« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)
Qu’est-ce que la mort ? Un état d’esprit ? Un esprit ? Un état ? Une conscience ? Un fantôme ? Ou tout simplement le néant ? Pour Jefferson, la mort était tout, elle n’était rien. Elle faisait partie de sa vie dès qu’il avait mis le pied sur le sol de Wonderland, dès sa naissance. Enfant non désiré, la seule solution pour ne plus le voir était la mort. Il y avait échappé. Bébé enseveli dans le sous-bois d’un des quartiers de la forêt enchantée, la mort était à deux doigts de le récupérer avant qu’une main chaude ne se pose sur lui, l’éloignant un tout petit peu. Adolescent capricieux mais néanmoins conscient de la dureté de la vie, la mort rodait autour de lui, alors qu’il s’évertuait à sauver la main qui l’avait protégé envers et contre tout. Début de l’âge adulte, la mort avait gagné, faisant un premier trou dans sa poitrine, mais Jefferson n’était pas du genre à se laisser abattre pour si peu. Il aurait sa revanche sur la grande faucheuse, il l’avait juré. Et quelle revanche ! Une naissance. Il pensait sincèrement que cette aura mortuaire autour de lui allait se remplacer par la vie, par la joie mais il se trompait, lourdement. La mort était jalouse de cette splendide femme qui lui enlevait son jouet préféré, qui le détournait en le comblant de bonheur. Cela ne pouvait pas durer. Jeune adulte, en plein épanouissement, la mort faucha ce qu’il avait construit, lui ota ce qu’il avait de plus précieux, et sous ses yeux, comme une cruelle punition pour avoir oser poser les yeux sur autre chose. Bouleversé, dévasté, véritablement détruit, le chapelier ne savait plus où il se trouvait. Son âme le brulait, consommant son énergie vitale pour essayer d’apaiser ce feu destructeur. Son esprit était brisé, lui faisant miroiter une vie qu’il aurait du avoir si la mort n’avait pas décidé dès sa venue au monde qu’elle était son âme sœur. Pendant des années, elle observa avec délectation les dégâts qu’elle avait causé, la folie qu’elle avait commencé à faire naître. Puis tout éclata, comme un verre que l’on jette au sol quand Jefferson sorti de sa bulle protectrice et que la vérité lui apparu aussi limpide que de l’eau de roche. La haine qu’il avait pour la mort se déchaîna sur la seule interlocutrice qui l’avait en face, la méchante reine sans savoir qu’il rentrait dans son jeu morbide. Il allait venir, elle l’aurait enfin pour elle seule. Quand le bourreau fit tomber sa hache sur cette nuque pâle, la mort eut presque un orgasme mais qu’elle ne fut pas sa surprise en voyant que Jefferson restait toujours parmi les vivants. Non, ce n’était tout simplement pas possible mais il l’avait fait, encore une fois, et de manière magistrale ! Il l’avait dupé, il avait réussi à faire l’impossible, à survivre à la mort. Certes, il n’était plus le même qu’avant, la folie l’ayant totalement accaparée, mais il était toujours du bon coté de la barrière. La mort fulminait de rage, et sa détermination à l’avoir se faisait encore plus grande. Elle sentait qu’il ne tiendrait pas longtemps sous les coups de fouets, sous la torture barbare qu’on lui infligeait dans sa prison. Or encore une fois, une main salvatrice libéra le chapelier de son martyre, le sortant encore une fois de griffes qui commençait à se refermer sur lui. Mais ce que la mort ne savait pas, c’est qu’elle avait réussi une chose importante. Elle avait marqué de son fer rouge, l’âme suintant de tristesse de Jefferson. Son attitude envers elle était rebelle, héroïque, vantarde, se targuant de cette réussite spectaculaire, mais au fond, tout au fond, la peur s’était insinuée dans sa peau. La mort le terrorisait, lui faisant faire les pires cauchemars, l’ayant privé de l’amour de sa vie et de la chaire de sa chaire. Quand la nuit était noire, sans aucunes étoiles, sans aucune lune, sans aucun sourire du Cheshire pour l’éclairer, le chapelier voyait cette scène, des millions de fois, toujours la même, enfonçant toujours plus loin le couteau dans cette plaie béante qui ne s’était jamais fermée.
Il avait pensé, il avait même espéré quelques fois, que la malédiction pourrait les faire revenir. Il en avait vu des choses, la magie était capable de miracle et Regina voulait sa fin heureuse. Sa malédiction était, comme son nom l’indique une malédiction, mais aussi une bénédiction, un moyen de repartir à zéro, d’oublier le passé pour tout recommencer. Il était possible que Priscillia soit présente, à nouveau parmi les vivants ! Alors quand Emma avait brisé la malédiction, faisant venir la magie à Stroybrook, le chapelier avait encore plus espéré mais la chute n’en était que plus dure. Le retour à la réalité était tellement puissant que même les drogues n’arrivaient à apaiser la douleur de son cœur. Comment avait-il pu croire un instant que Priscillia serait là ? Il était persuadé que Regina avait tout fait pour que cette possibilité soit exclue de son univers et la rage qu’il avait su contenir ces vingt huit dernières années commençait à déborder de son corps. Cependant c’était mal connaître Jefferson que de penser qu’il allait s’enlever cette idée de son crâne. Il avait cherché, dans tous les livres possibles de sa gigantesque bibliothèque un moyen, et il pensait en avoir trouvé un. Une idée qui ne fonctionnerait pas, s’en était certain, mais son esprit noyé sous toutes sortes de drogues pensait qu’il détenait le concept du siècle.
Devant le miroir de sa salle de bain, il regardait hagard son propre reflet qui ressemblait au fantôme qu’il prévoyait d’appeler. Il avait trouvé le rituel, pour convoquer Bloody Mary, car s’il y avait bien une femme qui pourrait lui donner des renseignements sur Priscillia c’était elle. Sa légende était connue, et même si son histoire variée entre les pays et les époques, la substantifique moëlle était la même. Une femme, tué, avec son enfant, dans d’atroces conditions. Jefferson se fichait du reste, si on l’avait enfermé vivante dans un coffre, dans un tombeau, où qu’elle avait tué elle-même son bébé, les éléments concordaient avec sa situation. Il savait qu’elle était à Storybrook, il l’avait découvert quand il travaillait sur les légendes urbaines et l’avait marqué dans son cahier noir, noir comme la mort qui le guettait encore et toujours. Avec le retour de la magie, il imaginait très bien le fait qu’elle eut reprit son ancienne apparence de spectre et tout le bagage allant avec. Allait-il se jeter dans la gueule du loup ? Très certainement. Il avait lu, dans des ouvrages anciens, que Bloody Mary était aussi la personnification de la mort, apparaissant aux personnes sur le point de trépasser. Et il avait quelques comptes à rendre à la mort, cette salope qui lui avait pourri sa vie comme s’il était redevable d’une dette importante. Allumant les bougeoirs, qu’il plaça doucement sur les deux éviers, il poussa un grand soupir. Cherchant dans la poche de son pantalon, il trouva le petit sachet de gélules blanches qu’il avait prit soin de prendre pour l’expérience. Avalant le contenu en entier, il secoua sa tête, puis ses mains pour rentrer en concentration. Fermant les yeux, il prononça l’incantation comme dans le manuel. Treize fois le nom de Mary, de Bloody Mary. A la treizième prononciation, il avait réouvert les yeux, pour voir, un mélange d’excitation et de peur le gagnant. Une seconde passa et les flammes des bougies vacillèrent en éteignant la moitié. Un souffle glacial fit frémir le chapelier et enfin, ce qu’il attendait arriva. Un spectre mortuaire apparu dans le miroir, le reflet d’une jeune femme elle aussi martyrisé, ensanglanté dont la nuisette blanche était souillée, déchirée tandis qu’un cri strident resonna dans la pièce. Jefferson recula d’un pas avant d’y voir flou. Ce n’était plus le visage de Mary qui se trouvait dans le miroir mais celui de Priscillia. « Mon chéri ! Regarde ce que tu as fais. » Non, il ne pouvait pas entendre, ce n’était pas de sa faute, il n’avait pas voulu ça. Tout ça n’était rien qu’un accident. « C’est à cause du lièvre ! C’est lui le responsable ! » Le trou béant que la femme avait sous la poitrine s’ouvrit, du sang coula à flot et s’en était trop. D’un coup de poing violent, Jefferson brisa le miroir, se fichant de la douleur qui irradiât sa main. « Jamais je n’aurais fait ça ! » Posant sa main saignante sur le revers du miroir, il essaya de reprendre son souffle, de faire partir l’image qu’il avait vu.
Cependant, il sursauta comme un lièvre, justement, quand il sentit un souffle dans son dos. Se retournant doucement, il hurla en voyant que le reflet qu’il avait vu en premier se trouvait maintenant derrière lui. Enfin, le sang et la nuisette en moins. Fronçant les sourcils, son cerveau embué mit un peu de temps avant de se rendre compte qu’il avait devant lui, le corps physique de Mary. « Hein ? » Etonné, il ne comprenait pas trop ce qui se passait. « Tu es comme le génie de la lampe c’est ça ? On brise le miroir et hop tu sors de dedans ? » Au moins, cette apparition surprise, en chair et en os de son invocation, le fit sortir de ses pensées, pour quelques instants. « Franchement, le coup du sang et tout, faudrait l’enlever parce que tu es beaucoup plus canon sans ! » La grande capacité de Jefferson ? Sa bipolarité peut être, enfin non son choc post traumatique ressemblant à de la bipolarité, mais surtout la folie qui coulait dans son sang. « En fait, la mort est vraiment canon ! Tu sais que si tu te serais présenté comme ça, je n’aurais pas essayé de t’éviter ? Même au contraire ! Tsss va falloir vraiment revoir le plan de com’ » Epuisé par ses propres conneries, Jefferson s’appuya sur le rebord de la baignoire, continuant de regarder la jeune femme tout en essayant de rassembler ses esprits pour ne pas perdre son objectif de vue. Vraiment, il aurait du prendre une drogue stimulante du cerveau au lieu d'un relaxant, parce que là, c'était compliqué. « Bon, maintenant que tu n’es plus dans ton miroir, ça va être plus pratique. Est-ce que tu as accès à l’au-delà ? Ou même à l’entre deux ? Aux âmes décédées brutalement ? » S'il commençait avec des présentations, il était cuit, il ne pourrait plus continuer alors autant rentrer dans le vif du sujet, ils auraient tout le temps de prendre un thé, une fois sa mission achevée.
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Mary Bates
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Le sol était bien loin. Très loin. Elle le voyait à peine. Ça tanguait, c'était flou, c'était noir. Quelle heure était-il déjà ? Sa tête se tourna brièvement vers l'intérieur de l'appartement en désordre, à la recherche d'une horloge. C'est vrai, elle n'en avait plus, elle l'avait cassé trois jours avant. Elle se mit à rire, avant de pencher à nouveau son visage vers le vide. La bouteille de vodka se porta à ses lèvres, encore une fois. Une de ses jambes était passée au-dessus de la rambarde en fer forgée qui décorait l'une des fenêtres du salon. Elle se balançait vivement, sa gorge émettant quelques grognements lorsqu'elle la cognait, ou de légères exclamations lorsqu'elle manquait de perdre l'équilibre. D'un côté ou de l'autre ? Peu importait, finalement.
