé à Deborah en entendant la demande de Sandy. Le contact physique, la blonde avait un peu de mal, surtout avec ceux qu’elle ne connaissait pas. Or pour un selfie, il fallait bien se prendre dans les bras ou d’autres choses comme ça non ? Et là… Ceci dit, Sandy avait l’air tellement malheureuse qu’Elsa avait l’impression d’être un monstre à hésiter ainsi. Alors refuser…

- Eh bien… Euh…

C’était un comble pour une souveraine que de s’exprimer ainsi ! Elsa dut prendre sur elle-même pour reprendre le contrôle de ses émotions, d’autant que de très petits flocons avaient commencé à tomber autour d’elle. Ce dont elle se fustigea intérieurement car elle n’avait encore jamais eu d’incident dans la boutique, ce qui avait toujours été sa petite victoire personnelle.

- Deborah, tu veux bien… ? Fit-elle en regardant son amie.

La jeune femme ne savait pas trop ce qu’elle demandait à dire vrai. L’aider ? Les prendre en photo ? Repartir avec son amie ? Non, la dernière solution certainement pas, Elsa ne manquait pas de respect aux gens, même s’ils la mettaient mal à l’aise comme là…

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by Wiise

Sandy était clairement impressionnée, puisqu'elle rencontrait, pour ainsi dire, son idole. Je craignis qu'elle ne pleure quand Elsa lui sourit mais maintenant, Tristesse était une grande fille - plus ou moins. Pas encore très douée en sourire qui ne donne pas envie de partir en courant, mais elle parvint presque à faire bonne figure en le lui rendant. C'était satisfaisant. Si j'avais été son professeur je lui aurais donné un B- d'encouragement. Mais il en faudrait encore davantage pour m'impressionner, ne vous détrompez pas !
Je ne manquai pas de noter les quelques flocons créés par Elsa suite à la demande saugrenue de Sandy. Un jour, peut-être, elle comprendrait qu'on ne peut pas demander un vulgaire selfie à une reine, mais nous étions loin de ce jour béni, d'autant qu'elle était bien trop occupée à s'émerveiller du spectacle dans un grand OOOOH murmure, les yeux brillants des larmes que l'événement lui procurait.
J'aurais, certes, pu intervenir. Mais qui suis-je pour refuser à deux handicapées sociales un exercice grandeur nature de socialisation ?
D'aucuns diraient que c'est un peu mesquin et ils n'auraient pas forcément tort. Cependant, Sandy n'est pas la pire des fans qu'on puisse avoir - même si elle morve parfois - et quoi qu'on en dise, j'aime bien quand elle est joyeuse - c'est si rare, en plus !
Manifestement, c'était aussi un exercice de traduction et d'expression orale, notai-je en détournant le regard des flocons pour le poser sur Elsa. Puisque déjà c'était à moi de comprendre les pensées de sa majesté, autant les comprendre à mon avantage, n'est-ce pas ?
Je souris à la souveraine avant de sortir mon iPhone X :
- Très bien, mesdames. Puisque la photographie est aussi un art, tâchons de faire les choses bien. Sandy, retiens encore tes larmes de bonheur pendant deux minutes et mets toi à côté d'Elsa sans empiéter sur son espace vital… Voilà, comme ça c'est pas mal. Ensuite, essaye de sourire gaiment, je sais que t'es pas programmée pour ça mais t'as vu des films, je crois en toi, tu peux le faire.
Et elle le fit. La photo pourrait être acceptable, en dépit du gros pull informe en pilou que Tristesse portait depuis la veille.
- Elsa, toi tu es parfaite, change rien, c'est bientôt fini. Tu peux mettre ta main sur l'épaule de Sandy si tu te sens d'humeur généreuse.
Tristesse était prête, le cœur gonflé d'émotions et prêt à exploser. Elle demanda à Elsa :
- On refera une deuxième photo avec Dégoût aussi ?
Je roulai des yeux, exaspérée. Manquerait plus qu'elle invente Colère, Peur et pourquoi pas Aryana !
- J'sais pas ce que tu en dis, Sandy, mais moi je pense que les souveraines n'ont pas un emploi du temps permettant de caser 3h de shooting par jour...
Si Elsa voulait saisir la perche et se contenter d'une photo, la balle était dans son camp !

