« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)
Elle avait choisi d’arpenter les couloirs de la Cité que de se téléporter. Cela lui laissait le soin de préparer son discours, un luxe dont elle préférait ne pas se passer. Le caractère et l’esprit du jeune homme méritait qu’elle prenne un peu de temps de réflexion. Elle avait senti le cataclysme que Diane et Apollon avaient provoqué bien malgré eux sur Evelyn et la petite Iris. Elle avait observé de loin la scène, préférant rester à sa place, dans la Cité, puisqu’on ne l’avait pas invité mais la vue de ce nouveau Wilson avait causé dans le cœur de la femme une faille qui avait été si vive qu’elle l’avait ressenti dans son propre cœur. L’enfant comprenait vite également… une nouvelle douleur à gérer.
Son « frère » et sa « sœur » avaient fait de leur mieux, bien sûr. Mais dans pareil situation, le mieux n’était pas suffisant. Hera n’avait pu que les encourager et les féliciter malgré leur échec prévisible. La situation n’était simple pour personne et aucun d’entre eux n’aurait pu mieux s’en sortir, excepté peut-être Dolos qui se serait contenté de mentir et d’offrir au pauvre bougre l’apparence de l’ancien bougre. La présence de Wilson à la cérémonie n’avait certes rien arrangé et après la tornade, il avait été convenu entre le Gardien et la déesse qu’elle tâcherait de s’occuper des nouveaux arrivants. Jusqu’à preuve du contraire, elle était la seule à avoir suffisamment vécu dans les deux mondes pour en comprendre les deux côtés. Elle voyait cette mission bien plus comme un devoir qu’un simple attribut et en ce jour où elle arpentait la Cité, c’était bien Wilson qui avait besoin d’attention.
Comment trouver sa place dans un monde où on avait existé sans véritablement exister ? Comment faire accepter la perte de l’ancien et se construire, plus que se reconstruire ? L’humain était habitué au deuil, il y était confronté constamment. Mais comment affronter un deuil lorsque la personne n’était pas morte ? Toutes ces questions, Evelyn, Iris et Wilson allaient devoir en trouver une réponse et Hera espérait pouvoir les guider. Mais le temps de la construction n’était pas encore venu… ils n’en étaient qu’à l’acceptation.
- Wilson ? Vous êtes levé et habillé ? Bien, je vais entrer dans votre chambre maintenant.
Elle avait frappé avant d’ouvrir la porte mais s’était pris la permission d’y pénétrer. Elle justifia alors son choix en refermant la porte, bien consciente qu’elle violait son espace vital.
- Je ne vous ferai pas l’affront de prendre une liberté que vous m’aurez refusé alors je ne préfère rien demander. Ne m’en voulez pas, je ne suis pas toujours aussi cavalière mais… croyez-le ou non, je fais ça pour votre bien.
Elle s’était dirigée vers la table présente dans la chambre et s’y était installé en prenant l’une des deux chaises. D’un geste gracieux, elle avait montré la seconde chaise pour l’inviter à s’y asseoir. Sur la table, différents alcools étaient apparus dont une carafe de vin rouge dont elle se saisit et qu’elle renversa dans un verre à pied en cristal.
- Et bien, ne faites pas cette tête mon cher ami, venez vous servir ! Vous avez la chance de voir l’alcool amoindrir vos douleurs, il faut en profiter, c’est ce que je regrette le plus dans ma vie d’humaine.
Elle leva son verre comme si elle lui portait un toast avant de boire de longues gorgées. Elle paraissait sans gêne et très décontractée, tout ce qu’elle n’était pourtant pas en l’instant présent, mais le petit avait besoin d’un électrochoc. Se plier avec douceur à la moindre de ses demandes ne pouvait que lui rappeler à quel point ils étaient tous coupable de son sort et de celui de Nichols et de sa fille. Lui rappeler également à quel point il avait raison d’être si triste et en colère. Il fallait pourtant qu’il sorte de cet état, qu’il avance.
- Je m’appelle Hera, Wilson. Vous pouvez aussi m’appeler Victoire si vous préférez. C’est le nom d’emprunt que j’ai choisi lorsque j’ai enfin pu sortir de cette prison – elle leva les bras pour embrasser l’Olympe – et me frotter aux humains grâce à la mort de mon mari. Il m’avait fait prisonnier ici pendant tant d’années que je ne désirai que de braver l’interdit et j’ai rapidement trouvé le prénom adéquat. Comble de l’ironie, il n’était pas mort en définitive et grâce à lui, j’ai même découvert un nouveau monde, VOTRE monde. La vie peut-être passionnante, n’est-ce pas ?
Avec deux doigts, elle fit pression sur la bouteille qu’avait choisie Wilson pour que le liquide coule plus en abondance dans son verre. Aussi étrange que cela paraissait, parler de ses sévices passés semblait si simple avec lui, peut-être parce que sa vie n’était pas spécialement plus en joie maintenant qu’il était ici.
- Je ne veux pas vous obliger à parler si vous n’en avez pas l’envie. Je ne veux pas non plus fare semblant de comprendre ce que vous ressentez, parce que ce n’est pas le cas. Je veux juste vous aider à prendre un nouveau départ… même si vous ne le voyez pas encore vous avez plus à gagner ici que ce que vous aviez là-bas. Buvez maintenant, allez.
Elle planta ses yeux autoritaires dans les siens et garda le silence à l’observer jusqu’à ce que le verre soit terminé. Hera savait qu’il vivait seul dans son monde. Sans doute que sa propre Evelyn avait disparu avec un autre ou péri tragiquement… Tout n’était pourtant pas perdu pour lui, combien pouvait en dire autant dans ce monde ? Avoir l’occasion d’avoir une seconde chance avec la personne que l’amour lui avait destinée ? Etait-il vraiment à plaindre sous cet angle ? Une fois l’alcool englouti dans le gosier du jeune homme, la déesse lui retira le verre des mains en précisant :
- A consommer avec modération.
Il ne fallait pas non plus l’inciter à devenir alcoolique pour noyer son chagrin, sinon même feu Dyonisos ne pourrait sans doute plus rien pour lui. Elle lui attrapa ensuite le poignet si brusquement et le relâcha si rapidement que l’homme n’eut rien ne temps de faire pour la contrer. Pourtant, lorsqu’il regarda autour de lui, il put constater qu’ils étaient désormais seuls, dans un désert, sous un soleil de plomb. Leurs pieds battaient une terre aride et rougeoyante. Avec un sourire en coin, le regard dans l’horizon, elle précisa alors :
- Vous ne reconstruirez rien à l’Olympe, Wilson. Vous n’y avait jamais eu accès dans votre monde. Non, je pense qu’il faut que nous retournions aux bases… Bienvenue en Australie !