La bouteille glissa entre ses doigts. Le bruit de verre se frottant contre la pierre du mur lui arracha une grimace, avant que ses yeux ne s'ouvrent en grand suite au fracas causé par la casse. C'était bruyant, quand ça s'écrasait. Est-ce que ça faisait mal ? Ça n'avait pas été très long. Le voisin de l'étage d'en dessous venait de passer sa tête par la fenêtre, commençant à copieusement se plaindre du fracas et de sa « tarée de voisine schizophrène ». Elle lui présenta son majeur, puis se mit à rire à nouveau. Les sursauts de sa poitrine la firent basculer.
Son parquet fut chargé d'accueillir son corps lourd et elle lâcha un cri en frappant son pied contre la vitre. Elle l'avait déjà bien amoché cette semaine. Elle se fissurait à certains endroits, menaçant de se briser d'une minute à l'autre. Toutes les lumières de l'appartement étaient allumées. Elle avait même ramené des lampes de chevet supplémentaires, des spots d'appoint, tout ce qui était susceptible d'apporter de la clarté. Elle avait retiré les sombres rideaux, arraché à certains endroits la tapisseries aux teintes trop foncées à son goût. Elle n'avait pas eu la force de terminer.
Elle vivait dans un chaos indescriptible. Littéralement et métaphoriquement. Mary ne faisait pas les choses à moitié.
Elle suffoqua, se retrouvant debout au milieu d'une salle de bain mal éclairée. Elle savait ce que c'était. Ça c'était déjà produit. Trois fois. Deux ? Quatre. Elle ne savait plus. Elle ne voulait pas les compter. Elle sentit son souffle se couper tandis que son regard accrochait celui que lui renvoyait le miroir. Elle ne remarqua pas tout de suite la silhouette de l'homme qui lui faisait dos, restant prostrée, les jambes vacillantes et l'esprit encore embrumé. Elle sursauta lorsqu'il brisa le miroir, ses cris résonnant dans sa tête de façon entêtante. Elle hurla autant que lui lorsqu'il se décida à se retourner vers elle et elle se recula contre la baignoire, manquant toujours d'équilibre.
La jeune femme n'entendait rien de ce qu'il disait. Elle voyait ses lèvres bouger mais ne percevait qu'un bourdonnement étrange. Le choc du transfert, certainement. Elle accrocha ses mains à sa robe plissée à bien des endroits, tournant la tête à gauche, à droite. Elle commençait à mieux définir le sens de ses paroles. Des compliments. La Mort. Le miroir. Elle le suivit du regard tandis qu'il s'asseyait tout près, elle s'écartant comme dans un réflexe.
« Qui êtes vous ? » fut la seule chose qu'elle articula, dans un premier temps, méfiante et agressive.
L'au-delà, les âmes, les questions. Elle ne supportait pas qu'on vienne lui demander des conseils. Ce n'était pas son rôle. Elle n'était pas faite pour ça. Elle se fichait tellement de ses interrogations égoïstes. Ses mains attrapèrent sur le meuble des morceaux de la glace brisée, allant jusqu'à s'entailler les paumes tellement elle les serrait fort. Puis elle les lança dans sa direction, dans l'espoir de les voir se planter dans la chair de cet inconnu qui comprendrait peut-être ainsi la leçon. Elle le rata. Radicalement. Les morceaux tombèrent au pied de l'homme et elle se mordit les lèvres, laissant tomber l'idée de continuer ainsi.
« Tu veux parler aux morts ? Je peux arranger ça très rapidement ! »
A la place, elle choisit de se jeter sur lui. Après tout, c'était la méthode qu'elle utilisait par le passé, même si elle était vulnérable dans cette enveloppe charnelle. Elle ne réfléchissait pas à la faiblesse du corps qu'elle habitait. Elle fit basculer la moitié de son corps dans la baignoire, s'appuyant à la gorge de cet imbécile pour se maintenir dans une position lui permettant de fuir le plus facilement possible.
« C'est assez brutal comme ça ? Et ne me regarde pas ! Je déteste qu'on me regarde ! »
Sa main libre agrippa le pommeau de la douche et elle le releva, menaçante, comptant bien fracasser son crâne jusqu'à ce qu'il n'y ait plus que du liquide rouge et poisseux pour recouvrir le carrelage de cette pièce. Mais ses doigts tremblaient contre la céramique et sa gorge était serrée tandis qu'elle attaquait d'abord son torse, dans des gestes brusques en maladroits. Elle ressentait son peu de force à mesure qu'elle enchaînait les coups inutiles.
Un nouveau cri de frustration. Elle relâchait l'objet et se redressait, manquant de glisser, se rattrapant de son mieux au bord de la baignoire. Sa respiration affolée ne se calmait pas et elle sentait ses yeux devenir humides. Elle passa le dos de sa main dessus, marmonnant des insultes inintelligibles.
« Personne ne va dans l'au-delà. Personne. Ça n'existe pas. Il n'y a rien. » continuait-il comme une prière chuchotée, teintée d'une panique palpable.
Mary l'espérait, du moins. Ceux qu'elle avait tué ne méritait pas d'avoir une vie après leur décès. Elle espérait qu'ils étaient en train de pourrir aux enfers, à la limite, mais pas de paradis. Tout comme elle n'en voulait pas.
Elle s'était dirigée vers la sortie de cette salle de bain, s'acharnant sur la poignée sans réussir à l'ouvrir. A mesure qu'elle se rendait compte qu'elle n'y parvenait pas, elle se retrouvait à lâcher des exclamations de rage. Elle frappait le bois de ses mains, de ses genoux, prête presque à y enfoncer sa propre tête.
« Ouvre cette porte ! »
Ses mains souffraient, en plus de subir les blessures qu'elle leur avait infligé juste avant. Elle se retourna brusquement vers lui, attrapant son bras trop violemment.
« Ouvre cette putain de porte avant que je perde la tête ! »
Non. C'était déjà trop tard pour ça.
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Jefferson T. Hatters
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Pendant un instant, le temps était comme suspendu, attendant lui aussi avec impatience la suite de cette journée plus qu’étrange. Les deux êtres, car il n’y avait que ce mot pour désigner Jefferson et Mary, se jaugèrent, s’observant avec grand intérêt, tous les deux étonnés d’être dans cette situation. Mary, qui se trouvait dans la salle de bain d’un inconnu, et le dit inconnu, Jefferson qui ne s’attendait certainement pas à ce que le fantôme qu’il avait invoqué soit devant lui, en chair et en os, et plutôt pas mal foutu. Puis, le temps reprit son cours quand la jeune femme lui répondit, d’abord son prénom, puis d’autres phrases et surtout la violence. Un coin des lèvres du chapelier se releva quand elle lui lança un morceau de la glace qu’il avait lui-même cassé. « Raté ! » Moqueur, il croisa les bras sur sa poitrine en se demandant si finalement, il avait appelé le bon esprit. « Ah ! Oui ça m’arrangerait beaucoup. » Mais au lieu d’appeler les morts, elle se jeta sur lui. Assez surpris par ce nouvel évènement, il n’arriva pas à faire contre poids et il chuta lourdement dans la baignoire, tandis que le fantôme essayait de l’étrangler. Oh, elle voulait jouer à se tuer ? Très bien ! Peut être qu’ainsi elle redeviendrait ce qu’elle devrait être, un esprit et lui, pourrait ainsi régler son souci. Attrapant ses longs cheveux roux, il tira dessus de toutes ses forces pour essayer de la détacher déjà de son cou, n’aimant pas du tout qu’on touche à cette partie. « Ne t’en fais pas poupée, tu vas en avoir du brutal. » La folie passa dans les yeux du chapelier tandis qu’il lui rendait coup pour coup. Une gifle monumentale resonna dans la pièce tandis que Mary se relevait pour prendre le pommeau de douche. Au moins, il l’avait déjà fait partir de sa tête et ça, c’était plutôt encourageant. « Pour quelqu’un qui se fait appeler par des miroirs je trouve que c’est assez gonflé de dire ça ! » Sérieusement, si elle n’aimait pas se faire regarder, elle devrait vraiment trouver un autre moyen de se faire invoquer car là, on touchait le sommet du foutage de gueule. Heureusement le coup de poire de douche qu’elle lui donna dans le ventre eut le don de le faire revenir à la bagarre actuelle. Sans ménagement, il le lui rendit, donnant un violent coup de pied au niveau du bas ventre, puis il l’a griffa, sur les bras, les jambes, et il essaya même sur le visage. Or il se stoppa net, quand il entendit la phrase, qu’elle murmura dans une angoisse qu’il pouvait reconnaitre parfaitement.
« Alors où vont les morts ? » La reprise d’une discussion un peu plus civilisée eut l’effet de faire arrêter cette bagarre enfantine, qui pouvait reprendre à tout moment. Quand elle sortit de la baignoire, Jefferson poussa un soupir de soulagement. C’est que, le fantôme pesa quand même son poids. S’étirant pour essayer de faire partir les douleurs, il fit craquer sa nuque, penchant sa tête plus qu’à la normale. La douleur que sa cicatrice lui faisait était bonne. Sa chaire le tirait et il continua d’aller toujours plus loin, faisant presque un angle droit avec sa tête. Quand il l’a remis droite, un frisson lui parcourra l’échine tandis qu’il ne put retenir un hoquet de nausée. Heureusement que la drogue coulait dans son sang et que son esprit n’était plus très clair. Sortant à son tour de la baignoire, il éclata de rire à l’entente de la dernière phrase, tout en regardant nerveusement son bras qu’elle avait attrapé. Il en avait assez qu’on veuille lui arracher des membres, il n’était pas une putain de poupée vaudou ! « Tu es au bon endroit pour ça alors. Bienvenue à la Crazy House ! » Perdre la tête ! Lui-même ne l’avait plus tellement droite sur les épaules, venant de le prouver. Quant à parler métaphoriquement, il ne l’avait jamais eu en place, car, au final, même dans la forêt enchanté, adolescent, il faisait des choses que seul un fou pouvait faire. Ne répondant pas de suite à la requête de Mary, il se passa d’abord de l’eau sur le visage pour essayer de reprendre ses esprits. Enfin pourquoi faire ? Non, plutôt pour enlever l’image de Priscillia qui était collé sur sa rétine. « Tu peux sortir ! Faut juste tourner le loquet …. Par contre, dehors, c’est un labyrinthe … Je te retrouve au salon, tu ne pourras pas le louper, c’est la pièce centrale, avec les grandes arches… » Prenant une serviette pour s’essuyer, il entendit claquer la porte tandis qu’il haussait les épaules. Qu’elle se perde, de toute façon, il n’y avait personne et les pièces qui pouvaient contenir des choses étranges, louches, étaient fermées à double tour, enfin l’espérait-il. Non en vérité il s’en fichait comme de sa première bobine.
