« T'es complèmtement conne... ?! »

« ...ou t'as rien compris de ce que je viens de te dire ?! »

« Laisse moi te poser une question... Mais tu ne le prends pas mal, n'est ce pas ? »

Je n'aurai peut-être pas du prendre des pincettes. Après tout, rien que le fait qu'elle me regardait, la tête à l'envers, le corps tout retourné, et accroché à une branche, ça répondait déjà à ma question. Mais, mieux valait tout de même faire les choses dans les règles, et ne pas juger trop hâtivement les gents. Du coup, j'avais simplement posé ma question.

« T'es complètement conne ou tu le fais exprès ? »

J'étais rarement aussi franc. Mais j'avais parcouru une grande distance entre Storybrooke et ce coin paumé de Nouvelle Zélande, afin de parler à miss Robyn Candy Vaneloppe Schuz et je ne sais plus quel noms qu'elle possédait. Pourquoi les gens ne pouvaient pas se contenter d'un seul et unique nom qui voulait tout dire ? Genre, par exemple : Hadès. Ca résumait bien l'Homme que j'étais. Grand, beau, séduisant, puissant !

« Ca fait dix minutes que je te fais un topo de ce qu'est devenu Storybrooke, et du fait que tu as fuis aussi lâchement que l'ancien maire, et la seule chose que tu trouves à dire, c'est de me regarder avec ces grands yeux sombres ? »

D'accord, elle avait de beaux yeux, mais ça ne résolvait pas le problème. J'étais ici pour... pour... je ne savais pas trop. Une envie de voyage ? Quoi qu'il en soit, j'étais ici. Et on allait régler ce problème rapidement. Même si elle me regardait avec ces yeux là, ça ne m'empêchait pas de me montrer cash avec elle. D'ailleurs, elle n'avait pas un peu changé ?

« Juste un conseil, c'est pas parce qu'on vie seule à l'autre bout du monde qu'il faut arrêter de faire certaines choses. Et l'épilation, c'est important. J'ai failli ne pas te reconnaître sous cette masse de poils. Heureusement que j'ai sentis ton aura. »

J'avais suivi son aura jusqu'ici. J'étais pas très sûr qu'il me conduise précisément à cet endroit, mais le sac à dos en forme de peluche qu'elle portait sur le dos, me confortait dans l'idée que cette chose face à moi était Robyn. Sans doute qu'elle était redevenue un animal, car elle possédait quand même un grand concentré de poils sur tout le corps. D'ailleurs, elle était quoi dans le monde des contes ? Cette chose ? J'étais toujours persuadé qu'elle ressemblait à une pâtisserie, mais non. Heureusement que j'avais changé de fournisseur officiel de pâtisseries !

« Attends deux secondes, je sens quelqu'un qui approche. »

J'avais tourné le dos à la grosse bête de Robyn, pour faire face à jeune femme blonde qui sentait le sucre. Prêt à parer à toute attaque de sa part, j'avais fait apparaître un saucisson !

« Qui que tu sois, sache qu'on est armé et prêt à se battre. Cette jeune femme charmante et qui sent le putois a déjà affronté des dieux, Titans et... qu'est ce que je raconte ? Rien que l'évocation de mon nom devrait te faire frissonner de terreur ! »

J'avais légèrement baissé mon saucisson, tout en continuant à la fixer. C'est fou, mais elle me rappelait quelqu'un. Je ne savais juste pas qui...

« Je suis Hadès. Dieu des Enfers. Et... oh putain Robyn arrête ! » m'écriais-je en sentant quelque chose me mordiller les fesses.

J'avais fait volte face, tentant de me débarrasser de Robyn, qui avait le museau tout contre mon postérieur.

« Arrête, arrête ! Je suis un homme marié ! »

J'avais enfin réussi à m'en dégager. C'est fou comme Robyn avait changé. Et elle m'observait toujours avec ces grands yeux sombres, tandis que l'autre femme se tenait à quelque pas de nous et attendait. Est ce que Robyn avait toujours eu cette terrible envie de moi ? Ca devait être mon sex appeal !

Z'ÊTES LA POUR LE CASTING D'HOBBIT ?