C’était sur cette terre que leur Cité avait été construite, que les restes de l’humanité se terraient. Le Maine, les Etats-Unis, tout cela n’était que nouveauté. Il fallait déjà qu’il puisse contempler son ancien monde à travers le nouveau : une terre pleine et morte de végétation ou presque, une pleine où tout restait à imaginer. Ses yeux clairs croisèrent alors celui de l’homme et elle lui sourit sincèrement, amicalement, espérant que tout cela lui redonnerait un nouveau souffle pour créer et peut-être même commencer par leur amitié.
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Wilson Wallander
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Just have a drink and you'll feel better, keep telling me that it gets better. Does it ever ?
Tout était flou. Tout était disloqué. Tout était... inconnu.
Wilson ne frémit pas aux coups portés à sa porte, tout comme il ne prononça pas un mot de reproche lorsque la déesse n'attendit pas son approbation. Les mots qu'elle prononça, des excuses sans en être, ne l'atteignaient pas. Lointains et trop vides. Pourquoi lui en voudrait-il de s'être permise d'entrer ? Il n'avait plus le contrôle sur rien, plus de raisons d'en avoir. Le fait qu'elle s'installe aussi rapidement et aisément dans sa propre chambre ne fit que le lui confirmer. Au moins, elle ne faisait pas preuve de cette gentillesse exagérée qu'il exécrait comme tous les autres.
Il retint un soupir, s'enfonçant dans la chaise qu'elle présentait avec insistance en se permettant un rictus à la vue des nombreuses bouteilles. Le prenait-elle pour une sorte d'alcoolique en besoin de réconfort ? Il se pinça les lèvres, jugeant dans un premier temps que cette façon de l'aborder était à la limite du déplacé. Amoindrir ses douleurs... Il faudrait certainement plus de liquide que ce que cette table présentait pour parvenir à un tel exploit. Il secoua la tête, se penchant en avant pour rapprocher son verre du bord de la table. D'un geste presque las, il porta son dévolu sur la carafe dont s'était également servi la déesse.
Elle n'avait pas besoin de se présenter. Il savait qui elle était. Hera, Victoire, peu importait le nom : elle était de ses dieux qui avaient tout chamboulé dans son existence à une certaine époque. Et encore maintenant. Pas vraiment, cela dit, elle venait d'ici, elle. Il réprima un sourire sarcastique. Passionnante n'était pas le mot qu'il aurait choisit. Il aurait plutôt opté pour quelque chose comme... barbare. Vicieuse. Cruelle. Il se retint d'en faire la remarque. Finalement, ce verre ne serait pas de trop.
Il ne porta pas le verre à ses lèvres parce qu'elle le lui ordonna. Il estimait ne rien lui devoir. Oh, certains de ces êtres supérieurs avaient combattu pour les aider, d'autres étaient morts, il en avait conscience. Et ils ne demandaient pas à ce qu'on les vénère, à ce qu'on les idolâtrent. Même ce... Gardien, Apollon, avait l'air timide devant lui tout en dégageant une assurance indéniable. Wilson supposait qu'il le mettait mal à l'aise, bien qu'il ne voyait pas comment un être aussi insignifiant que lui parvenait à une telle prouesse.
Il vida le contenu de son verre, les dents serrées lorsqu'elle le lui retira aussi subitement qu'elle le lui avait proposé. Il s'interrogea soudainement sur ses intentions, fronçant les sourcils face à ce comportement qu'il cernait difficilement. Si généralement, il se révélait doué pour juger ceux qui lui faisaient face, il avait quelques difficultés à s'acclimater à ce nouveau monde et... à ces nouveaux habitants. Le souvenir de cette rencontre lui fit crisper les mains, au moment même où la téléportation se produit.
Il ne prit pas la peine d'étouffer un juron, titubant légèrement tandis que tout le décor autour de lui avait changé. Le jeune homme tourna sur lui-même une fois, le cœur battant la chamade. Il ne supportait pas cette méthode de déplacement, il la trouvait intrusive et contrainte. Instinctivement sur la défensive, il jeta un regard mauvais au paysage aride, ses yeux se plissant en se levant vers le soleil. La chaleur l'envahit rapidement : pas seulement dû à la température nouvelle, mais à cause de cette émotion persistante qui ne le lâchait plus depuis des jours. Des semaines ? Il avait perdu la notion du Temps, depuis son arrivée.
« Vous avez raison. » murmura-t-il finalement, le souffle court, lâchant le regard de la déesse.
Sa main se porta au col de son tee-shirt, l'écartant comme s'il étouffait. Il ne prêta pas attention aux détails lorsqu'il commença à s'avancer sans but précis, ressentant juste le besoin de marcher. Il ne le faisait pas à Olympe, il ne voulait prendre le risque d'y croiser personne. Encore moins à Storybrooke. Hors de question qu'il y mette les pieds.
Ainsi, c'était à cela que ressemblait l'endroit où aurait dû se trouver sa ville. Sa vie. Il eut presque un rictus désabusé, passant ses doigts dans ses cheveux ébouriffés. Il savait que tout était différent ici. On le lui avait expliqué, brièvement tout en tentant d'être précis. On ne lui avait pas raconté les détails de l'histoire divine, on avait plutôt essayer de lui parler de l'Autre. De Wilson. De Lui, sans être Lui. Même pas de qui il était, mais plutôt de ce qu'il avait laissé. De ce qu'il avait traversé. Il n'avait rien comprit à ces histoires, restant sourd à toutes les explications que l'on avait souhaité lui donner. Il ne voulait pas savoir. Ça faisait encore plus mal.
« Vous ne pouvez pas comprendre. »
Il se stoppa brusquement, déglutissant avec peine. Il ne prit pas la peine de se retourner. Elle était là, de toute façon, lui faire face ne changerait pas grand chose.
« J'ai plus à gagner ici... que ce que j'avais là-bas. » répéta-t-il en écho aux paroles de Victoire, dans un rire dépité.
Son monde ne lui manquait pas particulièrement. Il y avait vécu des choses horribles. D'autres magnifiques. Il y avait eu la malédiction, il y avait eu l'espoir, il y avait eu les dieux, il y avait eu... la fatalité. Le nuage. Les morts. Il savait qu'il n'en restait rien et, même avant de le quitter, il était conscient qu'il viendrait à disparaître. Il n'était pas nostalgique. Y penser ne lui apportait que de l'amertume. Oui, il aurait aimé que cette terre soit sauvée, pas forcément pour lui. Pour les autres. Combien avait disparu ?
