Torturer quelqu’un avec du shopping… Quelle femme ne l’avait pas fait au cours des siècles ? Eh bien elle. Jamais Athéna n’avait agi de la sorte, trouvant d’autres façons de se venger beaucoup plus mesquines. Mais pour cette fois, elle céda au cliché et entraîna Hermès dans les magasins, se contentant de sourire à chaque fois qu’il ouvrait la bouche pour râler. Par expérience, la brune savait que ce petit sourire en coin qu’elle avait parfois avait le don d’agacer prodigieusement les gens.

Lorsqu’il fut temps d’aller sur l’aire de combat, Athéna dut abandonner une magnifique robe. Elle avait beaucoup savoir qu’elle n’aurait pas l’occasion de la porter et qu’en plus c’était totalement stupide de craquer ainsi pour un vêtement, mais le fait était là, l’envie la tiraillait… Alors pour se changer les idées, elle entraîna Hermès avec elle, tout en lui disant qu’elle avait espéré qu’il avait parié gros. Et sur elle de préférence, même si ça, elle ne le dit pas.

- 200 euros ? C’est pas mal, rares sont les mortels qui peuvent sortir cette somme… Répondit-elle avant d’hausser les épaules. Ah mais c’est pas parce qu’on en aurait besoin. C’est le principe c’est tout, ils ont été assez stupides pour accepter de se faire botter le cul, autant les plumer en même temps. Expliqua-t-elle.

Et c’était dit sans aucun remords en plus de ça. Quand on voulait jouer, fallait savoir perdre aussi. Et être trop sûr de soi avant un combat était une chose complètement stupide qu’elle comptait bien leur faire regretter. Athéna laissa un regard noir à Hermès quand il la poussa vers la zone de combat tout en lui tenant des paroles rassurantes. Comme si elle craignait quoi que ce soit ! Elle avait cinq millions d’années d’expérience, ce n’était pas trois petits humains qui allaient lui faire peur ! Et rien que pour ça, la déesse se défoula sur les trois humains, les mettant à terre les uns après les autres puis les trois ensemble. Et puisque c’était Hermès qui l’avait embarqué là-dedans, la guerrière décida d’aller l’embêter un peu en lui demandant le baiser du favori. Après tout, les mecs y avaient bien le droit quand ils gagnaient, alors pourquoi pas les femmes…

Sauf que cette fichue anguille l’aguicha avant de se fondre dans la foule. Bordel ! Vexée, la déesse pensa durant un temps à le planter là. Mais ça aurait été franchement agaçant de ne pas répondre à un défi pareil, surtout quand la récompense serait aussi intéressante… Alors la brune prit le temps d’enlever la tenue qu’elle avait été obligée de mettre pour le petit combat et remit ses affaires normales avant de se lancer à la poursuite d’Hermès, ce qui était assez facile puisqu’elle n’avait qu’à suivre son aura.

Athéna ne s’était cependant pas attendue à une attaque aussi visible. Hermès était en général plus subtil. Enfin… L’ancien Hermès l’avait été et la brune se fustigea intérieurement de les avoir comparé. Le choc du sol avec son dos lui rappela qu’elle ne devait pas se reposer sur ses acquis avec cet Hermès là et curieusement, c’était très motivant ! La jeune femme n’eut pas l’occasion de s’attarder plus sur cet état des choses parce qu’il les téléporta et le sol dur et poussiéreux devint quelque chose de bien plus doux et chaud. Du sable. Il les avait téléporté sur une plage de sable fin.

Alors qu’il se débarrassait de son épée, Athéna se redressa, changeant rapidement sa tenue au passage. Les vêtements qui collaient à cause de la chaleur, très peu pour elle. Une robe légère remplaça l’ancienne tenue. Puis elle regarda Hermès, très surprise parce qu’elle entendait. Ce n’était pas tant les paroles que l’air plus que mature qu’il dégageait. Certains auraient le tort de croire qu’il n’était qu’un hyperactif ne prenant rien au sérieux. En réalité, il était tout autre. Tout comme elle, le dieu cachait bien son jeu. Et là, elle sentait qu’il lui parlait de guerrier à guerrière. Il avait connu la guerre, la brune ne l’oubliait pas bien que cela aurait pu être facile à faire…

