« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)
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| Conte : Sweeney Todd | Dans le monde des contes, je suis : : Mister T.
Un dernier coup de ciseaux. Juste une mèche à égaliser. Puis, Balthazar les garda levés tandis que de son autre main, il effleurait la chevelure de Kida.
"C'est parfait." estima-t-il sans cesser de l'observer avec attention.
Il appréciait le travail bien fait et il considérait avoir fait preuve d'excellence, comme à l'accoutumée. La jeune femme l'avait pressé de venir en lui réclamant une coupe susceptible de la rendre différente. Son impatience l'avait rendu curieux, car d'ordinaire, Kida était d'une nature pondérée. Il la connaissait depuis seulement quelques mois et ne la voyait que pour des rendez-vous concernant sa coiffure. Cependant, au fil de leurs entrevues, il avait appris à mieux la connaître. Elle était une des rares clientes qu'il appréciait pour autre chose que pour sa capacité à remplir son compte en banque. Elle lui avait révélé, entre autres, qu'elle n'avait aucun remords à avoir transformé un homme nommé Egéon à un état végétatif. Ce genre de prouesse forçait le respect. D'autres auraient pris peur et préféré ne plus jamais la voir, mais pas Balthazar Graves. Bien au contraire, cette anecdote la rendait diablement intéressante à ses yeux. Si d'apparence elle offrait un visage lisse aux allures angéliques, il n'ignorait pas le monstre de sournoiserie qui se cachait en elle. Il se demandait si un jour elle lui ferait l'honneur de le lui montrer.
Bien entendu, lui n'avait rien révélé de son passé. Il se montrait toujours aussi prudent. Malgré tout, il se surprenait à ne pas se forcer à se montrer agréable en sa compagnie. D'habitude, il devait prendre sur lui pour afficher une fausse sympathie envers ses clients. Avec Kida, tout était facile.
Elle était assise sur un tabouret en osier, dans le salon aux murs immaculés. Il se trouvait dans son appartement. Tranquillement, il posa la paire de ciseaux dorés, enleva la cape qui recouvrait la jeune femme et la replia pour ensuite attraper un petit miroir rond dans sa mallette. Sans un mot, il lui indiqua le miroir mural dans le couloir de l'entrée. Il la suivit tandis qu'elle s'y rendait et une fois qu'elle fut positionnée devant, il leva la glace qu'il tenait afin de lui montrer l'arrière de sa tête. Il aimait que ses clients aient une vue d'ensemble du travail qu'il avait effectué, malgré l'inconfort et le désagrément de l'absence de salon de coiffure.
"Vous vouliez être différente." fit-il remarquer tandis qu'elle s'observait.
Elle lui avait donné carte blanche, sans exprimer aucun souhait particulier. Il avait donc foncé fortement ses [url=https://zupimages.net/up/18/08/3b3u.png]cheveux[/ur] et donné du volume pour lui conférer un petit côté sauvage. Ses yeux bleu clair étaient encore plus saisissants au milieu de son visage pâle et anguleux. Il connaissait suffisamment la coquetterie des femmes -et celle de certains hommes- pour savoir qu'un tel empressement sans aucune réflexion n'était pas normal. Elle avait agi sous l'effet de l'angoisse. Il voyait très bien qu'elle semblait anxieuse, même si elle tentait de le cacher derrière sa fierté habituelle. Il savait aussi que les gens ont tendance à se confier à leur coiffeur, pour une obscure raison. D'ordinaire, il exécrait les confidences et s'en désespérait. Mais cette fois-ci, il était intrigué. Avait-elle fait quelque chose de mal au point de devoir changer d'apparence ? Dans ce cas, il devrait lui préciser qu'il faudrait davantage que de faire une teinture.
"Pourquoi cette envie subite de changer de tête ?" lança-t-il tout en baissant le miroir qu'il avait en mains. "Vous voulez... passer inaperçue ?"
Il laissa sa question en suspens, pivotant sur ses pieds pour retourner vers le salon et ranger son matériel. Il savait que Kida répondrait. Elle était l'une des rares personnes dont il appréciait la conversation, car elle ne se perdait pas en conjectures ou en paroles vides de sens. Tandis qu'il enveloppait la paire de ciseaux doré dans un papier de soie, lui-même enfermé dans un écrin de velours, une odeur de pâtisserie parvint jusqu'à ses narines. Cela devait provenir de la cuisine. Sans doute qu'un gâteau y cuisait. Ce parfum lui évoqua un souvenir ancien qu'il chassa aussitôt, car il était agrémenté de l'image d'une femme vêtue d'une robe sombre couverte de farine, occupée à aplatir de la pâte avec un rouleau à pâtisserie -et quelques cafards de passage sur la table. Il fut parcouru d'un frisson désagréable et remua les épaules. Malgré tout, il devait reconnaître que ce qui cuisait sentait nettement meilleur que les relents de souvenirs dans sa tête.
acidbrain
Kida
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Kida avait senti sa gorge se serrer quand il lui avait annoncé la touche finale, elle appréhendait ce qu’elle allait découvrir dans le miroir. Non pas qu’elle ne faisait pas confiance à Balthazar. Elle devait bien avouer que l’homme était doué dans son domaine et passionné. Il avait ce sens du détail que l’atlante appréciait particulièrement, elle qui ne laissait rarement les choses au dépourvu et qui était toujours empreinte d’une grande rigueur et analyse dans ce qu’elle faisait. Non ce dont elle avait peur ce n’était pas de ce que Balthazar avait fait d’elle, c’était plutôt le reflet de ce qu’elle renverrait à présent. C’était bien la première fois que la jeune femme faisait une transformation de ce genre. Elle s’était déjà souvent coupé les cheveux, chose inévitable si elle voulait encore ce mouvoir correctement mais la coloration était quelque chose de nouveau, d’inédit et de… contre-Nature. Elle avait pourtant pris cette décision, signe d'une intégration de plus en plus prenante, bien que refusant de renier ses croyances, car il fallait que tout cela cesse. Sherlock devenait de plus en plus prenant dans sa vie et ses pensées et le fait qu'il la fasse suivre ou tente de la rencontrer par le plus grand des hasard ne l'aidait pas à s'en détacher. Il fallait donc changer de tactique, passer inaperçue et le roux était une bonne façon d'y arriver.