Le déni est considéré comme étant l'art d'esquiver pour survivre. Un individu confronté à une situation particulièrement difficile, si insupportable, peu transformer inconsciemment la réalité pour la rendre moins cruelle et moins douloureuse. C'est un moyen de protection de soi, qui amène à refuser tout ou une partie d'une situation.

Il m'arrivait régulièrement de vivre dans le déni le plus total. Il était plus facile de refuser la réalité, plutôt que de l'affronter. Mais la vision d'Hadès, en train de se faire renifler le fessier par un espèce de paresseux, était un choc tel pour mon cerveau innocent que je ne pouvais tout simplement pas accepter cette situation. Non. Hadès n'était pas vraiment là. Il ne me prennait pas pour un mamifère poilu au gentil sourire et qui se balade la tête à l'envers. Il ne m'avait pas retrouvé sur cette grande île paumée au milieu de nul part, au bord d'une plage encore plus paumée, non loin d'un bungalow pas super bien entretenu et méga ultra paumé, même pour au coin comme la Nouvelle-Zélande. Il n'était pas vraiment là. Nooooon. C'était juste le manque d'oréos qui se faisait sentir, me causant quelques hallucinations tordues pas du tout réelles, mais qui avaient l'air de l'être vachement.

Après, est-ce que mon cerveau était vraiment prêt à subir l'intervention d'un Hadès aussi con ? J'étais sûre à 110% que mon subconscient aurait au moins fait l'effort de l'améliorer un peu. En lui offrant une bonne dose de neurones en plus. Pour commencer. Suivi d'une coupe de cheveux potable. Et une certaine classe. Un côté pervers moins prononcé. Ah et aussi une solution pour sa pilosité excessive. Il avait toujours eu autant l'air d'un ours ? C'était bien des longs poils gris que je voyais dépasser de son col ? Si je vomissais sur ses chaussures, je pouvais toujours faire genre d'être plongée jusqu'au cou dans le déni ?

- Je viens en paix.

Ouais. C'était décidé, j'allais établir le contact. Avec un peu de chance, j'allais pouvoir faire croire au géniteur d'Elliot (Beurk...) que Robyn était bel et bien ce paresseux et que moi j'étais juste une nana de passage. Vu à quel point il était con, de toute façon... j'étais persuadée que ça allait passer crème façon pudding.

- En fait, je viens juste ramener Robyn chez elle.

Je pointais l'index vers l'animal tête retournée qui s'amusait à tapoter du bout du museau le fessier peu impressionnant du pseudo dieu. Eh bah merde alors. Il avait l'air fou amoureux.

- Elle vit dans le coin, mais elle a tendance à se perdre super rapidement. Vous devez savoir qu'elle est du genre... un peu blonde, non ?

Voilà. Que je continue à m'auto-enfoncer, c'était pas mal du tout. Avec un semblant de sourire, les mains sur les hanches, je toisais Hadès en essayant de ne pas finir les rétines crâmées par les rayons du soleil. J'avais une paire de lunettes sur la tête, mais sur le moment, je les avais totalement oublié.

- Ça vous gêne pas si je la récupère ? Elle est à fond sur les hommes mariés, ça serait dommage que vous soyez obligé de tromper votre femme ou votre mari avec une bestiole aussi laide.

J'essayais d'envoyer des signaux télépathiques à l'animal. Si il pouvait comprendre ce que je disais, je voulais bien qu'il sache que je ne pensais rien de tout ça. Il était aussi mignon qu'un ewok. Version exotique. Et si il voulait squatter mon bungalow, il pouvait revenir quand il voulait.

- Tant qu'à faire, si vous avez soif d'aventures extra-conjugales, autant tenter l'expérience avec un être humain, non ?

Hum... Je m'enfonçais peut-être un peu beaucoup là. Mauvaise idée de parler de plan cul sans aucun tabou. Bah merde alors. J'avais cottoyé un paquet de monde ces derniers mois, pourtant. J'avais la sociabilisation facile, avec les éleveurs de moutons et les bretons. Et on parlait rarement de tout ce qui se trouvait sous la ceinture. Je devais juste être pas douée avec tout ce qui vivait à Storybrooke, ville du déni en puissance et des envies de se casser avec un sac ewok sur le dos un beau matin printanier.

En fait, ça me regarde pas. Je vais donc m'approcher toute en délicatesse de Robyn, la prendre dans mes bras et, dans le processus, ça serait vachement cool de votre part de m'éviter un coup de saucisson dans la tronche. Merci d'avance.

