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 Prepare for War » Evil Tiger

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Antropy Tiger
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Antropy Tiger

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Prepare for War » Evil Tiger - Page 2 _



________________________________________ 2018-04-07, 16:36


& I'm loosing my mind
Trying to find the perfect line


A partir de ce jour-là, j’ai découvert que je pouvais m’autoriser à sortir dans l’appartement. Être hors de ma chambre me procurait de très étranges sensations, comme une liberté retrouvée et une oppression qui disparaissait peu à peu. Je ne mangeais pas plus et j’étais toujours assez méfiant du moindre bruit suspect, mais j’avais retrouvé la présence de ma fille et un semblant de confiance suffisant pour ne pas m’enfuir en courant lorsque Carlisle rentrait. Les premiers jours je repartais rapidement avant qu’il ne me voit, le cœur battant et le souffle court tandis que mon corps tremblait des pieds à la tête. C’était plus fort que moi. Plus intrinsèque et inconscient quand on y pensait… J’étais incapable de supporter sa présence, alors qu’à d’autres moments il m’était possible de même échanger quelques mots avec lui. Je savais qu’il attendait quelque chose. Qu’il espérait et pourtant je le voyais peu à peu baisser les bras. Je me mordais la joue de ne pouvoir rien y faire, de ne pas parvenir à résoudre cette équation mais c’était comme si ma tête refusait délibérément d’écouter mon cœur : l’un me criait de me ruer dans ses bras et l’autre s’évanouissait de terreur à cette simple idée. Je ne comprenais pas. Je ne parvenais pas à saisir pourquoi j’avais la sensation de l’aimer tellement… et de le haïr au plus profond de mon être.

Un jour, je suis entrée dans la pièce qui devait être sa chambre. J’ai pris une grande inspiration et j’ai baissé la poignée, m’aventurant dans cet endroit avec l’appréhension d’un adolescent en train de faire la pire bêtise de sa vie… La sensation qui m’a cueillie à l’arrivée était comme je le craignais : mon ventre s’est tordu d’une crainte inexpliquée et j’ai aussitôt eu l’envie de faire demi-tour. Serrant mes doigts sur la poignée, chancelant au point de me raccrocher au chambranle, j’avais eu besoin de prendre de grandes inspirations pour essayer de me calmer. Il n’était pas là. Je l’avais vu et entendu partir. J’étais seul dans l’appartement et Tasha dormait dans sa propre chambre. J’étais seul. Je me le répétais comme un mantra tandis que je faisais le premier pas dans cette pièce respirant un arôme singulier. Familier. Le lit était sommaire, strictement fait au carré, sans aucune fioriture. Une étagère métallique avec quelques biens impersonnels. Je ne m’attendais pas à trouver des cartons empilés et, un instant, je cru que j’allais trouver là les pires objets de torture ou que savais-je encore… Mais en lieu et place de poignards ou d’autres armes, je mis la main sur des vêtements qui me rappelaient quelque chose. Sweat. Jeans. Tee-shirts colorés. Chemises à carreau… J’en pris une et enfoui mon nez dedans. L’odeur de lessive était agréable. Rassurante en un sens. Je reconnu l’un des logos sur l’avant.

Ces affaires, c’étaient les miennes.

Plus les secondes s’égrainaient et plus je me rendais compte à quel point Carlisle devait souffrir de la situation. J’eu un haut le cœur, plus lié à mon désespoir de lui faire autant de mal malgré moi que par la réelle sensation de malaise encore trop présente. Des affaires étaient pliées sur un meuble en bois clair, des chemises impeccables au toucher agréable. Pourtant, à peine les eu-je frôlées qu’un tremblement s’empara de mon corps et je reculais vivement. Chemises. Il avait toujours des belles chemises. Des cravates impeccables. Des mocassins cirés… Je me rappelai en avoir déchiré une et, un instant, je cherchai les manches qui pourraient y correspondre. A mon grand soulagement, aucune ne portait de stigmates d’un quelconque duel. Le goût du sang s’empara de ma bouche tandis qu’un éclair douloureux traversait mon crâne à ce souvenir, me faisait gémir malgré moi. Je reposai fébrilement le tas de vêtements et reculai prestement, cognant contre l’étagère métallique. Un seul meuble et il fallait que je le renverse. Légèrement. Suffisamment.

Il y eut un bris de verre : un flacon venait d’éclater contre le plancher. Ce n’était plus très solide ce genre de choses… Paumes ouvertes pour retenir un livre avant que celui-ci ne s’écroule, je fus soudain pris d’une nausée encore plus violente que les précédentes. Je retins de justesse le haut-le-cœur en me courbant en deux, m’appuyant sur le bord du lit, marquant le drap. La sensation fut encore plus insupportable, mes jambes flageolèrent avant de flancher et mes genoux cognèrent contre le sol. Je tentai vainement de garder un minimum de contenance ou, au moins, d’esprit logique. Mes doigts tremblèrent en voulant ramasser les éclats de verre du parfum mais je fus pris de violents spasmes, me coupant malgré moi sur l’un des morceaux. La première goute de sang perla. Suivie d’une seconde. Je fixai avec atrocité ce résultat de ma maladresse, à deux doigts de hurler d’une terreur inexplicable. S’en fut trop. Le parfum me montait à la tête et me la vrillait dans tous les sens, j’avais envie de vomir et mon cœur manqua un battement quand je vis le filet carmin glisser dans ma paume. Ça recommençait. Ça allait recommencer. Ça ne… devait pas…

Je tentai de me relever. Infructueux. Je m’écroulai en travers du plancher, désespéré, terrorisé par mes propres démons, chassant quelque chose d’invisible de toutes mes forces. Je n’aurais pas dû rentrer ici. Je n’aurais pas dû venir ici. Je pleurai au moment où je perdis connaissance, noyé de cette effluve qui m’enveloppait d’un étau de cauchemars.

Il ne m’a jamais engueulé pour ça. Il ne m’a pas frappé ou insulté, il n’a jamais abordé le sujet d’ailleurs. Je sais pourtant que c’est lui qui m’a ramassé et remis dans ma propre chambre, parce que je me suis réveillé à un moment et que je tenais fermement un pan de sa veste entre mes doigts. Quelque chose me caressait la tête et c’était agréable. Tellement rassurant. Tellement… Je me suis rendormi rapidement, les joues sèches de ces larmes incapables d’accepter la situation.

Je lui faisais du mal. Et je m’en faisais aussi. Je l’aimais, bon sang. Je le savais que je l’aimais. Alors pourquoi était-ce aussi dur de le regarder en face ? Pourquoi refusait-il de me parler de Louis ? Pourquoi éludait-il des questions et me faisait en poser d’autres ? Pourquoi tant de secrets ? Pourquoi tant de mystères ? Et…

« Pourquoi est-ce que tu ne veux pas que je reste ici ? » Lâchai-je soudainement, pris de court face à sa proposition de déménager chez Alice.

Même si je retrouvais confiance en ma sœur, je ne concevais pas de m’en aller. Les choses avançaient lentement, droit dans un mur sans doute, mais… Partir ? Quitter l’appartement ? Etais-je aussi insupportable ?

« Mais je me suis remis à manger, comme tu as dis, et je joue même de la guitare ! J’ai fait du piano avec Tasha hier, avant qu’on sorte un peu dans le hall de l’immeuble. Je… Je suis bien ici ! Je peux faire encore des efforts ! Je peux… Je peux essayer de me souvenir encore. Je peux…  » Je cherchai des raisons qui ne faisaient que renforcer la dure tristesse de son regard. « S’il te plaît… »

Je ne savais même pas pourquoi je le suppliais. Je ne savais même pas pourquoi je m’accrochai alors que le moindre contact finissait par me mettre dans tous mes états. J’avais mal au cœur et à l’âme. Mal à ce corps dont il avait soigné chaque parcelle et recoin. Mal.

Mais lui devait avoir encore plus mal que moi.

« Carlisle… » Couinai-je quand il me confirma sa décision. « Carlisle, ne… Carlisle ! »

Je l’appelai. J’étais pitoyable. Misérable. Terrorisé. Blessé. Je me serais fait honte moi-même. Je me mis à pleurer et je ne vis pas ses poings serrés contre ses cuisses tandis qu’il me tournait le dos, me promettant encore d’être là pour moi si j’en avais besoin… Mais que je devais aller vivre. Survivre. Ailleurs. Loin de lui. Loin de… Je secouai la tête, refreinant maigrement mes larmes dans une dignité partie jouer les filles de l’air.

« Carlisle... » Coassai-je, faiblement. Misérablement.

Il avait raison en un sens, cette situation ne pouvait pas continuer de la sorte. On n’avançait pas. Un pas en avant pour deux en arrière. On se supportait difficilement. Je le supportais difficilement. L’éloignement avait déjà été abordé mais je ne pensais pas que cela se ferait si vite. Si tranchant. Si douloureux. Il avait raison. Terriblement raison : nous nous faisions du mal à stagner dans ce purgatoire. Notre vie n’existait plus. Balayée. Bafouée à cause de ce qu’il s’était passé et que mon esprit refusait de me communiquer en entier…

Et ça me fendait le cœur de l’admettre.
Pire, ça le brisait.
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Sloan Fyresciell
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• Ssssssh discrétion Al' discrétion !

♨️

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• Sloan ? Tu m'écoutes ? Lui là ... je peux le tuer quand tu veux !
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Prepare for War » Evil Tiger - Page 2 _



________________________________________ 2018-04-08, 21:31

Prepare for War » Evil Tiger - Page 2 Tumblr_mcd2caULIM1ra8x1ao1_r1_250Prepare for War » Evil Tiger - Page 2 Tumblr_mqkn9dY4A21rbhtqro1_500
Est-ce que tout le monde mentait?...

Il avait fait déménager toutes ses affaires. Rendus tout ses biens. De la guitare qu’il lui avait offerte à la moindre chemise à carreaux. Rien n’était demeuré dans l’appartement, qu’il avait d’ailleurs revendu par la suite, quelques semaines après le départ d’Antropy. Il avait fait appel à son avocate privée afin de régler les procédures légales pour la partage de la garde de Tasha. Selon la loi, son père étant instable psychiquement, il devait toujours être surveillé lors des visites, rôle que Carlisle laissait désormais à Alice. Il lui avait en réalité tout laissé. La charge de son mari, la charge de leur fille le week-end. La seule chose qu’Alice ne gérait pas, c’était l’aspect médical. Et les dépenses mais Carlisle n’y songeait qu’à peine. Rien n’avait vraiment d’importance désormais si ce n’était le bien-être possible de Tasha et d’Antropy. Pour le reste… Carlisle faisait fi du reste.

Antropy habitait désormais dans l’appartement trop petit au goût de Carlisle de sa sœur et si il avait engagé Levi et son équipe pour veiller sur eux, avec la plus grande réticence pour être honnête, ne pouvant plus décemment accordé sa confiance en qui que cela soit, il n’interférait plus dans le moindre aspect de sa vie. Ce n’était même plus lui qui lui administrait ses médicaments, se contentant de les modifier afin de les solidifier, les transformant en gélules qu’Alice devait lui faire prendre, à intervalle régulier. Il ne le faisait pas suivre, pas plus qu’il n’exigeait de compte-rendu quotidien de son état, se contentant -ou essayant- des informations que lui fournissait Alice lorsqu’elle téléphonait ou lorsqu’il lui laissait Tasha, sur le seuil. Parfois, rarement, c’était Antropy qui ouvrait, et même là, Carlisle se contentait de l’essentiel. Comment il se sentait. Comment il allait. Est-ce qu’il mangeait assez et l’heure à laquelle il récupérerait Tasha le soir ou le lendemain. Rien de plus. Surtout rien de plus.

Carlisle était retourné vivre au Manoir, seul. Par instant, il avait songé à rejoindre ses sœurs en Toscane, ou leur demandé de revenir, mais il n’était pas encor prêt à prendre de telles décisions. Pas encore. Il fallait qu’il abandonne tout à fait pour y parvenir, et si il avait fait son deuil, il devait désormais reprendre le court de son existence comme si jamais Antropy ne s’y était mêlé. S’imposer un rythme de vie, limpide. Des emplois du temps, d’une rigueur extrême. Il s’était beaucoup trop laissé aller à l’improvisation en compagnie d’Antropy, il devait cesser. Improviser, c’était autoriser le moindre espoir de nouveauté. Carlisle ne voulait d’aucune nouveauté. Rien. Rien hormis le travail, les décisions, le laboratoire et le procès. Sa vie devait redevenir aussi monacale qu’elle l’avait toujours été. C’était encore ce qui lui avait le mieux réussit.

Mère semblait avoir mit un point d’honneur à ne surtout pas laissé passer sa chance de s’échapper de son asile et ses avocats étaient parvenus à faire passer l’affaire devant un juge d’instruction. L’audience préliminaire des deux parties devait avoir lieu un jour où Tasha était avec Alice, et le visage de Jeri lorsqu’il entra dans le bâtiment n’augurait guère que de l’acidité et des attaques en devenir.

-Jeri, la salua-t-il malgré tout, lissant son costume.

-Carlisle. Tu es en retard.

-Je déposais ma fille, fit-il d’un ton las, lui emboîtant le pas pour s’avancer vers les ascenseurs.