« Pourquoi ? »
Le mot avait été lâché sèchement. Durement. Presque comme une critique. Il resta planté là, plaçant ses mains dans ses poches, regardant au loin sans chercher de point particulier.
« Pourquoi ce n'est pas l'Autre qui est resté ? Je n'avais rien. Lui avait... tout. Je lui ai volé sa chance d'exister. »
Il renifla légèrement avant de secouer la tête. Il lança un regard à droite, puis à gauche. La culpabilité. Ecrasante et pernicieuse, elle se frayait un chemin dans ses veines depuis le moment où ses pieds s'étaient posés sur cette Terre. Il n'y avait pas de raisons. C'était le hasard qui en avait décidé ainsi. Et ce n'était pas juste.
« Pouvoir tout reprendre, recommencer, reconstruire sur la dépouille de celui qui était là avant... Vivre la vie d'un autre. Je ne l'ai pas demandé. »
Sa gorge se serra et il ferma les yeux, l'espace de quelques secondes.
« Ce n'est pas une chance. C'est un fardeau. »
Il se remit à marcher, ne cherchant pas à savoir si elle le suivait, sans avoir d'idée où aller. L'air était lourd et pesant, à moins que ce ne soit que l'impression qu'il en avait.
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Victoire Adler
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I'll be with you from Dusk till Dawn
Edition Août-Septembre 2020
| Conte : Intrigue divine | Dans le monde des contes, je suis : : Hera, déesse du mariage, des femmes et des enfants
Le jeune homme avec l'air désabusé de l'amertume et la déesse n'avait pu s'empêcher de passer sa langue sur ses lèvres avant d'avoir un sourire amère à son tour, regardant l'horizon. C'était si difficile de lui faire voir les choses autrement, elle n'avait même aucune espèce d'idée de comment s'y prendre mais elle savait pertinament qu'elle ne pouvait le comprendre, elle lui avait dit d'emblée. Et pourtant voilà qu'il le répétait. Ils n'avançaient pas. Mais pouvait-elle lui en vouloir ? Elle avait stagné elle-même pendant si longtemps, elle avait encore l'impression de stagner bien souvent, accroché à ses rencoeur contre ceux qui devaient être les siens, ceux qui l'avaient si souvent laissé seule, à son propre sort. Et maintenant elle avait la mission dérisoire de tout reconstruire, ELLE, si le monde courait à sa perte. Elle n'arrivait déjà pas à reconstruire un simple jeune homme alors un monde entier...
Sa main se porta machinalement sur son pendentif qui lui servait aussi de broche, pendant qu'elle observait toujours la terre aride à perte de vue. Elle y renfermait le dernier présent de son mari, cette petite graine stupide dont elle ne savait pour le moment quoi faire. Elle lui avait fait une promesse mais elle ne savait pas si l'honorer était la meilleure des solutions, si elle devait faire confiance à cet homme qui l'avait autant terrorisé que fasciné, cet homme qui l'avait construite à son image à force de sévisses de multiples natures.
- Parce que.
Sa réponse avait fendu dans l'air quelques minutes après que Wilson ai parlé de fardeau. Elle avait gardé le silence longuement pour finalement donner une réponse qui n'avait pas spécialement de sens... mais est-ce que sa question en avait réellement ? Elle reposa son regard sur lui tandis qu'elle pouvait voir l'ahurissement contenu dans ses yeux. Avait-il l'impression qu'elle se moquait de lui, qu'elle s'en contre fichait ? Elle n'en avait aucune idée, elle n'avait jamais vraiment su s'y prendre avec les hommes... A bien y réfléchir, elle aurait peut-être était bien plus utile aupès d'Evelyn... Elle haussa les épaules avant de répéter.
- Parce que. Vous me poser la question pourquoi, je vous réponds parce. Il n'y a pas de meilleure réponse à votre question parce que votre question n'a aucun sens. Demandé "pourquoi" sous entends que vous avez l'impression qu'il y ai un but au fait que vous soyez-là à la place de feu Wilson. Mais il n'y a jamais eu de but. Et au fond de vous, je suis sûre que vous le savez et que c'est ce qui vous déstabilise. Vous avez besoin de trouver un but, un sens à votre vie, une raison d'être toujours là alors que les autres ne sont plus. Mais il n'y en a pas malheureusement. Il n'y en a pas plus que si je vous posez la question pourquoi est-ce que c'est moi qui ai été choisie pour être une déesse, être immortelle, plutôt que vous. C'est arrivé, c'est tout.
D'un signe de la main, elle lui désigna un endroit un peu plus loin et s'y dirigea en l'invitant à le suivre. Lorsqu'elle se stoppa, elle lui montra de l'index un morceau de terre aride, légèrement creusé, comme si quelque chose était passé par là et dans la terre, une plante qui démarrait lentement son voyage vers la mort.
- Voyez cette petite plante. Elle va mourir. Pourquoi elle plus qu'une autre ? Parce qu'elle n'a pas les racines assez profondes pour aller puisez l'eau sur la terre et n'est pas munie d'une endurance incroyable à l'aridité. Alors pourquoi est-ce que la nature l'a posé là ? Et bien parce que. Il n'y a pas plus de réponse que cela. Sans doute parce qu'il y avait de l'eau avant à cet endroit et que l'eau a fini par disparaître. Est-ce que c'est de la faute des cactus qui eux survivent ? Est-ce la faute de la terre qui s’assèche. Non. C'est sans doute bien plus la faute des hommes qui, pour une poignet de billet, pillent les richesses de la terre. Vous, Wilson, vous êtes un cactus... ou la terre, c'es vous qui voyez. Vous n'êtes pas responsable de la mort de cette plante. Le seul responsable, c'est Dolos.
Elle ignorait si on lui avait parlé de cette histoire ou non. Elle scruta le visage du jeune homme quelques instants pour en savoir plus et précisa :
- Dolos a claqué volontairement des doigts pour amener l'autre Wilson ici en sachant pertinemment que l'un des deux mourrait. Pourquoi lui et pas vous ? Parce que. Il n'y a aucune autre raison que celle-ci, pas de loi mathématique. La seule chose à savoir, c'est que Dolos a un moment appuyé sur un bouton qui a décidé de votre destin et de celui de l'autre Wilson. Pourquoi maintenant vous avez été emmené ici ? Et bien parce que vous étiez l'un des seuls à pouvoir être sauvé, dans la mesure où votre double avait disparu avant. Voilà. C'était ça la réponse que vous vouliez ? Je ne pense pas. Mais c'est la seule vérité que vous aurez car la seule qui existe. Le reste, c'est à vous d'y travailler.
