« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)
« I hold you for a million years to make you feel my love. »
Elle était resplendissante, même avec les yeux rouges et le nez enflé. Depuis que le clown l'avait quittée, elle avait attrapé un méchant rhume. Sans doute en raison de tout le froid que ce taré de Grand Sourire avait laissé en elle. Comme les médecins de l'hôpital ne perdaient pas leur temps à guérir des maladies bénignes, ils l'avaient autorisée à quitter le complexe pour rentrer à la maison. Elle avait passé trois jours dans une chambre tristounette, que j'avais égayé de mon mieux avec des ballons -de toutes les couleurs excepté le rouge.
A présent, elle était "libre". J'avais pris sa petite valise et sa main pour nous téléporter devant chez nous.
"Tu es sûre que tu peux marcher ?" m'enquis-je, anxieux. "Je peux te porter, sinon. Oui, je vais te porter."
A peine arrivés, je plaçai l'anse de la valise autour de mon bras pour soulever ma femme. Elle ne m'avait jamais parue aussi légère. Elle me toussa dans l'oreille et je grimaçai, partagé entre la douleur et le ravissement. Elle m'avait tellement manqué. "C'est bientôt l'heure du Dolirhume !" lançai-je d'un ton amusé tout en lui souriant.
N'empêche, je trouvais que le Rhume était vraiment un type pas sympa. Il aurait pu choisir quelqu'un d'autre à contaminer ! Il ne pouvait pas se contenter d'Alexis, pour le moment ? Depuis que je l'avais rencontré vite fait, je le considérais comme un espèce de Don Juan qui cherchait à tomber toutes les filles avec sa morve. Ca me mettait mal à l'aise d'imaginer une espèce de momie dégueu se balader dans le corps de ma femme en salissant les parois internes. Depuis que j'avais vu Lily de l'intérieur, je me faisais de drôles de réflexions, parfois.
Ma femme dans les bras, je me démenai pour ouvrir la porte d'entrée. Là, je me stoppai quelques secondes pour le regarder.
"Ca a peut-être un peu changé depuis... enfin quand tu n'as pas été là ces derniers mois."
Je cherchais juste à la préparer au pire. On ne pouvait pas dire que le clown soit un as de la décoration. Il avait jeté la majeure partie du mobilier et des objets que Lily et moi adorions (Ô regretté Faucon Millenium en Lego, puisses-tu trouver le repos éternel dans le décharge ou l'infâme Grand Sourire t'a envoyé reposer).
Cependant, durant les jours de convalescence de Lily, j'avais retapé la maison à neuf, dépoussiéré le tout -ça sert de pouvoir faire le ménage en un claquement de doigts comme Mary Poppins- et matérialisé les objets et les meubles selon mes souvenirs (il devait donc manquer pas mal de trucs). J'avais fait de mon mieux pour que l'intérieur ressemble à ce qu'elle avait connu. Je voulais éviter un traumatisme supplémentaire. Et bien entendu, j'avais désinfecté la cuisine du sol au plafond et viré le frigo qui avait contenu la tête de la regrettée Granny. Désormais, nous avions un tout nouveau réfrigérateur avec compartiment à glaçons et double porte. La grande classe.
Je poussai la porte d'un coup de pieds et entrai dans le hall, serrant toujours Lily dans mes bras. Je posai sa petite valise dans l'entrée et avançai de quelques pas, direction le salon. Là encore, des ballons multicolores étaient accrochés, au point qu'on se serait cru dans la baraque de Carl Frederiksen juste avant qu'elle ne décolle -et sauf que les ballons étaient à l'intérieur. D'innombrables cadeaux divers et variés étaient posés sur chaque centimètre carré de chaque meuble. Il y en avait même par terre. "Ca vient d'un peu tout le monde." expliquai-je à Lily, mon souffle caressant son oreille. "Robyn a tenu a te faire des cupcakes."
Je désignai le plateau de petits gâteaux gonflés dont le haut était surmonté de têtes de Dumbo. Connaissant la pâtissière, ils étaient sûrement au beurre de cacahuète. Elle savait ce qui plairait le plus à notre Lily.
Je jetai ensuite un coup d'oeil oblique à la peluche géante d'éléphant qu'Apollon avait apportée, entourée par une myriade de paquets de Curly. La peluche, cétait mon idée, de base. Il me l'avait piquée. Ou on avait eu la même. Quoi qu'il en soit, ça m'agaçait. Du coup, j'avais trouvé la parade idéale : j'avais placé une peluche gigantesque de girafe juste à côté de l'éléphant bleu. Résultat : ça prenait la moitié de la place dans le salon, mais c'était stylé. La trompe de l'éléphant était posée contre le flanc de la girafe, comme s'ils se faisaient un câlin. J'étais sûr que ça allait lui plaire. "Ca, c'est de moi... et d'Apollon." dis-je à contrecoeur, la tête penchée.
Inutile de se demander qui avait eu l'idée de lui offrir une chaise ergonomique avec un ruban. Cet humour décalé et légèrement grinçant ne pouvait venir que de mon ami Sherlock Holmes.
Alexis avait opté pour un énorme panier gourmand ainsi qu'une lettre qu'elle avait posée sur le dessus, juste à côté d'un pin's licorne sur lequel il était écrit "Je suis un super héros !". C'était tellement cool.
J'observai les cadeaux dans leur globalité avec un large sourire, simplement heureux de voir à quel point Lily avait été gâté. A quel point tout le monde l'aimait. Elle avait eu dans le désordre : des pâtisseries, des peluches, une chaise, un Jules, des... Attendez une seconde. Un Jules ?
Je plissai des yeux en direction de mon ami qui venait d'entrer dans le salon, un bouquet de fleurs en main, vêtu d'un costume élégant avec un veston duquel dépassait la chaîne de sa montre. Comment faisait-il pour avoir tellement de classe ? C'était injuste.
"Qu'est-ce que tu fais là ?"
"Suis-je en avance ?" s'étonna-t-il. "Tu n'as pas donné d'horaire. Il serait plus pratique de le faire à l'avenir, c'est plus commode quand on organise une réception."
"Hein ?" fis-je, indécis.
Je posai doucement Lily au sol pour m'approcher de lui. Il avait sûrement compris qu'on faisait une fête pour le retour de ma femme, alors que j'avais seulement demandé une montagne de cadeaux. Il y aurait une fête plus tard, quand on se serait déjà retrouvés tous les deux. Apparemment, Jules avait tout compris de travers, comme souvent.
"Je n'avais pas l'intention de rester, mais comme l'autre tapette est là, je m'incruste aussi." lança Melody d'un ton brusque tout en faisant irruption dans la pièce.
Je lui décochai un regard indigné que Jules partagea.
"Monsieur n'est pas une tapette ! Monsieur est écrivain !" fis-je, prenant sa défense.
"Certes." appuya-t-il tout en se redressant, l'air pincé. "Qui plus est, je ne tape jamais personne, sauf lorsque j'y suis contraint."
Je fermai brièvement les yeux. Heureusement que le ridicule ne tuait pas, sinon il serait déjà mort cent fois. Melody émit un soupir exaspéré et pivota vers Lily pour lui tendre maladroitement un paquet emballé dans du papier bulle. C'était vraiment moche. La forme à travers était ronde, comme une balle bleue striée de violet.
"C'est une bombe de bain." expliqua-t-elle à ma femme avec une voix étonnamment douce. "Aux huiles essentielles. Ca fait de jolies couleurs dans l'eau... Ca a différents noms et celle-là s'appelle la Twilight."
