« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)
Il faisait encore nuit lorsque silencieuse, la souris s’était glissée dans la cellule de son prisonnier préféré. Se faisant aussi discrète que possible, elle s’était dirigée vers lui tenant dans son museau la lettre qu’elle lui avait écrite à peine quelques heures auparavant. Le nom du destinataire, écrit d’une main maladroite et tremblante, ne pouvait guère très bien se lire compte tenu des larmes qui s’étaient mêlées à l’encre encore fraîche.
Une dernière visite ! Juste un petit moment passé ensemble pour lui faire ses adieux. C’était tout ce que la petite souris espérait ! Patiente, elle avait attendu qu’il s’endorme, le regardant se plonger dans l’une de ces nuits remplies de cauchemars dont elle avait pansé tant de fois les blessures. Le tableau était d’ailleurs si étrange ! Comment un visage porteur d’autant de grâce et de beauté pouvait dissimuler un esprit aussi noir et torturé ? Laissant couler une petite larme au coin de son museau, elle s’était blottie contre lui quelques instants, profitant une dernière fois de la chaleur bienfaitrice de son corps. Puis, elle avait fini par s’écarter, son cœur remplis de regrets. Elle avait alors passé tristement l’une de ses petites pattes dans sa chevelure d’ébène.
« Je suis désolée, mon amour ! J’espère que tu trouveras un jour en toi la force de me pardonner ! Je te souhaite bonne chance. Adieu Benjamin… je t’aime ! »
Le petit animal avait alors saisi dans son museau la petite lettre qu’elle avait écrite. Elle l’avait déposé avec soin tout proche du rasoir qu’elle lui avait offert et auquel il tenait tant. Elle était persuadée que là, il finirait par la trouver. Un dernier regard en direction de son bien-aimé, elle s’était alors engouffrée dans le même trou de souris qu’elle avait emprunté pour arriver. La tristesse embrumant son esprit, elle n’avait prêté attention à rien d’autre qu’à son barbier, pas même à cette silhouette menaçante qui rodait dans l’obscurité.
Les yeux braqués en direction de la caisse, je n’avais plus bougé depuis que les autres occupants avaient quittés le salon. Il y avait tant de choses qui s’étaient passées ici depuis que le barbier avait franchi ses portes, qu’il me fallait un instant pour faire le tri dans ma tête. Une satanée habitude dont j’avais hérité à force de vivre aux côtés de Sherlock, qui sait ? Sauf que j’étais loin de disposer de sa maîtrise en la matière. Les paroles des uns et des autres coulaient dans mon esprit en un flot infatigable de pensées que je ne parvenais ni à endiguer ni à canaliser.
"Et tu espérais quoi ? Trouver l’amour de ta vie en prison ? "
"Tu ne peux pas t'en empêcher, n'est-ce pas ? C'est du passé, tout ça."
"L’histoire du barbier et de sa souris ne connaîtra jamais de deuxième chapitre ! "
"Ce que tu as fait par le passé m'a transformé. Tu as tué Benjamin Barker. Sans toi, il existerait encore."
" Tu penses que le prix à payer en valait réellement la chandelle ? "
" Mieux vaut être mesquin que naïf ! Au moins, on n’en souffre pas."
"Vous ne pouvez pas refuser, monsieur Graves ! A moins que vous ayez autre chose de prévu..."
" Pauvre petite idiote de souris, Tu crois réellement qu’il a encore besoin de toi ? "
" Maman tu penses qu’il viendra à notre dîner ? "
" Qu’est-ce que tu comptes faire exactement ? Tu ne peux pas le sauver… Tu n’arriveras jamais à le libérer ! "
Chassant la voix de ce mauvais démon qui ne cessait de bourdonner méchamment dans ma tête, je me relevais en un bon. Je savais au plus profond de moi que ces soupirs démoniaques ne seraient qu’à me déstabiliser d’avantage, pourtant je ne pouvais que leur donner raison ! J’étais la responsable qui avais causés tous ces malheurs ! Sweeny Todd n’aurait jamais vu le jour si je n’étais pas intervenu dans sa vie ! Et maintenant comment pourrais-je espérer me rattraper ? Pourquoi donc me torturer ainsi ? Me battre pour un homme qui avait depuis longtemps tourné la page ? Je n’avais plus d’importance à ses yeux et je n’en aurais jamais plus !
Il n’a plus besoin de moi ! Il ne veut plus avoir besoin de moi !
Je m’étais alors dirigée vers cette fichue caisse où la lettre destinée à Benjamin reposait encore. Furieuse, j’avais descendu la boîte d’un mouvement sec et ramassé chacune des pièces du puzzle avec une extrême attention. Les compressant dans ma main, je n’étais plus animée que par une seule envie et un seul besoin. Me débarrasser une bonne fois pour toute des lambeaux de mon passé ! Fort heureusement pour moi, nous étions précisément le jour où les éboueurs passaient dans notre rue. Il me suffirait de la jeter dans la première poubelle venue. Il n’y avait rien de plus simple !
Ouvrant la porte dans un fracas, je descendais les escaliers quatre à quatre, remerciant le ciel de ne croiser aucune de mes connaissances dans les couloirs de notre immeuble. Une fois dans la rue, je marchais vers le premier container venu. Ouvrant le couvercle, je jetais le papier sans même me freiner dans mon élan. Je m’éloignais alors, les mains dans mes poches. Je ne m’étais pas retournée en direction de la poubelle, pas une seule fois ! Ma détermination n’avait pas flanché, pas une seule seconde !
« Ca suffit ! Il faut que j’arrête de me bercer d’illusions ! Cela ne sert à rien de nous faire souffrir tous les deux. Il sera beaucoup plus heureux sans moi et il le sait ! »
Non, il ne viendra pas ! Ni ce soir, ni jamais !
D’un geste brusque, je claquais la porte d’entrée ce qui fit trembler toute la maison ! Ma décision était prise et rien, pas même le bruit caractéristique du camion benne qui s’engageait dans notre rue, ne pouvait changer quoi que ce soit.
*** Quelques heures plus tard ***
Installée dans mon fauteuil d’associée devant un bon feu de cheminée, je regardais doucement danser les flammes tout en gardant le silence. Mélancolique, je tâchais pour le mieux de ne pas inquiéter mon entourage. Katelyn avait trépigné d’excitation toute l’après-midi, me rappelant le plaisir qu’elle aurait à revoir le barbier qu’elle avait tant apprécié. Tout aussi adorable que d’accoutumée, son impatience l’avait rendue cependant très maladroite. Au moment de partir, je l’avais trouvée en train de finaliser son dessin pour Sherlock. Un faux mouvement de sa main et ma jolie robe blanche s’était retrouvée tachée d’encre de Chine. Je n’avais eu d’autre choix que de me changer, sous les conseils avisés de ma fille. C’est ainsi que je m’étais trouvée vêtue d’une jolie robe bordeaux dont je ne me rappelais même pas l’existence.
La soirée avait commencé parfaitement bien, excepté qu’une personne manquait à l’appel ! Peu surprise par son absence, je ne pouvais que regretter le chagrin qu’il causait à Katelyn. Déçue, elle avait fini par rejoindre Madame Hudson dans son appartement. Elle passerait ainsi le temps en finissant les préparatifs pour le dîner.
Je me trouvais donc seule avec Sherlock, qui comme très souvent, s’était réfugié dans ses pensées, le regard perdu vers la rue de Baker Street. Mon ami profita de l’absence de Katelyn pour se retourner brusquement vers moi.
"Tu devrais laisser tomber. Ce n'est pas un homme pour toi. Et visiblement, ça ne l'a jamais été. Tu te fais plus de mal qu'autre chose. On ne construit pas l'avenir avec le passé."
Inutile de préciser le nom de la personne à laquelle il faisait référence. Il ne pouvait après tout s’agir que de notre illustre invité que Sherlock avait prit en grippe. Me sentant mal à l’aise à l’idée que Sherlock puisse lire en moi comme dans un livre ouvert, je reposais mon verre sur la petite table à mes côtés. Je n’avais pas pu empêcher ma main de trembler.
" Tu parles de Balthazar c’est ça ? Honnêtement Sherlock, tu te fais de drôles d’idées ! Comment est-ce que tu peux ne serait-ce que suggérer que je puisse encore être amoureuse de lui ? Je trouve ça terriblement insultant !"
Bien évidemment, je savais qu’il ne goberait pas un mot des mensonges que je débitais sans aucune honte. Il avait forcément remarqué le tremblement de ma main en plus de cette fâcheuse manie à regarder ma montre toutes les dix minutes. Cela ne manqua pas et après m’avoir observé en silence, il déclara d’un ton sec.
" Parce que tu ne trembles que quand tes émotions sont au bord du gouffre. Et il n'y a pas que l'amour qui rentre en jeu, mais tellement de variables..."
Changeant de sujet, il désigna ensuite la cheminée.
"Tu aurais dû la brûler..."
Une fois de plus, inutile de préciser quel était l’objet de ses pensées. D’ailleurs, ce genre de moments où nous pouvions nous comprendre sans véritablement nous parler arrivaient de plus en plus souvent. Cette complicité était à la fois magique et étrangement inquiétante. Cela dit, aujourd’hui j’aurais voulu qu’il ne sache rien de mes agissements de la journée.
" Alors tu l'as remarqué ? Bien évidemment, que je suis bête ! On est en train de parler de toi ! Qu’importe ce que j’en ai fait. De toutes manières, à l’heure qu’il est, elle a probablement été incinérée avec les autres ordures ménagères de la ville."
Mon détachement vis-à-vis de cette lettre serait sans nul doute un excellent moyen de le convaincre de mes bonnes résolutions de ce début d’année, non ?
"Tu vois bien que tu n'as pas de raison de t’inquiéter ! Ce que moi je ne m'explique pas c'est pourquoi tu as pris la peine de l'inviter à diner ! C'est vrai, après tout si tu tiens tant que ça à me voir couper les ponts avec lui, pourquoi faire en sorte que l'on puisse se revoir ? Ca n'a pas de sens !"
Le verdict de Sherlock ne se fit bien évidemment pas attendre ! Il me fit alors la démonstration de toute la perfidie légendaire des Holmes !