-Tu as une sale tête.

-Possible.

-Tu as lu les demandes de ta mère je suppose ?

-Elle veut un accord pour éviter à notre nom de se retrouver traîner dans la boue. Sa fierté ne le supporterait pas, pourtant, elle y gagnerait...

-Evite de dire ça devant le juge. Ou ses avocats. Bon sang mais as-tu vu tes yeux ? Tu n’as pas dormi depuis quand ? le gourmanda-t-elle, sortant un tube de son sac à main, en sortant un cachet qu’elle lui tendit. C’est toi qui me les a prescrit, répliqua-t-elle devant son air suspicieux.

Haussant les épaules, Carlisle le remit dans sa poche, et Jeri leva les yeux au ciel.

-Carlisle, tu risques plus que la libération de ta mère, je te signale. Elle pourrait récupérer le Manoir.

Malgré lui, Carlisle ne put qu’en ressentir un vague soulagement, mêlé d’un calcul quant à ce qu’il pourrait acheter pour y élever Tasha. Peu lui importait en un sens.

-Bon dieu, je te reconnais à peine. On parle de ta mère ! Ton diable personnel. Tu comptes la laisser gagner sans même lever le petit doigt ?! C’est peut-être toi qui l’a envoyé la-bas mais ce n’est pas en te laissant aller de la sorte que tu vas la faire y rester !

-Jeri, je peux être honnête ? Elle peut prendre le Manoir, les chevaux et les voitures, tant qu’elle reste hors de ma vie.

-Encore faudrait-il que tu sois encore en vie, répliqua-t-elle, acerbe.

Jeri était la meilleure avocate criminel des États-Unis et une amie proche de Carlisle, et le voir dans un tel état de nonchalance la rendait à la fois ivre de colère et de chagrin. Il avait été son mentor un temps, mais elle ne le reconnaissait plus. C’était bien le même homme, le même visage, mais cette lueur au fond de son âme s’était éteinte. Il n’avait plus l’air de cet homme qui dirigeait le monde, juste qui le contrôlait à peu près. Et elle détestait ça. Viscéralement.

Le silence qui pesa entre eux dura jusqu’à ce qu’ils pénètrent dans le cabinet du juge, où ils s’assirent après de ronflantes salutations, attendant les avocats Wright, Simthon et Loyd, cependant que Jeri discutait de la charmante épouse du juge, dont Carlisle n’avait absolument que faire. Il pensait sincèrement ce qu’il avait dit à Jeri quelques minutes plus tôt. Si Mère voulait le Manoir, qu’elle le prenne. Qu’elle reprenne son royaume si elle le souhaitait. Elle avait été en dehors du circuit des affaires pour pouvoir réellement lui nuire, et il n’avait que faire de cette maison morne et sombre. Plus rien ne le retenait dans cette partie de son existence, et il était fatigué de lutter contre elle. Si Lilith voulait prendre le trône, alors le Diable le lui laissait.

Les avocats finirent par arriver, saluant uns et autres sans que Carlisle daigne leur serrer la main, se contentant de les fixer d’un œil morne. Les négociations commencèrent par l’énoncé du procès.

-Notre cliente, Elizabeth Evil, mère de Monsieur Carlisle Evil ici présent, mit en accusation, désire porté plainte envers lui pour coups et blessures suite à une violente attaque physique qu’il a lui même réalisé sur elle.

-Je vous en prie, c’était une simple gifle, contra Jeri, se renfonçant dans son fauteuil.

-Donc vous ne niez pas?

-Pourquoi nier, vous possédez les enregistrements prouvant qu’il ne s’agit en réalité que d’une simple gifle. Gifle infliger à Madame Evil des suites d’un traumatisme vécu à l’instant des faits par mon client.

-Traumatisme lié à?

-C’est une information classée confidentielle, répliqua Jeri, maudissant intérieurement Carlisle de ne pas vouloir révéler l’enlèvement d’Antropy et le complot dont il était question. Sachez cependant que le traumatisme était réel,et de plus, il de notoriété public que Monsieur Evil et Madame Evil mère n’entretiennent en rien des relations amicales.

-Cela va s’en dire… Combien de fois avez vous rendu visite à votre mère dans l’année qui s’est écoulé? tenta l’avocat, se tournant vers Carlisle en espérant le faire réagir.

-En quoi est-ce une information pertinente?

-Que veut-elle?

La question sembla surprendre tout le monde, puisque chacun tourna la tête vers lui.

-C’est bien le sujet de cette entrevue non ? Les exigences de Mère. Alors énoncez les.

Du coin de l’oeil, il put voir Jeri bouillir, un peu vexée d’avoir été interrompu mais soulagée au fond de le voir enfin se mouvoir.

-Votre Mère exige d’être libérée. Son incarcération en asile de santé ayant été jugée nécessaire d’après un témoignage de Monsieur Evil, ainsi que des analyses médicales prouvant une démence légère. Nous sommes en mesure de fournir à la Cour les preuves que Madame Evil s’est depuis faîtes soignée et est aujourd’hui tout à fait apte à revenir en société sans risque.

Carlisle en aurait presque soupirer d’ennui. Des années qu’il payait les médecins pour fermer les yeux sur ces analyses psychologiques et il avait suffit d’une seule gifle…

-En cas de libération, ce dont nous avons espoir et même certitude d’obtenir, Madame Evil exige donc de récupérer le Manoir Evil, que vous devrez quitter immédiatement avec une interdiction d’approcher Madame Evil à moins de cinq cent mètres.

Cette fois-ci, Carlisle manqua de rire, mais il se contint, attendant simplement que Jeri accepte les demandes et que le juge prononce ou non la nécessité d’un procès.

-Madame Evil demande également que la restriction vous interdisant de l’approcher soit étendue à ses visites à votre fille, Natasha Evil.

-Tash..., tenta de corriger Jeri, mais Carlisle la prit de vitesse.

-Je vous demande pardon?

Le silence qui retomba dans le cabinet fut si lourd de tension que Loyd dut relire sa fiche afin d’être certain de ses notes.

-Madame Evil demande à être seule lorsqu’elle visite votre fille et...

-Hors de question.

-Monsieur Evil, commença le juge Reader, mais Carlisle se tourna vers lui.

-Monsieur le Juge, vous devez avoir sous les yeux le compte rendu de la demande d’aliénation d’Elizabeth Evil sous les yeux, mais je tiens à en repréciser les accusations, prouvées lors de cette même demande : Mère a été accusée de mauvais traitements ainsi que de coups et blessures à l’encontre de ses trois enfants. Et vous voudriez que cette… Femme demeure seule avec mon enfant lors de visites je suppose d’ors et déjà plus que quotidienne ? Pardonnez moi, mais je refuse catégoriquement une telle demande.

-Mais est-elle plus en sécurité avec un homme qui gifle sa propre mère sans état d’âme ?

Si l’avocat Wright avait cru briller par sa remarque, il se ratatina aussitôt que Carlisle posa les yeux sur lui.

-Messieurs, répliqua Jeri, tout en gardant Carlisle à l’oeil. Nous parlons d’un cas de démence avérée, ainsi que de preuve de sociopathie avancée. Est-il vraiment raisonnable de la penser seule avec une enfant?

-Ce n’est pas ce sur quoi porte le proc...

-Alors nous nous verrons au procès, trancha Carlisle, se relevant d’un seul bloc.

Autour de lui ce fut une espèce de chaos, tendu, tandis que avocats et juge se regardait, médusés, tentant de comprendre ce qui venait de se passer. Carlisle n’intervint pas pour les détromper, se contentant de fixer Jeri du regard quand elle lui demanda si elle pouvait lui parler en privé, se dirigeant vers un cabinet annexe d’où ils firent sortir une jeune secrétaire.

-As-tu perdu la tête ? Qu’est-ce qui te prends ? D’abord tu te fiches de ses demandes et maintenant tu les refuses en bloc?

-Il s’agit de ma fille Jeri. Il est hors de question qu’elle s’approche d’elle.

-Ce n’est pas ce sur quoi porte le procès!

-Alors débrouille toi pour que jamais cela ne soit envisageable. Détruit sa réputation, prouve les mauvais traitements, je te donnerais toutes nos radiographies, toutes les photos de classe, la moindre des lignes de journaux intimes de mes sœurs si il le faut, mais gagne cette partie du procès.

Carlisle était loin d’être un imbécile. Il savait parfaitement que cette vidéo de lui giflant sa Mère serait suffisante pour enclencher une bataille juridique visant à la faire sortir. Mais jamais, ô grand jamais, il ne la laisserait approcher à nouveau de sa famille. Plus jamais.

-… D’accord. Ok, on prouvera les mauvais traitements.

Il hocha la tête, comme pour lui même avant que Jeri ne posa la main sur son épaule.

-...C’est bon de te revoir.

L’entretient se termina quelques minutes plus tard, dans la promesse d’un procès prochain et chacun repartit de son côté. Jeri lui promit de l’appeler dès la première heure le lendemain, et Carlisle repartit au centre-ville, se dirigeant au philharmonique pour y jouer quelques heures. Tasha devait rester chez Antropy tout le week-end, et lorsqu’il rentra au Manoir ce soir là, Carlisle se rendit compte d’à quel point elle pouvait lui manquer. La seule et unique famille qui lui restait à ce jour… Il but quelques verres de trop, finissant par s’endormir dans le grand fauteuil émeraude en face de la cheminée du grand salon.

Son portable vibrant contre le verre qu’il tenait encore à la main finit par le réveiller. Instinctivement, il lut le numéro s’affichant, le reliant aussitôt à un nom, avant de constater qu’il s’agissait du second appel. Il décrocha dès la troisième sonnerie.

-… Antropy? demanda-t-il, après quelques respirations raques de l’autre côté de la ligne.

Une sorte de gémissement lui répondit, et Carlisle se redressa, plaquant le téléphone à son oreille.

-Antropy, que se passe-t-il ? Antropy? insista-t-il, sans obtenir le moindre son. Tout va bien Antropy, finit-il par murmure, face à la respiration rapide. Tout va bien. Tu es en sécurité, Alice est de l’autre côté de la porte. Tu n’as pas à avoir peur.

Il cru percevoir une sorte de gémissement, craintif, et il répéta son nom, encore, jusqu’à ce que la respiration finisse par s’apaiser. Il y eue un silence, long, avant qu’enfin, il ne parvienne à prononcer un mot.

-… Louis ?

Il y eue un autre silence, tout aussi long.

-Il est mort, finit-il par avouer. C’est lui qui t’a enlevé, mais il est mort. Rendors toi. Il ne te fera plus jamais de mal. Je te le promet.

Il y eue une sorte de soupir après un temps, comme une respiration trop longtemps gardée, et Carlisle garda le silence, lui laissant le loisir de raccrocher si il le désirait. Aucun des deux ne le fit, et quand enfin, Carlisle finit par se relever pour retourner à sa chambre, il garda son téléphone contre son oreille pour entendre la respiration d’Antropy jusqu’à l’épuisement de la batterie du roux.
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Prepare for War » Evil Tiger - Page 2 _



________________________________________ 2018-04-13, 22:42


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J’avais du mal à respirer. Extrêmement mal et extrêmement peur aussi. Un poids enserrait mes côtes et je luttais, incapable de reprendre le contrôle de cette vie qu’on m’avait permis de ravoir. Je ne reconnaissais pas les draps. Je ne reconnaissais pas les murs. J’avais glissé jusqu’au sol et rampé dans un coin de la pièce, saisissant la seule chose qu’on m’avait toujours refusé : un téléphone. Mes doigts avaient pianoté un numéro que je connaissais par cœur, inconsciemment, involontairement et j’avais attendu. Les sonneries avaient résonné dans le vide puis une messagerie s’était enclenchée. J’avais manqué de jeter l’appareil, craignant à un manque de réseau. De disponibilité. Je devais m’en sortir seul. Je devais m’en tirer seul. Je devais réfléchir et ne pas me laisser envahir. Je devais… Son visage me hantait. Sa voix, j’avais l’impression de l’entendre. De l’écouter murmurer à mon oreille les insanités et les promesses morbides qu’il n’avait pas encore eu le temps de terminer. Et s’il revenait ? S’il me retrouvait ? Si Louis m’avait retrouvé ?!

« Il est mort. » Fit la voix de Carlisle, au bout du combiné.

Mort. Mort ? Réellement mort ? Cela ne pouvait… Il avait promis de… Il devait… Mes doigts tremblaient toujours et je calai le téléphone entre mon oreille et mon épaule. Ratatiné. Misérable.