Elle fit apparaître une bouteille d'eau qu'elle tandis au jeune homme en souriant :
- Vous êtes peut-être un cactus dans ma métaphore mais vous n'avez pas ses propriétés physiques. Buvez je vous prie ou vous risquez de vous déshydrater et de mourir et cette fois nous serons vraiment sur que tout ce chamboulement a été fait pour rien.
Elle attendit qu'il boive suffisamment d'eau pour reprendre la parole. Pendant ce temps, elle s'était assise au sol, sur la terre, profitant du fait qu'elle pouvait enfin faire une chose aussi simple que cela et constatant que cela lui avait terriblement manqué pendant un an.
- Vous savez... je n'ai jamais cherché à savoir à quoi ressemblait votre Hera. Est-ce qu'elle me ressemblait, ou bien avait-elle les yeux transis d'amour pour son mari ?
Elle avait joints ses mains comme une prière et l'observait avec un sourire forcé et des yeux faussement émerveillés avant d'éclater d'un rire amer.
- Je n'ai pas demandé car cela n'aurait jamais influé sur qui j'étais moi. Vous vous mettez des barrières pour rien, mon cher...On ne vous a jamais demandé de "vivre la vie d'un autre" comme vous le dîtes si bien. C'est votre vie qu'il faut vivre si vous voulez vous en sortir. Ce Wilson était quelqu'un de bien et vous êtes quelqu'un de bien aussi. Ce n'est pas pour autant qu'il vous faut devenir lui. Ayez votre propre vie, ce n'en sera que plus bénéfique pour vous, pour Evelyn, pour Iris et pour tous les gens que vous croiserez. Ne jouez pas un rôle... soyez-vous même. Vous ne le remplacerez jamais. Ils ne vous aimeront jamais parce qu'ils aimez l'autre... mais ils peuvent vous aimer pour ce que vous êtes, tout simplement.
Elle l'avait invité à s'asseoir à son tour et il avait fini par le faire. A la fin de son discours, elle avait levé son menton avec douceur en le prenant dans sa main doite, ses yeux rivés sur les siens qu'il avait plutôt joli. Dommage qu'ils étaient si triste et que ses traits étaient constamment en colère. Elle eut un nouveau petit rire avant de lui dire :
- Vous savez Wilson, je n'ai jamais été douée avec les hommes... mais je connais bien les enfants. Et vous, mon bonhomme, vous avez toujours une part d'enfant en vous. Une part qui semble ressortir en ce moment parce que vous êtes perdu... Comment un ancien robot peut-il autant avoir besoin d'une maman ?
C'était une véritable question, une chose qu'elle ne s'expliquait pas et qui la fascinait. Au fond, cet homme était en colère contre tout parce qu'il était avant tout en colère contre lui-même. Il n'arrivait plus à supporter celui qu'il était et il avait besoin d'aide. C'était le petit garçon qui râlait contre ses parents après être tombé de vélo parce que ses camarades se moquaient de lui... A n'en pas douté, sa transformation humaine était parfaite. Et après un moment de réflexion, Hera avait inspiré un grand coup et avait fini par faire ce qu'elle avait à faire, parce que c'était sa fonction, parce qu'il en avait sans doute besoin. Elle attrapa sa nuque avec douceur et le rammena vers son corps, sa tête au niveau de son cou, tandis qu'elle lui caressait les cheveux avec l'infini douceur d'une mère. Cette mère qu'elle avait tant été, elle qui avait était maman un nombre de fois inombrable.
- Il faut pleurer maintenant, cela fait du bien et personne ne vous jugera... je vous aime tel que vous êtes Wilson et nous vous aimerons tel que vous êtes...
Elle avait fermé les yeux, attendant les dents serrés que l'enfant ressorte avec une force qu'elle s'attendait phénoménale, quib risquait de la transpercer et lui profiguer une souffrance inattendu. Mais c'était bien la première fois qu'elle avait le droit d'utiliser sa fonction réellement et non pas de loin et elle y était prête, tout en continuant de lui caresser les cheveux de sa main droite, le dos de sa main gauche, son coeurbattant contre l'oreille de Wilson.
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Wilson Wallander
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« Parce que. »
Ce n'était pas ce qu'il avait attendu. Ni espérer. Il... Il ne savait pas trop ce qu'il souhaitait, en réalité. Qu'on le soutienne dans sa manière de voir les choses ? Qu'on le contredise ? Qu'on lui donne une explication logique et cohérente ? Wilson avait toujours vu le monde d'une manière précise, aussi bien huilée que ses rouages robotique, bien que parfois instable, aussi. Tout avait été chamboulé à la levée de la malédiction. Lui qui n'était qu'un assemblage de pièces diverses, formant un tout destiné à nettoyer la planète et sauver le population, se retrouvait fait de chair et d'os. Avec une conscience propre, réelle, pas juste acquise au fil de ses années de solitude. Avec les sentiments, puissant, ceux qu'il éprouvait envers EVE. Tout l'avait frappé de plein fouet.
Il avait dû admettre l'existence de la magie, dès les premières heures, de cette chose qui l'avait transporté ici. Un autre monde, une autre vie, des souvenirs avec lesquels il devait s'adapter. Et puis il devait la retrouver. Elle était là, aussi. Toujours aussi belle, avec sa chevelure rousse, toujours aussi épatante, toujours aussi... Il ferma les yeux un instant, les paroles d'Hera se percutant dans son esprit troublé. Rien n'avait pu la sauver. Ses connaissances étaient trop nombreuses. Trop violentes. Ils n'avaient partagé qu'un regard.
Il s'était raccroché à ce qu'il contrôlait, à ce qu'il connaissait, à ce qui ne pouvait lui échapper. Construire, disloquer, recréer. Pas de sorts, pas de pouvoirs, pas de ces choses-là qui l'avait séparé de celle qu'il aimait. Puis il y avait eu les divins. Ramenant avec eux encore plus de pouvoir, de capacités, de... destruction. Encore plus d'interrogations. Il ne comprenait pas comment de pareils êtres pouvaient exister. Comment ils pouvaient avoir tant d'impact sur tant de vies... et pour quelles raisons. C'était ce qui venait de se produire, encore une fois, avec son arrivée dans ce monde. Et Hera... n'avait pas de réponse.
Il déglutit difficilement, détournant son regard de la plante. La Nature était imprévisible, magnifique et déstabilisante. Mais comme tout, elle avait ses limites. Il avait préféré s'en détourner. Sa comparaison à un cactus le laissa de marbre, lui arrachant peut-être un léger soupir. L'évocation de Dolos, elle, le fit se crisper. Sa mâchoire se serra et il se mordit l'intérieur de la joue. Il ne lui avait jamais fait face et pourtant, c'était lui qui était à l'origine de tout cela. C'était stupide. Incompréhensible. Et terriblement énervant.
