« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)
When the days are cold, and the cards all fold, and the saints we see are all made of gold, when your dreams all fail and the ones we hail are the worst of all and the blood’s run stale. They say it's what you make, I say it's up to fate it's woven in my soul I need to let you go. Your eyes, they shine so bright I want to save their light I can't escape this now unless you show me how.
Maara & Hansel.
Dimanche matin. Enfin. Sa semaine avait été éprouvante - il n'aurait jamais pensé que des clients fortunés puissent créer tant d'histoires pour si peu - et s'autoriser une grasse matinée lui avait fait le plus grand bien. Il avait pu traîner au lit jusqu'à neuf heures passées, et il fallait croire que la patience de Lucky arrivait dans ses derniers retranchements puisqu'il avait sauté sur le lit pile à l'endroit où il était allongé pour venir lui coller sa truffe humide sur le visage, avant de passer au niveau supérieur lorsqu'il commença à lui lécher le visage. Au moins, ça avait le mérite d'être un moyen efficace de tirer une personne d'un sommeil réparateur...
« Hé la, calme toi mon vieux ! Je suis réveillé, c'est bon, tu peux arrêter maintenant ! »
Sa voix ne parvenait plus à ses oreilles, mais semblait avoir fait effet puisque le Labrador se contenta de s'asseoir sur lui, sa grosse tête penchée sur le côté tandis que son œil encore vaillant le scrutait avec attention, dans l'attente de ses croquettes. La scène lui tira un rire, tandis qu'il lui grattouillait le cou avant de lui faire signe de descendre.
« Parce que, mine de rien, t'es un peu lourd. Allez, descends, et on va s'occuper de toi. »
Son chien obtempéra, le précédent pour aller attendre devant sa gamelle tandis que lui attrapait ses appareils auditifs pour rejoindre le monde des biens entendants. L'archer se saisit du sac de croquettes et en versa une grande rasade dans le récipient, souriant devant l'empressement du canidé à vouloir tout engloutir sans en laisser une miette... Il le laissa à son affaire, s'occupant de préparer son propre déjeuner. Pour une fois, il pouvait prendre son temps, et cela lui faisait du bien. Etre sans cesse pressé, dans le rush de devoir se rendre à un point précis pour une heure précise avait tendance à l'user. Enfin... Il se changea les idées en lisant quelques chapitres du bouquin qu'il traînait depuis plusieurs mois déjà, avant de tout abandonner et de s'étirer.
« Une promenade en forêt, ça te dirait toi ? »
Un jappement enthousiaste lui parvint, lui tirant un sourire.
« Laisse moi le temps de me préparer, et on y va. »
Il délaissa sa vaisselle dans l'évier, avant de partir prendre une douche rapide et d'ensuite enfiler un simple t-shirt violet avec une cible en son centre et un pantalon de jogging usé, et même déchiré au niveau d'un de ses genoux. Mais cela serait suffisant : après tout, il n'allait pas participer à un défilé de mode... Il se saisit d'un gilet qu'il revêtit, avant d'attraper l'étui contenant son arc, son carquois emplis de flèches et les équipements de protection. Il siffla pour appeler Lucky et lui passer sa laisse au collier avant de délaisser son appartement.
Il n'habitait pas si loin de la forêt, alors il n'eut besoin que de quinze minutes environs pour s'y rendre. S'il suivit les sentiers pendant un temps, il finit par s'en éloigner pour gagner la clairière qu'il avait déniché. Elle était parfaite pour qu'il puisse s'entraîner au tir à l'arc sans mettre en danger la vie de quiconque. Cette pensée le ramena à l'enterrement auquel il avait assisté quelques mois plus tôt... Il fut tiré de ses sombres pensées par son chien qui se frottait dans ses jambes, quémandant son lot de caresses. Un sourire étira ses lèvres, tandis qu'il grattouillait la tête.
« J'suis là, mon vieux. Tout va bien. »
Tandis qu'il montait son arc, plaçant les deux branches à chaque extrémité de la poignée, pour ensuite y accrocher la corde. Il vissa le contre-poids à l'endroit approprié, vérifiant que le tout soit bien accroché avant de pencher la tête sur le côté. Il passa le mousqueton de son carquois à sa ceinture, et tira une première volée, pour s'échauffer. Depuis le temps, son Labrador était habitué à l'exercice, si bien qu'il trouvait toujours un endroit où s'installer, sans risquer de se prendre une flèche perdue. Son propriétaire réitéra ses gestes à plusieurs reprises, jusqu'à épuiser ses minutions et il alla les récupérer calmement, constatant qu'elles étaient tous groupées dans un cercle, sur le tronc de son arbre-cible. Ce résultat lui paraissait assez satisfaisant, et c'est pour ça qu'il se lança un défi : il ne savait plus quel vieillard de l'histoire parvenait à décocher quatre flèches à la fois sans faire d'erreurs - et sa Kate avait réussit à le surpasser dans un situation pas tellement simple, en ajoutant une pour faire mouche et stopper leurs assaillants...