« C’est lui qui t’a enlevé, mais il est mort. »

Comment une voix pouvait-elle apporter autant de réconfort alors qu’une autre pouvait vous glacer sur place au premier murmure ? Comment avais-je pu les confondre ? Comment est-ce qu’il pouvait être si doucereux à entendre alors que sa vision me rendait parfois fou de terreur ? J’en frissonnai à l’imaginer. Je me balançai d’avant en arrière, espérant ne pas avoir fait trop de bruits pour ne pas attirer l’attention. Personne. Je ne voulais voir personne. Je voulais juste écouter cette voix terriblement rassurante au téléphone. Je voulais croire cette voix. De toutes mes forces. Si seulement j’en étais capable…

« Il ne te fera plus jamais de mal. Je te le promets. »

Plus jamais ? Plus jamais…. Les yeux clos dans un dernier gémissement sourd, je finis par expirer en me rendant compte que l’air me manquait. Comment pouvait-il promettre ? En était-il certain ? Pouvait-il l’affirmer comme… Je déglutis, essuyant ma joue dans un silence qu’il sembla respecter. Mon cœur me hurlait de lui faire confiance et ma tête bourdonnait d’un son désagréable. Je fini, après un long moment, par retourner sur le lit. Je me tassai près d’un coussin et l’agrippai fermement. Le téléphone resta allumé. Je ne le vis pas s’éteindre.

Alice était quelqu’un de très agréable à vivre, de même qu’Emily quand elle s’était décidée à me rendre visite. Enfin, agréable n’était peut-être pas le terme exact : Emily était vindicative, d’un fort tempérament et elle semblait vouer une haine au monde entier. On ne lui avait pas dit ce qui m’était arrivé – parce qu’Alice, comme moi, l’ignorait – mais la blonde fougueuse semblait bien décidée à ne rien laisser passer et à s’assurer que nous allions bien. Elle ne venait pas tous les jours mais sa présence était une étrange bouffée d’air frais, une bousculade aux habitudes et… Mine de rien, la première fois qu’elle avait ouvert quand Carlisle avait sonné, Emily l’avait accueilli avec le plus noir des regards et embarqué dans une discussion aussi houleuse que discrète.

Je n’avais pas tendu l’oreille, trop occupé à finir de préparer les affaires de Tasha. Ma fille. Mon bébé. Cette moitié que nous partagions et qu’il tenait à me laisser voir régulièrement même si je savais que ça lui coûtait. Carlisle semblait éprouver une confiance en demi-teinte envers moi, comme on gratifierait d’une caresse un animal dangereux parce qu’il prend soin de ses œufs, mais le fait de vivre chez ma sœur devait le réconforter au moins un peu. J’avais appris à vivre à ce rythme étrange, laisser Alice partir au travail pour une course ou une autre, et rester seul. Je pouvais sortir. Je pouvais me promener. Je tentais parfois un peu, dans le parc non loin ou dans la rue, simplement. Mais le moindre inconnu me faisait frissonner et bien vite je revenais me mettre à l’abri de l’appartement. Je me sentais pathétique, froussard comme un traître, et je finis par ne même plus me supporter moi-même.

On m’avait proposé de voir un psy et Alice m’avait même accompagné jusqu’à plusieurs cabinets. A chaque fois, j’avais tenu quelques minutes puis j’étais partis sans terminer la séance ; non pas parce que ça me chamboulait mais parce que je n’en voyais pas l’utilité. Ils voulaient toujours savoir des choses sur ma vie, sur qui j’étais, sur ce que je faisais… Et je n’avais aucune raison de leur répondre. Malgré moi, je me souvenais des conseils de prudence et je refusais la plupart du temps de les laisser entrer dans ma tête. J’avais peur de ce qu’ils pouvaient y remuer. Peur de ce qui pouvait s’y trouver. Je ne souhaitais pas qu’ils déterrent le traumatisme responsable de cet état et je vivais très bien dans l’ignorance – au grand dam d’Emily qui tenta plusieurs fois de me secouer les puces sans y parvenir. Ce n’était pas contre elle, mais je n’avais pas besoin de ça. Je devais vivre, certes, j’étais un animal libre… Mais je mis du temps avant d’accepter l’éventualité que Louis ne reviendrait plus me trancher la gorge ou me découper le dos.

« Oui, Tasha, j’ai entendu. » Marmonnai-je tandis qu’elle pleurait de tout son saoul dans le petit salon-cuisine de ma sœur. « Je sais ! Tu as peut-être faim ? »

Tandis qu’elle hurlait et pleurait de tout son saoul, je préparai un biberon et le fit chauffer rapidement. Ça ne serait pas à la bonne température mais tant pis. Je l’attrapai dans mes bras et lui proposait à boire… Elle avala une gorgée, sembla se calmer, mais finalement se remit à pleurer de plus bel ! J’insistai et elle eut un hoquet, j’eu peur qu’elle ne s’étouffe ou pire et je jetai le plus loin possible de nous le biberon. Les nerfs tendus, les mains tremblantes, je regardai ce bébé grandissant trop vite en train de vagir à m’en rendre sourd.

« Mais qu’est-ce qu’il y a, Tasha ?! » Lui demandai-je, en désespoir de cause. « T’as pas faim, tu es propre, t’es changée, t’es au calme… Qu’est-ce que tu veux ?! Pourquoi est-ce que tu pleures ? »

Elle ne s’intéressa même pas à mes paroles, agitant ses bras et ses mains dans tous les sens, s’arc-boutant en arrière dans une colère qui semblait l’emprisonner toute entière. Je crois que, de toute ma vie, je ne m’étais pas sentis aussi démuni face à un bambin de cinq kilos à tout casser. Elle était en train de me rendre dingue à ne pas vouloir se taire. Pourquoi est-ce qu’elle ne pouvait pas juste me dire ce qui n’allait pas ? Ou s’arrêter ? Pourquoi est-ce qu’elle faisait ça ? Je sentis un brouillard s’emparer de mon esprit. Est-ce qu’elle avait mal ? Est-ce qu’elle hurlait parce qu’elle était blessée ? Est-ce que quelqu’un lui avait fait du mal ?! Blessée ? J’ouvris grand les yeux et, d’inquiétude, vérifiai ses bras, ses jambes, rien. Rien, aucun stigmate. Les fesses un peu rouges, comme ses joues, mais rien de probant. Alors pourquoi ? Pourquoi ?!

« Tasha… Tasha, arrête. Arrête de pleurer ! »

Je sentais la tension dans ma gorge et dans ma voix, mes mains se crispant sur son petit corps qui n’en finissait pas de se tendre et de se débattre. Qu’est-ce qu’elle voulait ? Qu’est-ce qu’elle pouvait bien vouloir ? Pourquoi elle me faisait ça, maintenant ? Pourquoi est-ce qu’elle était comme ça ? Qu’est-ce que j’avais fais de mal ?

« Tasha ! Tasha, arrête ! » Ma voix augmenta d’un volume et, au lieu de l’apaiser, ça la fit hurler d’une manière stridente. « Tasha ! »

J’étais en train de perdre les pédales avec cette gamine. Je me relevai d’un bond, hésitant entre l’expédier dans un mur ou… Non. Non pas…. Je la reposai, un peu fermement, sur son tapis de jeu et sans un regard en arrière, je sortis de la pièce. Elle hurlait tout ce qu’elle pouvait et moi, je me contentai de fermer la porte. D’appuyer mon front contre. Je ne pouvais pas la supporter. Je ne pouvais pas supporter de l’entendre pleurer. Je ne… Pouvais pas… Je serrais les dents, me demandant qu’est-ce que j’avais pu mal faire. Ce que j’avais pu manquer. Rien. Rien ne me vint. Mon souffle se fit court et je m’obligeai à prendre de grandes inspirations. Lentes. Régulières. Comme un métronome tranquille. Inspirer. Expirer. Voilà.

Elle n’y était pour rien.

Elle n’était pas responsable de ce qui m’était arrivé. Elle n’avait… Rien à voir. Rien à se reprocher. Rien à demander à part ses parents et qu’on s’occupe d’elle. C’était un bébé. Un simple bébé. Et Louis ne l’avait pas touchée.

Louis…

Je pris encore une minute. Et quand Alice revint, à peine un peu plus tard, j’avais réussi à apaiser Tasha en la berçant contre moi. Comme j’aurais dû le faire. Comme il l’aurait fait. Comme Carlisle savait si bien le faire… C’était lui son père, désormais. Moi je n’étais que le substitut de moi-même, l’ombre derrière le masque et l’incapable de joindre le fil de ses pensées pour les rendre plus cohérentes. Elle ne méritait pas de subir ça. Elle ne méritait pas d’avoir à supporter tout ça. Dans des murmures, je m’excusai de mon comportement et je me surpris à promettre de m’améliorer. Pour elle. Pour lui. Pour ceux qui étaient encore là pour moi…

« Antropy, je sors faire des courses ! Tu as besoin de quelque chose ? » Cria Alice, du bas de l’escalier où se trouvait la porte d’entrée.

Je sursautai, me redressant du canapé où je m’étais endormi en plein milieu de l’après-midi. Papillonnant du regard pour me rappeler où j’étais, je repoussai la guitare électrique encore étalée sur moi et me frottait le visage.

« Antropy ?! » Insista-t-elle.

« Tu vas chez Meurish & Fernand ? » Demandai-je, m’extrayant de la pièce en chaussette et jean, un tee-shirt jeté sur mon torse et rien d’autre. J’avais chaud à rester à l’intérieur.

« Oui, ils ont reçu des fruits et j’ai besoin de remplir mon frigo de bonnes choses ! Tu entends, bonnes choses ! »

Je grimaçai et levai les yeux au ciel. Alice et sa manie de manger uniquement des légumes allait me tuer… J’étais un tigre, nom d’un chien, pas un herbivore ! Je grognai en apparaissant en haut des escaliers, m’appuyant sur la rambarde d’un air mal réveillé ;

« Peut-être que ça te permettra de cuisiner de bonnes choses, pour une fois ? » La taquinai-je.

Elle prend une expression outrée et ne se gène pas pour me lancer une chaussure à la figure ! Je l’évite soigneusement en riant, surpris moi-même par mes réflexes. Ils sont revenus peu à peu, au fil des jours ; comme cette chair que ma petite sœur s’est empressée de remplumer à sa manière. Il faisait beau aujourd’hui. Elle était de bonne humeur. Moi aussi.

« Ingrat petit frère ! » Houspilla-t-elle. « J’espère que tu vas te mordre la langue de ta bêtise ! »

« Impossible, elle est bien trop pendue pour ça. »

« Si seulement tu pouvais y ajouter un clou de temps en temps… »

La voix d’Emily résonna avant qu’elle n’apparaisse et je fus parcouru d’une joyeuse adrénaline. Elle devait m’apporter des nouvelles de Beth ! Je sautillai sur place tandis qu’elle saluait Alice d’un signe de la main. Emporté par mon élan, je bondis en avant pour dévaler les marches le plus vite possible et lui sauter dans les bras !

Ma chaussette glissa au bord du bois verni.
Et je ne me vis jamais atterrir en bas.
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________________________________________ 2018-04-14, 23:48

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Est-ce que tout le monde mentait?...

Il avait senti son téléphone vibrer contre sa poitrine une dizaine de fois déjà. Trop rapproché pour ne pas être le même émetteur. Il avait jeter un regard à Jeri mais celle-ci était demeuré focalisée sur le visage du juge, comme pour évaluer la moindre de ses micro-expressions, tâchant de prédire à l’avance l’issue du procès. Elle était en général assez douée pour ça. Et dans le cas présent, son instinct ne prévoyait rien de bon… Du regard, Carlisle embrassa rapidement la salle d’audience, composée uniquement de l’accusation et de la défense, chacun séparé par un mince couloir. Mère était aussi resplendissante que si elle était rentré de vacances à Bali. C’était vraiment à se demander où passait l’argent du contribuable...Vêtue d’une robe griffée de couleur émeraude sombre, ses cheveux savamment retenus en un chignon complexe, elle avait les ongles manucurés et visiblement du maquillage de très bonne qualité. Carlisle allait sérieusement devoir discuter avec les ‘geôliers’ à qui ils avaient versé des pots de vins ces vingt dernières années…

Mais le pire pour Carlisle, c’était cette voix légèrement traînante avec laquelle elle s’exprimait. Carlisle le savait mieux que personne, la voix de Mère était tranchante, froide. Elle n’avait rien à voir avec ce pastiche de fausse rédemption, de profonde vertue et de compassion feinte. Pourtant, le juge eue l’air de véritablement la prendre en pitié, écoutant son plaidoyer avec une attention soutenue.

-Lorsque mon mari a disparu, j’ai… Sombré dans la mélancolie, finissait-elle d’expliquer, de cette voix factice, qui manqua de peu de provoquer chez Carlisle un irrévérencieux regard aux cieux. Je n’étais plus moi même, mais l’Institut Jefferson m’a beaucoup aidé. Comme vous l’on dit les Docteurs Finley et Byron, j’ai repris le contrôle sur mon existence et je n’y ai plus ma place. Tout ce que je désire, c’est revenir dans ma demeure, et renouer avec ma famille.

Ses yeux vipérins se tournèrent vers Carlisle, et elle eue l’audace de lui sourire, presque tendrement, au point que Carlisle eue du mal à ne pas la fusiller du regard. Jeri le lui avait ordonner : pas d’esclandre. C’était la meilleure façon de faire pencher la balance dans le mauvais sens, mais vu l’expression du juge, cela n’aurait rien empirer. Cet imbécile joufflu buvait littéralement ses paroles, et il ne fallait pas être devin pour devenir qu’il avait envie de la croire. Or quand un juge prenait parti, il revenait rarement sur ses impressions.

