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Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve
sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)

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 The sun ain't gonna shine anymore ✦ CASSANDRE

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Jules Verne
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________________________________________ 2018-08-22, 20:53


« These wounds won't seem to heal, this pain is just too real. »
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C'était une décision pénible et difficile, j'en avais parfaitement conscience. Après en avoir discuté avec Ellie -que je savais digne de confiance- je m'étais résolu à réfléchir encore quelques jours. J'y pensais jour et nuit, j'en avais perdu le sommeil.

Ma convalescence s'était déroulée sans encombre, bien que je peinais à me rétablir complètement. J'avais quitté l'hôpital depuis plusieurs jours, l'esprit chargé de pénibles réflexions. Très surpris, j'avais trouvé la Bibliothèque d'Olympe occupée par Socrate. L'ancien occupant des lieux était de retour sous la directive d'Hypérion. Il était évidemment bien plus compétent que moi puisqu'il avait été créé pour cette fonction, à la base. Moi, je n'avais été qu'intérimaire, comme l'homme-chat aimait à le souligner.

Etait-ce ma blessure quasi mortelle qui avait fait prendre conscience à Hypérion de ma vulnérabilité ? De ce fait, avait-il jugé bon de rappeler Socrate afin de me remplacer ? Ces questions s'ajoutaient aux nombreux doutes que je nourrissais à l'égard de celui que je considérais encore comme un ami, il y a peu.

Instinctivement, je posai une main contre ma chemise, à travers laquelle je sentais mon pansement à l'abdomen. La plaie presque refermée comportait des points de suture, et il subsisterait évidemment une cicatrice. Les récentes péripéties avaient semblé avoir eu raison de mon corps car désormais, j'étais contraint de marcher avec une canne, la douleur fantôme à ma cheville s'étant réveillée pour de bon. J'espérais que ce ne serait pas définitif, car cela me ramenait à une époque de mon existence bien terne.

Le garde olympien que j'avais appelé se manifesta soudain, alors que je sortais du fleuriste d'un pas claudiquant.

"Conduisez-moi jusqu'à Cassandre, je vous prie."
demandai-je avec amabilité.

Il avala le dernier bout du sandwich qu'il avait en main, essuya les miettes sur son tee-shirt stipulant qu'il était syndiqué, et posa ses doigts sales sur mon épaule. J'esquissai une grimace de dégoût et me dérobai dès que nous réapparûmes ailleurs. Je ne manquai pas d'épousseter ma chemise, avant de détailler les lieux. Je ne mis pas longtemps à reconnaître le couloir, puisqu'il s'agissait de celui de ma propre demeure, au premier étage.

"Avez-vous un souci d'orientation ?" fis-je au garde d'un ton agacé. "Je sais très bien où j'habite, merci !"

Déjà que j'appréciais modérément ses manières, alors s'il était incapable d'exercer correctement son travail, où allions-nous ?

"J'y peux rien. Elle est ichi." répliqua-t-il en mâchonnant. "D'ailleurs, ch'est pas cool de la draguer dans le dos d'Apollon. Che vais tout lui raconter."

Il désigna les fleurs dans ma main avant de se curer les dents. Je grimaçai de plus belle puis roulai des yeux. Inutile de se justifier auprès d'un tel dégénéré. Qu'il aille raconter ce qui lui chante au dieu des arts. Nous avions une confiance relative l'un en l'autre. Le garde finit par s'en aller à l'instant où la porte de la chambre d'Ellie s'ouvrait sur une Cassandre en furie, pour ne pas changer à l'accoutumée. Je ne l'avais pas revue depuis l'incident à l'hôpital et j'espérais la trouver plus sereine. Pauvre de moi... Qu'avais-je donc eu en tête ? Elle me rejoignit dans le couloir et j'eus tout juste le temps d'apercevoir Ellie dans l'embrasure avant qu'elle ne referme la porte, visiblement contrite. Mon regard s'assombrit. Avait-elle répété mes confidences à Cassandre ?

"Je vous avais promis de trouver les mots adéquats. Cependant, je me suis vite rendu compte qu'il n'y en a aucun capable de décrire mes sentiments à votre égard."
déclarai-je avec précipitation. "Donc, j'ai décidé d'utiliser le langage des fleurs."

Je lui tendis alors le bouquet composé de roses jaunes et rose pâle qui exhalaient un délicat parfum.

"Elles viennent de la roseraie. Il s'agit des plus belles des environs." précisai-je. "Avant que vous ne trouviez à y redire, sachez que le jaune symbolise l'amitié et la joie. Historiquement associées à la jalousie, les roses jaunes véhiculent désormais l'appréciation, la joie de vivre et l'amour platonique. En ce sens, offrir des roses jaunes est tout à fait approprié dans le cadre d'une relation amicale. Le rose évoque la douceur et la tendresse. J'ai trouvé judicieux d'en parsemer quelques fleurs dans le bouquet afin de tempérer le jaune un tantinet agressif."