Quand je disais qu'il était con...

- Et c'est quoi votre nom, déjà ? Désolée, je l'ai oublié.

Arrêtée juste à côté de lui, je lui offris mon sourire le plus sincèrement navré. Pour quelqu'un de très mauvaise foi. Pas ma faute, c'était trop tentant de crever d'un coup d'aiguille son ego surdimensionné. Ses chevilles allaient en éclater.

- Eh mais attendez ! Vous ne seriez pas perdu vous aussi ? Si vous cherchez Hobbiton pour auditionner en tant que hobbit, c'est tout droit par là. Il suffit de marcher environ dix sept kilomètres, et vous y serez pile pour la pause des poils sur les pieds.

C'était trop tard pour moi. On m'avait perdu. J'allais continuer à le casser allègrement jusqu'à ce que je commence à réellement le regretter. Pour l'instant, j'étais trop euphorique pour penser aux conséquences. En fait, se foutre de sa gueule, c'était juste trop bon !

« T'es complèmtement conne... ?! »

« ...ou t'as rien compris de ce que je viens de te dire ?! »

« Y'a pas à tortiller du cul pour chier droit ! » dis-je à l'intention de la jeune femme qui voulait récupérer « Robyn ».

Je lui fis apparaître la créature dans les bras, d'un simple geste de la main. On n'avait pas besoin d'artifices pour réaliser des prouesses, mais ajouter des petits gestes, ça rendait l'acte plus classe. J'avais entendu cette expression il y avait quelque jours de cela, et je cherchais le bon moment pour la ressortir. Là, c'était l'idéal ! Surtout face à une femme autant portée sur les jurons. Même si là, elle se montrait étrangement calme.

« Hobbiton ou Orbitron ? C'est de la contre façon ? J'ai des actions à Disney. Si quelqu'un essaye de plagier le parc, je porte plainte. Ou pire, je me déplace en personne et je règle l'affaire moi même ! »

Une menace planait dans l'air et ça ne sentait jamais bon ce genre de choses. En tout cas j'étais reconnaissant envers la demoiselle qui m'avait avertis des tentatives de plagiats orchestrés par des gens à dix sept kilomètres d'ici. Je me posais juste une question. Dix sept kilomètres, c'était à combien à peu près ? J'avais pas envie de marcher longtemps...

« C'est fou, dans mes souvenirs le shériff avait un look plus classe. Même si elle était en surpoids. Ce qui n'a pas beaucoup changé. » ajoutais-je en regardant l'animal. « Ca devait provenir de sa grotesque pâtisserie. Il n'y avait que de mauvaises choses dedans. On a bien fait de la faire cramer et de dégager tout ce qui était à elle de ma ville. »

J'arborais un sourire fier en annonçant tout ça à Robyn. Pas l'animal, mais l'autre, la femme ! Car je n'étais pas dupe ! Depuis le début je jouais la comédie. Le seul truc qui me perturbait, c'était qu'elle pensait réellement que l'animal c'était elle... Mon dieu, que lui était il arrivé perdu dans cette partie du monde ? Il fallait lui faire retrouver les souvenirs et pour cela, je ne voyais qu'une solution ! Un choc brutal !

« Lily est morte. Je voulais avertir Robyn, pour ça que je suis venu jusqu'ici. »

Le choc allait la faire réagir. Ses souvenirs allaient forcément remonter à la surface. Je passerais pour son sauveur et ensuite je pourrais absolument tout lui demander !

« Elle n'a pas souffert. Ca a été brutal. Enfin dans le sens où le choc a été brutal. Rapide. Efficace. Ca n'a pas duré. C'était atroce ! »

Je dosais la nouvelle, histoire de créer exactement le choc qu'il fallait. Il ne fallait pas en faire trop, ni pas assez, mais juste ce qui était nécessaire pour que tout revienne rapidement.

« D'ailleurs elle te passe le bonjour. » dis-je avant de me reprendre. « Enfin de l'au delà. Elle nous a envoyé une carte postale. Sans timbre. Pour ça que ça a mis du temps à arriver jusqu'à nous. »

Je n'étais pas très au point avec les services postaux de l'au delà. Je connaissais les Enfers, mais Lily n'y était pas, sinon ça aurait pu être beaucoup plus facile pour créer le mensonge parfait.