Elle avait inspiré longuement, expiré avec la même lenteur avant de se planter dans le miroir pour contempler cette fille qu'elle ne connaissait pas encore. Elle était restée stoïque pendant les premières secondes, se contentant d'observer sans bouger un seul muscle de son corps. Puis, lentement, sa main était venue se poser sur ses cheveux pour les toucher, les caresser, se les approprier.
- C'est magnifique Balthazar. Merci beaucoup.
Elle lui avait sourit à travers le miroir pour lui montrer son contentement. Il avait semblé presque se justifier en lui rappelant que c'était elle qui voulait être différente et ça pour être différente, on pouvait dire qu'elle l'était. Elle avait pris encore quelques secondes pour s'observer tandi que l'homme était retourner vers le salon pour ranger ses affaires. Ses yeux ressortaient d'une manière qui semblait presque surnaturel à présent... On lui faisait déjà beaucoup de réfléxion sur ses prunelles lorsqu'elle était blonde, cela allait sans aucun doute s'amplifier mais ce n'était pas un oint qui la gênait. Au contraire, derrière cette couleur contre-Nature, ses yeux prenaient le relais pour lui rappeler d'où elle venait et il fallait bien avouer qu'elle se trouver assez jolie ainsi. Oui. Balthazar avait vraiment fait du bon travail. Il méritait de ce fait sans aucun doute une réponse à sa question, qu'elle avait laissé en suspens jusqu'alors.
En revenant lentement vers le salon, elle avait pris appui contre la chambranle de la porte, l'observant ranger son matériel, les bras croisés. Après un petit silence, elle lui lança, calmement, de manière complètement maîtriser :
- Je tente d'échapper à quelqu'un. C'est pour cela que je veux changer de tête. Disons que l'homme est plutôt charmant et qu'il se développe une certaine... "appréciation" mutuelle que je ne peux pas me permettre d'avoir alors...
Elle haussa les épaules en entrant dans la pièce :
- Je vais fait en sorte de passer inaperçu. Et ce n'est ps chose simple dans la mesure où il a embauché quelqu'un pour me suivre... Et il pense que je ne le sais pas.
Elle avait eu un sourire en coin, légèrement moqueur à l'adresse de Sherlock, tandis qu'elle regardait son coiffeur d'un oeil complice. Kida n'avait aucune crainte de parler avec lui. C'était assez étrange, comme si sa fonction lui donnait le droit d'en savoir plus sur elle, parce qu'il lui permettait de devenir coquette tout en l'enlevant d'un poids de la vie terrible. Il savait déjà par quoi elle était passée, ce qu'elle avait fait à Egéon, elle imaginait bien qu'il se doutait qu'elle ne se laisserait pas berner par un simple "enquêteur" ou "suiveur.
- Oui... je nous ai fait une tourte aux pommes et au beurre de cacahuète pour le goûter.
Elle avait eu un léger sourire mais avait senti ses joues rosirent instantanément quand elle avait annoncé son fait. Elle avait vu que Balthazar avait semblé intrigué par l'odeur qui se dégageait de la cuisine et qui devenait de plus en plus prenante à mesure que la cuisson venait à sa fin. Elle avait vu ses narines se dilater sous l'effet de l'odeur avant ce petit frisson étrange, qui devait sans doute le ramener à un souvenir intriguant. Son four venait de sonner la fin de son travail et Kida se dirigea directement vers la cuisine pour sortir son gâteau et éviter de montrer un peu trop longtemps sa gêne à Balthazar. Tout en prenant garde à ne pas se brûler, elle poursuivit son explication d'une voix forte pour qu'il puisse l'entendre du salon :
- Vu la rapidité avec laquelle vous m'avez prise et avez accepté mon challenge... je me suis dit que c'était la moindre des choses de vous remercier... en plus du paiement bien sûr. Et la dernière fois, vous sembliez si intéressé par la cuisine que je me suis dit que ça pourrait vus faire plaisir. C'est un petit quelque chose que j'ai appris à améliorer au contact de Robyn, dans sa pâtisserie.
Elle l'avait posé sur la table pour la faire refroidir tandis que Balthazar semblait l'avoir rejoins.
Balthazar Graves
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DEMAIN DES L'AUBE.
| Conte : Sweeney Todd | Dans le monde des contes, je suis : : Mister T.
L'individu que décrivait Kida avait le profil d'un psychopathe. Ou en tous cas, d'un homme à l'esprit dérangé. Et Balthazar était bien placé pour établir un avis sur le sujet. Cependant, il demeura silencieux, car il savait qu'un client parlait toujours ouvertement à son coiffeur, le prenant curieusement pour une sorte de psychologue. Kida était la seule personne qui ne l'importunait pas par sa présence. Il appréciait sa voix au timbre clair et posé, qu'il écoutait avec attention -contrairement aux autres clients. Il termina de ranger son matériel alors que la jeune femme s'éloignait pour se rendre dans la cuisine, le rose aux joues. Il fronça les sourcils, quelque peu décontenancé par ce détail visuel. Il prit tout son temps pour la rejoindre, plutôt amusé, tout compte fait. Il resta dans l'embrasure de la cuisine, croisant les bras et s'appuyant contre la paroi immaculée. Tout était bien trop blanc, dans cet appartement.
"Pourquoi ?" demanda-t-il brusquement.
Kida leva un regard interrogateur vers lui, par-dessus la tourte fumante qu'elle venait de sortir du four.
"Pourquoi ne pouvez-vous pas vous permettre d'être avec quelqu'un ?"
Sa question était incisive, posée sans aucune délicatesse. Il allait toujours au coeur des choses et ne s'encombrait pas des dommages collatéraux qu'il pouvait causer.
"Pas avec cet homme qui a tout d'un détraqué. Même si, vu que vous le trouvez charmant, il est sûrement déjà trop tard."
