« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver.
Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve
sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)

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 One, two, three, drink ♦ LE THANATONAUTE

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Mary Bates
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“I wish I were a girl again,
half-savage and hardy, and free.”


| Conte : Folklore
| Dans le monde des contes, je suis : : Bloody Mary

| Cadavres : 323



One, two, three, drink ♦ LE THANATONAUTE - Page 2 _



________________________________________ 2018-10-09, 12:12


too many high hopes, too many disappointments
frustration, nom féminin : état de quelqu'un qui est frustré,
empêché d'atteindre un but ou de réaliser un désir.


« Si on était arrivé une minute plus tard, je te parie que l'affaire était finie ! » s'exclamait l'un des flics, presque encore outré par la scène qu'il avait interrompu.

Une douche froide. Un coup de massue. Une désillusion complète et totale. Elle aurait pu trouver beaucoup de façons d'exprimer ce qu'elle ressentait à cet instant précis.

Les lumières vives du poste de police la faisait cligner des yeux plus que nécessaire. Elle trouvait l'assise sur laquelle on l'avait installé fort inconfortable, encore plus que la banquette arrière du véhicule de fonction dans laquelle le trajet s'était avéré long et frustrant. Au moins, on avait prit la peine de libérer ses bras en attachant seulement l'une de ses mains aux barreaux de la chaise en métal.

« Une minute ? Vous le sous-estimez, non ? » marmonna-t-elle tout en soupirant bruyamment.

L'homme en uniforme grommela et décida de l'ignorer pour continuer de discuter avec celui qu'elle avait retenu comme s'appelant Elton, ainsi qu'avec un autre individu dont le nom lui échappait encore. Elle ne supportait pas les figures d'autorité. Leur simple vision la faisait frémir de dégoût. Elle s'estimait au moins chanceuse de ne plus avoir les médicaments en sa possession, ils ne pourraient pas la charger de ce délit.

Elle jetait de nombreux coups d'oeil en direction de Jules, qu'on avait placé bien trop loin d'elle à son goût. On les avait éloigné d'un bureau, sans doute parce qu'à peine assise en voiture, elle avait malgré tout tenté de prolonger l'instant en s'installant sur les genoux de l'écrivain comme dans une dernière tentative de provocation. Cette sensation d'inachevé la tiraillait et l'électrisait. Elle détestait l'entrave et l'interruption l'ayant empêché de poursuivre ce qui avait été débuté. C'était tellement énervant ! Elle n'en était étrangement que de plus en plus exaltée sans pouvoir l'exprimer autrement que par son regard. C'était la deuxième fois qu'il lui échappait. Certes, la première tentative n'avait pas été concluante quoi qu'il en soit, mais elle allait finir par penser que le destin ne voulait pas qu'elle obtienne ce qu'elle désirait.

Mary était presque partagée. Après tout, elle qui se plaignait d'être imperméable à bien trop de sensations en ressentait à ce moment une centaine. Elle devrait s'en délecter au lieu de s'en plaindre, non ? L'irritation, l'impatience, la colère. Un mélange sublime et détestable. Et cette adrénaline qui filait dans ses veines refusait de stopper sa course.

« Vous savez que vous n'avez pas arrêté n'importe qui ? Cet homme a déjà tenu tête à un titan. » lança-t-elle finalement plus revêche, en direction des trois imbéciles. « Peu importe ce que c'est d'ailleurs, je suppose que c'est puissant. »

Elle ignorait ce qu'étaient exactement ces créatures. Encore des êtres mythologiques, non ? D'après ses connaissances, c'était cohérent. Aussi cohérent que possible dans une ville pareille. Elle étouffa un rire à sa propre constatation, loin d'être vexée par l'absence de surprise ou d'admiration des policiers. Ils étaient d'un barbant. Elle n'avait jamais autant levé les yeux au ciel en si peu de temps.

« Bien, bien, bien. »

Stéréotype parfait de la profession. Démarche exagérée avec la main sur la taille, petit haussement de sourcil et moue réprobatrice. Elton et l'autre conducteur les ayant amené avant quitté la pièce, mais elle les entendait encore. Ils prenaient leur pause donuts, certainement.

« On va passer aux questions d'usage. Nom, prénom, date de naissance, situation et profession. On fait ça vite, ça fait trois nuits de suite que je suis de garde, j'ai pas envie de perdre mon temps. »

Et ça se voyait. Il avait des cernes sous les yeux masqués par du fond de teint – un homme qui prenait soin de lui, à l'évidence. Le thermos posé à côté de l'ordinateur témoignait de la dose de caféine qu'il avait ingurgité. Elle pencha la tête sur le côté pour observer le reste de ses possessions : aucun cadre photo, une tonne de paperasse, des emballages de barre protéinées. Pathétique.

« Vous faites de la musculation ? » interrogea-t-elle distraitement, se pinçant les lèvres. « Ça se voit. »

Amadouer pouvait s'avérer être une technique efficace en quelques circonstances et, si il semblait renfermé et impossible à dérider, elle se devait de tenter sa chance.

« Est-ce que vous pourriez avoir la gentillesse de fournir un verre d'eau à mon... ami ? Il risque d'avoir une migraine infernale demain, la moindre des choses après nous avoir fait attendre serait de lui donner de quoi s'hydrater. »

L'homme eut un temps d'hésitation, certainement surpris par une telle demande, mais il soupira avant d'aller vers la fontaine à eau et de poser sans conviction le verre en plastique devant Jules. L'agent se rapprocha ensuite pour s'adosser au bureau face à elle et elle ne le lâcha pas des yeux, méfiante au possible. La manière qu'il avait de la dévisager, presque avec pitié, lui donnait envie de lever sa jambe contre la partie sensible de ce décérébré.

« Exhibition en lieu public ça peut vous faire aller en prison vous savez ? Mais si vous coopérez, on évitera le jugement. On se contentera de vous garder cette nuit, de vous faire payer une grosse amende, et de contacter un de vos proches pour venir vous chercher. »

Il croisa les bras et lui fit grincer des dents. Elle préférait quand c'était Jules qui la regardait, c'était d'une manière bien plus agréable et flatteuse.

« Lui n'y est pour rien. Il a tellement consommé qu'il aura oublié tout ce qui s'est passé d'ici le lever du soleil. »

Elle s'affala autant que possible sur sa chaise, croisant les bras en offrant un sourire en coin en direction de l'écrivain. C'était peut-être mieux ainsi. Non pas qu'il oublie, mais que rien ne se soit véritablement passé. Elle aimait marquer les esprits, elle aurait été trop vexée de n'être qu'un souvenir brumeux et vite effacé de sa mémoire.

« J'étais en train de faire une bonne action. Il en avait besoin et vous l'avez privé d'une nuit fantastique. Vous ne pensez donc pas au bien être de vos citoyens ? »

Elle croisa ses jambes et posa sa main libre sur son genou laissé à nue, sa robe encore trop remontée – volontairement ou non – le long de ses jambes. Elle crut déceler une sorte de rictus moqueur étirer brièvement les lèvres du policier.

« Vous êtes pas un peu vieux tous les deux pour faire des trucs pareils ? » lâcha-t-il sans plus de considération.

« Je ne suis pas si ridée que ça ! Lui non plus. Il est plus que très bien conservé. » fit-elle remarquer, exagérément outrée par une telle remarque. « Tout est une question de mentalité. Et je n'aime pas la vôtre. »

Elle n'avait pas pas l'habitude de traiter avec les autorités. Elle les évitait au possible et se débrouillait en général très bien pour s'extirper de toute situation délicate. Mary n'avait pas calculé son action en « s'exhibant en public » et en entraînant l'écrivain avec elle. C'était nouveau. C'était amusant. Même si quelque peu dérangeant. Pourquoi étaient-ils accusés alors qu'ils ne dérangeaient personne, d'ailleurs ? Elle se retint de poser la question. Accuser les officiers de voyeurisme aurait été déplacé, elle le savait.

« Est-ce qu'on peut passer l'étape de la discussion et tout de suite voir pour le paiement ? »

« Nop. »

Au moins, ça avait le mérite d'être clair. Agacée, elle claque sa langue contre son palet. Cette soirée s'annonçait pourtant si bien.

« Je dois voir si vous avez pas des antécédents avec la justice, parce que là ça changerait la donne vous voyez. »

« Nous ne sommes pas des criminels. Nous sommes... le Thanatonaute et la Thanatopractrice. »

Sa propre réplique lui fit afficher un sourire radieux. Ça sonnait plutôt bien.