« Elliot aussi est mort. De chagrin. Trois jours après. »

Est ce qu'elle aimait Elliot ? J'avais un doute. C'était pas la joie entre eux d'ordinaire à ce que j'avais entendu dire. Ca ne l'affecterait pas assez.

« A dire vrai Storybrooke a explosé. Ils sont tous morts. C'était affreux. Tous les gens que Robyn aime, qu'elle aimait, qu'elle aime encore, qu'elle ne pourra plus aimer. Enfin tous quoi. »

Choc brutal. C'était évident, elle se souvenait. J'avais réussi ! Elle ne pensait plus que cet animal était elle. Mais d'un côté, je me posais une question... est ce que c'était un pur hasard si cet animal se trouvait ici ? Et si c'était un test ? Il me touchait les fesses... ça pourrait très bien être un espion de Merida. Genre voir ce que je faisais ici, et si mes intentions envers Robyn étaient nobles. La mère de Méré s'était transformée en ours à l'époque. Peut être qu'elle avait recommencé en prenant l'apparence de cette chose hideuse. Il y avait un air d'ailleurs... J'avais fixé l'animal et je l'avais pointé du doigt.

« Si c'est vous Elinor, dites le de suite ! »

J'en revenais pas de m'être souvenu de son nom. C'était sans doute grâce à l'adrénaline ! Quant à Robyn, on en était où ?

T'ES CON OU TU LE FAIS EXPRES ?

Aïe. Touché, coulé. Un point pour l'adversaire. Étant donné le physique peu impressionnant de ce Hobbit atteint de nanisme dont le cerveau n'était jamais très performant, il était facile d'oublier qu'il avait quelques talents cachés dès qu'il s'agissait de provoquer. Vraiment une sale petite bête celui là, pire qu'une tique ou un puce de lit.

Avec difficulté, je réussis à coller sur mon visage un semblant de masque aimable et tout sourire. Surtout, ne pas montrer à l'animal que j'avais moyennement apprécié les commentaires sur le poids de la pâtissière, sur sa pâtisserie et sur ses pâtisseries. Est-ce que moi je lui avais dis à quel point il était naze comme dieu et qu'il aurait du se faire castrer avant de s'accoupler ? Non, parce que j'étais toute en susceptibilité. Je me montrais plus intelligente que lui. Je ne l'avais pas encore étouffé en lui enfonçant un beignet au nutella au fond du gosier. Parce que, comme dit plus haut, moi au moins, je n'étais pas un pauvre dieu à la con, dont la cervelle avait fini par rétrécir à force de cramer sous la chaleur des flammes de l'Enfer et...

Caaaaalme. Keep calm and don't kill him, Robyn. T'en fais pas, ce supplice sera bientôt fini. Tout ce qu'il te reste à faire, c'est de le renvoyer à Storybrooke pour ne plus avoir à subir les assauts de sa grande gueule débordante de conneries plus grosses que lui.

Et puis surtout, il ne fallait pas perdre de vu qu'il était un menteur chronique, doublé d'une langue de vipère longue de trente mètres. Si Lucky Luke dégainait son flingue plus vite que son ombre, lui c'était les conneries qui partaient en rafales.

- Comme c'est triste pour la pauvre Robyn. Laissez moi deux secondes, le temps que j'essuie la larmichette que j'ai à l'oeil gauche.

Pas facile de m'empêcher de lever les yeux vers le ciel magnifique en disant ça. Il venait de perdre le peu de crédibilité qu'il pouvait avoir, en énumérant les malheurs qui s'étaient abattus sur Storybrooke et Lily. Et Elliot aussi, mais apporter à soit disant mort un peu d'intérêt aurait été assumer la fin d'une bataille que je n'étais pas prête à perdre. On en reparlerait de ce point là le jour où je rendrais mon dernier souffle, après avoir essayé de croquer dans un oreo alors que j'avais oublié d'enfiler mon dentier.

- Mais que ce qu'elle va devenir, alors ? Si vous êtes venu jusqu'ici, c'est probablement parce que vous tenez beaucoup à elle. Vous êtes sa seule famille, maintenant. Sa garde vous revient.