- Je ne sais pas si c’est bien ou mal… Répondit-elle enfin. Le truc, c’est que quelque chose me pousse vers toi. Peut-être parce que tu es une bouffée d’air dans ce monde. Ou parce que tu es capable de voir à travers les masques… Ou alors c’est juste ton côté sexy. Le taquina-t-elle avant de reprendre son sérieux tout en se dirigeant vers l’océan, ses pieds entrant doucement dans l’eau. Je ne sais pas de quoi l’avenir sera fait. Je n’ai pas envie de le savoir. Je veux simplement vivre. Pleinement. Profiter de chaque instant et de chaque possibilité qui s’offre à moi. Peut-être que ça ne durera pas de toute façon entre nous tu sais ? Mais au moins, je pourrais dire que j’ai tenté et je n’aurais rien à regretter. Quant à l’ennemi… Le fait même d’être attachée à toute la famille est une faiblesse. Mais cela peut être une force aussi.

Elle se battait bien plus efficacement depuis qu’elle assumait le fait qu’elle aimait sa famille et qu’elle voulait les protéger. Certes ça pourrait se retourner un jour contre elle, mais Athéna ne voulait pas se laisser paralyser par cette éventualité. C’était la même chose avec Hermès, il l’attirait et les possibilités que ça se retourne contre eux n’étaient pas des choses auxquelles la jeune femme voulait penser. La brune lui offrit un petit sourire quand il la rejoignit et lui prit ses mains tout en s’excusant.

- Alors vis. Dit-elle doucement en posant sa main droite avec tendresse sur la joue d’Hermès qui était légèrement plus grand qu’elle. Ne te préoccupe pas de ce monde. Accepte juste que tu en fais à présent partie et que tu as une autre chance d’en profiter. Le reste… Ma foi, à part de faire te poser trop de question, ça ne te sers à rien. La seule chose réellement importante, la seule question que tu dois te poser, c’est savoir comment tu vas profiter de ta vie.

Elle espérait bien qu’une partie de cette nouvelle vie d’Hermès comporterait des moments avec elle. Mais ça, Athéna n’avait pas envie de le dire. Il y avait encore des choses qu’elle n’arrivait pas à assumer…

Athéna avait bien compris qu’il était sous le coup de l’émotion. Plutôt que d’insister, la déesse le laissa se détourner légèrement d’elle, comprenant bien plus qu’on ne pouvait le penser. Elle n’était pas démonstrative ni très sentimentale, mais sa sensibilité existait. Et Hermès était l’un des rares à l’avoir bien compris. Ce qui la bouleversait tout autant que cette situation totalement inattendue. Ceci dit, la brune avait l’impression qu’ils seraient bien idiots de passer à côté de cette expérience. De cette vérité qui s’était faite entre eux. Ils avaient vu au-delà du masque qu’ils portaient tous les deux en permanence. Et si elle n’en était pas certaine pour Hermès, pour elle en tout cas, c’était rafraichissant.

- Je ne sais pas si le Nuage viendra… Mais ce monde est en sursis, bien évidemment. Dans ton monde, vous ne sembliez pas avoir de problème avec les Titans, mais ici, c’est le cas. Alors si ce n’est pas par le Nuage, ce sera par eux. Pourtant nous avons pris la décision de continuer à vivre. Et même si nous cherchons à agir… Nous avons compris que nous n’arriverions pas à les faire bouger avant qu’ils ne le veuillent. Parfois, attendre est aussi la bonne solution. Quant à la fuite… Je n’y ai jamais pensé… Avoua-t-elle doucement.

Avant de se taire quand les ailes d’Hermès apparurent et se mirent à battre furieusement. La déesse comprit très vite : ses ailes et ses émotions étaient liées. Tant qu’il était empli de colère, elles battraient furieusement, qu’importe que le sable leur gifle le visage ou toute autre considération. Posant sa main sur le bras du dieu pour lui montrer qu’elle était là, qu’elle comprenait, la guerrière ne sut pas si c’était elle qui l’avait calmé ou s’il l’avait fait de lui-même. Et au fond, ça n’avait pas grande importance. Les ailes l’encadrèrent, comme dans un cocon, la faisant aussi se rapprocher d’Hermès.