Une façon comme une autre d'essayer d'apaiser le tempérament naturellement volcanique de la jeune femme. Je m'appuyai davantage sur ma canne, car rester debout me provoquait des douleurs dans la jambe et tirai sur ma plaie, puis ajoutai avec sérieux :

"Je suppose qu'Ellie vous a avertie de ma démission. Je préfère partir avec dignité plutôt que de me faire évincer. C'est un choix personnel que je ne vous demande pas de comprendre, seulement d'accepter."

En aurait-elle la sagesse et la faculté ? Je l'enveloppai d'un regard presque implorant. J'étais épuisé de me battre sans cesse contre elle. J'étais trop vieux pour ce genre de choses.


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________________________________________ 2018-08-31, 19:06





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    « IL A FAIT QUOI ?! » hurlais-je à l'intention de la jeune femme.

    C'était plus fort que moi. J'avais peur que si je prononce cela d'une voix douce et calme, d'un que ça ne colle pas à la situation, et de deux, qu'elle ne m'entende pas ! Ellie me fit un "chut" tout en tentant de me tempérer avec des gestes de la main.

    « Il ne veut pas que ça s'ébruite. Sa décision n'est pas encore définitive. »

    « Heureusement qu'il est venu t'en parler à toi. Parce que si c'était au premier abrutis venu qui lui aurait conseillé de le faire, ça ne l'aurait pas fait ! »

    Je savais qu'Ellie avait fait le bon choix et qu'elle lui avait dit ou fait comprendre qu'il réagissait comme un idiot ! Elle baissa le yeux et observa le plancher. Je faillis en perdre le souffle !

    « Tu as fait quoi ? Tu as dit quoi ? Tu avais fumé quoi ?! » lui hurlais-je une nouvelle fois dessus, la faisant sursauter.

    « Je... ne lui ai conseillé ni de démissionner, ni de continuer... Je lui ai dit que quoi qu'il déciderait, j'approuverais sa décision. »

    « Mais non ! Pas dans le cas où c'est une décision stupide ! » m'emportais-je de plus belle. « Si il saute d'un pont, tu vas le suivre aussi ? »

    « Non. Je le sauverai. » répondit-elle d'un ton évident.

    « Eh ben là, sauve le. Empêche le de devenir un bête écrivain comme il en pleut de partout sur Terre ! »

    « C'est peut-être mieux comme ça. » dit-elle dans un filet de voix. « Il a failli mourir. Il est plus fragile que les gens comme nous. » ajouta t'elle hésitante.

    « Failli. C'est bien le mot ! Car si il avait été mort, là ok, il aurait pu démissionner. Mais il n'a que failli. Combien de fois on est à deux doigts de mourir sans trépasser ? Tu es devenue stupide ou quoi ? »

    Je me stoppais. Ellie me fixa sans rien dire.

    « Tu veux que je te dise ? Tu passes peut-être trop de temps avec Aphrodite ! Du coup tu prends un peu de sa débilité à chaque fois ! Et de son égoïsme. »

    « Vous devriez parler toutes les deux. » répondit-elle d'un ton autoritaire.

    Je ne répondit pas, me contentant de la fusiller du regard.

    « Si il démissionne, je ne te parle plus. Ca t'apprendras à donner de mauvais conseils. Mais bon sang ! Je croyais que t'aimais pas en donner ! T'es pas une Titanide hein. Si tu veux pas montrer à tous que t'es hyper puissante, reste à a place, et ne dis rien ! »

    Elle me fusilla du regard à son tour.

    « Si tu ne me parles plus, je pourrais rejoindre le club d'Aphrodite. » dit-elle d'un ton faussement désinvolte.

    Je le pris mal. Très mal même. Si mal que j'ouvris la porte d'un geste sec !

    « Tu sais quoi ? On ne peut pas parler avec toi ! Tu es têtue, bornée et... tu m'énerves ! »

    Elle me claqua limite la porte au nez, si bien que je me retrouvais face à face avec le maître des lieux. Tiens, quelle bonne surprise ! Qui plus est, il avait des fleurs et un long discours !

    « Pourquoi les gens avec un beau cul ont un petit cerveau ?! » m'emportais-je.

    J'allais poursuivre, mais les fleurs me perturbaient. Déjà parce qu'il y avait des jaunes. Et je savais pertinemment que les jaunes signifiaient la tromperie. Il avait beau tenter de m'amadaouer avec tout son discours sur le fait que c'était tout autre chose, mais je n'étais pas dupe. Il tentait de me convaincre d'abandonner Apollon pour lui ? De tromper mon homme ? Je ne savais pas si il avait eu vent de notre discussion au sujet de la place d'Apollon à Olympe, mais si pour lui, démissionner c'était faire ce qu'il pensait que je voulais qu'un homme fasse, il se trompait totalement ! Pour qui il se prenait ?!