Il leva brièvement les yeux au ciel. Le coeur féminin, incompréhensible et inconstant... Il secoua légèrement la tête et se détacha de l'embrasure pour s'avancer dans la pièce avec une sorte de méfiance dans le regard. La cuisine n'était pas un endroit qu'il appréciait, surtout lorsqu'elle abritait les preuves de crimes de pâtissage.
Malgré tout, l'odeur des pommes mêlée à celle du beurre de cacahuètes diffusait en lui un drôle de fourmillement. Il s'approcha du plan de travail d'un pas hésitant, jetant un coup d'oeil sceptique à la tourte. Cette vision ne lui semblait pas du tout appétissante en raison de son passif, même s'il devait reconnaître qu'elle était plus dorée et équilibrée que celles de Mrs. Lovett.
"Le goûter." articula-t-il tout en fixant la tourte avec une moue. "Je n'ai plus pris de goûter depuis..."
Il se tut, réfléchissant, plongeant brièvement dans les méandres de ses souvenirs ternes et troubles.
"Je devais avoir cinq ans."
Il passa la langue sur ses lèvres ; un réflexe, comme une tentative de se rappeler... le souvenir des bonnes choses.
"Ma mère faisait un cake chaque dimanche, après la messe. Ou alors, c'était du pudding."
Confus, il se gratta le front. Mieux valait ne plus en parler. Ce n'était pas intéressant, de toutes façons. Et il se sentait accablé de le mentionner. Aussi, il prit Kida de vitesse pour se saisir du grand couteau posé sur la table, à côté de la tourte.
"Laissez-moi faire." dit-il, assuré, une lueur presque sournoise au fond des yeux. "Je coupe très bien."
Trancher des parts égales lui procura un plaisir singulier. Il avait l'impression que tout retrouvait sa place dans son esprit, dans l'équilibre précaire qu'il avait établi. Il repoussa les souvenirs anciens qui se volatilisèrent.
Puis, il prit une part qu'il posa sur une assiette et la tendit à Kida, avant de s'en servir une. Il garda le couteau un peu trop longtemps en main ensuite. S'en apercevant, il le lâcha dans un tintement et articula les doigts en déglutissant. La lame avait retrouvé sa place sur la table. Aucune raison de s'inquiéter.
"Alors, pourquoi ?" insista-t-il une nouvelle fois, préférant se concentrer sur le sujet futile des histoires de coeur de sa cliente pour ne pas penser au reste.
Il renifla un peu la tourte dans son assiette, attendant machinalement que la jeune femme commence à manger pour suivre le mouvement. Il nourrissait toujours une méfiance irrationnelle pour le contenu de ces choses-là.
"Son nom ?" lança-t-il subitement, tenant l'assiette en main sans y toucher.
Tout ceci commençait sérieusement à ressembler à un interrogatoire. Le barbier se moquait de se montrer impoli. Elle avait préparé le goûter, elle s'attendait donc à converser.
acidbrain
Kida
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| Conte : L'Atlandide, le monde perdu | Dans le monde des contes, je suis : : Kida
Ce que Kida appréciait chez son coiffeur, c’était sa façon d’aller droit au but dans tout ce qu’il disait, y compris ses questions. C’était une qualité appréciable que nombre de Surfaciens n’avaient malheureusement. Il y avait bien sûr le politiquement correct, la gêne, la courtoisie, tous ces codes de la société que les Atlantes ne possédaient pas et qui les auraient encombrés, assurément. Dans sa Cité, tout allait plus vite, tout était plus simple. Si on avait quelque chose à dire, on le disait, si on avait une question à poser, on la posait. Il n’y avait en rien un manque de respect derrière cette façon de faire. C’était juste que les Atlantes n’avaient pas tendance à se sentir comme sortant de la cuisse de Jupiter, se contentant d’idolâtrer la Nature et d’avoir une vie simple envers toutes ses créations. Balthazar lui rappelait un peu son peuple, c’était reposant de parler avec lui, contrairement à ce que devais penser bien nombre de ses condisciples. Elle avait relevé la tête pour le regarder d’un air interrogateur lorsqu’il avait posé son « pourquoi » incisif. Pourquoi quoi ? Elle allait avoir besoin de plus d’éléments s’il souhaitait une réponse… L’homme s’exécuta et elle se contenta d’hausser les épaules en plantant un couteau dans sa tourte pour en vérifier la cuisson.
Balthazar s’était approché d’elle d’un pas mesuré, réfléchit, comme un animal sauvage en proie à de la nourriture bien trop facilement placée sur son chemin. Les animaux avaient l’habitude de se battre pour manger, le mériter. Quand ils rencontraient alors une gamelle bien fournie, on pouvait observer en eux un combat hésitant, une forte méfiance face au possible piège à venir. L’homme avait l’air d’être dans le même état et les traits de son visage se tordaient par instant dans une expression de dégoût.
- Vous n’aimez pas les gâteaux ?
Son visage avait pris un air embêté. Si elle avait su, elle aurait sans doute cuisiné autre chose. Elle ne voulait pas le mettre mal à l’aise. Le savoir recevoir était une qualité extrêmement importante chez les Atlantes. Pour toute réponse, il lui expliqua qu’il n’avait pas l’habitude de prendre le goûter et Kida put voir l’effort de réflexion quand il se plongea au cœur du dernier souvenir de la sorte. La jeune femme eu alors un sourire sympathique et attendrit par la situation.
- Et bien disons alors que ce sera une nouvelle expérience. Là d’où je viens, le goûter est un repas à part entière. Il sonne la fin des activités journalières : chasse, pêche, culture.
L’homme se proposa de couper la tourte et son visage exprimait un tel ravissement que la rouquine lui accorda cette tâche de bon cœur. Elle l’observa avec une certaine fascination, constatant la lueur étrange et sournoise qui pointait dans ses yeux. Ce n’était pas la première fois qu’elle voyait apparaître ses troubles en lui, bien qu’il avait l’habitude de très bien cacher ses sentiments. Elle récupéra la part qu’il lui proposa et la posa sur la table avant de se tourner vers son armoire à tasse.
- Je me prépare du thé, vous en voulez ? Ou vous préférez le café ?
