« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)
Arriver à cette conclusion n'était pas difficile, n'importe qui doté d'un minimum de jugeote y serait parvenu. Je venais de lui dire qu'il pouvait se tuer sans gêne, chose qui n'était pas correct. Pour enchaîner en lui demandant des conseils, ce que je supposais être encore plus malvenu. Le simple fait qu'il me rejoigne fut donc une surprise, puisque je m'attendais à ce qu'il s'énerve et s'en aille en me laissant toute seule ici. Cette situation était des plus délirantes. Comment un simple séminaire avait pu nous mener là ? C'était de ma faute. Tout était de ma faute. Je ne pouvais m'empêcher d'agir comme une imbécile.
Je serrais le carnet contre moi, presque gênée d'avoir mis tant de temps à réagir avant de le lui reprendre. Il n'avait pas le droit d'y toucher. Qu'il s'estime heureux ne serait-ce que de le voir, je n'accordais pas ce privilège au premier venu. J'hésitais à le regretter, à présent, certaine qu'il n'avait pas manqué d'en lire quelques fragments. Il en profiterait pour se moquer, pour me faire des remarques, pour me rappeler à quel point je ne connaissais rien.
Ma tête se releva alors qu'il m'expliquait un fait banal, qui se révélait pour moi être une information capitale que je ne manquais pas de garder en tête. J'étais prête à arborer mon expression la plus renfrognée, malgré tout vexée qu'il ait fait preuve d'indiscrétion, mais la suite me laissa perplexe. Etre comparée à cet animal démoniaque n'était pas une chose que j'avais anticipé. Je n'arrivais pas à définir la manière dont je devais le prendre. Venant de lui, je pensais qu'il était forcément question d'une affirmation qui devait me fâcher, sans que je n'arrive pourtant à l'être. Je me contentais d'afficher un air songeur qui se transforma rapidement en déception. J'aurai préféré que ce soit plus simple et qu'il ait juste à me dicter ce que j'avais besoin de savoir. Une action pour une réaction. Le principe avait le mérite d'être assez clair pour que je le cerne aisément. C'était comme de la physique, à la différence que les sciences n'étaient pas aussi instables que... moi. Je n'avais pas le choix. Je devais le gérer. Je pouvais le faire. Je crois ?
Le frémissement que me procura son rapprochement imprévu me fit immédiatement douter de mes capacités. Il pouvait bien prendre un bain si ça l'amusait -quitte à véritablement s'y noyer- mais pourquoi me mêler à ça ? Sa façon de retenir mon regard par le sien me permettait au moins de ne pas laisser mes yeux s'égarer, même si je distinguais parfaitement ce qu'il était en train de faire. J'aurai exagéré en lui reprochant de retirer quelques vêtements alors que je l'avais également fais plus tôt. Je ne voulais pas l'en empêcher non plus. Mes mains s'accrochèrent plus fortement à mon carnet, ce son soudain qu'il laissa échapper me faisant presque sursauter. Oh, je savais exactement ce qui se passait. J'étais agacée.
« Vois plus loin, petite peste. »
Un frisson me parcourut dans un réflexe suite au contact déroutant qui suivit. Si ce n'était qu'une moquerie, qu'était-il donc en train de faire ? Inconsciemment, je l'observais chercher à ouvrir cette chemise. L'inspiration que je pris à ce moment précis fut plus longue que les précédentes. Légèrement plus longue. Je préférais lâcher mes pauvres notes que je martyrisais en étant si crispée, les repoussant sur le côté.
Sa question me fit pencher la tête sur le côté. En quoi cela m'avancerait à quoi que ce soit, d'y répondre ? Je mettais fin à toute tentative de rester concentrée sur son visage. J'en étais incapable.
« C'est facile. » finissais-je par prononcer dans un soupir. « Du plaisir principalement. De la frustration aussi, même si cette dernière est plus constante. »
Je secouais quelque peu la tête, ne sachant si je devais redouter ce moment d'introspection qui amènerait sans doute son lot de contrariétés. Mes doigts s'approchèrent de la couture de ce vêtement qu'il défaisait, se limitant à effleurer le tissu. Si je voulais savoir, je ne pouvais pas me contenter d'attendre que les explications arrivent d'elles-mêmes.