Je m'en voulais quand même un peu, de tenter de lui refiler un paresseux innocent qui n'avait rien demandé. La peluche vivante ne méritait pas de supporter une existence aux côtés d'Hadès à la flammèche rarement allumé. Moi à sa place, j'essayerais de le fuir à la nage. Ou de l'assassiner en se plaçant sur son nez pendant qu'il fait la sieste pour l'étouffer.

- On t'a jamais dit que pointer du doigt quelqu'un c'était super malpoli ?

Le soleil devait taper trop fort sur sa grosse tête de Petshop, parce que voilà que le paresseux était passé de Robyn à Elinor. Je savais pas ce qu'il fumait, mais ça devait être plus fort que la moquette. Peut-être qu'en enfer, il sniffait des cendres ?

- "Robyn" va pas te répondre, pauvre con ! C'est un animal ! Hors de Storybrooke, tout le monde se met pas à gazouiller une chanson niaiseuse et faire la vaisselle pour aider une princesse en détresse. Faut vraiment que tu sortes plus souvent, parce que la vie à la Disney, ça te réussit pas du tout.

Bon. Bah... tant pis hein. J'avais essayé de jouer le jeu pendant... quoi ? 5 minutes ? Mais la bêtise qui irradiait de lui était trop forte et me refilait un mal de crâne carabiné. Impossible d'entrer dans son jeu, il était vraiment trop con pour ça. Même un marmot de deux ans suivrait pas son délire.

- Que ce que tu fous là ? T'es venu en Nouvelle-Zélande pour tromper ta rouquine tranquille ? Tu t'es enfin rendu compte que t'étais pas un bon père et qu'il valait mieux pour le bien de tes gosses que tu partes t'exiler sur une île déserte afin qu'ils grandissent correctement et deviennent pas des espèces de soit disant dieux ratés comme toi ?

Waouh. Ça sortait tout seul, j'y étais pour rien. J'avais oublié à quel point je pouvais être une vraie conne aussi. Heureusement qu'il était pas très futé et qu'il avait probablement rien capté de ce que je venais de lui balancer.

- Ou alors, t'es juste là pour prouver au monde que t'es encore capable de draguer même si t'es un vieux qui a le visage qui s'affaisse. J'en sais rien, mais si tu pouvais te casser de cette super île dont tu ne mérites pas de fouler le sol, ça serait cool. Merci d'avance. Ah et au passage, arrête d'attirer les paresseux ! C'est chiant et en plus tu vas les traumatiser !

Robyn la poilue tendait ses pattes griffues vers Hadès, un air bien heureux sur sa tête velue. J'étais obligée de resserrer un peu plus mes bras autour d'elle pour qu'elle évite de mettre les voiles et ramper vers l'autre pauvre type, comme les dizaines d'autres paresseux qui venaient de sortir des bois pour s'approcher au ralenti du nouveau mâle à la mode. Devait y avoir un truc dans son parfum, je voyais que ça comme explication plausible.

« T'es complèmtement conne... ?! »

« ...ou t'as rien compris de ce que je viens de te dire ?! »

« Alors d'abord j'ai pas des gosses, mais une gosse. Et une Ellie aussi ! Et ensuite, je n'ai pas besoin de tromper ma rouquine, car elle y arrive très bien toute seule ! »

Qu'est ce que je racontais ? C'était pas ce que je voulais dire !

« Ce que je veux dire c'est que j'ai pas besoin de la tromper, parce que sexuellement je suis totalement comblé, quel que soit le nombre de secondes, minutes, heures ou jour que dure notre coit ! C'est un truc de fou ! Une pulsion énorme ! Quelque chose de méga jouissif ! Bref, c'est le top du top, y'a pas de soucis, donc pas de tromperie ! »

Elle se prenait pour qui avec ses jugements à la con cette meuf ? Dire que j'étais venu ici pour prendre des nouvelles ! J'aurais jamais du faire ça pour elle, et la laisser moisir ici !

« Et puis le premier mot de ma fille c'est Papa. Ce qui signifie que je suis le père parfait. Y'a pas photo ! »

Des paresseux étaient venu en nombre autour de nous. Encore Elinor qui se jouait de moi... Comme si c'était le moment de venir me faire... chier !