Elle s’affaira de son côté et entendit que Bathazar venait de lâcher le couteau un peu précipitamment. Elle mit son eau à bouillir et prépara sa boule à thé tandis que le coiffeur optait d’abord pour un café noir et serré… avec un soupçon de gin dedans. Mais il ne semblait pas non plus complétement sûr de lui. Kida décida alors de prendre les devants pour le sortir de son dilemme :
- Vous avez dit que vous n’aviez plus fait de goûter depuis l’âge de 5 ans n’est-ce pas ? Alors allons-y, faisons un vrai goûter d’antan !
La jeune femme stoppa l’ébullition de son eau et retira de sa tasse sa boule à thé. Elle en prendrait un plus tard. Si elle voulait que Balthazar joue le jeu, il fallait le jouer avec lui. Elle prépara alors avec soin deux chocolats chaud et se dirigea vers la table pour s’asseoir en face de l’homme qui la relançait avec sa question primaire. Malgré l’air léger du goûter et la boisson enfantine qu’elle leur avait préparé, la conversation était bien plus mature. S’embarrassant peu à l’idée de lui répondre, Kida se lança, tout en planta sa cuillère dans sa part de gâteau :
- Et bien disons… que jusqu’à présent, les relations amoureuses n’ont jamais été mon fort. J’ai passé une très grande partie de ma vie seule, j’ai tenté de tuer mon fiancé et j’ai fini par plus ou moins y arriver.
Elle avait dit cela avec toute la simplicité du monde, comme si elle n’avait fait que lui expliquer la recette de son gâteau. Sans rougir de son acte, elle reposa une mèche de cheveux rousse d’un revers de poignet avant de poursuivre :
- Et enfin, quand j’ai finalement rencontré quelqu’un avec qui tout irait bien. Il a disparu une première fois sans rien me dire à Londres… J’ai décidé d’entreprendre mon premier voyage pour le retrouver. Il m’a promis de revenir à Storybrooke très vite… et je n’ai plus jamais eu de nouvelles. Vous voyez, c’est pas mon fort. Et de toute façon, y’a plus important à faire en ce moment.
Elle avait haussé les épaules en tentant d’avoir l’air résolu. Parce qu’elle voulait être résolue à passer à autre chose, à se concentrer sur sa mission, celle de se rapprocher bien plus de l’Olympe, de comprendre leur mode de fonctionnement et ce que la Nature attendait elle ici-bas. Mais au fond d’elle, bien que sa tête acceptait cette évidence, son cœur faisait de la résistance, lui susurrant des « et si… » au creux de l’oreille qu’elle ne voulait pourtant plus entendre. Kida souleva la cuillère vers sa bouche et se stoppa net en voyant que son compagnon de goûter semblait bien décidé à la voir avaler son morceau avant de tenter à son tour l’expérience. Avait-il peur qu’elle l’empoisonne ? Pouvait-elle lui en vouloir de le croire ? Après tout, Egeon avait commencé sa descente aux enfers en buvant un verre qu’elle lui avait proposé. Il demanda alors brusquement le nom de l’auteur de tous ses tourments et Kida enfourna sa cuillère dans sa bouche avant de prendre une expression qui signifiait clairement « tu vois, il n’y a rien à craindre. » Avec un sourire elle lui désigna sa boisson avant de préciser aimablement :
- Si vous voulez, je peux également boire une gorgée de votre chocolat pour vous prouver que je n’ai rien mis de toxique là-dedans non plus.
Elle eut un sourire malicieux avant de prendre une gorgée de son thé et de lui poser à son tour une question. Après tout, ils étaient là pour discuter non ? Et elle avait déjà beaucoup dit d’elle-même alors que lui restait en dehors de tout cela. S’il voulait le nom, il allait devoir coopérer.
- Ça fait longtemps que vous n’avez plus tué personne ?
Voyant le regard qu’il lui lançait elle se contenta de préciser :
- Je suis une guerrière. Et une chasseuse. Concéda-t-elle d’un hochement de tête. Je sais reconnaître ceux qui ont déjà donné la mort. Ce sont les yeux qui nous trahissent. Il y a toujours une autre lueur quand on a passé le rideau… Et votre façon de découper, de fuir les couteaux en disent long sur votre état d’esprit. Vous avez fait partie d’un gang ?
Elle avait commencé à lire beaucoup de livre. C’était comme cela qu’elle connaissait les histoires de gang et de mafia. Pour lui expliquer le fond de sa pensée, elle précisa :
- Vous semblez méfiant sur toute la nourriture que je vous donne et l’idée que vous puissiez avoir peur de mon côté un peu plus meurtrier m’étonnes un peu donc… je me dis que c’est une question d’habitude.
Elle ne voulait pas le froisser ni même le juger, juste en apprendre plus sur lui. Beaucoup avaient ici des histoires passionnantes et si différentes. Beaucoup de choses pouvaient se comprendre quand elles étaient expliquées. Balthazar semblait par moment aussi froid que perdu. Une âme en peine que Kida avait décidé d’épauler.
Balthazar Graves
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Balthazar fixa la tasse fumante devant lui avec l'ombre d'une grimace. Il n'appréciait guère le chocolat sous toutes ses formes. Et il mangeait uniquement pour s'alimenter et non pour assouvir une envie quelconque. Il mordit donc dans la part de tourte sans en éprouver aucun plaisir. Le gâteau était correct : la pâte moelleuse et croustillante à la fois, les pommes excellentes, mais il aurait été incapable d'en définir les autres ingrédients. C'était sucré et il y avait un goût d'arachides. Il ne poussa pas son investigation plus loin : cela ne l'intéressait pas. Après une seule bouchée, il posa la part sur l'assiette et se contenta de fixer sa cliente tandis qu'elle racontait ses déboires amoureux. L'expression de son visage était à la fois sérieuse et aiguisée. Lorsqu'elle évoqua sa tentative d'assassinat envers son fiancé, une lueur intriguée brilla dans le regard du barbier. S'agissait-il de ce dont elle lui avait déjà parlé, ou mentionnait-elle quelqu'un d'autre, encore ? Il supposa qu'elle n'avait eu qu'un seul prétendant sérieux jusqu'à ce jour, puisque l'autre lui avait fait faux bond à Londres.