« Je me suis trompée en pensant que le français la ferait disparaître. Il ne m'attirait pas comme toi, ça ne pouvait pas fonctionner. »
Je me pinçais les lèvres, étonnée par les mots qui m'échappaient si naturellement, et m'attardais sur l'un des boutons. Je me rappelais ce que m'avait dit Lily il y a des semaines. Ce n'était pas un Apollon ou un Elliot qu'il me fallait. Encore moins un Chapuys. Ils n'étaient pas mon 'genre de garçons'. Je n'avais pas compris sur l'instant et, bien que ça me paraissait plus clair maintenant, je n'en saisissais toujours pas tous les détails.
« Il n'y a pas que ça. » ajoutais-je dans un murmure.
Mes yeux se relevèrent vers les siens, alors que j'étais à la fois confuse et curieuse.
« Parfois, tu arrives à me faire oublier à quel point tu es insupportable. Juste en me regardant. »
Ma main cessa d'explorer sa chemise pour rencontrer sa peau. Les battements de mon cœur s'accélérèrent immédiatement.
« Ou en me touchant. »
J'articulais distinctement chaque mot, je prenais mon temps. Je voulais profiter de chaque seconde à son contact. Était-ce mal que de réaliser que ça m'avait manqué ? Je me redressais et rapprochais sensiblement mon visage du sien, mes yeux observant un instant ses lèvres.
« Ça ne dure qu'un instant, mais c'est suffisant pour que je me mette à penser que tu es spécial. »
Ma main commençait à remonter vers son cou, aussi doucement que possible, s'attardant. Je me montrais moins fébrile que ce que j'avais imaginé, bien que je commençais à m'en sentir beaucoup trop électrisée.
« Quel genre de sentiment est capable de me faire croire ça ? »
J'exerçais certainement une pression un peu plus forte contre sa nuque à cet instant, la relâchant la seconde qui suivit. Je brisais ce moment en me relevant, me mettant à tirer sur le bas de mon tee-shirt qui ne me couvrait pas assez. Je ne prononçais pas un mot de plus, changeant de pièce pour passer à la salle de bain.
Je n'avais aucune idée de ce que je comptais y faire. Pas complètement. Mécaniquement, j'ouvrais le robinet de la baignoire dans l'intention de la remplir. J'y vidais même le contenu d'une des lotions se trouvant à côté, après une analyse rapide de chacun de ces produits. Je frôlais le peu d'eau moussante déjà présente, satisfaite par la température tout en étant intriguée.
« Je n'ai jamais pris de bain. Est-ce que c'est bien ? »
Je n'en voyais pas l'intérêt, les douches me suffisaient. C'était le fait qu'il en ait évoqué l'idée, qui m'avait rendu curieuse. J'étais revenue près de la porte, abandonnant la bouteille vide près du lavabo, l'interrogeant du regard.
« Je crois qu'elle est trop petite pour nous deux. »
L'expression que j'affichais, faussement désolée, fut inexplicablement remplacer par un sourire. Je n'hésitais pas longtemps, faisant passer au-dessus de ma tête ce haut qui ne me servirait plus à rien d'ici un moment. Je le laissais tomber au sol, réalisant au même-temps que mes affaires traînaient dans tous les coins de cette chambre.
« Tu devras te contenter de me regarder. »
C'était plutôt amusant comme leçon, finalement.
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Balthazar Graves
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Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.
DEMAIN DES L'AUBE.
| Conte : Sweeney Todd | Dans le monde des contes, je suis : : Mister T.
Il tentait de faire abstraction. De tout ce qu'elle avait prononcé en l'espace de quelques minutes. Elle n'avait aucune connaissance, aucune maîtrise de rien... Comment aurait-elle pu énoncer tout ce qu'elle avait dit avec ce ton pondéré tout propre à la réflexion ? Elle élaborait des conclusions à partir de ses ressentis, de ses instincts. Ce qu'il lui avait conseillé de faire. Il ne s'attendait pas à ce qu'elle se révèle aussi douée.
Il sentait encore sa main se presser contre sa nuque. Il la voyait encore, entièrement nue, le narguer dans l'embrasure de la porte, avant qu'elle ne disparaisse dans la salle de bains. Il entendait le clapotis de l'eau caractéristique alors que la baignoire se remplissait. Il savait très bien ce qu'elle faisait. Vile tentatrice...
Balthazar se releva d'un bond. Inutile de jouer les faux-semblants. C'était fini, tout ça. Il se rendit dans la salle de bains, ignorant la jeune femme qui s'admirait devant le miroir ou qui faisait d'autres idioties. Il baissa les yeux vers la baignoire envahie par les remous et les bulles qui s'amoncelaient.