" Je l'invite à dîner parce que je suis convaincu que derrière ce masque de froideur et de patience incorruptible, se cache l'homme le plus sombre que je n'ai jamais rencontré. Je veux résoudre son mystère, comprendre. Et quand tu seras prête à me donner enfin tous les éléments, plutôt que de fuir et rester dans un trou de souris, peut-être, qu'alors je pourrai faire quelque chose. "
Je me sentis soudainement bien idiote d’avoir pensé qu’il avait pu le faire pour mon plaisir personnel. Cela dit, la gêne occasionnée n’avait rien de comparable avec cette colère sourde qui montait en moi. Toujours cette satané souris qui volait au secours de son bagnard ! Elle n’avait pas envie de participer au piège tendu par le détective ! Balthazar méritait tout de même mieux que d’être traité en vulgaire monstre de foire ! La femme, elle, était outrée de voir le raccourci que son ami pouvait faire entre ses sentiments et son rôle de justicière. D’un geste, je me relevais sur mes pieds et fit face à mon acolyte avec un air furibond.
"Je vois donc d'après toi je suis trop aveuglée par mes sentiments pour oser voir la vérité en face, c'est ça ? Tu me prends vraiment pour une midinette ? "
Me rendant compte du ton brutal que j’avais adopté, je me passais une main sur le visage pour tenter de me calmer.
" Ecoute, je te l'accorde Balthazar n'est pas l'homme le plus équilibré du monde ! Il a fait beaucoup d'erreurs dans sa vie qui affecteront son psychisme pour le restant de son existence. Mais je suis tout aussi convaincue qu'il n'est pas aussi diabolique que ce que tu sembles le penser ! Il y a du bon en lui et j'en ai eu la preuve il n'y a pas si longtemps que cela !"
Après tout, il m’avait sauvé la vie devant l’assaut du clown alors que rien ne l’obligeait à le faire !
" Mais comment veux-tu qu'il s'améliore si tout le monde le fait passer pour un monstre ? Je ne suis pas stupide, Sherlock ! Je sais parfaitement à quel genre d'homme nous avons à faire. Et tu peux me croire, le jour où je serais convaincue qu'il ne reste plus le moindre espoir de le sauver, je serais la première à lui passer les menottes et à l'expédier derrière les barreaux ! Rappelle-toi que quoiqu'il arrive, je suis de ton côté !"
Je n’eus pas le temps de rajouter un seul mot. S’élançant vers moi, Sherlock me saisit par la taille. Avant que je ne comprenne ce qui se passait, je sentis ses lèvres s’abattre sur les miennes. Tout d’abord surprise, je finis par me rapprocher inconsciemment de lui. C’est qu’il embrassait étonnamment bien le bougre ! Laissant une main se perdre dans sa chevelure bouclée, je posais l’autre sur sa joue. Les yeux à présent fermés, j’en profitais pour prolonger et lui rendre son baiser. Plongée dans un état second, je finis par le voir s’éloigner de moi tout en ricanant.
" Tu vois ? C'était plutôt agréable, mais ça n'a pas le mérite d'être basé sur un amour réciproque. On peut donner l'illusion de toute une vie si on le juge nécessaire."
N’étant encore pas en mesure de répondre à quoi que se soit, je laissais Sherlock reprendre la parole.
" Ne fait pas cette tête. C'était pour appuyer un argument. C'était la première et la dernière fois. Après tout ce n'est que deux lèvres qui se rejoignent. Quand on y pense, c'est même un peu dégueulasse. Nous sommes une des rares espèces sur terre à faire ce truc. "
Reprenant soudainement conscience de la réalité, je me raclais la gorge et me mis à rire légèrement nerveuse en entendant les paroles de mon ami.
" C'est un moyen un peu radical de prouver ta théorie. Heureusement que Madame Hudson n'a pas assisté à cela, tu peux être sûr qu'elle en aurait parlé durant toute la soirée... et quand je dis soirée je suis optimiste !"
Donne l'illusion de toute une vie... faire croire à tout son entourage qu'on était une autre personne... C'était possible bien évidemment ! Après tout, c'est ce que Benjamin avait fait en endossant la peau de Sweeney Todd. Mais n'était-il réellement qu'un menteur et un manipulateur ?
En une demi-seconde, je vis notre grand détective reprendre son sérieux comme si rien ne s’était produit entre nous.
" Je sais très bien que tu es de mon côté. Mais tu laisses trop tes sentiments corrompre ton jugement, et ils t'empêchent de penser convenablement. Ce baiser volé en est la preuve mathématiques. J'entends parfaitement ce que tu dis, mais ce n'est pas mon point de vue. Tu t'épuises vers une voie en impasse, et te voir prendre ce chemin m'effraie. Seul le Purgatoire peut encore sauver Balthazar Graves. Et certainement pas Angelika Beresford. "
Rêvais-je ou venais-je inconsciemment d’exprimer mon envie de revenir en aide à mon barbier ? Ah les drames de la petite souris « SOS société un jour… SOS Société toujours ! ». Et après tout pourquoi pas ? S’il y avait une chance pour que j’y parvienne, je serais connue comme… Le Docteur Beresford : La femme qui rend les gens meilleurs ! Lui prenant alors son bras affectueusement et un sourire aux lèvres, je rajoutais.
" Et bien si un jour tu trouves que cela devient trop dangereux pour moi où que j'y perds trop de plumes, je compte sur toi pour me ramener sur le droit chemin et pour me sauver ! Mais d'ici là, fais-moi un peu confiance ! "
Soudainement, La porte claqua laissant apparaître Katelyn qui tenait son cadeau dans les bras. Elle se précipita alors vers moi tout sourire.
« Maman, Sherlock, regardez ce que Monsieur Graves m’a apporté ! »
Monsieur Graves ? Avais-je bien entendu ? Je sentis mon cœur faire un sursaut dans ma poitrine alors que je vis Madame Hudson franchir la porte au bras du barbier.
« Regardez qui j’ai trouvé frigorifié devant la porte d’entrée ? Votre ami est décidemment bien timide. Il hésitait à rentrer sans doute à cause de son retard ! Mais je suis sûre qu’il trouvera un moyen de se faire pardonner ! »
Elle lui adressa un clin d’œil comme seule elle savait le faire et se dirigea vers le bar. Bien évidemment, elle n’avait pas pu s’empêcher de mettre une fois de plus son grain de sel là où il ne fallait pas.
« Il est tellement généreux et attentionné ! Croyez-moi ma chère, c’est un homme comme ça qu’il vous faut ! »
Les joues rosées, je tentais de dissimuler mon malaise en me rapprochant de lui, mon visage s’étant illuminé comme si je venais d’assister au plus beaux des miracles de Noël.
« Je suis très… vraiment très heureuse que tu aies décidé de venir ! Et je te remercie également pour le cadeau de Katelyn. C’était vraiment adorable de ta part ! »
Elle se tourna vers les autres personnes présentes dans la pièce tout en restant aux côtés de Balthazar
« Je te prie d’excuser Madame Hudson, je sais qu’elle peut être effrayante par moment, mais je t’assure qu’elle n’est pas méchante pour deux sous... enfin tant qu’elle ne tient pas une cafetière dans la main »
Madame Hudson se rapprocha alors une coupe de champagne à la main qu’elle nous tendit à Balthazar et moi.
« Et voilà mon mignon, vous trinquerez bien avec nous. Oh comme cela fait plaisir de voir cet appartement accueillir tant de personnes pour Nouvel An ! Mais maintenant que nous sommes tous réunis, nous allons pouvoir passer à table. »
« Oh Monsieur Graves, vous voulez bien vous asseoir à côtés de moi ? »
Katelyn avait lancé cela dans une supplique à déchirer le cœur. Apparemment, elle tenait à profiter un maximum de la présence du barbier. Sous les ordres de Madame Hudson, les convives rejoignirent leur place. De mon côté, j’aidais Madame Hudson à découper et servir la dinde ainsi que leurs traditionnels accompagnements. Puis, je pris place aux côtés de Sherlock tandis que Balthazar lui faisait front. C’est alors que je remarquais un détail sur le visage de Sherlock, une légère marque que mon rouge à lèvres avait laissé sur la commissure droite de sa lèvre. Ecarquillant les yeux, je pointais du doigt sur ma propre bouche l'endroit où il se situait.
« Sherlock ! », lui murmurais-je en lui faisant signe pour qu’il puisse l’enlever.
Je me concentrais alors sur ce qui se passait entre les deux hommes, espérant qu’ils ne resteraient pas à couteaux tirés toute la soirée !
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« Tu devrais pas regarder les gens comme ça »
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" Si le Chimpanzé vous souris, c'est qu'il va vous attaquer."
Restant de marbre, debout à côté de la fenêtre, Sherlock ne répondit pas un mot. Pourtant il avait des choses à dire, à extérioriser. Mais ce n’était pas réellement le moment. Balthazar Graves était là. C’était parfait. C’était le moment. Souriant d’un rictus d’extase proche de la folie, le détective ne bougea pas d’un pouce. Seuls ses yeux étaient en train de bouger. Observant avec un détail impeccable tous les éléments vestimentaires de chacun, il émit même un petit ricanement satisfait. Le barbier était finalement venu. Passant comme un réflexe sa main sur sa joue impeccablement rasé, son sourire disparut au même moment où sa main cache ses lèvres. Il devait avoir très certainement encore des traces de rouges à lèvre. C’était parfait. La gardant humidifié pour pas qu’elle ne disparaisse, il laissa les autres faire les commodités d’usages, mais n’y participa pas. On lui apporta une coupe, qu’il observa avec un détail et une lenteur impressionnante. Sans cérémonie, il la posa sur la petite table de travail à côté de la fenêtre sans y toucher. Ce fut enfin le moment de se mettre à table. Restant dans son silence, il commença même à peser, il le sentit. Plaçant sa serviette correctement, avec une lenteur hors norme, le détective fixa Balthazar Graves dans les yeux, et lui adressa un léger sourire. Un sourire mauvais, et à la fois poli. Le sourire héritait des grands singes qui annonçait une attaque imminente. Le rictus des anciennes civilisations grecs, qui annonçait un humour cassant, et qui n’avait pour objectif que d’énerver sa cible et de le blesser. C’était ce sourire là qu’il adressa au barbier. Il n’avait rien de rassurant, rien d’apaisant, bien au contraire. Soudain, Angelika remarqua la trace de rouge à lèvre et il remarqua sa détresse. L’ignorant il saisit la carafe d’un des meilleurs vins Français qu’il avait ouvert pour l’occasion et qu’il avait pris soin d’ouvrir il y a quatre heures pour accentuer les saveurs par oxydation. Tournant sa tête vers Angelika, son sourire disparut. Il ne voulait pas qu’elle le prenne pour elle. Il venait, uniquement par ce petit sourire mauvais en la personne de Balthazar Graves, poser le ton de la future conversation. Ca finirait mal. Katelyn filerait à l’appartement C, et Madame Hudson irait la consoler pendant que les trois autres adultes s’enverraient des piques, aussi mauvaises qu’acerbe. Il hésita d’ailleurs à l’envoyer au lit de sa remarque la plus mauvaise d’entrée de jeu. « Tu ne seras jamais de mon niveau, petite fausse détective. » lui semblait approprié. C’était mesquin, méchant. Mais en faisant cela, il l’a protégerait certainement d’une conversation bien pire. Plus tard, elle comprendrait… Sortant de sa fiction et de sa projection probable de la future conversation, Sherlock prit finalement la décision de ne rien faire pour Katelyn. Elle était grande, et intelligente. Elle comprendrait certainement. Il avait tendance à la surprotéger, mais elle était bien plus courageuse que toutes les personnes réunies autour de cette table.
