« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)
The moment you doubt whether you can fly, you cease for ever to be able to do it.
A Katmandou.
J'avais refusé d'accompagner Melody en boîte de nuit. De toutes façons, elle n'avait pas été livré à elle-même puisque Cadfael y était allé, lui aussi. J'ignorais ce qu'il s'était passé. Je n'avais posé aucune question car j'avais craint d'être indiscrète. Quoi qu'il en soit, depuis cette nuit-là, la jeune femme avait pris la décision de quitter Katmandou. Elle avait eu un déclic. Cadfael l'encourageait avec sa bienveillance habituelle. Je ne le connaissais pas encore très bien, mais il m'avait laissé une très bonne impression. Parfois, quand j'avais l'esprit libre, j'arrivais à me faire une bonne opinion des gens au premier regard. C'était rare, extrêmement rare. Cependant, depuis que je m'isolais fréquemment dans les hauteurs aux neiges éternelles, je me sentais beaucoup plus en phase avec ce que j'incarnais. Bien que je rencontrais toujours des difficultés à l'accepter. J'étais l'Âme, la première âme. Plus d'un aurait assurément pris la grosse tête. Dans mon cas, j'éprouvais une angoisse sans nom et je me figurais que cette âme se recroquevillait à l'intérieur de moi telle une petite chose triste et terrifiée.
J'avais posé un regard neutre sur Melody alors qu'elle préparait sa valise. Elle l'avait ouverte sur son lit. Cadfael et Yahnaa s'étaient rendus sur le marché. La vieille dame s'était mise en tête de ramener quantité de provisions pour le départ de la sirène. Je craignais qu'elle revienne avec un stand tout entier.
"Je pars." annonça-t-elle inutilement tout en jetant pêle-mêle ses affaires dans le bagage. "Ca a assez duré de faire l'autruche. En plus, on a choisi le mauvais pays pour ça. Il n'y a pas d'autruche au Népal."
Elle fronça le nez et continua ses préparatifs, visiblement nerveuse et agacée. Elle s'y prenait très mal pour plier les vêtements. Elle finit par les rouler en boule et les balancer dans la valise ouverte. En moins de deux minutes, cette dernière fut remplie avec presque rien. Avec une moue, je m'éloignai de la porte et rejoignis la jeune femme. Posément, avec la patience qui me caractérisait, je repris chaque vêtement pour le plier correctement et le ranger dans la valise.
"Je voyageais plus léger, avant." grommela-t-elle en se mordant les ongles. "En fait, je voyageais uniquement avec ce que j'avais sur le dos. C'était plus pratique pour traverser les océans. Ca ne m'a pas empêché de cacher des trucs dans des sacs étanches, au fond de certains récifs. J'ai arrêté de le faire quand je me suis rendue compte que des dauphins s'étaient étouffés avec en jouant. Ce sont un peu des crevards étant donné qu'ils ont cherché plusieurs fois à m'agresser, mais bon. Si je peux te donner un conseil : ne sous-estime jamais un dauphin. Ils sont violents et sanguinaires."
Je fronçai les sourcils tout en l'observant et elle soupira. Elle paraissait penser que ce qu'elle racontait était inintéressant, alors que c'était tout le contraire. Je sentais qu'elle était tendue à l'idée de partir, et qu'elle masquait sa déroute autant que possible. J'éprouvais une émotion similaire : l'incertitude, l'appréhension. Et maintenant, qu'allait-il se passer ? Elle avait raison : nous avions laissé nos vies trop longtemps entre parenthèses. Cependant, je ne me sentais pas prête à en reprendre le cours. Quant à elle, l'était-elle ? Le savons-nous seulement un jour ? Existe-t-il un moment propice ? Probablement pas.
"Pourquoi je te parle des dauphins ?" soupira-t-elle en levant les yeux au ciel. "Ce que je veux vraiment te dire, c'est que..."
Quelque chose d'étrange passa fugacement dans ses yeux : une lueur douce nimbée d'anxiété. Elle n'eut pas l'occasion de terminer sa phrase, car à cet instant, mon regard fut attiré par la jeune femme qui venait d'apparaître à quelques mètres derrière elle. Cassandre.
Je battis des cils, surprise par sa présence inattendue. Je lui avais dis que je restais disponible pour les urgences et je craignais que quelque chose de terrible se soit produit pour qu'elle se déplace en personne.
"Je sais, je t'ai dit que je te laissais tranquille mais il s'est passé un truc affreux." annonça-t-elle sans préambule. "Encore plus affreux que tes cheveux."
Je passai machinalement une main dans quelques mèches blondes et mes doigts se crispèrent. Qu'était-il arrivé à Storybrooke ou ailleurs, bon sang ? Melody se contenta de soupirer de plus belle et continua de jeter ses affaires dans la valise, tout en prêtant une oreille attentive à la conversation, sans en avoir l'air. Quant à Cassandre, elle l'ignora pour se concentrer totalement sur moi.