« On serait plutôt distingués en tant que couple de malfaiteurs, non ? »

Ils pouvaient se créer une réputation en moins d'une semaine, elle en était persuadée. Qu'est-ce qui serait le mieux pour eux ? Des braquages de banque, des vols chez les particuliers, des assassinats ? Non, ça, c'était son domaine. Et ça demandait beaucoup de travail. Avec son intelligence et son côté séduisant, il aurait fait un parfait appât pour attirer les potentielles victimes, mais être une tueuse en série sans revendications ne l'intéressait pas. Est-ce que son imagination était en train de se réveiller et de la faire divaguer ? Elle ouvrit de grands yeux à cette constatation, avant de secouer la tête.

« Bates. Elizabeth. » se résigna-t-elle à prononcer, la bouche pincée. « J'ai déjà travaillé avec vous sur le cas de la grand-mère décapitée. Quelle tragédie. »

Elle roula des yeux, renversant sa tête en arrière. Elle détestait faire usage de ce prénom mais c'était bien l'officiel que les autorités devaient avoir en leur possession.

« Née le 13 novembre... je ne sais plus. Les années sont les mêmes dans le monde des contes ? 1800, si c'est le cas, à peu près. »

Elle haussa les épaules, peu intéressée par ce détail. Elle avait cessé de compter au bout d'un moment, ça n'avait pas grand intérêt.

« Je suis veuve, si jamais vous êtes intéressé, mais certains vous diront que je suis un très mauvais parti. »

Elle avait assez donné de toute manière, et vu la calamité qu'avait été cette expérience, elle ne voulait pas la réitérer. Très peu pour elle, la place de ''femme de'' et les robes à dentelles pour la cérémonie. Elle grimaça à cette simple pensée.

« Cela dit, il paraît que le mariage peut donner des avantages, notamment concernant les impôts. Tu en penses quoi, Jules ? »

Elle n'avait pas oublié qu'après les interrogations, au lieu d'être libérée sans plus de questionnements, elle devrait passer le reste de la nuit enfermée. Cette perspective, loin de l'enchanter, commençait à l'angoisser même si elle ne voulait pas le reconnaître. Elle cherchait à gagner du temps, espérant trouver un moyen de s'extirper de cette situation.

« Elizabeth Verne, ça me conviendrait. On partirait où en voyage de noces ? Je ne veux pas prendre l'avion, j'ai des tendances claustrophobes. Le train ne me dérange pas, je suis sûre que ça peut être intéressant. Oh ! On pourrait même faire... comment est-ce qu'on appelle ça déjà ? »

Mary releva la tête, faussement curieuse, pour interroger du regard le policier.

« Un road trip ! Ce serait inédit ! »

Sa bouche s'étira en un sourire démesurée qui lui permettait de garder un minimum de contrôle sur ce qui était en train de lui arriver. Le policier s'était installé derrière son bureau, pianotant sur son clavier d'un air visiblement lassé. Quelle heure était-il maintenant ? Elle n'eut pas la motivation de se retourner pour s'informer grâce à l'horloge accrochée au mur. Elle estimait qu'il était tard, les locaux étant presque déserts.

« Jules Verne... Comme le prof de piano d'Eulalie ? »

Il l'ignora pour jeter un regard en direction de l'écrivain et elle crut déceler autant de surprise que de jugement dans ses yeux.

« Tu donnes des cours maintenant ? »

Il avait du talent, certes, et le rôle de professeur collait bien à son profil. Ça n'avait rien de surprenant.

« Et ben... Quand je vais lui raconter ça... »

L'homme s'était mis à marmonner et elle était prête à parier que l'histoire de leur arrestation allait vite faire parler d'elle. Il se releva pour venir la détacher et elle lâcha presque un soupir de soulagement, faisant gigoter son bras même s'il le tenait fermement pour l'installer plus loin. Il déplaça Jules de la même manière pour le mettre face à son bureau. C'était tellement protocolaire.

« C'est pour la forme. Je veux pas de problèmes avec... » commença-t-il en faisant un geste vague de la main au-dessus de sa tête. « Enfin, vous avez des contacts avec une autorité supérieure quoi, mais ça change rien au fait que vous avez eu... un écart de conduite. Je dois suivre le règlement, vous comprenez ? »

Il avait peur des grands méchants dieux ? C'était impressionnant ce qu'un peu de puissance pouvait engendrer comme crainte. Elle trouvait ça plus intriguant qu'effrayant.

« La prochaine fois faudra se montrer plus discret, je veux dire vous avez l'air d'être un homme bien, et y'a des hôtels pour ça... »

« La prochaine fois on ira dans l'église au lieu de rester à côté, on sera moins dérangés. » assura-t-elle, nonchalante, avec une expression de défi.

Elle n'était pas croyante de toute manière. Et elle n'avait jamais fait de « choses scandaleuses » dans un lieu de culte. Elle se gardait cette idée dans un coin de la tête.

« Madame a assez parlé pour l'instant. Alors si elle continue à blablater, je vais la mettre en cellule de dégrisement elle aussi, compris ? »

Elle ouvrit la bouche, prête à répliquer, avant de lâcher un juron étouffé. Bien sûr, elle n'avait pas de proches dotés de super-pouvoirs pour venir la sauver. Elle n'avait pas vraiment de proches du tout, en fait. Elle n'était pas jalouse mais... Elle en venait presque à espérer que quelqu'un l'invoque sur le champ pour la faire sortir d'ici. Pourquoi ça ne se produisait jamais quand elle le voulait ? C'était d'une injustice.
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________________________________________ 2018-10-14, 19:42

« Il faut savoir, coûte que coûte, garder toute sa dignité »
Et malgré ce qu'il nous en coûte s'en aller sans se retourner.


Il me semblait être déjà venu dans cet endroit. Je promenai un regard vitreux sur les alentours depuis un bon moment déjà, pendant que Mary était occupée à dialoguer avec l'un des policiers. J'observai les tables couvertes de dossiers en tous genres et de vieux gobelets de café vides, les boîtes à donuts ouvertes, encore scintillantes de sucre rose pâle. Tout ceci m'évoquait quelque chose, c'était certain. Mais quoi donc ? Les vapeurs de l'alcool voilaient ma mémoire, la rendant inaccessible. Sans que je comprenne, je me sentis peu à peu envahi par une impression de malaise. J'avais la nausée. Je tendis une main molle vers le verre d'eau et en bus quelques gorgées sans grand entrain. Puis j'adressai un sourire enjoué au policier qui me surveillait. Il resta de marbre, son regard devenant même plus sévère. Eh bien... voilà qui était loin d'être sympathique !

"Votre demeure n'est guère accueillante." fis-je remarquer d'un ton pâteux.

Je me tournai sur ma chaise, appuyant mon bras contre le dossier, afin de regarder Mary. J'espérais que la discussion ne s'éterniserait pas trop. Je n'avais pas envie de passer le reste de la nuit dans cet endroit.

Je tentai de prêter une oreille attentive à la conversation. Qui sait, peut-être comprendrais-je davantage la situation à laquelle nous étions confrontés ? Pour le moment, en comparaison des précédentes minutes, je m'ennuyais profondément.

Ainsi, la sombre demoiselle s'appelait Elizabeth. Un prénom royal. Beaucoup de citoyens de Storybrooke possédait une seconde identité due à la Malédiction qui les avait frappés. Je l'avais compris avec le Temps. Mary était donc son nom d'emprunt. Elle était si insolente tandis qu'elle répondait aux questions très indiscrètes du policier. Cela la rendait d'autant plus attirante.

"Il est impoli de demander son âge à une dame !" fis-je remarquer au grossier personnage.

Ce dernier m'ignora. Mary précisa qu'elle était née un treize novembre, vingt-huit ans avant ma propre venue au monde. C'était curieux. J'avais toujours pensé être le plus vieux des habitants de cette ville, exception faite de quelques uns et des divins. J'appris également qu'elle était veuve. J'affichai une moue compatissante qui disparut très vite alors qu'elle semblait dédaigneuse. Sans doute un mariage de convenance.

"Cela dit, il paraît que le mariage peut donner des avantages, notamment concernant les impôts. Tu en penses quoi, Jules ?"

Cette question me fit me dresser sur ma chaise. Indécis, je restai coi.

"Elizabeth Verne, ça me conviendrait. On partirait où en voyage de noces ? Je ne veux pas prendre l'avion, j'ai des tendances claustrophobes. Le train ne me dérange pas, je suis sûre que ça peut être intéressant. Oh ! On pourrait même faire... comment est-ce qu'on appelle ça déjà ? Un road trip ! Ce serait inédit !"