Par défi, il attrapa l'anse de sa tasse et la porta à ses lèvres. L'odeur du lait chaud combiné au chocolat lui souleva le coeur. Malgré tout, il but une gorgée, avec laquelle il s'étrangla en entendant la question inopinée de la jeune femme :
"Ça fait longtemps que vous n’avez plus tué personne ?"
Il toussa plusieurs fois, la gorge en feu, avant de la dévisager, plein de méfiance. Comment pouvait-elle savoir ? Il s'appliquait à demeurer irréprochable en tous points de vue. Certes, il y avait eu de légers dérapages incontrôlés, comme les coups et blessures sur un rival au séminaire de coiffure à New York, mais au final, il n'avait pas été accusé. Il savait toujours comment s'en sortir, comment brouiller les pistes.
Il se redressa face à la table et posa l'assiette, reculant d'un pas comme pour partir sans lâcher Kida des yeux. La conversation n'était pas censée se dérouler ainsi. Sa curiosité était piquée à vif. Il n'était pas vraiment anxieux. Tout homme qui respire est une menace. Il vivait avec cette épée de Damoclès depuis des années.
Comment savait-elle ? Il écouta donc ses propos d'une oreille attentive et patiente. Un rictus sincèrement amusé fendit son visage en entendant le dernier mot. Un gang ? Il s'imagina coiffé d'un chapeau de gangster à déambuler dans les ruelles sombres, un revolver caché dans son manteau. C'était ridicule.
"Je n'ai pas peur." articula-t-il sans se départir de son rictus. "Je vous trouve... charmante."
S'agissait-il d'un compliment ? Probable. Balthazar n'en était pas coutumier, il ne s'en formalisa donc pas. Il appréciait la façon dont raisonnait cette femme. C'était diablement rafraîchissant. Il n'accordait sa confiance à personne, cependant il envisageait la possibilité de ne pas s'en faire une ennemie, mais quelque chose qui se rapprocherait de sa définition opposée. Peut-être. La vie lui avait appris à ne se fier à qui que ce soit.
"Je travaille seul." lança-t-il, le regard presque pétillant. "Je ne ferais plus jamais l'erreur de m'encombrer de quelqu'un. Autrefois, j'ai eu une... associée."
Une ride contrariée barra son front à l'évocation de Mrs. Lovett. C'était toujours extrêmement désagréable de penser à cette femme.
"Elle a fini par prendre un coup de chaud." précisa-t-il avec un sourire carnassier.
Sa dévotion ne lui avait jamais figuré autre chose que du mépris et de l'exaspération. Elle avait été utile, c'était certain. Mais il ne préférait pas admettre qu'il devait éprouver envers elle une sorte de reconnaissance. Surtout qu'elle était responsable du meurtre de Lucy. S'il avait pu, il lui aurait jetée toute la faute. Hélas, il ne le pouvait pas. Il portait cette culpabilité comme un fardeau bien trop lourd, et à jamais. C'était lui qui avait dessiné un triste sourire écarlate sur la gorge de sa femme, lui qui avait ouvert la trappe pour qu'elle se rompe les os six pieds plus bas, dans la cave putride.
Il sentit l'air se raréfier dans ses poumons et instinctivement, il porta la main à sa poche de pantalon. Il en sortit son étui à cigarettes ainsi que son briquet. Il n'est jamais bon d'ouvrir la fosse aux souvenirs.
"Ca dérange ?" demanda-t-il d'un ton bourru.
Se moquant de la réponse, il en alluma une qu'il porta à ses lèvres pour inspirer une profonde bouffée de tabac. Il resta crispé tout en ayant l'illusion d'aller un peu mieux. C'était sa seule méthode pour oublier. L'autre, c'était de boire, mais il n'était pas certain que Kida ait de l'alcool à disposition. De plus, il ne pouvait risquer d'avoir des allures d'ivrogne auprès d'une bonne cliente. Ce serait malvenu.
"Trop longtemps." répondit-il tardivement à la question, tout en expirant un panache de fumée d'un air abattu.
Il resta pensif quelques secondes. Il lui aurait fallu un hobby pour exorciser son obsession. Hélas, rien ne lui paraissait aussi exquis que de donner la mort. Il ne souhaitait pas perdre son temps en de vaines activités ennuyeuses.
"Pâtisser occupe suffisamment l'esprit ?" demanda-t-il brusquement, tout en jetant un coup d'oeil dubitatif à la tourte. "Je veux dire... ça fonctionne sur vous ?"
Ils étaient tous deux très différents, mais animés par la même pulsion sadique. Se pouvait-il que cette activité lui corresponde également ? Il n'avait aucun penchant pour la cuisine et il ne nourrissait aucune illusion, mais il se sentait d'humeur à s'y employer. Ou tout du moins à en apprendre plus à ce sujet.
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Kida
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Le barbier lui avait précisé avec une telle intensité qu’il n’avait pas peur d’elle, qu’elle n’avait pu que le croire. Son visage semblait parfaitement calme et ses yeux transpiraient une sincérité qui aurait pu être dérangeante pour quelqu’un qui n’aurait sans doute pas été Kida. Sa façon de répondre était presque un défi, une certitude que si le jour venait qu’ils se retrouvent face à face, il aurait forcément le dessus. Mais Kida avait quelques atouts dans son sac qui lui permettait de douter de cette théorie et la rassurait quant à la relation qu’elle entretenait avec l’homme. Son compliment en revanche la laissa complément désarmée en une fraction de seconde. Elle avait préféré baisser les yeux vers sa boisson, en prit une nouvelle gorgée avec bien plus de concentration qu’il n’en fallait, tandis qu’elle pouvait sentir ses joues rosirent. Non pas qu’elle était intéressé par l’homme en face d’elle, mais recevoir un compliment n’était jamais chose aisée pour elle et il prenait un goût d’autant plus gênant quand il était prononcé par quelqu’un qui, de toute évidence, n’avait pas l’habitude d’en donner. Cela prenait une dimension presque biblique et fantastique tant la situation semblait improbable…
La jeune femme se racla la gorge pour dissiper la gêne et reposa sa tasse tout en précisant, se devant à son tour de faire cet effort sur humain :
- J’apprécie votre compagnie Balthazar… avec vous j’ai l’impression de pouvoir parler plus… « librement » de choses qui semblent d’ordinaire dépasser les Surfaciens.