Elle passa une main dans sa masse de cheveux emmêlés, visiblement embarrassée. Je plissai des yeux, méfiant. Il se passait quoi, là ? Elle dut sentir mon regard peser sur elle car brusquement, elle le braqua sur moi avant de se détourner. Ce fut au tour de Jules de s'approcher de ma femme.
"Ce sont des lys blancs, qui se réfèrent à la pureté." déclara-t-il avec un sourire. "Les lys sont des plantes herbacées de la famille des Liliaceæ. En anglais, on les appelle des Lily."
Je lançai un regard plein de rancœur à l'énorme girafe qui trônait dans le salon. J'avais vraiment raté mon cadeau. J'aurais dû davantage penser comme Jules. Il faisait des cadeaux plus romantiques que moi. Je n'étais pas jaloux, je me sentais seulement encore plus coupable qu'avant d'avoir été un mauvais mari, et de continuer de l'être.
Les épaules basses, je restai silencieux alors que Jules lançait d'un ton enjoué :
"La fête ne serait-elle pas plus agréable avec un peu de musique ?"
A cet instant, comme si les murs avaient des oreilles, une chanson s'éleva depuis l'éléphant bleu géant. Ringarde, la musique. Apollon n'avait vraiment aucun goût. Etait-ce un effet de mon imagination ou l'énorme peluche était en train de s'élever du sol ? Mollement, elle se détacha de la girafe pour flotter dans le mince espace entre le sol et le plafond, se dirigeant lentement vers nous. Ca faisait presque peur. Machinalement, je me plaçai devant Lily, juste au cas où la peluche se montrerait agressive. "Pourquoi faut-il toujours que ça parte en cacahuète ?" demandai-je à personne en particulier.
C'était dingue qu'aucune journée ne puisse se dérouler normalement ! Par moments, je regrettais vraiment mon enfance ennuyeuse et rangée à Las Vegas (enfin, aussi rangée que peut être la vie à Vegas). Tout compte fait, je n'avais jamais vraiment vécu d'existence tranquille. Cette constatation était épuisante.
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A l'heure actuelle, Elliot ignore certaines choses. Il ne sait pas encore que dans quelque jours, en rentrant chez elle, Alexis découvrira un bracelet à breloques licorne sur son paillasson. Il sera enveloppé dans une magnifique enveloppe à bulles, avec deux oreilles d'éléphants découpés dans du papier multicolore. Une languette en forme de trompe aura été confectionnée par mes soins, afin qu'il lui suffira de tirer dessus pour qu'elle s'ouvre et qu'elle laisse apparaître le bracelet que je lui aurais confectionné. Quant à Sherlock, ça sera une boite du jeu Docteur Maboule qui se trouvera sur son fauteuil, chez lui. Je prendrais soin de demander à un garde olympien de me faire entrer chez le détective discrètement, afin d'y déposer le cadeau.
Robyn aura le droit à quelque chose de différent, qu'elle ne pourra pas conserver comme on peut le faire avec un cadeau matériel quelconque. Mais le présent lui fera sans doute plaisir. Une place pour assister à une finale d'une émission télé autour des pâtisseries, pour elle et pour moi. On ira toutes les deux après une magnifique journée à faire les boutiques et à manger tout ce qu'on souhaitera. Ca sera une journée bien remplie et dont on gardera un souvenir mémorable.
Ce qu'Elliot ne sait pas encore, c'est qu'Apollon aura le droit à un très beau livre de coloriage centré sur le thème des animaux. Mais pas n'importe quels animaux. Uniquement ceux extraits du monde merveilleux de Disney, dont de très nombreux dessins d'un certain Dumbo. Il le trouvera sur son trône, avec également un petit mot que j'aurais pris soin d'écrire moi même. Et le mot dira tout simplement : « Bienvenue dans la famille. » Car Cassandre m'aura parlé en long et en large de son mariage et de la demande d'Apollon. Et j'en serais plus que ravie de voir ma Princesse au bras du plus courageux, loyal et beau dieu de la création.
Tout ça parce qu'ils ont été là pour moi à chaque instant de mon existence et que je ne saurais jamais réellement comment les remercier. J'aimerais faire tant pour eux, mais j'en ferais jamais suffisamment. Tout comme je n'ai pas pu faire assez pour Penny. Elle était là bas, seule, abandonnée dans ce monde, en proie avec ces créatures et le clown. Est-ce qu'elle s'en sortait ? Est-ce que je pouvais faire quelque chose pour remédier au sort qui lui était réservé ? Si le clown était passé, peut-être qu'elle pourrait elle aussi. Je lui aurais prêté mon corps si j'avais pu, préférant rester là bas que de l'y savoir seule. Mais c'était impossible.
Ma vie n'avait pas plus d'importance que la sienne. Mais je devais la vivre pour rester auprès des gens que j'aime. Je devais faire l'effort de garder les yeux ouverts pour ma fille. Etre aux côtés de mon homme à tout instant pour lui permettre de surpasser les épreuves qui l'attendaient. Je devais attendre le bon moment pour partir, pour leur faire mes adieux, et le faire à ma manière. Mais pas encore. Pas maintenant. Il y avait tellement de choses à réaliser et à surmonter avant de réussir à lui dire au revoir. Ce n'était pas encore fini.
Dans les ténèbres j'y avais vue beaucoup de choses. J'avais entendu ces voix, celles des monstres, mais aussi celle qui rodait dans le néant. Je l'avais entendu leur parler, les garder à distance, les commander. Je savais ce que cela signifiait. Je n'avais pas encore eu le courage d'en parler avec Cassie, mais le moment viendrait où on pourrait enfin tout se dire, tout s'avouer, et elle saurait, comme je sais désormais ce que je partage un lourd secret avec elle. Toute mère devrait être là pour sa fille à tout moment de son existence, et principalement lors des moments les plus difficiles. Elle en vivait un, et j'étais là, je serais là pour elle.
Mais pour l'heure, j'avais passé mes bras autour du cou de la sirène. Elle m'avait fait un magnifique cadeau, tout comme Jules. Je savais qu'elle n'aimait pas les câlins, mais c'était soit elle, soit Jules. J'avais opté pour l'une de mes meilleures amies. Quant à Jules et Elliot, ils s'amusaient avec le cadeau d'Apollon qui poussait la chansonnette et s'était envolé dans les airs. Après avoir éternué une fois sur la jeune femme - sans le faire exprès - je m'étais écarté d'elle et le monstre s'était approché de moi.
« Il se met à danser ! » m'exclamais-je émerveillée par le spectacle que nous offrait la peluche d'Apollon. « C'est trop bien ! J'adore ! Apollon est un amour ! »
Je le pensais réellement. Son cadeau illuminait totalement cette soirée. Mais le plus beau de tous les cadeaux, ce n'était ni ces fleurs, ni cette boule de bain, ou cette chaise. D'ailleurs, ça m'avait bien fait sourire. Ce n'était pas non plus le cadeau inexistant de Balthazar. M'en voulait-il pour quelque chose ? En réalité, le plus beau des cadeaux, était celui que m'avait offert Elliot. Et je ne parlais pas de cette girafe qui trônait à côté du canapé et qui avait été légèrement renversé par le cadeau d'Apollon. Elliot avait eu l'idée originale de m'offrir non pas un cadeau, ni même deux, mais une multitude. Je m'étais approché de lui, pour passer mes bras autour de son cou. Avec Melody c'était plus simple, car elle avait ma taille. Ou que quelque centimètres de plus que moi. Mais Elliot était bien plus grand. Cela dit, ça ne m'empêchait pas de me mettre sur la pointe des pieds pour l'atteindre et pour lui murmurer que j'adorais ces cadeaux bien plus que n'importe quels autres cadeaux. Car les siens étaient uniques, irremplaçables !
