Je savais qu'il mentait. Bien évidemment qu'il lui arrivait d'avoir peur, d'être dérouté et encore plus de douter. Comment pouvait-il penser que j'allais croire le contraire, alors que je l'avais vu face à Grand Sourire lorsqu'il avait perdu son bras ? Je levais les yeux au ciel, trouvant inutile de débattre sur un tel sujet. Il était de ces personnes qui refusaient d'admettre leurs faiblesses face à des individus qu'elles considéraient comme inférieurs. Je n'allais pas perdre mon énergie et mon temps à tenter de le raisonner. Oui, il était épatant, et unique... comme tous les êtres humains, et puisqu'il n'était pas une exception, il avait donc des failles. J'estimais que certaines personnes étaient simplement plus exceptionnelles. Et je ne le mettais pas dans cette catégorie d'exception, peu importait son intellect. Ça ne faisait pas tout.
Je me stoppais en plein milieu des escaliers tandis que Michel-Ange allait faire preuve d'une démonstration de force contre la porte du détective. Je savais pourtant que mon ami estimait cet être détestable et j'avais noté, avec une certaine satisfaction sans doute déplacée, qu'il m'avait malgré tout défendu face à lui. Un bref sourire étira mes lèvres tandis que Jim était... perdu. Il ne comprenait clairement pas ce qui se passait. Et le discours plein de dédain de Sherlock n'avait pas dû l'aider. Je n'en avais moi-même écouté que la moitié. Il parlait trop. Et ce n'était pas peu dire, venant de moi.
« Je reviens tout de suite. » annonçais-je à l'attention de Moriarty qui ne chercha pas à me retenir.
Je croisais Michel-Ange dans le couloir et sans vraiment attendre, je le prenais dans mes bras dans un réflexe. Si au début j'avais eu beaucoup de difficultés à savoir quand je devais démontrer mon affection avec des gestes avec ceux pour qui j'éprouvais de l'amitié. Puis il y avait eu un certain malaise au départ, évidemment, parce que je ne voulais pas que ce soit mal interprété. Je ne ressentais aucune électricité entre nous, pas non plus d'attirance physique, tout était des plus platoniques et je crois que c'était le cas de son côté aussi maintenant. Il ne montrait plus de signe d'échauffement quand je le touchais en tout cas.
« Merci. Tu es le meilleur des amis. » prononçais-je en toute simplicité tout en continuant de le serrer dans mes bras.
Il était solide. Je n'avais pas besoin de trop me contrôler. Et j'estimais qu'il était normal de lui montrer que j'étais reconnaissante, ou tout du moins touchée par sa réaction. Je ne considérais pas avoir besoin d'aide, je ne me sentais pas blessée par les propos de Sherlock. Je n'avais pas à apporter d'importance aux pensées d'un intellectuel solitaire. Il ne comptait pas pour moi, son avis m'importait donc peu.
« Tu devrais raccompagner le Monsieur à la voiture, il ne vient pas d'ici, on doit le ramener chez lui. »Je faisais cette précision dans le but évident qu'il ne fasse pas d'erreurs en parlant de moi et de ma nature titanesque face à cet homme, ou encore en évoquant sa vie et ses capacités d'ancienne tortue ninja. Que cette personne soit en ville n'était déjà pas normal, personne ne devait connaître l'emplacement de Storybrooke. On m'avait tant de fois prévenu à ce sujet pour que je ne fasse pas l'inconsciente quand je partais en voyage ! J'avais encore quelques difficultés parfois, je devais l'avouer, mais je n'étais pas stupide au point de prendre le risque de révéler les véritables identités ou l'existence même des habitants au reste du monde.
« Je dois juste... récupérer Sherlock. Pas l'homme, le chien. » précisais-je en secouant légèrement la tête, consciente que ce n'était pas très clair.
Je relâchais finalement Michel-Ange avec un vague sourire avant de passer la porte de l'appartement. Ou du moins, l'endroit où elle s'était trouvée plus tôt. Sans dire un mot, je récupérais la laisse que j'avais laissé dans la cuisine et venais l'accrocher au collier du golden qui était des plus sages, bien que légèrement agité par les événements. Je n'étais pas confiante comme Diane au point de le laisser se balader en liberté. Je m'en serais voulu si je l'avais perdu.
Dans le même temps, je venais reprendre possession de ma carte d'identité et la remettais distraitement dans ma poche.
« Ça ne doit pas être facile. De tout deviner si aisément. D'être si brillant. Tout doit vous paraître bien insignifiant. » lâchais-je finalement, d'un ton presque empreint de pitié.
« Je ne remets pas en cause votre affection pour Kida, je pense même que c'est la seule chose positive à votre sujet. Ça prouve que vous êtes doté d'un cœur derrière cette façade. Comme tout le monde. » Je relevais la tête en direction du détective, sans faire preuve de la moindre agressivité dans ma voix ou dans mes gestes, tandis que je caressais la tête de Sherlock qui s'était relevé à côté de moi. Je n'allais pas lui faire le plaisir de revenir sur ses remarques concernant le barbier. Je n'avais rien prouver et me justifier face à un esprit aussi buté aurait été une preuve de stupidité.
« Michel-Ange vous adore. Il prend même le temps de vous défendre face à ceux qui ne vous supporte pas, comme moi. Ne le traitez plus comme un vulgaire larbin. »Il méritait mieux que ça. Et s'il continuait d'utiliser mon ami à sa guise et de profiter de sa gentillesse, je ne pouvais promettre de réussir à contrôler ma contrariété. Je lâchais un soupir, avant d'étudier la pièce dans sa globalité, et d'en sortir sans dire un mot de plus. Je saluais néanmoins la gentille dame en la croisant sur le pallier.
Je rejoignais la voiture garée en bas de l'immeuble et faisais rentrer le chien à l'arrière, à côté de Moriarty qui s'était déjà installé.
« Je suis désolée pour le manque de place, mais il est très sage, ne vous en faites pas. »Je savais que le chien n'était pas malade en voiture, c'était déjà ça. Sans attendre plus longtemps, je m'installais à côté de Michel-Ange en ne prenant pas la peine de lui demander si je pouvais conduire. Il allait refuser, comme toujours, même si Théodore m'avait donné des cours.
« On doit se rendre à... Lewinston. C'est ça, n'est-ce pas ? »Je jetais un regard dans le rétroviseur. James hocha brièvement la tête pour confirmer mes dires.
« Sa femme l'attend. Et on pourra aller chercher à manger après, j'ai faim, je n'ai pas eu de petits gâteaux. On pourrait même aller faire les magasins »La téléportation était bien plus pratique, elle nous aurait évité quelques heures de routes inutiles, mais nous ne pouvions malheureusement en faire usage. Alors... autant profiter de cette sortie improvisée de la ville pour découvrir de nouvelles boutiques. Ça me permettrait d'oublier ce début de journée déplaisant.
FIN.
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