-Merci Madame Evil, conclu-t-il, avant de se pencher pour relire les quelques comptes-rendus qu’il avait devant lui. A la lecture de ces données récentes, ainsi qu’en me basant sur l’expertise psychologique, je ne vois pas de raison de prolonger la mise en institut de Madame Elizabeth Cordelia Evil. Je statue donc en faveur de l’accusation.

-Et pour la question des mesures d’éloignements ? l’interrompit presque Jeri, se relevant d’un bond avant que le coup de marteau ne soit donné.

-En ce qui concerne les mesures d’éloignements, je préconise la présence d’un médiateur plutôt qu’une restriction ferme. Le passé familial des deux parties n’excuse pas la violence de Monsieur Evil mais il en rend la lecture plus compréhensible. Vous serez donc tout deux assisté d’un médiateur de votre choix pendant une période d’un an à compté d’aujourd’h…

-Et pour la petite Tasha? 

Cette fois-ci, elle l’interrompit carrément, ce qui sembla lui déplaire mais il eue un instant de réflexion, le marteau en l’air.


-Considérant le passé et les accusations qui ont pesé sur Madame Evil, j’impose la présence d’un assistant social lors des visites de Madame Evil à sa petite fille, ainsi que la présence de l’un des deux parents. Et cette fois, ne m’interrompez plus Mademoiselle Hogarth, ou je le prendrais très personnellement, prévint-il, avant d’abattre son marteau.

A la table de Mère, un murmure de complaisance se fit entendre, auquel Carlisle fit à peine attention, tirant son téléphone de sa poche. Quatre appels. Tous venant d’Emily.

-Bon, vu les charges, c’est pas mal, mais on va faire appel au moins pour les droits sur le Manoir et...

Mais Carlisle ne l’écoutait déjà plus, le téléphone contre l’oreille, se relevant de son fauteuil de cuir.

-Enfin ! Vous décrochez jamais votre téléphone ou quoi ?!

-Emily qu’est-ce qu’il se passe?

-Il faut que vous veniez. On a eue un…. Y a eue un problème.

Le visage de Carlisle se figea, perdant un peu de sa couleur avant d’attraper sa veste.

-Je rentre immédiatement.

-On est pas chez Alice. On est à l’hôpital, finit-elle par avouer, après un léger silence.

A cet instant précis, le regard de Carlisle croisa celui de Mère, dont le léger sourire satisfait lui donna tout à la fois la nausée et l’envie de la tuer de ses mains. Rapidement, il fit un signe à Jeri, qui salua rapidement ses collègues et le juge, avant de suivre Carlisle à l’extérieur de la salle.

-Quel hôpital?

-Sainte Marguerite.

-Tasha?

-Qu’est-ce qu’il s’est passé? répliqua Carlisle, se dirigeant déjà vers les ascenseurs.

-C’est pas de sa faute ! éructa aussitôt Emily, sur la défensive.

-Emily, je me fous éperdument de tes jugements, je te demande ce qu’il s’est passé.

Sa voix est froide, cassante, tellement que même cette teigne blonde finit par se montrer docile.

--Il est tombé dans les escaliers. Sur la tête. Il a perdu connaissance. Ils arrivent pas à le réveiller...

Plus tard, Carlisle ne se rappellerait pas de comment il était arrivé à l’hôpital, agissant comme un automate. Il n’eut aucun souvenir de s’être séparé de Jeri, pourtant il arriva seul à l’hôpital. On lui demanda de décliné son identité, avant de lui indiquer un numéro de chambre, et après quelques nouvelles minutes dans un ascenseur nettement moins luxueux et spacieux, il finit par entendre les pleurs de sa fille, au milieu d’un couloir couleur vert menthe.

En train de faire les cents pas dans le couloir, Emily berçait Tasha sur son épaule, un peu brusquement, et Carlisle pressa le pas inconsciemment.

-Emily.

-Ah vous êtes là. Elle pleure depuis qu’on est arrivé, je sais pas pourquoi...

Avec l’aisance que confère l’habitude, il prit sa fille contre lui, soutenant sa nuque et son dos pour la porter contre sa gorge, murmurant du Bach pendant un instant. Il fallut plus de temps que d’ordinaire, mais elle finit par se calmer, sous le regard peu avenant de la blonde.

-Vous êtes là depuis combien de temps?

-… Quelques heures, fit-elle, évasive tout en baissant les yeux.

-Quand? insista Carlisle, renforçant l’attitude revêche d’Emily.

--Un moment. Bon ok, depuis onze heure ce matin, finit-elle par céder, croisant les bras sur sa poitrine.

-Et tu ne me préviens que maintenant?!

--Ils savaient pas qu’il ne se réveillerait pas ! On pensait que ça serait qu’une commotion, pas de quoi vous rameutez direct!

Même avec Tasha dans les bras, Carlisle parvint à se pincer l’arrête du nez pour pousser un long soupir, avant de faire claquer sa langue. Cette petite blonde était franchement insupportable par instant….

-Où est-ce qu’il est?

Du menton, elle désigna la porte légèrement derrière elle, et Carlisle la dépassa sans un mot de plus, tombant sur Alice, aux yeux rougis, penchée sur le corps endormi d’Antropy.

Le revoir dans un lit d’hôpital lui enserra le coeur, le figeant un instant. Il portait un t-shirt bien trop grand, probablement choisi par ses soins le matin même, un jeans simple, des chaussettes. Pas de chaussures. Il n’y fit pas vraiment attention.

-Carlisle, fit-elle d’une voix sourde.

-Alice.

-Les médecins disent qu’ils ne savent pas pourquoi il ne se réveille pas. Sa tête n’a pas tapé fort pourtant, il n’a aucune lésion, mais il ne se réveille pas.

Sa voix tremblait de sanglots et pour la première fois, Carlisle éprouva de la réelle sympathie pour cette jeune fille d’apparence frêle et qui ne méritait absolument pas la peine que provoquait les dommages collatéraux de sa propre existence… Doucement, il posa sa main sur son épaule, surprit de la sentir serrer sa main avant d’étouffer un sanglot contre son mouchoir.

Tout était de sa faute. Depuis le départ, depuis toujours, tout était de sa faute. Jamais il n’aurait du le prendre comme élève, jamais il n’aurait du tomber amoureux. Jamais il n’aurait du avoir cette faiblesse.

C’était Antropy qui en payait le prix. Et tout ceux qui l’entourait…
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Tryna talk, but we can't hear ourselves.
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And you make it better like that


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________________________________________ 2018-04-17, 11:24


La fête est finie.


Il avait menti. Il avait éhontément menti en m’affirmant qu’il me protègerait. Que Louis ne me ferait plus de mal. Qu’il était mort et que plus rien ne viendrait m’atteindre. Il avait menti et je le haïssait pour ça… Je l’avais cru. J’avais voulu donner du crédit à Carlisle et accepter qu’il n’était pas celui responsable derrière tous les traitements que je ressentais jusqu’au plus profond de mon être. Alors pourquoi est-ce que je me retrouvais de nouveau dans cette pièce à la fenêtre trop haute ? Pourquoi est-ce que j’avais aussi mal ? Et pourquoi est-ce que je restais prostré dans un angle sans parvenir à m’échapper ?

Je tremblai de tous mes membres, recroquevillé et misérable dans l’ombre de la pièce. Une faible lumière filtrait, sans doute la lune, mais elle n’était pas suffisamment forte pour contrer l’obscurité austère des murs. Le sol était sale, toujours, une odeur putride et métallique s’en échappait à m’en rendre dingue. C’était un jour sans. Un jour où il était en colère et où j’avais subit le retour de bâton de mes tentatives de lui échapper. Chaque fois qu’il ouvrait la porte je tentais, je visais, mais j’échouais généralement. On ne me laissait pas le choix. Il m’attrapait par les cheveux et me trainait sur le sol comme une bête immonde, me ramenant dans ma cellule ou dans une autre pièce. Il y en avait trois différentes et, si j’en croyais les gouttes d’eau ayant traversé mes vêtements, il avait choisi la douche. Je fermai les yeux de toutes mes forces en essayant de ne pas me rappeler. Pas me souvenir. Pourtant la morsure de la lame brûlante était aussi coupante que s’il était en train de me découper la chair en cet instant même. J’eu un sursaut et calait davantage mon dos meurtri dans l’angle. Loin. Loin de lui. Loin des sensations. Loin de ce qu’il avait pu me faire.

J’avais du mal à respirer, pleurant face à ces ténèbres de plus en plus épaisses et douloureuses. Est-ce que j’étais condamné à finir ici ? Est-ce que tout ceci n’avait été qu’une partie du jeu : m’offrir une sensation de liberté et puis tout recommencer ? J’étais terrorisé de cette trahison, apeuré à l’idée que tout recommence et je sentais l’angoisse atteindre un point culminant à chaque hoquet ou sanglot que je laissai échapper de ma bouche. Qu’est-ce que j’avais fait pour mériter ça ? Qu’est-ce que j’avais bien pu faire pour me retrouver là, encore ? Les humains pouvaient-ils être aussi odieux envers leurs semblables ? … Je ne voulais pas le croire, pas complètement, et pourtant…

J’eu un sanglot étouffé lorsque quelque chose frappa contre la porte métallique. Ramenant mes jambes contre mon torse, je n’eu même pas le réflexe de me lever pour affronter ma torpeur. Je voulais plutôt disparaître. Qu’on m’oublie. Qu’on ne me touche plus. Qu’on ne me trouve plus. Tout pour ne pas souffrir… Ne plus souffrir. Je baissai la tête et serrai mes jambes de toutes mes forces, tremblant comme une feuille en entendant gratter. Il allait rentrer. Ça allait encore recommencer. Je ne voulais pas. Je ne voulais plus. Je ne voulais plus vivre ce cauchemar ! Ma gorge était si serrée que je peinai à respirer et lorsque la porte s’ouvrit dans un grincement, je me crispai de tout mon être, retenant mon souffle, en attendant le glas fatal de mon tortionnaire.

La douleur ne vint jamais.

A la place, je sentis une grande main se poser dans mes cheveux et, en quelques instants, une chaleur étonnamment douce sembla envelopper tout mon être. J’eu l’impression que l’étau qui enserrait mon torse venait de se défaire et que le poids de mes épaules s’envolait au même rythme ; je pris une inspiration et papillonnait du regard, relevant la tête sous la surprise. Devant moi, une lumière apaisante provenait de volutes de sables flottant dans les airs, véritable barrière à l’obscurité qui m’entourait précédemment, et un homme se trouvait accroupi à ma hauteur. Je le connaissais, son visage parsemé de tâches de rousseurs et son regard clair étaient un signe distinctif chez lui. J’eu un soupir désespéré. Inespéré.

« … Sebastian ? »

Il hocha la tête et m’accorda un sourire encourageant. Comment est-ce qu’il avait fait pour arriver jusqu’ici ? J’étais seul pendant tout ce temps et, d’un coup, il parvenait à m’atteindre et… Je déglutis, les rouages de mon esprit commençant lentement à reprendre leur fonctionnement malgré l’huile noirâtre qui semblait les encombrer.

« On… On est dans ma tête, c’est ça ? » Questionnai-je. « Je suis en train de rêver ? »

Sab valida à nouveau ces deux questions, même s’il eu une grimace à la seconde. Un rêve… Plutôt un cauchemar, oui. Je remarquai que les ténèbres se tenaient à distance de lui, comme si par sa simple présence il pouvait écarter les peurs les plus terribles ou même les angoisses absolues. Sa main glissa de mes cheveux pour soulever mon menton du bout des doigts, m’observant avec attention, avant qu’il ne la passe sur ma joue. Son contact était chaud. Agréable. Si agréable…

Il se redressa alors, me surplombant de toute sa hauteur, et tendit son bras dans ma direction.

« Tu es venu me chercher ? »

Je fixai sa main, puis lui, intrigué. Etait-il venu pour moi ? Juste pour moi ? Pourtant il avait du travail et… Je n’étais pas un enfant ! Certes je le voyais et je m’amusais beaucoup des rêves qu’il faisait voleter autour de la tête de Tasha mais de là à me retrouver en face de lui à même mon esprit, c’était tout un concept. Etais-je un cas si désespéré qu’il s’était déplacé en personne, ou bien était-ce un simple cadeau de sa part ? Comme s’il lisait dans mes pensées, j’entendis une voix résonner autour de nous. Gutturale et fatiguée. La sienne ?

Il y a eu bien trop de morts ces derniers jours.

Etait-il concerné par l’une d’elle ? Je frissonnai, mordant l’intérieur de ma joue, avant d’oser tendre la paume pour la glisser dans la sienne. Il eut un sourire et me tira en avant pour m’aider à me lever de ce coin sordide où je m’étais réfugié. Je me sentis léger. Etonnement léger ! Me retournant, j’eu la surprise de me voir encore réfugié contre le mur, pleurant des souvenirs odieux qui m’envahissaient. Je déglutis, me rapprochant du marchand de sable qui posa une main amicale sur mon épaule. Est-ce que c’était moi ? Oui, c’était moi. En train de souffrir. En train de perdre espoir. En train…

Les murs se mirent à trembler.

Tu es sur le point de te réveiller. Fit de nouveau la voix du gardien. Tu peux choisir de vivre avec eux ou… de les laisser derrière toi.