    « Vous semblez si fier de vous. Heureux d'avoir pris la décision. Mais vous êtes complètement con ! Qui plus est, m'offrir des fleurs alors qu'on ne se parle plus, je trouve cela juste déplacé. Alors que ce soit bien clair. Vous n'êtes plus quelqu'un que je considère comme un ami. Et encore moins une personne avec qui j'ai envie d'avoir une discussion. Surtout maintenant que je vois à quel point vous êtes bien en dessous de l'image que je me faisais de vous ! »

    Et j'avais accompagné la parole par le geste, mimant quelque chose de très petit. Car oui, Jules était désormais tout petit. Et ces fleurs que je venais de poser sur le meuble à proximité de la chambre d'Ellie n'y changeraient rien. J'avais croisé les bras et secoué la tête en le regardant bien droit dans les yeux. Il m'avait totalement déçu ! Et quand on me décevait à ce point, on ne pouvait pas remonter dans mon estime. C'était fini. F I N... I ! Juste quatre lettres ! Quatre qui voulaient tout dire !
    « En dehors du fait que vous me trouvez trop conne pour comprendre votre choix si vous venez à me l'expliquer, il y a une raison à ma porté, que je pourrais comprendre et qui me permettrait d'accepter que vous êtes un con fini, ou alors je dois me faire à l'idée que vous êtes non seulement un con fini, mais aussi un idiot et un abrutis ? »

    Je n'étais pas énervée ! Et heureusement pour lui...
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________________________________________ 2018-09-03, 22:13


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J'aurais dû me douter que Cassandre ne serait pas enchantée par ma décision, mais j'étais loin d'imaginer qu'elle s'emporterait autant. Cela lui importait donc à ce point que je ne sois plus Bibliothécaire ? Pourquoi réagissait-elle d'une façon aussi excessive ? Et surtout : pourquoi Ellie avait-elle jugé opportun de l'en informer avant que je le fasse par moi-même ? Cette initiative me contrariait. Il faudrait que je lui en touche un mot dès que cette histoire serait réglée.

Pour le moment, je restai stupéfait par le nombre d'injures que la jeune femme débitait à la seconde. Cherchait-elle à concurrencer Dionysos ? Même Robyn n'employait pas autant de gros mots dans chaque phrase. Un déplaisir grandissant s'emparait de moi alors que j'observais Cassandre s'époumoner en me traitant de tous les noms.

J'attendis qu'elle ait fini de parler pour la gifler, bien que je ne l'avais pas prémédité. Le geste fut spontané. C'était une réaction logique face à un comportement enfantin et grossier. Elle me rendit la baffe dans les cinq secondes qui suivirent, dans un automatisme qui aurait sans doute été comique au théâtre. Evidemment, elle y avait mis plus de force que moi, car en tant que gentleman, je me faisais un devoir de ne jamais frapper une femme. Cassandre venait de devenir l'exception qui confirme la règle.

Je passai une main contre ma joue douloureuse, lui adressant un regard oblique, les dents serrées.

"Vous me faites devenir violent." dis-je d'un ton sévère. "Vous ne vous êtes jamais demandée que l'abruti en face de vous l'est peut-être devenu à votre contact ?"

C'était méchant. Cruel. Inutile.
Je réagissais exactement comme elle. A ce rythme-là, les choses ne s'arrangeraient jamais. Comment faire ? Même le langage des fleurs n'était pas parlé par Cassandre Sandman. Il m'était impossible de l'atteindre. Elle demeurait inaccessible. Tous mes efforts ne viendraient jamais à bout du mur de suffisance et de fureur qu'elle dressait entre nous. Je ne faisais que l'effriter avec mes tentatives infructueuses.

Désemparé, je récupérai les fleurs sur le meuble avec agacement et m'éloignai dans le couloir d'un pas claudiquant.

"Je pense que vous prenez conscience de ce que vous allez perdre et vous en avez peur."
poursuivis-je sans cesser de marcher avec lenteur. "Vous préférez donc tirer un trait sur moi de la seule manière que vous connaissez, avec agressivité, dans l'espoir que cela ne vous atteigne pas. Mais si vous êtes dans cet état, c'est qu'il est déjà trop tard."

Je soupirai et à contrecoeur, pivotai sur moi-même, faisant glisser ma canne contre le plancher du couloir.

"Je suis venu vous offrir mon amitié. Cela n'a rien à voir avec mon éventuelle démission. Il s'agit seulement d'un bouquet de fleurs."

Pourquoi s'emporter pour si peu ? J'aurais pu m'excuser d'avoir répliqué physiquement à ses agressions verbales, mais j'estimais que nous étions quittes.

J'hésitai quelques secondes avant de faire demi-tour et revenir vers elle. A chacun de mes pas, le bruit de la canne provoquait un "ploc" contre le parquet.

"Nous sommes liés tous les deux, que vous le vouliez ou non. Malgré vous, malgré moi et le monde qui s'effondre. C'est ainsi."

Je me stoppai juste devant elle, l'observant avec un sourire incertain. Pourtant, j'étais sûr de ce que j'avançais. C'était ses réactions que je ne parvenais pas à anticiper.

"Le passé et le futur se sont télescopés. Le vieux bonhomme et la jeune prophétesse."
songeai-je à haute voix.