« Merci ! » lui murmurais-je avant de l'embrasser tendrement.
J'étais resté juste quelque secondes mes lèvres sur les siennes, vue que j'avais eu besoin de me moucher. Ca cassait un peu le moment, mais ce n'était pas de ma faute. Les petites Lily devaient se démener à l'intérieur de mon corps pour chasser monsieur le Rhume. Cela dit, elles n'y étaient pas encore arrivés. Mais je comptais bien leur donner un maximum de vitamines pour les motiver. Et je savais que les câlins d'Elliot étaient un excellent booster. Quoi qu'il en soit, j'avais repris mon étreinte.
« Tu m'as offert le plus beau des cadeaux ! » lui dis-je en le serrant tout contre moi et en posant ma tête tout contre son torse tandis que la musique raisonnait toujours autour de nous. « Ton amour... » murmurais-je en fermant les yeux.
Je me sentais si bien tout contre lui. Ca m'avait tellement manqué. Ces journées d'hôpital m'avaient permis de me reposer. Et même si ce n'était pas encore totalement ça, je sentais que la forme revenait petit à petit. On allait pouvoir profiter pleinement du restant de la semaine et j'avais déjà plusieurs idées derrière la tête. Après quelques instants d’intense romance, je m'étais reculé, afin d'observer Jules et Melody, tout en prenant la main d'Elliot dans la mienne.
« Vous restez avec nous ? On va se faire une grande soirée ! D'ailleurs, je vous laisse décider du programme, je vais aller mettre les fleurs dans de l'eau. »
J'avais pris les « Lily » des mains de Jules, avant de déposer un doux baiser sur sa joue. Il était adorable. Puis, je m'étais dirigé vers la cuisine. Et une fois là bas, j'avais fermé la porte derrière moi avant de chercher un vase. Ca m'avait pris qu'une petite minute, cela dit j'étais resté un peu plus longtemps dans cette pièce vide. J'avais encore du mal à me retrouver avec plein de monde, même si c'était des amis. Ca me stressait un peu. J'étais resté si longtemps en tête à tête avec Penny, que voir trop de gens en même temps me mettait mal à l'aise. Ca s'arrangerait vite. J'aurais qu'à passer quelque jours à la maison tranquille et toute seule avec mon homme, puis de voir petit à petit une personne, et une autre et encore une autre... ça finirait par revenir.
En revenant dans le salon, j'avais retrouvé les trois jeunes gens dans la même posture que quand je les avais quitté. Ca signifiait qu'ils n'avaient pas choisi un programme ? J'aurais du me douter qu'ils n'arriveraient pas à se mettre d'accord. Peut-être que je pourrais proposer quelque chose de simple qui ne demanderait pas de quitter la maison. Ca arrangerait sans doute tout le monde.
Ma jalousie envers le cadeau trop fun d'Apollon se dissipa en un éclair quand j'entendis les douces paroles de Lily alors qu'elle m'étreignait avec chaleur. Je n'éprouvai aucun ressentiment en voyant ma femme embrasser mon ami Jules sur la joue, ensuite. Au fond de moi, je savais de toutes façons que la force de l'amour surpassait tout le reste. Il n'y avait aucune crainte à avoir. Nous étions liés l'un à l'autre pour l'éternité. A chaque fois que nous avions tenté de nous éloigner, ou de rompre, un courant cosmique nous avait aussitôt rapprochés. Même Grand Sourire n'avait pu nous séparer bien longtemps. Ensemble, nous étions invincibles.
Un silence embarrassant s'installa dès que Lily quitta la pièce. De temps à autre, Melody posait sur Jules et moi un regard mauvais, mélange de dédain et de dégoût. Quant à mon ami, il l'ignorait cordialement. "Je suis allé voir Ready Player One y a pas longtemps." déclarai-je subitement pour meubler la conversation. "En solo. Y avait la bande annonce de Han Solo, d'ailleurs. Mais ça n'a pas l'air terrible. Le gars qui le joue n'a aucun charisme comparé à Harrison Ford. Ils auraient pu trouver mieux. Par contre, Ready Player One c'est du grand Spielberg ! Ca m'a donné envie de rouler de nouveau ma Delorean !"
Comme je m'y attendais, Jules me considéra avec incertitude, même s'il faisait de son mieux pour se composer une expression entendue. Ca, c'était un pote. Même quand il ne captait rien, il essayait d'avoir l'air impliqué. "La Delorean ! Comme dans Retour vers le Futur !" fis-je, presque désespéré. "Je t'ai montré les films ! C'est avec une machine à voyager dans le temps !"
La lumière se fit brusquement dans les pupilles de l'écrivain.
"Oh, certes. Cependant, je suis dans le regret de te dire que je préfère de loin l'approche d'Herbert George Wells et sa Machine à Explorer le Temps."
Je plissai des yeux. Il était en train de comparer et critiquer l'oeuvre de Zemeckis avec un truc qui ne m'évoquait rien, ou je rêvais ? On ne touche pas à Retour vers le Futur ! C'était sacré ! Est-ce que je blasphémais ses trucs poussiéreux, moi ? J'étais incapable de citer une seule chose qu'il aimait lire ou regarder (le souci, c'est que je savais qu'il adorait le Seigneur des Anneaux, mais comme j'appréciais aussi, je ne pouvais pas le descendre).
"Eh les geeks. Mettez-la en veilleuse." intervint Melody d'un ton exaspéré.
Jules parut flatté qu'elle le considère de la sorte. De ce fait, il devait se sentir plus "jeune". Je me contentai de rouler des yeux. "Je suis chez moi, je raconte ce que je veux entre ces murs, ok ?" fis-je à ma cousine en plantant un regard acéré dans le sien.
"Je croyais que tu avais été contraint de déménager." répliqua-t-elle, perfide.
Je plissai des yeux tout en la fixant. Elle me cherchait vraiment, ce n'était pas une impression.
"Ca fait partie des trucs qu'on va passer sous silence." dis-je à voix basse tout en me rapprochant d'elle.
Je lançai un regard éloquent vers la porte fermée de la cuisine avant de poursuivre :
"Je veux pas perturber davantage Lily alors on fait comme si je n'avais jamais quitté la maison. Ca pourrait lui faire de la peine d'apprendre que..."
"... tu as baissé les bras et tu t'es barré quand elle était possédée par un clown, je comprends." acheva Melody avec une moue faussement compréhensive.
Elle esquissa ensuite un sourire carnassier. Je levai le doigt entre nous, la fixant avec intensité.
"Alors déjà, je ne savais pas qu'elle était possédée. Je pensais qu'elle ne m'aimait plus et... pourquoi je me justifie ? Il est pas trop tôt pour que je fasse une salade de thon !"
"Vas-y, essaie pour voir." fit-elle, menaçante tout en avançant vers moi lentement.
J'hésitai, les poings serrés. Je n'allais pas fêter le retour de ma femme en étripant sa sirène préférée sous notre propre toit. Ca aurait fait désordre. Et puis, depuis ma confrontation avec Eulalie, j'avais perdu un peu d'assurance.