Il me désigna la porte du menton mais je ne parvenais pas à détourner mon regard de ce corps – le mien ! – et de ce qui allait advenir. Je ne pouvais pas abandonner sciemment ce combat ? Je ne pouvais pas effacer tout ça, c’était bien trop… Réel ! Lorsque nous reculâmes d’un pas, les ténèbres s’agglutinèrent autour de mon corps prostré et j’eu envie de courir vers lui. De le rassurer. De lui dire que tout irait bien… Mais Sebastian m’en empêcha, malgré lui. Je sentais sa présence dans mon dos et la simple esquisse de pas que je fis provoqua un tourbillon de sable doré devant moi. Il ne m’empêchait pas mais me le déconseillait. Je sentis que le sable voulait simplement me protéger. Comme lui. Comme on aurait dû le faire. Comment je devais le faire.

Je n’avais pas fui ce combat face à la douleur, je l’avais perdu depuis longtemps.

Je pris une grande inspiration, puis une expiration longue. Je pouvais choisir. Rester ici, nourris par les cauchemars de mes souvenirs ; ou bien le suivre et… Advienne que pourra. Les murs tremblaient de plus en plus au point de devenir flous et je reculai pour me retrouver à nouveau contre lui. Comment faisait-il pour être aussi rassurant de sa simple présence ? Je levai les yeux vers son visage et il eu un sourire malgré son air grave. Concerné. Je n’avais jamais remarqué cette petite ride sur son front… Il devait se faire beaucoup de soucis en ce moment. Je fini par hocher la tête lentement et il m’accompagna jusqu’à la porte métallique encore ouverte. De l’autre côté, des ténèbres. Pas de sol. Pas de plafond. Juste l’obscurité. Mais, contrairement à celle que je laissais derrière moi, celle-ci avait plutôt l’air attrayante. Attirante.

Un petit tigre doré ainsi qu’une note de musique en sable doré voletèrent devant moi. J’eu un faible sourire de les voir se pourchasser, croisant le regard du marchand de sable.

Je t’attend de l’autre côté.

Et, après un hochement de tête résolu, je franchi la porte sans un regard derrière moi.

* * *

Les « bip » incessants me tirèrent de ma torpeur, résonnant à mes oreilles comme de véritables réveil matins. Je clignai plusieurs fois des paupières. L’image, floue, devint peu à peu de plus en plus nette. Une pièce éclairée par un néon. Juste au-dessus de moi. Juste là. Je tournai la tête, luttant contre le torticolis qui piqua ma nuque. J’eu un sourire en reconnaissant le visage bienveillant de Sebastian, assis à côté du lit où je me trouvais. Il portait son éternel costume crème et son veston travaillé, pourtant je le trouvai fatigué. Heureux, mais fatigué. Il m’avait promis d’être là à mon réveil, il n’avait pas menti : je sentais sa main sur mon avant-bras. Ses doigts sur mes tatouages. Son contact chaud.

Le petit tigre et la note flottèrent encore quelques instants avant de se dissoudre d’eux-mêmes. Je pris une inspiration. Une autre. Surpris de ne pas rencontrer d’opposition ou quoi que ce soit. J’avais l’impression de m’extirper d’un très long sommeil cotonneux… Duveteux. Doucereux. Lorsque je fouillai dans ma mémoire, je ne pu que faire face à un grand vide. Un grand mystère. Qu’est-ce que je faisais là et pourquoi… Je l’ignorai. Il caressa mes cheveux pour m’extirper de mes pensées et je fus immédiatement rassuré. Ce n’était pas très grave. S’il était là, c’est que tout allait bien. Tout allait aller bien. Je crois. Je l’espérais. Je le voulais.

J’ouvris la bouche mais il m’empêcha de parler d’un index sur ses lèvres. Je compris rapidement qu’il n’était pas censé être là et, lorsqu’il se leva, j’acceptai volontiers l’étreinte qu’il me proposa. Rapide. Forte. Je retombai doucement contre mon oreiller et, après un signe de la main, il disparu par la porte de ma chambre, me laissant seul. Avec moi-même. Avec cet étrange sensation de bien être qui, apparemment, n’avait pas été très présente ces dernières semaines. Je me sentais détendu. Dénué. La machine bipait tranquillement, un rythme cardiaque lent mais présent. Pas comme certaines fois. Je fixai un peu ce qui m’entourait et j’étais sur le point de me lever du lit, assis au bord, lorsqu’on pénétra dans la pièce.

Grand. Surpris. Un café à la main qui ne tarda pas à atterrir parterre, se déversant sur le lino.
Je souris de sa maladresse. Il n’était jamais maladroit.
Mais son visage semblait émacié et fatigué.

« Carlisle ! » M’exclamai-je. « j’ai failli partir te chercher ! »

Et sans attendre, je me levai du lit pour aller à sa rencontre.
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________________________________________ 2018-04-22, 11:14

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Les choses nous ont changés.

Un nouveau jour allait s’achever, et rien n’avait changé. Les constantes d’Antropy restaient les mêmes, strictement, et scrupuleusement. Sa respiration était régulière, ne nécessitait pas d’assistance médicale. Son pouls était calme, sans accélération ou décélération notable. Son poids demeurait le même. Sa peau n’avait ni pâlit ni verdit. Tout restait strictement et scrupuleusement pareil. Antropy ne se réveillait pas.

Carlisle avait passé les quatre jours précédent à circuler entre la clinique, l’appartement d’Alice et le Manoir, sans réellement s’interrompre entre ces trajets. Il travaillait depuis son ordinateur à la clinique, déposait ou recherchait Tasha auprès de sa tante et d’Emily, ne rentrait que pour dormir et manger, se doucher. Emploi du temps. Rigueur. Tout ce qu’il avait commencé à mettre en place demeurait, avec une légère variante. Une symphonie où l’on aurait rajouté un instrument nouveau. Quelque peu dissonant et rauque, mais l’orchestre s’en accoutumait. Du moins, essayait…

Voir Antropy dans ce lit d’hôpital lui faisait mal. Lui qui s’était promit de ne plus jamais l’enfermer ne pouvait que comprendre combien ces précautions étaient obligatoires, et au fond de lui même, il ne pouvait s’empêcher de toujours rester le plus de temps possible en sa compagnie, dans des accès de paranoïa. Carlisle avait rapidement fait transférer Antropy de Sainte Marguerite à la Clinique Saint Jude, dont il était le principal actionnaire -pour ne pas dire le directeur en sous main. Cela ne l’avait cependant pas rassuré outre mesure et il avait engagé Levi et les autres pour lui fournir des dossiers complets et détaillés concernant le moindre employé de la Clinique, avant de parvenir à partir, le premier soir. Depuis, il continuait la surveillance. Du plus gradé des chirurgiens jusqu’à la plus petite et insignifiante secrétaire, tout le monde avait été suivi, fiché, analysé et personne ne pouvait passer la porte de sa chambre sans que lui même soit personnellement prévenu.

Et pourtant, cela ne changeait rien.

Antropy dormait toujours.

Les infirmières avaient utilisés ce terme par défaut. Le considérant plus doux que d’user du terme ‘coma’ en présence de la famille d’Antropy. Emily avait manqué de faire un véritable scandale lorsque Carlisle avait fait transférer Antropy, si bien que Carlisle avait du résumer rapidement à cette teigne blonde le besoin de discrétion dont il avait besoin pour protéger Antropy, et bien qu’elle ai finit par ne plus grincer des dents que dans son dos, Carlisle avait bien comprit que jamais leur relation ne s’améliorerait désormais. Et pour être franc, il s’en accommodait fort bien… Alice en revanche lui avait présenter à plusieurs reprises des remerciements, pour s’occuper si bien de son frère. Carlisle avait du se contenir pour ne pas lui rire au nez ou à défaut, se sentir près à pleurer. Ne comprenait-elle donc pas que tout était de sa faute ? Que son frère était allongé dans ce lit par sa seule et unique faute ? C’était la deuxième fois qu’Antropy atterrissait à Saint Jude. Jamais il n’aurait même du y entrer la première fois..

Avec un soupir, Carlisle appuya sur l’un des boutons retroéclairés de la machine à café de la salle de repos des employés. Il lui fallait une source de caféine. Il savait déjà que d’ici une vingtaine de minutes, Cristina viendrait le virer de la chambre d’Antropy, avec le peu de délicatesse dont elle était capable de faire preuve, avant de lui tapoter maladroitement l’épaule en lui promettant de l’appeler si quelque chose changeait. Carlisle et Cristina avait fait leur étude ensemble, et si il était une chose qu’il savait, c’était que Cristina ne s’avouait jamais vaincue. Mais même elle commençait à montrer des signes de fatigue…

D’un œil las, il lu rapidement le compte rendu que Jeri lui avait envoyé quelques heures plus tôt. Résumé des peines et charges, date de libération prévue de Mère -ce matin même, à 11h, et les documents administratifs concernant l’obligation, signée et tamponnée, de présence d’assistants sociaux en cas de visites -notamment envers Tasha et la mise en garde personnelle de son amie. Mère avait fait livré tous ses effets au Manoir à 14h. Il était temps de réservé une chambre d’hôtel pour la nuit et d’acheter un nouvel appartement. Rapidement, il envoya un message au chef de son personnel, lui demandant de bien vouloir rassembler les maigres affaires qu’il avait encore au Manoir et de les faire livrer à son garde meuble, le plus tôt possible, surtout les affaires de Tasha. Il refusait de laisser l’aura vicié de Mère s’attarder dessus.

Il était temps pour lui de reprendre les choses en main.

Avec un nouveau soupir, il éteignit la machine, saluant machinalement le docteur Bailey qui entra au même moment dans la pièce, avant de remonter le couloir aux lumières blafardes. Il allait devoir se reprendre en main avant que Mère ne repasse à l’offensive. Avant tout, il devait protéger Tasha. Il allait aussi devoir informer Alice -et Emily….- de la dangerosité de Mère et leur fournir les papiers lui interdisant l’approche seule de Tasha. Il allait aussi devoir leur fournir un cliché, et le numéro de Jeri, afin de ne pas se retrouver seule face à ce Monstre. Il allait aussi…

Le gobelet lui échappa tout bonnement des mains.

Assit au bord du lit, les joues rosies par le soudain afflux de sang, Antropy le fixait avec un sourire enjoué. Cela lui transperça littéralement la poitrine, de part en part.

Depuis quand ne l’avait-il plus regarder dans les yeux ? Depuis quand ne l’avait-il plus fixé sans la moindre peur ? Depuis quand ne l’avait-il plus appeler par son prénom ? Carlisle… Il l’avait appelé Carlisle…

Le réflexe vint de lui même en le voyant s’approcher, il recula d’un pas, se crispant. La dernière fois qu’il l’avait approcher aussi frontalement, cela avait été pour le forcer à reculer. A s’éloigner de lui. A ne plus l’approcher, à ne plus jamais lui faire de mal. Alors pourquoi… S’avançait-il aussi franchement ? Aussi simplement ? Ausssi évidemment alors même que le voir le rendait encore nerveux la semaine précédente ?…

Le visage d’Antropy se mua en une expression de surprise, comme si il ne comprenait pas sa réaction. Avant de relever très haut les sourcils, visiblement perdu.

Ce ne fut qu’à cet instant que Carlisle comprit qu’il pleurait.

Son dos s’appuya contre le mur, le souffle coupé et quelques larmes éparses coulant lentement sur ses joues, sans comprendre quel étrange miracle se produisait devant lui.

Antropy était éveillé.

Antropy parlait.

Antropy n’avait plus peur de lui.

Ce n’était pas possible…

A côté de lui, il y eue du mouvement, une silhouette ouvrant la porte avant de brusquement se figer, fixant tour à tour le blond et le roux, avant de se précipiter vers Antropy.

-Monsieur Tiger ! Vous allez bien ? Comment vous sentez-vous ? Vous êtes réveillé depuis combien de temps ? Asseyez vous. Avez-vous des vertiges, des nausées ? Je me nomme Cristina Yang, je suis votre médecin, de quoi vous souvenez-vous en dernier ?

Avec délicatesse, mais fermement, Cristina l’obligea à s’asseoir au bord du lit, passant une petite lampe devant ses pupilles, qui fit grimacer le tigre, se frottant les yeux avant de fixer à nouveau Carlisle. Avait-il la moindre idée de depuis quand il attendait ce simple geste ?…
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________________________________________ 2018-04-26, 12:49


La fête est finie.


J’ouvris la bouche lorsque le docteur Yang m’obligea à le faire pour ausculter ma gorge, comme si cela allait m’empêcher de répondre ou bien avait une quelconque utilité. Je grimaçai quand elle retira l’abaisse langue et sursautait quand elle apposa son stéthoscope sur mon torse, la fixant sans trop être certain des réactions que je devais avoir. Dans le doute, je tournai le regard vers Carlisle qui… Continuait de rester prostré près de la porte, immobile. Le voir me faisait mal au cœur, je devais bien l’avouer. Je n’aimais pas le voir triste ou en colère, encore moins avec des kilos en moins et l’air de sortir d’une maison hantée où il aurait passé dix ans – le Manoir ressemblait bien à ça quand on y pensait.