Je clignai des yeux, même si un sourire grivois se dessinait déjà sur mes lèvres.

"Je n'épouse plus, madame." lançai-je, sûrement trop théâtralement. "Quant au voyage... j'aurais pu te transporter plus loin que la lune si ces deux nigauds n'étaient pas intervenus."

Mon sourire en coin s'accentua et je haussai les sourcils, renversé sur ma chaise. Je sentis le policier qui me surveillait s'énerver, à en juger par le tapotement de ses doigts contre la table.

"Insulte à un officier de police. Continue comme ça. Tu vas avoir un joli casier."

Ce genre de menaces ne m'atteignait pas. Je n'avais nul besoin d'un casier puisque toutes mes possessions tenaient dans mes poches. Je me sentis brusquement de nouveau enhardi. La nausée s'en était allée. J'étais de nouveau léger comme l'air, le coeur guilleret.

L'autre policier prononça alors mon nom complet en mentionnant que j'étais le professeur d'Eulalie. Mary parut surprise d'une telle nouvelle. J'aurais aimé demander une pause. Tout s'enchaînait un peu trop vite, de nouveau, pour mon esprit ralenti. Raconter quoi à qui ? Et voilà, cet imbécile m'avait perdu.

Sans trop savoir comment, je fus déplacé pour être amené devant le bureau de l'autre policier, à la place de Mary.

"Tu es libre." dis-je en remarquant qu'elle n'était plus menottée. "Attends-moi dehors. J'arrive."

Je lui décochai un clin d'oeil puis me tournai avec désinvolture vers le policier à l'air patibulaire. Je pouffai en entendant la réplique de la jeune femme concernant l'église. De mon temps, ce genre de réflexion avoisinait le blasphème. Décidément, j'aimais tellement le XXIème siècle et sa largesse d'esprit !

"Bon, on va épiloguer parce qu'on va finir par louper New York Unité Spéciale. C'est une rediff mais quand même. Donc... Nom, prénom, date de naissance, situation et profession."

"Brad... on sait déjà comment il s'appelle." précisa son co-équipier.

"Ah oui c'est vrai."

Le policier pivota vers l'ordinateur à sa gauche et pianota mon nom et prénom tout en déclarant à personne en particulier :

"Verne... Jules..."

"Gabriel." coupai-je avec hauteur.

Le policier se stoppa net et me fixa, les yeux plissés.

"C'est Jules ou c'est pas Jules ?" s'impatienta-t-il.

"Tout dépend si vous voulez que votre travail soit bien fait."

Il m'adressa un regard oblique. Je laissai encore quelques secondes s'écouler avant de déclarer :

"Jules Gabriel Verne. Jules comme Jules. Gabriel comme mon grand-père paternel, et Verne comme... Vernis mais sans le "i", sans le "s" et avec un "e" au bout."

Il n'avait pas l'air très content que je lui fournisse tous ces détails. Il était tellement agacé qu'il nota sur son dossier que j'étais professeur de piano. Je n'avais pas envie de le corriger. Après tout, c'était en partie vrai.

"Je suis également veuf, né le 8 février 1828 à Nantes, charmante ville portuaire à l'ouest de la France..."

"Vous allez aussi nous raconter quel temps il faisait ce jour-là ?" maugréa le policier en pianotant sur le clavier, morose.

"Le givre recouvrait les vitres. La nuit avait été glaciale. Le vent mugissait. A cette époque, l'hiver était rude et de nombreux nouveaux-nés ne survivaient pas. Cependant, j'étais robuste. J'avais une destinée et je savais que..."

"Tu crois qu'il va s'arrêter ?" coupa le policier resté près de Mary.

"Attends j'ai perdu le fil après 'A cette époque...' "
fit son collègue qui pianotait sur le clavier.

Etait-il vraiment en train de retranscrire les balivernes que je venais de déclarer ? J'écarquillai les yeux et réprimai difficilement un sourire amusé.

"Vous voulez qu'on prévienne qui de vos connaissances ?" demanda le dénommé Brad après quelques secondes.

Je fronçai les sourcils, abîmé dans une réflexion trop profonde et incertaine. A en juger par leurs expressions faciales, mon comportement était répréhensible. Mais je n'étais pas homme à me laisser abattre.

"Personne."
dis-je, catégorique. "Je ne suis pas un petit garçon. Je... suis le maître de mon destin ! Je suis le capitaine de mon âne !"

Ane ou âme ? J'avais un doute. Je tapotai de l'index contre ma bouche avant de hausser les épaules.

"On pourrait le dire à Eulalie."
proposa le co-équipier.

"Je vous le déconseille ! Je suis ami avec le titan Hypérion, j'ai été intime avec la déesse Aphrodite et le Gardien d'Olympe m'adore. Vous devriez me libérer sur-le-champ."

Malgré mon discours enflammé, les deux policiers se contentèrent de m'adresser un regard indifférent. Puis, Brad tourna la tête vers son collègue :

"Cellule de dégrisement ?"
"Cellule de dégrisement." conclut l'autre.

***

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Le lendemain matin...

Une musique entêtante résonnait à plusieurs reprises à divers moments depuis le poste de télévision du commissariat. Je la connaissais par coeur pour l'avoir entendue à travers les parois de ma cellule tout au long de la nuit.

Je passai une main contre mon visage. Je devinais aisément que mon teint devait être blafard, avec quelques nuances verdâtres, sans doute. Je me sentais vaseux. Dès l'instant où je m'étais redressé sur le banc de métal, j'avais éprouvé chaque muscle endolori de mon corps. Les os de mon dos avaient craqué. Lorsque j'avais posé les pieds sur le sol et m'étais relevé, ma cheville gauche avait été parcouru d'un courant électrique insupportable. Je m'étais retenu à la paroi, manquant de peu de tomber. Bien que je ne le méritais pas, un des policiers me donna une béquille oubliée dans l'un de leur réduit.

Clopin-clopant, je venais de quitter la cellule. Je me tenais désormais devant le guichet de l'accueil du commissariat. Les pâles rayons du soleil passant à travers les rares vitres mettaient mes yeux à rude épreuve. J'aurais souhaité porter des lunettes de soleil. La moindre clarté trop vive faisait souffrir mes rétines.

Le lecteur bancaire bipa et le policier me rendit ma carte que je rangeai dans mon portefeuille en silence. Au moins, l'amende était payée.

"Alors, on fait moins le fier maintenant !" fit-il remarquer, narquois.

Je tiquai et m'éloignai du rebord pour récupérer la béquille. D'ordinaire, j'aurais trouvé une bonne répartie, mais cette fois-ci, je devais reconnaître mon erreur et vivre avec. J'aurais été bien trop stupide à tenter de défendre l'indéfendable.

"Vous allez l'air bien pressé de partir."

J'avais une excellente raison de décamper avant l'arrivée du reste des effectifs, mais je n'allais certainement pas la lui dire.

"Je vous suis reconnaissant de n'avoir prévenu personne." dis-je, contracté.

"On a tiré à pile ou face avec mon collègue. Vous avez eu du bol. D'habitude, on applique la procédure."

Trop aimable.
L'agent de police prit tout son temps pour tamponner différentes feuilles. Je le soupçonnais de faire durer le moment uniquement parce qu'il avait remarqué mon empressement. Enfin, il déclara à contrecoeur :

"C'est bon. Vous êtes libre. Tenez-vous à carreaux sinon votre casier judiciaire va vite se remplir !"

Il tapota le dossier qui portait mon nom avec un sourire que je jugeai plutôt sadique. Je ne fis aucune commentaire, me contentant de me détourner pour me diriger le plus vite possible hors du commissariat.

L'air vif du matin me saisit aussitôt. Le vent s'engouffra par les interstices de ma chemise. Un frisson me parcourut. En quelques pas, je me retrouvai à plusieurs mètres du poste de police.

C'était une catastrophe. J'avais sacrifié tous mes principes sur l'autel de la honte. Jeune, j'avais été débauché. A Paris, j'avais joui d'une existence bohème en compagnie des Onze sans femme. Cependant, jamais je n'avais fait preuve d'autant de stupidité. Ma pauvre mère serait morte deux fois d'apprendre que j'avais blasphémé une église. Mon père m'aurait probablement déshérité. Bien que je n'étais pas croyant, je me sentais envahi par une profonde culpabilité. Il n'existait aucune façon de supprimer cet écart de conduite. Un casier judiciaire... Jules Verne possédait un casier judiciaire ! Qu'allait-on penser de moi ? L'affaire allait forcément s'ébruiter. Eulalie finirait par être au courant. Quant à Cassandre, si elle venait à l'apprendre... elle se moquerait. Et elle aurait bien raison.