A cet instant, Lily revint dans le salon, toujours aussi enjouée. Je remuai les doigts et passai une main dans mes cheveux alors que Melody se détournait avec petit rire narquois.
Un action vérité ? Pourquoi pas, après tout ! Ca pouvait être amusant. Et je pourrais lancer un défi super sadique à la sirène.
"De quoi s'agit-il ?" s'enquit Jules, à la ramasse, comme d'habitude.
"Tu vas très vite comprendre. Action ou vérité, Melody ?" demandai-je entre mes dents, avec un grand faux sourire.
Elle s'attendait à mon attaque.
"Action." dit-elle, plein de défi.
Aussitôt, je fis apparaître une salière remplie à moitié que je lui tendis.
"Avale le contenu."
"C'est insensé !" fit Jules, perplexe. "Personne ne peut ingurgiter autant de sel sans boire une quantité d'eau supérieure."
La sirène s'empara de la salière qu'elle dévissa, avant de renverser la tête en arrière et d'absorber le contenu du petit récipient. Elle garda la bouche fermée, grimaçant, avant de plaquer une main tout contre, saisie d'un haut-le-coeur. Je lui lançai un regard satisfait. Il ne fallut pas plus de deux minutes pour qu'elle se précipite vers les toilettes.
"Ca sera à elle de donner un défi à quelqu'un quand elle reviendra. Mais on peut s'en lancer un autre pour éviter d'attendre ! Alors, qui est tenté ?" demandai-je, observant Jules et Lily avec un sourire amusé.
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« Pourquoi il faut toujours que tu te comportes mal avec elle ? » demandais-je à mon homme.
J'aurais pu rester là et faire comme si de rien était, mais Melody était comme ma meilleure amie. Je la considérais déjà comme quelqu'un d'exceptionnel qui pouvait se transformer en sirène, mais qui plus est, on avait partagé beaucoup de moments intenses tous les deux. Déjà quand elle m'avait offert ce voyage. Ou plutôt ce kidnapping. J'étais bien consciente que ce n'était pas une chose à faire et qu'elle avait mal agis. Mais comme on était devenu amies, c'était pas une si mauvaise chose que cela. En tout cas, j'avais eu des frittes ce jour là et elle avait pris soin de moi. Elle n'était pas si méchante que ça au fond. Du coup, je ne pouvais pas la laisser seule aux toilettes. Je l'y avais rejoins, et je lui avais tenu en arrière ses beaux et longs cheveux noirs.
« J'adore tes cheveux. Ils sont tellement beaux. Surtout quand tu es sous l'eau. Ca m'arrivait souvent de te regarder discrètement par la fenêtre quand tu te baignais le soir. J'ai l'impression que c'était dans une autre vie que tu habitais ici. T'as pas idée à quel point ça peut me manquer ! »
Je le pensais réellement. Une fois fini, je lui avais proposé de retrouver les autres, en lui promettant que je la vengerai quand Elliot prendrait action. Si bien entendu, elle acceptait de ne pas faire la même chose avec lui. Mieux valait que je m'occupe moi même de la vengeance, car si elle lui demandait quelque chose de trop horrible, il se vengerait à son tour et on n'en finirait plus... !
« Bon, c'est à moi de demander. Du coup, monsieur Jules. Action ou vérité ? »
Je lui avais dit cela avec un petit sourire. J'aimais bien l’appeler "monsieur". Ca lui allait bien. Il était toujours habillé très classe. C'était un homme remarquable et charmant. Lui aussi j'aurais bien voulu qu'il vive ici avec nous. Si je le pouvais, j'aurais mis tous mes amis dans cette grande et belle maison.
« Perso, je prendrai vérité. C'est mieux qu'action. Parce que si c'est action, ça serait quelque chose de tout gentil, tout mignon. » lui dis-je avec un grand sourire.
C'était peut-être pas une bonne idée, car du coup il allait surement prendre action. Mais bon... Comme de par hasard, on fut coupé dans notre élan par une jeune femme des plus charmantes.
« CASSIIIIIE !! » m'écriais-je en me levant pour la serrer dans mes bras.
Mon petit bébé venait d'apparaître dans le salon avec un gros paquet dans les mains qu'elle avait tout juste eu le temps d'écarter, avant que je la serre bien fort.
« Je pensais que tu viendrais pas. C'est géant ! On est tous réunis ! Enfin pratiquement, mais t'es là. »
« Bon retour ma maman préférée ! » dit-elle en me faisant un gros poutoux sur la joue, avant de se tourner pour observer les convives.
Elle adressa un grand sourire à Melody, puis un grand sourire à Jules, et enfin un grand sourire à Elliot, avant de regarder Jules une nouvelle fois. Elle leva les yeux au ciel. Elle n'était pas contente de le voir ici ? En tout cas, elle s'était tournée à nouveau vers moi en me souriant et j'adorais ça. Elle avait le plus beau sourire de la terre !
« On jouait à action et vérité. Tu veux jouer avec ? J'ouvrirais ton cadeau après et on mangera aussi ! Elliot a tout préparé, mais tu dois déjà le savoir. »
Elle hocha la tête avant d'aller s'asseoir près de mon homme et de passer un bras sous le siens.
« C'est le meilleur des maris et des papa, c'est pour ça ! »
J'adorais quand elle se comportait comme ça avec lui. Du coup, j'étais revenu à ce qu'on faisait. Ce qui signifiait que j'avais tourné la tête vers Jules en arborant un grand sourire. Il avait pris vérité, c'était ça ? J'en étais persuadé.
« Du coup Jules... que pensez vous réellement de Cassandre ? »
C'était bien cette question, car elle montrait à ma fille qu'on était très heureux de la voir nous rejoindre. Tout le monde l'adorait !
Jules Verne
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Les jeunes gens connaissent des divertissements bien curieux, de nos jours...
La question était pertinente, mais l'aurait sans doute été davantage dans un autre lieu, loin des oreilles indiscrètes et surtout, de la principale intéressée. La terrible Neil me fixait de son regard particulier qu'elle ne réservait qu'à ma personne -je l'avais remarqué à maintes reprises- mélange de provocation et de condescendance. C'était extrêmement désagréable. Pourquoi ses parents ne la corrigeaient-ils pas ? Elle était hélas trop âgée pour être punie pour son comportement désobligeant.
Je trouvais exécrable la façon dont elle jouait à la fille parfaite avec eux. Ne voyaient-ils pas à quel point elle était manipulatrice et fausse ? En réalité, j'étais surtout peiné qu'elle n'agisse pas de façon plus cordiale avec moi. Je ne comprenais pas ce que j'avais pu faire pour la mécontenter à ce point.
Malgré tout, je restai impassible, plaçant les mains dans mon dos, tout en tournant la tête vers Lily, légèrement crispé.
"Puis-je passer mon tour ?"
Je ne connaissais pas les règles de ce jeu, mais il existait forcément un moyen de ne pas être dans l'embarras. La femme-poisson détruisit tous mes espoirs en grommelant d'un ton sec :
"Y a pas d'échappatoire. Ca passe ou ça casse. Mais on ne passe pas. Son tour."
Elle esquissa une grimace qui ressemblait vaguement à un sourire narquois, avant d'attraper une bouteille d'eau. Au lieu de boire au goulot, elle s'en aspergea le visage et les cheveux. Une façon comme une autre d'éliminer le sel de son organisme. Il s'agissait d'une bien étrange créature. Elle avait inondé une bonne partie du plancher mais ne semblait pas s'en formaliser. Je remarquai qu'elle était pieds nus.