La brune le laissa parler quand elle comprit qu’il se parlait plus à lui-même qu’à elle. De toute façon qu’aurait-elle pu dire ? Athéna était parfaitement d’accord, les gens ne changeaient pas, c’était à chaque fois le même comportement. Elle l’avait vu au fil des siècles et ce fut pourquoi elle s’était isolée des mortels en plus du reste. Vivre la même vie, malgré les avancées technologiques et sociales… À la longue, c’était lassant. Et démoralisant. Alors elle le comprenait parfaitement. Et se doutait que cela devait être déprimant de voir les mêmes défauts dans ce monde ci que dans celui dont il venait.

- Peut-être que tu auras des informations que nous n’avons pas. Rien que tes connaissances pourraient nous être utiles. Quant au reste… Je te l’ai dit, nous avons les Titans dans ce monde et ce sont eux qui ont la majorité des réponses. Expliqua-t-elle avec un soupçon de colère. Enfin… Nous aussi en avons certainement, mais ils nous ont scellé notre mémoire. Ajouta-t-elle avec amertume. Si tu as une idée de comment faire pour que ça cesse, je suis toute ouïe. Il y a trop longtemps que je cherche des réponses sans jamais en trouver.

Le baiser qu’elle reçut, même s’il n’était que sur la joue, la fit légèrement rougir. C’était une chose de le provoquer ou de le piéger pour lui rendre sa monnaie de sa pièce et une autre que de recevoir ce genre d’attention pleine de tendresse. Athéna lui sourit et lui caressa doucement la joue. Avant de lever les yeux au ciel.

- Je crois que tu n’as pas compris… Je ne t’ai jamais confondu avec l’autre Hermès. Il était bien trop frivole… Et tu m’as montré que tu étais bien plus sérieux que lui dans cet autre monde. Apollon ne l’a pas vu, mais moi oui. J’ai senti qu’il y avait bien plus derrière ton masque que le gamin que tu voulais bien nous montrer. Lui avoua-t-elle. Je te le promets. Je ne dirais rien. Dit-elle gravement avant de passer ses bras autour du cou d’Hermès. N’empêche que ça ne règle rien pour… Nous ? S’il y a un nous…

Après tout… C’était aussi pour ça qu’il les avait téléportés ici non ? Discuter d’un possible « nous ». Et la déesse avait envie de profiter encore de cet instant qui n’appartenait qu’à eux, bien cachés à l’intérieur du cocon formé par ses ailes. Jamais Athéna n’aurait cru que se retrouver entourée de la sorte la ferait se sentir aussi en sécurité.

Ils avaient fait trop rapidement confiance. Anatole était apparu un jour dans leur entourage, enfin, dans celui des plus jeunes de la famille divine et ils ne s'étaient jamais posés de questions. La déesse en avait bien eu quelques unes quand ils s'étaient rencontrés, mais il y avait alors trop de monde pour permettre une discussion et elle s'était tue. Peut-être qu'elle aurait mieux fait d'agir comme une garce ce jour-là. Elle savait le faire et ça ne la touchait pas plus que ça mais ça aurait peut-être mis en lumière les blancs qui entouraient Anatole alors. De même quand Hypérion s'était pointé. Sauf que lui, elle l'avait questionné, ne recevant jamais de réponse directe. Le seul qui avait été plus ou moins honnête avec elle, c'était le Capitaine Pan lorsqu'il était venu les chercher dans le Cocyte. Au moins lui avait la décence de dire quand il ne voulait pas répondre à une question, comme lorsqu'elle l'avait questionné sur sa relation avec Thémis... Même si Pan n'était pas un Titan, il avait gravité autour d'eux et aurait pu être une source précieuse d'informations. Dommage qu'il soit mort durant l'épisode de la Vérité...