C'était une véritable catastrophe. En plus de tous mes proches et du reste de la ville, j'avais angoissé à l'idée qu'une autre personne soit mise au courant. Dès lors où j'avais retrouvé mes esprits, j'avais reconnu le commissariat et ce qu'il m'évoquait. Le parfum des donuts et du sucre... Plusieurs fois, j'avais redouté de trouver Robyn de l'autre côté des barreaux, à me fixer durement. Je n'aurais pu supporter son regard. C'était pour cette raison que je cherchais à m'éloigner sans me retourner, même si c'était absurde. Elle finirait par savoir. Elle était shérif, après tout. Pourquoi cela m'affectait-il autant ? Ce n'était pas si important. Je soupirai ; bien sûr que si, ça l'était.

J'aurais voulu accélérer l'allure mais ma cheville m'en empêchait. Je m'appuyai contre la béquille, me sentant aussi impotent que stupide.

Et Mary, où était-elle ? Les policiers m'avaient dit qu'elle avait été relâché. Je ne savais que penser d'elle. Pourquoi m'avoir encouragé dans cette folie ? Des bribes me revenaient de la nuit passée. Tout se mélangeait dans mon esprit nauséeux. Je ne parvenais pas à me faire un avis sur ses agissements. Il aurait été si simple de lui faire porter toute la culpabilité. Pourtant, je possédais ma part de responsabilité. Si je n'avais pas bu plus que de raison, rien de tout ceci ne se serait passé. Peut-être avait-elle profité de la situation, mais j'avais tout agencé sous les pires hospices.

Un autre soupir affaissa mes épaules. Je m'immobilisai en apercevant la jeune femme, un peu plus loin. M'avait-elle attendu ? Pourquoi ? La revoir, en pleine lumière alors que j'étais débarrassé des vapeurs de l'alcool, ne rendait que plus réel mon sentiment de culpabilité et de honte. Je restai figé, muet, appuyé sur ma béquille.

De toutes façons, il n'y avait rien à dire.


crackle bones
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________________________________________ 2018-10-18, 20:02


never regret anything
because at one time it was exactly what you wanted.


« La Marche de la Honte du Thanatonaute. »

Elle ne prononçait ce murmure que pour elle, levant les yeux au ciel en le voyant prostré dans la rue. Elle s'attendait à ce que le retour à la réalité ait été brusque pour lui, mais cette façon qu'il avait de rester figé à peine l'eut-il vu lui arracha un bref sourire désabusé.

En quelques pas, elle se retrouvait face à lui, le soleil brûlant ses yeux fatigués sans que ça ne la dérange pour autant. Elle y était trop habituée. Elle dégagea de son visage une mèche de ses cheveux, qu'elle avait sommairement attachés dans un semblant de chignon, donnant presque l'impression d'être volontairement décoiffé. Elle aurait dû se ruiner en crèmes diverses de grandes marques pour faire disparaître les cernes, cela dit. Son maquillage ne tenait plus et ne faisait maintenant que les accentuer. Sa réelle apparence inspirait sans doute plus de dégoût que son reflet ce jour-là.

Sans un mot, Mary tendit le gobelet de plastique qu'elle tenait entre ses doigts, son regard plissé restant fixé sur l'écrivain.

« Ce n'est qu'un café. Et je ne l'ai pas empoisonné. » précisa-t-elle face à son manque de réaction, un brin amusée à l'idée qu'il puisse le penser.

Elle faillit préciser que ça ne faisait pas partie de ses méthodes mais se ravisa, son air vaguement taquin disparaissant suite à cette réflexion. Ce serait mentir. Elle l'avait déjà mise en pratique, juste une fois, mais elle ne s'en vantait pas. Son expression se fit plus abattue l'espace d'une seconde et, dans un geste impatient, elle le força à prendre le gobelet dans sa main qui ne tenait pas sa béquille.

« Tu viens avec moi. » ordonna-t-elle alors, intransigeante, en accrochant son bras à celui de Jules.

Il lui semblait qu'il n'était pas nécessaire de remettre en place une distance de langage après tout ce qui avait pu se dérouler. Qu'est-ce que ça changerait ? Ce n'était qu'une règle instaurée par des gens, à une époque lointaine, un concept de savoir-vivre, ça n'avait pas d'importance.

« Nous devons récupérer ta canne. »

Sans oublier ses propres clés et ses somnifères, mais autant faire croire que ce n'était que pour lui. Elle ne savait ce qui était prioritaire. Si elle rentrait mais ne dormait pas, ça n'avait pas d'intérêt. Elle n'avait pas non plus envie de somnoler à même le goudron, elle méritait mieux que ça après la nuit passée enfermée entre quatre murs. Elle sentait encore les restes de son angoisse constante tirailler le moindre de ses muscles. Protester n'avait servi à rien, ces policiers étaient coriaces. Elle espérait ne jamais les revoir si ce n'était le jour où on devrait les mettre en cercueil.

Mary avait opté pour le silence pendant un long moment. Elle savait qu'elle aurait pu faire appel à un taxi pour rendre le trajet moins pesant, mais l'air frais ne lui avait jamais fait autant de bien.

« Je parie que tu es en train de te demander... Qu'est-ce qui s'est passé ? Qu'est-ce que j'ai fais ? Pourquoi ? » lança-t-elle finalement, imitant le ton d'une voix pensive et tourmentée.

Elle adoptait une marche lente, consciente qu'il était incapable de tenir un rythme soutenu dans son état déplorable. Bien sûr qu'elle aurait pu aussi se rendre seule au Phantom et ne pas l'attendre ou ne pas l'entraîner avec elle, après tout la soirée avait prit fin il y a des heures. Elle n'avait pas à s'encombrer d'un homme à la jambe fragile, en particulier maintenant qu'il n'avait plus rien de distrayant. Ou alors elle cherchait à s'assurer qu'il n'était vraiment plus de bonne compagnie. Elle ne savait pas vraiment. Parfois, elle voulait juste ne pas être seule, même si c'était en s'entourant d'imbéciles.

« Ne me dis pas que tu as trouvé ma compagnie désagréable. Je ne te croirai pas, de toute façon. » le sermonna-t-elle presque, faussement outragée, en tournant à peine la tête vers lui. « Et tu n'as rien fait de mal, quoi qu'en dise ces hommes en uniformes trop rigides. Ils étaient probablement jaloux. Par contre... Mélanger les alcools, ça, c'est le véritable délit dont tu aurais dû être accusé. »

Il lui donnait l'impression de trop réfléchir pour des broutilles, ce qui avait le don de la divertir autant que de l'agacer. Tout comme les regards appuyés des quelques habitants déjà éveillés qui les dévisageaient parfois. N'avaient-ils pas mieux à faire ? La curiosité était une généralité chez le genre humain. Souvent déplacée, parfois même inconsciente. Toujours méprisable. Elle conservait sa démarche nonchalante et imperturbable, se fichant de l'avis que l'on pouvait porter sur sa personne.

« Ce n'était qu'une nuit de divertissement pour oublier tes problèmes et rendre plus supportable ta malheureuse existence. Pas de quoi en faire un drame. »

Mary roula presque des yeux au ciel en prononçant cette phrase. Elle s'y connaissait, elle avait adopté ce mode de vie depuis ce qui lui paraissait être des lustres. La plupart du temps, ça ne fonctionnait même plus, et elle n'avouerait pas que ça avait été efficace cette fois-ci. Elle n'aurait rien eu à redire si il s'était montré plus ''scandaleux'' cela dit, au contraire.

Si il avait été aussi idiot que Michel-Ange, elle aurait chercher à ne faire qu'accroître toute la gène qu'il devait ressentir. Elle pouvait lui dire qu'il n'était en rien respectable après avoir agit comme il l'avait fait. Ou qu'il n'était pas à la hauteur des principes dont il avait fait preuve lorsqu'elle l'avait rencontré. Le ridiculiser était une solution de facilité qu'elle laissait de côté. Les critiques auraient pourtant été faciles et nombreuses à trouver, mais elles n'auraient pas eu d'impact. Ni de valeur, puisqu'il fallait bien plus qu'un petit dérapage pour être estimé comme irrécupérable.

Elle estimait n'avoir absolument rien à faire en fin de compte, si ce n'est être présente pour l'observer de ses propres yeux : il devait déjà être bien assez bas pour avoir adopté un tel comportement la veille, autant mentalement que physiquement, si elle se fiait aux blessures aperçues.