"Qu'est-ce que tu regardes ?" lança-t-elle, mauvaise, en s'apercevant que je la fixais avec un peu trop d'insistance.
"Rien du tout." fis-je en détournant aussitôt les yeux.
"Réponds au lieu de mater."
Je pris une expression offusquée tout en murmurant :
"S'il y avait quelque chose à mater..."
La sirène se mordit les lèvres tout en voulant s'avancer vers moi, peut-être dans le but de me frapper, mais Elliot s'interposa. Un brave ami sur lequel on peut compter.
"Des blinis ?" proposa-t-il à la jeune femme mal coiffée tout en manquant de lui mettre la tête dans le plateau de toasts qu'il lui tendait. "C'est au tarama, ça devrait te plaire."
Melody plissa des yeux, nous observant tous deux tour à tour, avant d'attraper le plateau et de s'asseoir sur le canapé pour engloutir les blinis dans un silence lourd de menaces.
J'adressai un sourire reconnaissant à Elliot qui me tapota l'épaule. Puis il s'éloigna, retournant près de sa femme et de sa fille. Ces dernières ne me lâchaient pas des yeux, guettant ma réponse à la question. Décidément, je ne serai pas dispensé.
Je passai la langue sur mes lèvres, m'éclaircis la gorge et levai les yeux au ciel, cherchant l'inspiration -et surtout un gain de temps.
"Cassandre est... une demoiselle résolument moderne, très proche de sa famille. Sous ses allures indépendantes, elle se révèle douce et fragile. Prenez-lui ceux qu'elle aime, et elle se transforme en furie au coeur de verre. Elle est d'une nature changeante. Si je devais la dépeindre, je choisirais une tempête pour nuancer ses excès de rage à ses démonstrations d'affection. Elle est extrêmement difficile à cerner, un savant mélange d'excentricité, de douceur et d'électricité."
J'adressai un regard entendu à ses parents, car ils avaient mis au monde une femme-enfant tout aussi colérique qu'attentionnée, et cet ensemble chaotique leur ressemblait. Moi aussi, j'aurais aimé que mon fils Michel soit davantage à mon image. Il avait été le reflet de beaucoup de déceptions.
"C'est beau ce que tu dis, mec." fit Elliot tout en mimant une larme à l'oeil.
J'esquissai un sourire, enchanté de les avoir émus. Lily semblait attendrie, elle aussi. Parfait. Mon plan fonctionnait à merveille. Du moins, je le crus jusqu'à ce que mon ami reprenne :
"Mais... tu n'as pas répondu à la question. Tu n'as pas dit ce que tu penses réellement de notre fille. Enfin, tu l'as dit sans le dire."
"J'ai répondu. C'est à vous de déchiffrer mes paroles." assurai-je, me raidissant quelque peu malgré tout. "J'ai relevé le défi. A mon tour d'en lancer un à la personne de mon choix, n'est-ce pas ?"
Elliot fit une moue, ennuyé de ne pas connaître le fin mot de l'histoire.
"A l'avenir, on interdit les énigmes."
J'opinai de la tête, amusé. Puis, sans surprise, je posai les yeux sur la plus ravissante personne se trouvant dans cette pièce.
"Cassandre, action ou vérité ? Oh, ne vous donnez pas la peine de choisir. J'ai déjà une action toute trouvée pour vous."
Trop de vérités pouvaient nuire à l'ambiance de cette fête. Je marquai une pause, le temps de laisser s'installer un léger suspense.
"Montrez-moi de quelle façon vous tenez à moi." déclarai-je sans la lâcher de mon regard espiègle.
Tout d'abord, j'avais songé à lui retourner la question, mais cela aurait été banal. Il fallait davantage de sensationnel pour Jules Verne.
"Car vous tenez à moi, j'en suis persuadé." murmurai-je, les yeux pétillants.
Vous êtes toute émoustillée. Vous vous remémorez les paroles prononcées à votre endroit. Vous cherchez à savoir si j'ai menti. Vous devriez connaître la réponse, pourtant. C'est très simple. Quel intérêt aurais-je à duper un vulgaire jeu ? Il y aurait plus d'amusement à semer le trouble en vous. Comment savoir ? Aurais-je menti ? Voyons, un peu de concentration, Cassandre !
J'avais ajouté ces paroles mentalement, de sorte à ce qu'elles ne soient entendues que par elle. Et par Elliot, puisqu'il était télépathe, lui aussi. Mon ami fronça les sourcils, avant de me lancer un regard surpris. Puis, il leva discrètement le pouce en l'air, comme s'il me donnait une sorte d'approbation. J'ouvris la bouche pour protester mais il hocha la tête d'un air appuyé. Etais-je en train de rêver ou... venais-je d'avoir la bénédiction du père de Cassandre ? J'inspirai profondément, préférant me focaliser sur cette dernière pour le moment. Il faudrait que je mette les choses au clair plus tard avec mon ami, car je n'avais aucune intention particulière envers elle. Ce n'était qu'un jeu, une façon de renverser la vapeur pour toutes les fois où elle m'avait traité comme un moins que rien.
Cependant, j'avais été sincère. C'était ainsi que je la voyais. Que les dieux m'en gardent...
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« C'est Jules qui va être content... tiens, le voilà ! »
J'avais le lait au lèvres, mais impossible d'en boire la moindre gorgée. Elliot m'avait fait apparaître un verre rempli à raz bord comme j'adorais. On était tous les deux à l'écoute de la moindre réaction qu'aurait Cassandre face à ce que venait de lui demander Jules. Il avait joué le jeu, en répondant honnêtement à la vérité. Est ce que ma fille ferait de même ? Je savais qu'elle ne se défilerait pas. Mais sa réponse m'intriguait. Est ce qu'elle appréciait Jules ou pas ? Je n'avais jamais réussi à répondre à cette question. Je voyais d'ici que Melody était tout autant intriguée que moi. A la différence qu'elle grignotait, car rien pouvait l'empêcher de se sustenter. J'avais levé le pouce en lui faisant un grand sourire, comme pour lui faire comprendre que la question était trop cool !
« De quelle façon je tiens à vous ? » répéta ma fille en se mordant les lèvres, avant de se lever.
Elle avait fait les quelque pas qui la séparait de Jules. C'était tellement excitant ce jeu ! Enfin, dans le sens où on ne savait pas ce que les gens allaient faire ! J'aurais bien parié sur une gifle, mais ça voudrait dire qu'elle ne tenait pas du tout à lui, et c'était impossible ! Par contre, je ne voyais pas trop ce qu'elle comptait faire. Je plissais les yeux, sceptique, et à la fois captivée par ce qui se déroulait face à nous. Puis, ma bouche s'entrouvis et aucun son en sortit. J'étais comment dire... bouche bée ?!
« Vue que papa a l'air d'être totalement d'accord, je suppose que c'est ce qu'il faut que je fasse ? »
Ca faisait dix bonnes secondes que je n'avais pas cligné des yeux. Tout autour de moi s'était mis en pause. La vision de ma fille, qui s'était assise sur Jules, qui était déjà assis sur la chaise, m’envahis totalement l'esprit. Est ce que c'était vraiment ce qu'Elliot voulait ? C'est vrai qu'il s'était montré très intéressé par la question et ce que Jules avait dit sur ma petite Cassie. Mais de là à imaginer qu'il préférerait que notre fille soit avec Jules au lieu du beau Apollon ? C'était dingue quand même !