Cela sonnait contre un conte prometteur. Pourquoi ne voulait-elle plus y croire ? L'avais-je tant déçue à l'hôpital, ce jour-là, en ne donnant pas immédiatement suite à sa déclaration ? Je m'étais figuré avoir eu des circonstances atténuantes puisque j'avais failli mourir. Peut-être avais-je seulement cherché à éluder la question par le biais d'un prétexte confortable ? Je ne commettrai plus cette erreur puisque j'avais pris le temps de réfléchir.

Je posai le bec de ma canne sur mon avant-bras et me saisis doucement de la main de Cassandre.

"Il s'agit seulement d'un bouquet d'espoir."
appuyai-je tandis que je glissai les fleurs entre ses doigts. "Je ne vais pas vous dire que je vous aime, ce serait déplacé et vous interpréteriez encore tout de travers. Je vais donc me contenter de dire que... je tiens à vous. Ceci n'est pas négociable. Vous n'avez également aucun pouvoir là-dessus car cela me concerne entièrement. Même si vous décidez de me haïr et de me traiter de tous les noms d'oiseaux, je continuerais à tenir à vous, Cassandre."

Voilà qui allait sans doute la contrarier ou la ravir. Ce serait tout l'un ou tout l'autre.

La douleur à ma joue s'estompait déjà. C'était un moindre mal comparé à la sensation de tiraillement sur mon abdomen. Ou l'incertitude constante que m'inspirait la demoiselle en face de moi. Comment Apollon faisait-il pour la canaliser ?


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________________________________________ 2018-09-04, 22:13





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    J'avais envie de le frapper à nouveau ! C'était inimaginable qu'un homme frappe une femme. Surtout quelqu'un comme lui, qui prétendait être un gentleman. Et ses mots avaient beau me toucher et me faire mal, ça ne justifiait pas qu'il accentue le tout par un acte de violence. C'était pour cette raison que je l'avais frappé à mon tour. Il ne comprenais pas qu'on ne pouvait pas se comporter comme ça face à quelqu'un qui ne demandait qu'une seule chose ?

    Si il ne voulait pas être mon ami, c'était tant pis pour lui. J'avais bien pris la chose. Mais je ne pouvais pas accepter qu'il continue à se comporter comme un idiot en abandonnant ses fonctions de Gardien de la Bibliothèque. Pour Apollon, j'avais mes raisons. Il ne pouvait pas partir du principe que si j'avais demandé à mon homme de revenir en arrière, lui devrait faire de même. D'ailleurs, comme pouvait-il être déjà au courant de tout ça ? Il m'exaspérait ! Et ce qui m'exaspérait encore plus, c'était qu'Ellie soit de son côté. Elle aussi je la considérais comme mon amie. A croire que tous mes amis avaient choisi le même moment pour me décevoir...

    C'était méchant. Il se montrait méchant. Cruel.

    Il n'avait pas le droit de m'offrir des fleurs après tout ça. Ni le droit de me parler d'amitié. Ou encore de me dire qu'il pourrait me dire qu'il m'aimait si je comprenais bien ces mots prononcés par sa bouche. Comme si j'étais bête au point de ne pas comprendre qu'on pouvait aimer de diverses manières !

    Il croyait que je n'avais pas conscience du fait qu'on était lié lui et moi ? Ca faisait depuis longtemps que je songeais à cela. C'était même l'une des principales raisons au fait qu'il m'énervait tant. J'avais un petit faible pour lui. Un léger petit faible. J'avais peut-être fait une fixation sur une partie de son anatomie. Ses fesses. Mais ce n'était pas le bon timing. Lui et moi ce n'était pas possible. J'avais déjà trouvé mon âme soeur. Il n'aurait jamais dû exister. Il n'existait pas à mon époque !

    Il m'avait fallu du Temps. Beaucoup de Temps, afin de mettre un mot sur ce que je ressentais pour lui. Et le jour où je lui avais dit de quel mot il s'agissait, il avait agis de la pire des manières qui soit. Il pensait réellement pouvoir se rattraper aujourd'hui ?

    Bien sûr que je la haïssais. Que je lui en voulais. Que je ne lui pardonnerais jamais de m'avoir rejeté en amitié. Bien sûr qu'entre nous tout était fini et que je ne voulais plus jamais le voir ! Mais j'avais beau éprouvé énormément de haine envers lui et de sentiments similaires, quelque chose avait été plus fort que mes émotions.

    « Je vous aime... » prononçais-je.

    C'était trois petits mots qui s'étaient échappés de ma bouche sans que je puisse faire quoi que ce soit pour les retenir. Ils ne représentaient pas la même chose que quand je les prononçais pour le seul être que j'aimerais pour le restant de mes jours. Ils étaient différents. Plus difficiles à dires. Je le savais depuis longtemps qu'ils étaient tapis au fond de moi. Mais je n'avais jamais eu le courage de les faire quitter mes pensées, pour devenir des paroles audibles par l'homme qui se tenait face à moi. Désormais je ne pouvais plus échapper à la triste vérité que oui. Je l'aimais. J'aimais Jules Verne.

    « Pas comme vous l'entendez... enfin comme l'entendent la plupart des gens. »

    J'avais bien compris que ces mots prononcés dans sa bouche n'avaient pas non plus la signification qu'on leur prêtait d'ordinaire. Ils étaient identiques aux miens. La même signification.