Il attrapa la bouteille d'eau sans conviction, en vidant la moitié d'une seule traite, comme si cela pouvait lui permettre de remettre toutes ses idées en place. Le liquide irrita davantage sa gorge serrée, lui donnant une étrange impression de nausées. Wilson n'avait jamais pensé à la possibilité de se laisser mourir. Ce n'était pas une option. Il savait à quel point la Vie était importante et, même si il n'acceptait pas le fait d'avoir conservé la sienne, il se serait considéré comme encore plus égoïste et méprisable en osant avoir de telles pensées.
Sa question lui fit hausser un sourcil tandis qu'il baissait ses yeux vers elle. Il n'avait jamais cherché à les connaître, ces dieux. Il ignorait ce qu'elle faisait, ce qu'elle pensait, comme elle était. Il avait tenté d'en rester le plus éloigné, jusqu'à ne plus pouvoir les éviter. Il n'avait pas pu rester cacher : on ne peut échapper aux divinités. Cette pensée lui arracha un rictus désabusé, lui faisant secouer la tête.
« Ne jouez pas un rôle... soyez-vous même. Vous ne le remplacerez jamais. Ils ne vous aimeront jamais parce qu'ils aimaient l'autre... mais ils peuvent vous aimer pour ce que vous êtes, tout simplement. »
Il se sentit frémir malgré lui tout en s'installant à côté d'elle, ayant le réflexe de vouloir se reculer lorsqu'elle toucha son menton de ses doigts. Il n'avait plus l'habitude. Les contacts quelconques, même anodins, lui étaient étrangers depuis des années. Il se sentait aussi perturbé qu'intrigué par cette approche étrange, tout autant que par ses paroles. Il n'avait jamais été un enfant. Il n'avait pas de parents non plus. Il se demandait d'ailleurs bien comment l'Autre faisait pour être un père sans en avoir jamais connu. Il avait été construit, avait été humain, et il était à présent... ici. Son cœur battait un peu plus fort à chaque syllabe supplémentaire, une oppression nouvelle s'écrasant sur sa poitrine. Une sorte d'angoisse, aussi. Une inquiétude. Une curiosité. Il cherchait à tout repousser, à tout ignorer, mais sa question lui coupa le souffle.
Quant à ses gestes, ils le laissèrent interdit, incapable de réagir. Il sentait sa peau contre sa joue, son visage calé au creux de sa nuque, sa main dans ses cheveux. Il entendit à peine ses mots, qui sonnaient comme de doux murmures venant frôler son esprit torturé. Ses mains restaient collées à son propre corps et son regard perdu cherchait quelque chose à fixer, n'importe quoi, du moment que ça lui permette de stabiliser ses pensées désordonnées. Il ne trouva rien. Sa vue était aussi brouillée que le reste.
Tout va bien. se répétait-il comme si ces simples mots pouvaient tout arranger.
« Je... »
Sa voix rauque se brisa sans qu'il ne le contrôle. Il était incapable de prononcer le moindre mot. Rien n'était susceptible de passer ses lèvres tremblantes. La main de la déesse caressant son dos lui faisait perdre pieds. Bien que toujours assis, le sol lui semblait instable, comme s'il était prêt à vaciller. L'air était étouffant, il n'arrivait plus à en remplir ses poumons. Sa respiration se fit plus saccadée, chaotique. Il ferma les yeux, incapable de supporter plus longtemps la vision chancelante du paysage.
Son bras se releva, ses mouvements incertains le menant à poser sa main contre le dos d'Hera. Il hésita, le frôla d'abord, avant que ses doigts ne s'y accrochent dans un geste désespéré. Il ne chercha plus à empêcher les sanglots de s'échapper, son corps entier se crispant et se retrouvant en prise à des sursauts, nombreux. Libérateurs. Il sentit les larmes rouler le long de ses joues alors qu'il se serrait davantage à cette femme. Est-ce qu'elle l'aimait vraiment ? Est-ce que c'était important ? Non. Ce n'était pas ce qui comptait.
Des images par centaine passaient derrière ses paupières clauses. Celles de sa vie d'avant, de ses vies d'avant. Comme des flash, dans un flot incessant, le percutant avec une force qu'il n'avait pu anticiper. Wilson s'était fermé au monde. A tout. Aux émotions, à la joie, à la tristesse. Ce n'était pas seulement sa colère du moment qu'il laissa échapper dans une vague de pleurs et de soupirs accablés, mais celle de toute une existence dont il ne comprenait pas la raison. Il ne vivait pas. Il survivait simplement. Depuis tellement, tellement longtemps...
Il ne sut combien de temps exactement il resta ainsi avant que ses plaintes presque silencieuses prennent fin. Il lui semblait que son corps entier était engourdi. Ses muscles ne répondaient plus et il n'osait pas bouger, de peur d'être en prise à une douleur sourde. C'était comme si un poids énorme l'avait quitté, tout en le laissant enseveli sous une sorte de fatigue étrange. Il resta figé, autant par cette constatation que par la honte qui l'assaillit alors. Il venait de... se livrer d'une manière inédite, à laquelle il n'avait jamais été confronté avant. Devant une personne qu'il ne connaissait pas. Et d'une façon trop brutale pour être anodine.
« Est-ce que... est-ce que vous avez fait usage de vos pouvoirs pour me faire avoir une réaction pareille ? » osa-t-il finalement prononcer, ponctuant cette interrogation d'un rire aussi léger que gêné.
Le son de sa voix était toujours enroué et il éprouvait quelques difficultés à articuler correctement. Il avait lâché le dos de la déesse, passant sa main sur ses yeux toujours humides dans un énième soupir. Il recula, la tête baissée, se détachant de l'emprise de la déesse. Ses paumes s'appuyèrent sur le sol sec pour lui permettre de conserver un instable équilibre.
Il garda le silence un moment, reprenant le contrôle de sa respiration, celle de son cœur battant. Il avait l'impression qu'il saignait de l'intérieur. Mais c'était supportable... c'était... ça ne faisait pas mal. Il l'avait laissé se gonfler de douleur jusqu'à ce qu'il ne soit plus qu'un organe en suspens, agonisant. La plaie avait été ouverte, béante, déchirante. Mais c'est ce qu'il fallait, pour qu'il puisse cicatriser.
« Je veux rentrer. »
Ces mots lui paraissaient idiots et déplacés. Le soleil de l'Australie devait tout autant embrouiller ses idées que ce qui venait de se passer.
« Pas à Olympe. » ajouta-t-il, avant de tousser timidement.
