« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)
Les plans étaient délicats à respecter. Il n'avait jamais été un grand architecte, loin de là même. Ce qu'on ne pouvait lui retirer cependant, c'était son talent d'artiste. Et c'était ça, ce qu'il était en train de faire. Un chef d'oeuvre. Plus imposant que n'importe quel autre. Il s'agissait d'une structure gigantesque et aux matériaux pour les moins originaux, la création de toute une vie à n'en pas douter. Il ne s'était pas imaginé qu'un jour une telle demande lui serait faite mais Eulalie avait insisté. C'était pour une amie, apparemment. Et elle lui devait beaucoup. Ou du moins c'était l'impression qu'elle lui avait donné. Quant à Apollon, il ne refusait jamais de rendre service – sauf cas très exceptionnels ou personnes désagréables. Puis exprimer sa créativité ne lui faisait pas de mal, loin de là, il en retirait un plaisir certain. Artémis s'en satisfaisait puisqu'il arrêtait de lui bassiner les oreilles avec ses idées débordantes pour de nouveaux tableaux et elle avait enfin le droit à un peu de répit, comme ça l'occupait de longues heures.
« Figue, c'est ça ? »
Il s'était retourné en sentant finalement sa présence dans la forêt. L'amazone s'était chargée d'aller la prévenir que les délais avaient été plus que respectés, puisqu'il n'était pas supposé rendre les clefs de cette maison avant plusieurs jours. Il adorait faire des surprises. La livrer en avance à cette jeune femme lui ferait plaisir, il n'en doutait pas.
« TADAM ! »
Conscient que c'était bien la personne qu'il attendait qui se trouvait face à lui, il s'était retourné brusquement, tendant ses bras de chaque côté de son corps. Son sourire était immense et ses yeux pétillaient d'une joie particulière. Là, il attendait l'instant où la dénommée Figue lui sautait au cou pour le remercier d'être si parfait. Quoi qu'elle ne le pouvait pas vraiment, parce qu'il n'était pas du tout devant sa maison.
« Enchanté, je suis Apollon, c'est un plaisir de faire votre connaissance. Eulalie a dû vous parler de moi. En bien, j'espère. »
Oui, avec ce fameux « tadam », c'était lui qu'il présentait. Le divin le plus prisé de tout l'Olympe, le plus beau, le plus apprécié. Enfin du moins c'est ce qu'il aimait penser. Il avait attrapé la main de la jeune femme pour la serrer énergiquement, gardant cette expression ravie et enjouée qui lui était si propre.
« On a juste quelques mètres à faire, c'est pas loin, vous allez a-do-rer ! »
Il était sûr de son coup. Tel le gentleman qu'il était (il essayait de faire concurrence à Jules là-dessus), il lui tendit son bras afin qu'elle l'attrape. Il la sentait pressée. Aussi excitée qu'elle à l'idée de ce qu'il allait lui présenter. Impatiente. Très impatiente. Ou alors il se faisait des films, c'était possible aussi.
« J'ai fais de mon mieux, j'espère que ça vous plaira. J'en doute pas en fait. Je suis plutôt doué sans me vanter et je suis sûr que ce sera parfait à vos yeux. Je devrais même dire aussi parfaits que vos yeux. »
Toujours flatter la clientèle, même si cette dernière n'allait rien payer vu que ses services étaient gratuits. C'était comme ça qu'il se faisait une réputation d'homme abordable et adorable. Chaque détail comptait. Ils s'écartèrent du chemin pour s'enfoncer à travers les arbres, alors que la lumière se faisait de plus en plus éclatante au loin.
« J'ai mis ma petite touche personnelle. Je vous ai fais un joli chemin de lampadaires pour vous mener à l'entrée, comme ça on peut pas vous louper ! »
La lumière, c'était son domaine aussi. Et c'était beau. Pas électrique du tout. Ils les fit s'éteindre d'un claquement de doigt alors qu'ils arrivaient sur la dite allée, des petites pierres colorées ornant le sol de terre pour les guider jusqu'à la nouvelle demeure secondaire de Figue.
« Les lumières sont faites pour s'allumer automatiquement dès qu'il fait nuit et s'éteindre quand il fait jour. C'est super écolo. J'aime bien. »
Il était plutôt fier, oui, il ne s'en cachait pas. Loin de là. Ça avait toujours été son genre. Il lâcha le bras de la demoiselle pour frapper dans ses mains, détaillant l'air qu'elle affichait pour se faire une idée de son contentement.
« Par contre cet été faudra faire attention... J'ai peur que ça fonde. Je l'isolerais un peu plus si y'a besoin. Sauf si c'est supposé être temporaire, Eulalie m'a pas trop dit pourquoi vous vouliez une telle maison. »
Très peu sceptique malgré tout, il leva les yeux vers son admirable création. Ah. Ça c'était du travail bien fait comme il les aimait.