Free hugs never [kind of] bothered me anyways
Elsa & Deborah

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Au moins quelqu’un se réjouissait du spectacle des flocons qui s’étaient invités à cette petite rencontre. Elsa soupira d’agacement en voyant qu’elle n’avait pas réussi à maîtriser totalement son pouvoir, encore une fois. Pourtant elle parvenait à faire ses ventes sans problème, alors pourquoi ? Pourquoi une simple demande de selfie la rendait nerveuse ? Sans doute parce que cela la mettait sur le devant de la scène d’une façon qu’elle n’appréciait pas particulièrement et qu’en plus de ça, l’autre femme n’allait pas s’empêcher de vouloir lui faire un câlin, la blonde le sentait. Or la souveraine n’aimait pas les contacts physiques, en dehors des câlins qu’elle donnait à Anna ou à Matthew.

Elsa s’était tournée vers Deborah pour avoir de l’aide, mais sans même préciser ce qu’elle souhaitait comme aide. L’émotion verte décida pour elle : ce serait les selfies. Bon. Deborah cherchait toujours à ce qu’elle s’ouvre aux autres, alors la créatrice ne devrait pas être trop surprise. Ceci dit, si elle voulait bien faire l’effort, la jeune femme espérait que cela ne durerait pas trop longtemps quand même, parce qu’elle n’était pas certaine de pouvoir supporter ça sur la durée. Or l’autre femme, Sandy, ne semblait pas savoir quand s’arrêter. Et Elsa n’était parfois pas assez diplomate pour faire comprendre aux gens qu’elle en avait assez…

- Eh bien… Si Deborah le souhaite, pourquoi pas. Répondit-elle, un peu hésitante avant de faire plaisir à Sandy et à mettre sa main sur l’épaule de celle-ci.

Comment pouvait-on être aussi émue d’un simple contact ? Elsa n’en revenait pas de l’air émerveillé de Sandy aussi regarda-t-elle Deborah qui semblait juste blasée du comportement de son amie. À croire que c’était habituel Ce qui devait bien être le cas non ?

- Ça va aller Deborah, une autre avec toi et on retournera à nos affaires, je n’ai pas oublié que tu souhaitais la perle rare. Sourit-elle à son amie, la remerciant du regard.

Elle aurait pu prendre l’opportunité que lui avait offerte la rousse. Mais Elsa avait promis de faire des efforts alors elle devait s’y conformer, même si c’était très inconfortable que d’accepter ainsi le contact physique avec une inconnue. Depuis l’accident d’Anna, Elsa n’avait plus eu de contact physique avec les gens. Sauf sa sœur et son neveu, à la naissance de celui-ci. La blonde était socialement inadaptée d’après Deborah et c’était sans doute vrai, aussi faisait-elle des efforts pour améliorer un peu tout ça, même si la commerçante était persuadée qu’elle aurait toujours un peu de mal avec les gens.

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by Wiise

Comme quoi, Elsa finirait tôt ou tard par être définitivement libérée, délivrée de sa gaucherie en public. C'était une bonne chose, même si sa main sur l'épaule de Sandy était trop raide et trop ferme et que son sourire paraitrait peut-être un peu forcé. J'avais fait de mon mieux, en tout cas, pour prendre rapidement la photo. Par chance pour Elsa, j'étais extrêmement douée, ce qui veut dire que, contrairement aux touristes chinois, je n'ai pas besoin de trois quarts d'heure pour cadrer une malheureuse photo.
Et ça, c'est vraiment une bonne chose. Peut-être encore une meilleure chose qu'une Elsa prête à faire deux photos de suite. Restait à espérer pour elle qu'elle ne serait jamais prise par un cast member de Disneyworld, sinon, les fans allaient finir par nous la tuer.
En attendant, j'étais plutôt fière d'elle, bien que décidée à ne le montrer qu'avec un petit sourire, histoire que personne ne prenne rien pour acquis.
- Vous êtes pas mal sur la photo, commentai-je en me plaçant de l'autre côté de Sandy, leur montrant d'abord le premier résultat avant de revenir en mode photo.
Elles allaient maintenant pouvoir apprécier mon talent pour faire des selfies, les veinardes.
Sandy m'enserra la taille de sa main tremblotante et chercha à croiser mon regard comme pour demander une autorisation - qui était demandée un peu trop tard, d'ailleurs, puisque ses doigts étaient déjà en place. Cependant, j'étais d'humeur généreuse : je n'allais pas la rouspéter pour si peu - et aussi afin qu'Elsa récupère son espace vital rapidement, puisqu'elle tenait visiblement encore plus au sien que moi.
Clic ! Le selfie fut rapidement dans la boîte. J'affichais le résultat et m'observai. Jugeant que j'étais une photo de plus parfaite, je laissai l'image affichée afin qu'Elsa et Sandy puissent aussi m'observer (et éventuellement s'observer) quelques instants.
C'est ce moment que choisit Sandy pour renifler bruyamment avant de tomber par terre pour enserrer mes genoux et sangloter de joie. Il faudrait vraiment que quelqu'un pense à régler son système nerveux parasympathique pour qu'elle arrête de pleurer de bonheur - quand elle pleurait de tristesse, c'était amplement suffisant !
- Oh Dégoût c'est tellement, tellement gentil de ta part de m'avoir emmener et d'avoir fait ces jolies photos qu'on pourra imprimer sur papier glacé même si… même si… MEME SI CA TUE DES ARBRES ! Oh c'est trop de bonheur et de conscience écologique d'un coup !
Je lui tapotai l'épaule et relevai les yeux vers Elsa que j'imaginais perplexe face à tout ça :
- Fais pas attention, c'est normal chez elle, elle va finir par se calmer. Et si tu me montrais plutôt cette perle rare ?