Sortant de la pièce, il regarda le long couloir qui n’était éclairé que par quelques lumières. Pas d’au délà ? La phrase de la jeune femme tournait en boucle dans son esprit. S’il n’y avait pas d’endroits pour les morts, où allaient-ils ? Restaient-ils ici ? Dans le monde des vivants ? Alors pourquoi Priscillia ne s’était-elle jamais manifestée ? Sans doute parce qu’elle lui en voulait encore ! Comme le reflet dans le miroir lui avait fait comprendre, tout était de sa faute. S’il n’avait pas voulu avoir cette montre, s’il n’avait pas eu les yeux plus gros que le ventre, s’il ne s’était pas fait avoir par le lièvre, elle n’aurait pas eu besoin d’aller le sauver et de périr au pays des merveilles. S’appuyant contre le mur du couloir, il prit sa tête dans ses mains. Qu’avait-il fait ? En plus de l’a tuer, elle n’aurait jamais la paix éternelle ! Et leur petite fille ? D’accord, elle n’était qu’un fœtus dans le ventre de sa mère, mais pour Jefferson elle existait bel et bien, et elle aussi, n’aurait jamais le repos salvateur de la mort. Il devait en savoir plus, pour pouvoir les aider à vivre correctement leur mort.
Se rendant dans le salon, il ne fut pas étonné que la rousse y soit déjà. Par contre, il tiqua quand il remarqua qu’elle était entrain de boire tranquillement. Ce fut à son tour de rentrer dans une sorte de colère, envahit par la rage et la tristesse. Il approcha dangereusement, comme un grand félin, sourire aux lèvres. Puis, sans crier garde, il propulsa sur elle, l’attrapant comme elle avait fait quelles minutes plutôt, à la gorge. Le verre se brisa en mille morceaux, et Jefferson l’emporta pour la plaquer contre un meuble de décoration, à coté de la cheminée. « Maintenant tu vas m’expliquer ! Où vont les âmes mortes ? OU VONT-ELLES !!" Il lui avait hurlé toute sa détresse au visage avant de la secouer comme un prunier. Ses yeux étaient révulsés, son esprit totalement perdu dans le brouillard de sa souffrance. Il tapait le corps de Mary contre le meuble, alors qu’il sentit des ongles se planter dans la chaire de son bras. Et c’est ainsi que la bagarre reprit. Bizarrement, il se sentait plutôt bien. La sensation était étrange, plusieurs choses se mêlaient en lui comme la rage, la haine, la colère mais étrangement aussi l’apaisement. Le fait de se défouler, de prendre des coups, d’en donner, comme s’il avait enfin la mort en face de lui pour lui faire comprendre ce qu’il ressentait, lui procurait un sentiment d’allégresse. Les deux se trouvaient maintenant au sol, se tirant les cheveux, se donnant des coups de pieds, des coups de poings. Les meubles tremblaient, les bibelots se fracassaient, les livres volaient, une symphonie resonnait dans le salon du chapelier. Des cris, des pleurs, des hurlements, des bris de verres, tout était bien rythmé comme une orchestration de Wagner ou de Beethoveen. Dans ce ballet mortifère, les deux danseurs exécutaient une chorégraphie dans laquelle ils se donnaient corps et âmes. Les yeux se cerclèrent de noirs, les lèvres s’ouvrirent pour saigner, les ecchymoses apparaissaient sur les bras, les jambes. Puis, enfin, ils s’arrêtèrent. Pourquoi ? Sans doute la fatigue qui commençait à pointer le bout de son nez. Jefferson, allongé sur le sol, fixa son regard sur le grand lustre. « Moi c’est Jeff ! Enchanté de te rencontrer. » Véritablement apaisé, chose qu’il n’avait pas été depuis un moment, il pensa que finalement, c’était une bonne idée de faire venir le fantôme. « Je te sers un verre ? Whisky ? Vodka ? Bourbon ? Ou bien un rail de coke ? Meth’ ? Crack ? » Après tout, c’était lui l’hôte, il se devait d’être serviable et de remercier la jeune femme pour le sentiment qu’elle lui procurait, même si ça passait par un cassage de gueule en règle.
S’appuyant sur ses bras en les mettant à l’arrière de son corps, il l’a regarda, en lui faisant pour la première fois un sourire sincère. « Je pense que j’aurais dû téléphoner avant ! C’est vrai que ça ne se fait pas d’invoquer les gens comme ça. » Se trainant comme il le pouvait, il mima la limace en montant sur son fauteuil. Ce qu’il avait dit, des sortes de demis excuses. Il avait senti la détresse de la jeune femme, après tout il l’avait la même. Deux âmes ayant soufferts pouvaient se reconnaître dans la brume du malheur. « Sers-toi autant que tu veux, je ne bois pas d’alcool, j’aime pas ça … je préfère d’autres substances. » Tant bien que mal, il se roula sur le coté pour attraper, sur la petite table basse, une boite en bois. Ouvrant le loquet d’un doigt, ayant fait un système simple pour les cas comme ça, où il n’arrivait même plus à marcher, il examina pendant un instant les différentes pilules avant de faire son choix. Il en prit une de chaque, les fourrant dans sa bouche et les avalant avec un peu de thé qu’il restait dans le verre qui avait survécu à la tornade de bras et de jambes. « Bon, est ce que tu peux m’aider ? Parce que j’aimerai vraiment savoir où est ma femme d’un, et de deux, si je tue sanguinairement une pourriture finira-t-il au même endroit ? » Quoi ? Après tout, il n’avait pas envie que l’âme du lièvre se retrouve avec celle de sa dulcinée, même s’il savait qu’elle pourrait lui en faire baver. Priscillia n’était pas du genre à se faire marcher dessus, à la maison, c’était elle qui portait la culotte. « Et ça sera réciproque. On ne m’aide pas sans que je ne fasse pas l’ascenseur. » Sa phrase était tordue, tout comme lui. Mentalement parlant et physiquement parlant aussi, car il avait mis sa jambe par-dessus le bras du fauteuil pour essayer de caler sa tête sur le rebord, aimant avoir quelque chose en soutien de ses vertèbres qui étaient entrain de lui dire d’aller se faire voir chez les grecs. « Je t’aiderai aussi ! Parole du chapelier ! » Et cette parole était solide, contrairement aux apparences, Jefferson respectait toujours ce qu’il disait, quitte même à se mettre en danger.
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La poignée s'était abaissée brutalement dans sa main, ses pas la menant de manière vacillante et incertaine jusqu'à cette pièce centrale. Elle ignorait si c'était bien le salon. Elle s'en fichait. Elle voulait trouver la sortie. Elle hésita à chercher l'issue, se rappelant qu'il avait parlé d'un labyrinthe. Il faisait sombre. Elle était tétanisée à la simple idée de se perdre dans un couloir obscur et sans issue. Sa respiration ne se calmait pas, les vertiges causés par l'alcool et l'invocation ne cessaient de s'accroître. Mary dût se tenir à un des meubles près d'elle pour ne pas tomber à genoux à même le sol. Ses jambes tremblaient, ses mains également. Elle s'aida de cet appui précaire pour avancer, attrapant la première bouteille visible dans son champ de vision. Tout était bon à prendre. Peu importe ce que c'était.
Elle n'eut pas le temps d'en profiter assez longtemps. Un grognement lui échappa lorsqu'elle fut plaquée au mur sans qu'on ne la prévienne. Qu'il frappe, s'il le souhaitait, elle s'en fichait. Ses faux souvenirs lui rappelaient une vie de violence constante. Elle savait de quelle manière chaque coup allait la faire souffrir. Elle anticipait la moindre douleur que cet homme fou furieux allait provoquer par ses gestes. Certains flashs indistincts de son autre ancienne vie lui revenaient, qu'elle accueillait par des cris avant de se défendre. Elle ne se laisserait pas faire comme une idiote. Si il griffait, si il la faisait saigner, alors elle lui imposait le même traitement. Chaque violence supplémentaire la vidait d'un peu plus du peu d'énergie qui lui restait. Sa tête la lançait comme jamais ça n'avait été le cas, sa mâchoire tuméfiée la faisait gémir à chaque mouvement, ses yeux voyaient flous. Elle ignorait si c'était à cause des larmes qui noyaient ses yeux. Sa gorge la brûlait à force de hurler. Ses jambes ne voulaient plus la soutenir alors qu'elle était à présent allongée, ayant l'impression que chacune de ses vertèbres allaient se fissurer si elle osait bouger.
Sa poitrine se soulevait de façon désordonné et violente. Elle ne répondit pas aux présentations de ce Jeff qu'elle avait envie de continuer à frapper jusqu'à ne plus distinguer les traits de son visage. Elle ferma les yeux, serra les dents, se maudit de faire une telle chose quand le pic de douleur se fit sentir à nouveau. Elle tourna la tête cependant, un craquement se faisant entendre qu'elle accueillait d'une grimace, lorsqu'il proposa un remontant qu'elle se voyait difficilement refuser. Ses excuses lui passèrent au-dessus de la tête. Il n'avait pas réfléchit avant, ce n'était qu'un homme stupide, il était trop tard pour penser à téléphoner maintenant.
Elle se tourna sur le ventre, ses cheveux roux en bataille ne faisant que davantage s'emmêler par ce déplacement. Elle laissa échapper un grognement mêlant douleur et rage sourde, posant sa tête sur ses mains, ses yeux levés en direction du taré installé sur son fauteuil qui lui servait de compagnie actuellement. Il insistait, en plus. Il posait la question, encore. Elle frappait dans sa tête, la fatiguant davantage, lui donnant envie de vomir. Qu'est-ce que ça pouvait lui faire ? C'était encore un désespéré qui voulait trouver un de ses proches décédés, c'est ça ? Il fallait laisser les morts où ils étaient. Ils étaient morts. Il n'y avait rien à faire pour changer ça.
« Si tu cherches de l'aide, tu t'es trompé d'esprit. Appelle Mère Teresa. Fais une prière à Saint Pierre. Utilise une planche ouija. Fais ce que tu veux mais oublie moi. »
La voix était distante, épuisée et lassée. Elle se traîna sur les coudes pour arriver à la petite boîte qu'elle l'avait vu utilisé. Elle parvint à se redresser suffisamment pour arriver à sa hauteur et la balaya de la main pour la faire tomber au sol. Hors de question qu'elle se montre délicate avec cet accueil des plus ignobles qu'elle avait pu recevoir. Sans prendre attention à ce qu'elle allait consommer, elle s'empara de deux cachets qui s'étaient déversés près d'elle. Son corps parvint à bouger suffisamment pour rejoindre une bouteille intact qu'elle porta à ses lèvres pour faire passer les pilules. Elle se tourna de nouveau sur le dos, protestant à force de grommellements et de murmures indistincts contre la faiblesse de cette enveloppe charnelle.
« Mais j'espérerai pas trop à ta place. »
Son rythme cardiaque se calmait doucement tandis qu'elle ressentait toutes les courbatures de ses muscles. L'épuisement, le contre-coup de l'adrénaline, la baisse de régime. Elle espérait que les substances feraient vite effet pour lui faire retrouver l'euphorie et la faire quitter cet entre-deux qu'elle détestait temps. Ce moment où elle n'était plus assez loin pour ne pas avoir mal, et encore assez lucide pour se rendre compte de sa déchéance.