Il gardait son regard rivé vers l'horizon, passant une main dans ses cheveux tandis qu'il était toujours parcouru de quelques frémissements, de temps à autre. Il se pinça les lèvres avant de se tourner légèrement vers Hera, sans pour autant fixer ses yeux dans les siens.
« Je ne dirais pas non à un café. Vous connaissez un endroit sympa à Storybrooke ? »
Dire ces simples mots lui demandait effort et réalisation. Rester ici, sur les traces d'un passé détruit, ne changerait absolument rien. C'était là-bas qu'il devait avancer. Etape par étape. Découvrir la ville semblait être un bon départ.
black pumpkin
Victoire Adler
« T'es qu'une putain d'armoire, Commode ! »
I'll be with you from Dusk till Dawn
Edition Août-Septembre 2020
| Conte : Intrigue divine | Dans le monde des contes, je suis : : Hera, déesse du mariage, des femmes et des enfants
Elle s’était tant attendue à la douleur qu’elle avait déstabilisée par la douceur qu’elle avait ressentie face à sa douleur. Les dieux étaient des êtres cruels, elle avait lu ça dans un roman qu’elle affectionnait particulièrement. Une saga plutôt imposante, aussi stratégique que sanglante, pour l’arrivé à un trône bien dérisoire en somme quand on prenait assez de recul pour voir la tragédie qui les attendait tous. Elle avait été choquée par cette formulation, bien forcée finalement de constater que c’était entièrement ça. Pendant des années, ses frères et sœurs s’étaient mêlés aux humains en sachant pertinemment qu’ils pourraient les aider d’un claquement de doigt, guérir cette mère, nourrir un tiers de la planète, apaiser les guerres, protéger les victimes et ils n’avaient pourtant rien fait… pouvait-elle les juger ? Elle n’était pas spécialement certaine qu’elle en aurait fait autrement si elle avait eu aussi la liberté de ses mouvements et la douceur qu’elle ressentait en sentant les doigts désespérés de Wilson s’enfoncer dans son dos lui fit accepter l’inévitable : oui, les dieux étaient cruels.
Elle avait continué à caresser les cheveux du jeune homme en comprenant qu’elle ne pouvait ressentir sa douleur, précisément parce qu’il était un homme. C’était une relation nouvelle et inédite, un contact qu’elle n’avait encore jamais appréhendé de son propre chef. Elle avait pourtant bien souvent senti la chaire masculine contre son corps, si souvent même qu’elle était persuadée au fond d’elle qu’Aphrodite pourrait presque en rougir. Elle n’en avait jamais aimé, n’en avait jamais désiré aucun, tout n’avait été que devoir et obligation. Elle ne les avait jamais consolés non plus, certains étaient bien souvent morts après avoir leur dernier souffle de plaisir. Elle avait en revanche bien souvent consolé son mari, l’avait conseillé, apaisé, malgré toute la rancœur qu’elle avait envers lui, malgré le dégoût qu’elle éprouver. C’était son rôle, elle était mariée… pour le pire et le meilleure comme disent les humains, surtout le pire précise les sarcastiques. Et pourtant, pour la première fois, elle ne ressentait ni dégoût ni obligation à l’idée d’aider ce jeune homme à se sentir mieux, elle avait bien plus l’impression de retrouver un enfant qu’elle avait perdu de vue pendant trop longtemps, un enfant qui s’était élevé seul, elle avait l’impression d’être pleinement une mère, un rôle qui l’avait fait souffrir si souvent par ses nombreux manquements involontaire et voilà qu’elle était mère d’un robot, d’un être qui n’avait pas de parents.
- En voilà un gros chagrin… et vous vouliez encore garder ça longtemps au fond de vous ? Vous étiez prêt à exploser comme une cocotte-minute… on vous aurait donc ramené pour rien ?! La belle affaire…
Le ton était moqueur, il pouvait même sentir dans sa voix le rictus que ses lèvres formaient tandis qu’il s’était figé dans le calme le plus enfantin possible, vidé de toute émotion négative. Il reprenait son souffle calmement et Hera ne faisait rien pour le repousser. Le but de sa démarche n’avait pas été de se moquer après de l’avoir invité à pleurer, elle n’aurait pu été cruelle mais monstrueuse et elle s’était toujours promis de laisser son mari loin devant elle dans ce domaine. Non, la moquerie était plus là dans le but de détendre l’atmosphère, de dédramatiser la situation et la protéger elle-même des sentiments qu’elle avait ressenti envers ce petit humain, ce sentiment de travail accompli et de bienêtre d’avoir fait une bonne action… Elle ne s’en serait pourtant pas sentie capable… elle était peut-être meilleure qu’elle le pensait…
- Est-ce que … est-ce que vous avez fait usage de vos pouvoirs pour me faire avoir une réaction pareille ?
Le rire léger et gêné qui était sorti de ses lèvres s’était mélangé au rire franc et puissant de la déesse. Elle le laissa se détacher d’elle tandis qu’elle riait toujours de bon cœur, secouant sa tête de gauche à droite.
- Vous me prenez pour quoi ? Une espèce de sorcière envoûtante ? Je n’ai pas le pouvoir de vous faire pleurer sur commande, ce que vous avez fait, vous l’avez fait tout seul.