« Je dois lui faire passer d’autres examens pour comprendre ce qu’il se passe. » Informa Cristina, me faisant de nouveau grimacer. « Ce n’est pas une option. Nous devons être certain qu’il n’est pas en train de développer un état de démence ou que son corps va supporter ce regain d’activité qu’il semble près à… Lui apporter. »

Elle venait d’hausser un sourcil dédaigneux à mon attention et je ne pu m’empêcher de lui sourire innocemment, satisfait, les mains posées sur le bord du lit. Je n’aimais pas les examens, ni vraiment les hôpitaux même si j’avais l’air d’y avoir passé un long moment… J’avais une étrange sensation dans le crâne, un nuage de tranquillité flottant au milieu de mes neurones et l’incapacité émotionnelle de comprendre ce qu’il avait bien pu se passer jusqu’alors. Depuis combien de temps est-ce que j’étais ici ? Qu’est-ce que j’y faisais ? Sebastian m’avait parlé de quelque chose d’horrible dans ma tête, ça je m’en souvenais mais… Pour le reste, c’était encore très vague.

Cristina ne traina pas pour me faire ausculter sous tous les angles, apprêtant des infirmières et autres spécialistes qui ne manquèrent pas de me mettre la tête à l’envers avec toutes leurs questions et autres examens. Bilans sanguin, électrocardiogrammes, électroencéphalogramme, test d’effort qui me firent l’effet d’un regain d’énergie comme d’un véritable effort tant je semblais ne pas avoir couru depuis longtemps… Blindé d’électrodes et un masque sur le nez pour m’aider à respirer, j’effectuai la distance qu’ils me demandaient comme si de rien était. Je n’étais peut-être pas très musclé mais j’avais au moins un minimum d’endurance qui ne semblait pas avoir joué les filles de l’air ! C’était toujours ça. Ce devait être toujours ça.

Parfois je tournais les yeux vers les vitres et, à côté des médecins ou spécialistes du genre, je pouvais deviner la silhouette de Carlisle légèrement en retrait. Il avait tout le temps l’air concentré, l’index passant sur sa lèvre comme je le connaissais si bien… Mais lui ne semblait pas franchement me reconnaître. Je croisais rarement son regard depuis mon réveil et à chaque fois, je lisais un tel flot de sensations dans ses yeux que mon cœur partait jouer un solo de blues juste pour la peine. Je mourrais d’envie de lui parler, de lui poser des questions ou simplement de lui faire un câlin mais il y avait à chaque fois une bonne excuse pour ne pas le faire : des gens, des questions, des gens, des questions, des gens, des réponses, des gens. Est-ce que c’était trop demandé de pouvoir le serrer au moins une fois dans mes bras ? J’avais encore la cuisante brûlure de ses paumes sur mes épaules pour m’empêcher d’approcher. J’avais encore le souvenir de son pas en arrière et de ses larmes. Quoi que j’ai pu faire, je l’avais blessé. Et je n’étais pas sûr de savoir comment.

On m’autorisa quand même un repas que je picorai du bout des lèvres, n’ayant que peu faim. J’ignorai royalement le regard noir de mon compagnon à cette attention et n’eu pas le temps de profiter de ce moment de tranquillité que la porte s’ouvrit sur les visages essoufflés – ou effarés ? – d’Alice et Emily ! La plus rousse des deux se précipita sur moi pour me serrer de toutes ses forces à m’en étouffer presque ! Tandis que l’autre se contenta d’un accueil un peu plus réservé en me tapotant l’épaule à la manière d’une grande sœur digne.

« Ravi de te revoir, Antropy. » Déclara Emily, posément malgré l’émotion qui se lisait dans ses yeux. « T’as vraiment la tête solide toi… Ne nous refait plus peur comme ça. »

Alice hocha rapidement la tête contre mon épaule tandis que je l’enlaçai doucement, reniflant et étouffant ses sanglots après une grimace. Elles semblaient sincèrement soulagées de me retrouver et je n’allais pas les détromper. Un sourire puis quelques mots, une ambiance soudain plus détendue au travers de laquelle je me sentis enfin un peu tranquille ; elles m’avaient apporté des affaires et je m’empressai de les enfiler après une douche rapide. Salvatrice. Intimiste aussi. Malheureusement pour moi, lorsque je revins dans la chambre, Carlisle avait disparu.

« Il a prétexté une affaire à régler et il est parti. » M’informa Emily d’un air dédaigneux.

« Mais on est là nous ! Et je suis sûre qu’il va très vite revenir, tu vas voir ! » S’empressa d’ajouter Alice devant mon air inquiet. « Il est resté la plupart du temps ici. Depuis le début il ne t’a pas quitté d’une semelle, ou très peu, ça m’étonnerais qu’il se volatilise maintenant que tu es réveillé et toi-même ! »

Je plissai le regard en n’ayant pas compris l’intégralité de ses propos, faisant signe de continuer tandis que je posai négligemment mes vêtes d’hôpital au bout de mon lit.

« Quel début ? Ca fait combien de temps que je suis ici, en fait ? »

Elles échangèrent un regard et Emily poussa un soupir agacé, passant sa main dans sa nuque comme lorsqu’elle était gênée.

« Emily ? »

« C’est une longue histoire et c’est peut-être pas à nous de te la raconter, mais tu… »

Quelqu’un frappa à la porte – décidément, c’était le jour des interruptions ! – et une femme en blouse d’infirmière entra en compagnie du Docteur Yang. Elle m’informa que l’entretien psychologique allait commencer, désignant une femme en tailleur albâtre restée dans l’entrée au sourire doux, et pria mes deux sœurs de quitter la pièce. Elles firent mine d’être contre mais n’insistèrent pas, me précisant qu’elles m’attendaient à l’extérieur. Je me retrouvai bientôt en tête à tête avec la dame tranquille. Assis en tailleur sur le lit, je la laissai prendre place dans le fauteuil à côté de la fenêtre et triturai le bord de ma chemise. Je n’aimais pas franchement les psychologues ou les psychiatres, c’était pas saint comme métier. Pourtant Isobel, de son prénom, parla d’une voix douce en commençant par me parler de musique. Je savais ce qu’elle faisait : de la distraction. Elle essayait de me faire tomber mes défenses et d’analyser mes réactions corporelles – j’avais entendu ça dans un podcast ! – pour mieux me comprendre. Je décidai de jouer le jeu, après tout tant qu’elle ne me posait pas de question sur Carlisle ça devrait aller, non ?

« Et donc, vous avez aidé votre ami pour sa dette de jeu ? » Me demanda-t-elle après plus d’une heure d’entretien. Je m’étais détendu un peu.

« Ah ça, j’ai essayé ! » Confirmai-je dans un sourire, repensant à cet idiot venu me supplier de lui prêter main forte. « Il n’est pas bien méchant mais il a toujours le don de se mettre dans des situations abracadabrantes ! C’est pas faute de lui dire de faire un peu attention mais… Vous savez ce que c’est, quand on est passionné on ne voit pas toujours jusqu’où on peut aller ou pas. Il adore jouer, un peu trop, et ça lui retombe souvent dessus. Alors quand il a bu, c’est pire. »

« Vous avez été vraiment d’une amitié exemplaire en acceptant de lui prêter main forte. N’aviez vous pas peur de… Dépasser vous aussi vos limites en faisant ça ? N’était-ce pas dangereux pour vous ? »

« Pas vraiment, je ne faisais rien de vraiment illégal. » J’avais vu et fait pire en compagnie de Carlisle, je n’avais sincèrement pas eu l’impression d’être en danger. Enfin, en partie. « On a réglé sa dette, récupéré un truc qu’ils voulaient et l’affaire a été entendue. J’ai juste demandé à ne plus avoir à vivre ça, je n’allais pas m’amuser tous les mois avec des yakusas… Vous comprenez, ils sont un peu rancuniers et je préfère quand même rester tranquille. On sait jamais ce qu’ils peuvent avoir l’idée de vous faire ! Vous saviez qu’au japon, ils coupent les doigts des membres de leurs clans lorsqu’ils font de l’insubordination ? Ou même parce qu’ils discutent un ordre ! Vaut mieux pas dépendre de quelqu’un d’aussi violent comme ça. »

« Ce n’est pas votre cas. »

« Non. » Répondis-je, penchant la tête sur le côté. « J’ai appris à faire attention et à me méfier. C’est un peu de l’instinct de survie ! Même si Carlisle dit souvent que je suis une tête brûlée et entêtée, il… Vous lui direz pas que j’ai parlé de lui, hein ? »

Elle eu un sourire et hocha la tête, passant son index sur ses lèvres.

« Cette conversation est entre vous et moi, Antropy. »

« J’ai de l’instinct pour sentir les trucs un peu louche. Là j’avais senti que le plan du poker était foireux dès le départ pourtant je l’ai aidé. Je ne sais pas l’expliquer mais… Je sens quand quelque chose ne va pas ou que les gens ne sont pas très honnête. C’est comme pour… Louis… »

Ma voix s’était abaissée et Isobel s’était redressée. Elle laissa un silence.

« Louis ? »

« C’était… Quelqu’un de vraiment mauvais. » Parvins-je à articuler après quelques secondes supplémentaires. « Il respirait la méchanceté, je ne saurais pas dire pourquoi ni comment mais… Tout en lui inspirait le sadisme. Je me suis méfié de lui dès le début. »

La psy continuait de me regarder avec une attention certaine, écrivant parfois sur le calepin qu’elle tenait devant elle. Pourtant, depuis une minute, elle avait cessé de noté. Elle posa même son stylo et posa une main sur l’accoudoir.

« Était ? »

J’eu une grimace, passant une main dans mes cheveux.

« Carlisle m’a dit qu’il était mort. » Avouai-je, elle hocha la tête. « J’ai… Je saurais pas l’expliquer mais j’ai l’intime conviction qu’il a fait quelque chose d’horrible. Que Louis a été quelqu’un d’horrible et que… Qu’il soit mort est ce qu’il méritait. Est-ce que je suis horrible de dire ça ? »

« Non. » Elle secoua la tête. « Louis est un personnage visiblement très sombre pour vous. Sa mort vous a-t-elle ôté un poids ou bien êtes vous toujours dans ce ressenti belliqueux ? »

Je pris le temps de réfléchir à ma réponse, sincèrement, me mordant l’intérieur de la joue.

« Je ne sais pas. Je suis… Je ne suis pas heureux qu’il soit mort, mais je suis rassuré. J’ai… J’ai l’impression qu’il y a eu beaucoup de mal. Mais… » Je désignai ma tête, tapotant ma tempe. « … Je ne ressens ni haine ni même douleur. C’est là, ancré en moi comme une évidence, mais je ne ressens rien du tout. C’est comme ça. Je sais juste que je suis bien ici. »

« Avec vos proches ? »

« Oui. » J’eu un étrange soupir rassuré. « Carlisle, Alice, Emily vont bien. Et… Je pense que Tasha aussi va bien. J’ai hâte de pouvoir rentrer à la maison. »

« Vous n’avez pas peur du changement qui a pu avoir lieu pendant votre… absence ? »

« Si. Mais je suis quelqu’un qui sait s’adapter, je ne devrais pas avoir trop de problème ! Je suis bien, je vous dis. J’ai juste envie d’aller courir dehors et de jouer de la guitare. J’ai envie de chanter et de me défouler. C’est pas que je vous aime pas mais, les hôpitaux et les petites pièces comme ça… Je préfère quand même être dehors ! »

Isobel ne s’en formalisa pas et, après encore quelques mots, elle quitta la pièce après une poignée de main aussi tendre que le reste de sa présence. Elle était gentille cette dame… Je me retrouvai seul un peu, avec moi-même et cette chambre d’hôpital un peu trop médicalisée pour moi. Sebastian avait été là à mon réveil. Mes sœurs étaient dans le couloir. Et Carlisle… Carlisle, où était-il ?
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________________________________________ 2018-04-29, 14:45

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The taste that your lips allowed.

Tous les tests étaient bons. Le corps d’Antropy, bien qu’un peu affaiblit de son inaction récente, était en parfaite santé. Aucune séquelle ne semblait visible, si ce n’était une légère raideur des muscles. Le pouls était rapide et clair, le souffle régulier, l’effort ne posait pas de problème. D’un point de vue tout à fait clinique, Antropy était en excellente santé. Et au vu du message qu’Isobel Lightman lui envoya quelques minutes après son entretient avec Antropy… Le mental semblait suivre.

Assit dans son fauteuil de cuir, le nez enfouit contre le crâne désormais touffue de Tasha, Carlisle relisait le mail pour la troisième fois. Dès qu’il avait eue la certitude que les filles étaient au chevet d’Antropy, Carlisle avait préféré rentrer auprès de sa fille. Curieux réflexe, mais il n’était pas tenté de l’analyser. Il ne voulait plus jamais confié sa fille à de sombres inconnus. Et maintenant que mère avait récupérer le Manoir, il n’avait plus de nourrice à qui faire appel. Seul dans une grande pièce vide où seul reposait son bureau et son fauteuil, ainsi que des étagères de bois vernis, vide pour le moment, Carlisle berçait Tasha d’avant de arrière, la tenant fermement mais avec tendresse. Antropy ‘ne présentait pas de traumatisme’. C’était ‘comme si son esprit avait cloisonné ses souvenirs pour ne plus souffrir’. C’était, en quelque sorte, ‘une bonne nouvelle’. Malgré lui, Carlisle demeurait sceptique. Les études avaient prouvés que les amnésies traumatiques étaient des syndromes instables, non pas des constantes. Il pouvait avoir tout oublié et une simple couleur pouvait le replonger dans un état catatonique. Ce n’était en rien une bonne nouvelle, juste un soulagement pour lui. Au moins, ne souffrait-il pas. Plus. Tout était une question de point de vue.