Penser à elle lui serra un peu le cœur. Il se demandait ce qu'elle pouvait bien devenir, si elle lui en voulait - bien sûr, qu'elle lui en voulait, après tout il était parti sans prévenir - et surtout, si les mecs en survêt' la laisser en paix à présent... Secouant la tête pour se débarrasser de ses pensées parasites, il disposa ses quatre flèches, les calant sur le repose flèche, puis il ramena son bras en arrière, bandant son arc sans trop d'effort et se forçant à bouger le moins possible. Inspiration... Expiration... Rester concentré... Et il relâcha la corde qui propulsa les flèches en un sifflement sonores. Seules trois d'entre elles touchèrent la cible, la quatrième allant s'égarer un peu plus loin, dans les bosquets.
« ... Raté. »
Lucky avait relevé la tête, l'observant d'un œil grave.
« Aucun problème, bon chien. Je vais simplement allé la récupérer, pas de quoi s'inquiéter. Reste là, tu veux ? »
Il reposa son arc sur le pied dédié à cet effet, avant de s'éloigner en direction de sa flèche perdue. ... Enfin, il supposait que c'était par là qu'elle était. Il passa plusieurs longues minutes à des fouilles peu concluantes, et fut tiré de ses recherches par une série d'aboiements sonores. Intrigué - et quelque peu inquiet, ce n'était pas dans les habitudes de Lucky d'aboyer pour rien -, il se hâta de le rejoindre pour le trouver en train d'aboyer sur... Une jeune femme.
Mais qu'est-ce qu'il lui prend ? songea-t-il, avant de venir se placé à ses côtés pour lui caresser la tête.
« Tout doux... Il reporta son attention sur l'inconnue, esquissant un sourire contrit. Navré. Je vous assure que ce n'est pas dans ses habitudes... J'espère que je ne vous ai pas dérangé ? »
Peut-être avait-elle trouvé la flèche perdue ? Si ça se trouve, il avait faillit la blesser... Cette pensée le fit tressaillir. Mais il n'était pas persuadé qu'elle soit à l'origine du frisson qui lui parcourut l'échine...
Passer du temps en forêt n’était pas mon activité favorite. Du moins en théorie. J’aimais me perdre au travers du tapis d’obscurité que la cime des arbres formait. Les gens venaient en forêt pour sa beauté, moi pour ses ténèbres et sa solitude, même si l’on n’était jamais vraiment seul dans les bois. Pas à Storybrooke en tout cas…
Durant longtemps, j’avais évité la forêt, domaine par excellence de la chasseresse lunaire. Pas envie de la croiser cette blondasse. Sans doute une copine à Frost d’ailleurs, avec cette blondeur et ce côté carrément chiant d’empêcheur de tourner en rond… Quand je pensais que cet idiot de Gardien était devenu Maire de la ville, franchement, ça me donnait envie de me tirer d’ici.
Sauf que bien évidemment, si en théorie c’était possible, c’était complètement hors de question. J’avais des responsabilités ici avec mes recherches et les financements qui y étaient liés. Et puis… Il y avait Aster. Lui ne partirait sans doute jamais de la ville, même s’il était tout aussi gavé que moi de la ville et de ses habitants. Non, décidément, ça n’était pas possible de partir… Et encore moins après l’aventure de Noël. Je détestais cette fête, mais alors là, ça avait été le pompon avec ce con de clown…
J’étais bien contente qu’il ait été bloqué dans l’autre monde. Même si quelque chose me disait qu’on n’avait pas fini d’entendre parler de lui… Au fond, même s’il m’avait franchement gavé, je le comprenais un peu. C’était une créature des ténèbres, comme moi… Mais là où lui ne pouvait rien apprendre, moi j’apprenais.
