« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)
I'm so tired of trying to fight this, 'cause I'm slowly losing You Feat Pitch & Maara
J’avais décidé de ne pas trop pousser. Mon père était revenu vers moi, il avait fait le premier pas. Chose dont je ne l’aurais pas cru capable, surtout pas vu sa façon de me dire que je n’étais pas au même rang que ses autres enfants. Enfin, au moins, je savais de qui je tenais ma capacité à être extrêmement blessante quand je le voulais… Mine de rien, il avait beau dire, je n’étais pas de son sang, je n’avais beau être qu’une simple créature, mais on se ressemblait beaucoup malgré tout. Du coup, sachant que déjà ça avait dû le faire chier au fond, un petit peu au moins, de faire le premier pas vers moi, j’allais me montrer magnanime.
- Ça marche. Répondis-je simplement à sa promesse de me raconter.
Après tout, j’avais le droit de savoir aussi. Qui ils étaient, ce qu’ils avaient vécu… J’avais appris de la pire manière possible que je n’étais pas l’unique enfant de Pitch comme je le croyais, alors un minimum d’explications s’imposait. En plus je ne voulais pas les détails. Mais au moins l’histoire globale et savoir un peu comment avaient été cette sœur et ce frère que je ne connaîtrai jamais.
Quoi qu’il en soit, pour montrer ma bonne volonté j’avais changé de conversation. Ce n’était pas l’un des sujets favoris, mais puisque j’avais glissé que je tenais à une personne qui me faisait du bien – d’un point de vue psychologique bien évidemment – mon père était assez curieux. Et si je ne pouvais pas dire à mon père de qui il s’agissait, je pouvais pas contre être totalement d’accord avec lui : il me fallait du temps pour comprendre tout ça. Aster et moi, nous ne parlions jamais d’amour ou de relation sérieuse, pourtant je savais que je pourrais compter sur lui et que je comptais pour lui.
- Tu vas te remettre avec la blonde ? Demandai-je doucement.
Il ne fallait pas se leurrer, il l’avait profondément aimé et ils avaient eu un enfant ensemble après tout… C’était une question légitime, du moins à mes yeux. Il fallait que je sache si j’allais devoir apprendre à composer avec la blonde aussi. Je ne l’aimais pas, mais je n’avais pas fait d’efforts avec elle par le passé, je lui en voulais tellement… Aujourd’hui, j’avais mûri. Peut-être que la fréquenter pourrait devenir supportable, voire passable. Après tout, je passais le plus clair de mon temps avec un ancien ennemi, alors une déesse, même si c’était celle de la lune, je pouvais sans doute encaisser.
- Je compte pour lui. Mais de quelle façon, je n’en sais rien. Répondis-je. En plus, je ne sais déjà pas ce que moi je ressens vraiment, alors savoir pour les autres… En tout cas, j’étais en rogne quand le Clown s’en est pris à lui… Avouai-je.
Oh que oui j’avais été en rogne ! D’ailleurs je ne manquai pas d’avertir mon père de se méfier s’il le voyait, parce que je n’étais pas du tout persuadée que cette saloperie était morte avec la mort de la gamine. Et forcément, je mentionnais Toby aussi. Du coup mon père voulut en savoir plus, c’était vrai que ça devait être très étrange de m’entendre parler d’un gamin. Bon, Toby était un adolescent, limite un homme, mais voilà, c’était un gamin à mes yeux.