    « On est tous les deux un peu paumés. Seuls dans un monde qui n'est pas le nôtre. » prononçais-je avant de songer à Anatole.

    Il était perdu avec moi. Mais pour lui c'était encore différent. Il avait plus vite et plus facilement apprivoisé cette époque. Il en avait vécu tellement. J'étais encore si jeune comparé à quelqu'un qui possédait son vécu et son expérience. Jules aussi était plus âgé. Mais j'avais sans nul doute bien plus voyagé et découvert de contrés que lui. J'étais bien mieux préparée à cette époque. Même si ça ne m'empêchait pas de me sentir encore totalement étrangère, ici. Il n'y avait que quand j'étais en présence de ma mère que je me sentais si proche d'aujourd'hui. Car elle était là, avec moi. Même si tout me paraissait n'être qu'un rêve. C'est Apollon qui me ramenait à la réalité. Qui me permettait d'exister. De me faire mes propres choix. D'avancer. De me sentir vivante. Ils avaient chacun un rôle dans mon existence. Et je ne pouvais exister que grâce à eux. Quant à Jules dans tout ça, il était au milieu. Entre la famille et l'amour de ma vie.

    L'écrivain était paumé en plein milieu, là où il m'arrivait un peu trop souvent de m'échapper, afin de ne pas avoir à affronter les difficultés des deux extrémités. Là où je pouvais me sentir différente. Où je n'avais pas besoin d'être Cassandre Sandman, la fille d'Elliot. Celle qui finirait par perdre sa mère et qui serait confronté aux ravages du Temps comme personne... celle qui finirait par voir toutes les personnes qu'elle aime mourir les unes après les autres. A cet endroit précis se trouvait Jules. Et la différence avec tous les autres, c'était qu'il était déjà mort il y avait fort longtemps, mais pas dans mon futur. Lui, il était une anomalie, tout comme moi. Pour cela sans doute que je me sentais si proche de lui.

    J'avais serré ma main dans la sienne. Jusqu'à présent, je n'avais pas relâché l'étreinte de nos deux mains jointes. Puis, ma seconde main avais rejoins son bras, son épaule, et enfin son dos. J'avais posé ma tête tout contre son torse, fermant les yeux quelques instants. C'était sans doute la toute première fois que je le prenais dans mes bras. J'avais savouré ce moment de paix pendant quelques instants, sans rien dire, ni même bouger.

    « Je tiens à vous... idiot. » murmurais-je.

    Je n'avais pas pu m'empêcher de l'insulter une nouvelle fois. Mais on pouvait le faire entre amis, n'est ce pas ? C'était tout ce que je voulais entendre de sa bouche. J'avais peut-être parfois du mal à exprimer mes sentiments. C'était plus facile avec maman, ou mon Apollon. Mais avec les autres c'était compliqué. Je voulais garder la tête haute. Montrer une Cassandre forte, et qui sait ce qu'elle veut. Mais en réalité, je n'avais aucune idée de ce que je souhaitais réellement. Car tout ce que je pouvais imaginer obtenir un jour, je savais que je finirais par le perdre. Alors je m'accrochais aux seules choses qui me permettaient d'obtenir encore un peu d'espoir...

    « Elles sont jolies... les fleurs... » dis-je en relâchant tout doucemnet l'étreinte, et en passant une main sous mon nez.

    J'avais souris, me trouvant totalement conne... car oui, là je devais l'être. Ou du moins il devait me trouver bien ridicule. Mais qu'importait !

    « Je veux que vous soyez mon témoin. » ajoutais-je.

    Ce n'était pas une question. Simplement une affirmation. Ce qui l'empêcherait de dire non, si l'idée lui traversait l'esprit. Si il prétendait être mon ami, si il en acceptait le titre, il devait prendre en considération que cela le forcerait à faire certaines choses. L'une d'entre elle, était d'être mon témoins le jour le plus important de mon existence. Ce jour où je prononcerai un nouvelle fois les trois mots, mais d'une autre façon, et à une toute autre personne.

    « D'accord ? » demandais-je en le regardant droit dans les yeux.

    Ok, je voulais peut-être lui laisser le choix. C'était bien plus important dans un mariage, si le témoin était consentant. Tout comme le mari d'ailleurs. Mais à lui je ne lui avais pas forcé la main. Je crois. J'en étais quasi sûre...
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________________________________________ 2018-09-07, 23:14


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Elle guettait ma réaction, mais d'une façon beaucoup moins incisive que d'ordinaire. Elle paraissait presque... anxieuse. Son regard restait perçant, quoique teinté d'une douceur qu'elle ne réservait habituellement qu'à ses parents ou son Apollon. Bien entendu, la nuance n'était pas aussi prononcée. Craignait-elle vraiment que je n'accède pas à sa requête ? J'en étais surpris mais nullement méfiant, car avec l'étreinte et les mots tendres qu'elle m'avait adressés, je ne pouvais douter de son angoisse concernant mon possible refus. Elle m'avait serré dans ses bras sans aucune rudesse. J'en avais été dérouté quelques instants, restant immobile, mes propres mains éloignées d'elle, avant de les poser dans son dos.