"Sérieusement, qu'est-ce qui t'a pris ? Quoique... plus je regarde et plus je trouve ça joli. On s'habitue quoi."
Elle pencha la tête de côté tout en me fixant, sceptique, puis finalement la secoua.
"L'heure est grave : Jules est mort."
Cette information me fit cligner les yeux de plus belle et bien que je n'ai pas le besoin de respirer, je sentis l'air se raréfier dans mes poumons. A tâtons, je cherchai le matelas pour m'y asseoir.
"Qu... quoi ?" balbutiai-je.
"Mais c'est qu'elle parle !" lança Melody avec aigreur. "Il suffit de mentionner un mec et la langue se délie toute seule ! C'est juste que je n'ai pas parlé du bon truc poussiéreux, la dernière fois."
"Comment...?"
... est-ce arrivé ? Non, je ne parvenais plus à coordonner mes pensées. Le souffle court, je parvins à formuler cette unique question :
"Comment peux-tu me l'annoncer de cette façon ?"
Ma voix était éraillée puisque je n'avais pas utilisé mes cordes vocales depuis des mois. Avec douleur, je plongeai mon regard dans celui de Cassandre. Je ne parvenais pas à y croire. C'était si soudain... Brusquement, je me sentis profondément coupable d'avoir quitté Storybrooke. Si j'avais été présente, peut-être que j'aurais pu l'en empêcher...
"Parce qu'il n'y a que toi qui puisses nous aider." répliqua mon amie.
Je fronçai les sourcils, à la fois terrassée par le chagrin et perplexe.
"Je ne sais pas ressusciter les gens. C'est Elliot qui peut le faire. Pourquoi n'est-il pas intervenu ?"
"Qui te parle de ressusciter qui que ce soit ? C'est pas pour ça qu'on a besoin de toi." fit-elle sans comprendre.
J'étais de plus en plus indécise.
"Comment est-il mort ?" demandai-je au prix d'un terrible effort.
"Attends, tu me suis quand je te parle ou pas ?" fit-elle, agacée.
"Non, je ne comprends absolument rien !" m'emportai-je. "Tu arrives comme un cheveu sur le Dal Bhat et tu m'annonces sans aucune délicatesse que mon meilleur ami a perdu la vie ! J'ai le droit de ne rien comprendre !"
"Là, elle essaie de rattraper tout ce qu'elle a pas dit ces derniers mois." fit remarquer Melody d'un ton exaspéré.
Je lui décochai un regard oblique qu'elle ignora en continuant de faire sa valise. Cassandre soupira.
"Il est pas réellement mort, mais c'est tout comme."
Cette précision me fit frémir des pieds à la tête. J'étais partagée entre être soulagée et doublement plus inquiète.
"Il n'est plus lui-même. Il est capricieux, impatient, borné, égo... non ça il l'a toujours été." poursuivit-elle.
Elle venait de décrire un Jules qui n'avait pas encore bu son premier café de la journée. Ne souhaitant pas l'interrompre, je restai silencieuse.
"Tu te rends compte qu'on a dû le priver de cigare et l'enfermer dans sa chambre ?"
"Qu'est-ce qui lui est arrivé ?" demandai-je, au comble de l'angoisse.
Avait-il vécu un nouveau drame qu'il n'avait pas réussi à surmonter, cette fois ?
"C'est physique ! Au début on pensait que c'était que physique, mais il y a un truc dans sa tête qui est différent. Il n'agit pas du tout normalement. Et puis tu verrais ses fesses ! Enfin non, excuse-moi (elle eut un rire sans joie) je devrais dire plutôt : l'absence de fesses !"
Je me mordis les lèvres tout en réfléchissant.
"En gros, si j'ai tout capté, il est devenu encore plus con qu'il ne l'était déjà." intervint Melody en haussant les épaules.
"Ouais, ouais ! C'est exactement ça." approuva Cassandre.
C'était bien la première fois que je voyais ces deux-là tomber d'accord sur quelque chose. La sirène garda son air des mauvais jours tout en ajoutant, haussant les épaules de plus belle :
"Ca arrive à tous les mecs, c'est dans leur ADN."
J'esquissai une moue dubitative et me levai brusquement.
"Conduis-moi à lui." dis-je sans détour.
Je n'étais pas prête à revenir. Certaines choses n'étaient pas réglées. Je n'avais pas terminé mon chemin initiatique. Mais si Jules avait besoin de mon aide, je ne pouvais ignorer son appel, même s'il n'émanait pas de lui mais de Cassandre.
Mon amie posa la main sur mon bras et l'instant d'après, nous étions dans la chambre de Jules, tout en haut de la tour. Par le passé, je m'étais rarement rendue dans cette pièce, car j'estimais qu'elle faisait partie de l'intimité de l'écrivain. Etre directement projetée en plein milieu me fit légèrement chanceler. Le lit était défait, d'innombrables feuilles chiffonnées et d'autres objets jonchaient le sol. Des vêtements étaient abandonnés sur le dossier du fauteuil et sur le plancher. C'était un véritable capharnaüm, alors que Jules était connu pour son sens aigu du rangement -il n'était pas Bibliothécaire d'Olympe pour rien.