L’écho de la voix d’Angelika résonna dans son esprit. Avec une lenteur théâtrale et calculer, il plaça son index sur la trace de rouge à lèvre placé sur le coin de son visage. L’étirant tout en souriant, le rictus qui se dessina, tel un clown et son maquillage n’en fut que plus mauvais. Fixant Balthazar dans les yeux en faisant cela, il prit ensuite sa serviette, qui était en réalité pliée en forme de souris. Il avait fait ça vite, et le résultat était parfait. Cette souris n’était pas réellement reconnaissable, elle n’en avait que les formes. Juste ce qu’il fallait pour éveiller le mot « souris » dans l’esprit de toutes les personnes à la table. Certains, comme Madame Hudson, ne prendrait pas l’information. Mais ça il s’en fichait. D’autres en auraient certainement un écho inconscient. « Désolé. Je devrais faire plus attention la prochaine fois. »
Posant sa serviette, le ton de sa voix était calculée. Cassant, il mit un léger silence tout autour de la table, et surtout du questionnement. Beaucoup de questionnement… Sauf madame Hudson, qui regarda tout le monde sans comprendre. Mais ça, il s’y était habitué. « Ce repas à l’air succulent mes amis. » et il insista sur le mot ami. « Vivement que nous gouttions ses tourtes à la pomme, réservées spécialement pour le dessert. »
Fixant Graves, il aurait peut être la réponse dans ses yeux. Quel tueur en série étais-tu, dans le monde des contes, Balthazar ?
Balthazar Graves
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Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.
DEMAIN DES L'AUBE.
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Il fallut à peine quelques secondes au barbier pour prendre la "température" de la pièce. Il s'attarda à peine sur le papier-peint vieillot et la décoration épouvantable. Alors, c'était à cela que ressemblait l'antre du "grand" Sherlock Holmes. A son humble avis, il s'agissait surtout d'un capharnaüm sentant le renfermé et le parfum bon marché. Mais ce dernier point devait être à cause de la vieille chouette qui le tenait par le bras.
"Je te prie d’excuser Madame Hudson, je sais qu’elle peut être effrayante par moment, mais je t’assure qu’elle n’est pas méchante pour deux sous... enfin tant qu’elle ne tient pas une cafetière dans la main."
"Vraiment ?" fit-il, se complaisant dans le rôle de l'invité étourdi. "Moi, je suis plus à l'aise avec les théières en fonte."
Ses lèvres se joignirent en un subtil rictus amusé qu'il adressa à la dénommée madame Hudson. L'idée de proférer l'aveu d'un crime sans pouvoir en être accusé le divertissait énormément. Après tout, cela s'était déroulé il y a très longtemps, dans un autre monde.
"Oh, que vous êtes drôle !" rit la vieille chouette en lui lâchant enfin le bras.
Balthazar tira machinalement sur sa manche et se saisit de la coupe de champagne que madame Hudson lui tendait, la porta à sa bouche puis marqua une hésitation. Non, le détective n'aurait pas osé l'empoisonner, c'était ridicule. Il n'agirait pas de façon aussi vile. Il but une gorgée et le champagne lui piqua la langue, avant de couler dans sa gorge et de la réchauffer. Imperturbable, il baissa les yeux vers l'enfant qui réclamait sa présence à côté d'elle pendant le repas. Sans un mot, il prit place face à Holmes et laissa la gamine s'installer à sa gauche. Il préférait sa compagnie à celle de n'importe qui d'autre autour de cette table.
Rien ne lui avait échappé, du changement de robe d'Angelika -l'après-midi, elle lui avait montré le cliché d'une robe blanche pour finalement arborer une teinte bordeaux- à la trace de rouge à lèvres au coin de la bouche du détective. Comme ce n'était sûrement pas madame Hudson qui devait vivre une idylle avec lui, la déduction n'était pas difficile à établir. Balthazar resta pondéré par rapport à toutes ces observations. Il se doutait que la petite souris et le détective étaient plus que de simples voisins. La tension était palpable entre eux. Il s'en était aperçu dès la première fois où il les avait vus ensemble.
Holmes ne manqua pas de fanfaronner tout en s'essuyant le coin des lèvres. Le barbier se contenta de boire une nouvelle gorgée de champagne avant de poser le verre sur la table. Puis, il haussa un sourcil à l'évocation des tourtes. Du moment qu'elles n'étaient pas à la viande, il n'y voyait aucun inconvénient.
Madame Hudson prit place à sa droite dans un grand claquement de chaise extatique, agrémenté d'un soupir.
"Je vais vous servir !" décida-t-elle tout en attrapant son assiette et en la garnissant de pommes duchesse, de deux morceaux de dinde farcie, de haricots verts. Elle arrosa le tout de plusieurs cuillères de jus de viande.
Balthazar écarquilla les yeux devant la montagne de nourriture qui s'imposait à lui. Il n'avait guère d'appétit. Il savait déjà qu'il ne mangerait qu'un quart de tout ce que l'assiette contenait. Une fois que la vieille femme eut servie la gamine, il échangea leurs assiettes. La fillette émit un petit rire et voulut la récupérer, mais le barbier se cramponna à celle qui était moins remplie et qu'il estimait être la sienne. Madame Hudson rit à son tour, quelque peu incertaine, la cuillère en main. Réalisant que son geste était étrange, le barbier précisa d'un ton bourru :
"Elle est en pleine croissance. Il faut qu'elle mange."
"Oh, vous avez tellement raison ! Tu as entendu, Katelyn ? Mange autant que tu le peux ! Même si ça m'étonnerait que tu finisses tout ça !"
Avec un sourire, elle voulut prendre l'assiette la moins remplie mais Balthazar la maintenait toujours fermement.
"Ca me suffit." articula-t-il entre ses dents serrés, le regard oblique.
"Mon mignon, il faut manger voyons ! Vous n'avez que la peau sur les os !"
Il hésita à planter sa fourchette dans la main flétrie de madame Hudson afin de lui faire lâcher prise. Il se contint et finit par lâcher l'assiette à contrecoeur. Après tout, si ça l'amusait de faire déborder chaque assiette, libre à elle...
Maussade, il termina son verre et se resservit. Il allait avoir besoin d'alcool pour affronter cette soirée qui s'annonçait déprimante à souhait.
"Je croyais que tu préférais le blanc." lança-t-il soudain tout en posant un regard acéré sur Angelika.
Il baissa brièvement les yeux vers le haut de sa robe, afin qu'il n'y ait pas méprise avec le vin rosé qu'elle avait dans son verre.
"Tu as suivi mon conseil : le bordeaux te va beaucoup mieux."
Il se mordit les lèvres pour masquer un spasme nerveux, avant de tourner la tête pour observer Holmes. Lui avait-il fait l'ombre d'un compliment, depuis le début de cette soirée ? Il se souvenait que les femmes aiment être flattées. Cela faisait partie d'un passé auquel il aurait souhaité ne plus être confronté. Cependant, pour agacer le détective, il était prêt à commettre quelques entorses.
Angelika était saisissante d'élégance dans cette tenue. Plus que jamais, elle ressemblait à Lucy. Elle était comme l'écho de l'épouse à jamais perdue. Le barbier porta instinctivement la main à sa gorge, pressant ses doigts contre sa pomme d'Adam pour desserrer ensuite son col de chemise. Il éprouvait quelques difficultés à respirer correctement. Trop de souvenirs pénibles traversaient sa mémoire chaotique.
"Monsieur Graves ?" murmura une voix à côté de lui. "Je peux vous donner mes haricots ? Je n'aime pas ça."
Il inclina légèrement la tête vers Katelyn sans la regarder et la fillette s'empressa de faire rouler discrètement les légumes verts vers son assiette tandis qu'il posait le coude sur la table pour masquer le délit de l'enfant aux yeux de madame Hudson. Après quoi, il ramena l'assiette vers lui comme si de rien n'était, le coin des yeux presque rieurs.
Le reste du dîner se déroula sans incident notable. Balthazar mangea peu, au grand désespoir de la vieille chouette. Elle finit par capituler aux alentours de vingt-trois heures trente pour aller chercher des chapeaux de fêtes et des sifflets. Le barbier sentit le moment le plus pénible du nouvel an se profiler à l'horizon.
Vingt minutes avant minuit, il se leva de table pour ouvrir une fenêtre et se poster devant afin de fumer une cigarette. Il se pencha contre la balustrade en fer forgé, jetant un coup d'oeil par-dessus son épaule, vers l'intérieur de l'appartement pour voir la gamine peigner conscienceusement la tête à coiffer, assise en tailleur sur la moquette.
Il sentit bientôt la présence d'Angelika dans son dos. Il tiqua et inspira une bouffée de tabac avec davantage d'ardeur. Puis, éloignant la cigarette, il expira un panache de fumée et se redressa pour déclarer d'un ton désenchanté :
"C'est mon tour maintenant, c'est ça ?"
Du bout de sa cigarette, il désigna le bouquet de gui accroché juste au-dessus de leurs têtes. Il pivota vers la jeune femme avec un rictus narquois, avant de s'adosser contre la balustrade.
"Je crois que je préfèrerais encore rouler une galoche à Holmes." fit-il d'une voix suffisamment forte pour que le détective l'entende.
Il adressa un rictus plein de complaisance à ce dernier. Trait d'humour grinçant, bien évidemment. Il aurait préféré avaler un bidon de Javel plutôt que d'arriver à une telle extrémité. Le barbier releva sa manche d'un coup de poignet et vérifia l'heure à sa montre : minuit moins le quart. Il était temps de tirer sa révérence avant que tout ceci devienne atrocement pénible.
Il hésita quelques secondes avant de se pencher vers Angelika pour déposer un fugace baiser sur sa joue.
"Bonne année." marmonna-t-il, la tête baissée. "En avance."
Après tout, il ne faisait rien comme tout le monde. Il croisa brièvement le regard de la jeune femme avant de tirer de nouveau sur sa cigarette, l'esprit embrumé. Avait-il eu l'élan de ce geste en raison de l'écho que lui inspirait Angelika, la résonance de Lucy à travers elle inspirée par la robe bordeaux, ou s'agissait-il d'autre chose ? Il préférait ne pas s'attarder sur cette question. Tout ce qui concernait la petite souris était un sujet extrêmement épineux. A la rancune se mêlait désormais un sentiment proche de la reconnaissance.