A présent, elle s'était éloignée et attendait ma réponse à la grande question.

"Cette tâche est-elle la même qu'au XIXème siècle ?"
m'enquis-je soudain, les yeux plissés. "Vous n'allez pas effectuer un ajout fantaisiste stipulant que le témoin doive se présenter près de l'autel vêtu d'un tutu ou d'autre déguisement ridicule ?"

Je restais méfiant. Après tout, il s'agissait Cassandre, la tornade capable de m'offrir son armure lors d'une aventure périlleuse mais aussi de me couvrir de honte en compagnie d'une fille de joie sur la plage d'Olympe. Je n'oubliais pas cet épisode désastreux et étais toujours convaincu qu'elle avait été extrêmement méchante. Cela n'empêchait pas le fait que j'étais profondément attaché à elle, et inversement. Il me semblait que nous avions fait un pas en avant dans notre relation alambiquée.

"Si les conditions sont les mêmes qu'à mon époque, j'accepte avec grand plaisir."
déclarai-je avec un sourire entendu.

Je lui tapotai le dos avant de me décider à m'écarter totalement d'elle. Une trop longue proximité aurait été dérangeant.

"Vous devriez les mettre dans un vase, autrement elles vont faner."
fis-je remarquer en désignant les fleurs.

Je repris ma canne en main et m'appuyai dessus, car rester debout trop longtemps occasionnait une gêne dans ma cheville gauche. Après un petit silence pensif, je demandai :

"Pour quelle raison Hypérion a-t-il rappelé Socrate à son ancien poste, d'après vous ?"

Je me mordis les lèvres. Cette question m'obsédait. Autant la poser à une personne particulièrement proche du titan. Cassandre semblait le connaître mieux que personne, même s'il avait certainement conservé des zones d'ombre.

"Me juge-t-il incompétent ? Ce ne serait pas grave."
ajoutai-je précipitamment -un peu trop. "Après tout, je n'ai pas été créé pour la fonction qui m'incombe, à la différence de l'homme-chat. La Bibliothèque sera sans doute mieux gardée avec lui. Elle l'a toujours été, n'est-ce pas ?"

Cette rétrogradation mettait simplement en lumière que je n'étais bon à rien en ce siècle. Peut-être ferais-je un bon témoin ? Je l'avais été au mariage de Paul, puis à celui de Marie, ma soeur cadette adorée. Au moins, je ne décevrai pas Cassandre. Malgré tout, j'éprouvais une anxiété sous-jacente à l'idée de rater quelque chose. Où était passé le fringuant et assuré Jules Verne, qui avançait toujours plus loin, chassant doutes et impossibilités d'un trait de plume audacieux ? Cette personnalité avait-elle été enterrée à Amiens, le 24 mars 1905 ? Il était certes lugubre de connaître par coeur la date de sa mort. C'était quelque chose que je n'avais pu oublier quand je l'avais su.

"A moins qu'il m'ait évincé en comprenant que... je n'ai plus une confiance aveugle en lui."

Je croisai le regard de Cassandre, incertain. Lui avait-elle fait par de mes doutes ? Non, elle n'aurait pu me trahir. Pas sur un sujet aussi délicat. En tant que titan, peut-être l'avait-il perçu tout seul ? Il était doté d'aptitudes que je ne pouvais pas même imaginer. C'était donc fort probable. Le mieux pour l'instant était de retourner à la principale discussion.

"Je suis sincèrement flatté d'être votre témoin. C'est un honneur."
repris-je d'un ton mouillé avant de détourner les yeux.

Il ne fallait pas qu'elle puisse y lire mon émotion. Ce serait bien trop pénible. Nous nous étions déjà suffisamment épanchés.


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________________________________________ 2018-09-18, 11:19





« Vous n'êtes qu'un abrutis ! »
« Un pathétique, petit, stupide... Abrutis ! »



    J'avais secoué la tête quand il avait parlé de la tenue des témoins. Ca pourrait être intéressant de le voir en tutu. D'ailleurs, je devrais pencher sur ce genre de choses. Ca pourrait ajouter un petit truc au mariage. Quoi qu'il en soit, ça serait un mariage Titanesque. J'en avais eu l'idée et j'en parlerais à Apollon. Ca allait être un truc qu'on n'avait plus vue depuis très longtemps !

    « Comment ça incompétent ? » lui demandais-je en descendant l'escalier.

    Car si il voulait mettre les fleurs dans un vase, il allait falloir nous rendre dans la cuisine. Et il savait mieux que moi où se trouvait les vases de sa propre maison.

    « Je ne pense pas que ce soit la raison. Il a besoin des Gardiens, c'est tout. Il n'a rien dit de plus. Et puis de toute façon il ne dit pas grand chose de plus en ce moment... »

    J'avais déjà évoqué mes doutes avec Apollon. Je n'allais pas recommencer avec lui. En tout cas, Hyperion avait toujours plus de secrets, et en ce moment ce qui ne me plaisait pas, c'est qu'il en avait beaucoup trop avec moi. Encore avec les autres, je pouvais le comprendre, mais me concernant c'était insensé !