« Cassie ? Tu es sûre de ce que tu fais, là ? »
« Mais oui, maman, t'inquiète. J'ai l'approbation de papa. »
Elle avait passé ses bras autour du cou de Jules, qui ne se sentait pas très à l'aise, et elle avait approché son visage du siens. J'avais du me pencher pour entendre ce qu'elle venait de lui murmurer.
« Entre nous, ça pourrait être tellement torride... mais je tiens un chouilla à vous, du coup... »
Elle avait approché sa bouche de l'oreille de Jules, et avait fait mine de le mordiller. A aucun moment ses lèvres avaient touchés son oreille. C'était une manière de tenir à lui ? Je ne comprenais pas tout. Elle s'était totalement détaché de lui, se relevant, et je dois avouer que j'étais un peu rassurée. Je préférais la voir avec Apollon. C'était pas que je n'aimais pas Jules, mais elle collait tellement mieux avec le beau Apollon. Et puis, ils étaient déjà ensemble, ce qui faciliter tout !
« Voilà ! » laissa t'elle échapper.
Voyant que personne y comprenait rien, elle avait jugé utile de s'expliquer.
« Je ne tiens pas spécialement à vous, mais j'ai pas envie de vous voir mourir. Sinon je maltraiterait qui ? Du coup, je tiens à vous au point de ne pas faire ce que vous attendez le plus de moi, afin qu'Apollon ne vous tue pas. »
J'hochais la tête, faisant mine de comprendre. Mais avouons le... ça n'était pas facile de suivre.
« Ah et pendant que j'y pense... On va se marier avec Apollon ! » dit-elle en posant ses mains sur ses hanches et en observant son père avec un petit déhancher. « Marier. M A R I E R. En six lettres. »
« WOUAH ! Mais c'est géant !!! » m'exclamais-je en me levant pour aller prendre ma fille dans mes bras.
Elle allait devenir madame Olyphant Sandman Light. Ca faisait peut-être un peu beaucoup. Pourquoi pas juste madame Olyphant Light ? Ou juste Light si elle préférait. En tout cas, elle allait être l'éléphanteau le plus heureux qui soit !
« Et du coup, action ou vérité papa ? » dit-elle tandis que je me détachais d'elle, toute happy par la nouvelle et intriguée parce ce qu'allait être la question.
Car sans lui laisser le temps de se décider entre les deux, elle avait déjà énoncé sa question.
« Qu'est ce que tu penses réellement d'Apollon ? »
« Il est trop beau ! » laissais-je échapper, même si elle ne s'adressait pas à moi.
« Oui, c'est vrai ! Et tellement musclé ! »
On se lança un regard complice. Ma fille avait tellement bon goût en matière d'hommes ! Elle tenait de moi, c'était évident !
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J'allais faire abstraction de la démonstration de ma fille concernant mon pote écrivain. Elle était un peu trop franche par moments. Pourquoi on avait décidé de jouer à ce jeu, déjà ? Pour rien au monde je n'aurais voulu la voir à califourchon sur quelqu'un. En théorie, j'avais trouvé qu'ils pourraient former un joli couple tous les deux, mais subir la concrétisation, c'était un peu too much pour la vue d'un papa.
Le mot "torride" se planta dans ma mémoire et j'avais l'impression qu'il allait y rester planté un certain temps. C'était pas le genre de trucs qu'on peut oublier facilement. Pourquoi avais-je l'ouïe aussi fine ? C'était abominable ! Cassandre finit par se lever et s'éloigner de lui, à mon grand soulagement.
Je tentai également de faire abstraction de l'expression déroutée de Jules, et du fait qu'il avait croisé les jambes de côté comme pour cacher un certain embarras. D'un seul coup, je me sentais beaucoup moins pote avec lui.
"Marier. M A R I E R. En six lettres."
Keukoi ? Les paroles de ma fille me laissèrent perplexes. Tout d'abord, j'esquissai un sourire légèrement absent, croyant à une plaisanterie pas spécialement drôle. Mon visage perdit toute couleur en comprenant que c'était la vérité. Ainsi qu'un futur proche.
Marier. Marier... comme dans le mot mariage ? Mais... avec qui ? Je restai tétanisé. Seuls mes paupières fonctionnaient encore et papillonnaient alors que l'air se raréfiait dans mes poumons. J'étais peut-être en train de faire une syncope. Mon coeur palpitait, me faisant presque mal.
Lily avait serré notre fille dans ses bras, et elle remuait le couteau dans la plaie en disant qu'Apollon était trop beau. Cassie renchérit avec ses muscles.
Je clignais toujours des yeux, la bouche entrouverte, le cerveau en ébullition. Jules m'observait d'un oeil anxieux. J'entendis un soupir lassé du côté de la sirène.
Soudain, un roulement diffus fit trembler le sol. Il y eut un silence, puis la secousse fut plus intense. Les meubles tremblèrent à leur tour dans un bruit profond. Une sorte de roulis s'empara de toute la maison, la faisant trembler jusque dans ses fondations. Certains objets glissèrent du mobilier, des cadres se décrochèrent, chutant au sol.
Je serrai les poings et inspirai profondément, essayant de retrouver mon calme.
Pense au dernier Jurassic World. Il était cool. Super cool. Chris Pratt est un dieu vivant. Encore mieux que n'importe lequel de tes oncles, Elliot.
Ces réflexions personnelles me permirent de rétablir une certaine tranquillité dans mon esprit en perpétuel mouvement. Je soulevai les paupières et remarquai que Jules et Melody me fixaient d'un oeil incertain. Lily et Cassie également.
"Wouah, vous avez senti le tremblement de terre ? Dingue ! Au moins six sur l'échelle de Richmond !"
"Richter." corrigea Jules d'une toute petite voix.
"Et localisé juste dans la rue, je parie." fit le thon d'un ton (aha...) railleur. "On se demande bien qui a provoqué ça." "On ne peut rien contre la nature ! Elle fait ce qu'elle veut ! Et la techno des plaques !" ripostai-je en levant le nez en l'air.
"La tectonique." précisa l'écrivain.
Il ne pouvait pas s'empêcher de se prendre pour un prof, à reprendre tout ce que je disais ! En plus, il racontait n'importe quoi. Je fus extrêmement satisfait de répliquer d'un ton goguenard :
"Ah bon, tu t'y connais en danse contemporaine ?"
Et toc ! Il ne l'avait pas vue venir, celle-là ! A étaler sa science sans arrêt, il faisait de sacrées erreurs. Jules fronça les sourcils, indécis. Je lui expliquerai plus tard. Et je lui montrerai aussi une chorégraphique de tectonique sur YouTube afin qu'il comprenne mieux.
Quoi qu'il en soit, je n'avais pas oublié la question de Cassie. Le jeu était toujours en cours. Que ressentais-je vraiment pour Apollon ? Vaste interrogation. Le tremblement qui avait failli faire s'effondrer la demeure résumait bien, non ? Il me fallait être plus explicite.
"Je l'adore." déclarai-je avec un grand sourire crispé. "Non vraiment, c'est un oncle en or. Il va faire de toi une femme heureuse. Peu de filles a la chance d'épouser son aïeul ! Tu dois être comblée. C'est vraiment génial."
"Elliot, je comprends ce que tu traverses." intervint Jules en se levant de sa chaise.
"Ah oui ? Ta fille aussi a épousé son grand-oncle avec une différence d'âge de plusieurs millions d'années ?" fis-je, acerbe.