- Bonne chance ! Dit-elle avec un sourire à la fois encourageant et à la fois moqueur. J'ai hâte de voir si Hypérion te répondra. Il n'a pas voulu le faire avec moi, pas même lorsqu'Heimdall est allé contre ses ordres et nous a rendu une partie de notre mémoire. L'informa-t-elle avec un pincement au cœur en pensant au Gardien décédé. Tu sais que je ne savais même pas que j'étais la fille aînée de Japet avant octobre dernier ? Ni que Dolos avait été créé après ma naissance parce que Japet ne supportait pas d'avoir une fille pour héritière... Ajouta-t-elle avec un petit air narquois.

Une fille, ça n'était pas assez bien pour le Titan des Morts qui avait espéré avec Ouranos monter une armée. Japet était né pour être l'héritier. Et il avait effectivement hérité de beaucoup de caractéristiques de Japet. Elle aussi. Ses plus bas instincts, elle les devait à son géniteur. Peut-être devait-elle son côté plus doux à sa mère. Mais ça, la brune avait l'impression qu'elle ne le saurait jamais. Si Pan ne lui avait pas dit qu'elle était fille d'un Titan et d'une nymphe, elle n'aurait jamais su pour son côté maternel. En tout cas si Hermès réussissait à avoir des informations, cela pourrait leur être utile. En plus de signifier qu'en si prenant bien, ils pourraient en apprendre davantage sur tout ce que les Titans leur cachaient.

Un sourire éclaira le visage d'Athéna, le rendant soudain un peu plus jeune même si elle ne s'en rendait pas compte. Le fait d'avoir cette conversation avec Hermès, de savoir qu'il y avait une tendresse entre eux... Cela lui faisait du bien et lui permettait d'être un peu plus elle-même. Une guerrière mais aussi une femme qui avait un peu besoin qu'on prenne soin d'elle, ne serait-ce qu'avec un simple geste. Quand on planifiait des stratégies pour prendre le trône ou quand ensuite on était trimbalée d'un monde à l'autre, on n'avait rarement le temps d'être autre chose qu'une guerrière... Alors les moments comme celui-ci était plus que précieux aux yeux de la jeune femme.

- C'est bien l'égalité... Sourit-elle. Je te rappelle que j'étais la protectrice d'Athènes. Plus démocrate que moi, tu meurs. Plaisanta-t-elle.

Avant de redevenir sérieuse, même si elle avait une boule de papillons dans l'estomac face aux mots d'Hermès. Même le fait de devoir se cacher ne la gênait pas plus que ça. Il avait raison, les gens en qui ils pouvaient avoir confiance étaient plus que restreints. Athéna faisait confiance à Apollon, Artémis et Hadès dans une certaine mesure. Les autres... C'était discutable. Les retours inattendus comme celui d'Héphaïstos et Héra lui avaient toujours paru un peu suspects même si depuis elle avait compris qu'Hadès avait joué un rôle là-dedans. Mais en dehors de cette famille, de ceux qu'elle connaissait depuis des années, elle ne faisait confiance qu'en une personne : Regina. Tout le reste du monde était de potentiels ennemis à ses yeux. La sensation de ses pieds décollant du sable, l'adrénaline qui montait, ses pensées, tout ça fut occulté par le baiser que lui donna Hermès et le ton très tendre qu'il eut quand il lui assura que tout ceci ne concernait qu'eux.

- Tu as raison. Dit-elle doucement en lui caressant la nuque. Mais Diane s'en doutera sûrement, je te rappelle qu'elle est empathe. Ceci dit, elle ne dira rien.

Personne ne pourrait la faire douter de Diane maintenant qu'elles se connaissaient mieux. Elles vivaient ensemble depuis près de deux ans à présent quand même ! Athéna pouvait et doutait des Titans, mais pas de Diane. Hermès les emmena jusqu'au sommet du volcan et déposa la déesse à l'ombre. Elle s'installa contre un arbustre, juste en face du spectacle calme de l'océan. Hermès vint la rejoindre et tout en discutant mis sa tête contre elle. C'était... Un moment paisible, parfait.