    « Je sais. » dis-je en levant les yeux au ciel quand il avoua être flatté d'être mon témoin.

    Bon d'accord, je ne le savais pas. Et j'étais pas sûr qu'il allait accepter. Mais bon. Maintenant qu'on avait défini notre amitié, je savais qu'il était flatté. Je m'en doutais. J'en étais sûre ! Une fois dans la cuisine, j'avais ouvert le robinet d'eau froide, attendant qu'il me tende un vase.

    « Apollon ne m'a jamais offert de fleurs. » dis-je songeuse.

    C'était vrai ça... il ne m'avait jamais offert de fleurs. Est ce que ça ne serait pas bizarre si je rentrais à la maison en lui disant : "tiens, Jules m'a offert des fleurs ?".

    « Mieux vaut les garder ici. »

    Parce que si je voulais continuer à lui en vouloir à chaque fois qu'une fille le regardait, je ne pouvais pas me permettre de rentrer avec quelque chose de compromettant. D'ailleurs, mieux valait qu'il ne sache pas pour toute la conversation qu'on avait eu. En espérant bien sûr que Jules n'irait pas se vanter de tout ça.

    « D'ailleurs en parlant de témoin... c'est pas uniquement pour le mariage. C'est pour tout le temps ! Ca implique de passer du temps avec Apollon, principalement quand je ne suis pas avec lui, et d'être témoin de ce qu'il fait. Genre, de s'assurer qu'il n'adresse pas la parole à d'autres jeunes femmes. Ni qu'il les regarde. Ou encore qu'il fasse quoi que ce soit avec. Je ne doute pas de lui, mais c'est le boulot d'un témoin divin, donc autant que vous le sachiez. »

    C'était important qu'il connaisse toutes les conditions de la tâche. Ca impliquait aussi autre chose... mais ça, je n'y avais pas songé plus tôt et voilà que je commençais à trouver un point négatif au fait que ce soit lui...

    « Et... ça implique d'organiser l'enterrement de vie de jeune fille... sans musique avec violon, ou piano. Et avec des trucs pas vieillots. Genre, on n'organise pas une soirée dansante ou un karaoké de vieilles chansons françaises. D'ailleurs, il ne faudra rien de français ! »

    Comme ça c'était plus prudent. Parce que je voyais déjà le club du troisième âge être présent à mon enterrement de vie de jeune fille.

    « A dire vrai, faudrait le faire à deux. Genre avec Ellie. »

    Voilà qui était bien mieux. Le vieillard et la prude qui m'avait trahie en disant à Jules qui devait démissionner.

    « Aphrodite ! Non, pas elle... » me rattrapais-je.

    J'avais personne... il n'y avait que lui... oh mon Apollon...

    « Faudra faire les choses bien. Peut-être en regardant des conseils sur le net ? » dis-je en faisant un sourire peu convaincu...

    Ca allait être la loose...
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________________________________________ 2018-09-22, 16:49


« Nous allons bientôt devoir enterrer votre célibat. »
Il faudra fêter cela comme il se doit. The sun ain't gonna shine anymore ✦ CASSANDRE  3109594688


Ainsi, Hypérion restait silencieux avec Cassandre, ces derniers temps, au moins autant qu'il l'était avec nous autres. Que manigançait-il ? Pourquoi agissait-il sans fournir d'explications ni d'éclaircissements ? Nous jugeait-il trop humains pour comprendre ses motivations ? Comment suivre le cheminement des réflexions d'un titan ? Ce qui nous paraissait nébuleux devait être limpide pour lui. Du moins, je l'escomptais, car si même quelqu'un tel que lui perdait pieds, que nous restait-il comme espoir de salut ? J'avais remarqué qu'elle était anxieuse, elle aussi, du silence d'Hypérion. Forcément, cela lui créait du souci.

Cependant, elle renversa vite la vapeur en mentionnant le fait qu'Apollon ne lui avait jamais offert de fleurs. J'accueillis cette nouvelle avec une expression étonnée avant qu'un sourire narquois ne fende mon visage. Le dieu des arts n'avait jamais donné de bouquet à sa bien aimée. N'était-ce pas incroyablement ironique ? Je hochai la tête à la requête de la jeune femme tout en lui tendant un vase que j'avais trouvé dans un placard, juste à côté de l'évier. Puis, je fronçai les sourcils tout en écoutant son explication concernant la tâche du témoin. Je m'appuyai contre le plan de travail, les bras croisés en l'observant. J'attendis qu'elle ait terminé pour prendre la parole.

"Je pensais qu'être votre témoin impliquait de vous surveiller vous, et non pas les éventuels écarts de conduite de votre fiancé. A partir de maintenant, je suis témoin de vos faits et gestes, ma chère, selon votre requête. C'est la définition même du mot. Apollon a son propre témoin. Je ne vais certainement pas envahir le périmètre de cette personne, quelle qu'elle soit."