« Bon ça suffit ! Tu arrête de faire tes caprices et tu rentres à Storybrooke ! Je suis venu ici parce que j'ai fait une indigestion de pâtisserie la semaine dernière. Amelia prétend savoir cuisiner, mais je suis tombé malade ! Moi ! C'était insensé ! Bon, peut être que de faire ce concours de mangeage de croissants n'était pas une bonne idée. Mais que ce soit un ou cinquante croissant, on ne devrait pas tomber malade. »

J'avais eu un rot. Je n'avais pas vomis, je n'étais pas réellement tombé malade, mais j'avais eu un haut le coeur. Et ça m'avait fait me rendre compte à quel point mon immortalité ne tenait qu'à un fil - encore. Du coup je devais avoir une alimentation plus seine. Surtout maintenant que je dirigeais la ville. Et du coup, il fallait que dans mon nouveau gouvernement, j'ai quelqu'un comme elle pour m'aider.

« Tu es désormais nutritionniste du maire de Storybrooke. Ne me remercie pas. Surtout que c'est pas payé. Mais ça te permettra de récupérer ton appartement et peut être ta boutique, car vue depuis combien de temps tu es partie de la ville, y'a des chances que tout ait déjà été revendu. »

Voilà qui était dit. Soit elle acceptait, soit elle ne récupérait rien. Rien de chez rien. Absolument rien ! Attendant sa réponse, je m'étais tourné vers le groupe de ma sois disant belle mère.

« Un pas de plus et je vous fait cramer ! »

L'un d'entre eux m'avait léché le bas de la jambe. J'en pouvais plus, j'allais finir par craquer !

T'EN AS PAS MARRE D'ÊTRE PATHETIQUE ?

L'effroi transformait mon visage en un masque de terreur pure. J'étais à deux doigts de rendre mon petit déjeuner et d'inonder les pieds d'Hadès de reste de gâteau à la banane baignant dans du lait Nesquik. Que ce qui lui avait pris ? Pourquoi il me faisait subir l'image de lui, petit être peu ragoutant à l'aspect de Ratigan, chevauchant une rouquine qui pourrait très probablement passer pour sa fille ? C'était dégueulasse. Tout bonnement dégueulasse. Mille fois pire que la transformation de Jeff Goldblum en mouche de deux mètres qui gerbe de l'acide sur l'ex de sa copine.

Pour ça, que je n'avais pas réagit tout de suite à ce qu'il venait de dire. J'étais trop occupée à lutter contre des scènes d'une atrocité extrême qui hantaient mon esprit innocent pour capter les rares informations intéressantes qu'il apportait. Quel pigeon voyageur de merde.

- T'es maire de Storybrooke ? Toi ? Y a vraiment des abrutis pas terminés qui t'ont laissé gérer la ville ?

Non mais... quand même pas ? Les Dieux n'auraient pas pu empêcher son ascencion sur le trône de Storybrooke ? Apollon avait conscience que c'était du grand n'importe quoi et du suicide ? Il était déjà maire, avant que je quitte la ville au fait ? Je me souviens même pas.

Je secouais la tête, affligée par autant de stupidité. Comme quoi, j'avais vraiment bien de quitter les états-unis avant que ça ne dégénère trop. Ou du moins, encore plus que d'habitude.

- Et concernant l'autre... truc. La proposition d'emploi.

Si on pouvait vraiment appeler ça comme ça. J'avais très légèrement l'impression qu'il me forçait la main. Un tout petit peu.

- Oui mais non, en fait. Ça m'intéresse pas, d'être la foutue nutritionniste d'une bande d'attardés qui y connaissent que dalle en bouffe. En plus, je te rappelle que tu trouves mes gâteaux dégueulasses. Donc ça veut dire que tu n'approuves pas mes choix d'alimentation. Donc que je ne peux pas conseiller qui que ce soit, et surtout toi. Trop dommage.

Ou plutôt "merci Seigneur des Oréos". Je me sentais déjà pas très bien à cause de la partie interdit au moins de 18 ans qui concernait sa relation avec sa rouquine, mais l'idée de devoir être limite son esclave professionnel me rendait carrément malade.

- Et arrête de raconter des conneries grosses comme toi. Je continue à payer le loyer de mon appart, donc il est toujours à moi. Et pour la pâtisserie, je rappelle à notre aimable clientèle que j'ai une employée. Je sais que tout le monde l'oublie, mais Kida bosse pour moi. Et puis j'ai une Nora, aussi.