- Je n'avais jamais ressenti cette évidence jusqu'à aujourd'hui. Avoua-t-elle. Mais je vois ce que tu veux dire. C'est étrange de nous sentir si liés alors que logiquement, rien de tout ceci ne devrait arriver. Pourtant c'est là. Et au lieu d'être le signe d'un problème, c'est plutôt l'annonciation d'un avenir possible. C'est une chose pour lequel je me battrais. Dit-elle avec vigueur avant de caresser doucement les cheveux d'Hermès. Mortelles et immortelles hein ? Pour un solitaire, tu es quelqu'un avec une longue liste de séduction accomplie apparemment... Plaisanta-t-elle doucement.

Pas de pression entre eux, juste cette certitude qui les poussait l'un vers l'autre. C'était doux et apaisant. Une bulle de paix qui donnait envie à Athéna de se battre pour la préserver, autant que possible.

Un grand éclat de rire manqua de lui échapper. Hermès était très confiant quand il annonçait qu'Hypérion lui répondrait. Enfin non, ce n'était pas ça le truc amusant. C'était surtout qu'il pensait sincèrement que le Titan serait enfin honnête parce que la situation était trop préoccupante. La déesse se demanda un instant s'il fallait qu'elle le fasse redescendre sur Terre. Ce n'était même plus de la confiance là... C'était de l'ignorance pure et dure. Hypérion n'était jamais totalement honnête et ne dirait jamais toute la vérité. Qu'importe la conséquence, il ne ferait rien. Ou empêcherait les choses d'arriver. Pendant 5 millions d'années, leurs souvenirs avaient été effacés. Il avait fallu un voyage à Titania, dans le passé, pour que le grand Titan se bouge le cul et leur rende leurs souvenirs. Enfin... Des flashs. Des brides. Rien de vraiment assez important pour qu'ils puissent mener un plan pour se battre contre Chronos.

- Je ne sais pas si j'admire ta confiance en lui ou bien si je te plains... Avoua-t-elle doucement. Hypérion a eu maintes fois l'occasion de nous aider et de nous dire la vérité. Même dans les situations les plus extrêmes, il ne l'a jamais fait. Quand trois dieux ont été coincés dans le Cocyte, il n'a rien fait. Alors qu'il aurait sans aucun doute pu nous aider. Il nous a menti durant longtemps, se faisant passer pour un simple jeune homme... Ne place pas tes espoirs en lui. Du moins pas trop. La déception serait trop grande...

Elle le savait. Elle avait vraiment eu confiance en Hypérion. Avait été soulagée de savoir qu'il existait et qu'il était de leur côté. Pensant qu'il les aiderait, Athéna avait été à deux doigts de lui accorder une confiance aveugle. Jusqu'à ce qu'elle ne se rende compte qu'il gardait beaucoup trop de choses de côté, éludant des questions qui leur étaient pourtant importantes... À partir de là, il n'était plus question de lui faire confiance. La déesse se demandait souvent pourquoi Heimdall lui avait donné ces cours pour se battre contre un Titan. Elle n'était pas capable d'en tuer un, loin de là, mais elle pourrait résister suffisamment longtemps pour s'échapper.

- Si tu crois qu'Apollon saura retenir sa langue... Dit-elle en souriant, ravie de passer à un autre sujet, bien moins noir. Je vis avec lui et cet homme... Je suis la plus curieuse d'entre nous, mais quand il s'agit de racontars sur la vie privée, Apollon est le meilleur. Il aurait fallu que son oiseau soit la corneille, toujours à espionner, plutôt que le corbeau. Ajouta-t-elle en riant presque. N'oublie pas ta sœur dans cette équation tout de même. Lui rappela-t-elle en se faisant plus sérieuse. Héra tient énormément à toi et la présence d'une autre femme qu'elle à tes côtés, je ne sais pas trop comment elle pourrait le prendre.

Et encore moins si cette femme, c'était elle. Sans doute que ça se passerait très mal. Athéna ne voulait pas causer de rupture entre Hermès et Héra, mais elle n'était pas certaine d'être assez généreuse pour s'éloigner comme ça. Enfin... Cet Hermès avait un caractère bien plus trempé que l'ancien, il ne se laisserait pas faire. Et puis de toute façon, tant qu'Héra ne savait rien... Ils étaient tranquilles pour un moment. Normalement.