Qui le dieu des arts avait-il choisi ? Il me semblait qu'il avait évoqué Diane en ma présence, lorsque j'avais été hospitalisé, car il avait dit qu'autrement, il me l'aurait demandé. Je me sentais extrêmement privilégié d'avoir été le choix de deux personnes merveilleuses et si chères à mon coeur. C'était très flatteur.

"A partir de maintenant, je ne vous quitte plus d'un iota."
repris-je d'un ton espiègle tout en me plaçant tout à côté d'elle. "Avouez-le : c'est ce dont vous rêviez depuis toujours."

Je croisai son regard, la fixant avec insistance pendant quelques secondes, me délectant de son expression oblique, avant de rouler des yeux, un sourire au coin des lèvres. J'aimais la taquiner, je n'y pouvais rien. A présent que je connaissais ses véritables sentiments à mon égard, je ne craignais plus d'être blessé. Je savais que c'était uniquement un jeu loin d'être méchant.

Je devins pensif à l'évocation de l'enterrement de vie de jeune fille. A vrai dire, j'étais surpris de cette appellation.

"De mon temps, les jeunes filles se contentaient d'une collation entre amies."
songeai-je à haute voix.

Connaissant Cassandre, j'aurais dû me douter qu'il en serait tout autrement. Masquant difficilement mon incertitude, je précisai avec un sourire mécanique :

"Il y aura forcément quelque chose de français, puisque je serai présent."

J'appréciais modérément le fait d'être assisté dans l'organisation de la soirée. Elle mentionna Ellie, dont je doutais sérieusement de l'utilité dans un tel domaine, et ensuite Aphrodite. Cela me parut nettement plus intéressant. Je n'avais que peu d'occasions de m'entretenir avec elle, même si j'étais persuadé que nous avions encore quantité de choses à nous dire... Un sourire rêveur passa sur mon visage à cette idée, mais tressauta devant le refus de Cassandre. Pourquoi citer quelqu'un si c'était pour ne plus vouloir de lui deux secondes plus tard ?

"Le... net ?" répétai-je, indécis. "Oh, bien sûr, l'internet."

J'avais prononcé le dernier mot d'une voix pompeuse afin de masquer l'envergure de mon ignorance.
Elliot serait le mieux indiqué, mais la nature de la recherche risquait de ne pas lui plaire. Il comprendrait forcément qu'il s'agit de sa fille. Peut-être pourrais-je demander de l'aide à Basile ? Il semblait très au courant des choses informatiques. J'avais déjà remarqué que ses doigts couraient sur le clavier aussi vite que les miens sur celui d'un piano.

"De mon temps, l'enterrement de vie de célibataire était réservé à la gente masculine."
expliquai-je d'un ton entendu. "La cérémonie consistait essentiellement à un repas entre amis dans l'auberge du village ou de la ville. C'était un "dîner d'adieu" : beuverie, vaisselle cassée, tapage nocturne... C'était tout."

J'esquissai une moue, réfléchissant. Devais-je énoncer le dernier point ? Oh, après tout, Cassandre devait le savoir puisqu'elle semblait très renseignée sur le sujet. Néanmoins, elle était si impulsive et volcanique que je redoutais un esclandre.

"Ensuite, le futur marié profitait une ultime fois des services d'une autre femme, le plus souvent dans des maisons closes, avant de retrouver sa belle. Je précise que mon enterrement de vie de célibataire ne s'est pas déroulé ainsi."

Je préférais éclaircir ce point. Je n'appréciais pas la compagnie des filles de joie et trouvais scandaleux de monnayer l'amour. Cependant, certains de mes amis de l'époque n'avaient eu autant de principes.

"Et je suppose que celui d'Apollon sera très différent."

Mieux valait parer à toute éventualité.

"D'ailleurs, si je suis votre témoin... cela signifie que je ne peux assister à la fête de votre fiancé ?"

Cette question était pertinente. J'aimais m'encanailler et je préférais de loin passer une soirée entre hommes plutôt qu'avec des femmes. Quoique... tout dépendait des circonstances. Il est vrai que si je pouvais organiser la fête de Cassandre en toute liberté et impunité... De très mauvaises idées commencèrent à fleurir dans mon esprit comme autant de mauvaises herbes. Je dus calmer mon esprit qui partait au galop.

M'écartant du plan de travail, je posai les yeux sur Cassandre avec un franc sourire.

"Savez-vous d'où vient l'expression 'enterrer sa vie de célibataire'? Elle remonte à plusieurs siècles. Parfois, en plus du repas entre amis et du dévergondage, avait lieu un sacrifice rituel avec pour épicentre le futur marié. Il simulait sa mort tandis que ses amis chantaient la messe des défunts en traînant un cercueil dans les rues. Parfois, le cercueil était même enterré (vide, fort heureusement !) ou jeté à l'eau dans une ambiance de service funèbre."

Cette précision historique avait peut-être permis à la jeune femme de ne pas remarquer mon expression un peu trop ravie à l'idée d'avoir carte blanche pour l'organisation. Cela allait être... fabuleux.


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