« Ça ne se reproduira que si tu le souhaites, je ne te forcerai pas. » enchaîna-t-elle, légèrement espiègle.

Elle savait être patiente. Et tenace. Elle n'oubliait pas qu'il lui avait encore échappé et le mélange de contrariété et d'étrange enthousiasme que cela avait déclenché. Elle étouffa un rire après avoir gardé un regard insistant et enjôleur, avant de le lâcher pour parcourir plus rapidement les derniers mètres qui les séparaient de leur destination.

Ses mains se plaquèrent contre les vitres du bâtiment sans qu'elle n'accorde d'attention à l'image que lui renvoyait la surface vitrée. Aucune lumière ne filtrait de l'intérieur et elle remarqua vaguement les chaises posées sur les tables, tandis que le silence régnait contrairement à la nuit précédente. Elle se rapprocha de de la porte et frappa plusieurs coups sur la grille de métal baissée devant, les dents serrées.

« Il y a quelqu'un ? Le Hobbit ? Bernard ? »

Autant tenter, le molosse pouvait toujours être dans le coin. Elle réitéra la demande, de plus en plus irritée par l'absence de réponse. Ces incapables fermaient les bars trop tôt. Ses lèvres se pincèrent et elle s'écarta dans un juron contenu, reculant d'un pas pour observer l'étage. Peut-être que le propriétaire habitait au-dessus ? Elle pouvait toujours lancer des cailloux contre la fenêtre, même si les volets fermés rendraient l'action inutile. Le soupir qu'elle lâcha exprima son épuisement autant que sa frustration.

« Ton ami, celui qui apparaît et disparaît comme il veut, il pourrait venir te rendre service ? »

Mary pivota vers l'écrivain, un air perplexe sur ses traits. Elle se souvenait de cet homme qui était arrivé dans la chambre par le pouvoir d'une certaine téléportation. Si il avait tant de connaissances aux pouvoirs remarquables et divins, autant qu'elles soient utiles.

« Tu as peut-être une béquille de remplacement, mais mon sac est là-dedans. Et mes clés le sont aussi. » insista-t-elle en désignant le bar fermé d'un geste imprécis de la main. « Sans elles, je ne peux pas rentrer chez moi. Donc, à moins que tu aies envie de m'inviter chez toi... »

Elle haussa un sourcil, malgré tout curieuse de la réponse qu'il pourrait donner. Il était peut-être d'une gentillesse exécrable mais elle avait forcément ses limites. Elle faisait mentalement le tour des options envisageables, la première étant de patienter devant la porte jusqu'à ce que le bar ouvre de nouveau ses portes, sans doute d'ici la fin de l'après-midi. Ce serait long. Son lieu de travail aurait été une option si là aussi le soucis de la serrure fermée ne s'était pas posé. L'hôpital ? Elle avait moyen d'occuper la salle de repos des médecins, ce qui impliquerait sans doute des questions. Elle pouvait se rendre chez Jefferson mais tellement de gens habitaient maintenant son manoir que c'en était devenu une colonie à l'agitation insupportable. Le seul qui restait était Balthazar, lui accepterait peut-être de la laisser s'évanouir sur son canapé l'espace de quelques heures sans lui demander de se justifier. C'était à dire vrai la seule possibilité qu'il lui restait. Mais jamais elle ne s'abaisserait à demander directement de l'aide, peu importe le motif.

Elle grimaça, sa tête se faisant douloureuse à cause de la fatigue et son regard étudiant le café qu'il tenait encore. Elle lui avait offert, elle pouvait bien le récupérer, surtout que la caféine ne lui convenait peut-être pas avec cette gueule de bois. Elle avait terminé le sien avant qu'il sorte du poste police, mais elle se disait maintenant qu'elle aurait dû en prendre au moins quatre. C'était le minimum pour se remettre les idées en place et écarter la migraine à défaut d'avoir de la morphine à portée. Quoi qu'elle n'aurait pas non plus refuser un whisky, combattre le mal par le mal était une méthode qui avait déjà fait ses preuves.
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________________________________________ 2018-10-22, 15:27

« Il faut savoir, coûte que coûte, garder toute sa dignité »
Et malgré ce qu'il nous en coûte s'en aller sans se retourner.


Qu'est-ce qui s'est passé ? Qu'est-ce que j'ai fais ? Pourquoi ?

La sombre demoiselle se méprenait : je me souvenais très bien. Je n'avais nul besoin de me poser ces questions. Je devais seulement supporter le poids de mes remords et de mes regrets. A mesure que l'enclume qui avait élu domicile dans mon crâne devenait plus légère, le voile sur la nuit dernière se levait tout à fait. La migraine était toujours omniprésente. Il faudrait davantage qu'un café pour la dissiper. Quelle folie...

Je me sentais honteux et brisé. C'était sans nul doute le pire lendemain de fête que j'avais jamais connu.

Mary faisait l'effort de me parler quand je n'aspirais qu'au silence. Sa voix, pourtant douce, résonnait jusqu'à l'intérieur de ma tête et de ma cage thoracique. Peut-être était-ce dû à sa proximité, à son bras enroulé autour du mien ? Une fois devant le bar, elle s'éloigna enfin. Je boîtai jusqu'au mur afin de m'y appuyer, tandis qu'elle cherchait à voir à l'intérieur de l'échoppe visiblement fermée. Un frisson me parcourut alors que je voyais distinctement son reflet ensanglanté se découper dans la vitre qui lui faisait face. Je déglutis, me rappelant sans peine qu'elle était en réalité une figure de cauchemar. S'agissait-il d'un fantôme, d'une âme errante ? Elle en avait la pâleur et la froideur. Pourtant, je me souvenais encore de sa peau se réchauffant au contact de mes caresses et de mes baisers fougueux...

Je chassai ces images de ma tête. Elle était vivante, d'une certaine façon. Et défunte. Cela aurait dû me perturber, mais c'était bien la dernière chose qui me déroutait étant donné l'effervescence de la veille.

Je clignai des yeux en entendant sa suggestion. L'ami qui apparaît et disparaît comme il veut... Faisait-elle allusion à Elliot ? Je forçai les rouages de mon esprit afin de me remémorer notre rencontre.

"Non." dis-je, catégorique.

Mon ton abrupt allait peut-être la surprendre. Elle parut perplexe. Je soutins son regard sans ciller, intransigeant, et sans me justifier. Il était hors de question que j'appelle une de mes connaissances. Mon allure générale était loin d'être avenante. On s'apercevrait de ma déconvenue. Brusquement, je priai que ma demeure soit déserte lorsque je m'y rendrais. J'étais mortifié à l'idée de croiser Ellie ou Hypérion.

Mary suggéra de venir chez moi, et ce fut à mon tour de la dévisager. Avait-elle perdu l'esprit ? Elle portait également les marques de la nuit passée, à la fois sur son visage et jusque dans sa coiffure approximative, sans parler de sa robe froissée. Les conclusions seraient hâtives si l'on nous voyait ensemble. Je ne souhaitais pas de scandale supplémentaire... A bien y réfléchir, le scandale était déjà là, encore vivace dans nos mémoires mutuelles. Je détournai les yeux.

Je me détachai du mur pour me diriger bon gré mal gré vers la grille devant la porte. J'avais réfléchi à l'éventualité de quérir un Garde Olympien, mais je redoutais leur absence de discrétion. Les commérages se répandraient comme une traînée de poudre impossible à stopper.

Il ne restait donc qu'une seule possibilité.

Je me penchai vers la serrure de la grille afin de l'étudier pendant une bonne minute. Je crus entendre la sombre demoiselle s'impatienter.

"Il s'agit d'une serrure à double cylindre." déclarai-je, tout en m'approchant davantage de cette dernière.

Me redressant, je me plaçai devant la demoiselle. Je lui tendis le café auquel je n'avais pas touché puis observai sa chevelure avec attention. Une fois que j'eus repéré l'objet de ma convoitise, je piquai la pince qui retenait son chignon. Ses cheveux cascadèrent sur ses épaules, presque aussi ternes et pâles que son visage. Je considérai la pince qui me semblait comme suffisamment fine, puis je la glissai dans le barillet.

"Je n'ai plus crocheté de serrure depuis mes neuf ans. J'espère ne pas être trop rouillé."

Je grimaçai un sourire suite à ma plaisanterie qui n'était pas spécialement drôle, à la réflexion. Plusieurs fois, je jetai un coup d'oeil frénétique de tous côtés, afin de vérifier que personne ne nous surprendrait. Fort heureusement, la rue était déserte en cette heure matinale.