Free hugs never [kind of] bothered me anyways
Elsa & Deborah

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Heureusement que Deborah était son amie. Et heureusement que l’émotion savait parfaitement les efforts qu’elle faisait. Elsa avait décidé de prendre sur elle et de devenir plus sociable tout en s’entraînant à maîtriser ses pouvoirs. Elle faisait des progrès, dans les deux domaines. Mais parfois, elle devait vraiment se rappeler pourquoi elle faisait tout ça. Et avoir Sandy collée à elle était l’un de ses moments. Alors sans doute quelqu’un verrait-il sur la photo qu’elle s’était un peu forcée.

Mais cela n’était pas le principal à ses yeux. La blonde eut un petit soupir de soulagement inaudible quand la première photo fut prise. Ne restait plus que la dernière, le selfie. Et là encore, elle put compter sur Deborah. On avait beau dire, mais Deborah avait tout de même certaines raisons de se montrer aussi… Sûre d’elle. La crise de Sandy laissa la jeune femme perplexe et elle la regarda un instant, cherchant à comprendre. Ce que son amie rousse lui conseilla de ne surtout pas faire. Au lieu de quoi, elles se concentrèrent sur la pièce qu’Elsa avait mise de côté pour la rousse.

- Vu le froid qui s’est installé, j’ai pensé à toi… Je ne sais pas combien de temps le froid va durer, mais en attendant, tu auras une pièce unique sur le dos. Sourit la jeune femme en sortant un manteau dans les tons beige pour le montrer à Deborah.

Tout en croisant les doigts pour que son amie aime ce qu’elle avait préparé pour elle. Certes, Elsa avait prévu d’autres choses, juste au cas où. Mais vraiment, c’était cette pièce-là qu’elle avait préparé en pensant à Deborah. Et elle serait un peu beaucoup déçue si au final cela ne plaisait pas à son amie. Alors Elsa installa le manteau sur un mannequin pour que l’émotion puisse d’ores et déjà se faire une idée de la coupe et de ce que ça pourrait donner sur elle. Et bien évidemment, la créatrice croisa discrètement les doigts pour se porter chance.