La porte claqua sur le retour de madame Hudson, qui avait mis un chapeau de fête pointu et des serpentins autour de son cou. D'un geste rapide, il jeta la cigarette par la fenêtre et se composa une expression faussement innocente, qui s'effaça bien vite tandis que la vieille femme s'écriait, les bras en l'air :
"BONNE ANNEE !"
Le barbier vérifia sa montre et constata qu'elle indiquait toujours minuit moins le quart. Elle s'était arrêtée. Le piège venait de se refermer sur lui. Souhaiter la bonne année était l'une des choses qu'il exécrait le plus au monde. Il ne se laissa pas démonter pour autant. Bien décidé à s'en aller, il passa près de Holmes en le bousculant presque. Hélas, il se produisit quelque chose impossible à prévoir. Madame Hudson se planta subitement devant lui et lança d'une voix extatique :
"Les invités, d'abord !"
Et sans prévenir, elle l'attrapa par le pull, l'entraîna vers elle et posa ses lèvres fripées contre les siennes. Balthazar resta tétanisé face à cette forme d'agression, et finit par la repousser, lui jetant un regard assassin que la vieille dame considéra pour de l'humour. Elle se recoiffa tout en passant la langue sur sa bouche.
"Vigoureux." commenta-t-elle en riant. "Bonne année, mon mignon ! Et vous aussi, mes trésors ! Sherlock !"
Elle pivota vers le détective. Le barbier tituba légèrement et se focalisa sur lui. Il espérait que la vieille chouette lui réserve le même traitement. Cela aurait été injuste, autrement. Il chercha de la Javel des yeux, histoire de se faire un bain de bouche, mais n'en trouvant pas, il se contenta de boire un grand verre d'eau glacé, sans respirer.
Quelle horrible soirée...!
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Angelika B. Beresford
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"Tu sais bien que les plus beaux chapitres de ta légende tu ne les as jamais écrit seul, n'est-ce pas Sherlock Holmes ?"
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Les convives étant rassemblés tout autour de la table, je ne cessais de jeter des coups d’œil suspicieux à l’adresse de Sherlock. De toutes évidences, mon associé se tenait prêt à mener une guerre sans merci face au barbier et cela m’inquiétait grandement. Je travaillais à ses côtés depuis deux mois et je savais à quel point la tempête Sherlock Holmes était dangereuse. Faisant fi de la bienséance et de sentiments de chacun, elle nous balayait d’une Vérité blessante qui ravageait tout sur son passage. Voilà pourquoi je craignais autant de voir mon ami perdre son sang-froid. Cependant, il demeurait fin et calculateur, n’attaquant que de manière indirecte les personnes présentes à ses côtés. Mon regard s’était un instant attardé sur les serviettes qu’il avait pris soin de plier en forme de souris pour le simple plaisir de nous provoquer. Cependant, il semblait que je fus la seule à être attirée par ce détail. Rien de bien surprenant en somme. N’étais-je pas après tout pas la première concernée ?
Sherlock avait ensuite tardé à retirer le rouge à lèvres qu’il avait au coin de la bouche. Lorsqu’il avait enfin accédé à ma requête, il n’avait pas pu s’empêcher d’ajouter à ces fausses excuses ces mots révélateurs « la prochaine fois » comme s’il tenait à faire croire à Balthazar que nous étions amants. Plaçant ces derniers sur le compte d’une possessivité affligeante, je ne pus m’empêcher de pousser un léger soupir. Pourquoi s’amusait-il donc à le faire ? Il savait pourtant bien que sa place dans ma vie ne serait jamais mise en danger.
C’était d’un puéril ! Cela n’aurait même pas dû me toucher ! Pourtant, je ne pouvais m’empêcher de relever une mine inquiète en direction du barbier. L’idée qu’il puisse croire à de telles rumeurs m’étreignait le cœur. Mais pour quelle raison au juste ? Même cela avait été la réalité, le fait que nous soyons amants ne le regardait en aucune façon. De toutes manières, il m’avait clairement fait comprendre que notre relation était du passé pour lui. Alors pourquoi cette inquiétude ? Pauvre sotte de souris que j’étais !
Je suivis alors d’un œil quelque peu distrait la scène du service de Madame Hudson. Je laissais un sourire amusé en voyant la bagarre qui s’ensuivit entre Katelyn et Balthazar pour le partage de leur ration. Ce ne fut qu’au moment où le barbier consentit enfin à m’adresser la parole que je repris contact avec ce qui se déroulait autour de moi.
Cela me gênait quelque peu qu’il puisse s’intéresser ainsi à la couleur de ma robe. Je pensais alors aussitôt à ce qui m’avait poussée à la porter. Cette fois ce fut à ma propre fille que j’adressais ma mine vexée. Au contraire de moi, Katie semblait ravie de sa petite ruse et me regardais en souriant encourageante. Ce fut à cet instant que je réalisais enfin à quel point elle avait pu apprendre rapidement des coups bas de Sherlock. Était-ce réellement une bonne idée de le laisser élever ma fille à mes côtés ? Ne désirant pas être la première à ouvrir les hostilités, je me contentais de lui sourire gentiment.
- Et bien c’est… c’est très gentil de ta part. Je te remercie pour le compliment ! Je devrais suivre tes conseils plus souvent !
Le reste du dîner fut plutôt agréable et mes craintes de départ d’assister à une explosion de mon associé s’avérèrent finalement infondées ! Très fier du comportement de Sherlock, je lui avais lancé sourires et remarques attendries tout au long du repas. Ce fut le barbier qui mit fin aux interactions des uns et des autres. Se relevant de table, il partit à la fenêtre pour fumer une cigarette. Je le rejoignis bien décidée à lui remettre le cadeau que j’avais savamment préparé à l’avance… juste au cas où il nous rejoindrait par surprise !
Cependant au moment-même ou j’allais le lui offrir, il rompit le silence avec l’une de ses remarques les plus déplacées tout en pointant du doigt cette stupide branche de gui accroché au-dessus de nous.
- C'est mon tour maintenant, c'est ça ?
Me sentant soudainement vexé, je rangeais mon cadeau dans la pochette que je traînais avec moi. Lui adressant alors un regard assassin, je me tournais pour prendre appui sur le mur à ses côtés. Je me mis alors à rire, un ricanement qui voulait être une moquerie acerbe à l’adresse de notre invité
- Je n’ai jamais aimé cette tradition stupide ! Pour moi, un baiser se doit d’être donné par amour et non par contrainte ! Donc rassure-toi, tu n’as aucun souci à te faire pour ça !
Serrant à la fois mes poings et mes dents, je me tournais en direction de Sherlock et de ma fille. Était-il véritablement possible d’être aussi bête ? Tentant de retrouver mon calme, je maudissais intérieurement le barbier. L’embrasser lui ? Il me prenait pour qui ? Je n’hésitais pas à rebondir sur la phrase que le barbier avait alors lancée à l’adresse de Sherlock.
- Tu devrais peut-être le faire ! Ce serait dommage de passer à côté de cette occasion. Bien que mes souvenirs ne soient plus de première fraicheur, je t’assure qu’il embrasse beaucoup mieux que toi !
C’est alors que je sentis ses lèvres s’abattre sur ma joue ! Un frisson mêlant à la fois l’envie et le dégoût me parcourut l’échine. Cette sensation était si déroute qu’au moment même où il m’avait donné ce baiser, j’étais restée totalement tétanisée sur place. Je plongeais alors mon regard dans celui de Balthazar. Je rougis légèrement en distinguant dans son regard cette étincelle caractéristique que je voyais autrefois dans les yeux de Benjamin et qui me faisait craquer à chaque fois. Hésitant à lui rendre cette douce attention, je demeurais cependant discrète. Après tout, ce geste devait encore représenter un effort colossal pour lui. Peut-être qu’un jour j’aurais une autre occasion de lui témoigner mon affection pour lui.
Trop préoccupée par ce qui venait de se produire, je ne me rendis pas même compte que je ne lui avais pas adressé mes vœux pour cette nouvelle année. D’ailleurs, je n’en aurais pas eu l’occasion car Madame Hudson venait de rentrer dans la pièce. Très vite, Balthazar s’éloigna de moi tombant nez à nez avec notre logeuse. C’est alors que j’assistais à la scène du baiser entre Madame Hudson et Balthazar. Me mordant la lèvre pour éviter un éclat de rire déplacé, je choisis de me rendre auprès de ma fille. En voyant notre propriétaire entrer dans la pièce, elle s’était relevée et était allée immédiatement quérir un joli chapeau vert à paillette parmi ceux qu’elle avait trouvé. Puis se tournant vers moi, elle m’avait sauté au cou toute sourire. Se penchant à mon oreille, elle murmura
- Bonne année, Maman ! Tu n’as pas besoin de me le souhaiter. Je sais qu’elle sera excellente ! Après tout tu as fait de moi la plus heureuse des petites filles en m’adoptant. Je t’aime !
- Moi aussi je t’aime, ma puce ! Bonne année !
Puis me laissant, elle se précipita à nouveau vers le stock de chapeau où elle prit un chapeau bleu pour Sherlock qu’elle allait lui apporter.
- Bonne année, Sherlock ! Voilà un petit cadeau pour toi ! Je t’ai pris un bleu comme ça il sera assorti à la couleur de ton écharpe quand on ira voir les feux d’artifice !
Venant mon tour de lui souhaiter la bonne année, je me jetais au cou du détective sans même crier garde. Après ma scène troublante avec le barbier, j’avais besoin d’un câlin pour chasser mes idées moroses. Après quelques secondes de silence, je repris la parole.
- Comme c’est le moment idéal pour faire part de nos bonnes résolutions, je veux que tu me fasses une promesse ! Quoiqu’il puisse arriver au cours de cette année, jure-moi que tu resteras à mes côtés ! Et encore plus important, même si parfois j’ai des doutes, même si la situation devient difficile et que j'ai envie de m'enfuir, ne me laisse surtout pas t’abandonner !
M'apprêtant à m'éloigner de lui, je finis par m'approcher une nouvelle fois. J'avais alors pris un ton de voix plus sévère..
- Oh et dernier détail, si comme je le pense depuis le début du dîner, tu veux faire ton connard professionnel, aie au moins la décence de ne pas te donner en spectacle devant Madame Hudson et Katie.
Je m’écartais alors, lui donnant un bref baiser sur la joue puis je m’écartais, plaçant l’une de mes mains sur ladite joue.