La brune profita pleinement de cette sensation de liberté qu'elle sentait monter en elle depuis qu'il avait refermé ses bras à sa taille et l'avait emporté dans les cieux avec lui. Bien évidemment, Athéna n'ayant pas d'aile, elle n'avait jamais connu cette euphorie. Aujourd'hui, elle comprenait pourquoi certains faisaient tout pour passer leur temps ici. C'était... Indescriptible. Tout en étant très relaxant. Avoir la tête dans les nuages, ça ne semblait pas si mal que ça au final. La guerrière leva les yeux au ciel en l'entendant la mettre en garde.

- Je suis prudente. Je l'ai été toute ma vie ou presque. Lui rappela-t-elle. Mais pour les choses qui en valent la peine... J'ai envie de prendre le risque. Nous sommes en guerre, même si ça n'est pas très visible encore. Alors je sais parfaitement que tu pourrais ne plus être là demain. Cela vaut pour moi aussi. Et pourtant je n'ai pas envie d'être très prudente. Dit-elle avec sérieux. À être trop prudente, je pourrais louper des choses intéressantes, comme toi. Ajouta-t-elle avec un fin sourire. Est-ce que tu préférerais vivre sans connaître ça ou mourir demain avec la satisfaction d'avoir vécu quelque chose d'entier, d'authentique ? Rétorqua-t-elle. On m'a déjà brisé le cœur. Je n'ai rien fait. Avoua-t-elle. Qui suis-je pour juger des sentiments des autres ? La vie est ainsi, parfois elle donne, parfois elle prend.

Athéna n'était pas assez idiote pour ne pas voir que le risque existait. Elle avait fait le pari de vivre cette aventure avec lui, alors elle se battrait pour la vivre jusqu'au bout. Ses pensées s'envolèrent quand elle sentit le corps d'Hermès sur le sien alors qu'il l'embrassait, la situation devenait plus sensuelle, jusqu'à ce qu'il n'arrête et se détourne. Oh que c'était moche de provoquer quelqu'un de cette façon...

- Tu sais que créer une dépendance, ça peut se retourner contre toi hein ? Lança-t-elle l'air de rien, ayant compris son petit manège. Mais si tu veux jouer... Ajouta-t-elle d'une voix un peu plus rauque. Jouons... Finit-elle avec un sourire malicieux en l'embrassant sur le coin des lèvres.

Puis elle l'écouta lui parler de ses anciennes conquêtes. C'était absurde mais la si réfléchie Athéna, qui savait parfaitement que tout ceci était derrière lui, ne parvenait pas à passer outre. Ce qu'il lui disait l'agaçait quelque peu, même si elle tâcha de n'en rien montrer. C'était stupide d'être jalouse des autres. D'autant que les pauvres n'existaient plus.

- Faudra qu'on teste un jour si tu veux tant que ça fanfaronner. Le défia-t-elle avant d'avoir une grimace. Oh pitié, pas besoin de l'imiter, on a pas besoin de sa présence ou de le mentionner quand même !

Elle râlait juste pour la forme, après avoir été un an enfermé avec lui, Athéna supportait bien mieux Hadès à présent. La brune qui était entrain de rire à ses pitreries manqua de s'étrangler à la proposition.

- Tu es un homme dangereux... Souffla-t-elle en se reprenant. Et si... Tu m'emmenais au septième ciel ? De façon littérale bien évidemment. Proposa-t-elle. Je n'avais jamais volé jusque-là et j'apprécie beaucoup...

Ou alors c'était la compagnie qu'elle appréciait. Sans doute les deux s'il fallait se montrer suffisamment honnête.

Elle n’avait pas songé qu’il exaucerait son souhait de façon aussi prompte. Mais Athéna était ravie d’arriver soudainement aussi haut dans le ciel. Le vol était vraiment quelque chose de libérateur. Du moins jusqu’à ce que les bras qui serraient sa taille ne se desserrent sans préavis. Elle ne cria pas, mais son cœur battit à tout rompe jusqu’à ce qu’elle atterrisse sur un sol moelleux. Alors c’était la sensation de côtoyer les nuages ? Pour le coup, elle ne lui cria même pas après pour l’avoir lâché ainsi. De toute façon, ça n’avait pas été dangereux vu qu’elle pouvait se téléporter même durant une chute…

- Tu devrais avoir un autre lieu d’habitation et ne venir ici que lorsque ça ne va pas. Avoir un sanctuaire, un endroit où te réfugier quand ça va mal, c’est important… Suggéra-t-elle.