"Effectivement, les choses ont changé." déclarai-je tout en tournant lentement sur moi-même afin d'évaluer les dégâts. "Mais... il y a aussi quelque chose qui manque."
J'attendis quelques secondes mais étant donné que Cassandre ne semblait pas comprendre, je précisai :
"Où est Jules ?"
N'avait-il pas été enfermé dans sa chambre ? Pourtant, je ne voyais aucune trace de lui. Quelques secondes s'écoulèrent encore avant qu'un petit grincement se fasse entendre au-dessus de nos têtes. Je levai les yeux et vis qu'une vitre de la coupole était ouverte et oscillait dans le vent. Elle se referma dans un claquement mais je m'attardai surtout sur la petite silhouette appuyée contre le verre de la coupole, juste à côté. Il s'agissait d'un petit garçon qui nous narguait d'un large sourire mutin. Malgré son apparence, son visage possédait des similitudes que je remarquais même à cette distance. Il s'agissait bien de Jules.
"Vous pensiez qu'une porte allait m'arrêter ?" lança-t-il d'un ton pompeux. "On ne tient pas un aventurier en cage !"
Il nous observait, les mains de chaque côté de sa tête plaquées contre la coupole. Sa voix était légèrement étouffée par l'épaisseur du verre, mais clairement audible malgré tout pour nous. Sans se départir de son expression victorieuse, il se redressa et entreprit de se déplacer le long de la coupole, ce qui était bien évidemment une très mauvaise idée.
"Jules, descends tout de suite ! Tu vas te rompre le cou !"
Je soupirai à ma propre réplique : voilà que je me comportais comme si j'étais sa mère. Le petit garçon pouffa et continua sa progression dans un équilibre précaire. Je me mordis les lèvres tout en continuant de le fixer, incertaine.
"On devrait l'attendre dans le jardin, au cas où il tomberait. On pourrait le rattraper." proposai-je à Cassandre, soucieuse.
J'avais à peine achevé ma phrase qu'il glissa et dégringola en poussant un grand cri. Sans réfléchir, j'apparus dans la cour de la maison, les bras tendus, prête à le recevoir, en espérant ne pas m'être trompée de trajectoire. Curieusement, il n'atterit pas dans mes bras. Fronçant les sourcils, je penchai la tête de côté et réalisai qu'il était accroché à une gouttière, près du balcon. Il était nettement plus sportif qu'avant. Il pencha la tête, sembla estimer la hauteur qui le séparait du balcon, et se laissa tomber. Il poussa un grognement de douleur mais se releva trois secondes plus tard, rayonnant.
"C'était incroyable !" s'écria-t-il.
"Vraiment incroyable..." marmonnai-je, soucieuse.
Je me téléportai juste à côté de lui et constatai qu'il avait un hématome sur la joue ainsi qu'une petite entaille, mais cela ne paraissait pas le tourmenter outre mesure. Au contraire, il souriait toujours alors que Cassie nous avait également rejoint.
"Vous avez vu ce que j'ai fait ?"
"Oui, tu t'es comporté comme un imbécile." commentai-je tout en m'approchant de lui et en l'incitant à renverser la tête en arrière afin de mieux observer ses blessures.
Il me fit une tape sur la main afin de me faire reculer et j'écarquillai les yeux, choquée par son comportement. Il me renvoya un regard dédaigneux :
"Il est vrai que tu es une experte en la matière. Moi, au moins, je ne prends pas des vacances en solitaire sans fixer de date de retour. C'est très étrange ce que tu as fait à tes cheveux, d'ailleurs."
Il grimaça et sembla enfin remarquer l'hématome à sa joue car il porta une main tout contre et la frotta, ce qui le fit grimacer davantage. Après quoi, il pivota vers Cassandre et exigea sans détour :
"Je mérite un cigare."
Il la fixa d'un oeil farouche, sans ciller. J'hésitai entre éclater de rire et m'inquiéter pour de bon.
"Ce cirque dure depuis combien de temps ?" demandai-je à mon amie.
"Trop longtemps. Je te remercie de t'en soucier." répliqua Jules, croyant que la question lui était destiné. "Je ne vois pas pourquoi on m'interdit des plaisirs simples. Je suis peut-être en modèle réduit, mais je possède toujours le même intellect. Et tout n'a pas rétréci, je tiens à le préciser."
Je secouai la tête avec un soupir.
"Effectivement, ton ego a l'air d'avoir triplé, ce qui n'est guère rassurant. Ca vient peut-être du fait qu'il est condensé dans un corps plus petit, il est à l'étroit donc il se manifeste davantage." songeai-je à haute voix.
Jules parut réfléchir quelques secondes. Enfin, il déclara :
"J'apprécie ta théorie. Bon, ce cigare, il vient ?"