« Mon rêve devient réalité, je peux mourir en paix aujourd'hui ! »
Est-ce que vous pensez vraiment qu’on peut croire quelqu’un qui nous dit qu’il nous offrira tout ce que l’on veut ? Bah c’est ce que Lalalie m’avait dit. Et je la croyais parce que jusqu’à maintenant, elle m’avait tout offert. C’était trop cool d’avoir une copine comme ça ! Je l’aimais bien. Je l’aimais beaucoup même. J’aimais juste pas quand elle était avec d’autres personnes que moi. Alors je boudais. Mais elle revenait avec une glace au chocolat, ou des pâtisseries. Alors forcément.. Je lui tombais dans les bras. Et elle était toujours gentille. Enfin presque. Et elle me faisait des grattes grattes ! Bon elle était trop bien. Mais LÀ, c’était le test ultime ! Est-ce qu’elle pouvait vraiment m’offrir tout ce que je voulais ? GENRE.. Mon château en sucrerie dont je rêve depuis toujours ?!
C’était le grand jour, j’avais mis ma robe spéciale pâtisserie, une robe pull blanche, bariolée de diverses pâtisseries, mes baskets basse avec des bonbons dessus et mon serre tête sucre d’orge. Là, j’étais au top de ma forme ! Et j’avais faim ! Je devais apparemment rencontrer Apollon. Genre Apollon, le mec qui s’appelle comme le dieu de la beauté, il doit avoir des chevilles énormes !
- Oui, c’est bien moi ! Tu devrais le voir, Eulalie t’as pas dis que j’étais la plus jolie fille de l’univers ?! Bah comme t’as jamais vu mieux, c’est moi ! Et toi.. Apollon ? Franchement, tu dois être vachement fan de toi pour t’appeler comme le dieu de la beauté et des arts. T’as pas trop le melon j’espère, j’aime bien les gens humble moi !
Moi j’étais authentique ! J’annonçais juste les choses, mais j’étais pas à ce point autocentrée pour m’appeler genre.. Aphrodite. De toute manière Aphrodite n’était pas à ma hauteur, elle ne reflétait pas assez ma perfection donc... Figue. Figue c’était unique, personne s’appelait comme ça. J’étais la seule, et unique dans l’univers, parce qu’il fallait un nom unique pour une personne unique.
Mais notre discussion allait rapidement être coupée, puisqu’il allait m’emmener voir ce que j’attendais tant. NAAAN ?! Ca voulait dire que c’était vrai, Eulalie m’avait vraiment fait ce cadeau ?! Enfin techniquement c’était lui, mais bon, c’était Eulalie qui lui avait demandé, donc c’était la meilleure copine de tout l’univers !
En plus.. Alors qu’il me tendait un bras, je lui sautais dedans, pour qu’il puisse me rattraper et me porter comme une princesse. C’était aimable à lui de faire cette proposition, j’entrerais comme une reine dans ce magnifique château ! Je voulais le voir ! Absolument, maintenant !
- Vas y ! On y va ! Allééé ! Comme ça tu me déposeras comme une princesse dans le château !! Et pas de main baladeuse, attention ! Mêle si ça te donne envie !
Le prévenais-je en agitant mon index devant son nez. Gesticulant dans ses bras, je me figeais en entendant ses paroles ! Il disait que c’était parfait, qu’il était fier de ce qu’il avait fait.. Donc ça avait intérêt à être absolument sublime. Oh, j’étais tellement impatiente de le voir. A mesure que l’on s’approchait, mon cœur battait de plus en plus à la chamade. C’était encore mieux que la joie, que l’amour, c’était la passion. La passion du sucre ! Je tournais des yeux intrigués vers lui, à sa dernière remarque.
- J’aurais bien retourné le compliment, mais je veux d’abord voir el château ! S’il est beau, j’te fait l’honneur de t’épouser, promis ! ALLE VAS Y MONTREUUUH !!
Me balançant dans ses bras, j’essayais de le faire avancer plus vite. Quelques pas plus tard, nous arrivions sur une magnifique allée, entourée par des lampadaires. C’était magnifique, mes yeux brillaient, reflétant la lumière et le bonheur que j’éprouvais. Mais... Il restait une chose importante.
- Ils sont comestibles ? Et sucré ? Parce que je dois pouvoir TOUT manger dès que j’ai un peu faim ! Donc faut qu’ils soient comestibles, hein ! Sinon, tu seras responsable de ma mort par intoxication ou cassage de dent !
Il avait pensé à l’écologie, et tout le tintouin, mais franchement, ça, ça me passait en dessous des coussinets. Et au dessus des moustaches. Mais si ça lui faisait plaisir, c’était l’essentiel, moi du moment que ça se mangeait, j’étais heureuse.
Puis il enchaîna ses pas. Un, deux.. Trois.. Et... L’immense château en sucrerie se profila devant nous. Je levais les yeux, sautant des bras de l’Apollon pour pouvoir voir de mes propres yeux le château. C’était.. Absolument... Im.. Probable.
- C’est.. C’est..
Je n’arrivais pas à le faire sortir de ma bouche. C’ETAIT MON CHATEAU !! MON CHATEAU EN SUCRERIE !! CELUI DONT J’AVAIS RÊVE IL ETAIT ENCORE MIEUX QUE DANS MES REVES !! IL ETAIT MAGNIFIQUE !! Alors qu’une explosion de joie et des feu d’artifice éclataient dans ma tête, l’émotion fut si grande, que le monde se mit à tourner autour de moi. Puis tout devint noir. Tout.
Et boum, une belle bosse à l’arrière de la tête, après être tombé à la renverse, inconsciente.
