« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)
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Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.
DEMAIN DES L'AUBE.
| Conte : Sweeney Todd | Dans le monde des contes, je suis : : Mister T.
Il était parfait. Bien équilibré et élégant, il souriait dans la pénombre. Fasciné, Benjamin le faisait miroiter dans la flaque de lumière qui éclaboussait une extrémité de la cellule.
"Je n'avais plus rien vu d'aussi beau depuis tellement longtemps..." murmura-t-il, les larmes aux yeux.
Il détourna son regard du rasoir qu'il tenait délicatement entre ses mains pour le poser sur la jeune femme blonde debout, à moins de deux mètres de lui. Même happée par les ténèbres de la prison, elle semblait rayonnante. Comment faisait-elle ? Elle semblait être capable de repousser les ombres et les cauchemars. Il y croyait dur comme fer. Après tout, depuis qu'elle était arrivée dans sa vie, la solitude et l'enfer du bagne lui paraissaient presque supportable.
"Je suis bête..." réalisa-il tout en approchant d'elle, un sourire vacillant au coin des lèvres. "Tu es là, toi."
Il leva la main pour caresser quelques mèches dorées, si douces au toucher, si semblables à celles d'une autre... Il lui suffisait de fermer les yeux, et il voyait sa Lucy. Bianca était une amie imaginaire qu'il s'était inventée pour parvenir à subir son enfermement et les mauvais traitements. Il le savait. Mais parfois... Parfois il espérait qu'il ne caressait pas que du vent, qu'il ne parlait pas dans le vide. Il aurait souhaité qu'elle soit véritablement là, auprès de lui.
Sa main descendit le long de sa nuque et ses doigts effleurèrent la jolie pierre qui se balançait autour de son cou. Il aimait les reflets irisés de ce collier. Elle le gardait constamment sur elle, en toutes circonstances. Même quand il l'avait taquinée à ce sujet, elle n'avait jamais voulu l'enlever.
"Ce cadeau est si..." reprit-il tout en baissant les yeux sur le rasoir. "Je ne sais pas comment te remercier."
Lui n'avait rien à lui offrir. Il balaya la minuscule cellule humide d'un regard navré, avant de le reporter sur le rasoir. Ses yeux verts se reflétaient sur la lame : ils avaient une expression tragique, douce et légèrement hagarde. Il orienta le rasoir de sorte à observer le reste de son visage, esquissant un geste perplexe sur sa barbe broussailleuse et ses cheveux trop longs. Il ne s'était encore jamais vu depuis qu'il se trouvait dans cet endroit. Au bagne, les miroirs n'existaient pas. Il détourna la tête, la secouant légèrement, clignant des yeux vers Bianca. Comment pouvait-elle rester auprès de lui alors qu'il était si repoussant ? Que lui trouvait-elle ? Cette femme était forcément un mirage...
"Tu es la meilleure partie de moi." murmura-t-il tout en posant son front contre le sien, les paupières closes.
Il enlaça la jeune femme, inspirant profondément, puis fredonna à mi-voix une chanson de son pays natal :
"Early one morning, just as the sun was rising I heard a maid sing in the valley below "Oh don't deceive me, Oh never leave me, How could you use, a poor maiden so?" "
Alors qu'il entendait la jeune femme sourire, il entrouvrit les yeux et sourit à son tour. Il lui arrivait de chanter, de temps à autre. Lorsqu'elle n'était pas là, il chantait pour la garder auprès de lui, d'une certaine façon. Il poursuivit donc d'une voix douce, tout contre son oreille :
"Remember the vows that you made to me truly Remember how tenderly you nestled close to me."
Ses doigts s'entremêlèrent aux siens tandis qu'il nichait sa tête dans son cou, y déposant un baiser. Ce n'était qu'une chanson. Il en aimait la mélodie et prononçait les paroles sans vraiment les écouter. Elles ne représentaient rien, de toutes façons.
***
Here I now wander alone as I wonder Why did you leave me to sigh and complain I ask of the roses, why should I be forsaken, Why must I here in sorrow remain?
Une porte ouverte sur le passé. La souris avait créé une brèche dans son esprit, par laquelle elle s'était faufilée. Balthazar n'avait rien oublié, il faisait juste le choix d'occulter certaines données, comme l'on efface un tableau couvert de craie. Angelika avait troublé la surface polie de sa mémoire, la rendant dangereusement vivante. Jusqu'à présent, les silhouettes étaient figées, les souvenirs immobiles, attendant d'être actionnés. Désormais, certaines choses lui revenaient. Des choses dont il n'aurait jamais voulu se rappeler. Les bons moments, comme elle les appelait. Ceux qui le faisaient le plus souffrir puisqu'ils étaient chargés de fiel et de mensonges. A présent qu'il avait compris la finalité et l'origine de sa métamorphose en Sweeney Todd, il ne se sentait plus aussi amer qu'autrefois envers Angelika. Une émotion nouvelle le saisissait, qu'il ne parvenait pas à identifier. S'agissait-il de la reconnaissance ?
Les paroles de la jeune femme le touchèrent en profondeur, bouleversant davantage l'équilibre précaire et discutable de son esprit. Le barbier manqua de chanceler alors qu'il ne parvenait pas à refermer la porte des souvenirs. Un mélange de rancoeur et de gratitude lui comprimait le coeur et les poumons. La main d'Angelika alla se poser contre sa joue, tendrement.
"Maintenant que tout est enfin terminé, que tu as une deuxième chance de refaire ta vie, croque-la à pleine dent et donne-toi enfin l'opportunité d’être heureux ! Du fond du cœur, c’est tout ce que je te souhaite !"
"Avec... toi ?" balbutia-t-il, hésitant.
Il avait à peine prononcé ces mots, si bien qu'ils s'évanouirent dans le néant. Elle avait mentionné Lucy sans pour autant dire son nom. Elle n'avait pas le droit de parler d'elle. Personne n'avait le droit. Personne. Elle ne comprenait pas... il avait déjà tout perdu. Que pouvait-il gagner à redevenir Benjamin ?
"Pourquoi déterrer un mort ?" se demanda-t-il à haute voix d'un ton éteint.