Décidément, l'ardoise de mes délit s'allongeait considérablement. Le mal est quelque chose de toujours possible. Et le bien est quelque chose d'éternellement difficile. Nous sommes si aisément corruptibles et imparfaits.

Je me penchai davantage sur la serrure qui me résistait. Coinçant la langue entre mes lèvres, je plissai des yeux et restai attentif et concentré, l'oreille aux aguets.

"Tapote mon épaule si jamais quelqu'un vient."

J'espérais que Mary soit digne de confiance. J'imaginais qu'elle n'avait rien à gagner non plus à la perspective de retourner à la case prison pour avoir tenté d'entrer par effraction dans un lieu public. Décidément, il semblait que nous soyons voués à partager nos crimes.

J'avais hésité à tutoyer la jeune femme. Après tout, nous nous étions fortement rapprochés la veille. Il aurait été idiot de forcer une distance entre nous, dorénavant.

La serrure était dotée de plusieurs séries de goupilles. Il me fallut un certain temps pour en débloquer chaque ressort. Je redoublai d'efforts, m'acharnant, mes gestes devenant plus fébriles et agacés, quand j'entendis enfin le rotor tourner sur lui-même.

"Méfait accompli." murmurai-je avec un mélange de fierté et d'écoeurement.

La grille bougea légèrement, signifiant qu'elle était débloquée. Je la relevai après avoir pris l'élan nécessaire. Le bruit métallique résonna dans le silence, me crispant de la tête aux pieds. Avec tout ce boucan, ce serait étonnant que nul ne nous entende.

"Dépêchons."
dis-je à Mary tout en abaissant la poignée de la porte.

Je la laissai passer avant de me glisser à l'intérieur. Chacun de mes muscles était tendu. Je redoutais que quelqu'un se trouve dans le bar. Une femme de ménage ou le directeur de l'établissement. Comment aurions-nous expliqué notre présence ?

"Prends tes effets personnels et déguerpissons."

Je n'avais aucune envie de m'éterniser. Mon regard balaya rapidement la pièce. Les petites tables rondes disposées à divers endroits, la piste de danse, tout me semblait étrange, comme si la lumière du jour rendait les lieux à la fois différents et familiers. Je me dirigeai droit vers le comptoir et récupérai ma canne posée contre l'un des tabourets. Celui sur lequel je m'étais assis la veille. Je me souvenais de l'intervention fantomatique de mon frère avant l'arrivée de Mary. J'aurais aimé que rien de tout ceci ne soit réel, que rien ne se soit véritablement passé. Pourquoi ne pouvons-nous décider que certains éléments basculent dans l'imaginaire ?

"La dernière fois que j'ai crocheté une serrure, c'était celle du garde-manger chez mes parents. Mon père m'avait interdit de manger les pâtes de fruits qu'il avait ramenées de Paris car elles étaient réservées à ses collègues de travail venant dîner le soir-même. Cependant, elles étaient bien trop appétissantes pour que j'y résiste. J'ai dévoré plus de la moitié en cachette et quand j'ai pris conscience de mon erreur, il était trop tard. La clé du garde-manger ne possédait aucun double. Elle était uniquement sur le trousseau de Célestine, notre domestique. Mes parents crurent qu'elle était la voleuse et la congédièrent sur-le-champ."

Je laissai échapper un soupir, perdu dans mes souvenirs. Pourquoi était-ce si facile de remuer le passé avec Mary ? Peut-être parce que j'éprouvais le besoin que l'on porte un oeil désabusé sur mes petits délits. Je me doutais qu'elle avait bien pire à se reprocher.

"Je craignais une terrible correction si je l'innocentais, alors j'ai préféré me taire. J'ai gardé le silence beaucoup trop de fois afin d'éviter le scandale."

Je levai les yeux vers elle, l'ombre d'un rictus grimaçant, plein d'ironie, au coin des lèvres.

"Il semblerait que le karma m'ait finalement rattrapé."

J'esquissai une moue résignée. J'espérais qu'elle trouverait vite son sac, même si l'idée que quelqu'un lui ait volé soit plus que probable. Dans ce cas, que faire ? Je ne pouvais décemment pas l'inviter à m'accompagner chez moi. J'hésitai à lui proposer de l'attendre dehors mais me ravisai. Un peu de courage, Jules. Dans tous les cas, nous étions définitivement perdus de réputation si quelqu'un nous surprenait. Peu importe si je me trouvais dans la rue, devant la grille fracturée, ou à l'intérieur du bar.

"Je vais avoir bien du mal à te convaincre que la vie est merveilleuse, désormais." dis-je à la jeune femme avec une moue plus contractée. "Tu n'aurais pas dû assister à cette débandade. Personne n'aurait dû."

Je promenai un regard plein d'amertume en direction des bouteilles alignées derrière le comptoir, qui arborait chacune une couleur vive et différente. Maudites boissons alcoolisées et trafiquées ! Jamais le whisky ou le vin ne m'avaient fait perdre la raison à ce point. On ne peut se fier aux cocktails contemporains. En tous cas, je me fis la promesse solennelle de ne plus jamais y toucher.

"Pourquoi m'as-tu encouragé dans cette folie ?" demandai-je, indécis. "N'importe qui aurait fait tout le contraire de ce que tu as fait. Et je ne parle pas seulement de... notre écart de conduite. Tu dois te sentir tellement seule, toi aussi."

Peut-être aurais-je dû m'exprimer de façon moins franche ? Allait-elle être peinée ? Elle semblait effleurer l'existence avec une indifférence permanente. Peut-être cherchais-je à provoquer une réaction, qu'elle soit positive ou négative ?

M'abîmant dans le silence, je lui pris le café des mains pour en boire une gorgée avant de le lui rendre.

"Toujours pas de sac ?" m'impatientai-je. "Les femmes et leurs sacs ! C'est une chose que je ne comprendrais jamais..."

Je me tus en entendant du bruit dans l'arrière salle, là où se trouvait la cave. Ni une ni deux, je me saisis de la main glacée de Mary et l'entraînai à ma suite. Je cherchai de tous côtés avant de me précipiter derrière le comptoir. Je m'assis tout contre, à même le sol, et incitai la jeune femme à faire de même. Pile à l'instant où je posais la béquille et la canne par terre, des bruits de pas résonnèrent non loin. Quelqu'un traversait la salle rapidement.

Je plaquai l'index contre mes lèvres tout en fixant la sombre demoiselle, même si je me doutais qu'elle n'allait faire aucun bruit. Mon coeur battait la chamade, menaçant de sortir de ma cage thoracique. Nous étions fichus !

Quelqu'un passait et repassait dans le bar, à pas vifs. C'était plutôt étrange. Que fabriquait-il ? Finalement, la porte de la cave claqua non loin, et le silence retomba. Je laissai échapper un soupir soulagé tout en renversant ma tête en arrière, contre le bas du comptoir.

"Il nous faut partir !" murmurai-je, anxieux et déterminé. "Tant pis pour ton sac ! Je peux très bien crocheter la serrure de ta maison au besoin !"

C'était que je devenais un véritable cambrioleur. Curieusement enhardi à cette idée, je récupérai ma canne et m'appuyai dessus afin de me relever. Il n'y avait pas un instant à perdre. Nous n'aurions pas le champ libre bien longtemps.


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________________________________________ 2018-10-29, 11:14


never regret anything
because at one time it was exactly what you wanted.


« Il doit être en bas. » fit-elle remarquer comme une simple constatation.

Elle n'avait pas prêté d'intérêt à l'empressement de l'écrivain, ses lèvres pincées dans une expression de réflexion tout en fixant la porte de la cave au fond de la salle. Elle se fichait bien de savoir qui en était sorti pour y retourner aussi vite, ce n'était pas un mystère susceptible d'attiser sa curiosité. Il s'agissait certainement d'un employé ou bien même du propriétaire des lieux. C'était sans doute plus prudent de ne pas les croiser, bien que son sac ne pouvait se trouver que dans cette cave. En plus de l'entrée par effraction, elle n'oubliait pas le début d'incendie de la veille dont elle était plus ou moins la responsable. Il n'y avait pas eu de plainte à ce sujet. Pas encore. Elle ne voulait pas repasser par la case "commissariat" et subir ne serait-ce qu'une heure de plus en cellule, ce serait prendre le risque de perdre le peu de raison qui lui restait encore.