- Bonne année, Sherlock !
Je m'écartais alors laissant la vieille femme faire ses vœux à son locataire favoris. Je lui adresserais mes voeux plus tard. Bientôt, j’entendis la petite voix de Katelyn raisonner dans la pièce. Elle s’était rendue à la balustrade et regardait au dehors.
- Wouah ! Vous devriez venir voir ça ! Ces feux d’artifice sont tellement magnifiques !
Elle se dirigea vers le barbier dont elle saisit la main et l’entraîna avec elle vers la baie vitrée. Soupirant légèrement, je sortis alors la petite pochette cadeau que j’avais l’intention de remettre à Balthazar au moment où je l’avais rejoint après le dîner. M’approchant de lui, je la lui tendis discrètement tout en glissant à son oreille.
- En fait, j’avais un petit cadeau pour toi moi aussi. Je sais que ça ne représente rien à tes yeux mais j’estimais que cela te revenait de droit ! Au pire tu pourras toujours la revendre, elle doit quand même représenter une jolie somme d’argent ! Bonne année, Balthazar !
Puis sans un mot, je me rapprochais de lui et la glissais discrètement dans sa poche afin de ne pas éveiller les soupçons de Sherlock
- Petit conseil : Ne l’ouvre pas avant d’avoir quitté cet appartement !
Katelyn finit par se retourner vers moi les yeux pleins de d’étoiles.
- Oh maman, est-ce qu’on peut sortir pour voir la fête sur la place centrale ? Ce doit être tellement joli !
Je me retournais alors vers mon coéquipier attendant que le maître des lieux nous fasse part de son accord ! J'espérais seulement qu'il soit pleinement conscient du fait qu'il était hors de question de le laisser seul avec Balthazar.
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" Si le Chimpanzé vous souris, c'est qu'il va vous attaquer."
Le dîner s’était plutôt bien passé. Enfin, il s’était bien passé, parce que lui, l’avait voulu. Sherlock avait fait ça pour Katelyn. Si elle n’avait pas été là, il aurait transformé le repas du Nouvel An en un interrogatoire fumant. Assis dans son fauteuil, fumant sa pipe en silence, il observait l’âtre dansait dans les flammes. Un bref coup d’oeil lui permit de voir Balthazar s’isoler. Minuit approchait, il allait certainement tenté une fuite. Fixant Madame Hudson, le détective regarda autour d’eux pour bien vérifier que seule elle pouvait le voir. « Maintenant ! »
Il n’avait pas parler, mais simplement former le mot sur ses lèvres en articulant avec insistance. Toujours assis dans son fauteuil, jambes croisées, il observa Madame Hudson lui faire un clin d’oeil. Elle avait compris. Passant la tête de l’autre côté du fauteuil, de sorte qu’on ne voit que ses yeux rieurs, Sherlock observa sa logeuse l’embrasser avec fougue d’un œil rieur. Frappant du poing sur l’accoudoir d’un air jubilatoire, elle laissa le barbier à ses émotions pour revenir vers lui. Sortant un billet de 200 dollars de sa poche intérieure, le détective lui tendit d’un air amusé. « Vous n’avez rien perdu, Martha. Un plaisir de se séparer de ce bout de papier à l’effigie de Benjamin Franklin... »
Lui adressant un clin d’oeil, elle lui tendit une coupe de champagne. Se redressant pour trinquer avec elle, elle lui répondit simplement. « Toujours un plaisir de travailler pour vous Sherlock… A cette nouvelle année, qui sera meilleure que la précédente pour vous, j’en suis sûr. Et soyez gentils, préserver votre amitié avec Angelika. Cette femme est en or. »
Souriant derrière son verre de champagne, il lui adressa un léger clin d’oeil. C’était la vraie Martha Hudson qu’il avait en face de lui. Subtile, intelligente, brillante et surtout terriblement fidèle. Il ne l’avait pas choisi pour rien. Buvant lentement son verre de champagne, il observa du coin de l’oeil la scène qui se déroulait sous le gui. Fronçant les sourcils, il remarqua du premier coup d’oeil que le barbier venait de blesser sa colocatrice. Être abjecte. Tu paieras un jour. Sortant de sa rêverie mauvaise, Katelyn se précipita pour lui remettre le chapeau. Le mettant rapidement sur sa tête, si il avait eu une robe de sorcier, on aurait pu croire qu’il s’agissait d’un Professeur de Métamorphose sortit de Serdaigle ! « Il est somptueux ! J’ai ma place à Poudlard, c’est assuré. »
Puis il murmura à son oreille : « Les Serdaigle triompheront des mauvais Serpentard qui coupe des barbes dans l’Allée des Embrumes ! »
Katelyn roula des yeux un peu exaspérée de sa guerre avec Balthazar. Elle était bien plus mature que lui. Elle préféra ne pas répondre, et simplement glousser. Alors qu’il allait commencer à débattre sur le fait qu’on ne se comportait pas comme ça au sein de sa maison, et qu’il allait certainement retirer 50 points à Miss Katelyn Beresford pour ne pas accepter ses idées, Angelika l’enlaça par le cou. Prit par surprise, il écouta avec attention ce qu’elle lui déclara. D’un ton grave et sérieux, il répondit sans crier garde : « Je n’ai jamais abandonné personne. Et ca ne se produira pas. »
Buvant encore une gorgée de champagne, elle revint vers lui, cette fois-ci pour attaquer. Maintenant qu’elle avait eu sa promesse, elle pouvait taper. Vilaine souris. Ne répondant pas du tout, il attendit simplement qu’elle ait le dos tourné pour grimacer et marmonner comme un gamin : « Gna gna gna ! »
Puis il la regarda partir vers Balthazar. Détaillant ses gestes, il haussa un peu les sourcils. Mais il ne put pas en voir d’avantage, car Katelyn se mit à beugler qu’elle voulait sortir. Roulant des yeux, il termina d’une traite sa coupe de champagne et se dirigea vers la porte pour prendre son grand manteau.
« Evidemment qu’on va voir ça ! Ca rappellera… Le bon vieux temps ! »
Ricanant à sa blague en repensant à la scène des crocodiles sous le feu d'artifices dans Bernard et Bianca, il fit subitement demi-tour. Sherlock traversa la salle à grandes enjambées. Il avait oublié quelque chose d’essentiel. S’avançant de toute sa hauteur vers Balthazar, il s’avança comme une grue à l’attaque d’un poisson pour lui faire un petit bisou sur le front. « Bonne année, petit barbier. »
Balthazar Graves
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Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.
DEMAIN DES L'AUBE.
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Balthazar frémit en sentant la main de la fillette se glisser dans la sienne pour l'entrainer vers la fenêtre ouverte. Déstabilisé, il se laissa faire pendant quelques secondes, avant de contorsionner les doigts pour retrouver la liberté de ses mouvements. L'enfant lui lâcha la main pour lui jeter un regard interrogateur auquel il ne répondit rien. Elle fut très vite de nouveau accaparée par les feux d'artifices. Le barbier les observa avec indifférence. Ils ne lui évoquaient que le besoin pressant de griller une nouvelle cigarette. Tout ce débordement de joie et d'affection lui donnait la nausée. Pourquoi s'enthousiasmer par l'arrivée d'une nouvelle année ? Le constat à la fin était toujours le même. Et l'on recommençait, encore et encore, espérant que la suivante serait meilleure que la précédente... C'était absurde. Le monde entier vivait avec des oeillères, bercé de douces illusions. Mieux valait voir la réalité brute, telle qu'elle était. On ne pouvait en être déçu, seulement désenchanté à jamais.
Ils étaient tellement ridicules avec leurs chapeaux pointus. Une adorable famille modèle. Balthazar se redressa, la mâchoire crispée. L'ombre sur ce tableau idyllique c'était lui, comme toujours. Le moment était venu de partir.
Il pivota sur ses pieds, attrapant son manteau pour l'enfiler, et se retrouva nez à nez avec Angelika, qui prononça des paroles sans aucun sens. Il mit quelques secondes à comprendre qu'elle lui avait véritablement offert un cadeau, et en prit pleinement conscience lorsqu'il en sentit le poids dans sa poche.
"Petit conseil : Ne l’ouvre pas avant d’avoir quitté cet appartement !"
Cette précision lui fit brièvement plisser des yeux. La petite souris avait éveillé sa curiosité. Il posa machinalement une main contre sa poche, s'interrogeant sur le contenu de la pochette. A en juger par la taille et l'épaisseur, il s'agissait d'un petit objet.
La fillette proposa de sortir sur la grande place afin de mieux voir les feux d'artifices et Holmes approuva. Il allait sortir quand il fit machine arrière pour se diriger à grands pas vers Balthazar. Ce dernier resta sur ses gardes, prêt à en découdre, mais l'agression se manifesta sous la forme d'un baiser piqué sur le front. Le barbier serra des poings face à cette forme d'injure. Il lança un regard assassin au détective qui lui souhaita la bonne année d'un ton qui signifiait tout le contraire. D'abord la vieille chouette, maintenant lui... Il était temps que cette scène ridicule prenne fin. Il ne supporterait pas une humiliation de plus.
Il se saisit de son écharpe qu'il passa autour de son cou d'un geste rageur et marcha dans les pas de Holmes pour se retrouver à l'air libre. La gamine sautillait à côté d'eux, se dirigeant comme une fusée vers les lumières qui explosaient dans le ciel d'un noir d'encre. Madame Hudson fermait la marche avec Angelika. Lorsqu'il jeta un coup d'oeil par-dessus son épaule, la vieille chouette lui adressa un grand sourire qui lui rappela ce moment pénible, à minuit pile. A grands pas agités, il rejoignit Angelika et l'attrapa par le bras pour l'entraîner dans une rue latérale.
"Pas de bêtises !" leur lança madame Hudson d'un ton empreint de sous-entendus. "Dans ma jeunesse, moi aussi j'aimais beaucoup m'isoler dans les ruelles sombres !"
Le barbier leva les yeux au ciel et lâcha enfin la jeune femme. Du coin de l'oeil, il s'assura que la vieille poursuivait son chemin. D'autres personnes se dirigeaient vers la grande place, comme hypnotisées par les feux d'artifices. Les sombres imbéciles. Tous attirés par la lumière comme de ridicules insectes...
Il plongea la main dans sa poche et en sortit la pochette. Puis, il leva un regard évocateur vers la petite souris. Après tout, elle lui avait dit de l'ouvrir une fois qu'il serait hors de l'appartement. Elle n'avait pas ajouté d'autres précisions. Pauvre d'elle, elle aurait peut-être dû. La ruelle n'était pas suffisamment sombre. Des yeux indiscrets pouvaient très bien les observer. Il se doutait que Holmes était dans le coin. Toujours à fouiner, celui-là. D'une certaine façon, il se sentait flatté par tant d'attention.