Il observa Angelika, indécis. Il ne comprenait pas son acharnement à vouloir retrouver l'homme qu'elle avait connu. Etait-il seulement réel ? Elle s'était amourachée d'un prisonnier, d'un individu qui n'avait plus aucune raison d'être ni aucune liberté. Benjamin Barker avait été un époux et un père. Celui qu'elle était venue voir au bagne n'était guère plus qu'une ombre, un animal en cage. Il avait fallu qu'il disparaisse. Il n'était déjà plus rien.
La porte s'ouvrit brusquement et claqua contre le mur, le sortant de son étrange transe. Il frémit et instantanément, la fosse aux souvenirs se referma. Il détourna son regard d'Angelika avec difficulté pour le poser sur l'énergumène qui venait de faire son entrée. Il était affreux, vêtu d'une combinaison orange de prisonnier, et armé d'une épée en forme de parapluie, à moins que ça ne soit le contraire. Balthazar haussa un sourcil peu impressionné devant cette vision. Holmes dans toute sa splendeur. Ou plutôt laideur à en juger par son allure négligée. Il remarqua les ecchymoses sur son visage, l'oeil au beurre noir et sa lèvre tuméfiée, et se demanda qui avait eu le droit de s'amuser sans lui à le transformer en punching ball humain.
Il fixa le "détective" s'avancer vers eux, les menaçant toujours de son stupide parapluie-épée. Le barbier n'avait toujours pas éloigné sa main de la joue d'Angelika, prenant un malin plaisir à la toucher en présence de son actuel petit ami -ou peu importe ce qu'ils étaient l'un pour l'autre. Il se contenta d'émettre un léger soupir las en entendant les propos de Holmes.
"Un détective qui pose des questions, quel manque de perspicacité..." articula-t-il, narquois. "Que peut bien faire un coiffeur dans une salle de bains avec une personne ayant les cheveux mouillés ? Je vous laisse à vos déductions si brillantes. Epatez-nous."
Crétin, songea-t-il avec mépris.
Il éloigna enfin sa main du visage d'Angelika pour maugréer, fixant toujours Holmes :
"On laisse vraiment sortir n'importe qui de prison, de nos jours..."
Il coula un bref regard en direction de la jeune femme, certain qu'elle allait en profiter pour renchérir à ce sujet, mais le concernant.
Il ne s'interrogeait pas sur la raison de l'accoutrement de Holmes ; tout ce qui le concernait de près ou de loin l'indifférait totalement. Cependant, il ne pouvait réprimer une grimace de dégoût dès que ses yeux se posaient sur sa masse folle de cheveux et sa barbe rousse. () Cette couleur ne lui allait pas du tout, bien que la carnation de sa peau, extrêmement pâle, aurait dû correspondre. La tenue orange devait y être pour beaucoup.
Il fit quelques pas pour s'écarter d'Angelika, déclarant d'un ton laconique :
"Je termine ta coiffure dans le salon."
Passant près de Holmes qui se tenait toujours dans l'encadrement de la porte, il jeta un bref coup d'oeil moqueur à l'arme ridicule qu'il avait en main, puis ajouta avec l'ombre d'un sarcasme :
"Ensuite, je m'occuperai de toute cette broussaille."
Il venait de poser les yeux sur la barbe de son adversaire. Un rictus apparut sur ses lèvres avant qu'il ne quitte la salle de bains. Au moins, cette journée était productive niveau rentabilité. Il frémit par avance à l'idée que son rasoir chatouille la gorge de Holmes. Il allait forcément accepter ; un homme aussi méticuleux de son allure ne pouvait continuer à se promener d'une façon si négligée.
Une fois de retour dans la salle à manger, il jeta un vague coup d'oeil en direction de la gamine qui se redressa d'un bond en le voyant, l'air anxieux et incertain. Il se désintéressa d'elle pour se planter devant la table et préparer son matériel pour le brushing : une brosse à rouleau ainsi que le sèche-cheveux.
"J'attends !" lança-t-il d'un ton cinglant.
Il détestait patienter. De plus, il était très occupé. D'autres clients l'attendaient, ailleurs.
Brusquement, il leva les yeux vers la caisse qui avait retrouvé sa place tout en haut de l'étagère. Il la fixa, s'interrogeant. La lettre qu'il avait déchirée ne se trouvait plus au sol. Sa mâchoire se contracta et il secoua brièvement la tête pour se re-concentrer sur son matériel.
Les morts doivent rester morts. La fosse aux souvenirs ne serait pas réouverte. Jamais.
Il déplia ses doigts qui tremblaient légèrement, trahissant son trouble. Puis attrapa de nouveau la brosse dans un geste brusque.
acidbrain
Angelika B. Beresford
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| Avatar : Katheryn Winnick
"Donc on est bloquée dans un monde que tu ne maîtrise pas ? On va bien se marrer."
"Tu sais bien que les plus beaux chapitres de ta légende tu ne les as jamais écrit seul, n'est-ce pas Sherlock Holmes ?"
| Conte : Bernard & Bianca | Dans le monde des contes, je suis : : Miss Bianca
Il n’avait fallu que deux petits mots prononcés à bout de lèvres pour que le barbier déstabilise la petite souris qui en une phrase perdit toute sa superbe. Refaire notre vie… ensemble ? Pouvoir se donner enfin une chance d’être heureux, contredire tous les détracteurs qui n’avaient eu de cesse de tourner en ridicule notre liaison dès les premiers battements balbutiant d’un amour voué à l’échec. Oh oui, ils avaient nombreux tous ses adversaires qui s’étaient lancés à corps perdus dans le jeu dangereux de la souris ! Dès le premier tour de cette partie, ils n’avaient eu de cesse de placer mille et un obstacles sur sa route, des pièges dans lesquels la jeune première n’avait eu de cesse de tomber encore et encore… Pourtant, jamais elle n’avait laissé tomber ! Bonne joueuse, elle avait accusé les coups sans jamais que sa détermination ne soit brisée. Son objectif était clair et le but de la partie beaucoup trop alléchant pour qu’elle puisse y renoncer.