Plein d'impatience, il ouvrit la main en direction de Cassandre et agita les doigts. Je ne pensais jamais penser cela un jour, mais j'estimais qu'il méritait une bonne gifle. Pour l'instant, j'étais trop perplexe pour l'administrer moi-même. Qui plus est, je me voyais mal coller une claque à mon meilleur ami et écrivain préféré. C'était le monde à l'envers.
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Tu as tellement raison de boire. Comme ça tu auras toujours l'air d'un petit con, mais tu pourras jeter la faute sur l'alcool !
J'eu un petit rire nerveux avant de faire apparaître un cigare dans ma main. Après tout, si Jules voulait fumer, où était le mal ? Qu'est ce qui pourrait empêcher ce PETIT CON à l'égo surdimensionné de se tirer sur un bon cigare ?! A peine était-il apparu dans ma main, que je l'avais montré au jeune garçon, avant de le briser en deux. Le cigare et non Jules - malheureusement. Puis, je l'avais fait brûler grâce à ces filaments rouges qui avaient pris place sur mes doigts. Non seulement son cigare venait de disparaître à la vue de tous, mais en plus, ses cendres allaient se perdre dans les méandres du Temps.
« Si tu ouvres la bouche. Si tu dis quoi que ce soit. Si tu protestes. C'est toi qui finira en tas de cendres ! »
Le voilà prévenu. Il en avait fait assez ces derniers jours pour que je perde mon self contrôle.
« N'empêche il a raison sur un point. C'est très étrange ce que tu as fait à tes cheveux. Pourquoi t'as fait ça ? » demandais-je à mon amie, tout en détaillant sa chevelure.
Généralement c'était quel genre de nanas qui se colorait en blonde platine ? En tout cas pas le genre de femmes comme Ellie. Elle n'avait pas changé à ce point, si ?
« Katmandou c'est pas comme en Thailande où il se passe des trucs bizarres, si ? Parce que j'ai vue un film sur la Thailande. Ca serait vraiment très surprenant que tu ais poussé le vice aussi loin. » ajoutais-je en plissant des yeux.
Je me posais réellement la question de ce que mon amie avait fait à Katmandou et à pourquoi elle s'était teint les cheveux. J'aurai voulu pousser l’interrogatoire le plus loin possible, mais on fut coupé par des bruits assourdissants. Comme des gémissements mélangé à de la suffocation et à je ne sais quoi d'autre. J'avais mis mes mains sur mes oreilles et fait une grimace en me tournant vers la nouvelle arrivante. Elle était tout de vert vêtu, ce qui ne lui allait pas du tout, car c'était déjà la couleur de sa peau. A peine avait-elle vue Ellie qu'elle s'était mise à faire des bruits bizarres et à paraître encore plus perturbée qu'elle l'était d'ordinaire. Puis, elle était rentrée dans la maison et elle s'était enfin arrêtée de gémir.
« Il s'est passé quoi là ? »
Je n'avais pas compris pourquoi Ellie n'avait pas pris Bernadette avec elle quand elle était partie et qu'elle nous avait tous lâchement abandonné. Mais bon, elle devait avoir ses raisons. Ce qui l'avait poussé à changer de coupe de cheveux... j'y reviendrais surement encore par la suite.
« Attends... » ajoutais-je en buguant totalement.
Parce que oui, le blond c'était choquant - encore. Oui, Bernadette était choquante. Mais quelque chose me revint à l'esprit.
« Melody ? » demandais-je à la jeune femme. « Pourquoi Melody était là avec toi quand je suis venu te chercher ? »
Je venais tout juste de tilter sur le fait qu'elle n'était pas seule, et que c'était la sirène qui l'avait accompagné dans ses aventures. Ca voulait dire que...
« Ah ouais... ok. Ca me va très bien ! » me vexais-je tout en croisant les bras sur ma poitrine. « Tu fais ce que tu veux de ta vie de toute façon. Tu pars à l'autre bout du monde toute seule, en compagnie d'une pouffe. Tu te déguises comme elle. Et vous faites absolument tout ce que tu veux sous la couette. Ca ne me regarde pas. Mais Melody ?! Non mais ça me va ! »
Je voulais même plus la regarder en face. Je portais mon attention sur Jules. Il était bien plus intéressant qu'elle, vue qu'il était fidèle lui. Enfin en matière de fuite. Parce qu'il ne fuyait pas. Et il ne complotait pas avec l'ennemi. Et il ne se tapait pas une sirène. Ou alors il ne changeait juste pas de meilleure amie. Non mais quelle... !