« Tu crois quoi ? Que ta femme est au Paradis en train de siroter un peu de thé en t'attendant ? C'est pas un conte de fée la mort. Elle doit être avec des salauds comme mon mari. »
Elle lâcha un rire amer, étouffant un juron dans le même temps, avant de tendre son bras autant que possible pour récupérer la bouteille laissée par terre non loin.
« Je ne pense pas qu'il existe d'endroit destiné aux gentilles personnes qui n'ont rien à se reprocher ou un autre pour les grands méchants vilains. Tout le monde doit avoir le droit au même traitement. »
Mary avait prit un ton détaché et blasé, fermant les yeux en soupirant. Elle aurait aimé s'imaginer James en train de pourrir en Enfers, l'idée qu'il se fasse brûler éternellement par les flammes étant plus qu'alléchante. Elle avait cessé d'espérer qu'un tel scénario soit probable. Plutôt que de se dire qu'il pouvait couler des jours heureux dans une sorte d'au-delà verdoyant, elle se figurait qu'il n'y avait que l'obscurité comme elle l'avait vécu. Que la solitude et la perdition. Une torture qu'elle avait elle-même endurée et qui ne lui paraissait pas être suffisante pour le punir lui cependant.
« Qu'est-ce que j'en sais de toute façon ? Je suis pas morte. D'où tu crois que je peux te dire ce qu'il y après ? Tires toi une balle et tu verra bien. »
Les gens faisaient preuve d'un manque de logique sans nom. Elle ne côtoyait pas le monde des morts, elle n'était pas passée de l'autre côté. Le fait d'être présente signifiait bien qu'elle n'était pas de ces gens décédés. Elle ignorait les mystères de l'après-vie. Elle n'allait pas pouvoir l'y guider, ni lui dire comment y accéder, si ce n'est en lui proposant de se suicider pour que toutes ses questions trouvent des réponses. Elle ne voulait pas savoir pour l'instant. Son moment n'était pas arrivé.
« Ah. Non. Tu veux te venger de la pourriture en question avant c'est ça ? »
De nouveau, un rire moqueur. Il pensait que c'était si facile de pouvoir obtenir sa revanche ? Elle l'avait crû aussi, avant d'être maudite pour avoir eu envie de faire payer à ceux qui l'avaient laissé blessée et ruinée. Elle ne regrettait rien. Mais elle trouvait tout cela particulièrement injuste.
Elle avait enchaîné plusieurs gorgées de la boisson non identifiée qu'elle avait gardé. Elle n'arrivait même plus à définir de quoi il s'agissait, son palet était anesthésié par la consommation excessive et la douleur. Ce n'était pas plus mal. Ça la brûlait, certes, ses lèvres coupées par les coups n'appréciant pas le contact de l'alcool. Elle voyait ça comme une manière de désinfecter comme une autre, ça la nettoyait. C'était une méthode qui avait déjà fait ses preuves.
« Satisfait de ma réponse, Jeff le chapelier ? Et oui, tu m'as appelé pour rien, c'est dommage. On a tous deux perdu notre temps, j'espère que t'es content de ta connerie. »
Le sarcasme, le cynisme, la haine, l'ennui. Tout et son contraire était audible dans sa voix enrouée qui déraillait à certaines syllabes. Elle aurait préféré pouvoir continuer à insulter son voisin en restant chez elle. Là, elle se sentait vide. Elle détestait ça. Et le sol était des plus inconfortables, en plus.
« Je veux bien un matelas maintenant. J'ai mal au dos. »
Elle pouvait se permettre d'être un peu exigeante, elle lui avait dit tout ce qu'elle connaissait, maintenant il lui devait au moins ce petit service.
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Jefferson T. Hatters
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Il aurait pu rigoler de la situation si le sentiment de dépression qu’il avait n’était pas aussi fort. Une rousse, les cheveux en bataille, complètement affalé sur son sol, lui, totalement affalé aussi sur le canapé, la situation était cocasse, peut être trop pour quelqu’un de normal, mais y avait il seulement une personne comme ça dans cette maison ? Le silence se faisait, pendant que les deux êtres essaient de reprendre de la contenance. Les griffes qu’il avait sur la peau le brûlait et il s’amusa alors, d’une main las, à passer les doigts dessus, s’étalant le sang qui coulait un peu plus. Le feu qui gagnait sa peau était constamment alimenté, comme si un vent puissant s’amusait à souffler dessus. Il allait plus profond, rentrant son doigt dans la chaire, tandis qu’un haut le coeur le souleva. Il n’était pas dans son état normal, sinon il aurait déja vomi, tant la sensation était désagréable, mais là, il était perdu dans un océan de souffrance. Son esprit lui rappelait constamment Priscillia, enlevant le bénéfice de la bagarre qu’il avait un peu eu, quelques instants auparavant. Reposant encore une fois la question, voulant savoir de tout son âme où était elle, il eut un petit sourire narquois en écoutant la réponse de l’esprit. “Ecoute c’est ce que j’ai fait et tes confrères m’ont dit de t’appeler. Faut croire que tu es la meilleure dans ton domaine” Inconsciemment, il s’amusait à la mettre en rage, sentir quelqu’un d’autre en colère le faisait compatir à son propre état, se sentant comme ça moins seul. “J’ai fait le truc avec l’encens, le esprit es tu là , si tu es pas là réponds pas ! Mais vu que ça m’a saoulé, j’ai fait une chicha avec l’encens, fallait pas gaspiller !” Est ce un sourire qu’il avait vu se dessiner sur le visage pâle de la rouquine ? Peut être bien ! La voyant se traîner comme une limace vers lui, il l’aida dans sa grande générosité en poussant avec le pied le coffret à bonheur vers elle. Ce dernier tomba dans un bruit sec, mais du bon côté, comme s’il avait été un chat dans une vie passée. Revenant à ce qu’il l’interessait, il poussa un soupir las. En réalité, une partie de lui s’attendait à cette réponse. Il espérait, il espérait tant depuis des années mais il savait que la mort était inévitable. Il ne pourrait pas faire comme Orphée avec Eurydice, allant chercher sa bien aimé dans le sein des seins des enfers … Ah moins qu’il n’essaye… une idée malsaine germa dans son cerveau malade.
“Bien sur ! Priscillia adore le thé ! Avec quelques petits scones ” Toujours dans une forme de déni, Mary le ramena de force dans la dure réalité quand elle évoqua son mari. Plissant les yeux pour l’observer attentivement, il réalisa qu’ils étaient dans une situation presque analogue, même si les rôles étaient inversés. Ils voulaient trouver tous les deux la paix après avoir perdu ce qui comptait le plus. Jeff sa femme, Mary sa vie. Il aurait donné la sienne en échange de celle de Priscillia. Il aurait préféré être un fantôme si cela avait fait que sa femme et sa fille s’épanouissent dans une vie remplie de bonheur. Mary avait donné la sienne pour que son mari puisse faire de sa vie un bonheur. Jefferson analysa après la variable meurtre sanguinaire, repensant au visage qu’il avait vu dans le miroir, comprenant petit à petit pourquoi elle était devenue un esprit vengeur. Priscillia était dans la même configuration mais pas pour les même raisons. Se pourrait il qu’elle soit devenu un fantôme ? “Hum, je pense que nous sommes loin du compte. Peut être que le monde des morts est l’équivalent du notre, y ressemblant point par point mais avec des désagréments, sinon ça ne serait pas la mort.” Parler avec Mary, où plutôt l’écouter, le faisait réfléchir, stimulé par les pilules qu’il avait pris quelques minutes auparavant. Même s’il s’était attendu à une réponse concrète, il n’était pas déçu de son invocation, bien au contraire.
“Ecoute j’ai fait mieux, je me suis fait décapiter, et regarde, ça n’a pas marché, un peu comme toi.” Tirant sur le col de sa chemise, il laissa apparaître son immense cicatrice, unique dans le monde. C’était la première fois qui l’a montrait à quelqu’un depuis des années, et il n’avait pas cette sensation d’être une bête de foire. Passant sa main dessus, retraçant les contours rugueux, il eut un petit rire hystérique. “Même pas de guillotine ! Faut croire qu’ils n’avaient pas assez d’argents pour ça ! Quand je pense que j’ai failli choper le tétanos avec son espèce d’Hallebarde en barbelé rouillé !” C’est sur, avoir une maladie était la chose la plus grave qu’il aurait pu avoir. Rien que d’y repenser, il eut une sorte de haut le coeur alors que sa main touchait les vertèbres de sa nuque qui avait subit le même traitement. “Et en plus des traitements inhumains ! J’aurais du faire une réclamation à l’instance des droits de l’homme ! Mon corps a traîné pendant plus d’une dizaine de minutes sur le sol, et je suis sur que mon sang a attiré des rats ! J’ai eu même peur d’en avoir gardé un, quand on m’a remis la tête sur les épaules !” Enfin plutôt après, car la fusion fut bien plus douloureuse et problématique que la décapitation. “Visiblement Madame la Mort ne nous aime pas ! Ou plutôt serions nous ses émissaires ?” Penchant la tête sur le coté, un sourire sadique naquit sur son visage. Mais oui ! Pourquoi n’y avait il pas pensé avant ! Si la mort n’avait pas voulu de lui, c’était peut être parce qu’elle l’avait choisi pour être son émissaire sur cette basse terre. Il aurait du l’embrasser à pleine bouche, se donner corps et âme à elle pour peut être ressentir enfin un sentiment de plénitude.
“Oui ! Tu crois que je veux faire quoi avec lui ? Un monopoly ? Une belotte ? Non je veux en faire un civet, et le faire mariner dans les flammes du désespoir jusqu’à ce qu’il me supplie de le dépecer pour avoir l’esprit un peu plus léger des crimes qu’il a commit.” Se redressant sur le fauteuil, il plongea la main dans la grande poche latérale pour en sortir un petit sac d’une poudre blanche. Sa laissant glisser sur le sol, imitant Mary quand elle se traînait, il arriva sur la petite table basse. “Tu es sur de ça ?” Le regard mystérieux, envoûtant, il leva la tête vers la jeune femme, plantant ses iris bleus dans ceux verts, tandis que ses mains faisaient machinalement et parfaitement des lignes de cocaïne de la largeur d’une main avec un prospectus pour l’ouverture d’un restaurant. “Oh ma pauvre, c’est sur que j’ai du te déranger en pleine activité cruciale … Excuse moi !” Il n’y avait pas qu’elle qui pouvait utilise l’ironie et le cynisme. Après tout il était aussi connu pour parler comme ça, par double sens équivoque, en se moquant souvent de son interlocuteur pour lui faire perdre la tête. Mais là, ce qu’il commençait à apprécier, c’est qu’elle ne l’avait déja plus. “Tiens ! Tu te sentira mieux après” Glissant la main sous la table basse, il poussa sur la poignée et un tiroir sorti vers le côté de la jeune femme, arrivant presque à son niveau. Il y avait de tout, trop de chose même. Bouteilles d’alcool fort, liqueur en tout genre, médicaments, pilules, sachets dissimulés entre les verres et les bouteilles. L’alcool, la drogue, au final, c’était la même chose, des substances pour s’évader d’une réalité trop pénible à supporter. Jefferson pouvait reconnaître à des milliers de kilomètres les consommateurs de tous ces éléments d’évasion. “Quant au matelas, au deuxième étage, il y a au moins quatres chambres avec des très très bon lit. Lit à eau, lit à mémoire de forme, matelas gonflable , tout ce que tu veux !” C’est vrai qu’il lui devait bien ça, et parler de lit lui donnait très envie d’aller dans le sien, même s’il savait, qu’avec la drogue qu’il était entrain de se sniffer, il serait aussi énergique qu’une puce gorgé de sang frais. Tête renversé, il compta combien de temps la cocaïne allait faire effet. Heureusement qu’il n’était pas à jeun, sinon il aurait du reprendre encore et encore avant d’avoir la moindre petite satisfaction. A coté de lui, il entendait Mary traficoter dans les bouteilles du mini bar. “Si tu les prends dans la chambre, évite juste d’en renverser par terre, faut que je trouve une autre femme de ménage ! L’autre a fini à l’asile !” Remettant sa tête droite, il sentait son coeur commencer à accélérer dangereusement tandis que ses pupilles se dilataient à l’extrême. Portant son regard sur la rousse, qui quittait la pièce, il ne put que reconnaître qu’elle avait des formes vraiment délicieux. Mais comment avait on pu l’enfermer dans un cercueil pour la faire mourir ! Il fallait vraiment être débile pour faire une chose pareille. Encore faire ça, à une moche, bon il pouvait comprendre mais là ! Rigolant à la cruauté qu’il pouvait avoir, il sauta sur ses jambes, avant d’avoir passé le reste de drogue sur sa gencive, n’en ayant jamais assez.