"Tu apprends vite." nota-t-il, mais il ne savait pas s'il mentionnait le bain ou tout le reste.
Il abandonna sa chemise sur le sol et se pencha pour tester la température de l'eau. Il enleva aussitôt sa main, la trouvant beaucoup trop chaude. Il décida d'ouvrir le robinet d'eau froide afin de tempérer. Souhaitait-elle le faire cuire comme un homard si jamais il se risquait à la rejoindre ? La vapeur déposait déjà une buée très fine sur la vitre du miroir, et conférait à la pièce exiguë une atmosphère étrangement sensuelle et oppressante.
Le barbier se plaça derrière Eulalie, jetant un coup d'oeil à la baignoire ovale.
"Trop petite, hein ? On pourrait en mettre trois comme toi dedans." fit-il remarquer d'un ton narquois.
Il croisa le regard de la jeune femme dans le miroir et inexplicablement, il adopta une expression égarée. Eulalie l'avait dépossédé de la rage qui l'habitait. Désormais, il se sentait vide. Creux. Il renvoya un regard incendiaire à son reflet. Il se haïssait de ne pas savoir être à la hauteur de la vengeance qu'il préparait. Cette dernière lui apparaissait comme étant bien cruelle, désormais. C'était dans sa nature. Il l'était. Pourquoi tant d'hésitations, subitement ?
"Tu te trompes." dit-il, glacial. "Je n'ai rien de spécial."
Dans le miroir, il venait de voir l'éclat de celui qu'il avait été, celui qu'il avait cherché à tuer tant de fois sans jamais véritablement y parvenir. Il était toujours là, tapi dans un coin de sa tête, et se manifestait lorsqu'il était extrêmement fatigué ou affaibli. Il battit furieusement des paupières et saisit Eulalie par la taille pour la faire pivoter vers lui.
"Tu n'es pas innocente." articula-t-il d'un ton venimeux, ses ongles s'enfonçant dans la chair de la jeune femme. "Tu as été créé pour tuer. Pour faire le mal."
A chaque nouvelle parole, il rapprochait son visage du sien, cherchant une confirmation quelconque à ses injonctions. Puisqu'il doutait. Avait-il commis une erreur ? Il se souvenait de leur première nuit. Sa première fois à elle. Son erreur à lui. Tout se mélangeait dans son esprit. L'attirance, la répulsion, le désir, la haine... Tout formait un patchwork d'émotions contraires qui le déroutait plus qu'il ne l'aurait voulu.
Il se contentait de la fixer, se pressant contre elle, la serrant si fort contre lui, alors qu'elle se retrouvait acculée contre le lavabo. Il épiait le moindre détail de sournoiserie subtile qui lui prouverait qu'elle était mauvaise jusqu'à la moelle. Il avait besoin de le vérifier. D'être certain.
Elle avait la conscience d'une enfant. Il avait voulu y demeurer aveugle. Se complaindre dans l'idée qu'elle était pourrie, comme lui, comme eux tous. Cependant, il ne parvenait pas à oublier ses paroles qui résonnaient comme une sorte de déclaration teintée d'une pureté, et qui lui donnait un curieux vertige.
Parfois, tu arrives à me faire oublier à quel point tu es insupportable. Juste en me regardant. Ou en me touchant.
Il cligna des yeux, le souffle saccadé.
Quel genre de sentiment est capable de me faire croire ça ?
Il croisa le regard d'Eulalie alors qu'une ombre passait dans le sien. Brusquement, il la relâcha et s'éloigna de quelques pas, rencontrant le mur derrière lui. Il entendit de nouveau l'eau couler dans la baignoire, par-dessus le bourdonnement de son coeur palpitant. Il resta immobile quelques secondes avant de s'en approcher avec lenteur pour fermer les robinets afin que l'eau ne déborde pas.
"Ton bain est prêt." grommela-t-il d'un ton éteint.
Se penchant, il vérifia la température même s'il se doutait que la peau de l'amazone était coriace. Il avait agi par réflexe. Une attention. Une erreur, encore une. Il observa l'eau et les bulles quelques secondes, s'emmurant dans le silence, songeant qu'il aurait eu grand besoin d'un bain lui aussi, puis se redressant, il articula d'un ton rauque, sans la regarder :
"Tu te trompes. Sur... moi."
Que voulait-il dire, exactement ? Il lui lança un regard interrogateur, avant de secouer la tête, désabusé. Attendait-il vraiment que la réponse vienne d'elle, cette fois ?