Elle le voulait… LUI ! Le barbier qui faisait tant battre son cœur. Elle était déterminée à le sauver de sa misérable condition pour lui permettre de goûter à un bonheur éphémère si essentiel à sa survie de bagnard ! Elle était persuadée que son amour sans limite était l’atout le plus précieux qu’elle possédait dans sa manche. Elle ne pouvait que gagner ! Après tout, n’était-elle pas courageuse et pleine de bonne volonté ? La réalité c’est qu’elle était surtout incroyablement naïve ! Aveuglée par ses propres sentiments, elle avait relevé le défi sans même se rendre compte que les dés étaient pipés ! C’était une compétition qu’elle était destinée à perdre. Et maintenant qu’elle était prête à baisser définitivement les bras, voilà que l’objet de sa quête venait lui-même feindre de vouloir relancer une nouvelle partie ? Sa moquerie était d’une cruauté innommable !
- Je… je n’ai jamais voulu dire ça !
Menteuse ! Si mes paroles se voulaient fermes et raisonnables, mon langage corporel lui ne faisait que trahir ce que les intentions doucereuses du barbier avaient éveillé en moi. Désireuse de nous enfermer un peu plus dans cette bulle d’intimité retrouvée, j’avais fait un nouveau pas dans sa direction. Ma main tremblante posée sur sa joue ne faisait que révéler le trouble évident qui était le mien. Le dévisageant avec autant de soin qu’autrefois, je n’étais plus hantée que par une seule question. Était-il seulement possible de tricher et de contourner les règles pour remporter la partie? Non, je ne pouvais que reconnaître ma défaite ! Jamais il ne serait totalement à moi… Jamais je ne pourrais retrouver ces sentiments que nous partagions autrefois… C’était ainsi, on ne peut pas s’écarter du chemin que le destin a tracé pour nous ! Nos routes s’étaient croisées accidentellement à un moment de notre vie. Elles allaient immanquablement se séparer un jour pour ne plus jamais se recroiser ! J’en étais persuadée… n’était-ce après tout pas la prophétie qui m’avait été faites il y a des années de cela ?
- L’histoire du barbier et de sa souris ne connaîtra jamais de deuxième chapitre !
Et pourtant… pourtant ils étaient à nouveau réunis ! Rien ni personne, pas même cette maudite malédiction, n’était parvenue à briser le lien qui les unissait depuis toujours. Certes, il était aussi frêle et fragile que la flamme vacillante d’une bougie tout juste allumée… mais cela ne l’empêcherait aucunement d’éclairer l’obscurité dans laquelle Benjamin s’était lui-même enlisé avec un amer délice. Cette petite mèche avait allumé en lui ce qu’il y avait de plus précieux au monde ; l’espoir ! S’il n’en avait pas encore conscience, c’était à moi qu’il revenait d’accomplir cette mission. Après tout, n’étais-je pas Angelika, la souris du barbier ?
- « Je crois que tu te poses la mauvaise question ! Plutôt que de te demander pourquoi le faire, tu devrais plutôt te focaliser sur l’homme que tu souhaiterais être à l’avenir. Toi qui a goûté aussi bien aux ténèbres qu’à la lumière, demande-toi lequel de ses chemins correspondrait le mieux à l’avenir que tu désires vraiment… Je ne pas t’éclairer davantage. C’est à toi de répondre à cette question ! Mais je suis persuadée d'une chose... la vie vaut toujours la peine d'être vécue et je... je sais que c’est une bien maigre consolation. Tu vas sûrement me trouver d’une arrogance folle. Je tiens seulement à te dire que contrairement à ce que tu penses, tu n’as pas tout perdu… au moins, il te reste ta souris !
Je rabaissais alors mon visage vers le sol et tout en rougissant légèrement.
"Je me sentirais véritablement honorée si d’aventure tu étais prêt à me faire une petite place dans ta vie quelle qu’elle soit ! Quel que soit l'homme que tu deviendras, j ai vraiment envie de mieux le connaitre. » Et elle ne laissera plus rien ni personne la séparer de son barbier!
Après tout, il suffisait parfois d’une simple présence dans sa vie pour trouver la force d’avancer et de continuer à se battre. C’est ce que j’avais cru saisir dans ses paroles. S’il avait réellement besoin de moi, j’étais toute disposée à me battre pour lui. De toutes manières, il fallait qu’il laisse Sweeney Todd derrière lui, je ne survivrais pas à un second échec !
Puis soudain, la porte de la salle de bain claqua faisant éclater cette fragile bulle d’intimité. Sherlock Holmes était enfin de retour à la maison… mais dans quel état ! M’écartant de Balthazar en une fraction de seconde, j’abaissais rapidement ma main, brisant ce lien précieux établit avec lui quelques instants plus tôt. J’adoptais alors le comportement honteux et gêné de la jeune première prise en flagrant délit d’une séance discrète de pelotage d’amants par son grand frère. Toutefois, ce n’était pas notre condition à nous qui me préoccupait le plus ! Apparemment le détective ne goûtait que fort peu l’idée même que le barbier puisse respirer le même air que le sien. Je demeurais cependant très touchée par son attention. L’arme qu’il tenait sans sa main prouvait qu’il s’inquiétait pour moi et qu’il était prêt à me défendre si jamais ce chat sauvage sortait les griffes et menaçait sa souris domestique de ses crocs acérés. M’apprêtant à répondre à ses questions, Balthazar rétorqua rapidement lui-même en des propos qui me semblèrent remplis de bon sens. J’en profitais alors pour rassurer mon ami sur les intentions du barbier… tout du moins celles que j’avais cru lire en lui.Il fallait calmer le jeu tout de suite, il ne manquerait plus que cette rencontre inopinée se termine en combat d’épée contre rasoir !
- Ne crains rien Sherlock, je t’assure que tout va bien ! J’avais simplement besoin de Balthazar pour un service de coiffure. Comme il a perdu sa boutique, nous avons fixé notre rendez-vous ici. Allez range cette arme, s’il te plait !