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by Wiise

L'hiver, autant vous le dire tout de suite, ce n'est pas ma saison préférée. Pourquoi ? Pour un tas de raisons : le froid gerce les lèvres et fait couler les nez. J'ai déjà Sandy la pleureuse qui est comme ça pratiquement toute l'année, j'ai pas besoin que le temps de trois mois tout le monde s'y mette aussi. C'est aussi la saison de la grippe, ce qui m'oblige à emmener Peur à l'hôpital encore plus souvent que d'ordinaire. Et je ne peux même pas suggérer qu'il passe une IRM histoire de voir si tout fonctionne normalement dans sa tête (ce dont je doute fortement) sinon il va penser qu'il a un cancer. Sans compter que l'hiver c'est aussi la saison du verglas, des conducteurs qui prennent le volant tout en étant terrorisé de prendre le volant parce que c'est justement l'hiver (la "logique" humaine, un jour, faudra quand même que quelqu'un m'explique à quel moment ça a foiré) et des jours qui raccourcissent.
C'est aussi la saison de Noël, des solde d'hiver et de l'épiphanie [et de l'anniversaire de Camille - ndlr], me direz vous. Et je vous répondrai : oui, il fallait bien quelques avantages quand même ! D'ailleurs, la pièce qu'Elsa m'avait réservée constituait un nouvel avantage.
Je souris, satisfaite, en admirant la pièce à présentée déposée sur un mannequin - qui avait plus d'allure que Dyson Walters alors que le mannequin n'était, en fait, qu'un bout de plastique taillé et habillé.
- Comme dirait l'un des seuls québécois que je supporte malgré son accent : ça, j'achète, déclarai-je finalement.
- C'est vrai qu'il est très joli, approuva Sandy qui s'était assise à même le sol (par chance, elle avait au moins choisi un sol que je savais propre).
L'émotion contempla ses vêtements confortablement moches.
- Toi aussi tu pourrais porter de plus jolies pièces si tu ne morvais pas dessus et si tu me laissais t'enseigner ce que je fais, fis-je remarquer.
Elle renifla puis tourna un regard larmoyant vers Elsa :
- Est-ce que le manteau est fait avec de la peau d'un animal sauvagement et tristement assassiné dans le but unique de faire des habits de mode ? Je trouverais vraiment triste que la Reine des Neiges tuent des animaux mignons qui n'ont rien demandé.

Free hugs never [kind of] bothered me anyways
Elsa & Deborah

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Présenter la pièce qu’elle avait créée pour Deborah avait le mérite de lui permettre de reprendre constance. Sandy était assez… Demandeuse d’attention. Un peu trop pour Elsa qui s’en sortait très bien dans son travail mais bien moins dès qu’il s’agissait de relations sociales la concernant directement. Il n’y avait que peu de gens avec qui elle était à l’aise. Trois en réalité : Anna, Matthew et Deborah. Bien que Matthew ne compte pas vraiment, son neveu était encore trop petit pour la déstabiliser réellement.

- Contente qu’il vous plaise. Répondit-elle avec un sourire à Deborah et Sandy qu’elle observa un instant avant de se tourner vers son présentoir à chèche où elle en prit une bien précise, de couleur beige-rose avec de léger motif de flocons de neige blanc. Ceci devrait vous plaire. Et se marier avec la plupart des vêtements de votre garde-robe. Dit-elle à Sandy en la lui montrant avant de se tourner vers Deborah. Je ne maltraite pas les animaux. C’est de la fausse fourrure. Précisa-t-elle à son amie. Je suis une asociale notoire, mais pas une tueuse. Ajouta-t-elle, un peu indignée par les insinuations de son amie. Depuis le temps que tu me connais et que tu viens ici, tu devrais le savoir pourtant. Rajouta-t-elle avant d’en revenir à Sandy et de lui tendre la main. Vous venez qu’on essaye cette chèche devant un miroir ?

C’était difficile de toucher quelqu’un ainsi. Mais Sandy éveillait sa compassion. Ce ne devait pas être simple d’incarner une émotion comme la tristesse. Car Elsa n’était pas stupide, vu les pleurs incessants et le fait qu’elle était avec Deborah, il n’était pas difficile de penser à une émotion. La blonde se demanda rapidement si toutes les émotions vivaient ensemble et si oui, comment ça se passait. Mais elle n’osa pas poser la question à haute voix, de peur de voir Sandy pleurer de nouveau. Quoi que… Vu qu’elle lui proposait d’essayer quelque chose, peut-être que les pleurs ne tarderaient pas à revenir.