"Avant, j'étais quelqu'un d'autre."
Il avait déclaré ces paroles dans un filet de voix, alors qu'il se laissait glisser par terre, adossé à la baignoire, le regard perdu dans le vide.
"C'est peut-être lui que tu vois." supposa-t-il sans vraiment y croire.
Elle était toujours debout, et ses yeux se posèrent sur ses jambes. Il leva la main et effleura sa cheville, avant de remonter lentement jusqu'à son genou, puis sa cuisse. Puis, sa main resta en suspens dans l'air moite, ses doigts fébriles remuant légèrement.
"... Peut-être lui qui te touche." murmura-t-il, plus sceptique qu'intrigué.
Il se releva, ses mains suivant le mouvement et les formes de l'amazone jusqu'à se stopper dans le bas de son dos. Il plongea un regard indécis dans celui de la femme-enfant, identique au sien. Que leur arrivait-il ?
"Lui, tu l'aurais trouvé spécial." marmonna-t-il avec amertume.
Benjamin ne s'en serait jamais pris à une innocente, en tous cas. Il en aurait été incapable. C'était pour cela qu'il avait tant subi. Trop... faible.
Il la fixait toujours avec une sorte de délicatesse douloureuse, aux frontières de la folie, son esprit captif d'une dangereuse confusion.
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"Qu'est-ce qu'elle me veut encore celle-là..."
"Coucou TortueMan, je t'ai manqué ?"
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J'attendais sans vraiment savoir ce que j'espérais, mes mains s'occupant avec une mèche de mes cheveux pendant que je l'observais à travers l'image renvoyée par le miroir. Sa remarque ne me fit pas tiquer. Et ce n'était pas à cause de ce rapprochement pourtant troublant. Il y avait autre chose qui détournait mon attention, je n'arrivais juste pas à le définir. Même son contact brutal ne parvint pas à stopper mes réflexions.
« Tu as été créée pour tuer. Pour faire le mal. »
J'étais créée pour détruire le Mal. Cette affirmation m'aurait semblé plus juste pour décrire mon espèce de rôle dans ce Monde. Je me retins de lui en faire la remarque, quelque chose me disait que prendre la parole n'aurait pas été des plus judicieux. Je me contentais de scruter chaque expression de son visage, mon corps se raidissant par réflexe alors que sa prise se serrait, mais loin de chercher à la repousser.
Je me retenais au bord du lavabo alors qu'il s'écartait. Trop vite, trop brusquement. J'examinais sa posture, son regard, ses mots. Je me rapprochais, confuse, ne voyant pas ce qui pouvait bien être en train de m'échapper.
Mon interrogation sur cet autre qu'il avait été resta bloquée au bord de ma bouche entre-ouverte et je le regardais simplement, traversée d'une étrange déroute en le voyant ainsi à terre. Je frémissais à la proximité de sa main, j'étais tenue en haleine par chacune de ses paroles. Mon regard hésita entre fixer le sien ou s'en détourner. Je sentais qu'il se relevait à son toucher sur ma peau. Nous étions trop proches pour que je puisse l'éviter. Je n'en avais pas envie.
« Lui, tu l'aurais trouvé spécial. »
Qu'attendait-il ? Que j'approuve ? Que je le nie ? Que je me taise ? Ma main hésitante se porta près de ce cœur que je n'arrivais pas à déchiffrer. Il était fragile, comme les autres. Si facile à briser. A moins qu'il ne le soit déjà. Je me concentrais pour calmer la cadence agitée de ma respiration.
« Pourquoi tu me dis tout ça ? »
Je n'avais pas cherché à savoir qui il était avant, ce qu'il avait fait, ce qui avait pu lui arriver. Peut-être que ça m'aurait aidé. Peut-être que tout aurait été plus simple. Je me contentais de suppositions. Toujours et encore des suppositions. Elles ne voulaient rien dire, elles étaient bancales, incomplètes, vides. Elles me ressemblaient un peu. Je n'avais pas de passé, pas d'histoire. Je ne savais pas ce que c'était que d'avoir vécu autant de vies.
Je restais focalisée sur les pulsations que je percevais, fascinée par leur rythme. Je savais que ce n'était pas l'atmosphère de cette pièce qui m'enveloppait de cette chaleur. Mes doigts incertains caressaient son corps, les autres s'égaraient le long de son bras. Je pouvais encore m'échapper et occulter ce qui sonnait comme ses confidences.