Balthazar écarta enfin sa main de mon visage, non sans mon aide. Etre si proche de lui alors que Sherlock était présent me donnait un sentiment désagréable de malaise. Je n’ignorais rien du fait que Sherlock se posait des questions concernant notre relation. Ce que je désirais le moins au monde c’était de pouvoir lui donner plus de matière à réflexion.
Sans plus prête d’attention au barbier, mon regard s’était fixé sur Sherlock pour ne plus s’en détaché. Je m’étais tant inquiété pour lui durant son absence injustifiée. A présent que je le revoyais enfin, sa tenue orangée ainsi que sa longue barbe de couleur semblable ne faisait que nourrir ce sentiment profond de culpabilité. Pourquoi n’avais-je pas cherché à le retrouver et à savoir ce qu’il devenait ? Ses multiples blessures prouvaient qu’il avait énormément souffert et moi j’étais restée là comme une idiote à vaquer à mes occupations quotidiennes. Ce n’était pas digne de l’associée de Sherlock Holmes ! Ca l’était encore moins de la part de l’ancienne petite souris blanche de la S.O.S. société. D’ailleurs Benjamin ne se fit pas prier pour me rappeler cet épisode de ma vie. Soupirant légèrement, sans pour autant lâcher le détective du regard.
- Ce qui me fait le plus soucis en réalité, c’est qu’on puisse laisser n’importe qui y entrer.
Et ça ne date pas de hier !
Je gardais cette réflexion pour moi, une fois encore pour éviter d’éveiller les soupçons sur le passé carcéral du barbier.
Bientôt, Balthazar se détacha totalement de moi pour se rapprocher du détective. Il ne manquait alors pas de lui offrir une remarque cinglante, digne de la férocité et de la soif de sang du diabolique barbier de Fleet Street. D’un œil furibond, je fusillais le barbier du regard. Comment pouvait-il ne serait que songer à lui faire du mal ? S’il pensait un instant qu’il pourrait se prêter à ce jeu sans que je ne l’arrête dans ses projets, il se trompait lourdement ! Après tout, c’était à Sherlock que je me devais d’offrir toute ma loyauté !
Me contentant de serrer les poings, je rejoignis enfin mon acolyte lorsque le barbier quitta la pièce. Soupirant une fois encore, je plaçais mes mains sur son visage et analysait, avec un soin tout professionnel, les blessures dont il avait été victime.
« Mon pauvre Sherlock, dans quel état ils t’ont mis ! »
Puis soudain, comme un électrochoc, je balançais une monstrueuse gifle sur ladite joue. La rancœur que je ressentais vis-à-vis de son comportement était trop intense pour que je continue à la refreiner.
- Tu n’es vraiment qu’un idiot ! Tu te rends compte à quel point je me suis inquiétée pour toi ? Ou tu n’en a juste rien à faire ? Pourquoi tu ne m’as pas dit où tu trouvais ? Pourquoi est-ce qu’il faut toujours que tu te mettes dans des conditions impossibles sans que je ne puisse rien faire pour te protéger ?
J’entendis alors la voix de Balthazar m’appeler au salon pour continuer ma coiffure. Son ordre me permit de retrouver un tant soit peu mon calme.
- On en reparlera plus tard mais je t’assure que tu as intérêt à me fournir une excellente explication !
Je me dirigeais alors vers ma commode et en ouvrit un des tiroirs. Cherchant parmi les nombreux produits que contenait ma trousse à pharmacie, je finis par y trouver une pommade cicatrisante et tendis le tube à mon imprudent ami.
- En attendant, tu pourras toujours utiliser ceci !
Un sourire apparaissant enfin sur mes lèvres, je me dirigeais dans le salon. Mon expression perdit tout de son éclat lorsque je retrouvais le barbier. Sans attendre une minute, je pris place sur l’une des chaises hautes de la salle à manger.
- Et voilà, je suis là ! Inutile de t’énerver autant pour rien !
Katelyn revint bientôt vers nous, toute contente d’en découvrir plus sur ce métier pour lequel elle s’était récemment prise de passion.
- Est-ce que je peux vous aider, Monsieur Graves ?
acidbrain
Sherlock Holmes
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« Tu devrais pas regarder les gens comme ça »
| Conte : Sherlock Holmes | Dans le monde des contes, je suis : : Sherlock Holmes
" Ainsi en était-il depuis toujours. Plus les hommes accumulaient des connaissances, plus ils prenaient la mesure de leur ignorance."