"Non mais... j'imagine que ce doit être difficile. Ma petite soeur Marie, à laquelle je tenais infiniment, a épousé un imbécile qui l'a rendue très malheureuse. J'ai eu beau la mettre en garde, elle ne m'a pas écoutée. Ensuite, elle n'a eu que les larmes pour pleurer."
Il coula un regard arrogant et plein de défi en direction de Cassandre. "Jules... Tu te rends compte que ce que tu racontes n'a rien à voir ?" fis-je en me massant la tempe.
"Je trouvais pertinent d'en faire la remarque."
"Merci. Ca nous a grandement aidés." soupirai-je.
Je posai les yeux sur ma fille. Ma grande petite fille, désarmante de détermination. Je plaçai mes mains sur ses épaules et penchai la tête afin de mieux la regarder.
"Je n'approuve pas, mais comme je sais que tu ne changeras pas d'avis -et que si je m'énerve, tu vas encore plus enfoncer le clou- je vais me contenter de te dire que... tu peux compter sur moi. Pour t'emmener à l'autel et faire tout le tintouin."
Pourquoi avait-elle grandi si vite ? J'avais l'impression qu'elle me filait entre les doigts, une fois encore. Je ne lui avais jamais appris à marcher et voilà qu'elle allait se marier.
Je lui adressai un faible sourire avant de la serrer contre moi. Quoi qu'elle décide, elle resterait toujours une part de moi. Jamais je ne pourrais me détourner d'elle. Par contre, Apollon aurait de mes nouvelles. D'une façon ou d'une autre, je me vengerai de me voler ma fille...
"A la bonne heure !" lança Jules, ravi de nous voir nous réconcilier si vite. "J'avoue que je craignais ta réaction. C'est d'ailleurs pour cela que je n'en ai soufflé mot depuis janvier."
Je m'écartai brusquement de Cassie pour le dévisager.
"Tu peux répéter ?"
"Apollon m'a mis dans la confidence." précisa-t-il d'un ton important.
Je le fixai, les yeux plissés à l'extrême. Il dut comprendre sa maladresse car il sembla embarrassé, plaçant les mains dans son dos. Finalement, il désigna Cassandre.
"C'est elle qui se marie avec Apollon, pas moi ! N'oriente pas ta colère vers la mauvaise personne."
Depuis janvier, il savait. Longtemps auparavant le mariage avait été décidé. Et pourquoi à penser comme Yoda je commençais ? Je secouai la tête, le souffle court, avant d'articuler un "hum-hum" étranglé. Tout compte fait, j'allais peut-être ajouter Jules à la liste de mes petites vengeances. Avec le croisement de jambes, ça commençait à faire beaucoup.
Je finis par me tourner vers Lily et lui dis d'un ton clair en détachant chaque syllabe :
"Apollon n'est pas "trop" beau. Il est juste passable. Moi, je suis le plus canon."
Je guettai sa réaction, car si jamais elle n'était pas de mon côté sur ce coup, je risquais de péter un câble pour de bon. J'étais déjà suffisamment sur les nerfs, bien que je parvienne à me contrôler. Plus de tremblements. Seulement un ouragan intérieur.
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Ce n'était pas qu'Apollon était beau. C'était qu'il dégageait quelque chose à chaque fois qu'on se trouvait à proximité de lui. Du moins à moi, ça me le faisait. Une sorte de charme déroutant et envoutant. Quelque chose qui vous prenait aux tripes et ne vous lâchait plus. Ca me faisait pareil avec maman d'Elliot, mais c'était encore différent. Car je n'éprouvais pas cette attirance pour elle. Je la trouvais juste divinement belle !
Quant Elliot me lança son regard à demi énervé, je sentis qu'il fallait mieux éviter de parler de cet attrait de la personnalité du dieu des arts. Et puis de toute façon, il n'était pas libre. Qui plus est, Elliot aussi était charmant. Il avait un charme envoutant et légèrement dérangeant. Je ne comprenais pas trop ce que ça voulait dire, mais c'était ces mots là qui s'étaient échappés de mon esprit quand j'avais songé à Elliot. Cela dit, ça ne me dérangeait pas. Car j'adorais mon Elliot !
« Je pense que... » débutais-je avant de me mordre les lèvres.
Je n'aimais pas mentir. Et de toute façon, je n'étais pas obligé de répondre, n'est ce pas ? J'entendis au loin la sirène proposer au restant du groupe d'aller voir ailleurs si on y était. Ce qui était pas mal du tout comme proposition. Ma petite Cassie ne s'était pas faite prier, et je voyais d'ici que Jules s'était levé, marchant d'une démarche assez étrange jusqu'à la cuisine. Il se comportait bizarrement aujourd'hui. Enfin bref !
« Elliot chéri... » dis-je en posant mes mains sur le torse de mon homme. « Tu sais que tu es beau et canon. Y'a pas photo. Mais j'ai le droit de trouver d'autres hommes beau, sexy, canon, ou tout ce que tu veux, du moment que ça reste toi mon homme à moi. »
Je m'étais mise sur la pointe des pieds, posant mes mains sur ses joues, afin de l'embrasser. Puis, me remettant en position normale, je lui avais adressé un magnifique sourire.
« Je suis contente que tu ais pris la nouvelle de cette manière là. Et ne t'en fais pas. Si Jules le savait avant, c'était tout simplement parce que Cassie avait peur de ta réaction. Tu as vue le tremblement ? Imagine si elle te l'avais dit y'a plusieurs mois de ça, quand Apollon et elles s'étaient mis d'accord ? Et si ça peut te rassurer, il n'y a pas beaucoup de gens au courant. Juste les personnes proches. »
Par proches je n’entendais pas ceux qui comptaient pour Cassandre, car sinon il aurait manqué Elliot. Mais je parlais de ceux qui prendraient bien la nouvelle et à qui Cassie tenait. Enfin re bref !
« Tu sais ce qu'on va faire ? C'était une super bonne idée cette fête et le fait que Cassie ait jugé utile de dévoiler ce soir qu'elle comptait se marier. Mais il faudrait qu'on ait notre moment rien qu'à nous aussi. Et du coup, j'ai une idée pour la suite ! »
Je m'étais précipité vers lui, lui prenant la main et attendant qu'il nous téléporte. Mais Elliot n'en fit rien. Il était encore en train de penser à Cassie et au mariage ? A moins que le soucis venait d'ailleurs. Il m'avait tout de même fallu une bonne minute pour comprendre !
« Ah oui, c'est vrai ! Je t'ai pas dit où je voulais aller ! » dis-je avec un petit sourire à mon homme canon et trop beau.
Je lui avais fait un petit signe de ma main libre pour lui faire comprendre de se pencher. Histoire que je puisse lui murmurer la destination à l'oreille. J'avais bien réfléchis au lieu, et ça serait l'idéal pour nous, là maintenant. Le seul petit hic, c'était qu'une fois à destination, ça ne ressemblait pas à ce que j'avais imaginé...
J'avais levé la tête pour regarder en haut, puis sur les côtés pour regarder... sur les côtés. Et enfin, en direction de mon homme, pour voir... mon homme. Là du coup j'avais tout vue, de gauche à droite, de haut en bas et de mon homme à mon homme. Et la conclusion était là : ça ne ressemblait pas à ce que j'avais imaginé.
« Dans ma tête c'était bien plus romantique. » laissais-je échapper.
Ca venait peut-être de l'heure ? Parce qu'à cette heure, c'est vrai que ça pourrait se justifier qu'il fasse nuit autour de nous et qu'on n'y voit rien.