Il n’y avait plus de bruits dans le manoir depuis un bon moment, ce qui était inquiétant connaissant les personnes étant encore dedans. Jefferson avait érré pendant au moins une heure dans les couloirs sans lumière de sa propriété avant d’avoir soudainement l’inspiration créatrice due aux hallucinations de son cerveau, et il s’était enfermé depuis quelques heures dans son atelier de couture. Sauf qu’il s'arrêta en pleins travaux, quand il entendit une bruit de porte qu’on claque brutalement. Armé de sa paire de ciseaux fétiches, bien trop grande pour être normal, il sorti brusquement de sa léthargie, la drogue se sentant stimulée dans ses veines. Il se stoppa dans le couloir du deuxième étage, en face d’une Mary qui avait retrouvé une énergie folle, l’alcool aidant sans doute. “Alors ? Ce matelas ? Tu veux tous les essayer c’est ça ?” Baissant son arme, la coinçant avec habitude dans la ceinture de son jean, ce n’est qu’à cet instant qu’il se rendit compte qu’il était torse nu. Quand avait il enlevé sa chemise ? Ah oui, quand il s’était lancé dans un monologue sur le réchauffement climatique devant le patron d’un haut de forme Pas gêné pour un sou, bien au contraire, il s’appuya à côté de la porte d’une des chambres de l’étage. “Dit ? Comment tu faisais avant ? Pour tuer les gens ?” Jefferson faisait parti de ces gens, dont la limite entre le bien et le mal se faisait flou, devenant parfois quasiment invisible lorsqu’il était dans un état pareil et aimant aller toujours plus loin dans les limites fixés. Rajouté en plus un coté masochiste, et le mélange pouvait devenir dangereux. Fixant Mary dans les yeux, la tension qu’il y avait eu pendant la bagarre était entrain de remonter en puissance, tout comme la chaleur du couloir étroit. “Parce que tu les tuais n’est ce pas ? Ce sentiment de vengeance tu le connais aussi bien que moi ... Faire souffrir pour avoir quelques gouttes de plaisir et une paix éphémère dans la tempête de nos psychismes …” La fin de sa phrase tomba dans le néant, alors qu’il voyait la rousse se rapprochait de lui. “Allez, viens petit fantôme, montre moi encore ce que tu vaut !” Provocation, toujours et encore, le diable caché sous son visage d’ange.
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Mary Bates
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| Avatar : Evan Rachel Wood
“I wish I were a girl again,
half-savage and hardy, and free.”
| Conte : Folklore | Dans le monde des contes, je suis : : Bloody Mary
Elle se fichait de son encens, de sa Priscillia, d'être une émissaire venue d'un autre monde. Est-ce qu'il se rendait compte que plus il parlait, plus il l'agaçait ? Sa voix avait quelque chose de dérangeait. Elle vrillait ses tympas et bourdonnait d'une étrange façon à l'intérieur de sa tête. A moins que ce ne soit que les contre-coups des violences qu'elle venait de subir, c'était également fort possible. Elle haussa néanmoins un sourcil lorsqu'il lui montra sa cicatrice, son regard pétillant l'espace de quelques secondes d'une curiosité morbide. Une décapitation. Peu lui importait les détails. Hache, épée, on aurait pu lui couper la tête à l'aide d'un couteau à beurre, d'une scie ou d'une tronçonneuse, elle ne s'intéressait qu'à la finalité. Il avait perdu la tête. Dans tous les sens du terme.
Elle se retint de sourire, se mordant les lèvres jusqu'au sang pour que son enthousiasme ne soit pas trop visible. Il était rare de rencontrer d'autres personnes ayant subit une mise à mort originale et traumatisante. La plupart des victimes de telles épreuves ne survivaient pas pour pouvoir en discuter. Ou du moins, pour pouvoir partager le fait que ça laissait forcément des séquelles. Ils en étaient deux preuves... vivantes. Mary aborda de nouveau un air détaché, aussi blasé que possible, même si son regard s'était appuyé bien trop longuement sur la cicatrice de son hôte. Elle était impressionnante. Fascinante. Magnifique.
La jeune femme claqua sa langue contre son palet en l'entendant proférer ses menaces à l'encontre de cet individu dont il voulait écourter la vie. Elle comprenait ce désir plus que n'importe qui pour avoir même mener sa mission à terme. Tout ceux qui avaient mérité de mourir l'était. D'autres encore, même, qui n'avaient rien demandé. Est-ce qu'elle se sentait mieux ? Elle n'aurait su le dire. Avant, elle avait un objectif. Maintenant...
Elle grinça des dents. Bien sûr que l'activité qu'elle était en train de faire était cruciale ! Personne n'aimait être dérangé en plein milieu d'une soirée alcoolisée en solitaire. Encore moins elle. Cette maison, aussi immense soit-elle, manquait de lumières. Elle préférait son appartement éclairé à tous les coins. Elle grogna comme unique réprobation, incapable d'articuler plus de mots, sentant sa bouche comme pâteuse. Elle était engourdie de toute part. Elle l'observait du coin de l'oeil avec ses substances, de plus en plus intéressée lorsqu'il dévoila les bouteilles. Elle releva sa tête vers lui, plantant son regard dans le sien, affichant un simple sourire en coin. Elle passa sa main sur les bouteilles, faisant mine de réfléchir, tandis qu'elle enregistrait les quelques informations qu'il lui donnait. Deuxième étage. Des matelas. C'est tout ce qu'elle avait besoin de savoir. Elle choisit l'un des alcools au hasard, peu importait finalement, tant que ça faisait son effet.
Elle se contenta de lever son majeur dans sa direction à sa remarque sur sa femme de ménage. Qu'il n'espère pas qu'elle nettoierait elle-même si elle venait malencontreusement à vider le contenu de cette bouteille sur le sol. Elle hésita à le faire volontairement avant de se raviser. Elle avait trop soif pour gâcher ainsi un liquide si précieux.
Mary ne cessa de grimacer alors qu'elle divaguait dans les couloirs sombres, sursautant à de nombreuses reprises en croyant voir une ombre se mouver dans l'obscurité. Elle voyait flou, le sol bougeait en même temps qu'elle, mais elle continuait, maintenant un équilibre précaire. Ce débile avait abîmé sa robe à plusieurs endroits, elle n'en fit la constatation qu'à ce moment, ses yeux baissés sur sa tenue sombre aux nombreuses déchirures. Elle faillit s'étouffer de stupeur en rentrant dans une pièce au hasard, s'accrochant au mur alors qu'elle ne voyait rien à vingt centimètres devant elle. Sa main trouva l'interrupteur, ce qui la revigora et lui apporta une sérénité temporaire. Elle ignorait alors combien de temps elle passa allongée sur le lit – matelas à eau, celui-là, si elle ne se trompait pas.
Parfois il lui semblait entendre des voix. Des murmures qui lui faisaient secouer la tête, remuer les mains, comme si des dizaines de mouches se mettaient à voler non loin et qu'elle cherchait à les faire fuir. Elle ressentit la crainte, également, allant se recroqueviller dans un coin de la pièce, inquiète et angoissée, alors que des bruits de pas s'étaient fait entendre dans le couloir. Est-ce que c'était lui qui rentrait ? Non. Non, il était mort. Ils étaient tous morts. Elle riait face à sa propre stupidité, se mettait à sangloter en se demandant quelle était la réalité, commençait à arracher les coins de la tapisserie qui n'était pas à son goût. Elle changea de pièce. Une fois. Deux fois. Le lit à baldaquins était sympathique, mais elle en défit les rideaux, les posant au sol comme si ils étaient sa protection. Elle intima à l'autre de se cacher dessous pour qu'on ne la trouve pas. Quel autre ? Elle ne savait pas.
Puis son cœur s'emballa. Furieux. Enivré. La bouteille avait finit sa course quelque part dans le manoir, laissant forcément un sillage derrière elle. Ses yeux ne voulaient plus se fermer, ils clignaient de manière frénétique. Ses lèvres se retroussaient dans une expression joyeuse alors qu'elle tournait sur elle-même, cherchant la moindre occupation. Elle hésita à regarder par la fenêtre, mais rien que s'en approcher lui donna des vertiges et la nausée. Tant pis. Elle se dirigea vers la porte.
« Alors ? Ce matelas ? Tu veux tous les essayer c'est ça ? »
Elle se retourna brusquement dans sa direction, sa chevelure folle tombant mollement contre sa nuque. Un grand sourire étira ses lèvres à sa vue. Comment s'appelait-il déjà ? Le Chapelier. Alice. Elle faisait le lien, maintenant, même si elle ignorait encore tout. Elle s'agitait sur place, les pointes de ses pieds nus se redressant et s'abaissant dans des mouvements répétitifs et irréguliers.
« Non. » répondit-il simplement d'une voix trop enjouée.
Aucune envie de dormir, ni de se reposer. C'était passé au second plan. Elle avait l'habitude des insomnies, des nuits infinies passées à ne rien faire, ou des soirées où le temps semblait s'accélérer. Il lui semblait que celle qui vivait était entre les deux. Certaines secondes s'éternisaient alors que d'autres défilaient trop vite.
Elle remarqua la paire de ciseaux disproportionnée, vite rangée. Et l'absence de chemise. Son regard se fit interrogateur, puis intriguée. Il faisait si chaud que ça ? Elle laissa ses yeux couler de bas en haut, faisant un pas en avant, puis s'arrêtant. Sa question la laissa de marbre, mais elle cessa de le détailler à cet instant même, son sourire disparaissait et son expression se faisant moins enthousiaste.
Comment ?