Sherlock s’était contenté de fixer le barbier sans rien dire dans un premier temps. Son regard perçant fixa les yeux sombres de Balthazar sans bouger. S’il y avait bien quelqu’un qu’il pouvait détester au plus haut point dans cette nouvelle vie, c’était bien lui. Baissant lentement l’épée, il la replaça dans le fourreau déguisé en parapluie, et s’appuya dessus en croisant les jambes. Le ton de cet homme ne lui plaisait pas beaucoup plus que le reste. Parcourant la salle de bain d’un simple regard, ainsi que les deux protagonistes face à lui, il en devina beaucoup. Mais comme à son habitude, il le garda pour lui, surtout dans un moment pareil. « Effectivement, Mr Graves. Mais je préfère m’adresser à la concurrence. Juste par plaisir d’investir dans la chute de votre maigre affaire. »
Et toc ! Toujours appuyé sur son parapluie à la Charlie Chaplin, il fixa Balthazar avec la même intensité et le regarda partir comme un aristocrate observant un maigre serviteur quitter les lieux. Son regard se porta ensuite sur Angelika, qui semblait déboussolé de le voir ici, et également de le voir ainsi vêtu. Haussant un sourcil à sa remarque, il n’y répondit pas dans un premier temps, estimant que le silence était la meilleure des solutions pour le moment. Souriant d’un air imbécilement impérieux, il la toisa, appuyé toujours sur le parapluie dans l’embrasure de la porte. Un sourire narquois se dessina sur son visage. Un sourire qui voulait dire « Ouais j’ai vécu une superbe aventure, tu voudras certainement que je t’en fasse un récit détaillé comme d’habitude ! ». Mais elle ne le prit pas comme voulu. Comme au ralenti, il regarda sa main se levait du long de son corps. Ah, peut être que lui aussi aurait droit à une petite caresse d’affection ! Cette dernière vint se coller pour observer ses blessures. Fier comme Artaban, d’être à nouveau le centre d’attention, un sourire en coin se dessina à nouveau sur le visage du détective. « Ce n’est rien je t’expliqu... »
Mais il n’eut pas le temps de finir que la main se décolla de son visage pour y revenir avec une force bien plus puissante. Surpris, sa superbe posture fut brisée et il manqua de tombée sous le choc. Elle l’avait giflé ? De la surprise, son regard passa à la vexation la plus profonde. Baissant les yeux, il se massa la joue et ouvrit la bouche dans une grimace horrible pour se détendre les muscles. Elle n’y était pas aller de main morte ! Posant le parapluie avec un calme olympien, il tourna son corps un peu plus développée qu’ordinaire. La prison, ça avait du bon. « Je crois qu’on devra en reparler plus tard, effectivement. C’est vrai que si je t’avais dit que j’allais en prison, dans une mission secret d’état, récupérer des informations confidentielles dans un milieu où ma vie ne tient qu’à un fil, tu ne te serais… Absolument pas inquiétée ! » répliqua-t-il d’un ton acerbe. Et toc ! Et de deux ! La laissant partir et restant seul maître des lieux, il regarda la pommade qu’elle venait de lui donner avant de partir. Se massant encore la joue, il observa la pièce, afin de vérifier qu’il était bien seul, alors que les voix des autres personnes venaient du salon. Dans un accès de colère infantile, il écrasa le tube de pommade sur la glace de la salle de bain et dessina grossièrement un petit lapin faisant un doigt d’honneur. Lui donnant vie avec une petite bulle de parole, il prit un soin tout particulier à écrire « FUCK OFF ! ». Puis, d’un geste impérieux, il jeta la pommade dans la baignoire. Pour qui elle se prenait, à le gifler ainsi ? Ce n’était pas un enfant. Enfin… Revenant dans la pièce, alors qu’Angelika était en train de se faire coiffer, il s’installa dans le fauteuil principal, étendit ses grandes jambes sur une chaise, puis tapa dans ses mains avec force et classe. « Assistante ! Journal ! » Katelyn lâcha tout ce qu’elle était en train de faire, pour aller lui chercher le journal et lui mettre dans les mains. L’ouvrant, il commença à regarder les titres. Hmmm. Sentant le regard de la souris et du barbier sur lui, il baissa son journal et d’un geste théâtral, et d’une voix incisive déclara : « Faites comme si je n’étais pas là ! Je ne fais que passer. J’utilise juste les locaux de mon Assistante Personnelle » Il désigna Katelyn, qui bombait le torse, même si elle semblait être aux prises à une réflexion interne entre le choix de la coiffure et du métier détective « Pour réfléchir à notre prochaine enquête ! Qui se fera je l’espère, sans une buse qui couve son nid, et un barbier douteux. »
Balthazar Graves
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DEMAIN DES L'AUBE.
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Les paroles d'Angelika allaient et venaient dans sa tête sans discontinuer. Elles agissaient sur ses pensées béantes comme un alcool qui brûlait les plaies au lieu de les assainir. Elles ne pouvaient être cautérisées. Trop de sang avait coulé dessus, trop de souffrance avait été causée. Pourquoi même y réfléchir ? Il avait besoin de s'occuper l'esprit et les mains afin de ne plus y songer. Il savait que venir à cette adresse était une mauvaise idée. Curieusement, la présence de Holmes permettait un certain divertissement bienvenu.
La jeune femme arriva enfin et s'installa sur une chaise. Balthazar s'empressa de s'affairer autour d'elle, plaçant un morceau d'étoffe sur ses épaules pour ne pas salir ses vêtements avec d'éventuels produits capillaires. Il se munit ensuite de sa brosse à rouleau et du sèche-cheveux, prêt à exercer son talent.
"Est-ce que je peux vous aider, Monsieur Graves ?"
Le barbier leva les yeux vers la gamine et les plissa. A quoi pouvait-elle bien être utile ? Son matériel toujours en main, il marmonna :
"Attends un peu."
Le sèche-cheveux vrombit et le bruit envahit bientôt tout le salon pendant plusieurs minutes, tandis qu'il effectuait un brushing. Une fois fait, il chargea la fillette de lui tendre les pinces discrètes dont il se servait pour attacher les cheveux de sa mère. Le tout formait une queue de cheval volumineuse qu'il sublima en accentuant les boucles naturelles de la jeune femme à l'aide d'un fer à friser. Comme l'intérêt de la gamine pour son métier l'amusait, il la laissa utiliser le fer sur la dernière mèche.
"Pas plus de dix secondes, sauf si tu veux que ta mère devienne chauve." lui dit-il, penché au-dessus d'elle.
La fillette écarquilla les yeux d'horreur et maintint l'appareil entre ses mains avec anxiété, ce qui lui arracha un petit rictus.
Ce fut l'instant que choisit Holmes pour faire une entrée remarquée. L'enfant lui rendit aussitôt le fer pour se précipiter vers le détective et lui amener le journal comme un chien bien élevé. Balthazar secoua la tête avec lenteur, consterné.
"Vous avez l'air très occupé." fit-il remarquer non sans sarcasme au détective nonchalamment avachi dans le fauteuil.
Il avait parlé en restant focalisé sur la coiffure d'Angelika, car lui n'avait besoin d'aucune assistante pour mener à bien son travail. Il donna un dernier coup de brosse sur quelques mèches puis vaporisa de la laque tout en protégeant les yeux de la jeune femme. Enfin, il lui enleva le morceau d'étoffe passé autour de ses épaules et lui indiqua que c'était terminé. A elle de vérifier dans un miroir si la coiffure lui convenait.
Comme le fait de voir la gamine accaparée par Holmes l'agaçait, il s'approcha d'elle et demanda, en s'efforçant d'adopter une expression aimable :
"Ca te dirait d'être aussi belle que ta maman ?"
Son regard pétilla alors que celui de la fillette s'illuminait d'étoiles.