Ce n’était sans doute pas un ami… ce n’était peut-être d’ailleurs pas ce qu’il cherchait, mais il s’apparentait à quelqu’un qui pouvait devenir un de ses proches. Il avait une façon de voir les choses qui était nouvelle pour elle, à mi-chemin entre la moral de la Surface et les croyances de l’Atlantide. Comme pour tout, elle n’était pas entièrement d’accord avec sa façon de réagir ou ses agissements, comme cette dame qui avait eu un « coup de chaud ». Le meurtre était toujours justifié dans ses traditions. Tout était question de rétablissement de l’équilibre, de la Force. Elle ne tuait pas pour le plaisir, juste parce qu’il y avait un devoir ou une obligation de le faire, quand Mère Nature avait besoin d’aide en quelque sorte. Du côté de son coiffeur, le meurtre semblait plus inutile, plus pulsionnel et proche de son plaisir… quelque chose qu’elle ne pouvait pas accepter dans ses coutumes mais qu’elle comprenait… cela faisait partie de sa Nature. Et la Nature de tout être était respectable.
- Je pense que nous ne sommes jamais mieux servis que par soi-même.
Elle avait planté sa fourchette dans sa part de tarte tandis que l’homme fumait sa cigarette, l’air ailleurs. Il s’était donc fait trahir au moins une fois dans sa vie. Il l’avait vraisemblablement si mal vécu qu’il s’était senti obligé de tuer cette personne d’une manière atroce. De ce que la nouvelle rousse en comprenait, elle avait sans doute du brûler vive ou mourir dans une pièce où la chaleur l’avait lentement desséchée, comme un sauna par exemple. Il ne semblait pas avoir de remords mais d’autres démons partageaient son esprit, le poussant à inspirer et expirer ces bouffés de fumées néfaste. Il n’avait pas attendu sa réponse pour l’allumer et elle n’avait donc pas prit la peine de lui répondre, se contentant juste d’ouvrir la fenêtre pour faire entrer un peu d’air frais dans la pièce. Appuyé sur son rebord de fenêtre, les bras croisés, elle réfléchissait à ce qu’il venait de lui demander. Il voulait visiblement se libérer de sa pulsion d’une manière ou une autre avant de devoir de nouveau commettre l’irréparable. Elle voulait véritablement l’aider, il méritait une réflexion plus poussée sur le sujet. Elle se souvint alors de la satisfaction intense que l’activité provoquer sur elle, son envie de chantonner, de faire les choses avec une précision chirurgicale. Cela demandait de la concentration et libérait donc son esprit de toute autre distraction…
- D’une certaine manière, cela fonctionne oui. Disons que le temps de la préparation, si vous avez le goût des choses bien faite – et je sais que vous les avez (elle lui montra une mèche de ses cheveux avec un sourire) – vous ne pensez plus à rien d’autre. Cela m’aide parfois à y voir plus clair, à ranger les cases qui doivent être rangées dans mon esprit… Certaines activités défoulent plus que d’autres… personnellement, j’aime beaucoup pétrir les différentes pâtes : la feuilleté, la brisée, la sablée… j’aime la sensation de la matière sur mes mains, j’aime l’idée d’écraser, de sentir mes doigts s’enfoncer dans la chair ou encore mes poings s’abattre dans un bruit sourd sur une pâte à Pizza. Vous…
Elle s’était dirigée vers le reste de la cuisine et observait ses placards et ses tiroirs avec attention, comme si elle pouvait voir à travers ce qu’ils contenaient. Nul besoin d’ouvrir quand on avait une mémoire. Elle se tourna alors brusquement vers lui avant de lui montrer le couteau usé d’un signe de tête :
- Peut-être que vous devriez plus vous concentré sur la découpe ? Les fruits, les légumes, la viande… vous avez l’air d’avoir un penchant plutôt tranchant alors… si vous voulez que cela fonctionne, autant utiliser ce penchant sur autre chose qu’un être humain, qu’en pensez-vous ?
Elle lui lança un grand sourire, satisfaite de sa proposition… qui pouvait d’ailleurs amené à une autre…
- Si… si vous le désirez, je pourrais peut-être même vous aider ? Vous apprendre quelques recettes pour que vous puissiez vous perfectionner et aller de l’avant seul par la suite…
Elle s’approcha du reste de part de tarte qu’elle avait pour soulever la pâte du dessus, mettant les pommes à découvert.
- Après tout… Il faut de tout pour faire un plat… moi je préfère la pâte et vous… la découpe.
Elle lui lança un sourire en coin complice. Elle n’était pas certaine que cela lui conviendrait entièrement, après tout, ils n’étaient pas similaires en tout point. Ils avaient juste une convergence commune vers le meurtre même si les raisons n’étaient pas les mêmes. Mais cela lui fit penser à quelqu’un d’autre, chez qui elle avait vu la même lueur au fond des yeux mais avec qui elle n’avait pas encore eu vraiment l’occasion de parler si ce n’était pour tenter de fermer le Rabbit Hole alors qu’il était encore maire.