Ses doigts se crispèrent et elle étouffa un rire, ne lâchant pas son regard, écoutant la suite de ses paroles. Un autre pas. Et encore un. Le surnom qu'il lui offrit lui fit émettre un soupir insatisfait. Il la provoquait volontairement, elle l'entendait dans le ton de sa voix et le percevait dans sa posture. Il n'était pas comme les idiots qui l'appelaient et la craignaient. Il n'avait pas peur. Et il n'était pas pressé non plus de la voir quitter les lieux, alors que la plupart cherchait vite à se débarrasser de cette inconnue invitée chez eux.
Mary était presque collée à lui à présent, sa respiration se faisant de nouveau plus rapide, son rythme cardiaque endiablé ne cessant de s'accélérer. Les mélanges faisaient effet, elle le savait puisqu'elle se sentait bien.
« Bien sûr que je les tuais. » répondit-elle avec une fausse nonchalance, un brin d'euphorie pouvant tout de même être distingué. « Quel intérêt, autrement ? »
Sa main gelée se posa contre lui, sa tête se penchant quelque peu au contact de la chaleur de sa peau. Mary n'avait pas réalisé, pendant la malédiction, que les autres avaient une température corporelle si agréable. Elle effaça cette réflexion d'un sourire encore plus large alors que sa paume s'aventurait sur les contours des muscles de son torse.
« C'était toujours très... sanglant. Je trouve que c'est plus esthétique. Ça décore les murs, les sols, les corps... et puis ça donne un côté poétique aussi, non ? »
Elle avait accroché sa ceinture pour le rapprocher d'elle en la tirant d'un mouvement brusque et sec. Se redressant sur la pointe des pieds, elle pouvait presque sentir son souffle sur son propre visage, lui faisant lâcher un rire ravi. Sa main libre s'était placée non loin de la cicatrice à son cou. Elle était encore plus belle de près. Elle aurait aimé la rouvrir. La voir à vif. Toucher la plaie béante. Elle se mordit les lèvres à cette image, baissant les yeux un instant.
« Ce que je préférais, c'était le moment où je leur arrachais la peau. Pas avec une arme, juste avec mes ongles. C'était long, fastidieux. Ils n'aimaient pas ça, ils se débattaient. »
Tout en parlant, elle commençait à défaire la boucle de la ceinture du chapelier dans des gestes flous et désordonnés par son ivresse. Elle tremblait presque en raison de sa félicité trop prononcée et loin d'être naturelle.
« J'étais plus forte à cette époque. » admit-elle alors, une moue presque attristée prenant place sur son visage. « Je pouvais leur faire ce que je voulais, ils étaient incapables de m'arrêter. »
Elle avança à nouveau, le plaquant contre la porte près de laquelle il était. Et sans un mot de plus, elle récupéra la paire de ciseaux à sa taille et se recula vivement, son air satisfait se faisant de plus en plus prononcé. Elle le serrait dans sa main, le faisant claquer avec quelques exclamations de contentement quelque peu sinistres.
« Ils sont magnifiques ! Tu les as acheté où ? »
Elle ne cessait de se mouvoir, trop exaltée pour rester en place, admirant de ses yeux brillants l'objet qu'elle tenait en main. Son doigt passa sur le bord d'une des lames alors qu'elle passait sa langue sur ses lèvres, fascinée par la coupure qu'elle se provoquait.
« Ça doit faire mal... » murmura-t-elle davantage par elle-même, sa tête se en direction de Jefferson. « Je vais essayer ! »
Elle s'était reculée autant que possible, se retrouver à heurter le mur face à l'homme, avant de planter avec autant de force que possible la pointe dans sa cuisse. Elle passa sans mal le tissu de sa robe et elle ressentit un léger picotement tandis que sa chair était transpercée. Le sang se mit à couler, elle le ressentait à la chaleur procurée par le liquide qui se frayait un passage en dehors de son corps. Et son rire se fit extatique tandis qu'elle retirait l'arme de sa peau, déchirant davantage sa tenue au passage.
Sa tête penchée en avant, elle observait avec curiosité et d'une façon trop malsaine la blessure qu'elle venait de s'infliger. Mary n'avait pas un comportement auto-destructeur, pas de cette manière, généralement. Jamais elle ne s'infligeait de scarifications ou n'avait-elle tenté de se suicider. Mais, parfois, lorsque les substances ingurgitées pour aider son corps à pourrir de l'intérieur faisaient effet, elle agissait... de manière incontrôlée.
« J'ai presque rien senti ! » lâcha-t-elle frustrée, le souffle court malgré tout, les dents serrées. « C'est pas juste ! »
Le contentement n'avait été que de courte durée. La traînée rouge sur sa jambe témoignait de sa blessure mais la douleur n'avait duré qu'un instant, la drogue devant aider son esprit à faire abstraction. Elle hésita à réitérer l'expérience mais, au lieu de ça, elle était revenue telle une furie se plaquer contre Jeff, la pointe des ciseaux s'enfonçant dans l'épaule de son hôte.
« Comme ça c'est beaucoup mieux ! »
Elle poussa un cri de contentement tout en restant serrée contre lui en admirant son œuvre, noyée sous l'effervescence. Ses doigts toujours serrés contre la paire, elle la retira aussi brusquement qu'elle l'avait enfoncé dans la chair du chapelier, son regard posé sur lui brillant d'une lueur démente. Elle laissa tomber les ciseaux au sol, sa main se posant à l'endroit où le sang se présentait sans qu'elle ne contrôle ses frémissements, signes d'une agitation certaine. Il pouvait toujours tenter de la repousser, elle s'accrochait comme une acharnée à son jean, prise d'une fièvre délirante qui lui faisait perdre toute conscience de son infériorité physique. Ça ne comptait pas à cet instant.
Elle allait presque jusqu'à le griffer tout en se cramponnant à son jean, la tension ayant prit un tout autre tournant dans son esprit détraqué et instable. Mary ressentait ce besoin de l'extérioriser, peu importe la manière. S'accrochant alors à sa nuque, elle garda un air interrogateur et perplexe quelques secondes, avant de plaquer ses lèvres aux siennes. C'était douloureux. A cause des plaies qui n'avaient pas cicatrisées qu'il lui avait causé plus tôt. A cause du fait que, loin de l'embrasser, elle mordait sa bouche jusqu'à sentir le goût distinctif du fer contre son palet.
Sa main chercha la poignée de la porte sur laquelle ils s'appuyaient, l'abaissant rapidement. Son ouverture provoqua un mouvement de recul du côté de Jeff, un déséquilibre de leurs deux corps collés l'un à l'autre et une chute inévitable. La surprise fit se serrer davantage ses dents avant qu'elle ne recule son visage du sien, passant sa langue sur ses lèvres d'une façon bien trop provocatrice. Au-dessus de lui à même le sol, elle hésita à chercher à l'étrangler à nouveau. Au lieu de ça, son rire étrange résonna dans la pièce obscure. Obscure ? Ses yeux s'ouvrirent grand, l'inquiétude se mêlant soudainement à l'excitation. Ses sourcils se froncèrent et elle resta contre Jeff, son cœur battant toujours plus vite, encore et encore.
« Qui a éteint la lumière ? Rallume la tout de suite ! » ordonnait-elle alors, presque suppliante.
Elle ne se rendait pas compte qu'il n'y était pour rien. Tout comme elle ne se rendait pas compte que tout qu'elle était collée ainsi à lui, il ne pouvait pas faire grand chose. Mais ce n'était plus un secret... Mary était instable.
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Jefferson T. Hatters
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Les coins de ses lèvres étaient retroussés dans un rictus quand la rousse s’approcha de lui, sensuellement, jusqu’à ce qu’il senta sa peau froide contre la sienne brûlante. Jefferson avait chaud, tout le temps chaud, il était une véritable chaudière mais il avait la chaleur, enivrante et désorientante. Il adorait les périodes de canicules, ou la seule possibilité pour trouver de la fraîcheur était d’enlever sa propre peau. Alors quand ses bourreaux le brûlaient avec toutes sortes d’instruments, il s’en fichait, il rigolait, sans doute exalter par les hormones contre la douleur dans laquelle se baignait constamment son cerveau. “Faire la discussion ! Parler c’est bien aussi !” Il gloussa à son propre cynisme sachant qu’en réalité, il faisait ça avant, pendant et après les forfaits que la folie lui avait fait commettre. Jefferson ne pouvait rester muet, c’était impossible, même la langue coupée, il trouverait le moyen de parler. Alors pendant une scène de meurtre, il était d’autant plus normal qu’il s’amuse à commencer ce qu’il était entrain de faire. Un frisson passa sur son torse quand enfin, elle posa sa main dessus, lui rappelant les premières fois où l’on avait marqué son corps au fer rouge, il n’avait pas pu s’empêcher de frissonner. Mais là, la sensation était quand même meilleure, beaucoup plus tentante à renouveler. “Oh la peinture ! J’adore ça ! C’est une activité qui me passionne !” Phrase à double sens, comme tout le discours du chapelier, il parlait non seulement de la véritable activité de peinture, s’amusant à peindre tout ce qu’il voyait, dans un réalisme parfois surprenant, un peu comme si un enfant de 5 ans était passé par là, mais aussi de la même chose que Mary. La première fois qu’il avait vu un bain de sang, c’était lors d’une ses missions, dans un monde en guerre où il devait récupérer une pierre magique servant à alimenter les armes. Il avait du passer par le champ de bataille et il avait vomi devant tant d’horreur. Ces cadavres s’étaient imprimés au fond de son cerveau, comme des milliers de fantômes le hantant, demandant vengeance. Puis par la suite, il avait assisté aux travaux de son ami Frankenstein, commençant doucement à sombrer dans la folie, et la puissance, trop influencé par Rumple’ et Regina. Enfin, il avait vraiment débloquer quand cette dernière l’avait sorti de sa petite zone de confort en lui jetant la vérité aux yeux. Il devait se venger, faire souffrir comme il souffrait. Perdre la tête n'avait rien arrangé, au contraire, le faisant totalement basculer à sa sortie de prison dans les méandres de la torture mais avec une litanie en tête, jamais d'innocent. Alors il s'acharnait sur les soldats de la reine rouge, pendant la révolution qu’il menait et même pendant les temps de trêve. Sa chaumière, seul point rouge dans le royaume de la reine blanche. Parfois il revenait du bon coté, aidé par Dereck et Duncan, dont il s’était épris d’un amour paternel qui pansait quelque peu sa folie meurtrière. “La poésie, ça empiète sur mon terrain. Dire les choses sans les dires en les enjolivant, c’est mon domaine ! Puis c’est quoi ce truc de tout vouloir faire rimer, c’est vraiment nul !”