« Est-ce que c'est important ? »
Je n'étais pas obligée d'insister. Je n'avais qu'à me convaincre que tout ça n'était qu'un égarement. Mais je ne pouvais me permettre de douter de mon instinct. Je me redressais, ma main abandonnant son torse pour remonter à son épaule. Mon visage était si près du sien que je pouvais sentir la moindre de ses respirations s'y percuter. J'effleurais ses cheveux, dans un geste plus délicat que ce dont je me pensais capable.
« Il n'y a que toi et moi. »
Mon cœur battait si fort que j'en étais étourdie. Chaque parcelle de mon corps en contact avec le sien subissait une douce agonie, alors que je me perdais dans son regard. J'inspirais longuement, penchant légèrement ma tête.
« Je ne veux pas quelqu'un d'autre. Je veux celui que tu es maintenant. » murmurais-je simplement.
Ma prise se serra, comme toujours lorsque je me retrouvais submergée d'émotions que je ne contrôlais pas. Je fermais les yeux un instant, dans une tentative vaine de reprendre mes esprits. Je me rapprochais, mes lèvres effleurant sa peau presque involontairement, s'arrêtant un instant à la limite des siennes.
« Mais si même toi, tu n'arrives pas à y croire... »
Il ne pouvait pas m'aider. Il ne comprenait pas non plus. Je restais plusieurs secondes en suspens, le souffle court. J'avais l'impression d'un flottement dans mes pensées, me rendant incapable de réfléchir, qui ne dura qu'un bref moment.
« Merci. Pour le bain. » finissais-je par lâcher d'une voix plus distante.
Mon regard s'abaissa, mes mains glissaient contre lui et je m'écartais d'une légère pression. Je le dépassais pour enjamber la baignoire en ignorant les frissons qui me parcouraient. Seul le bruit de l'eau se fit entendre dans ce silence trop oppressant. Je m'y plongeais presque complètement, ma tête dépassant, tenant distraitement mes cheveux. Je finissais par les lâcher, trouvant stupide de rester dans une telle posture et encore davantage l'idée de lui demander de quoi les attacher. Ce n'était pas des plus désagréables. Je comprenais mieux pourquoi il y avait des vertus apaisantes à ce type d'activité. Il semblait que mon corps se soit immédiatement détendu, comme relaxé au simple contact de l'eau. Contrairement à mon esprit.
« Tu peux venir si tu en as envie. »
C'était une demande presque inconsciente. Il était trop tard pour me demander si j'agissais de la bonne manière depuis longtemps. J'affichais une moue, presque agacée par moi-même. J'étais trop incompréhensible. Même cette leçon improvisée n'avait pas de sens. Je ramenais mes jambes vers moi, obnubilée par toutes ces bulles à la surface qui me recouvrait, osant néanmoins un coup d’œil dans sa direction. Est-ce qu'il savait ce que ça engendrerait en la commençant ? Est-ce que tout ça n'était qu'une farce ? Je n'allais pas le demander. Je n'étais pas certaine de vouloir toutes les réponses à mes questions ce soir, ou un autre jour, ou n'importe quand finalement.
« Je n'ai pas envie que tu me laisses seule. »
Je sentis ma poitrine se comprimer d'une curieuse façon à cette réflexion. C'était peut-être pour ça que je ne partais pas. Peut-être pour ça que je restais. A moins que ce ne soit parce que je n'avais curieusement pas envie que lui se retrouve seul, sans vraiment comprendre pourquoi.
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Balthazar Graves
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Pourquoi ?
L'ingénue réclamait une raison, mais Balthazar n'en trouvait aucune. Il ne comprenait pas ce qui le poussait à se rapprocher dangereusement du ravin de la vérité. Cherchait-il à basculer pour de bon ? Il avait toujours eu un certain penchant pour l'autodestruction. Quand les portes s'ouvraient dans son esprit, il avait l'impression de perdre le fragile équilibre qu'il avait construit depuis tant d'années. Tout compte fait, son mental était érigé sur des fondations bien minces qui vacillaient au moindre mot. Non, il y avait autre chose. Le barbier savait rester maître de lui-même. C'était l'amazone qui bouleversait tout.