« Non mais tu sais, ça me va vraiment parfaitement. Y'a pas de raisons d'en faire tout un caca. De toute façon, on a des choses bien plus importantes à régler. » dis-je en regardant une nouvelle fois Ellie, juste avant de porter mon attention sur Jules. « Tu vas arrêter de jouer au gamin avec nous et nous dire exactement ce qui s'est passé et comment revenir en arrière. Et si tu rejettes encore une fois la faute sur ce pauvre Frank, je te démolis. Compris ? Ou alors je commencerais pas brûler ta chambre et tout ce qu'elle contient. T'as qu'à demander à l'autre tapette de coiffeur, j'en suis totalement capable ! »
Tapette ou pas, j'en avais aucune idée. Il parait qu'il se tapait, mais ne se tape plus l'amazone. Dans tous les cas, vue qu'il se tape quelque chose, le mot tapette lui convient parfaitement. J'espérais juste que Eulalie n'avait pas de pratiques trop bizarres avec lui, comme lui taper sur les fesses, car elles étaient déjà tellement plates, que ça ne ferait que les enfoncer d'avantage. Tout l'inverse de la jeune femme, qui disons le clairement, elle avait un gros cul. Et ça lui allait beaucoup moins bien qu'à Aphrodite. Je ne sais pas ce que Anatole avait fumé ce jour là quand il l'a créé, mais il a du s'endormir sur les fesses et oublier d'appuyer sur le bouton "stop" en matière de graisses fessiales.
« Non mais c'est fini ce cirque ?! » m'emportais-je à l'intention de Bernadette qui était de retour et toujours en poussant ces drôles de bruits.
Elle portait également un plateau dans les mains avec des oignons découpés en rondelle et des cure dent dessus. Elle comptait nous faire mannger ça ?
« Et après on se demande pourquoi les gens abandonnent leurs animaux sur le bas côté... »
Parce que oui, avec un comportement pareil, j'aurai bien voulu l'abandonner quelque part...
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Je laissai échapper un soupir bien appuyé en entendant la jalousie de Cassandre transparaître dans sa voix. Visiblement, elle prenait très mal le fait qu'Ellie puisse avoir d'autres amies qu'elle. Sa possessivité atteignait des sommets. Je n'en étais nullement étonné. Ce qui me préoccupait véritablement, c'était la fin funeste et prématurée de mon regretté cigare. Je n'en avais plus fumé aucun depuis des semaines et cela me manquait terriblement. Cette femme n'avait aucun coeur.
Bernadette agissait de façon encore plus étrange que d'habitude. Assurément, le retour d'Ellie la transportait d'émotion, au point qu'elle nous propose des rondelles d'oignons sur de petites piques.
"Non merci." dis-je avec une moue écoeurée alors qu'elle tendait le plateau vers moi.
"J'ai rencontré Melody un peu par hasard." expliqua Ellie à retardement. "C'est elle qui s'est amusée avec mes cheveux. Je me suis dit 'pourquoi pas ?'."
Elle passa distraitement une main dans sa chevelure alors que je haussai les épaules. Cassandre avait une réaction exagérée vis-à-vis de tout cela. Les femmes sont toujours excessives, surtout lorsqu'il s'agit de coiffures. En comparaison, les messieurs vont toujours à l'essentiel.
"Je vous ai déjà expliqué cent fois ce qui est arrivé !" lançai-je à Cassandre en roulant des yeux, excédé. "Un soir où je me lamentais autour d'un verre, Frank le chien a mal interprété mes propos. Il m'a donné ce que je croyais être un bonbon mais en réalité, la chose m'a fait rajeunir."
Jamais je n'aurais dû dire à ce sale cabot que je souhaitais "tout recommencer à zéro". Il m'avait pris au mot.
"Il m'a assuré qu'il n'existait aucun remède. Je suis condamné à rester prisonnier de mon corps d'enfant. Je vais devoir grandir de façon naturelle. Ca me déplaît autant qu'à vous. Alors s'il vous plaît, ne me privez pas des rares plaisirs qu'il me reste !"
Je plantai un regard intransigeant dans le sien.
"Donnez-moi un cigare, Cassandre."
Il y avait tout de même certains avantages à cette prime jeunesse : je n'avais plus jamais aucune douleur à la cheville et n'avais donc plus besoin de la canne.
"Je n'ai que l'apparence d'un enfant ! Plongez dans mon regard : vous verrez que je suis toujours le même !"
J'avais posé mes (trop) petites mains sur ses bras pour la faire pivoter vers moi et l'inciter à m'observer.
"Je suis toujours ce bon vieux Jules. Vous le savez, j'en suis certain. En fait, je commence à me demander si cette situation ne vous sied pas un peu trop."
Etait-elle satisfaite d'être plus grande que moi et de me considérer comme un gamin ? Evidemment. Depuis le temps qu'elle rêvait de me prendre de haut. D'ailleurs, elle l'avait toujours fait, mais quand j'étais encore un adulte, je possédais encore certaines libertés que je n'avais plus, comme l'accès à mon propre mini-bar et fumer.
"D'ailleurs, j'exige de retourner à la Bibliothèque. Le travail doit s'accumuler et Socrate doit se sentir un peu trop heureux. Il a dû tout réarranger à sa manière et cela m'agace rien que d'y penser. Je ne suis pas malade, j'ai simplement rétréci."
J'agrémentai mes paroles d'un air farouche. De toutes façons, on ne pouvait m'assigner indéfiniment à résidence.