-Monsieur Evil ? fit une voix, après avoir toqué doucement à la porte.

Aussitôt ses mains se ressérèrent autour de Tasha, sans lui faire de mal cependant. Il avait beau connaître Timothy depuis presque toujours, il ne comptait plus accordé sa confiance à quiconque.

-Oui? demanda-t-il, un peu sèchement.

-Nous avons mit le piano près de la baie vitrée, comme vous l’aviez demandé, dit-il sobrement, sans se formaliser de l’humeur du jeune maître. Il ne reste plus qu’à installer votre chambre et votre bureau, Monsieur, et vous serez chez vous.

Chez lui… L’expression lui provoqua un rictus, mais il finit par se lever, refermant son ordinateur d’une main.

-Levi est-il passé?

-Il a déposé ceci pour vous Monsieur. Et votre concierge vous a fait monter ceci. Les plans du système de sécurité, comme vous les vouliez.

Carlisle hocha sèchement la tête. Il le modifierait une fois le déménagement fait. Il était hors de question de laisser sa porte piratable désormais. Tout serait sous son contrôle. Et il ne comptait plus laisser le moindre sentiment interférer dans ses protocoles. L’espace d’un instant, il songea à Thomas, qui l’avait appelé quelques jours plus tôt. Durant toute la ‘convalescence’ d’Antropy, Carlisle s’était interdit de communiqué à ce sujet, de crainte de découvrir ou de réveiller un réseau plus grand que cette toile d’araignée tissée entre Mère et Louis. Lorsque Thomas avait deviné, au ton de sa voix, que quelque chose de grave était arrivé, Carlisle avait du faire preuve de toute sa capacité de persuasion pour l’empêcher de prendre son jet et de venir aux États-Unis. Cela ne pouvait que perturbé plus encore Antropy…. Mais Carlisle du lui jurer de le rappeler au plus vite sur une ligne sécurisé pour tout lui expliqué.

Rapidement, Carlisle passa en revue la grande pièce à vivre de l’appartement. Contrairement au précédent, il possédait un jardin interne, autour duquel courrait de longues baies vitrées. Utile pour toujours pouvoir voir qui se trouvait dans l’appartement. Chaque baie vitrée donnait soit sur une cloison de bois, soit sur une pièce. En tout les cas, à moins de connaître l’appartement et ses plans, il était impossible de se cacher. Carlisle avait déjà passer en revue chaque angle et prévu d’y installer des caméras afin de contrôler toute la surface. Le piano lui faisait face, de l’autre côté du puis de lumière, en face de son bureau. Derrière le piano, en contre bas, des canapés se rassemblaient face à une cheminée designé par un français ou un italien. L’espace salon formait un léger cocon, en contre bas des baies vitrées -utile pour s’y dissimulé en cas d’attaque. A sa droite, se trouvait les deux chambres et leur salle de bain attenantes. Les salles de bain étaient les seuls lieux ‘clos’ de l’appartement, chaque autre pièce possédant toujours deux portes, verrouillables de l’intérieur uniquement. Les chambres étaient immenses, chacune possédant un lit double, de nombreuses étagères et des fenêtres en verre sans teint et blindées. Les dressings étaient intégrés au mur, mais munis de portes coulissantes, pratique pour s’y cacher rapidement. La dernière pièce, la cuisine, possédait un îlot central en marbre, derrière lequel on pouvait s’abriter et les deux frigos aux portes en inox avaient été renforcés à sa demande pour pouvoir servir de bouclier.

En un mot, l’appartement était suffisamment bien pensé pour pouvoir se protéger en cas d’attaque.

Berçant Tasha contre lui, Carlisle eue un hochement de tête, pour lui même, avant de se tourner vers Timothy. Le vieux majordome, sec comme du bois, mais éternellement et rigoureusement dévoué à la famille Evil, lui accorda un léger sourire, retenu.

-Y a-t-il quoi que ce soit que je puisse faire pour votre service, Monsieur Evil ?

-Non, Timothy, merci bien. Assures-toi que les meubles restant soient amenés ici et placés là où je l’ai indiqué. Pour l’heure, je dois m’absenter.

-Et pour ce qui est des… Figurines de votre ami ? Vous n’avez pas laissé d’instruction.

-…. Laissez les dans le carton, mais déposez le dans la chambre principal.

Antropy possédait une petite collection de figurine de dinosaures, que Carlisle n’avait jamais eue le coeur de le forcer à abandonner. Quelque part au fond de lui, il les appréciait, ces formes incongrues aux couleurs tout sauf scientifiques. Peut-être que lorsqu’Antropy voudrait venir ici -si il voulait venir ici- il voudrait les ranger lui même. Malgré lui, Carlisle serra un peu plus Tasha contre lui. Même si Antropy ne gardait aucune séquelle de son enlèvement, rien ne disait qu’il serait bon pour lui de vivre à ses côtés. Son traumatisme l’avait inclus, il l’avait crains et fuit. Pris pour Louis. Etait-ce réellement indiqué dès lors de la faire vivre à ses côtés à nouveau ?.. Tasha avait besoin de son père. Mais de quoi son père avait-il réellement besoin ?

Silencieusement, Carlisle prit l’ascenseur privé se trouvant à l’extérieur de son appartement, Tasha bien cramponné dans son porte-bébé, contre le poitrail de Carlisle, et descendit au parking. Il avait troqué l’Audi contre une Chevrolet coupé grise, et le siège bébé installé sur la banquette arrière attestait de combien Carlisle ne parvenait plus à déléguer la protection de sa fille. Elle l’accompagnait partout tant qu’Alice n’était pas disponible. Jamais il n’autorisait qu’elle se trouve seule.

Jamais.

Isobel l’avait recommander dans son e-mail, Antropy avait exprimé le souhait de revoir sa fille. Elle serait, aussi cruel que le test puisse sembler, la meilleure preuve de l’état mental dans lequel se trouvait Antropy. Sa fille était tout autant vecteur de souvenirs que Carlisle. De plus, elle avait changé depuis l’enlèvement. Elle avait un peu grandit, prit du poids. Ses cheveux commençaient à bouclés et des tâches de rousseurs étaient apparues sur son nez. Cela serait… Un bon indicateur. Pour voir si Antropy se souvenait ou…

Quand il ouvrit la porte de sa chambre, les trois personnes présentes tournèrent le visage vers lui, avec des expressions distinctes. Emily le dévisagea avec cette éternelle colère sourde qu’elle lui vouait. Alice, avec bienveillance et douceur. Antropy, avec sourire et… Surprise lorsqu’il avisa la touffe rousse qui s’échappait de la grenouillère verte pomme.

-Emily. Alice. Antropy...

Sa voix était calme, presque neutre. Clinique. Il resta un instant en retrait, avant de fermer la porte derrière lui. Alice se leva aussitôt du bord du lit, prétextant de vouloir un café tout à coup. Elle du lourdement insister auprès d’Emily pour qu’elle la suive et après un regard meurtrier, elle finit par quitter la pièce elle aussi. Le silence qui retomba fut aussi léger que lourd et Carlisle finit par s’approcher du lit. S’installant au plus éloigné point d’Antropy.

-… Je pense que tu devais vouloir la voir.

L’introduction étai gauche, mais il se contenta de cela. Doucement, il fit glisser Tasha de son torse à ses bras, se crispant presque quand Antropy vint se coller à lui pour l’observer de plus près. Le contact le surprit, le crispa et lui fit mal. Pourtant le roux ne sembla pas s’en rendre compte, se contentant de toucher le visage de sa fille du bout de doigts, jouant avec ses boucles désormais longues.

-Comment te sens-tu aujourd’hui, Antropy?

Le roux releva la tête vers lui, l’observant intensément, presque avec hésitation.

-Je veux rentrer chez nous. S’il te plaît.

Le coeur de Carlisle se serra brièvement, sincèrement touché du simple fait de ne pas le voir détourner les yeux. Depuis combien de temps…

-Tu as vu tous les médecins ? Que t’ont-ils dit?

Bien sûr, il connaissait déjà la réponse. Il les avait lui même tous vu personnellement mais il était important qu’il sache si Antropy y avait prêté attention… Ou non. Et comme à son habitude, il ne les avait écouter que d’une distraite oreille ! Habitude… Etait-il possible que tout soit aussi simple ?

-Antropy il faut que tu saches quelque chose. J’ai du revendre l’appartement. Notre… ‘Chez nous’. J’ai fais livré tous les meubles, mais les tiens sont encore dans les cartons. Tu as tout à fait le droit de ne pas vouloir venir dans ce nouvel appartement. Tu peux rester chez Alice si tu le désires. Cela ne me prendra qu’une journée pour que tes guitares, tes vêtements et tes figurines soient retournés chez ta sœur et je pourrais amener Tasha tous les jours si tu le souhaites.

Il était prêt à toutes les concessions...
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We at a party we don't wanna be at.
Tryna talk, but we can't hear ourselves.
Read your lips, I'd rather kiss 'em right back...


YOU KNOW WHAT ?

It's kinda crazy 'cause I really don't mind
And you make it better like that


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________________________________________ 2018-05-05, 17:37

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La fête est finie.


Je caresse les joues de ma fille, observant ses petits yeux curieux et ses sourires plein de gloussements quand elle attrape mes doigts pour s’en amuser. Je l’avais vu. Je la connaissais comme ça, même si elle me paraissait un peu plus grande. Un peu plus vive. Un peu plus… Rousse aussi. J’adore. Elle est tellement belle. Tellement spontanée. Se tournant sur elle même sur le lit, elle agite ses bras et ses pieds avant de se mettre à couiner en se retrouvant bloquée de la sorte. Je ne résiste pas et me penche pour la soulever, ce qui a le don de la faire rire. Ses grands sourires. Ses yeux se plissant d’amusement. Ses mains qu’elle porte à sa bouche. Si belle. Si amusante. Si…

Je relève les yeux à la proposition de Carlisle, soutenant son regard fatigué tandis que le mien se plisse. Il avait vendu l’appartement ?! Le leur ? Enfin, celui que Carlisle possédait et où on avait emménagé ? Mais… Pourquoi ? La question ne franchit pas mes lèvres, trop chamboulée par d’autres qui veulent toutes être la première. Aller vivre chez Alice. J’avais la très vague impression que ça avait déjà été le cas et je me souvenais de m’être réveillé là-bas plusieurs fois. Des images brèves. Une chambre et… Emily aussi. Je me souvenais d’Emily. Les filles m’avaient dit que j’avais passé un moment chez ma petite sœur et tenté de détourner mon attention, trop heureuses sans doute que je sois de nouveau « là ». L’ennui, c’est que je ne savais pas vraiment où est-ce que j’étais partis. Ni pourquoi.

Remarquant que Carlisle semblait attendre une réponse de ma part, je secouai la tête pour remettre de l’ordre dans mes pensées vagabondes.

« Je veux aller avec toi ! » M’exclamai-je, peut-être un peu trop spontanément. « Pourquoi je voudrais pas aller avec toi ? Evidemment ! Qu’on ait un nouvel appartement ou non, où tu vas je vais. Sauf si tu ne veux pas de moi mais… Vu que t’as fait ramener mes cartons, je déduis que si ? »

Pensait-il très sérieusement que je ne voudrais pas ? Que je refuserais de retourner où que ce soit en sa compagnie ? Il était revenu et c’était tout ce qui comptait pour moi. Enfin, pas tout mais on va dire le principal. J’embrassai le haut du crâne de notre fille, la berçant légèrement tandis qu’elle bavait allègrement sur mon tee-shirt. J’avais la très nette impression que mon mari avait beaucoup de choses à me raconter. Beaucoup de choses à dire. Beaucoup de choses à partager… Mais qu’il ne le ferait pas aussi facilement. Carlisle n’était pas de ceux qui se livraient aisément et, vu la distance qu’il maintenait entre nous, je pouvais déduire que quelque chose de grave s’était peut-être déroulé. Louis était mort, ça, c’était certain. Mais ce décès ne serait pas le seul responsable de cette attitude. Je devais en savoir plus. Je devais découvrir ce qu’il s’était passé et que mon cerveau refusait de me renvoyer ; Sab était sympa mais son plan avait quelques petits défauts.