Il écoutait ses questions, les laissait flotter dans l'air chargée de buée. Non, ce n'est pas important. Oublie tout ce que j'ai dit. Ca n'intéresse personne, les histoires rasoir d'un barbier. Il ne sourit pas à sa propre plaisanterie, trop focalisé sur les dernières paroles de la jeune femme, ainsi que sur sa main qui effleura ses cheveux dans un geste empreint d'une telle délicatesse qu'il en tressaillit. Elle était en train de changer de comportement. Il ne savait pas s'il devait s'en réjouir. Elle était si imprévisible, par moments.
"Je ne veux pas quelqu'un d'autre. Je veux celui que tu es maintenant."
Il semblait qu'une sorte de courant électrique passait entre eux et les maintenait dans une transe étrange et pénétrante. Venait-elle vraiment de dire une telle chose ? Il la fixait intensément, cherchant à y déceler l'ombre du mensonge. Il ne comprenait pas qu'elle puisse vouloir de lui. Cela n'avait pas de sens. Il ne méritait pas ce genre d'attention. Il ne méritait pas ce qu'elle souhaitait lui donner. A moins qu'elle n'ait rien compris depuis le début, ce qui était possible aussi. Pourtant, il doutait. Elle avait l'air bien trop assuré. Comment pouvait-elle prétendre à de telles choses en si peu de temps ? Elle était complètement folle...
Elle le remercia -ce qui causa un trouble supplémentaire dans son esprit- et finalement entra dans la baignoire. Balthazar resta immobile quelques secondes, encore effleuré par l'écho de ses mains sur son corps. Puis, il s'anima subitement et se dirigea vers la porte. Il ignorait où il allait. En tous cas, il voulait mettre le plus de distance possible entre elle et lui.
Il entendit l'invitation. Il se stoppa net et observa la jeune femme par-dessus son épaule, à demi retourné. Elle ne pouvait pas s'en empêcher.
"Menteuse." marmonna-t-il, incertain.
Depuis quand avait-elle besoin de compagnie ? D'ordinaire, elle ne se gênait pas pour s'imposer. Elle ne perdait pas son temps à de stupides manigances. Quelque chose dans son intonation lui déplaisait, le mettait mal à l'aise d'une façon qu'il ne s'expliquait pas.
"Je n'ai jamais fait ça." admit-il dans un souffle.
Il se rendit compte que sa phrase nécessitait des précisions, aussi il ajouta d'un ton morne :
"Prendre un bain avec quelqu'un."
Elle non plus. intima une voix dans sa tête. Il remua sa nuque contractée avec l'ombre d'une grimace. La situation lui échappait totalement et il détestait ce genre d'impression.
Il dansa légèrement d'un pied sur l'autre, se mordant les lèvres jusqu'au sang sans parvenir à ne pas contempler l'amazone étendue dans la baignoire, imaginant son corps en dessous de toute la mousse.
"Tourne la tête." ordonna-t-il.
Il pivota de nouveau vers le mur et entreprit de se défaire de son pantalon. Il sentait le regard de l'amazone peser sur lui. Il savait qu'elle avait désobéi et qu'elle l'observait. Pourquoi se sentait-il embarrassé d'être nu devant elle ? La précédente fois avait été différente. Il n'y avait pas eu la place pour la réflexion. Ils avaient agi à l'instinct. Cette fois-ci, c'était autre chose. Il se sentait maladroit, emprunté. Il s'éclaircit la gorge pour troubler le silence qui s'était installé dans la petite pièce.
Tout compte fait, il décida de garder son sous-vêtement pour entrer dans la baignoire, ce qui était passablement absurde.
"Pas un mot." laissa-t-il échapper d'un ton cassant.
Il n'avait pas besoin d'une remarque déplacée de la part d'Eulalie. Il se sentait suffisamment ridicule. Afin de retourner la situation à son avantage, il prit le parti de se glisser juste derrière elle, et passa une main sur son ventre pour ramener la jeune femme vers lui. De cette manière, elle ferait moins sa petite peste. Le contact de l'eau et de la peau de l'amazone provoqua un curieux frisson le long de son échine. C'était plutôt agréable. Il s'y attendait, mais n'y était pas préparé pour autant.
"Et maintenant ?" chuchota-t-il à son oreille.
