« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)
Il y avait toujours quelque chose qui la retenait en urgence. Pépé Bobby qui ne retrouvait plus ses pilules, ou qui oubliait combien en avaler; le chat du voisin qui se roulait contre la vitre, affamé et assoiffé, ou encore un appel de ses parents pour l'inviter à leur petit barbecue du dimanche, et bien qu'elle n'y mangeait jamais beaucoup, ça restait une proposition qu'on ne pouvait point refuser. Croyez bien que ça la rendait malheureuse, la pauvre Emma, amie des bêtes sans doute, et amie de tous sans plus de doute; de toute façon. Alors, cette fois, elle s'était déterminée à ne rien laisser l'empêcher d'aller au zoo. Cela faisait bien trop longtemps qu'elle n'y avait pas mis les pieds; et au risque de ne pas retrouver Wine pour combler sa solitude, il lui restait pour compenser la grimace des singes, le cri des poules, et la férocité des tigres à admirer. Elle s'armait pour son safari en carton; de simples short et débardeur, accompagnée d'un sac à dos brun qu'elle avait bourré de compotes à la pomme, d'amandes, et de ses clés, tout bêtement. Alors, elle avait quitté la maison sans plus de questionnements, s'apprêtant à affronter le moindre des dangers.
« Un billet adulte, s'il vous plaît! », son sourire débordait des lèvres; et c'était la bouche grande ouverte, ébahie, que la rouquine se tenait devant la caisse. Le jeune homme qui lui faisait face, en pleine pause déjeuner, croquait dans son sandwich jambon-fromage; meurtre de la courtoisie, avant de lui montrer d'un air désintéressé: « Alors, aujourd'hui, vous pouvez faire la visite guidée avec monsieur Phoque pour voir les aquariums; ou madame Gazelle pour les animaux d'Afrique. » Il désigna deux hommes vêtus de grossiers déguisements, avec l'allure qui démontrait d'un particulier ennui à être ici, les larges cernes violettes, la clope entre les mains qui les faisaient s'empester, les dents jaunis par celle-ci, et la chemise hawaïenne à moitié ouverte sur un ventre grassouillet. Madame Gazelle; qu'on aurait pu imaginer digne d'une Shakira sans sa voix, était donc sacrément décevante avec sa moustache en bataille, et ses petits yeux gris rivés sur son manga moisi. Mais, sans quitter sa perpétuellement moue d'enfant ravie, Emma répliqua tout de même sans aucune une hésitation: « Hum, non non ça ira. Merci. Bonne visite. »; et il poussa sans plus d'énergie le tourniquet vert dans lequel Emma se faufila. Et, la voilà perdue dans ces terres aux couleurs de pôle nord, ou encore de savane. On pouvait ici voyager de la forêt à la jungle en à peine quelques pas. Le plaisir pour les rêveurs, à la paresse qui fige.
S'évader en Afrique, tout en demeurant à Storybrook, un idéal qui la régalait! Pas besoin de boussole, et ce malgré son manque d'orientation flagrant. Alors, elle avait déjà presque tout vu, et tout sous la perspective d'un oeil émerveillé, que ce soit les majestueux flamands roses, ou les petites souris vraiment mignonnes, tout lui avait plu. Mais, ce qu'elle préférait par dessus tout, c'était ces grandes bêtes aux tâches difformes brunes, et au con allongé, si bien que pour les regarder dans les yeux, il fallait s'envoler dans les cieux. Cependant, à ce problème, l'être humain pragmatique avait encore inventé une solution, et ce fut ainsi qu'Emma grimpa à l'immense arbre qui dominait le zoo sur lequel était vissée une vaste échelle en bois. Dans la cabane qui surplombait ces branches étaient alors stockés deux larges sac en tissu jauni, dans lesquels étaient entassées des sortes d'énormes croquettes dont on pouvait vanter la dureté. Sur le plafond de la cabane, des ampoules colorées qui fonctionnait à la bioluminescence; le tout réfléchi avec esthétique.En empoignant une grosse part, elle la tendit aux gueules béantes des girafes qui d'un coup de langue et d'un seul se servait du tout. Braves bêtes. Seule, dans cette cabane plantée dans le chêne, s'évader et partir loin. Loin, loin, loin... Illusion volatile. Bien des scientifiques se seraient foutus d'elle, s'ils l'avaient vu aussi admirative des cieux. Regard suspendu dans l'horizon sauvage mais dompté, le tout immobilisé dans le temps cruel, mais la vie, la vie ne s'arrêtait jamais, même dans cette maison loin de tout. Et on entendait pas d'humains, et grognements de girafes.
Après ces minutes passées à contempler avec ferveur un monde aux merveilles naturelles, elle fut rejointe. Sans remettre en cause sa politesse, jamais, elle salua son interlocuteur d'un très convivial, mais assourdissant: « Bonjour! », qu'elle lui hurla presque dans l'oreille pour triompher aux cris des animaux. Et là, sans raison, si ce n'est pour faire rire l'auditoire absent, une des girafes avança sa longue langue visqueuse jusqu'au visage pâle de la rouquine, la fit glisser tout le long de sa joue avant qu'Emma d'un air répugné s'écarte en essuyant avec rigueur. D'une moue encore dégoûtée, elle demandait d'un air presque chagrin, face à l'humiliation qu'elle venait de se prendre en pleine poire: « Vous n'auriez pas un mouchoir..? S'il vous plaît? ». Politesse, toujours.
camo015
Lucy Wright
« J'ai pas trouvé où on peut demander un rang personnalisé... ! »
| Avatar : jessica chastain
Bouille d'ange, coeur de pirate.
Sourire bienveillant, ingéniosité pure.
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| Conte : la famille pirate | Dans le monde des contes, je suis : : lucile macbernik