- Il y a des chances que cela vous plaise… Après tout, Monsieur Aloysius Black est très bon cuisinier de ce qui se dit en ville. Je n’ai pas encore eu l’occasion de manger chez lui-même si l’invitation a été lancée… et… il semblerait que lui aussi ai un certain penchant qu’il tente de contrôler…
Elle ne savait pas vraiment si elle avait le droit de dire une chose pareille. Après tout, l’ancien maire était loin d’être un ami, tout au plus, juste une connaissance. Il n’apprécierait peut-être pas que sa Nature soit révélée comme cela mais le barbier semblait être assez discret sur le sujet et les deux hommes avaient peut-être une affinité dans la matière un peu plus proche de celle qu’elle n’avait avec lui… Kida se rassit pour terminer sa part en deux coups de cuillère tout en continuant à réfléchir sur cette possibilité. Elle avait l’habitude de pâtisser à son travail même si Robyn n’était plus vraiment présente par son rôle de shérif. Sa coéquipière lui manquait un peu, elle aimait bien cuisiner avec quelqu’un, même si la jeune blonde avait plutôt tendance à faire ses sucreries dans son coin avec un calme absolu lors de la préparation. Peut-être que le silencieux barbier qu’elle avait en face d’elle serait un bon nouveau compagnon de cuisine ? Elle se rendit alors brusquement compte qu’elle n’avait toujours pas répondu à sa question alors qu’il avait répondu de bonne grâce à toutes ses demandes. Sa part du contrat avait été largement remplie, chacun s’était livré sur son moi profond, il était désormais tant qu’elle paye de nouveau sa part.
- Sherlock Holmes.
Elle se sentit rougir brusquement rien qu’en annonçant le nom. Les yeux rivés sur son assiette vide, elle précisa rapidement :
- C’est le nom de l’homme qui je tente de fuir…et qui me cause ces tourments.
Balthazar Graves
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Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.
DEMAIN DES L'AUBE.
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Surfaciens. Le terme était étrange, à l'image de la jeune femme. D'ordinaire, les bizarreries de cette ville le laissaient indifférent. La majorité des gens était excentrique. Il ne s'en approchait guère, uniquement pour les coiffer et les raser. Chacun avait un passé laborieux. Ancien animal, prince, reine, dragon, monstre de foire... C'était pitoyable. Cette métropole était un immense cirque d'étrangetés. Les olympiens étaient venus y mettre leur grain de folie.
Le barbier écoutait Kida tandis qu'il fumait sa cigarette. Cela faisait longtemps qu'il n'avait plus apprécié une conversation. Habituellement, il se forçait à établir le strict minimum d'une discussion pendant qu'il coiffait ses clients, et les laissait parler ensuite. Certains mauvais jours, il restait emmuré dans le silence pendant qu'il faisait son travail.
La jeune femme décrivait sa passion pour la cuisine avec une précision qui lui rappelait la sienne pour le meurtre. Il ne connaissait rien de plus exaltant que de faire glisser son rasoir sur la gorge de quelqu'un. Arracher la vie d'un corps palpitant. Voir son regard se voiler. Puis, plus rien. Rideau. Il aimait la montée d'adrénaline très vite supplantée par une sensation d'apaisement. Cela ne durait jamais longtemps. Mais c'était suffisant. Il savait que la cuisine ou le pâtissage ne le rendrait jamais aussi complet que le contentement de l'assassinat, mais la compagnie de Kida lui convenait suffisamment pour qu'il s'y essaye.
"La découpe me semble être une bonne alternative." déclara-t-il tout en écrasant sa cigarette dans son assiette.
Il avait cherché un meilleur endroit pour le faire, mais n'en avait pas trouvé.
Il garda les mots "Aloysius Black" dans un coin de sa tête. Il savait peu de choses de lui, hormis qu'il avait été maire. D'après Kida, il avait lui aussi des choses à cacher.
"Nous sommes tous des bombes à retardement."
C'était ainsi qu'il se figurait les êtres humains. Ils avaient tous des secrets bien gardés qu'ils craignaient de dévoiler, à plus ou moins grande échelle. Pour certains, il s'agissait de petites bévues de jeunesse. Pour d'autres, c'était tout un cimetière qu'ils gardaient enfouis dans leur âme.
Balthazar baissa les yeux sur sa part de tourte qu'il n'avait pas fini, juste à côté du mégot de cigarette. Il mangeait très peu, n'ayant guère d'appétit. Pour autant, il n'était jamais rassasié. Il vivait avec une perpétuelle faim de quelque chose qu'il n'obtiendrait jamais. Il leva la tête vers Kida qui venait de terminer sa part de gâteau.
"Sherlock Holmes."
Ces mots provoquèrent un frisson désagréable le long de l'échine du barbier. Son visage se contracta alors qu'il braquait un regard surpris en direction de la jeune femme. Peu à peu, son expression se teinta de mépris. Inévitablement, elle venait de le décevoir. C'en était toujours ainsi. Les gens finissaient toujours par se montrer décourageants.
"Vous ne fuirez jamais suffisamment loin." grommela-t-il d'un ton sec, légèrement agressif. "Holmes est un obstiné. S'il a jeté son dévolu sur vous, il n'existe aucun endroit sur terre où vous cacher."
Il continua de la fixer, la mâchoire contractée. Enfin, après un petit silence, il ajouta :
"Je plaisante."
Malgré tout, il n'esquissa aucun rictus, et le ton de sa voix laissait une immense place au doute.
"Vous devriez envisager de quitter la ville."
Il attrapa sa cuillère et entreprit de couper brutalement la part de tourte en minuscules morceaux identiques. Une façon de se détendre. Il ignorait pour quelle raison cette nouvelle le plongeait dans une sorte de rage sourde et d'agacement. C'était dérangeant.
"Là, je ne plaisante pas." fit-il en braquant de nouveau son regard perçant sur Kida.
Holmes était un acharné. Si elle tentait de le fuir, mieux valait qu'elle déménage dans une autre ville, voire un autre continent. La suivrait-il ? Probablement. A cette pensée, Balthazar serra le poing autour de sa cuillère et réduisit les morceaux de tourte en miettes.
"La découpe ne me plaît pas." maugréa-t-il brusquement.
Jetant un vague coup d'oeil au carnage dans son assiette, il lâcha la cuillère dans un bruit tintant et se leva d'un bond pour se diriger vers le couloir dans l'intention de récupérer son matériel de coiffure.
"J'ai encore beaucoup de travail." maugréa-t-il sans savoir si elle l'avait accompagné jusqu'au salon.
Le monde était décidément trop petit. Le destin, toujours aussi railleur, avait décidé que le détective croiserait encore la route du barbier par le biais d'une atlante. Qu'en serait-il, la prochaine fois ?