Ceci dit, j’avais toujours mes mauvais côtés et il n’était pas non plus question de changer en profondeur. Mon côté vilaine fille, ça faisait mon charme. Du moins était-ce ce que j’avais envie de croire… Quoi qu’il en soit, avec cette balade en forêt, je voulais juste me ressourcer. Il n’avait pas été question de faire autre chose. Jusqu’à ce que je capte des ondes d’un humain tout prêt et que je ne manque de me prendre une flèche. Oh le con… Lui, j’allais en faire mon quatre heures !
Fondue dans les ombres, je récupérais la flèche et me glissais en contournant l’humain vers l’endroit d’où il avait vraisemblablement décoché sa flèche. Moi qui voulais me faire discrète, c’était raté à cause de ce crétin de chien… Si personne n’avait pu me voir, cachée dans les ombres, le canidé m’avait senti. Montrant les dents au chien, je glissai dans la lumière, attendant le retour du tireur amateur.
- Vous avez juste failli m’embrocher, rien de bien grave. Répondis-je, pince sans rire en lui jetant les bouts de sa flèche que j’avais cassée après l’avoir ramassé.
J’allais lui gâcher un peu la fête. Comme il avait gâché mon moment tranquille. Mes yeux, je l’espérais en tout cas, n’avait pas encore leur couleur doré, caractéristique des moments où j’usais de la magie… Mais j’usais bien de mon pouvoir sur lui pour faire remonter ses peurs. J’avais comme l’impression qu’il venait de se crisper légèrement et comme d’habitude, cette constatation me remplit de joie.
J’avais beau apprendre, j’étais une méchante dans l’âme, certaines choses restaient les mêmes et je comptais bien m’en délecter encore et encore…
When the days are cold, and the cards all fold, and the saints we see are all made of gold, when your dreams all fail and the ones we hail are the worst of all and the blood’s run stale. They say it's what you make, I say it's up to fate it's woven in my soul I need to let you go. Your eyes, they shine so bright I want to save their light I can't escape this now unless you show me how.
Maara & Hansel.
Si, dans un premier temps, il s'était contenté de regarder la jeune femme dans les yeux, supposant qu'il s'agissait là du meilleur moyen d'entamer le dialogue sans laisser passer de messages... Désobligeants - il était particulièrement doué pour entremêler les mots et s'emmêler les pinceaux - autant éviter de passer pour avoir des yeux baladeurs mais les grondements continus et sourds de Lucky lui soufflait d'être méfiant. Ça, et son impression de mal-être grandissante... Alors, il s'autorisa à baisser les yeux rapidement, pensant que l'animosité de son chien pouvait éventuellement être du à la présence d'une arme ou quelque chose du même acabit et...
Il fut tout de même surpris de la voir tenir une flèche brisée entre ses doigts. Son appréhension augmenta d'un cran, et fut même confirmée dans les secondes qui suivirent, puisqu'elle lui énonça calmement qu'il avait manqué de l'embrocher, et elle se débarrassa des bris de carbone sans plus de cérémonie. Cette fois-ci, il baissa les yeux, penaud, adoptant une attitude qui ressemblait à celle de son enfance, lorsqu'il venait d'être pris en faute et qu'il était sûr de se faire réprimander. Et pas de la plus sympathique des façons... Les souvenirs des coups qui manquèrent de le rendre sourd une première fois lui revinrent, et il lui fallut faire preuve de volonté pour s'en soustraire et revenir au moment présent. Non, il n'était plus cet enfant qui se faisait maltraiter et frapper pour une histoire de pelouse mal tondue... Les choses avaient changé. Il était hors de danger.
« Vous m'en voyez sincèrement navré... Il prit sur lui pour retrouver le courage de la regarder dans les yeux, à nouveau. Pour ne pas paraître faux, ou peu importe ce que les conventions sociales trouvaient à redire à ce sujet. J'ai l'habitude de venir m'exercer ici et... C'est bien la première fois que je croise le chemin d'une autre personne. »
Était-il supposé ajouter quelque chose d'autre ? Une fois encore, cela lui rappelait ses défenses hésitantes et mal construites, ses excuses qui, de toute manière, ne suffisaient jamais à le préserver des coups qui ne tarderaient pas à pleuvoir sur lui. Et... Pourquoi tout ça lui revenait en tête à ce moment précis ? Son père ne pouvait plus lui nuire, Barney l'avait prévenu de son décès quelques mois plus tôt, peu avant son départ précipité - il n'avait aucune idée de la façon dont il avait obtenu cette information, mais il savait qu'il pouvait lui faire confiance. Lui aussi avait souffert par sa faute... Cette fois-ci, il secoua légèrement la tête pour se changer les idées, et tant pis si cela le faisait paraître un peu étrange.