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Tu as tellement raison de boire. Comme ça tu auras toujours l'air d'un petit con, mais tu pourras jeter la faute sur l'alcool !
J'étais en présence de deux personnes souffrant d'une maladie incurable. Le premier était devenu un enfant, sans complexes, sans jugeote, sans fesses. La seconde était devenue une femme muette, sans idées, sans jugeote elle aussi et sans... sans fesses. Ellie n'avait pas ce qu'on pouvait appeler des fesses à la Jules. Elle avait d'autres avantages, mais le fessier n'en faisait pas partit. Je m'étais jamais rendu compte de cela.
« On n'exige rien et on se tait quand je réfléchis. » dis-je à Jules en posant un doigt sur ses lèvres.
Ca n'était pas tous les jours que je réfléchissais à une solution pour nous sortir d'un pétrin. Il pouvait bien fermer sa bouche pour me laisser méditer sur la situation. Jusqu'à lors, je pensais que la simple présence de Ellie arrangerait tout. Je savais que Jules avait une attirance pour elle. Physique, intellectuelle et je ne sais quoi d'autre. Ca pourrait agir comme un choc chez un petit garçon de son âge, si il venait à voir apparaître la femme de ses rêves, ou l'amie de ses rêves. Enfin dans tous les cas, le choc n'avait pas eu lieu. A croire que sa maladie était véritablement incurable.
« Ote tes vêtements. » demandais-je à mon amie, tout en fixant Jules.
Ce dernier sembla si choqué que je détournais très vite mon regard en direction de Ellie, afin de lui faire comprendre que c'était à elle que je m'adressais.
« La puberté. C'est de ça dont on a besoin. Un choc bien plus grand pour que ça créé comme un déclic chez le gamin et que ça le fasse grandir d'un coup. Il faut utiliser les grands moyens ! »
Voyant que mon amie ne semblait pas enclin à se déshabiller, je songeais déjà à une autre idée. Mais comment voulait-elle que je puisse aider Jules, si elle restait fermer à toutes mes idées.
« Et si on déshabillait plutôt... » débutais-je en regardant autour de moi. « On l'a pas prise avec ? »
Où était Melody. Je me souvenais qu'on était apparu ici avec Ellie, mais est ce que la sirène était venue avec nous ? Oh tant pis... au pire elle finirait ses jours à Katmandou. C'était un lieu parfait pour elle. Qu'est ce qu'elle foutait dans les montagnes d'ailleurs ? Je ne voulais même pas savoir... déjà qu'elle m'avait piqué Ellie...
« A grand maux, grands remèdes. On va aller droit au but. » dis-je en prenant la main de Jules et celle d'Ellie et en nous téléportant.
On venait d'arriver à « Droit au But ». Un magasin de farces et attrapes de Magrathéa. Je m'y étais jamais rendu, mais j'en avais beaucoup entendu parler. C'était un petit homme, avec un turban sur la tête et une grande barbichette qui tenait les lieux. Il me semblait sympathique. A peine on était arrivé, qu'il s'était précipité vers nous afin de nous souhaiter la bienvenue.
« Je vend de tout. C'est pour une farce ? Un anniversaire ? Un enterrement ? Un sacrifice ? »
Il vendait vraiment de tout apparemment... J'observais un peu ce qui se trouvait autour de nous. Il y avait des babioles de toute sorte et... c'était une lampe ? Comme dans Aladdin ? Je ne pu m'empêcher de sourire avant de m'avancer pour la prendre. Mais l'homme fut plus rapide que moi et s'en saisis juste avant.
« Tu touches, tu payes. »
Je secouais la tête.
« Je voulais juste voir. De toute façon c'est qu'une babiole. » supposais-je.
« C'est une vraie lampe magique. Elle exhausse trois souhaits. Un, deux, trois. Pas un de plus. »
« Oui, j'ai vue ça à la télé. » dis-je d'un air sceptique.
« Ok. Offre d'essai. Demande moi un truc. »
Je ne pu m'empêcher de rigoler. Il était sérieux ? Allez, entrant dans son jeu...
« J'aimerais... »
« Je ne peux pas rendre les gens amoureux. » me coupa le marchand en regardant Jules, puis en me fixant avec un petit sourire.
Je plissais les yeux.
« Ce n'est pas ça. Je souhaiterais... »
« Je ne peux pas ressusciter les morts. » me coupa t'il une nouvelle fois.
« Je sais. Ce que je veux... »
« Il m'est impossible de rendre le pelage des chèvres plus doux. »
J'allais répondre quelque chose, mais il m'avait coupé cillé. Il était sérieux là ?
« Y'a vraiment des gens qui demandent cela ? »
« C'est arrivé une fois. » précisa t'il en levant son index pour mimer le chiffre un.