Fière de mon sens de la répartie, je relevais le menton et laissais ma satisfaction transparaître dans un sourire en coin. Qui vacilla un peu à la pensée de Nora. Est-ce que j'en avais toujours une ? Le manque de nouvelles laissait penser que peut-être pas, finalement.

- Tu n'as donc aucune raison de rester plus longtemps. À moins que ça soit pour devenir le parrain d'un paresseux. Mais pour ça, t'as même pas de moi, suffit de faire un don directement sur un site internet. Alors... tu peux t'en aller, maintenant.

Pourquoi j'avais la chanson "Bye, Bye, Bye" qui résonnait dans ma tête à plein volume en disant ça ? En tout cas, plus rien ne pourrait me faire changer d'avis. Ma décision était prise. Il n'y avait rien à Storybrooke capable de me convaincre de rentrer. Pour mon propre bien et celui de certaines personnes, il valait mieux que je continue ma vie sur ce petit bout de terre perdu en pleine mer et que...

- 'Obyne !

La surprise d'entendre mon prénom transformé par une voix pâteuse me fit relâcher la prise que mes bras exerçaient autour de Robyn le paresseux. La bêbête en profita pour réveiller un instinct de survie jusqu'alors éteint et sauta dans un bond plutôt pathétique vers Hadès. Son atterrissage se fit sur sa tête, nouvelle preuve qu'il avait tout du Hobbit, même la taille.

- Surtout, ne la crâme pas ou... ou... je brûle ta gamine !

C'était un peu extrême, mais surtout c'était sorti tout seul. J'avais à peine eu le temps de le menacer qu'une femme enserrée dans une robe jaune poussin se précipitait vers nous, en manquant de trébucher plusieurs fois sur les paresseux qui continuaient à ramper vers leur nouveau dieu suprême.

- Pardon ! Pardon ! Pardon ! Pardooooon !

La femme se mit sur la pointe des pieds et entreprit d'éviter les corps rampant et poilus. À chaque pas qu'elle faisait, son imposante poitrine compressée par le bustier bien trop petit de sa robe rebondissait de manière quasi hypnotisante et menaçait d'arracher les quelques boutons encore en place pour faire tenir le tout.

- 'Obyne ! Te voilà ! Pourquoi tu as disparue comme ça ? Il n'y a plus de petits gâteaux à la menthe, et j'ai très envie de ces petits gâteaux à la menthe alors il faut vite que tu viennes en...

Essoufflée, elle s'était arrêtée à mes côtés, pliées en deux par l'effort. Elle avait débité sa requête à toute vitesse, avant de relever la tête et de se rendre compte de la présence du petit dieu. Ses yeux immenses semblèrent doubler de volume et sa poitrine augmenta la cadence, comme si elle était sur le point d'exploser. Par réflexe, je fis un pas sur le côté. J'avais moyennement envie de finir avec des bouts de la femme qui m'hébergeait partout dans les cheveux.

- Oh ! Petite coquine ! Tu ne m'avais pas dit que tu avais un invité !

Euh... Elle voulait bien dire ce que je pensais ou c'était juste que je pensais trop et surtout que je pensais de manière tordue ?

- Bonjour, je suis Sheila. Sheila sans nom de famille. Parce que je ne suis pas mariée.

Elle ponctua le tout d'un clin d'oeil lourd de fard à paupière violet. Re-Euh...

- Je suis par contre une amie extrême proche de notre délicieuse 'Obyne ! Je remercie tout les jours le ciel de m'avoir apporté une si charmante compagnie. Que ça soit elle ou...

- Monsieur ici présent n'est pas mon ami.

Je m'étais empressée de la couper avant qu'elle ne dise une bêtise et qu'elle en révèle trop à Hadès la commère. Il y avait des choses qu'il n'avait pas besoin de savoir, merci bien.

- Il veut juste parrainer cette cinquantaine de paresseux, si c'est pas trop mignon.

Autant essayer de le forcer à signer un chèque pour la protection de l'espèce en Nouvelle-Zélande au passage, hein.