Comblant la distance qu’il y avait entre eux, aussi infime soit elle, il laissa faire la jeune femme quand elle agrippa sa ceinture, et que sa main remonta le long de son torse, vers son cou. Si en temps normal il détestait qu’on approche de cette zone, il appréciait particulièrement le contact de doigts agiles sur sa nuque quand son cerveau se deconnectait pour ne pas être témoin de ce qui se passait. “Arf, ça reste sous les ongles après ! Je préfère les écorcher vif ! Comme ça, la peau est en un seul morceau et je peux la tendre pour la réutiliser !” Son sourire aurait fait peur à n’importe qui, même à Regina, mais il semblait exciter Mary à la vue de son geste. Humidifiant ses lèvres, il ne l’aida même pas, préférant se délecter de ce qu’il voyait. “Je suis persuadé que tu l’es toujours autant ! C’est comme le vélo, ça ne s’oublie pas !” Il ne mentait pas, pensant vraiment les mots qu’il disait. La mort veillait sur eux, comme il lui avait dit quelques auparavant, ils en étaient leurs émissaires, elle ne les laisserait jamais tomber, leur faisant des petits formations tout au long de leur vie, même quand ils avaient pris de longues vacances comme maintenant. La phrase avait fait son effet et il se sentit plaquer contre le mur, alors qu’il posait enfin ses mains brûlantes sur ce corps froid qu’il avait hâte de parcourir. Ce n’était pas ce qu’il avait prévu initialement, mais il appréciait les imprévus, surtout de ce type là, surtout quand il était dans cet état là. Sa langue claqua de mécontentement quand elle se recula, ses ciseaux en main. Fronçant ses sourcils, il essaya de les lui reprendre, sans succès, alors qu’elle sautillait avec comme une gazelle. “C’est un cadeau, d’un ami proche !” Victor les lui avait offert pour le remercier de l’avoir fait voyager à travers son chapeau, après qu’ils eurent fait le léger coup de pute à Regina qui l’avait changé pour le restant de sa vie. Il avait comprit que le scientifique était fou, et alors qu’il ne l’était pas encore totalement, il avait décidé de rester quelques temps avec lui, essayant de comprendre ce qu’il appelait science et qu’il refusait d’appeler magie. “Il est magique ! Enfin non, selon lui ce n’est que la science qui permet de faire ce qu’il peut faire, mais je suis désolé, un ciseau qui coupe de l’os, à part être une scie sauteuse déguisée, je ne vois pas ce que c’est ! Soit disant ça vient du matériaux utilisé ! Un truc fort et quasiment indestructible !” Il regardait tout en parlant, Mary passer son doigt sur la lame, et il trouva ce geste érotique, surtout avec le regard parlant qu’elle lui lançait. Ses yeux océans, luisaient d’excitation, quand il observa la lame de son ciseau, rentrer dans la cuisse d'albâtre de Mary, comme une métaphore de ce qu’elle voulait qu’il lui fasse. Son rire, aux sonorités érotiques commençait à agiter Jefferson, comme une bête sauvage se préparant dans les fourrés à sauter sur sa proie, en l'occurrence à sauter sa proie. Quand elle s'approcha de lui, il avait déja deviné ce qu’elle allait faire. Après tout, il avait lui aussi une forme de sadisme, qu’il pouvait reconnaître chez ses compères. Mordant le coin de sa lèvre fortement, laissant échapper un gémissement quand il sentit le ciseau traverser la chaire de son épaule. La paire de ciseau tomba bruyamment au sol quand Mary les retira dans une violence, faisant jaillir son sang, arrachant encore plus de peau. Tournant la tête vers cette main qui étalait son sang, il l’attrapa, la serrant fortement pour la stopper. Puis, il s’amusa à suçoter ses doigts rougis, pour lui faire comprendre la suite des évènements. La réaction ne se fit pas tarder, la main de Mary descendant à nouveau jusqu’à sa ceinture tout en le griffant au passage, puis enfin, ses lèvres froides rencontrèrent les siennes dans un déchaînement de violence. Il n’y avait rien de romantique dans ce geste, ou de doux, juste de la haine, de la souffrance qu’ils ne pouvaient que faire sortir que par ce moyen là, pour avoir un petit peu de plaisir dans leurs tristes vies. Il pouvait sentir l’impatience de Mary quand elle ouvrit la porte tout en continuant de l’embrasser, et forcément, vu que la gravité était toujours présente, ils tombèrent au sol, quand son dos ne fut plus porté par la porte. Elle était maintenant à califourchon sur lui, le regardant d’une manière bien trop provocatrice mais il ne fut rien, profitant de l’instant présent. Il avait croisé les bras sous sa tête, comme un coussin et il regardait tout son corps, pas un endroit n’était laissé à l’abandon par les yeux du chapelier. Il aimait la beauté, il savait reconnaître les belles choses, et il les voulait pour lui. Après tout, une beauté telle que la sienne ne pouvait se trouvait en compagnie de mocheté, le déséquilibre aurait été trop grand. Alors qu’il profitait de se rincer l’oeil, prenant son plaisir dans le détail, il leva les sourcils, totalement surpris par le ton de la voix de sa nouvelle partenaire de jeu.
“Casper a peur du noir ? C’est assez dingue ! J’aime bien !” Il s’attendait à prendre une gifle et pouvoir enchaîner sur les coups mais rien de tout cela. Au contraire, la douceur qui n’aurait pu jamais exister entre les deux se posa comme un cheveu sur la soupe quand Mary s’accrocha à son torse, comme si ses vieux démons l’a poursuivait et qu’il était le seul à pouvoir les combattre. La pression retomba, et dans un grognement de frustration, il se releva pour se mettre en tailleur, prenant les jambes de la jeune femme pour les placer autour de son bassin. “Personne n’a éteint la lumière ! Je fais juste des économies d'électricité !” Vérifiant que les mains de la jeune femme était bien accroché à son cou, un peu comme un koala, il appuya sur le haut de sa tête pour lui mettre les yeux contre son épaule. “Je n’aime pas le silence, je déteste ça …” Contractant tous ses muscles, il se souleva pour se mettre debout, faisant l’équilibre avec une main tandis que l’autre tenait Mary pour ne pas qu’elle tombe, ça serait dommage de lui faire mal involontairement. Comprenant la peur qu’elle avait, il alla à l’interrupteur avec son paquet, ne voulant pas l’entendre crier s’il l’a laissait seule sur le lit, enfin si mais pas dans ce sens là. “C’est bon Mimi Geignarde ! Dans ma grande bonté je t’ai allumé toutes les lumières que je pouvais ! Regarde moi ça ! Même à Versailles y en pas plus, et je le sais, j’y suis allé !” Pour toute réponse, il eut droit à une morsure, sur son autre épaule et un petit sourire de contentement se dessina. Il connaissait parfaitement ce qu’elle ressentait, l’abandon dans un endroit, fragile, vulnérable, la peur grandissant de plus en plus car même et Jefferson était à l’écoute de ses partenaires, n’étant pas égoïste au point de vouloir prendre du plaisir seul. Il posa enfin la rousse sur le grand lit, alors qu’elle était entrain de lui triturer la plaie qu’elle lui avait faite. “Et bien .. et bien .. comme j’ai vu que tu appréciais bien l’alcool !” Le changement de comportement était dû à ça, il en était sûr, il se savait, la drogue faisant quelques peu le même effet. S’accroupissant devant la table de chevet, qui n’en était pas une, il composa le code à 4 chiffres et la porte s’ouvrit dans un petit bruit. “Quoi ?” Il en sortit alors une bouteille qu’il choisit au hasard et la tendit à Mary. “Je suis un hôte prévoyant, il y a un mini bar dans chaque chambre d’invité ! Elle est pas belle la vie ?” Il tourna légèrement la tête vers la jeune femme, lui faisant un clin d’oeil, alors qu’il cherchait à tâton quelque chose dans le coffre. “Et … parce qu’on ne peut pas savoir ce qu’elle nous prévoit … !” Il tira fermement, arrachant quelque chose vu le bruit, et il en sortit un sachet d’une poudre violette.
“Comme je dis, on sait jamais, il vaut mieux prévenir que guerir.” Il secoua le sac vivement devant sa tête alors qu’elle avait porté la bouteille à sa bouche, trop sensuellement pour que l’excitation de Jeff ne revienne pas au galop. Comme un félin, il grimpa sur le lit pour se mettre à ses côtés. Attendant qu’elle pose la bouteille sur le sol, se fut à son tour de la plaquer brusquement, effaçant toute la douceur qu’il avait pu avoir avec elle quelques minutes auparavant. “Reprenons !” Tenant le sachet entre ses dents, il passa ses deux mains sur son ventre, encore caché par sa robe, qu’il entreprit de déchirer violemment pour le dégager de cette prison. Délicatement, il posa sa main dessus, comme s’il voulait aplatir cette surface si appétissante. Une fois fait, il ouvrit son sachet et éparpiller la drogue, parce que ce n’était pas des bonbons à la violette, il fit des petits tas avec, avant de s’empresser de tout lécher, ne voulant en perdre aucune miette, en profitant aussi pour remonter vers le haut de la jeune femme, qui avait planté ses ongles dans sa peau. “On n’est jamais mieux servi que par soi même ! Je vais révolutionner le marché de la drogue avec ça !” Il n’y avait pas qu’elle, qui avait le monopole de la souffrance et de la domination. Il l’a mordit alors méchamment dans le cou, tellement fort, qu’elle ne put retenir un cri, sonnant comme une bénédiction à ses oreilles. Ses mains commençaient à parcourir son corps, enlevant les derniers lambeaux de robe qu’elle pouvait avoir alors qu’elle s’amusait encore avec sa ceinture. Il l’embrassa durement, avec toute la vigueur et la fougue qu’il avait. Quand il entendit le bruit de la ceinture défaite, il saisit la main qui tenait la boucle, la refermant dessus pour l’entrainer à la tirer hors de son pantalon. Comme elle avait fait tout à l’heure, il se recula vivement, alors qu’il faisait pendre devant ses yeux la longue ceinture de cuir noir. “Je t’en dois une ma belle !” Sans crier gare, tout aussi imprévisible qu’il l’était, Jeff se jeta à nouveau sur le cou de Mary, mais armé de sa ceinture, qu’il lui passa avec agilité et rapidité. Il était comme ça, il rendait coup pour coup, oeil pour oeil, dent pour dent. Il tira dessus d’un coup, serrant sans délicatesse pour couper sa respiration alors qu’il l’embrassa pour l’empêcher de respirer. Au bout de quelques minutes, tandis qu’il se délectait de ses lèvres qu’il faisait saigner, de ses oreilles qu’il machouillait, il sentit qu’elle commençait à se débattre. Manquerait elle d’oxygène ? Bien sur, et au lieu de l’aider, il enfonça le clou, appuyant toujours plus fort dessus. “Laisse toi partir dans les brumes divagantes de ton esprit, laisse toi t'enivrer de ce poison mortel qui t’oblige à faire ressortir ton instinct de survie.” Comme pour appuyer ses dires, il lécha la peau fine qui dépassait de sa ceinture. Puis, parce que quand même, il n’était pas nécrophile … enfin … il desserra un peu la boucle, et il entendit ses poumons se remplir alors qu’il avait mit sa tête entre ses seins pour leur faire subir une autre délicieuse torture. Il rigola à ses paroles avant de sentir qu’elle le repoussait, violemment, inversant les rôles. Une autre bagarre allait éclater dans quelques secondes, après qu’elle se soit jeté encore une fois sur ses lèvres en l’insultant. Ce qui arriva arriva, et le déchaînement de passion entre eux reprit. Bougeant sur le lit, mais pas comme des personnes normales, ils tombèrent au sol dans un grand fracas, à force de toujours vouloir prendre l’ascendant l’un sur l’autre. “On est quitte ! On peut commencer une autre partie !” Elle était sur lui, mais cette fois, pas de problème d'électricité, et il descendit sa main dans son dos, ses doigts passant la barrière de sa culotte pour toucher la peau de ses fesses. Son sourire était équivoque, et sa voix chaude, comme son corps, pressé d’évacuer toute cette frustration qu’il avait, cette haine qui devenait plaisir.