« Attend, y'a un interrupteur. » dis-je en voyant quelque chose sur le mur à proximité.
J'avais appuyé dessus et la pièce s'était éclairée. J'étais resté sceptique face au décors.
« On est où Elliot ? » lui demandais-je tandis que je pouvais voir une inscription sur le mur.
Il y était noté « La maison rose. ». Pourquoi Elliot nous avait conduit ici ? Oui, je lui avais dit que je voulais qu'on se rende à la maison rose, mais je ne parlais pas de cette maison là. Il ne connaissait pas la maison rose ? Je le regardais avec cet air toujours aussi sceptique, avant d'ouvrir grand les yeux.
« Ah d'accord ! Je comprend ! En fait, tu croyais que je voulais aller dans une autre maison rose ? Mais pour moi la maison rose c'est le cottage de chez maman d'Elliot. Enfin maman de toi. Elle m'y a conduit une fois, et y'avait un fauteuil rose. J'ai adoré. On pourrait y aller tous les deux. » lui dis-je avant de diminuer considérablement mon sourire. « Mais comment tu connais cet endroit, toi ? »
Parce qu'on était où là ?
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Ce qui est cool avec la téléportation, c'est qu'il y a rarement des accidents de parcours. Une fois qu'on maîtrise le truc, on peut y aller en confiance. Il ne faut juste pas se planter de destination. Des quiproquos pouvaient avoir lieu, plus ou moins gênants. En l'occurence, celui-là était pas mal, franchement.
D'un autre côté, comment aurais-je pu deviner que la résidence secondaire de Maman avait pour nom "la maison rose" dans la tête de Lily ? Je n'avais jamais mis les pieds dans aucune maison rose, et d'ailleurs ça m'avait semblé étrange que ma femme veuille se rendre dans celle de Storybrooke. Je l'y avais emmenée, croyant bien faire. Après tout, elle était très excentrique. Bah non. Comme d'habitude, je m'étais foiré. "C'est la première fois que je viens !" me défendis-je aussitôt -et c'était la pure vérité. "Je pensais te faire plaisir."
Là, c'était plutôt mince, comme argument.
"La prochaine fois, faudrait être plus claire." marmonnai-je. "Et depuis quand Maman a un cottage ?"
Depuis toujours, probablement. Ca faisait sûrement partie de toutes ces choses que j'ignorais à son sujet. J'avais l'impression qu'elle ne m'avait dévoilé qu'une infime partie de ce qui composait son existence, ce qui était assez déroutant. J'étais son fils, tout de même ! Par contre, pour m'imposer sa myriade de petits copains, il n'y avait eu aucun problème ! Mais visiblement, c'était plus compliqué de me faire visiter ses résidences secondaires ! J'étais contrarié. Un peu. Elle me cachait des trucs sans importance et les partageait avec ma femme. Il était normal que je ressente un début d'injustice, non ? "Bon. Elle est où cette sublime maison rose ?" fis-je en levant les yeux au ciel.
Lily annonça l'Angleterre, ce qui termina de me plonger dans l'irritation, car étant petit, jamais je n'y avais mis les pieds. C'était quand même incroyable qu'avec deux dieux pour parents, je n'ai jamais quitté Las Vegas avant que je décide de faire un road trip l'année de mes vingt et un ans ! Pourquoi avaient-ils voulu se cantonner au Nevada ? Ok Vegas était sympa et toujours surprenant, mais j'aurais aimé découvrir le monde.
Je laissai là mes frustrations inutiles à partager avec ma femme puisqu'elle n'y pouvait rien, et à la place, lui repris la main pour la téléporter à l'endroit indiqué. C'était plutôt coton de trouver une destination qu'elle formulait seulement en pensée. Heureusement, j'étais calé en concentration mentale. Mon activité cérébrale était boostée par mes heures intensives focalisé sur les jeux vidéo et autres écrans, sans parler de Jules qui me racontait toujours pleins de trucs auxquels je ne comprenais rien. Parfois, j'arrivais même à écouter mon ami tout en jouant. Le combo ultime. Les nanas qui prétendent que les mecs sont incapables de faire deux choses en même temps ne me connaissent pas.
Nous apparûmes aux abords de verts pâturages détrempés. La nature anglaise à l'état le plus pur. L'air était humide, les feuilles des arbres et buissons encore gorgées d'une pluie récente. Le ciel était d'un gris étrangement lumineux, comme si le soleil cherchait à se montrer timidement.
Un bruit imposant, tel un roulis désagréable, résonna derrière nous. Il n'avait pas sa place en ce lieu paisible. Je me retournai et écarquillai les yeux en voyant plusieurs engins de chantier occupés à démolir une charmante demeure perdue au milieu de la campagne. Etant donné la description que m'en avait faite Lily, il ne pouvait s'agir que du cottage de Maman.
Ni une ni deux, je me précipitai vers les ouvriers qui actionnaient leurs machines infernales pour écraser et démembrer la pauvre maison. Je sautai par-dessus quelques décombres et me plaçai devant une pelleteuse qui apprêtait à abattre son manche contre un mur porteur miraculeusement encore intact.
"Eeeeeh ! EEEEEH ARRETEZ !" hurlai-je en écartant les bras.
Surpris, les ouvriers se stoppèrent.
"Qu'est-ce que vous faites ?" criai-je, déconcerté, par-dessus le bruit des différents moteurs.
"Ca se voit pas ? On bosse !" répliqua l'ouvrier au volant de la pelleteuse, la clope au bec. "Mais... vous n'avez pas le droit ! Ce cottage appartient à ma maman !" fis-je sur le ton d'un gamin scandalisé.
"Il est sur l'emplacement d'une voie d'autoroute. La municipalité a forcément envoyé plusieurs courriers à votre mère." fit l'ouvrier en haussant les épaules. "Maintenant, dégagez, siouplaît. C'est qu'on n'est déjà pas en avance."
Je clignai des yeux, hésitai, puis consentis finalement à me décaler. Mes pieds heurtèrent plusieurs pierres tandis que je rejoignais Lily, penaud. Dans mon dos, le bruit avait repris dans un roulis épouvantable. Bientôt, de grands fracas se firent entendre alors que les murs s'écroulaient.
Je passai une main autour des épaules de ma femme, laissant échapper un soupir.
"Tu crois qu'elle est au courant ?"
Peut-être qu'elle s'en fichait ? Peut-être que cela faisait partie des choses qui n'avaient aucune importance pour elle ? En tous cas, je ne pus réprimer un tressaillement en voyant ce cottage que je ne connaissais pas tomber en poussière. C'était pour Lily que je m'inquiétais. Elle avait l'air d'être attaché à cet endroit, et voilà qu'il n'existait plus. "Je suis désolé." murmurai-je en déposant un baiser sur le haut de son crâne.
Je me sentais responsable alors que ce n'était pas de ma faute. C'était parce que je désirais son bonheur et que je n'y parvenais jamais. Elle voulait qu'on passe du temps ensemble dans cette maison. On était arrivé trop tard. J'hésitais à remonter le temps, à revenir quelques heures plus tôt avant que le pire se produise. Non, surtout pas. Je risquais de faire plus de mal que de bien, comme d'habitude. J'aurais pu punir ces ouvriers, mais à quoi bon ? Ils n'avaient fait que leur travail.
Je me contentai donc de serrer Lily contre moi. "A tout hasard, y a pas un autre endroit super cool que tu aimerais me montrer ?" fis-je avec un entrain forcé.