Elle lui lança un sourire en coin avant de poser un doigt sur la terre battue pour dessiner des ronds avec l’index, tout en l’observant droit dans les yeux en ajoutant sur le ton de la confidence :
- Vous savez pourquoi mon mari m’a choisi pour être à ses côtés ? Aussi loin que vous avez été de la Cité, vous avez pu tout de même déceler son caractère : froid, puissant, cruel, impérieux… il a toujours aimé être le chef, un roi craint et respecté… et dans sa royauté il avait besoin d’une reine… Vous savez pourquoi c’était moi ? Parce que j’étais la plus jolie…
Elle l’observa en silence, tentant de garder son sérieux face à l’énorme bêtise qu’elle venait de dire. Finalement, elle secoua sa tête de gauche à droite en laissant échapper un nouveau rire :
- Non bien sûr que non. Et vous le savez que ce n’est pas pour cette raison, même si vous avez été bien trop poli pour le dire. Non ce n’était pas pour ma beauté, auquel cas nous aurions eu Aphrodite à la tête de la Cité… même vous vous ne pourriez pas lui résister… Avec sa tête de poupée de porcelaine…
Inconsciemment, Hera avait refermé son point sur une grosse poignée de terre dans un élan destructeur. Sa main finie par se détendre avant qu’elle ne reprenne :
- Si c’était moi, c’est parce que Zeus était en dehors d’être un tiran, un être d’une extrême intelligence. Et tous les gouverneurs, surtout les plus despotiques, ont toujours besoin d’une oreille attentive à leur côté. Celle qui saura les écouter et les aimer, les conseiller et les aider. C’est ce que je suis… c’est mon être tout entier. Je suis une déesse faite de convention, d’honneur, de devoir et d’une énooooorme dose de maternité. Je n’aurai jamais rien fait contre lui parce que je lui ai juré fidélité en l’épousant. J’ai juré de le soutenir dans ce que vous appelez « la richesse ou la pauvreté » et quand je jure quelque chose, je m’y tiens, c’est mon devoir. C’était sa meilleure façon de se garantir une alliée contre vents et marées plutôt qu’une idiote égoïste au teint de poupée. J’ai une autre « sœur »…
Elle avait fait des énormes guillemets avec ses doigts pour montrer tout son scepticisme face à l’appellation. Aucun d’eux n’avait été un frère ou une sœur pour elle… ils avaient été des sujets, non pas parce qu’elle l’avait voulu et par dédain mais parce qu’ils avaient toujours acceptés de la tenir à l’écart et de l’observer de loin sans jamais se lier à elle sous prétexte que Zeus leur demandé… la belle famille que voilà…
- Celle-ci s’appelle Artémis. Elle est déesse de la chasse entre autre et… possède un don d’empathie. Elle, elle aurait pu vous soulager en aspirant votre douleur en elle… cela n’aurait pas eu le don de vous faire pleurer contre votre volonté mais vous vous seriez senti aussi léger qu’à présent. Mais ce don-là non plus je ne le possède pas. Moi tout ce que je possède, c’est ma capacité naturelle à materner.
Elle lui lança un faible sourire, bien consciente d’être une déesse bien misérable à côté d’autre, avec un don qui pouvait sembler bien dérisoire à côté de celui de l’Amour charnel, de la guerre, de la foudre ou des arts… peut-être pas des arts en fait…
- C’est pour cela qu’il m’a choisi. Une mère ne peut jamais s’arrêter d’aimer son enfant… que ce soit un monstre ou un ange, une mère croit toujours en sa progéniture et ne peut s’empêcher de l’aimer… c’est d’ailleurs bien souvent ce qui la fait souffrir quand elle découvre l’horreur qui peut se cacher dans la chaire de sa chaire. C’est pour cela qu’elle pardonne quand le sang de son sang la néglige en grandissant… et c’est pour cela que j’ai toujours soutenu mon mari… parce que j’ai promis de l’aimer. Quand on aime, on ouvre ses sens, on déculpe son esprit, son écoute, sa vue, sa compréhension. Avez-vous déjà entendu parler de l’intelligence émotionnel ? C’est devenu très à la mode dans ce monde ces derniers-temps mais j’ignore si on en parlait aussi chez vous. C’est la capacité de reconnaître, comprendre et maîtriser ses propres émotions et à composer avec les émotions des autres personnes. Je suis la reine de l’intelligence émotionnelle. C’est pour cela que je suis spécialiste de la torture psychologique et de la manipulation…
Elle lui lança un sourire mystérieux, la tête relevée impérieusement.
- Et qu’on me dépeins souvent dans la mythologie comme une grande jalouse colérique capable du pire… j’ai tout de même officiellement rendu fou Hercule au point qu’il tue sa femme tant aimée de ses propres mains… Je ne l’ai jamais fait, je vous rassure.
Elle éclata d’un nouveau rire avant d’ajouter, songeuse :
- Mais je pense que j’en aurai été capable…
Elle balaya ses pensées d’un geste de la main :
- Enfin bref… tout cela pour vous dire que… je vous comprends… et je vous vois tel que vous êtes. Enfin, je comprends votre fonctionnement interne d’humain. Je sais quand une personne se retient de ressentir des émotions, je sais quand une personne a besoin d’être aimée, d’être seule ou de pleurer par exemple… mais je n’agis pas sur leur état… je me contente de les accompagner de la meilleure façon qu’ils soient pour qu’ils aillent mieux. Vous n’avez jamais connu le contact rassurant d’une étreinte… ni d’une maman ni d’une… âme chère à votre cœur…
Elle avait dévié son regard vers le sol, sachant que le sujet été sensible pour lui.
- L’inédit a provoqué chez vous la réaction primaire de l’enfant : « on me console donc je pleure ». C’est tout.
Elle avait haussé les épaules avec un sourire, le regardant de nouveau dans les yeux. Elle avait consciente d’être extrêmement bavarde mais pour tout s’avouer, elle avait l’impression de ne pas pouvoir faire autrement. L’idée d’avoir enfin quelqu’un à qui parler, qui l’écoutait pour ce qu’elle était et non pas pour les bénéfices qu’elle pouvait lui apportait lui faisait un bien insoupçonné… et inestimable. Et elle le devait à un ex-robot pommé… comme quoi tout le monde avait son utilité, son cheval de bataille depuis toutes ces années… Elle avait laissé la silence s’installer, posant ses mains derrière son dos, à plat et s’appuyant un peu plus dessus en étendant ses jambes face au soleil. Fermant les yeux, elle prit le temps de profiter de ce petit moment de bronzage pendant que Wilson avait besoin de silence pour arriver à la conclusion qu’elle essayait de lui faire avoir depuis le début.
- Je veux rentrer. - Mmmh…
Elle avait chantonné son approbation, l’invitant à poursuivre tout en restant parfaitement immobiles, paupières closes face à la chaleur des rayons.
- Pas à Olympe. - Bieeeeeen… nous y voilà enfin.
Elle ne bougeait toujours pas, ignorant ses mouvements. Non pas qu’elle voulait qu’il la supplie mais il était toujours plus rassurant de pousser les gens à être sûr de leurs demandes.
- Je ne dirais pas non à un café. Vous connaissez un endroit sympa à Storybrooke ? - Bien sûr…
Avec un sourire mutin, elle se contenta de lui tendre un billet d’avion et un billet de bus. Voyant son regard interrogateur, elle ricana :
- Vous n’avez tout de même pas cru que j’allais vous téléporter là-bas ?! La vie mérite d’être vécue Wilson et pour la vivre, il faut avoir expérience de chacune de ses épreuves. Alors je vous ai fait tomber de l’Olympe, jusqu’ici, là où était votre ancienne vie. Vous avez pleuré dans mes bras, faisant le deuil de vos remords et de votre ancienne vie, voyez ça comme une naissance. En revanche, il est encore trop tôt pour m’appeler « Maman », on se connait si peu que ça en deviendrait désobligeant.
Elle lui lança un clin d’œil, cherchant à le dérider.