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Mary Bates
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| Avatar : Evan Rachel Wood
“I wish I were a girl again,
half-savage and hardy, and free.”
| Conte : Folklore | Dans le monde des contes, je suis : : Bloody Mary
Lighting matches just to swallow up the flame like me ?
Mary était insensible à la plupart des sensations. Elle concevait la haine et appréciait la souffrance, qu'elle se satisfaisait davantage à faire subir plutôt qu'à vivre, même si elle acceptait ces deux variantes. Le reste lui paraissait trop fade, comme voilé, elle était incapable d'y accéder. Elle avait toujours eu l'impression que quelque chose manquait. Elle aurait pu croire que c'était cette foutue malédiction, mais le retour de ses souvenirs n'avaient rien changé. Tout était toujours aussi fade. Sans doute était-ce dû à sa mort. Alors il fallait boire plus, consommer plus, juste pour oublier un moment à quel point tout était... insignifiant. Pour savoir ce que ça faisait, d'être vivant.
Seulement, elle était dotée d'une faiblesse plutôt conséquente : la peur. Elle s'était barricadée derrière des murs de lassitude, de déception et d'amertume, mais cette dernière parvenait toujours à se frayer un chemin. C'était aussi irritant qu'excitant, dans un tel contexte. Seule, elle aurait certainement perdu tout contrôle – ou n'était-ce pas déjà le cas ? Elle ne se sentait pas redevable ou reconnaissante. C'était la moindre des choses qu'il éclaire cette pièce pour qu'elle ne s'enfonce pas dans une crise d'angoisse qu'aucun d'eux n'avait envie de supporter. Sa respiration saccadée se calma quelque peu à ses remarques, mais elle ne pouvait le laisser la traiter de la sorte. Ses dents s'accrochèrent à sa peau comme une affamée alors que ses yeux brillaient de nouveau face à la luminosité nouvelle de la pièce.
Mary faillit laisser échapper un grognement de frustration lorsqu'il l'abandonna sur le lit, sur lequel elle s'étira distraitement, sa tête à peine tournée vers le chapelier. Sa déception laissa place à de l'intérêt en attrapant la bouteille qu'il lui tendait, s'en délectant sans gêne sans prêter attention à la poudre qu'il sortait pour lui-même. Elle ne ressentait ni fatigue ni dérangement, au contraire, son corps entier lui semblait survolté. Elle avait comme un trop plein d'énergie qui la tiraillait et qui ne demandait qu'à être extériorisé. Elle n'en eut pas l'occasion, sentant l'homme l'écraser contre le matelas tandis qu'elle le fusillait du regard. Sa contrariété ne dura qu'un instant, la curiosité de le voir agir prenant rapidement le dessus. Elle eut presque envie de rire en le voyant déchirer le tissu de sa robe dont elle se fichait complètement de l'état, esquissant un sourire à sa bouche contre sa peau. Comme pour lui signifier qu'elle n'avait donné aucune autorisation à de tels agissements, elle s'accrochait à lui avec trop d'acharnement. Elle l'avait bien prévenu qu'elle aimait bien... arracher.
Il était encore plus fou qu'elle. Cette certitude se fraya un chemin dans ses pensées dérangées et son esprit embrumé, Mary entendant son propre cri résonner à ses oreilles. La douleur était supportable pourtant, elle avait déjà subit bien pire. Elle ne lui en voulait même pas, elle ne s'offusquerait pas d'une morsure. Son empressement accéléra le sien, la ceinture qu'il portait le quittant bien vite. La suite des événements réveilla de nouveau sa rage qui s'était endormie.
Elle n'eut pas le réflexe ni la volonté de s'extirper en ayant parfaitement conscience de ce qu'il était sur le point de faire. Ce fut presque avec délectation qu'elle accueillit le contact du cuir contre sa gorge, inspirant juste assez avant qu'il ne serre sa prise. Elle sentait le sang contre ses lèvres, la piqûre de la blessure à vif de sa cuisse et la tension dans ses muscles. Etre approchée si près de la frontière de la Mort lui procurait un mélange de plaisir et de crainte, lui rappelant toutes ses fois où elle l'avait fait subir à d'autres. Ses yeux grand ouverts fixaient l'homme, presque défiant. Qu'il aille jusqu'au bout, s'il l'osait. Ça ne la dérangeait pas. Elle ne perdrait pas grand chose.
Son corps commençait à se mouvoir dans un instinct de survie propre à tout être vivant. Elle était presque déçue que son esprit ne puisse pas le contrôler suffisamment pour le forcer à se laisser faire. Mais la sensation de l'air rentrant dans ses poumons, brutale et violente, était aussi plaisante que celle qu'elle avait ressenti en commençant à en manquer. Est-ce qu'il pouvait recommencer ? Non. Elle ne pouvait le laisser avoir autant de contrôle, c'était dégradant. A la place, elle s'écartait, hurlait, attaquait, frappait. Elle ne se rendit pas même compte qu'ils tombaient du lit, ayant comme perdu cette connexion à la réalité.
« Et si j'ai plus envie ? » soupira-t-elle, effrontée, mais ses gestes avouant tout le contraire.
Elle le surmontait de tout son poids, s'agitant alors que ses jambes se serraient à son hôte. Sa température corporelle avait nettement augmenté en quelques minutes, même si elle avait toujours trop froid à son goût. Comme pour remédier à ce problème, elle s'abaissa pour coller son corps à celui du chapelier, plus brûlant que tout ce dont elle aurait pu rêver. Ses doigts s'accrochaient à ses cheveux dans un geste impétueux, se serrant contre ses mèches, presque prêts à les arracher. Ses lèvres dévoraient les siennes, assaillaient sa nuque, frôlant avec défiance la cicatrice qu'elle adorait tant. C'était sans doute ce qu'elle préférait chez lui. Pour l'instant, du moins.
Sa main libre parcourait vivement son torse, le marquant parfois de griffures nécessaires, le reste de son corps entamant des mouvements plus qu'évocateurs. Elle s'acharnait à faire tomber la barrière du bouton de son jean, s'écartant de lui avec fougue alors que son impatience atteignait des sommets. La tête penchée, elle fixa son regard dans les yeux clairs du dérangé qui lui tenait compagnie, avant que sa bouche ne dévoile un sourire plein de sous-entendus.
Elle le libéra de sa prise, ne prenant pas la peine de se relever pour atteindre le couloir alors que la porte était toujours ouverte. Elle rampait presque, sa main se serrant avidement contre les ciseaux abandonnés. Ses intentions avec ce dernier étaient cependant toutes autres à présent. Sa chevelure ondulée et emmêlée tombait de chaque côté de son visage tandis qu'elle revenait vers lui. Elle reprit sans attendre le dessus, à califourchon sur cet homme, mais ne lui faisant plus face à présent. Elle lui laissait tout le loisir d'observer son dos nu, si ce n'était pas trop aimable de sa part.
« Ils peuvent vraiment transpercer des os ? » l'interrogea-t-elle avec une innocence feinte à la perfection, tout en faisant tourner l'objet entre ses doigts.
Elle n'attendit pas de réponse alors qu'elle attrapait sans la moindre douceur le bord de son jean, faisant passer l'une des lames gelées des ciseaux contre la peau de Jefferson. Le bruit que la déchirure du tissu provoqua la faisait frémir, l'exaltant bien plus qu'elle ne l'aurait avoué. C'était bien plus divertissant que de se contenter de le lui enlever. Elle se penchait à mesure que sa tâche avançait, longeant la jambe de l'homme avec agitation. Elle se retrouvant presque allongé sur lui en atteignant enfin la cheville. Elle hésita à planter l'arme à ce même endroit, se rétractant à la dernière seconde alors qu'elle appuyait trop fortement la pointe contre la peau.
Maladroitement, l'esprit toujours confus et fiévreux, elle le dégagea de ce pantalon détruit et se retourna pour lui faire de nouveau face, gardant une de ses mains appuyée contre le ventre de son partenaire de la soirée. Le contact de sa peau contre la sienne était grisant, la faisant frissonner. Elle avait presque l'impression de littéralement s'enflammer. Elle n'aurait pas dit non, d'ailleurs, si il avait un briquet à disposition.
Au lieu de lui poser la question, elle reprit ses lèvres d'assaut, le goût de fer distinctif coulant dans sa bouche ne lui permettant pas de savoir si elle l'avait blessé ou si ce n'était que les restes des sévices qu'il lui avait infligé plus tôt. Elle s'en fichait. Ses ongles s'enfonçaient à sa taille et sa gorge laissait échapper des sons emplis d'autant de frustration que de plaisir. Elle le sentait le toucher, elle le savait dans le même état d'excitation qu'elle. Son corps ne la trompait pas.
Elle le força à relever la tête avant de l'inciter d'un appui de sa main à la rabaisser violemment. Elle se releva, agitée, le forçant à faire de même en s'accrochant au sous-vêtement qu'il portait toujours. Face à face, elle se rapprocha jusqu'à le reculer contre le mur le plus proche. Ses yeux ne le quittaient plus, ne sachant quoi regarder. Elle le détaillait, l'étudiait, se redressa pour s'agripper à son cou alors que ses dents s'accrochaient à son épaule. Elle n'avait pas lâché les ciseaux, qu'elle s'appliquait maintenant à utiliser pour le soustraire de ce bout de tissu inutile qu'il conservait. Le claquement dans l'air fut sec et son sourire plus grand lorsqu'elle parvint à exécuter la tâche qu'elle s'était donnée, tandis qu'elle s'amusait à faire repasser la pointe de l'objet contre la blessure qu'elle avait causé plus tôt.
Mary s'était servie de son appui pour se soulever, l'incitant à la porter en tournant assez pour qu'elle se retrouve cette fois être celle plaquée contre le mur. Ses cuisses se serraient fortement à ses hanches, ne laissant aucun doute dans ses intentions et elle n'eut besoin de faire qu'un mouvement pour couper à présent la lingerie qu'elle portait encore. Si elle avait pu le faire se consumer d'un simple regard, c'est ce qui se serait produit à cet instant. Ses gémissements sonnaient comme des supplications étranges tandis que son corps était gonflé d'impatience, de colère, d'envie. A l'agonie alors qu'il la faisait attendre.
« J'ai toujours trop froid. » lâcha-t-elle pleine d'insolence, dans un murmure tout contre son oreille, qu'elle attaquait de morsures de plus en plus violentes.
Les ciseaux ne furent pas lâcher au sol. A la place, comme dans un autre geste rageur et querelleur, elle les enfonça dans la taille du chapelier et les y laissa, non sans laisser échapper un rire étrange. Elle se collait davantage à lui, sa main à présent libre se promenant le long du bas de son dos, allant imposer des griffures nouvelles aux parcelles de sa peau qu'elle découvrait à présent. Elle ne pouvait pas le laisser penser qu'il avait le plein contrôle.
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La déchéance des âmes } feat Mary le fantôme [POUR LES GRANDS]