"Vous... voulez me coiffer ?"
En silence, il lui indiqua la chaise. C'était trop facile. Inutile d'accorder de l'importance au détective. Il espérait simplement que la lecture de son journal en solitaire ne lui serait pas trop pénible. Avec suffisance, il regarda la gamine prendre place.
En quelques minutes, il natta les cheveux de la fillette qui resta aussi immobile qu'une statue. Il attacha ensuite les tresses comme une couronne autour de son crâne, à l'aide de pinces invisibles en métal.
"Avec des fleurs, ça serait encore mieux." marmonna-t-il.
Il n'en avait pas à disposition.
"J'en ai en tissu pour mes travaux manuels ! Je peux les apporter si vous voulez !" s'enflamma la fillette.
Il acquiesça et l'enfant, débordant d'enthousiasme, disparut dans le couloir, sûrement pour se rendre dans sa chambre. Estimant qu'il avait quelques minutes devant lui, il en profita pour pivoter vers Holmes, une paire de ciseaux en main. Autant coiffer la petite "famille" en intégralité. Cette pensée lui fit grincer des dents.
"Vous allez vous laisser faire ou il faut que je vous attache ?" demanda-t-il d'un ton sec.
Il fit claquer ses ciseaux argentés dans l'air avec convoitise, l'ombre d'un rictus mauvais au coin des lèvres.
"Ca serait grossier de rester comme vous êtes alors que ces dames se sont faites belles pour vous." appuya-t-il avec une moue revêche. "Un petit rasage ?"
Une teinture aurait été nécessaire pour enlever cet affreux poil de carotte, mais il estimait que le détective ne le laisserait pas approcher ses cheveux. Sa gorge, en revanche...
Le temps qu'il se décide, le barbier retourna vers sa mallette pour y ranger son matériel, ainsi que la paire de ciseaux qui retrouva sa place dans son écrin de velours.
Il entendit alors la gamine appeler sa mère depuis la chambre. Voyant Angelika quitter la pièce et s'éloigner, il eut une idée lugubre et sournoise.
Imperturbable, il demanda subitement sur le ton de la conversation :
"Dois-je transmettre vos amitiés à Eulalie ?"
Il se souvenait parfaitement de la petite allusion du détective à l'adresse de la jeune femme, une semaine plus tôt. Il la trouvait à son goût, ce qui n'avait rien d'étonnant, puisqu'elle possédait des arguments convaincants.
"Nous sommes devenus très proches, elle et moi." poursuivit-il avec une ambiguïté calculée. "Vous n'imaginez pas tout ce que sait faire une amazone. Votre esprit affûté en perdrait la raison."
Son regard brilla d'une lueur suffisante alors qu'il fixait toujours Holmes, dans le fauteuil.
Je gagne toujours, imbécile. songea-t-il.
Il avait enjolivé la vérité, car tout ne s'était pas exactement passé comme il le dépeignait. Mais Holmes n'avait pas besoin de le savoir.
Il poussa un soupir agacé et se dirigea à grands pas vers le détective pour lui jeter pratiquement le morceau d'étoffe à la figure, avant de le placer sur ses épaules.
"C'est juste un mauvais moment à passer." grommela-t-il.
Il ne partirait pas d'ici avant de l'avoir rasé. Il ne supportait plus sa barbe mal taillée et ses cheveux en désordre. Il y avait des limites à ne pas dépasser et il n'était pas du genre à laisser quelque chose ou quelqu'un lui échapper.
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Angelika B. Beresford
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"Donc on est bloquée dans un monde que tu ne maîtrise pas ? On va bien se marrer."
"Tu sais bien que les plus beaux chapitres de ta légende tu ne les as jamais écrit seul, n'est-ce pas Sherlock Holmes ?"
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Ce qu’ils pouvaient être beaux le barbier et sa souris blottis tendrement dans les bras l’un de l’autre, faisant fi de l’environnement froid et glacial qui les entourait ! Les notes de la douce mélopée raisonnant dans mon esprit recouvraient avec douceur les plaintes lointains des prisonniers pleurant leur liberté volée. Les battements timides et sincères de nos deux cœurs se coordonnant à la perfection prouvaient à eux seuls qu’une étincelle de vie et d’espoir brillait encore dans le corps meurtri de Benjamin. Tous ces détracteurs avaient beau avoir œuvrés à l’éteindre, elle se faisait plus brillante que jamais. A qui étaient donc destinés les battements de son cœur ? Seul lui pouvait en connaître le secret ! Moi, je savais que les miens n'étaient là que pour démontrer la force de mes sentiments pour lui. Je l’aimais tellement mon barbier ! Je chérissais chacun des sourires qui montraient avec bienveillance l’importance qu’il portait à mes bonnes intentions. J’admirais le courage et la force dont il était capable de faire preuve malgré sa vie de misère, m’offrant ses mélodies fredonnées de sa voix si douce qui me faisait frémir de plaisir à chaque fois que je l’entendais. Oui je l’aimais et je ne désirais que son bonheur ! C’est pourquoi ce soir-là, j’avais fait pénétrer illégalement et discrètement un rasoir dans sa cellule. Une manière pour moi de lui permettre de renouer avec ses petits plaisirs quotidiens aujourd’hui disparus.
Enfermés dans notre bulle d’intimité, je le berçais tout en caressant tendrement sa longue chevelure d’ébène. Je ne brisais la sérénité de ce moment de grâce que lorsque les dernières notes se moururent dans le cachot.
- Je te remercie pour ce cadeau, sweetie ! Il était tout simplement magnifique.
Je m’écartais alors légèrement, sans pour autant souhaiter briser le contact. Je posais alors délicatement et tout en douceur ma main sur sa joue.
- Je suis si heureuse que mon cadeau t’ait fait plaisir ! Cela fait tellement longtemps que tu n’y avais plus touché, je pensais que ce serait le cadeau idéal !
Rougissant légèrement, mon regard se porta aux alentours de la cellule avant de se replonger avec délice dans les iris émeraude de Benjamin. Une lueur interrogatrice et inquiète brillait alors dans mes yeux.