- Maintenant je vais vous amener jusqu’à l’arrêt de bus le plus proche et vous allez monter dedans comme un grand. Vous allez découvrir les paysages, les gens, la vie et ça va vous faire le plus grand bien. Vous allez prendre l’avion direction Boston et je vous retrouverai là-bas. Je pense que c’est un voyage que vous devez entreprendre seul… environ 26h de voyage, n’est-ce pas excitant ? Et n’envisagez surtout pas de me faire faux bond mon jeune ami, je vous assure que vous n’aimeriez pas me voir en colère.
Elle le téléporta non loin de l’arrêt de bus avant de lui tendre également un passeport et de lui lancer un nouveau clin d’œil :
- A dans 26 heures !
Sans un mot de plus, elle disparut. 26 heures plus tard, elle l’attendait à Boston, un jean trouvé et un débardeur noir en dentelle sur elle, couplé d’un perfecto. Elle portait des lunettes de soleil et mâchait du chewing-gum d’un air nonchalant, appuyé contre la barrière à l’accueil des passagers. Elle était loin d’avoir été vache avec lui, il avait voyagé en première classe, avait eu l’occasion d’avoir un véritable lit pour la nuit et de délicieux repas, juste ce qu’il fallait pour changer d’air et réfléchir sur lui sans pour autant souffrir de l’exercice. Lorsqu’elle le vit, elle eut un grand sourire et précisa en guise de bonjour :
- Attraversiamo.
Voyant son air d’incompréhension, elle lui colla un livre conséquent dans les mains :
- Vous comprendrez quand vous l’aurez lu. Prêt pour votre café ?
Sur le livre qu’il allait mettre dans le sac à dos qu’elle lui avait donné pour l’occasion, il était écrit « Mange, prie, aime », pas vraiment de la grande littérature mais une réflexion de vie romanisé qui lui ferait le plus grand bien. D’un geste de la main, elle l’invita à la suivre avant de lui donner un casque de moto et de prendre le sien :
- Allez, on l’enfile champion, on va finir cette course à moto, c’est un peu ma lubie du moment…
Elle avait déjà enfourché le bolide et attendit que l’homme se décide enfin à s’accrocher à elle pour démarrer. Pauvre petit, si peu adapté socialement, il allait se faire manger tout cru. L’heure de route qui les séparait de Storybrooke se passa calmement. Il était 10h du matin et peu de voitures leur obstruaient le passage à mesure où ils s’approchaient de la ville. Une fois arrivé à destination, elle le regarda avec un large sourire avant de lui montrer le Diner devant eux.
- Je vous avais promis un café je crois bien, entrez…
Une fois à l’intérieur, elle profita du moment bénéfique pour lui laisser le temps de prendre ses aises après cette longue route, d’apprécier avec un sourire maladroit les interrogations de la serveuse qui leur demandait d’où ils venaient.
- Wilson vient de très loin… et il va rester avec nous désormais.
Elle lui avait souri simplement et la serveuse s’était contentée de faire connaissance sympathiquement, lui posant des questions qui eurent le don de le mettre sans doute mal à l’aise mais qui étaient pourtant nécessaire à son intégration. Une fois le café prit, elle prit congé de lui tout en lui proposant de louer une chambre chez « Ex-Granny » le temps de trouver mieux…
Le même jour, sur Olympe…
Une fois arrivée dans la Cité, elle s’était directement dirigée vers l’ancienne salle du trône où elle découvrit Apollon qui semblait légèrement sur les nerfs ou, tout du moins, stressé. Il pouvait l’être, sa gentillesse et son savoir-faire n’avaient pourtant pas suffit pour sortir Wilson de sa coquille et Hera avait la vague impression que le dieu avait accepté qu’elle l’aide comme dernier espoir avant d’abandonner. Un grand sourire aux lèvres, elle leva la main droite pour qu’il vienne la lui toper avant de lui lancer avec un sourire mutin et un clin d’œil :
- Le petit Wilson est sous contrôle… j’ai l’impression qu’il a accepté qu’il devait se mettre sur la barre de lancement… ne l’attends pas pour dîner tu risquerais d’être déçu…
Avec un éclat de rire, elle ressortit du lieu comme elle en était entrée.
Quelques jours après…
- Merci Victoire, c’est super sympa de m’aider à déplacer les cartons parce que seule c’est vraiment pas évident… - Mais je t’en prie, voyons…
Le sourire avait été exagéré tandis que la déesse tournait la tête vers l’immense horloge de la ville, un carton de livre dans les mains, priant pour que Wilson soit ponctuel. Elle lui avait donné rendez-vous dans un bar de la ville pour lui parler de ses avancements dans sa nouvelle vie, rendez-vous qu’elle ne comptait absolument pas honoré mais qui servirait à la suite de ses plans. Le bar était sur le chemin du nouveau magasin d’Alexis et cette gamine, bien que surexcitée et maladroite, avait quelques atouts qui permettrait à son robot de se booster légèrement. Le tintement des clés de la jeune fille la sortit de ses pensées. La brune semblait avoir quelques difficultés à ouvrir la porte de son local avec son énorme carton en mains.
- Tu veux que je t’aide peut-être ? Passe-moi les clés… - Oh ouais super, merci hein ! - Mais je t’en prie…
Au moment où elle récupérait l’objet elle aperçut Wilson au loin, qui se dirigeait vers eux, tête baissée.
- Tu t’en sors ? - Je suis désolée ma chérie, mais il faut que je file, j’ai une urgence. - Hein ? Oh… mais…
Elle n’entendit pas les supplications de la pauvre demoiselle, juste ses clés tombant au sol. A l’angle d’une rue voisine, elle observa l’inévitable se produire : en se baissant pour tenter de récupérer ses clés, Alexis trébucha renversant le carton dans sa chute droit sur Wilson qui ne put l’éviter. Les deux tombèrent à la renverse et Hera vit la demoiselle se confondre en excuse tout en récupérant ses livres et en aidant Wilson à se relever. Elle vit le jeune homme baisser les yeux vers le portable qu’elle lui avait offert pour découvrir son SMS « Je ne peux pas venir, désolée », elle vit Alexis ramasser le livre que Wilson avait fait tomber :
- Oh Mange, prie aime, trop cool ! T’aimes bien ? C’est un de mes livres préféré !! Si t’aime bien ce genre de bouquin j’en aurai tout un rayon dans ma librairie… Ça te dérangerai pas de m’aider d’ailleurs à ouvrir la porte, c’est que c’est lourd ces machins et la copine qui m’aidait a du partir…
Avec un sourire satisfait, elle vit alors Alexis s’engouffrer dans la boutique par la porte que Wilson lui avait ouverte et tenu, elle le vit ensuite ressortir et prendre un carton à son tour… Sa socialisation avait commencé et elle pouvait en tirer une certaine fierté.