« Je pourrai vous dédommagez, si vous voulez. En vous... Offrant un café ? Il haussa un sourcil, l'air peu convaincu de ce qu'il avançait. Ou quelque chose comme ça ? Je sais que ça fait peu par rapport à ce qui aurait pu arrivé mais... Le principal, c'est que tout le monde aille bien. »
Pour se rassurer et tenter de se raccrocher un peu plus dans l'instant présent - et aussi apaiser son agitation -, il caressa la tête de son labrador. Mais, rapidement, son geste sembla hésitant, presque distrait... Une nouvelle pensée venait de lui traverser l'esprit, et elle n'était pas des plus réjouissantes : si la bande aux survêt' avait réussi à remettre la main sur lui ? Si l'inconnue travaillait pour eux d'une quelconque façon, et venait pour lui régler son compte ? ... Ou, pire, le mettre au courant d'un "accident" arrivé à Kate ? Ou à Barney ? Et aux habitants de son ancien immeuble ?
Un sentiment d'angoisse terrible lui enserra le cœur. Peut-être n'aurait-il jamais du partir.... Il avait cédé aux chantages, aux menaces, et de ce fait il avait laissé sa famille et ses amis, ses seuls vrais amis, sans aucune défense. Totalement démuni et exposé aux sévices tordues qu'Ivan et sa bande pourraient imaginer... Quel lâche faisait-il. Il trouva la force de déglutir péniblement, et de se racler la gorge. Essayer de maintenir une conversation. Tenter de soustraire des informations de manière plus ou moins cachée. Peut-être que tout cela n'était du qu'à la fatigue qu'il accumulait depuis plusieurs jours déjà, et que son esprit s'emballait pour un rien...
« Ce... Ça vous arrive souvent de venir par ici ? Que j'apprenne à me montrer plus prudent si c'est le cas. J'éviterai de tenter de nouvelles expériences... »
C'était... Un début. Un pitoyable début. Mais il n'était pas persuadé de pouvoir faire mieux pour l'instant...
Les relents de peur de l’homme montaient un peu plus, me faisant frissonner. Pas de peur, bien évidemment. Simplement d’excitation. Sa peur était très forte et je m’en régalais. Mon seul souci était le chien qui commençait à m’agacer prodigieusement. En général, quand un roquet essayait de m’intimider avec des aboiements, un simple regard doré avec une petite vague de peur parvenaient à le faire taire. Là, ça n’était pas franchement possible alors que je voulais m’amuser avec la peur de son maître…
- Est-ce réellement une excuse ? Ce n’est pas parce que vous venez souvent vous entraîner ici qu’il n’y a personne d’autre…
Je jouais à la femme qui allait lui faire passer un mauvais quart d’heure… Enfin, ce n’était pas vraiment un jeu, j’allais le faire, mais clairement pas de la façon à laquelle il était entrain de penser. La torture physique ne faisait pas partie de mes activités favorites, je préférais bien plus la torture psychologique. Et en tant qu’étudiante de derrière année, j’étais vraiment très douée dans ce domaine…
- Un café… Vous croyez vraiment que ça effacera le fait que vous avez manqué de me tuer ? Dis-je d’une voix doucereuse. Est-ce vraiment ainsi qu’on vous a appris à payer vos dettes ?
Je ne comptais rien lui demander en réalité. Il m’avait mise en colère, certes, mais pas assez pour que je puisse réellement penser qu’il me devait quelque chose. Ceci dit, sa peur était entrain d’enfler et j’étais persuadée qu’il était entrain de revivre de très mauvais souvenirs. Et ça, je n’avais pas envie d’y mettre un terme. J’étais méchante et certaines fois, ça me faisait du bien de me le rappeler à moi-même…
- Ça m’arrive oui… Répondis-je en m’amusant. Si vous voulez être sûr de ne pas me toucher, ne visez jamais l’ombre, on ne sait jamais, je pourrais y être, cachée…
Ce n’était pas totalement faux non plus. Je me déplaçais parmi les ombres, reprenant dans ses moments-là mes habitudes de jument de cauchemar… Et si je pouvais lui augmenter sa peur en insinuant que là où il y avait de l’ombre, j’y étais quasiment obligatoirement, je n’allais pas me gêner. Cette journée finissait bien au final !