Ses cheveux mouillés se collaient contre son torse, le faisant frissonner davantage. Il cueillit quelques bulles sur le rebord de l'onde et les déposa doucement sur l'épaule de la jeune femme, perdu dans une sorte d'hypnose étrange. Il attendit que toutes les bulles aient éclaté en silence. Puis, il se pencha juste assez dans un léger remou, pour embrasser cette même épaule très légèrement, fermant les paupières. Son autre main se pressa contre le ventre de l'amazone, et dériva un peu plus bas, contre sa cuisse, avant qu'il ne s'aide de la force de l'eau pour faire basculer la jeune femme vers lui, de sorte à ce qu'elle retrouve au-dessus. La moitié du contenu de la baignoire se renversa sur le sol dans un clapotis sonore mais le barbier demeura imperturbable, plongeant un regard ardent dans le sien. Ses mains s'étaient placées contre son dos alors qu'il se retrouvait presque allongé. Il était à sa merci. Curieusement, il se sentait grisé par cette éventualité. Un léger sourire flottait presque sur ses lèvres.
"Et maintenant, que vas-tu faire ?" demanda-t-il, une lueur de défi dans le regard.
Il commençait à trop s'interroger par sa faute. Ce n'était pas une bonne chose. Il ne voyait qu'un moyen pour échapper à ce calvaire. Accomplir la seule chose qu'ils faisaient à peu près bien, ensemble. Et si jamais elle parlait trop, il pourrait toujours la noyer.
Une seconde idée se faufila dans son esprit, loin d'être incompatible avec la première. Quoique...
Ses mains quittèrent le dos de la jeune femme pour encadrer son visage. A cet instant, il hésita. Son idée ne lui paraissait plus assez pertinente, tout compte fait. Il s'aperçut qu'il ne voulait pas briser cet instant. C'est étrange comme l'on peut vite changer en l'espace de quelques minutes... Il s'aperçut qu'il appréciait la manière nouvelle dont elle le regardait. Cette douceur nimbée d'indécision. C'était exquis.
"Donne-moi une raison d'y croire."
Avait-il prononcé cette phrase ou l'avait-il seulement pensée ? Sa voix était rauque, presque entièrement couverte par les remous de l'eau. Il avait gardé le visage de l'amazone entre ses mains, suffoquant presque en raison de la buée et de son coeur oppressé. Il ne savait même pas pourquoi il avait dit ces mots. Il voulait l'embrasser mais n'osait plus. Il la désirait mais restait figé dans son élan. Quelque chose était brisé depuis longtemps en lui et, avec toute son innocence, l'amazone avait rouvert la plaie, lui causant trop de souffrance pour que ça soit supportable. Il était à la dérive.
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Eulalie
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Cette position n'était pas des plus confortables, mais c'est un détail que j'oubliais rapidement. Nous ne nous y prenions pas de la meilleure des manières pour prendre un bain à deux. Je m'en rendais compte sans pourtant avoir le moindre élément de comparaison à ce sujet. Et je m'en fichais. Même le semblant d'inondation qu'il avait causé m'indifférait. Cette proximité embrouillait mes réflexions, du rappel de ses mains sur mon corps à celui de ses lèvres que je sentais encore sur mon épaule. Chacun de ses mouvements me faisaient frémir et les mots qu'il venaient de prononcer me déstabilisaient encore davantage.
L'une de mes mains se leva pour se poser contre sa joue, sans que l'humidité de ce contact ne vienne me perturber. J'en caressais inconsciemment les contours, trop déroutée par l'impression persistante de ne jamais avoir vraiment prit le temps de le regarder. Je voyais tous les jours ses traits. J'étais persuadée d'en avoir enregistré chaque détail, à force de le croiser, à m'imaginer en train de le frapper. Je me trompais sans doute.
« Ce serait tellement plus simple s'il y en avait une. »
Je détournais mes yeux des siens, incapable d'en soutenir plus longtemps le poids. Si j'étais convaincue par ces choses que j'avais prononcé, c'était simplement parce que je les ressentais. Je savais que c'était ce qui m'animait. Mais je ne pouvais pas me l'expliquer. Doucement, j'abandonnais son visage pour dégager ses mains du mien, entrelaçant nos doigts sans même y réfléchir.
« Tout ça n'est qu'une erreur. »
Mais ce serait pire de ne pas la commettre... C'était ce qu'il avait dit, non ? Mon cœur s'affolait, chacune de ses pulsations me faisant penser que que j'étais sur le point d'exploser. Je n'avais pas à demander pourquoi, cette fois, ni besoin de l'interroger. Je savais que c'était à cause de lui.
Je me penchais juste assez pour poser mes lèvres sur les siennes. Une impulsion. Un besoin. Une preuve que je n'étais pas en train de tout imaginer, que je ne perdais pas totalement la tête. Ce n'était pas comme les fois précédentes. Pas comme les premières, pas comme au restaurant. C'était incertain et fragile, déstabilisant et enivrant. Il n'y avait pas que le désir. Je sentais ma main frissonner alors que je l'avais porté à sa nuque sans en avoir conscience. J'étais envahie d'un étrange sentiment de sérénité que je n'arrivais pas à comprendre.