Il attrapa son manteau accroché au porte-manteaux blanc. Au moment de l'enfiler, il laissa échapper un soupir. Kida était-elle juste derrière lui ? Il préférait rester dans l'expectative pour ce qu'il s'apprêtait à dire. C'était peut-être mieux qu'elle ne l'entende pas. Fixant le mur devant lui, il articula à voix basse :
"Vous devriez réfléchir à ce que vous tentez de fuir. Le bonheur, on n'en a qu'un seul."
Il resta obstinément focalisé sur le mur immaculé alors qu'il enfilait son manteau. Avait-elle entendu ce précieux conseil ? Il était bien placé pour le savoir. Son bonheur, il l'avait perdu depuis longtemps. C'était une joie immense qui se transformerait tôt ou tard en souffrance abyssale. Inévitable. Ce n'était pas nécessaire de lui dire. Elle connaissait la douleur.
"Ne le laissez pas passer."
La souffrance est parfois une bénédiction.
acidbrain
Kida
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| Conte : L'Atlandide, le monde perdu | Dans le monde des contes, je suis : : Kida
Le revirement de situation avait été si brusque que Kida en avait encore le tournis. Elle était apparue abasourdie face aux premières révélation du barbier qui semblait apparamment connaître Sherlock et ne pas en penser que du bien. Y avait-il même du bien à en penser selon lui ? Cela n'était clairement pas apparent. Les yeux écarquillé par la surprise, la bouche légèrement entreouverte, elle sentit son rythme cardiaque s'accélerer brusquement lorsqu'il lui annonça qu'il n'y avait pas d'endroit sur terre qui sauraut la cacher du détective. Il disait plaisanter mais il n'en avait pas l'air. Pas du tout même. La situation était oppressante, Kida n'avait jamais aimé ce sentir exposée de la sorte. Elle avait l'impression de n'être qu'un petit insecte dans un bocal de verre, qu'une personne infiniment plus grande et plus puissante pouvait observer sous tous les angles. Qui pourrait chambouler sa vie, son équilibre au moindre mouvement du bocal. Et bien sûr, tout comme l'insecte, elle avait l'impression d'être piégée, de ne pas pouvoir l'empêcher. De n'être qu'une marionnette prête à subir.
Elle avait déjà un Titan qui hantait ses pensées de la sorte. Elle le voyait parfois dans ses rêves la nuit, même si elle savait qu'elle ne devait son apparence, sa silhouette menaçante, qu'aux souvenirs des autres Atlantes qui avaient croisés sa route, elle-même ne l'ayant vu que trop peu de fois et si petite que tout souvenir s'avérait flou. Elle se savait liée à lui, elle avait son nom gravé dans sa peau et jusqu'à présent, c'était lui qui tenait le bocal. Se pouvait-il alors qu'il y ai plus d'un bocal ? Un bocal dans un autre à la manière de ces poupées gignognes qui l'angoissait ? Tout en dehors, Chronos. Dans la première Sherlock. Et la seconde... elle ? Kida se figurait pourtant être si libre de ses mouvements, de ses pensées, de ses décisions... se trompait-elle à ce point.
Elle resta silencieuse alors que l'homme reprenait la parole. Voilà qu'il lui proposait de quitter la ville. Il ne plaisantait pas... et la différence n'était pas bien prenante entre la tête qu'il faisait à présent et celle qui faisait quand il avait notitifié sa plaisanterie. Ses yeux bleus s'étaient rivés sur la cuillèe qui tapait avec une violence non discutable l'assiette, réduisant en charpie le reste de part de gâteau. Elle avait réveillée en lui une de ses pulsions, il ne parvenait pourtant pas à s'en détourner. devait-elle agir ? L'endormir d'une impulsion sur ses nerfs cervicales ? Et voilà pourtant qui s'était déjà levé, qu'il fuyait...
- A... Attendez...
Sa demande n'avait pas été plus élevée qu'un souffle d'air. Trop choquée par tout ce qu'elle entendait et voyait, terrorisée à l'idée qu'elle perdait peut-être cet ami qu'elle esperait se faire au fil des minutes, elle n'avait rien trouvé de mieux à faire que de bredouiller avant de se remettre sur ses jambes et de le suivre à grandes enjambées. Il avait déjà attrapé son manteau quand il lui donna le coup de grâce, le conseil de trop qui renversait tout ce qu'il avait dit avant, qui contredisait aussi sa volonté soudaine de la voir s’enfuir. Elle avait levé la main pour l'attrapé mais il avait déjà passé la porte, la claquant derrière lui et sa main blanche ne se referma que sur du vide... un courant d'air.
Tremblant de toutes ses membres, elle avait tourné la tête et son regard avait croisé celui de son reflet du miroir. Elle se voyait rousse et désemparée. A l'aide de ses deux mains, elle repoussa ses cheveux en arrière en les plaquant. Ses mains avaient arrêté leur course sur ses cervicale, elle s'était approchée de la porte d'entrée et avait glissé vers le sol, son dos contre la porte, les genoux repliés.
Vous devriez réfléchir à ce que vous tentez de fuir. Le bonheur, on n'en a qu'un seul.
Qu'avait-elle fait ? Et qu'avait-il vécu ? Elle leva les yeux vers le plafond, désamparée et ébranlée par ce conseil qui semblait si authentique qu'elle ne pouvait pensé qu'il n'avait pas vécu une telle situation. Avait-il tenté de fuir l'amour de sa vie avant qu'elle ne disparaisse ? S'était-il rendu compte trop tard que le bonheur valait bien la douleur qu'il pouvaut nous donner et qu'il était toujours plus valable qu'une vie de résignation et d'aigreur ? Etait-elle vouée à devenir comme lui si elle n'écoutait pas son coeur ? Essayait-il de la sauver, l'appréciait-il finalement toujours? Tellement de questions, si peu de réponses. Balthazar Graves était définitivement entré dans sa vie à grand fracas. Plus comme simple coiffeur, mais comme un ami qui ne voulait peut-être pas le devenir. Un ami qui avait besoin d'aide... autant qu'il venait peut-être de l'aider...