D'un geste sec, il déchira le papier de la pochette et regarda à l'intérieur. Il y découvrit un collier représentant une souris ailée dont le corps était empli de petits diamants, allongée sur une boule de saphir. Cette vision le laissa sans voix quelques secondes, avant qu'il se ressaisisse. Il s'était attendu à tout, mais absolument pas à... Il déglutit, se saisissant du pendentif qui évoquait tant de souvenirs confus. Le toucher donnait davantage de corps à un passé qu'il aurait préféré oublier.
"Je n'en veux pas." articula-t-il enfin d'un ton étrangement éteint.
Il se complaisait dans l'idée de rester impassible, bien que l'exercice soit particulièrement ardu. Il se doutait qu'Angelika lui avait offert ce cadeau empoisonné dans le but d'obtenir une réaction de sa part. Il ne lui ferait pas ce plaisir.
Pendant tout ce temps, elle l'avait donc gardé, attendant son heure. La lettre l'après-midi même, et maintenant ceci. Quant sa folie s'arrêterait-elle donc ? Il fixa un moment le collier avant d'ajouter :
"Ca n'ira pas avec ma garde-robe."
Un léger rictus arqua le coin de ses lèvres. Un trait d'humour, afin de la déstabiliser davantage. Voilà comment la souris se retrouvait prise dans le piège qu'elle avait elle-même préparé. D'un geste un peu brusque, il lui prit la main pour y poser le collier avant de refermer ses doigts dessus.
"Revends-le toi-même sur E-Bay. Il faut préparer l'avenir de ta fille. Il paraît que ça coûte cher, les enfants." grommela-t-il, plus affecté qu'il ne l'aurait voulu.
Il n'en savait rien, il supposait juste avec ce que les gens racontaient en général. Il n'avait pas eu le temps de savoir, pour sa propre enfant. Il passa une main dans sa nuque, desserrant quelque peu son écharpe qui l'étranglait, et reconnut sans regarder la jeune femme :
"Tu as l'air d'être une bonne mère. Tu es au moins douée pour ça."
Parce que pour les cadeaux, il ne pouvait pas en dire de même. De toutes façons, il s'en moquait. Il n'y accordait aucune espèce d'importance. Il s'éloigna de quelques pas, plongeant les mains dans ses poches, puis il se stoppa pour ajouter par-dessus son épaule :
"Tu ne devrais pas laisser Holmes élever ta gamine. Il est trop... comme moi. Même si tu ne veux pas le reconnaître."
Il se mordit les lèvres et se détourna pour de bon afin de poursuivre son chemin. Sa main chiffonna nerveusement la pochette qu'il avait toujours dans la poche. L'air glacé lui fouettait le visage, engourdissant ses pensées focalisées sur le passé. Bientôt, il fut happé par l'obscurité, alors que les derniers pétards étaient lancés dans le ciel dans un final sans doute magnifique. Un petit détour par le cimetière lui ferait le plus grand bien, après cette soirée trop riche en rebondissements. Il aimait s'y promener et au moins, il n'y croiserait personne.
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Angelika B. Beresford
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Lorsque Katelyn avait lancé son idée d’aller faire la fête sur la place centrale, je m’étais immédiatement tournée en direction de Sherlock. Le souhait de ma fille était pour moi tout à fait acceptable mais je ne voyais guère partir seule avec elle ! Elle aurait été si déçue de ne pas avoir son héro à ses côtés pour cette occasion. C’est alors que mon ami lança une de ses petites piques discrètes dont il avait le secret.
- Evidemment qu’on va voir ça ! Ca rappellera… Le bon vieux temps !
Il avait accentué cette dernière phrase comme s’il espérait réveiller encore des souvenirs enfouis. Tout d’abord les souris en papier et maintenant ça… Tout tendait à croire qu’il avait résolu le mystère de la petite souris blanche. Je ne tenais cependant pas à lui faire le plaisir de confirmer ses soupçons. Demeurant stoïque, l’attitude totalement impassible, je souris alors aux deux amours de ma vie.
- Très bien dans ce cas va chercher ton manteau, ma puce ! Il fait froid dehors.
Sans attendre une minute, Katelyn disparut de la pièce. Soudainement, je vis Sherlock Holmes se ruer à son tour vers Balthazar, déposant un baiser moqueur sur son front. Ecarquillant les yeux, les yeux je demeurais quelque peu choquée face à son initiative. Tout d’abord, le baiser forcé qu’il avait imposé à Madame Hudson puis le sien. N’aurait-il donc jamais de cesse de le taquiner ? Quel gamin ! Cependant, leurs initiatives éveillèrent en moi un sentiment des plus confus. Aurait-il pu s’agir de jalousie ? Chassant cette idée ridicule de mon esprit, je vis bientôt Katelyn nous rejoindre au salon. Fort heureusement, elle n’avait pas assisté à cela ! Ma petite fille était magnifique, vêtue du manteau « Sherlock Holmes » que mon ami lui avait offert une semaine auparavant. De mon côté, je m’approchais des chapeaux pointus, saisissant à la va-vite un des bleus qui étaient posés là. J’adressais alors un clin d’œil à Sherlock.
- J’ignore si c’est la maison dans laquelle le choixpeau m’aurait envoyé… si ce n’est pas le cas, je m’y incrusterais.
Reprenant brusquement en compte la présence du barbier, je me dirigeais vers lui.
- J’espère que tu nous feras le plaisir de te joindre à nous, au moins pour quelques minutes. Il paraît que le feu d’artifice de la ville est une pure merveille, ce serait bête de manquer ça !
Lui saisissant le bras pour l’entraîner au dehors, je ne relâchais mon emprise que devant le porte-manteau. Un sourire aux lèvres, je rejoignis ensuite Mrs Hudson pour enfin adresser mes meilleurs vœux à ma logeuse. Poursuivant notre conversation dans la ruelle, cette dernière ne fut interrompue que par l’arrivée du barbier. Sans dire un mot, il m’attrapa par le bras avec toute la douceur que l’on pouvait attribuer à un serial killer de sa trempe. Levant à mon tour les yeux au ciel aux paroles de Mrs Hudson, je retins mon souffle à l’idée de me retrouver à nouveau seule avec le barbier.
Silencieuse, je le regardais sortir de sa poche le cadeau que je lui avais offert précédemment. Me sentant alors terriblement nerveuse, j’avais de la peine à me réjouir du fait qu’il ait pu tenir sa promesse. Certes, il n’avait pas ouvert le cadeau devant Sherlock et cela aurait dû grandement me réjouir. Cependant, à cet instant, j’aurais espéré pouvoir me trouver n’importe où ailleurs qu’à ses côtés ! Pourquoi devait-il forcément me convier à l’ouverture de mon présent, cela n’avait pas de sens !
Fermant un instant les yeux au moment où j’entendis le déchirement du papier, j’étais incapable de diriger mon regard dans sa direction. Je craignais tant de voir sa réaction qui ne pourrait être que douloureuse. Je ne relevais mon regard dans sa direction qu’au moment où il lança ses premiers mots !
- Je n'en veux pas. Ca n'ira pas avec ma garde-robe.
A sa remarque vexante, je le foudroyais du regard. Une fois encore, il n’avait rien compris au sens profond de mon cadeau. Ce collier c’était pour moi comme un fil, ce premier et dernier lien qui nous avait unis et nous unissait lui et moi à travers le temps. J’aurais voulu qu’il l’accepte comme une promesse de loyauté, une preuve que je resterais toujours à ses côtés et qu’il pourrait faire appel à moi quel que soit le danger auquel il serait confronté. Mais une fois de plus, il l’avait tout simplement rejetée, tout comme il le faisait avec moi. Regardant quelque peu déçue le cadeau qu’il avait placé dans ma main, ma poigne se refermait fermement sur le bijou au moment où l’une de ses remarques me transperça le cœur.
- Tu as l'air d'être une bonne mère. Tu es au moins douée pour ça.
A ces mots, je sentis des larmes remplir mes yeux. Ma poigne se referma encore sur le collier à en transpercer ma peau. Entendre de telles paroles être prononcée par cet homme était pour moi une torture inimaginable. Mes pensées se bousculaient alors dans ma tête mais un mot parmi tous revint en continu.
Anthony… Anthony…
- Anthony !
J’avais prononcé le prénom de mon… non de notre bébé dans un murmure à peine audible pour le barbier ! En cet instant j’avais envie de hurler.
Non je ne suis pas une bonne mère, Benjamin ! Si c’était le cas notre fils serait encore en vie !
Je n’avais plus la force de parler. La gorge serrée, je relevais mon regard triste dans sa direction tout en conservant le silence. Ainsi, le barbier supposerait que ma tristesse n’était due qu’à son refus d’accepter mon cadeau.
Finissant par détourner les talons, il ne se tourna dans ma direction que pour m’offrir des recommandations on ne peut plus déplacées. Ainsi donc il osait prétendre que Sherlock était comme lui ? Comment pouvait-il affirmer une telle imbécilité ? Furibonde, je jetais le collier à terre et me précipitais vers lui. D’une main appuyée sur son épaule, je le tournais et le forçais à me faire volte-face.
- Je ne te permets pas de me donner des conseils sur la manière dont je dois élever ma fille, Balthazar ! Et pour ce qui est de Sherlock, je te rassure tout de suite, il n’a rien de commun avec toi !
Je laissais alors un rictus apparaître sur mes lèvres avant d’ajouter
- Cela dit, le jour où son tableau de chasse égalera le tien, je consentirais peut-être à me remettre en question. Mais très honnêtement, je doute qu’une telle prouesse puisse être possible !
Je m’éloignais alors du barbier sans ajouter un mot de plus. Les mots choisis avaient été cruels et horriblement déplaisant. Soit ! Mais je ne laisserais personne insulter mon ami sans réagir. Et puis Balthazar s’était conduit d’une manière ignoble toute la journée avec moi, pouvait-il vraiment me blâmer de lui renvoyer l’ascenseur ?