Sheila manqua de tourner de l'oeil face à un acte d'un tel héroïsme. Elle se reprit en secouant sa main devant son visage, avant de se précipiter vers Hadès pour combler l'espace qui les séparaient. Elle pencha la tête sur le côté et se mit à battre exagérément des cils, imitant avec brio la biche agonisant sur le bord de la route.

- Vous êtes si parfait, Monsieur le Parrain. Comment vous remercier d'un tel geste ?

Pile à ce moment là, un des boutons de sa robe lâcha. Je me senti devenir un peu plus pâle. La situation était en train de redevenir bien dégueulasse.

« T'es complèmtement conne... ?! »

« ...ou t'as rien compris de ce que je viens de te dire ?! »

Il n'y avait que trois espèces avec lesquels j'avais du mal. Les lamas... ça bavait, ça crachait, c'était écoeurant. J'en avais côtoyé un une fois. J'en avais été moi même un, mais c'était une trop longue histoire et ça n'avait aucun rapport avec moi même, mais plutôt avec un autre personnage... bref... pour en revenir à Hadès, il y avait trois espèces avec lesquels j'avais du mal... Les lamas, les giraffes et les paresseux. Du moins désormais, il y en avait trois. Et tout ça sans que j'ai le moindre sans juif dans les veines ! En tout cas, je n'en pouvais plus de ces bestioles. C'était sans doute pour cela que j'avais pris miss bouton trop serré, et Robyn par la main avant de nous faire disparaître et apparaître totalement ailleurs.

On était sur une banquise et il faisait extrêmement froid. Fort heureusement pour nous, j'avais fait apparaître des vêtements chauds sur les corps des jeunes femmes. Déjà, ça m'empêcherait de voir cette poitrine dégoulinante chez la vieille qui servait d'ami à miss Robyn. Comme si elle avait besoin de plus d'amis que ma propre personne. En tout cas, elles ne pouvaient pas se plaindre qu'il faisait froid, car elles étaient lourdement vêtus.

« Elle n'est pas mon amie. C'est une folle à qui on devrait retirer son insigne pour abandon de poste. Et dont d'ailleurs je vais le faire, vue que je suis le maire de la ville. Ce qui me laisse tout pouvoir sur son corps, sur son décolleté et sur sa poitrine qui dépasse... »

Je m'étais stoppé, me rendant compte que ce que je disais n'avait plus de sens. Car en réalité, pendant que je parlais, l'autre folle d'amie à Robyn avait ôté son haut, trouvant qu'il faisait un peu trop chaud avec ces vêtements. Elle avait descendu sa combinaison jusque sur ses hanches, laissant une nouvelle fois apparaître son décolleté.

« Tu l'as trouvé où ? » demandais-je à Robyn, en me demandant à moi même pourquoi elle était allé chercher une chose aussi horrible.

Voilà qu'elle en était à contempler la vue !

« Il n'y a rien à voir ici ! C'est juste de la glace, avec du froid et des manchots. Rien de bien intéressant ! »

Elle n'allait pas s'émerveiller devant la bande de manchots au loin qui se rassemblait, vue que c'était sans doute la toute première fois pour eux que des touristes faisaient le déplacement jusqu'ici.

« Tes employés sont incompétent. L'un d'entre eux n'est même plus à Storybrooke, vue qu'il a disparu pour on ne sait quelle raison. Et l'autre n'est même plus à Storybrooke, vue qu'elle a disparue pour on ne sait quelle raison. Dans les deux cas, ça signifie qu'ils ne sont plus là. Nada. Niet. Plus rien ! Et Amelia n'a pas voulu détruire le mur sur le côté gauche de sa pâtisserie ! »

Ca aussi c'était une longue histoire. Pourquoi j'étais là ? Ah oui, parce qu'il fallait que je la fasse revenir à Storybrooke, vue que les négociations avec les autres pâtisseries n'avaient pas marchés comme je l'entendais.

« J'ai un banquet dans trois semaines. J'ai établis une liste de pâtisseries qu'il me faut. » dis-je en faisant apparaître une liste et en lui tendant. « C'est la raison de ma présence ici. Tu rentres, tu fais les courses, tu me livres la liste et tu reviens ici vivre avec tes paresseux et cette paire de seins grotesque ! »

C'était aussi simple que ça ! En plus elle serait payée... pourquoi refuserait-elle ?!