Elle le savait parfaitement. La salle d’entraînement avait durant longtemps été son refuge. Ce n’était plus vraiment le cas aujourd’hui et Athéna aurait été bien en peine de donner un lieu précis où elle se sentait bien. La mort d’Arès avait changé beaucoup de choses dans sa vie. Le lien qu’elle avait eu avec lui… Peut-être qu’il pouvait s’apparenter à celui qui reliait les jumeaux, dans une moindre mesure. En tout cas, elle avait eu beaucoup de mal à s’en remettre.

- Ne pas agir, je peux le concevoir. Ne pas nous donner les armes, et par-là j’entends son savoir, afin de mieux appréhender les situations ? Rétorqua-t-elle. Non vraiment… J’ai beaucoup de mal à me fier à lui maintenant.

Quand il était apparu dans leur vie, Athéna avait été plus que méfiante. Elle le considérait comme une source d’informations à nulle autre pareille… Ce qui était vrai, sauf qu’il n’avait jamais réellement partagé ses connaissances avec eux. Il ne leur avait même pas parlé de leur filiation, de leur frère ou sœur de sang… Il avait attendu, les avait testé et regardé se démener dans des situations improbables avant d’accepter qu’Heimdall ne leur rende une partie de leurs souvenirs. Ce qui ne les avançait pas réellement d’ailleurs.

- Apollon est un leader né, dommage qu’il ait tendance à ne se reposer que sur Diane… Soupira-t-elle.

Depuis que les choses allaient mieux entre elle et les jumeaux, Athéna leur aurait confié sa vie. Et n’hésiterait pas à se sacrifier pour eux s’il le fallait. Un sourire ironique se dessina sur ses lèvres à la mention d’Héra.

- J’ai comme l’impression que ça ne sera pas une discussion calme entre vous… Dit-elle avec un sourire narquois.

Athéna profita du baiser plein de tendresse. C’était… Indescriptible. Son cœur se gonflait d’un trop plein de sentiments qu’elle ne parvenait pas réellement à définir. Pouvait-on parler d’amour à ce stade de leur relation ? Est-ce que ça n’allait pas trop vite ? Hermès devait avoir les mêmes interrogations, vu sa remarque. Et elle ne pouvait être que d’accord avec lui. C’était étrange mais aussi tellement naturel entre eux.

- C’est vrai… Et même si ça m’intrigue, je n’ai pas vraiment envie de me poser plus de questions que ça. Sourit-elle.

Athéna se laissa tomber en arrière, s’allongeant sur le nuage alors qu’Hermès s’installait plus confortablement à ses côtés avant de se mettre à rire aussi face à sa déclaration.

- Crois-tu que les augures existent réellement ? Demanda-t-elle une fois calmée. J’ai dû mal à croire que tout pourrait être écrit par d’autres… Fit-elle. Déjà qu’elle avait du mal avec les Moires… Oh moi tu sais les guerres… Je m’amuse plus avec la politique. Sourit-elle. Mais je ne prends plus le temps de faire ça. Je m’occupe de l’entraînement des Gardes Olympiens, je m’entraîne parfois avec Eulalie, la dernière Amazone de notre monde et j’entraîne une jeune femme… Alexis. Expliqua-t-elle avec beaucoup de chaleur en parlant d’Eulalie et d’Alexis. Eulalie est comme un nouveau-né et Alexis… C’est une élève en qui je me reconnais. Avoua-t-elle. Enfin voilà. Finit-elle, un peu gênée. Ce ne sont pas des journées très chargées… Et toi, à part ton séjour chez les bouddhistes ?

Athéna se figea un instant en le sentant s’installer contre sa poitrine, mais comme pour tout le reste, une fois la surprise passée, cela semblait naturel. Et ce fut tout aussi naturellement qu’elle se mit à lui caresser les cheveux.