Je ne prêtais guère plus attention au barbier. Me rabaissant, je ramassais avec la peine au ventre mon cadeau rejeté par son destinataire. Puis, prenant le temps de revenir sur les évènements passés de cette nuit, je m’assis quelques instants sur un muret à l’abri des regard indiscrets. Discrètement, tout comme un poison la dernière remarque du barbier avait éveillé quelque chose en moi de particulièrement pernicieux. Et s’il avait raison à propos de mon associé ? Je ne pouvais bien évidemment pas me fier à son jugement. Haïssant profondément Sherlock, ses propos ne pouvaient être le reflet de ses convictions profondes. Cependant, il n’était pas le seul à avoir tenu devant moi de tels propos. Il y avait un autre homme qui avait tenu devant moi un tel discours. Un homme que l’amour profond bien que discret qu’il portait à son frère n’avait guère suffit à aveugler. Peu à peu, l’image du barbier disparu de ma tête pour faire place à celle de Mycroft Holmes ! Les paroles qu’il avait prononcé lors de notre première rencontre à Noël me revinrent alors subitement en mémoire.
« Si vous saviez le quart de chose que je sais sur mon frère, Docteur Beresford, vous ne resteriez pas ici plus longtemps. »
Mycroft ! S’il était bien une personne qui connaissait Sherlock par cœur c’était bien lui ! Je pourrais me fier à son jugement, après tout il le côtoyait de proche depuis sa naissance. Nous n’avions jamais pris le temps de revenir sur ses propos qui hantaient pourtant mon esprit depuis une semaine. Pourquoi ne pas le faire à présent ? Saisissant mon téléphone portable je lui proposais d’aller boire un verre afin de régler certaines questions que j’avais à propos de son cadet. A ma plus grande surprise, il ne mit pas beaucoup de temps avant de me répondre. Le rendez-vous aurait donc lieu le lendemain chez Granny !
Ayant rendez-vous de bonne heure, je ne m’étais guère couché tôt ce matin-là. Je n’en avais pas touché un mot à Sherlock, bien évidemment. Il aurait fallu que je justifie la raison de notre rencontre et je ne pouvais décemment le faire devant lui ! Vêtue de ma plus jolie robe noire et les cheveux savamment remontés en un chignon, me donnant à la fois un air décontracté et professionnel, j’attendais patiemment que Holmes senior me rejoigne ! Aussi ponctuel que je l’imaginais, je le vis bientôt entré et s’approcher de moi accompagné de toute la classe qui faisait sa réputation. Un sourire au lèvres, je me relevais de ma chaise pour lui serrer la main.
- Bonjour Monsieur Holmes. Je vous remercie d'avoir accepté de venir ! Je vous en prie, asseyez-vous !
D’une main accueillante, je l’invitais à prendre place en face de moi. Je sentis alors la nervosité grandir en moi-même si je faisais de gros efforts pour la dissimuler. C’est que le sujet était particulièrement délicat et le charisme indéniable qui émanait de l’homme quelque peu déstabilisante. Cherchant quelque peu mes mots, je finis par avouer la raison de sa présence en ces lieux.
- Je vous prie de m'excuser si j'ai pu bouleverser votre emploi du temps. En réalité, j'avais besoin de vous voir car il y a certaines questions qui me hantent et je pense que vous êtes la seule personne capable de m'apporter des éléments de réponses.
Pour toute réponse, le grand frère de Sherlock me sourit d’une manière cynique tout en me répondant avec tout la classe et le détachement dont il était capable.
- Bien évidemment, que vous m'avez dérangé, Miss Beresford. Mais les Etats Unis attendront. Sherlock Holmes est une priorité. Elle l'est déjà pour vous... C'est touchant de voir à quel point mon frère vous a déjà pris dans ses filets.
- Disons que je prends mon rôle d'associée très à coeur ! Je ne vous apprendrais rien en affirmant que prendre soin de votre frère exige une attention de tous les instants.
J’avais prononcé cette phrase d’une manière quelque peu malicieuse tout en haussant les épaules. Technique simple mais pratique pour détendre mes angoisses. Ma dernière phrase aurait pu sonner comme une légère pique adressée à l’attention un peu trop grand frère poule de Mycroft que je trouvais assez touchante dans le fond. La serveuse vint alors prendre notre commande. L’agent secret commanda un whisky tandis que je restais sage de mon côté et commandais un café crème. Ce fut le moment que Mycroft choisis pour passer aux affaires sérieuses.
- Je vous écoute. Après tout, je suis là pour ça.
C’était à mon tour de jouer ! Je lui ressortis alors le discours qui n’avait eu de cesse de tourbillonner dans ma tête depuis la veille.
- Lorsque nous nous sommes vus à Noël, vous m'avez dit que si je connaissais les secrets de votre frère, je ne resterais pas une minute de plus à ses côtés. Sur le coup, je vous avoue que je n'y ai pas vraiment prêté attention ! Et puis à force de vivre à ses côtés, je me suis interrogée...
Soupirant légèrement, je relevais un regard déterminé à son adresse.
- Je me suis engagée à veiller sur lui et quoiqu'il arrive, je m'y tiendrais. Mais je ne pourrais pas jouer ce rôle efficacement sans savoir exactement à quels dangers il s'expose. Je voudrais donc savoir... est-ce que je me trompe si je prétends que le plus grand danger pour votre frère sont ses propres démons intérieurs ?
Faisant tournoyer songeur son parapluie fermé entre ses doigts, il s’interrompit bientôt pour boire une gorgée du whisky que la serveuse venait de déposer devant lui. Mon discours une fois fini, il m’adressa un sourire aimable bien froid.
- Vous visez juste, Docteur Beresford.
Souriant alors malicieusement, je fus assez satisfaite à l’idée que mon analyse était correcte. Même si cette dernière relevait le grave danger auquel Sherlock se trouvait confronté. Balthazar aurait-il donc pu avoir raison ? Chassant très vite cette pensée de mon esprit, je portais mon attention vers mon interlocuteur.
- Effectivement. Vous avez raison sur ce point. Je m'assure toujours à ce que Sherlock rencontre les personnes qu'il faut, pour pouvoir aller dans le droit chemin. Oh ne faites pas cette tête, vous pensiez sincèrement que cet enfant meurtrier allait intéresser Sherlock ? C'est moi qui l'oriente, sans qu'il s'en aperçoive. Mais je fais cela pour le plus grand bien.
Les révélations de Mycroft me clouèrent alors sur place. Jamais je n’aurais cru que le frère de mon associé avait pu organiser notre rencontre en coulisse. Je ne me trouvais pas aux côtés de Sherlock par le simple fruit du hasard, non ! J’y était parce que Big Brother en avait décidé ainsi. Cela soulevait un autre problème d’importance. Que connaissait-il exactement de moi et de la petite souris que j’avais été dans le Monde des Contes ? Je repris alors sur un ton légèrement agassé.
- Vous savez donc qui j'étais dans le Monde des Contes... serait-ce abusé de ma part de savoir quelles informations vous avez pu recueillir sur moi, Monsieur Holmes ?
- Si je divulguais toutes mes informations, à n'importe qui, soyez assurer que mes supérieurs se chargeraient de me faire éliminer. Je ne suis pas stupide au point d'être réduit à me cacher dans un trou de souris, Docteur Beresford.
La rationalité de sa remarque mêlée à un ton à la fois calme et impassible me permit de retrouver mon calme originel. Passant brièvement une main sur mon visage pour achever de me relaxer, je fixais à nouveau un regard aimable dans sa direction.
- Oui... oui bien évidemment je comprends ! C'est juste... qu'il y a dans parmi ces informations des secrets qui risqueraient de mettre en péril les vies des personnes ayant connaissance de ces derniers. Je ne veux pas que quelqu'un ait à souffrir par ma faute ! Il ne faut pas que Sherlock l'apprenne... et mes inquiétudes valent également pour vous !
Revoilà la petite souris, aussi compatissante et douce qu’elle pouvait l’être ! S’il est vrai que je ne faisais partie de l’univers de Sherlock Holmes que depuis deux mois, j’y avais fait mon « trou de souris » comme le disait si poétiquement Mycroft. Je m’y sentais très bien et je désirais que rien ne vienne gâcher cet équilibre, ni ne mette en danger les personnes qui en faisaient partie et qui avaient tant fait pour Katelyn et moi. Cependant, il restait l’épineuse question de Sherlock à régler. Le frère de Sherlock poursuivit alors son argumentation en remettant sur la table les secrets de Sherlock que je tentais de découvrir.
- Pour répondre à votre présente question, miss Beresford, la réponse est oui. Sherlock possède des démons intérieurs. Bien plus grand que vous ne pouvez l'imaginer. Mais vous n'obtiendrez pas grand-chose de plus de ma part, j'en ai crainte.
Désolée à l’idée qu’il ne m’en apprendrais pas plus, je m’approchais de lui prenant appui sur la table et plongeant un regard encourageant dans le sien.
- Je comprends parfaitement que vous puissiez chercher à protéger votre frère et je trouve votre loyauté et votre dévouement véritablement admirables. Mais avez-vous déjà pensé que votre silence pourrait être justement ce qui le condamnerait à l'avenir ?
Soupirant légèrement, je compris que je me retrouvais confrontée à un obstacle impénétrable, la loyauté indéfectible que portait Mycroft à son cadet. C’est pourquoi je tentais d’adoucir quelque peu mes arguments.
- Ecoutez, je ne veux pas savoir ce qui s'est passé... je veux savoir quoi faire pour que cela ne se reproduise pas ! Ne pourriez-vous donc pas m'éclairer sur un éventuel signe avant-coureur qui devrait particulièrement me mettre en alerte ? Un indice sur ce qui pourrait me permettre d'identifier ces démons au moment où ils se présentent ?
Imperturbable, Mycroft répondit à mon petit discours avec autant de courtoisie que possible.
- Ce qu'il y a entre mon frère et moi est très ancien, et date de sa naissance. Je regrette de ne pas avoir le temps de partager tout cela avec vous. Contentez-vous simplement de me prévenir s’il reprend de la drogue, et quel type de drogue. C'est tout ce que vous avez à savoir. Le reste, est Secret Défense, et Secret de Famille.
- Pas de secrets de famille partagés avec sa baby-sitter officielle ? Je vois... très bien, en ce cas je n'insisterais pas même si je vous avoue être quelque peu déçue de ne pas mériter plus votre confiance ! Je vous promets de vous prévenir si votre frère fait une rechute !
Une fois de plus, mon engagement était sincère. Mais je ne pouvais que me montrée déçue. Après tout, la première ligne de défense de Sherlock, c’était moi. S’il lui arrivait quelque chose où s’il perdait la raison, je serais la première à pouvoir intervenir. C’est pourquoi je pris tout de même la peine de le relancer.
- Si d'aventures vous changiez d'avis ou s'il vous venait l'envie de me parler plus longuement de votre histoire, vous savez où me trouver ! Le temps n'est qu'un concept abstrait, Monsieur Holmes, il suffit parfois de savoir saisir les bonnes opportunités !