Je ne voulais même pas savoir quel genre d'individus avait ce genre de requêtes à formuler. Bien que sur le coup, un nom m'avait effleuré l'esprit. Mais c'était stupide de penser qu'Anatole serait venu jusqu'ici pour une histoire de pelage. Il pourrait sans doute remédier lui même à ce genre de soucis si il en rencontrait un. Et surtout, si il souhaitait y remédier.
« Mon ami doit redevenir grand. Un chien du nom de Frank lui a fait avaler quelque chose qui l'a rendu petit. Je veux inverser le processus. »
Le marchand hocha la tête.
« A tout problème, sa solution. Si vous avez l'argent, je vous fait ça. »
Il était sérieux ? C'était aussi simple ? Bien entendu, c'était pas Jules qui aurait trouvé une solution aussi rapidement. Ni Ellie. Bien que d'ordinaire oui. Mais qu'est ce qui clochait chez elle ? Une fois ce voeux accomplis, j'achèterais la lampe pour souhaiter qu'elle retrouve toute sa tête. Et sa couleur tant qu'à faire.
« J'ai ce qu'il faut. » précisais-je en tendant un rubis que je venais de faire apparaître.
Je savais qu'à Magrathéa, c'était le troc qui comptait et non l'argent.
« Je reviens. » me répondit-il après avoir pris le rubis.
Si il se tirait, je le traquerais. Mais en réalité, il n'avait disparu que quelques instants. Une fois de retour, il avait donné à Jules deux morceaux de bois. Puis, il avait retrouvé sa place d'origine - à savoir en face de moi - et il avait attendu que... que quoi en fait ?
« Et ? Il est où le souhait ? »
« Des échasses. Ca lui permettra d'être plus grand. »
Pendant quelques instants, j'étais resté bouche bée. Il se permettait de se fouttre de moi ? De nous ? Au lieu de m'énerver, je m'étais contenté de sourire.
« Vous connaissez Balthazar le coiffeur ? Il avait un salon à une époque. Ensuite, il m'a déçu. Il n'a plus de salon aujourd'hui. » fis-je avant de marquer une pause. « Cette boutique est à vous ? »
A peine j'avais fini ma phrase, que l'homme s'était approché de moi et m'avait mis des menottes aux poignets. Il les avait sortit d'où ? o_O
« Non mais il est con ce mec. Vous croyez que ça peut m'arrêter ? »
Je les avais ôtés. Du moins j'avais essayé. Sans succès.
« C'est quoi ça ? »
« Inhibiteur de pouvoirs. Elles disparaitront quand toute tentative d'agressivité vous aura quitté. » précisa t'il. « Certaines personnes les ont gardés jusqu'à 10 ans. D'autres, sont morts avec. »
J'allais le buter. Et ça n'allait pas m'aider à faire disparaître ces menottes. Me tournant vers Ellie, je lui avais adressé un petit sourire.
« Tu peux faire disparaître ça de manière à ce que je montre à ce type que je peux être très très gentille, si je le souhaite ? »
Il était mort... il était mort ! Avant que Ellie puisse répondre quoi que ce soit, l'homme la dévisagea.
« Ellie ? Ellie Sandman ? Non d'un Vaugon ! Vous êtes Ellie Sandman ? Je peux faire Selfie ? »
C'est pas vrai... j'étais tombé où moi ? L'homme ôta son haut et se retrouva en t'shirt. Dessus se trouvait une photo de Ellie avec noté dessus : « Je suis une femme libérée. ». C'était écoeurant qu'un homme puisse porter ça.
« Là, signez ici sur le tshirt. J'en ai un playground love dans la réserve. Il est transpiré, mais l'encre devrait prendre. Je vais le chercher. »
Et il disparu en direction de la réserve.
Ellie Sandman
« J'ai pas trouvé où on peut demander un rang personnalisé... ! »
| Avatar : Felicity Jones & Raffey Cassidy
« La seule amitié qui vaille
est celle qui naît sans raison. »
The moment you doubt whether you can fly, you cease for ever to be able to do it.
Tout aurait pu se dérouler différemment. Absolument tout.
Mais y réfléchir plus longuement n'aurait été que de vaines pensées. La réalité était ici : tenace, exubérante et colorée en la présence de Cassandre. Tout ce que j'avais cherché à mettre de côté était là sous mes yeux. Pour quelle raison avais-je voulu m'éloigner ? Dans le but de trouver qui j'étais réellement. Je venais seulement de m'apercevoir, en retrouvant contact avec ma meilleure amie et Jules, que j'avais repoussé ce qui me définissait le mieux : mes amis. Ce n'était pas en partant à l'autre bout du monde que j'allais donner du sens à ma vie, mais en restant auprès d'eux, jour après jour.
Ces impressions très positives furent légèrement balayées en raison de l'insistance du vendeur à réclamer un selfie et un autographe, mais je pris le parti de m'en amuser. Par le passé, j'avais tendance à tout prendre bien trop au sérieux. Il fallait que cela change.
Je fis apparaître un stylo dans ma main et écrivis mon prénom sur le tee-shirt, en le touchant le moins possible puisque, d'après les dires du vendeur, il n'était plus de la première fraîcheur.