- En revanche, je suis navrée mais je ne suis pas parvenue à trouver de miroir. Est-ce que cela te posera un problème ?
Pour toute réponse, le barbier arbora une moue à la fois désabusée et embarrassée.
- Ce n'est pas ça qui m'inquiète, à vrai dire... Sans crème, je ne vais pas pouvoir faire grand-chose.
Percevant ma gêne soudaine, il crut alors bon de relever le mérite de mon initiative.
- C'est pas grave. C'est le geste qui compte.
Pour finir de me rassurer, il posa l’une de ses mains sur la mienne qui reposait sur sa joue. D’un bond, je m’écartais de lui, écrasant une main sur le sommet de mon crâne. J’avais été d’une stupidité sans nom ! Savourant le délice de ce moment, je n’avais même pas songé à lui montrer tout ce que j’avais emporté avec moi.
- Oh attends je ne suis qu’une idiote ! J’ai oublié le principal !
Sans ajouter un mot, je me précipitais alors vers la petite sacoche que j’emportais toujours avec moi. Fouillant dans le désordre de toutes ces choses « indispensables » qu’elle contenait, je finis par dévoiler d’un air victorieux le pot de crème ainsi que le blaireau que j'y avait dégoté. Fière comme un coq, je me rendis à nouveau auprès de mon barbier. Un immense sourire éclairant mon visage, je lui adressais un clin d’œil polisson.
- Je ne m’y connais peut-être pas beaucoup en rasage mais je sais de quel matériel tu as besoin pour faire ton œuvre !
Je m’assis alors sur la triste paillasse qui veillait sur le sommeil du prisonnier, ce précieux nid d’amour qui avait également été le confident discret de nos nuits passionnées. D’un geste de la main, j’invitais Benjamin à venir me rejoindre.
- Si tu le veux, j’aimerais bien te servir d’assistante.
Touché, il m’adressa un sourire avant de répondre à mes prières en prenant place à mes côtés. Il finit par saisir de mes mains les outils indispensables à l’exercice de son travail passé. Une lueur de ravissement brillant dans ses yeux, il passa plusieurs minutes à les étudier, comme s’ils étaient les plus beaux des trésors à ses yeux. Puis, après sa longue inspection, il me les tendit en s’adressant à moi.
- Il va te falloir être mieux qu'une assistante : tu vas devoir être mes mains et mes yeux.
Sans me laisser le temps de rétorquer, il finit par poser le matériel entre nous. Puis d’un geste sûr, il redressa son menton. Les yeux tournés vers le ciel, il attendait patiemment que sa petite souris exécute ses ordres. Son assurance me déstabilisa et je n’eus d’autres réflexe que d’écarquiller les yeux. Je sentis mes mains commencer légèrement à trembler
- Mais Benjamin je... je ne sais pas si c'est une bonne idée ! Je ne veux pas prendre le risque de te blesser !
Après tout, tenir un objet aussi aiguisé qu’un rasoir tendu vers la peau fragile de sa gorge pouvait s'avérer être dangereux sans un minimum de précautions. Mes mains se saisirent alors avec hésitation et je détournais les yeux de mon bagnard adoré.
- Es-tu es sûr d'avoir suffisamment confiance en moi pour me laisser faire ?
Rencontrant à nouveau mon regard, il hésita quelques instants et finit par déclarer.
- Ta question n'a aucun sens.
Il continua à m’observer m’offrant alors l’un des plus beaux témoignages de sa foi imperturbable en moi. Ses iris émeraude pétillaient avec ravissement lorsqu’il poursuivi sa réflexion.
-Tu ne peux pas me faire de mal.
Très touchée par son témoignage, je laissais les outils retomber sur ma robe. Je me tournais alors vers lui, posant une main sur sa joue avant de lui voler un baiser furtif. Mon front collé contre le sien, je lui répondis avec une certaine émotion dans la voix.
- Non c’est vrai tu as raison. Jamais je ne pourrais chercher à le faire !
Reprenant alors mes nouvelles fonctions de barbière apprentie, je m’écartais souriante et repris les affaires dans ma main. Bombant légèrement la poitrine, j’adoptais un ton amusé et professionnel, très différent de celui que j’arborais habituellement.
- Très bien, Monsieur Barker. Tournez votre tête vers moi je vous prie !
Tout en me concentrant, j’appliquais avec soin la crème sur son visage. C’était un geste somme tout assez basique mais il avait au moins le mérite de me permettre de me calmer avant de sentir la lame froide du rasoir dans ma main.
- Est ce que je m’y prends bien au moins ?
J’avais lentement perdu tout ma superbe pour m’adresser au barbier d’une voix profondément hésitante. Benjamin qui n’avait pas cesser d’observer le travail que j’accomplissais m’annonça avec fierté.
- Tu es parfaite. Mais c'est la partie la plus facile, pour l'instant.
- Je te remercie ! Ça me rassure de savoir que cela te convienne. Je voudrais tant pouvoir me montrer a la hauteur de ton talent !
Lorsque je finis d’appliquer la crème, Benjamin déplia d’un geste mécanique son rasoir et me le tendit ensuite. Je soupirais légèrement en le saisissant et étudia le mouvement que cet outil requérait pour une utilisation appropriée et sécurisée.
- Tu vas avoir ma vie entre tes mains. Pour le peu de valeur qu'elle a...
En murmurant ses dernières paroles, ses yeux s’étaient perdus dans le néant de son esprit torturé. Son malaise ne m’avait alors pas échappé et je sentis mon cœur manqué un battement. C’était si dur pour moi de l’entendre parler ainsi. Savoir à quel point sa détention pesait sur ses épaules me faisait atrocement souffrir. Je sentais une boule se former à l’intérieur de mon estomac alors que je songeais à la fondation pour laquelle je travaillais autrefois : la SOS société ! Combien de fois avais-je plaidé sa cause au sein de notre siège sans que personne ne prenne le temps de m’écouter ? Notre liaison connue de tous les faisait jacassés et ils tournaient cruellement en dérision chacun de mes propos. C’était tellement injuste !