Je rougis subitement, me rendant compte de l’étrangeté des derniers propos que je venais de tenir. Lancer ainsi une deuxième invitation à nous revoir n’était-elle pas un peu déplacée ? Pourtant il n’y avait rien de mal à joindre l’utile à l’agréable et puis nous allions être menés à nous côtoyer durant de nombreux mois ou années, autant maintenir de bonnes relations. Chassant subitement ses idées de mon esprit, je saisis pris le parti de prendre l’addition pour la payer avant de sourire à Mycroft.
- Laissez, je vous dois bien ça ! Et puisque nous serons menés à nous revoir de nombreuses fois à l'avenir, laissez tomber le docteur Beresford. Appelez-moi simplement Angelika !
Mon initiative fut cependant arrêtée par mon interlocuteur qui finit par la récupérer.
- Laissez, ce sont aussi vos impôts. Faites attention, Miss Beresford, ne fouillez pas trop loin. C'est dangereux, la curiosité. Ce n'est pas une menace, mais un avertissement. Je ne serais peut-être pas toujours là pour vous protéger. Veillez sur lui, et surtout, veillez sur vous, Angelika...
Je souris affectueusement à ses derniers propos. C’était toujours agréable de savoir que l’on était sous bonne protection. Je réalisais cependant à quel point la balance serait difficile à maintenir entre les secrets de famille que je voudrais découvrir et le danger qu’il représentait. Après tout, je ne côtoyais pas n’importe quelle famille. J’étais prête à tout pour protéger Sherlock mais cela valait-il la peine de risquer les vies des personnes qui m’étaient proches ?
Notre discussion touchant à sa fin, je me relevais de mon siège pour une nouvelle fois serrer la main de mon interlocuteur.
- Je tâcherais de m’en souvenir. Je vous remercie pour votre engagement et je vous promets de faire mon possible pour vous rendre la pareille si j'en ai l'occasion. Ce fut un véritable plaisir, Mycroft ! Je vous remercie d'avoir pris le temps de me voir. En attendant notre prochaine rencontre, je vous souhaite une excellente année !
D’un regard entendu, il partit ensuite sur ses mots avant de me faire volte-face.
- Ah, j'oubliais. Si vous voulez réellement savoir des choses sur Sherlock, contacter mes parents. Ils sont plus enclin à parler de ce genre de choses... Même s'ils leur arrivent de dire de nombreuses... Stupidité. Bonne journée et bonne année !
C’est ainsi que l’homme de glace me laissa derrière lui me confiant au bon soin de ses parents. Je n’aurais donc pas le droit à des confidences nostalgiques venant de Mycroft ? Dommage mais au moins j’avais une piste à exploiter; celle des parents des frères Holmes !
Quittant à mon tour le café de Granny, je marchais durant de longues minutes dans la rue tout en songeant à ce qui venait de se passer. Au final, je n’avais pas appris grand-chose de plus sur mon acolyte ! Mais le silence de Mycroft m’inquiétait à vrai dire bien plus que ses paroles. Je me sentais malgré tout prête à explorer les pistes pour découvrir l’identité des fameux démons donc Big Brother m’avait parlé.
acidbrain
Sherlock Holmes
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« Tu devrais pas regarder les gens comme ça »
| Conte : Sherlock Holmes | Dans le monde des contes, je suis : : Sherlock Holmes
" " Parfois, il lui arrive de franchir la limite. Pour les autres, jamais pour lui même. Seul lui est alors capable de décider si il peut revenir ou non. " John Watson.
Il était cinq heure et demi du matin. On racontait souvent dans les contes et les vieilles légendes urbaines que les crimes les plus morbides s’effectuaient toujours entre Chien et Loup. C’était le moment où la majorité des gens dormaient, même les plus influents. Debout, les mains dans le dos, Sherlock Holmes était dans la pénombre. Autour de lui, le box secret où il venait se réfugier pour penser aux affaires qui ne concernait que lui. Seul Elliot Sandman pénétrerait un jour dans ces lieux, en en sortant indemne. Sur les murs, plusieurs photos, reliés entre-elles par des fils rouges étaient visibles. Une photographie du Clown et de Balthazar trônait également dans ce merveilleux tableau… L’endroit était une petite copie du 221B, en moins confortable, et ressemblant plus à un garage clandestin qu’à un véritable lieux de travail. Mais ce n’était pas le plus inquiétant. Non. Le plus inquiétant, c’était la silhouette attachée sur la chaise en face de lui. Tête baissée, le visage couvert de sang et de sueur, il ricanait face à Sherlock. Disposés tout autour du détective, divers objets étaient présent. Un puissant moteur électrique avec deux pinces, un bidon d’essence, un entonnoir et un stylo étrange. Tout était posé sur une petite table en aluminium brillante. Avec une délicatesse infinie, Sherlock se saisit d’une clef à molette aussi grande qu’une batte de baseball. Ca aussi, c’était posé sur la table… Serrant cette dernière avec une paire de gant en cuire, il fixa l’homme toujours assis en face de lui et déclara sans aucune émotion : « Il faut environ quelques heures, à un homme saint d’esprit et peu entraîné, pour résister à ces types de torture. Tu es arrivé à la limite de tes possibilités. Donc, je répète une dernière fois ma question… Où est John Watson ? »
L’homme releva la tête, le visage couvert de sang. Dans ses yeux, on pouvait y lire un début de folie légère. Sherlock avait raison. Il avait toujours, raison. Son sourire dément se dessina et on pouvait voire qu’il lui manquait des dents. Celles qui lui restaient étaient couvertes de sang. « T’aimerais bien hein ? Je suis entraîné à la torture, tu peux y al... »
Mais il n’eut pas le temps de finir sa phrase que la clef à molette s’abattit lourdement sur le genou de l’inconnu. Il y eut un craquement sinistre, prouvant que le genou était brisé en six morceaux. Hurlant à la mort, Sherlock lui répondit : « Tu peux hurler autant que tu veux. Ces murs sont isolés aux sons. »
Sa tête bascula vers l’avant. Il avait sombré dans l’inconscience. Sans aucune pitié, et avec une vivacité extrême, Sherlock saisit l’homme par le col, ainsi que le bidon d’essence. Lui déversant sur le visage, l’homme mit un peu plus de temps que tout à l’heure à revenir à lui. « Ar...Arrête. »
Tournant froidement autour de lui, le visage toujours masqué par les ombres, le détective posa avec une attention particulière la grande clef à molette. « Tu vas enfin être plus… Coopératif ? »
Sortant un briquet ancien de l’intérieure de sa poche, il l’approcha de l’homme. Le laissant à une bonne distance pour le moment, afin qu’il ne brûle pas tout de suite. L’homme observa, larmes aux yeux la flamme du briquet danser devant ses yeux. Un petit sourire satisfait apparut sur le visage de Sherlock. Il venait enfin, de voir une lueur de peur, de crainte mais surtout de résignation dans le regard de l’homme. « J’sais pas grand chose. Presque rien même... » Enfin, on y arrivait. Eteignant le briquet, il se saisit des pinces électriques et les fit s’approcher l’une de l’autre. Un arc électrique bleuté apparu. « Parle. » dit-il d’un ton autoritaire.
Il y eut quelques temps de silence, puis l’homme se décida enfin à parler : « La Cour des Hiboux. C’est comme ça qu’ils se nomment… C’est une organisation criminelle, très dangereuse ! Elle emploie les meilleurs tueurs et criminels du monde pour arriver à leur fin ! C’est eux qui ont capturé John Watson… Ils le détiennent, avec un autre prisonnier… Soit disant qu’ils ont un rapport tous les deux… Après j’en sais pas plus, je ne suis pas un des membres du Grand Conseil… Il n’y a que des hommes d’affaires puissants… C’est une organisation ancienne, très ancienne même… On hérite de sa place… Je… Je vais mourir de vous avoir dit ça… J’en sais pas plus... »
Reculant de plusieurs pas, son cerveau s’activa rapidement. Réfléchissant à toutes les possibilités qui s’offraient à lui. Devait-il le tuer ? Maintenant qu’il ne lui servait plus à rien ? Son regard se perdit dans le néant, l’homme le regarda avec toute la pitié qu’il pouvait lui offrir. La main de Sherlock se tendit lentement, très lentement vers la clef à molette qu’il avait déposé quelques secondes plus tôt… Mais au lieu de la saisir elle, il saisit un petit livre noir, avec un aigle sur le devant. Jetant le passeport au visage de sa victime, il déclara d’un ton plus calme. « C’est ton jour de chance. Te voilà des papiers. Rassure toi, ils sont corrects. Ils ont été fait par le Gouvernement lui même. Quitte le pays, et ne revient jamais. Tu auras un compte en banque qui t’attendra une fois arrivée à destination. Il y a une carte bancaire à l’intérieur du passeport. Elle ne marche pas aux Etats-Unis et au Canada. Je vais te nettoyer, te soigner provisoirement. Puis tu partiras, un avion t’attends à l’aéroport. »
Haussant un sourcil devant autant d’information, l’homme se contenta de marmonner un simple « merci ». De toute manière, il l’avait brisé. Peut être même pour toujours. Mais ça, il s’en moquait. Il avait trouvé assez d’informations sur John désormais. Pendant prêt d’une heure, il nettoya sa victime, lui fit changer de vêtement, et lui appliqua les soins d’urgences. Cela faisait longtemps qu’il n’avait pas exercé, et il était moins doué qu’Angelika pour ce genre de chose, mais ça ferait l’affaire. Le bourrant de morphine, et lui faisant une atèle de fortune, il l’accompagna jusqu’au taxi improvisé qui l’attendait. Le jeune homme au volant se tourna vers Sherlock d’un air interrogateur. « Vous lui avez fait quoi ? Il a l’air de s’être battu ! J’m’y connais en bagarre ! Et là il a morflé ! Toi t’as rien.. Ouf ! Un peu plus et vous étiez tous les deux dans cet état ! »
Sherlock observa Michel-Ange sans rien dire, et se contenta de dire avec un sourire léger : « Conduis le à l’aéroport, et assure toi qu’il monte bien dans cet avion. Il va pas être trop bavard, je l’ai soigné et il est sous calmant. Une fois qu’il est monté dans l’avion, envoie moi un texto, et je te paierai. »
Michel-Ange observa l’homme qui somnolait à l’arrière de la voiture. « C’est rien… C’est gratuit, je vous dois bien ça m’sieur Holmes, par contre faut pas qu’il dégobille dans la bagnole de mon frangin, c’est du cuir ! »
Roulant des yeux Sherlock claqua la porte du conducteur et ne rajouta rien. Les regardant partir, il saisit son téléphone, alla directement à Angelika, et lui envoya ce texto : « Demain matin, rendez-vous au Zoo. Viens sans Katelyn. SH. »