Elle avait commit une erreur en ne gardant pas ses possessions avec elle, elle ne pouvait s'en prendre qu'à elle-même. Ce n'était pas si grave. Elle y survivrait. Il n'y avait rien de pressé ou d'indispensable en fin de compte. Elle devrait juste passer la journée à attendre pour revenir à l'ouverture. Quelle merveilleuse perspective.

« Dépêche toi. » soupira-t-elle finalement, résignée et contrariée, tout en le dépassant sans mal pour sortir de ce bar.

La lumière de l'extérieur lui agressa de nouveau les yeux après être retourné dans la pénombre de l'établissement fermé. Elle s'impatienta en le voyant se mouvoir à l'aide de sa canne, ne prenant pas la peine de faire preuve de discrétion en refermant la grille qui claqua bruyamment.

« Tu n'as pas peur d'être vu près de chez moi par des commères susceptibles d'aggraver les rumeurs à notre sujet ? Ce serait tellement scandaleux, ça mettrait définitivement un terme à ta réputation encore exemplaire jusqu'à hier soir. »

Sa voix adoptait le ton de la fausse condescendance tandis que, les bras croisés et le café crispé entre ses doigts, elle s'imposait un rythme de marche soutenu mais relativement lent pour ne pas le semer. Elle ne voyait pas ce qui l'avait empêché d'appeler son ami aux pouvoirs divins pour leur faciliter la tâche et leur éviter de perdre du temps. De la fierté mal placée certainement.

Un nouveau soupir lui échappa tandis que son ennui était piqué par cette constatation. Pouvait-elle vraiment le lui reprocher quand elle avait passé tant d'années à chercher à correspondre à ce qu'on voulait d'elle ? Oui. Parce qu'elle trouvait ça idiot alors qu'il semblait être doté d'un intellect au moins moyen. Elle se gardait d'en faire la remarque, elle n'était pas là pour tenter de faire remonter son estime en flèche.

« Je ne t'ai encouragé à rien. » estima-t-elle alors avec une moue pensive. « Peut-être un tout petit peu, d'accord, mais tu étais réceptif. »

Elle ponctua cette observation d'un sourire en coin trop fade pour paraître amusé. Elle n'avait pas besoin de bien le connaître pour deviner qu'il n'aurait jamais eut les mêmes agissements sans avoir consommer quoi que ce soit. Autant près de cette église que durant tout le reste de la soirée.

« Le karma n'a rien à voir là-dedans. Ça n'existe pas, ce n'est qu'une excuse, une barrière, quelque chose qui... bride tout le concept de la liberté d'agir ou de penser. »

Elle se remémorait difficilement l'histoire qu'il avait partagé et qu'elle n'avait écouté qu'à moitié. A n'en pas douter, tout aurait été très différent si ils s'étaient croisés enfants. Quand sa réflexion était encore marqué par l'innocence, la fragilité et la faiblesse. Elle l'aurait certainement trouvé téméraire et inconscient, peut-être même l'aurait-il autant impressionné qu'effrayé. Maintenant, elle se demandait juste à quel point il pouvait être démoralisé pour donner tant d'importance à un fait si inintéressant. Si il voulait vraiment accuser quelqu'un, qu'il blâme donc ses parents. Après tout il n'aurait jamais agit de la sorte si il ne les avait pas craint, non ? Elle connaissait cette appréhension.

Les rayons matinaux du soleil lui donnaient l'impression de brûler ses pupilles. Sa main passa devant son visage pour se faire de l'ombre tandis qu'elle secouait légèrement la tête. La soirée avait été écourtée, la nuit pénible, et voilà que cette matinée devenait de plus en plus insipide. Tout était revenu à la normale.

« Tu te prends beaucoup trop au sérieux, Jules. Tu avais besoin de décadence, j'étais là, ça ne me gênait pas. C'est tout. Il n'y a rien de plus. »

Mary estimait qu'il n'était pas nécessaire de répondre à sa supposition sur sa propre solitude. Il en avait fait l'affirmation, il n'attendait pas qu'elle la confirme ou le contredise. Il faisait ses propres observations, elle n'y prêtait aucune importance. C'était une capacité qu'elle avait développé avec le temps dont il ne semblait pas être doté.

« Cesse de te faire des reproches inutiles. C'est pitoyable et j'en viendrais presque à te trouver moins séduisant. »

Elle ne prononça pas un mot de plus jusqu'à atteindre son immeuble. Elle se félicitait d'habiter dans le centre ville et de ne pas avoir opté pour une demeure éloignée en bordure de forêt, elle sentait ses jambes prêtes à la lâcher si elle tentait de parcourir encore ne serait-ce qu'une dizaine de mètres. L'endroit était modeste, presque vétuste avec ses pierres défraîchies, mais il ne manquait pas d'un charme légèrement sinistre qui lui avait plu. Il n'était jamais trop calme, par grâce aux voisins bruyants ou à l'animation de la ville, un critère important à ses yeux. Ce n'était pas luxueux, ce n'était pas grand, elle ne risquait pas de s'y perdre, et elle n'avait pas besoin de plus.

La résidence étant loin d'être sécurisée, elle ouvrit le chemin vers le hall en pressant l'écrivain d'y entrer, son regard autoritaire le défiant de faire demi-tour. Sans lui, elle n'en serait pas là, et il avait admit accepter de fracturer son appartement. Elle ne lui avait rien demandé, mais ça avait été si gentiment proposé qu'elle n'allait pas refuser.

Elle garda le silence pendant la montée des trois étages, l'absence d'ascenseur obligeant l'usage des escaliers. Un exercice qui lui parut insurmontable tout du long. Est-ce que Jules y survivrait ? Il avait plutôt intérêt. Les bruits des leurs pas étaient accompagnés de ceux de la canne du Thanatonaute derrière elle. Elle évitait de trop s'y focaliser, le côté répétitif de chaque coup agissant comme une berceuse sur son esprit harassé.

« A toi l'honneur. » lâcha enfin la jeune femme face à une porte en bois dont la solidité était discutable.

Il avait gardé la pince qu'il lui avait subtilisé, il n'avait plus qu'à se mettre au travail. Ça ne devrait pas être très complexe, bien qu'elle ignorait tout de ces mécanismes. C'était certainement de la logique, rien d'impressionnant. Elle l'observa un instant et remarqua rapidement son air perplexe. Elle cligna des yeux, incertaine, avant de poser sa main sur la poignée et de l'abaisser doucement.

« Oh. » fut la seule syllabe à s'échapper de ses lèvres tandis que la porte s'ouvrait sans difficulté. « J'ai dû oublier de fermer. Ça m'arrive, parfois. »

C'était le genre de détails qui lui échappait facilement. Elle haussa les épaules et ouvrit grand la porte en pénétrant à l'intérieur du trois pièces qui lui servait de demeure. Là aussi, la lumière était agressive, les trois fenêtres du salon aux volets constamment ouverts étant dénués de rideaux. Il n'était pas difficile de cerner sa crainte de l'obscurité, quand on voyait le nombre de lampes présentes à chaque coin de la pièce principale.

« Si tu veux appeler un taxi, le téléphone est là. »

D'un signe de la tête, elle désigna le meuble bas sur lequel étaient éparpillés le courrier qu'elle n'ouvrait jamais dans les temps où elle laissa le gobelet en plastique. Elle abandonna sa veste sur l'un de ses fauteuils, sans se retourner vers lui pour savoir ce qu'il comptait faire.

« Si tu veux prendre une douche, la salle de bain est par là-bas. » poursuivait-elle, presque léthargique, en montrant d'un autre geste vague l'une des portes visibles. « Et si tu veux juste t'en aller à pied et marcher dans cet état jusque chez toi, je ne te retiens pas. »

Elle ne se montrait pas sympathique, elle l'informait simplement en lui présentant les options qui s'offraient à lui. Il allait sans doute juger cela incorrect, ou quoi que ce soit d'autre, elle s'en fichait. Sa notion de l'intimité à elle était presque inexistante, tout comme celle de sa pudeur. Elle s'était débarrassée de ses chaussures, en faisant de même avec sa robe. Mary n'était pas la meilleure des hôtes, elle en avait pleinement conscience.

« Claque la porte en partant. » précisa-t-elle dans un soupir.

Elle ne lui accorda qu'un bref regard avant de s'éclipser dans sa chambre. Elle était gelée, encore plus qu'habituellement, persuadée que c'était à cause de cet écrivain qui l'avait finalement laissé sur sa faim. Elle dû s'emparer de plusieurs couvertures pour ne plus frissonner, tout en sachant qu'elle ne trouverait pas le sommeil avant des heures même en étant épuisée. Elle se fit la réflexion, brève et insignifiante, qu'elle aurait dû lui réclamer une de ses histoires avant de le laisser s'échapper. Ça ne l'aurait pas endormi, elle en aurait sans doute rapidement été lassée, mais... ça aurait au moins brisé la monotonie.