- À Noël, y a deux ans, je passais le réveillon avec mon ami, on aime pas Noël tous les deux alors on a passé notre temps à se moquer en mangeant du chocolat. Racontai-je en souriant à ce souvenir. Bref, au matin on va pour s’offrir nos cadeaux quand ce truc s’en mêle. Mon ami a été enlevé, d’autres également donc par la force des choses une espèce d’équipes de bras cassés s’est créée et je suis allée avec eux dans le Monde d’En-Dessous. C’est là-bas que j’ai rencontré Toby qui voulait sauver une gamine et tuer le barbier. On a battu le Clown, enfin en théorie parce que je pense que ce truc est increvable, et on est revenu chez nous. Et moi j’avais Toby dans mes bagages. Expliquai-je. J’aime bien ce môme, il est aussi sarcastique que moi. Puis j’ai promis de l’aider dans sa vengeance. En l’emmenant avec moi et en lui offrant un toit, de la bouffe et des vêtements, je l’aide à rester dans cette ville et donc à avoir l’occasion pour buter son ennemi personnel. Mais ça fait deux ans que ça dure, je pense qu’il a dû passer à autre chose. Ajoutai-je en haussant les épaules. C’est un peu un petit frère. Un petit frère alcoolique.
Ce qu’il pouvait me coûter en alcool d’ailleurs ! Mais bon, chacun ses vices…
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Pour un peu, j’aurais grogné en voyant l’hésitation de mon père. Est-ce qu’il se rendait compte que ça répondait à ma question ? Oui, s’il en avait l’occasion, il se remettrait avec sa blonde. Merde. Enfin. Si mon sentiment général était que ça me prenait la tête, je me sentais quand même un peu contente de savoir qu’il avait quelqu’un sur qui compter. Vu notre relation encore balbutiante, il ne fallait pas compter sur moi pour être un soutien infaillible. Donc c’était bien s’il projetait de se remettre avec l’autre-là.
Ceci dit, je n’étais pas préparée à ce qu’il m’avoue que c’était déjà en cours. Eh bien. Il n’avait pas perdu de temps pour se remettre avec sa déesse, par contre moi, j’avais dû limite le traquer pour qu’il se rappelle qu’il avait une fille. Pour un peu, j’eus envie de lui tourner le dos et de partir. Ça faisait mal de comprendre qu’on n’était pas une priorité. Cependant, si je voulais retrouver un père, j’avais plutôt intérêt à passer outre ce petit coup de poignard peu sympathique…
- Ça va, j’ai grandi tu sais. Je ferais des efforts… Promis-je en renâclant légèrement. C’est tout de même un peu ironique que toi, qui a détesté l’Homme de la Lune, tu tombes amoureux de la Déesse de la Lune non ? Le taquinai-je légèrement.
Quoi que cela faisait très longtemps que je le pensais. Mais je n’allais pas trop enfoncer le clou, parce que lorsqu’il saurait qui était celui auquel je tenais, je ne doutais pas que ça ne se passerait pas super bien. Sans doute qu’il accepterait bien malgré lui, mais la pilule serait dure à avaler : après tout, Aster avait bel et bien été son ennemi durant des siècles…
- Ouais… Mais les sentiments, ça me perturbe beaucoup. Avouai-je. J’ai encore beaucoup de mal avec les sentiments positifs, à les identifier tout ça…
Les accepter surtout. Et je comptais un peu sur mon père pour le coup. J’avais besoin qu’il m’explique, qu’il me guide un peu. Il ne m’avait pas créé pour ça à la base et je ne savais pas comment agir. J’étais perdue et lui, vu qu’il avait une relation, il pourrait bien m’aider un peu non ? Je ne voulais pas m’appesantir plus sur le sujet « Aster » de peur de finir par cracher le morceau un peu prématurément…
- C’est le jour il ne se passera rien du tout qu’on se mettra tous à paniquer. Surenchéris-je en hochant la tête. Franchement je m’attendais à pire. Mais quand il est bourré, il dort. Du coup il dort la plupart du temps. Je fais juste attention à toujours avec du gin à la maison, sinon il devient grognon et me casse les pieds. Répondis-je en haussant les épaules.
Je n’avais jamais testé mon pouvoir sur Toby bizarrement. Pourtant ça aurait sans doute pu le calmer niveau boisson. Mais je me refusais à le faire retourner, même si c’était seulement un cauchemar, dans le Monde d’En-Dessous. Ce monde, même à moi il faisait peur…