Je ne cherchais pas à l'expliquer en me reculant, mon front frôlant le sien, le souffle court. Je croisais de nouveau son regard, me demandant de quel sorte d'égoïsme je faisais preuve pour lui imposer ainsi mes doutes, pour le mêler à mon ignorance. J'étouffais mes interrogations depuis le début de cet échange, je les laissais de côté, les ignorais. Mais elles allaient remonter à la surface pour me torturer. Elles allaient venir tout gâcher.
Il n'était là que pour tester mes limites, non ? Non. Non, il y avait autre chose. Il devait y avoir autre chose. Qu'est-ce que j'étais en train de faire ? Je le lâchais en me redressant plus vite que je ne le souhaitais. Il fallait que je m'échappe de cette baignoire, que j'oublie ce qui venait de se dérouler. Je ne prêtais pas attention à la nappe d'eau présente sur le sol, m'éloignant rapidement pour attraper une serviette dans laquelle je m'enroulais maladroitement. Je le voyais encore vaguement dans le miroir recouvert de buée, secouant la tête.
« Je ne suis qu'une petite peste idiote de toute façon. Ce que j'ai pu dire n'a pas d'importance. »
Je resserrais la serviette autour de ma poitrine comprimée par ses mots, ne prenant pas la peine de me retourner. Je ne pouvais pas rester là plus longtemps. Je me baissais pour récupérer mon haut abandonné, mes yeux dérivant sur le pantalon qu'il avait lui-même laissé. Il ne l'avait pas prit avec lui. Son fameux rasoir. Ma gorge se serra à cette constatation que je n'avais pas faite plus tôt. Est-ce qu'il était possible qu'il commence déjà à y croire sans s'en rendre compte ?
Je n'avais pas pu me résoudre à partir mais je n'en étais pas surprise. Mes affaires étaient toutes restées dans cette chambre que j'avais quitté, pendant que je perdais mon temps assise sur un fauteuil de l'accueil. Je me trouvais même frustrée de ne pas avoir envie de manger. A la place, je regardais les gens passer en soupirant à chaque passage, épiant leurs conversations futiles. J'étais consciente de ne pas pouvoir tenir de plus nombreuses heures ainsi mais mon envie d'explorer la ville s'était envolée depuis longtemps. J'avais attendu volontairement, espérant de la sorte lui laisser le temps de... Lui laisser le temps, tout simplement. Je ne cherchais plus de logique à mes comportements. Je me sentais faible et perdue. Par sa faute. Non, par la mienne. Je ne savais plus.
Je n'avais pas compté le temps qui s'était écoulé avant que je ne revienne, me demandant ce qu'il serait en train de faire. Si seulement il était encore là. Cette perspective me remplit d'une angoisse passagère qui s'effaça lorsque je réalisais que je ne l'avais pas remarqué partir. Je secouais la tête, hésitante en jetant un coup d’œil vers la porte menant à la chambre. J'avais décidé de le laisser, je n'avais aucun droit de revenir m'imposer. Mais je ne pouvais me défaire de cette curieuse culpabilité qui me submergeait.
« Est-ce que tu dors ? »
J'avais à peine entrouvert la porte, peu étonnée par son absence de réponse. J'osais un pas dans la pièce éteinte, puis un autre, discernant sa silhouette sous la couverture. Je ne voulais pas le déranger. Je connaissais ses habitudes, je savais qu'il dormait très peu. Trop peu, même. J'étais là sans que ce ne soit justifié. Il ne désirait certainement pas ma présence et je ne pouvais pas trouver le sommeil comme les humains. Je n'avais aucun intérêt à me trouver ici. Je me mordais les lèvres, décidant finalement de m'y glisser, me plaçant aussi près que possible en évitant malgré tout de le toucher. Il avait raison finalement, j'avais causé assez de dégâts aujourd'hui.
« Je suis désolée. » murmurais-je dans un souffle.
De ne pas avoir de raison à te donner. De t'avoir laissé. D'être stupide. Je n'étais pas en état de méditer, bousculée par mes propres sentiments, mais je pouvais au moins me laisser apaiser par le son des battements de son cœur, au lieu de me contenter de ceux de la ville toujours éveillée.