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________________________________________ 2018-10-29, 20:40

« Dans mon vieux corps, il règne aujourd’hui une bien étrange mélancolie. »
Pour moi, la vie n’est qu’un long sanglot. Mon coeur éclate, la mort est mon lot...


Etais-je vieux jeu, psychorigide et dépourvu de fantaisie ? A en croire la sombre demoiselle, je répondais à ces qualificatifs. Elle dépeignait une image de moi encore plus lamentable que celle que je me représentais mentalement.

"Tu avais besoin de décadence, j'étais là, ça ne me gênait pas. C'est tout. Il n'y a rien de plus."

Comment pouvait-elle parler de la sorte ? Comment pouvait-elle considérer la nuit passée avec autant d'indifférence ? Ce n'était pas de l'insouciance qui émanait d'elle, il s'agissait plutôt d'un profond désintérêt pour sa propre estime, doublé d'un désenchantement sans pareil. Elle s'associait à la décadence. Elle ne possédait aucun égard pour sa personne. C'était terrible, insensé, presque révoltant ! Comment pouvait-elle se contenter d'accueillir les opportunités sans que cela n'éveille aucun attrait particulier chez elle ? Cette réalité des choses me rendit d'autant plus coupable concernant notre écart de conduite. Je savais très bien qu'elle portait une blessure en elle, mais trop imbibé d'alcool, je m'étais comporté comme un brigand, désirant lui extorquer un peu de chaleur et quelques minutes de plaisir. J'avais été indigne, ignoble.

Elle avait été bien trop brisée par la vie pour voir un mal quelconque dans mes actions. C'était cela qui me révoltait d'autant plus. J'aurais souhaité la saisir par les épaules afin de la secouer, dans l'espoir de la réveiller de ce coma éveillé dans lequel elle végétait.

Pour cela, il aurait fallu que je possédas encore quelques forces. Chacun de mes membres était fourbu, en raison de la marche et des nombreux escaliers menant à son appartement. Tout cela pour constater que sa porte était ouverte. Je lui avais lancé un regard oblique, plein d'amertume. Ne se souvenait-elle vraiment pas de ne pas l'avoir fermée la veille, ou avait-elle fait exprès de m'imposer une escalade imprévue ? Elle se montrait brusquement si sèche et acariâtre que je la soupçonnais de vouloir me voir m'écrouler sur place. Je tins bon, m'appuyant de tout mon poids sur ma canne alors que nous étions enfin arrivés dans son séjour. Je pris soin de rester à l'entrée ; de toutes les manières, j'aurais été bien incapable de faire un pas de plus. Je sentais mes jambes flageoler et observai les fauteuils avec intensité, résistant à l'envie de m'y asseoir. Pour rien au monde je ne voulais lui montrer ma fatigue. Elle avait déjà une trop piètre opinion de moi.

Pourquoi faisais-je aussi grand cas de sa considération ? Cette question me laissa pensif un long moment.

De plus en plus distante, Mary me signifia avec un dédain évident que le téléphone était à ma disposition, tout comme la douche. Bien évidemment, je n'avais pas l'intention d'utiliser cette dernière. Je préférais attendre d'être de retour chez moi.

Pris au dépourvu, je détournai le regard alors que la jeune femme retirait sa robe sans aucune gêne. Je décidai de me focaliser sur une des nombreuses lampes qui composaient le mobilier du séjour. Vraiment fascinant, ce modèle en étain ornementé d'oiseaux de nuit.

Au bout de quelques instants, je m'aperçus que j'étais seul. Mary avait disparu dans une pièce adjacente. Décontenancé, je clignai des yeux et fis un pas sans aucun but particulier, ma canne émettant un son creux contre le sol. C'était donc ainsi que cela se terminait, d'une façon aussi absurde que le commencement. Je passai la langue sur mes lèvres et me dirigeai vers le téléphone, grimaçant en raison de mon corps endolori. J'avais l'impression qu'à chacun de mes mouvements, mes os protestaient de concert. Ce n'était pas impoli de passer un appel puisque Mary m'y avait autorisé. Je saisis le combiné, mais mon index resta en suspens au-dessus des chiffres. Diable, quel était le numéro des taxis ? Je ne le connaissais pas. J'avais beau chercher dans les méandres de ma mémoire, rien ne me venait.

D'un geste fébrile, je soulevai les différentes enveloppes et papiers sur le meuble, espérant trouver un annuaire. Rien. Evidemment. Tout pour couronner ces fantastiques vingt-quatre heures.

Il ne me restait donc qu'une seule option.

Auparavant, je m'avançai d'un pas claudiquant jusqu'à la porte entrebâillée par laquelle je soupçonnais Mary de s'en être allée. Le plus silencieusement possible, je m'approchai. A travers le mince interstice, j'aperçus alors une montagne de couvertures remuer faiblement dans un lit. Un mince sourire naquit au coin de mes lèvres, mélange d'amusement et d'indécision.

Doucement, je fermai la porte et retournai dans le séjour. Je fouillai dans mes poches et finis par trouver ce que je cherchais : un stylo bille -plus utile qu'une plume en cas de pérégrination- ainsi qu'un petit carnet. J'avais ces deux objets toujours sur moi. Un écrivain ne sort jamais sans ses effets les plus indispensables. J'écrivis quelques mots sans me départir de mon sourire rêveur, détachai la feuille du carnet et me mis ensuite en quête d'un emplacement qui n'échapperait pas à la sombre demoiselle. Je pivotai sur moi-même, et finalement choisis de glisser le papier plié en deux dans l'une des poches de sa veste. Elle finirait forcément par le trouver.

Je te promets d'être plus décadent à l'avenir, si en retour tu t'engages à te montrer plus optimiste. Vois ceci comme un pacte. Il prend effet immédiatement et n'est pas facultatif.

J'hésitai quelques secondes, puis repris le papier pour ajouter un post-scriptum :

Le plus convaincant obtiendra une récompense réalisée par l'autre. Il va falloir faire travailler ton imagination. Je te préviens : la mienne est sans limite.

Mon sourire se fit plus large alors que je replaçai le papier dans la poche de la veste. Après quoi, je récupérai ma canne et quittai l'appartement en prenant soin de claquer la porte derrière moi. Descendre l'escalier fut un peu plus facile que de le monter, même si ma cheville m'élançait terriblement. Je mis un temps considérable à arriver en bas, car je devais emprunter chaque marche en y posant mes deux pieds l'un après l'autre.

Le chemin jusqu'à l'abribus me parut interminable, surtout qu'une fine pluie commença à tomber. Fort heureusement, j'avais repéré son emplacement à l'aller ; il se situait à quelques mètres seulement de l'appartement de Mary. Il n'y avait personne, ce qui me permit de m'abriter. Je me laissai tomber sur le banc en métal avec un soupir de soulagement, étirant ma jambe au supplice. Avec un peu de chance, le bus ne tarderait pas à arriver. J'espérais que le chauffeur accepte les paiements en carte bancaire, car je n'avais pas de monnaie sur moi.

Curieusement, une bulle de légèreté enflait peu à peu en moi, repoussant difficilement mes sombres réflexions. Je me figurais qu'elle était composée d'oxygène, et qu'elle symbolisait le pacte que j'avais passé avec la sombre demoiselle. Elle accepterait, elle n'avait pas d'autre choix. J'avais piqué sa curiosité, ce qui était un contre-poison à son indifférence généralisée.

Etre décadent, ce n'est pas forcément une mauvaise chose. Bon nombre de personnes illustres se sont démarquées par leur excentricité et leur fantaisie. songeai-je, résolu.

Il était temps que je retrouve mon panache passé, sans pour autant le chercher dans mon existence révolue. Je devais aller de l'avant.

Provoquer. Chambouler. Renverser.
Le monde. Mes principes. La vapeur.

Subitement, je m'aperçus que mon écart de conduite me permettait peut-être d'évoluer, à la réflexion.

"Appelez-moi Jules le Décadent."
murmurai-je aux quelques pigeons sur le trottoir, profondément déterminé, alors que je massai ma cheville meurtrie.

Ces derniers émirent quelques roucoulements peu impressionnés. Mais il en fallait davantage pour entacher mon enthousiasme naissant.


crackle bones
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