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by Wiise

Sandy observa le chèche avec de grands yeux admiratifs. Ca aurait été la 8e merveille du monde qu'elle n'aurait pas été plus hypnotisée. Comme quoi, on peut peut-être encore la sauver. Mine de rien ça me faisait plaisir. Pour ce qui était de la fourrure, j'étais contre aussi : porter un cadavre sur soi, j'appelle pas ça de la mode. Je ne pus donc qu'approuver d'un hochement de tête ce qu'Elsa expliqua. Je n'étais pas surprise mais comme elle tendait la perche en se traitant elle-même d'asociale, je la saisis naturellement au vol et ajoutai à l'attention de Sandy :
- Comme quoi, les Disney ne mentent pas tous. Ils auraient juste dû chanter "la solitude est pour moi le prix de la liberté". Y aurait eu deux pieds de trop mais ça n'aurait pas été si éloigné de la vérité que ça.
J'adressai un sourire satisfait (ma punchline était quand même géniale) à Elsa mais celui-ci s'adoucit rapidement pour indiquer le second degré et la taquinerie. Je ne méprisai pas Elsa - par contre, y a un tas de gens que je méprise dans cette ville.
Sandy, de son côté, était soulagée et heureuse aux larmes. Rien de neuf sous le soleil, en somme. Elle tourna son regard larmoyant vers moi, attendant une autorisation, une bénédiction divine ou dieu seul sait quoi.
- Je… Je peux ? Pour du vrai ?
Sandy était prise au dépourvu. Elle avait l'impression que personne ne s'intéressait jamais à la tristesse parce que la tristesse c'est méga déprimant (ce qui n'est pas totalement faux, au moins, elle est lucide).
Je roulai des yeux. Elle avait des chances que je sois là. C'était à se demander si un jour elle aurait besoin d'une autorisation parentale signée stipulant qu'elle avait le droit de respirer.
- Bah bien sûr que tu peux. Puisqu'on te le propose.
Je mimai une révérence pour lui indiquer le chemin, des fois qu'elle se perde (quand on larmoie, il arrive qu'on y voit plus clair).
Sandy allait se positionner devant le miroir, incertaine. Je restai en retrait et j'observai. Ca allait être un grand moment, d'une façon ou d'une autre.
- Et maintenant je fais quoi ? demanda Sandy en reniflant.
Elle s'était aussi tournée vers moi, confirmant qu'elle avait réellement besoin que je lui tienne la main tout le temps. Pas pour aller aux toilettes cela dit - et dieu m'en garde, ou n'importe qui.
- Sainte Patiente Elsa va te montrer comment on porte tout ça correctement. Interdiction de morver ailleurs que sur tes vêtements à toi si c'est absolument nécessaire, rappellai-je.
- Promis...
- C'est gentil de faire ça pour elle, repris-je à l'attention d'Elsa. Elle sait pas bien le montrer mais elle est contente là.

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Elsa & Deborah

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Elsa arqua un sourcil en entendant la tirade de Deborah. Que répondre à cela ? Elle avait raison au fond, la solitude avait été le prix de sa liberté. Mais la blonde ne s’en était jamais plainte, d’autant plus que la solitude n’avait pas duré très longtemps : elle avait vite été retrouvée par Anna. Au final, entre le moment où elle était partie et le moment où le nuage violet les avait emportés, il n’avait pas dû se passer plus de quelques jours. Maximum une semaine.

- Ça aurait eu moins de classe. Se contenta-t-elle donc de répondre avant de reporter son attention sur Sandy.

Il n’était pas très difficile de savoir quelle émotion elle était. La tristesse transparaissait à chacun de ses mots et nul doute que si Sandy avait été méchante, elle aurait pu pousser certains hommes à la grosse dépression, voire plus encore. Mais cela ne semblait pas traverser l’esprit de la brune et c’était tant mieux ainsi. Et puis bizarrement, Elsa commençait à se prendre d’amitié pour cette jeune femme singulière.

- Regardez, on peut la porter de différentes façons. Mais pour vous, je pense qu’il vaut mieux la mettre comme ceci. Indiqua-t-elle tout en montrant à Sandy comment faire. Ça vous va très bien. Et ça fait ressortir vos beaux yeux. Sourit-elle en regardant l’émotion dans les yeux grâce au miroir. Il n’y a pas de raison pour que Sandy ne reparte pas avec quelque chose elle aussi. En plus, je trouve que cette chèche était faite pour elle. Reprit-elle ensuite à l’attention de la rousse. À toi maintenant, j’aimerais voir comment le manteau te va, et pour ça, j’ai besoin de te voir dans toute ta splendeur. Déclara-t-elle avec un franc sourire sur le visage sur la fin.

C’était une amitié assez atypique qui avait débuté entre elles, mais au final, elles s’entendaient bien mieux qu’Elsa n’aurait pu l’imaginer. Quand on disait que les contraires s’attiraient, manifestement, on ne parlait pas que d’amour… Mais dans l’amitié aussi, ce proverbe semblait bien fonctionner. En même temps, il n’y avait qu’à voir Deborah et Sandy pour le comprendre.

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by Wiise