Je sortis de la clinique le soir même, ayant refusé de passer une nuit de plus dans une chambre aussi blanche qu’un hôpital pouvait l’être. C’était plus fort que moi, je ne supportais plus d’être enfermé là-dedans ; encore moins seul. L’idée même de laisser Carlisle et Tasha partir d’un côté, sans moi, m’étais prodigieusement insupportable. J’avais donc affronté sans peur le Docteur Yang et laissé l’influence du Evil signer un papier d’autorisation, au grand dam de mes médecins qui préconisaient une surveillance un peu plus prolongée. Ça va, je n’allais pas m’effondrer à peine sorti ! J’étais un tantinet plus solide que ça. Dansant d’un pied sur l’autre, impatient, je ne me fis pas prier lorsqu’il revins vers moi pour m’annoncer la bonne nouvelle et, sans attendre plus longtemps, je marchai d’un pas (très) rapide en direction de la sortie. Ne voyant pas l’audi, je fus obligé de l’attendre pour qu’il me dirige vers une autre voiture. Okay, il avait changé. C’était… Nouveau et étrange à la fois. Ca pouvait tout et rien dire. Je me promis de lui poser la question une fois au calme : pour l’heure, j’avais juste envie de rentrer et de découvrir ce nouveau chez-nous.

Tasha s’était endormie et, précautionneusement, je la pris dans mes bras une fois le véhicule immobilisé dans un sous-sol. Je remarquai qu’il s’était machinalement dirigé vers elle mais, plus près, j’avais été plus rapide. Je lui adressai un sourire qui se voulait réconfortant : promis, je n’allais pas la lui voler. J’ignorais combien de temps il avait passé « seul » avec elle mais quelque chose me soufflait que c’était bien plus que ce dont je pouvais me rappeler. Nous montâmes dans un ascenseur et un silence un peu pesant s’abattit sur mes épaules. Je cherchai quoi dire pour détendre un peu l’atmosphère mais à la place, j’étouffai un bâillement derrière ma paume. J’étais plus fatigué que ce que j’avais bien voulu faire croire à la clinique… Lorsque les portes s’ouvrir après un code entré exclusivement par mon compagnon, j’ouvris grand les yeux et la bouche face à la nouveauté.

« Woaw !! Mais c’est… C’est trop énorme ! » L’appartement était plongé dans l’obscurité pourtant je pouvais clairement discerner un jardin derrière des baies vitrées, éclairé par les lueurs de la nuit. « C’est quoi toutes ces pièces là ? Je peux voir ? Oh là c’est la cuisine ! »

Il me prit Tasha des bras et je me mis à faire le tour, passant d’un endroit à l’autre en m’emplissant d’une odeur familière qui me fit le plus grand bien. Cet endroit. Ces meubles. Ce piano… j’aimais tellement les retrouver. J’avais la sensation de les avoir quittés pendant trop longtemps. J’explorai rapidement le bureau, les chambres, retrouvant rapidement Carlisle alors qu’il terminait de coucher notre fille et tirait légèrement la porte. Je poussai un soupir en le voyant, ne pouvant m’empêcher de sourire. D’un geste machinal, je me dirigeai vers la chambre principale et, contournant les cartons, je me mis à rire en voyant les dinosaures en plastique qui avaient été posés un peu à côté. Avait-il joué avec ? Je le savais ! Ca me tira un gloussement tandis que je me laissai tomber au bord des draps, poussant un soupir.

« Je suis content d’être à la maison. Même si c’est une nouvelle maison. »

Commentai-je en le voyant s’arrêter à l’entrée. Prudent. Si prudent… L’avais-je mordu pour qu’il soit comme ça ? Je ne voyais pourtant aucune trace si ce n’était de la fatigue. Il avait les traits tirés et l’air émacié. Je fronçai les sourcils.

« Tu dis que je ne mange pas mais j’en connais un qui a perdu du poids… C’est la mort de Louis qui t’as mis dans cet état-là ? » A l’éclair de surprise douloureux qui passa dans son regard, je me mordis l’intérieur de la joue. « J’veux dire… C’est pas grave hein, c’est pas une si grande perte. Enfin, toi tu l’aimais bien mais… Moi je suis plutôt rassuré qu’il ne soit plus là. » Je tapotai ma tempe. « C’est toi qui m’a dit qu’il était mort, tu te rappelles ? C’est toi qui m’a dit qu’il ne me ferait plus de mal. Tu sais que je te crois toujours quand tu dis quelque chose comme ça. »

J’étais en train de glisser sur un terrain dangereusement glissant et, machinalement, je saisis l’une des petites figurines pour la faire tourner entre mes doigts. Un peu nerveux soudain. Un peu attristé aussi. J’avais des centaines de questions mais aucune sûreté de réponse. J’avais… L’impression qu’on m’avait pris quelque chose, que j’avais tus quelque chose, mais je ne savais pas quoi. Et lui, il le savait. Il le savait plus que tous les autres.

« Carlisle. » L’interpellai-je alors qu’il avait détourné le regard. J’attends de me plonger dans ses yeux bleus avant de parler à nouveau : « Je t’aime, tu le sais, non ? Alors… Pourquoi j’ai l’impression de ne pas te l’avoir dit depuis très longtemps ? »
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• Franchement Slo', on a pas besoin de se retrouver dans un parking glauque pour que tu m'annonces que tu me prends comme ton témoin de mariage !
• Ssssssh discrétion Al' discrétion !

♨️

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• Sloan ? Tu m'écoutes ? Lui là ... je peux le tuer quand tu veux !
• Hum oui oui Dew' ... oui oui


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________________________________________ 2018-05-06, 18:06

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The taste that your lips allowed.

Il y avait quelque chose de terrible à l’entendre parler avec une telle désinvolture de la mort de Louis. Carlisle avait encore au fond des narines l’odeur de son corps en décomposition, qu’il avait fait dissoudre quelques jours plus tôt. Comment un tel miracle était-il possible ? Il avait prier tous les dieux pour que cela arrive, mais les amnésies sélectives étaient tellement rares ! Tellement impossible… Et rarement pérenne. Alors inconsciemment, il n’arrive pas à croire que celle-ci va durer. Au plus profond de lui, Carlisle ne peut s’empêcher d’analyser la moindre mimique, la moindre expression, cherchant, encore et sans relâche, cette terreur pleine et entière qui l’avait saisit tant de fois et des jours durant. Des semaines durant…

Lentement,à pas très mesuré, Carlisle s’approcha, venant s’asseoir au bord du lit, suffisamment loin pour ne pas l’effrayer. Pour ne pas imposer sa présence. Son odeur. Sa proximité. Tout, en réalité.

-Parce que c’est le cas, Antropy.

Sa voix est calme, neutre. Détaché. Il avait discuté avec Cristina, de la meilleure chose à faire pour ne pas forcer une régression, ni empêcher la guérison. Elle lui avait dit d’y aller en douceur, d’insister sur la vérité, mais surtout de rester vague sur la raison du traumatisme. Le plus vague possible, et seulement si il posait des questions…

-… J’ai fais quelque chose de mal ? demanda timidement le roux, s’approchant de lui, jusqu’à se tenir juste en face de lui.

Aussitôt, Carlisle se crispa, incapable de contrôler ce réflexe venu avec le temps. Prêt à partir. Prêt à s’en aller. Prêt à tout pour ne plus l’entendre hurler et se ruer contre les murs. Prêt à tout pour l’empêcher de souffrir par sa faute.

-Non, fit-il, gardant la même voix neutre, le visage d’une bienveillance clinnique. Non, tu n'as rien fais de mal. Tu... Tu as subis une épreuve. Ce n'était pas ta faute.

Antropy eue une moue, penchant légèrement la tête sur le côté.

-Alors... Pourquoi y'a un fossé, juste là ? demanda-t-il, désignant l’espace entre eux.

Son air perdu lui fendait le coeur, et Carlisle sent sa main se crisper sur son genoux, incapable de soutenir son regard franc sans entendre les cris qui résonnent dans son esprit.

-Antropy... Tu n'as aucun souvenir? De ce qui s'est passé entre maintenant et... la dernière fois que tu as vue Louis?

Le visage d’Antropy perdit instantanément ses couleurs, et Carlisle secoua la tête.

-Ce n'est rien, je n'aurais pas du te poser la question. Tu... Devrais te reposer. J'irais dormir à côté si tu préfères cette chambre, conclu-t-il en se levant, au même moment où Antropy se mit à marmonner.

-Je sais qu'il est mort. Et je sais qu'il s'est passé quelque chose d'horrible mais... Hein ? Tu ne dors pas avec moi ?! s’exclama le roux, en le voyant se lever.

Il avait l’air complètement abasourdit par la nouvelle, et Carlisle ne put s’empêcher le même timbre de voix qu’il utilisait depuis des mois avec lui. Monocorde. Morne. Clinique.

-Je pense que c’est trop tôt. Pour toi. Tu risquerais de faire une rechute.

-Une rechute ? Carlisle, de quoi tu parles ?

Son air peiné lui perçait le coeur, mais Carlisle reste d’une distance atrocement clinique.

-Tu... As été dans un hôpital longtemps. Je ne veux pas brusquer ton retour à la maison.

-Carlisle, murmure-t-il, d’une voix hésitante et perdue. Est-ce que... Tu... est-ce que c'est fini, entre nous ? Ça n'existe plus ?

L’entendre dire ce genre de choses lui provoque un sourire triste, le fixant avec une attention proche de la douleur. Est-ce que ça existait encore ? Est-ce qu’ils existaient encore ? Leurs vies avaient été bousculées, ravagées, détruites de toutes part et même là, alors qu’on lui en rendait une partie, Carlisle était incapable d’y croire suffisamment. Il avait déjà renoncer à tout ça tellement de fois…

-Je n'espérais pas que tu puisses m'adresser encore la parole un jour, expliqua-t-il, d’une voix coupante et sincère. Douce amère. Alors je ne sais pas quoi répondre à ta question.

Le réflexe du roux vint avant que Carlisle ne termine sa phrase, s’approchant de lui jusqu’à pouvoir le toucher. Jusqu’à pouvoir frôler ses épaules et son cou, son visage. Les traits de Carlisle se tendirent aussitôt, devant se retenir à toutes forces de ne pas saisir ses coudes pour abaisser ses mains. Ne pas le brusquer. Ne pas le choquer. Ne pas user de gestes brusques. Jamais. Alors il le laisse faire. Le laisse le toucher. Le laisse avoir ses gestes qu’il ne pensait plus jamais le voir effectuer. Simplement le toucher. Juste s’approcher de lui pour le toucher…

Sans hurler. Sans se recroqueviller dans un coin de la pièce. Sans lui hurler de partir, ou lui pleurer de ne pas lui faire de mal. Simplement. Evidement. Alors quand sa main frôla sa joue, Carlisle prit le temps qu’il faut pour relever la sienne sans lui faire peur. Sans le surprendre. Un geste lent, visible. Compréhensible. Sans heurt. Sans violence. Juste prendre sa main dans la sienne et embrasser sa paume, avec une douceur telle qu’elle lui enserre le coeur.

-Carlisle...

Il pouvait le voir dans ses yeux, il ne comprenait pas ce qui lui arrivait. Ne comprenait pas pourquoi il était si distant. Aucun souvenir ne défilait derrière ses prunelles claires et aucune violence ne réduisait son esprit en cendres.

-Tu m’as manqué, parvint-il à avouer, d’une voix rauque. Tu m’as tellement manqué...

Au fond de lui, Carlisle se sent s’effriter, la fatigue et la lassitude des derniers mois le mettant lentement mais sûrement à genoux. Epuisé. Terrassé. Vidé de toutes forces, lui qui s’était ériger en puissant.

-Je suis tellement désolé, Antropy. J’aurais… Dû être plus vigilant.

-Tu n'as pas fait exprès. Tu as... fait tout ce que tu as pu. Je le sais. Je le sais, Carlisle...

Pouvait-il seulement imaginer ? Pouvait-il seulement… Avant qu’il ne le comprenne, Carlisle sentit les bras d’Antropy l’entourer et son visage s’enfouir contre son torse, le figeant plus encore. Raide et rigide, droit comme un mort et pourtant, après quelques infinies minutes… Si l’amnésie était temporaire, il fallait prendre chaque seconde. Chaque minutes. Chaque… Ses bras se resserrent autour de lui, maladroits et gauches, mais sincère, finissant par le bercer ou bien était-ce Antropy qui le berçait ? Peu importait au fond, Carlisle voulait bien rester ainsi autant de temps qu’il le désirait. Autant de temps qu’il le souhaitait…

-Antropy. Si quoique ce soit te revient, je t’en prie, parles moi. Même si tu as peur, parles moi. Ou appelle Alice. Mais je t’en prie, ne repart pas au fond de ton esprit. Je ne peux pas te perdre une nouvelle fois...

-Promis...

Ce n’était qu’un souffle contre son torse, appuyer d’un vif hochement de tête, qui aurait pu le faire sourire si il n’avait pas été aussi las. Il eue un dernier soupir, un dernier instant de faiblesse, avant de reculer. Retrouvant un peu de cette distance clinique qu’il tentait de maintenir.

-Je vais préparer le dîner. Après nous pourrons décider de… Comment vont s'organiser les jours à venir.

La main d’Antropy trouva la sienne, comme pour le retenir un dernier instant, et Carlisle eue un sourire, doux. Encourageant.

-Prends le temps d’installer un peu tes affaires. Si cette… Chambre te convient, alors tu peux déballer tes cartons ici. Les autres sont dans la deuxième chambre. Juste à côté.

Là où Carlisle s’était attendu à ce qu’il préfère dormir.

Je m’installe ici. Avec toi.

Cela arracha presque un sourire à Carlisle, cet air si résolu et si sûr de lui. Enfin lui même.

-Si telle est ta décision...

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