"Moi aussi je veux apposer une dédicace !" lança Jules en se plantant à côté de moi.
Sans me demander la permission, il me prit le stylo et nota en lettres élégantes Jules Verne. Le tissu étant capricieux, le Verne fut beaucoup plus tremblotant que le Jules. Il coinça la langue entre ses lèvres, s'appliquant à enjoliver le second mot, sans succès. Quant à moi, je me contentai de sourire. Il était vraiment adorable sous cette apparence, et il me dépassait seulement de quelques centimètres, ce qui était plutôt amusant.
Je me tournai ensuite vers Cassandre et posai les mains autour de ses poignets. La pauvre s'énervait sur ses menottes depuis plusieurs minutes.
"Oh, je suis désolée. Je ne peux pas les enlever." dis-je en réalisant que mes pouvoirs n'avaient aucun effet dessus.
Jules émit un petit rire de gorge, plutôt satisfait de la déconvenue de mon amie. Décidant de la narguer jusqu'au bout, il lui tendit le stylo.
"Voulez-vous signer ce vêtement ? Ou peut-être préférez-vous que je le fasse à votre place ?"
A cet instant, le vendeur revint avec empressement.
"Regardez, vous avez un tee-shirt unique !" déclarai-je en attrapant le linge pour le lever entre nous comme un drapeau. "Signé par le grand Jules Verne et moi-même. Bon, je vous l'accorde, le grand Jules est plutôt petit en ce moment, mais ce tee-shirt n'en a que plus de valeur, non ?"
L'expression émerveillée du vendeur se dissipa très vite.
"Pensez-vous ! C'est grand malheur !" fit-il, déçu. "La côte de Verne a perdu en popularité depuis quelques mois."
"Monsieur Verne." intervint Jules en croisant les bras, mécontent.
"Il vit comme un moine. Plus rien à raconter de croustillant ! Plus de moment torride contre le mur d'une église ! Rien de trépidant ! Rien de rien !"
"Eh !" fit le grand petit garçon en agitant les bras dans sa direction. "Vous avez remarqué que j'ai rétréci ? Ca ne fait pas la une sur votre planète ?"
Le vendeur l'observa comme on contemplerait une bouteille de lait vide : avec tristesse et résignation.
"Tout le monde peut faire ça, c'est banal."
Le regard de Jules s'assombrit et il afficha une moue boudeuse.
"Si tout le monde peut le faire, donnez-moi le moyen de redevenir adulte ! Je suis certain que c'est dans vos cordes !"
Le vendeur lui désigna la lampe "magique".
"Oh, mais bien sûr ! Suis-je bête !" s'enflamma Jules en se précipitant vers cette dernière.
Il l'attrapa et la frotta avec énergie. Rien. Il recommença. Encore. Et encore. Toujours rien. Encore. Rien de rien.
"C'est une plaisanterie ?" s'énerva-t-il.
"Le génie est peut-être en vacances." répondit le vendeur en haussant les épaules. "Ca lui arrive souvent à la période des soldes sur Baladour III."
"Quand reviendra-t-il ?"
"Ouuuh... pas avant quarante ans." fit le vendeur tout en consultant son calendrier dont il fit défiler les pages à une vitesse ahurissante.
Je voyais que Jules se retenait de jeter la lampe par terre de dépit.
"Tu n'as pas envisagé d'emprunter le chemin le plus long ?" lui demandai-je, essayant d'arrondir les angles.
"Et puis quoi encore ? Je l'ai déjà fait ! Je ne veux pas repasser par tout cela ! C'est absolument hors de question !" dit-il, catégorique, alors que sa voix prenait des intonations aiguës, signe qu'il angoissait.
"Sans génie, il n'y a pas vraiment le choix, de toutes façons." glissa le vendeur avec un sourire contrit. "Bon, on fait selfie ?"
Et sans attendre d'approbation, son bras s'élargit brusquement et souplement, façon élastique, et passa autour de nos épaules pour nous rapprocher de lui. Je me retrouvai tout contre son actuel tee-shirt qui ne sentait pas la rose. Avec un sourire poli, je tentai de me reculer, mais il avait déjà levé sa paume libre depuis laquelle un unique oeil brillait.
"Dites "Crevette" !" lança le vendeur, exalté.
"Cre..."
La crevette en question, à l'intérieur de sa main, cligna de l'oeil avant que je termine de prononcer le mot, et un flash nous aveugla.
"C'est le plus beau jour de ma vie ! On peut faire bisou ?" me demanda-t-il.
Il était déjà près à prendre une autre photo, mais je me dérobai.
"Navrée, j'y suis allergique. " mentis-je (en songeant qu'une excuse passerait peut-être avec les aliens). "Cassandre adore les bisous, par contre."
Et tandis que le vendeur pivotait vers mon amie menottée, la bouche en coeur, je lui adressai un sourire goguenard. C'était ma petite vengeance pour nous avoir amenés dans cette boutique.