Glissant alors ma main libre dans la sienne, j’entrepris de le rassurer par les paroles d’une pauvre petite souris menottée et muselée par ses pairs
- Tu sais, je te trouve extrêmement sévère avec toi-même. Ton existence n’est pas si vaine ou inutile que tu pourrais le penser. Il y a des gens qui t’aiment et qui tiennent à toi et je…
Je soupirais légèrement en songeant à sa femme et sa fille qu’il avait été forcé de laisser derrière lui. Que pouvait bien valoir cette pauvre petite souris à ses yeux ? Mais n’était-ce pas après toute la seule chose qu’il possédait encore ?Entrelaçant mes doigts aux siens, je ramenais sa main et l'embrassais avant de la poser contre ma joue.
- Je sais que ce sera une bien maigre consolation pour toi étant donné les circonstances, mais ma vie n’a pu prendre de sens que grâce à ta présence à mes côtés. A mes yeux ton existence est inestimable et je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour en prendre soin... après tout, qu’est-ce que je deviendrais sans toi ?
Puis timidement, je reconnus mon manque d’expérience dans ce domaine et je lui demandais son aide.
- Est ce que je pourrais compter sur ta main pour guider la mienne ? - Tu n'as même pas besoin de poser la question.
Puis lentement, il ramena ma main vers son visage et je pris toutes les précautions du monde pour ne pas le blesser. Tout d’abord terriblement hésitante, je laissais le barbier ramener lui-même ma main vers lui.
- N'aies pas peur d'appuyer. Sinon ça ne va pas servir à grand-chose.
C’est ainsi qu’après des minutes d’exercices, je parvins à le raser sans même le blesser. Une chance pour moi, je pouvais compter sur le meilleur des professeurs en la matière. Peu à peu, je découvrais son visage imberbe. Ce visage que je n’avais encore jamais eu l’occasion de voir, comme une beauté cachée qui peu à peu se révélait. Cela avait quelque chose de magique ! Une fois l’opération terminée, je lui rendis son rasoir pour qu’il puisse s’y mirer comme il l’avait fait auparavant.
- Tu es très beau comme ça !
Me rapprochant alors de lui, je reposais ma main sur sa joue pour caresser cette peau aussi lisse que celle d’un nourrisson.
- Quoi qu’à mes yeux, tu l’as toujours été !
J’avais peur que ma remarque ait pu l’offenser d’une quelconque manière que ce soit ! Après tout, son apparence physique n’avait jamais été un obstacle dans notre relation. Pour moi, il était parfait tel que je l’avais toujours connu ! Cette simple constatation me rendant émotive, je finis par le serrer dans mes bras après avoir déposé un simple baiser sur sa joue.
- Je t’aime, Benjamin.
Je le berçais ainsi tendrement, laissant quelques larmes doucement rouler sur mes joues. Jamais encore je ne m’étais permise de faire un tel aveu mais j’imaginais que les hormones qui bouillonnaient alors en moi devaient forcément y être pour quelque chose. Je regrettais tellement de ne pas parvenir à chasser les idées noires de son esprit.
Je n’arrêterais jamais de me battre pour toi !
Puis soudainement, je pensais à cette vie qui grandissait en moi et qui dans quelques mois viendrait à pousser son tout premier cri d’amour et d’espoir.
Non en réalité, je n’arrêterais jamais de me battre… pour vous deux !
Plongée dans mes réflexions, je ne repris réellement vie que lorsque Sherlock revient dans la pièce, demandant aussitôt à son assistante de lui apporter le journal ! Balthazar étant alors en train de me coiffer, je m’apprêtais à répondre qu'il m'étais impossible de le faire dans les circonstances. Cependant, je compris très rapidement que mon ami ne s’adressait pas à moi ! Dans ces propos, je n’étais plus l’assistante personnelle mais « la buse qui couvait son nid » ! C’était un comportement tellement puéril de sa part… Cependant, ma gifle l’avait été tout autant ! Mais ne pouvait-il pas faire un effort pour en comprendre la raison ? Je lui en voulais tellement à chaque fois qu’il s’amusait à faire des missions bande à part sans mon aide. Dans mon esprit, nous étions une équipe ! Nous nous devions de nous apporter aide et soutien mutuel. Je voulais travailler dans ce sens, tout comme je le faisais à l’époque avec mon très cher Bernard ! Le souvenir de mon époux m’arracha soudainement un soupir de tristesse. Il me manquait tellement !
Ecartant bien vite ce souvenir douloureux de mon esprit, Balthazar m’annonça qu’il en avait fini avec ma coupe. Je saisis alors le miroir que j’avais posé préalablement sur la table dans le but de pouvoir m’admirer au plus vite. Capricieuse la souris ? Peut-être un peu il est vrai ! Cependant, il est vrai que j’admirais d’autant plus l’art que le barbier avait pour sublimer les cheveux de sa clientèle. Il avait toujours possédé ce coup d’œil certain qui faisait ressortir la beauté de sa clientèle !
- Je te félicite, Balthazar. Cette coupe est…
Je n’eus pas le temps de me retourner vers lui que je constatais que son attention s’était déjà portée vers ma fille. Une réplique tombée à nouveau dans l’oreille d’un sourd ! C’était à se demander pour quelle raison je m’évertuais encore à le complimenter. Ni mes réflexions, ni ma personne n’avait plus aucune importance pour lui !
Dans un soupir, je claquais le miroir sur la table de la salle à manger. C’est alors que le barbier me surprit une nouvelle fois en s’adressant à ma fille tout en me complimentant indirectement. En entendant sa réflexion, je ne pu m’empêcher de rougir. Il était toujours très flatteur d’entendre un homme parler de la beauté d’une femme, d’autant plus lorsque cette personne était celle pour laquelle mon corps avait été spécialement dessiné et crée il y a une vie de cela !
Cependant, je me rendais également compte du jeu morbide auquel se livrait les deux hommes qui se disputaient l’affection et l’attention de ma fille. Un jeu qui avait le don de m’horripiler ! Furieuse, je me relevais d'un bond de ma chaise. Je laissais tranquillement mon enfant adoré prendre ma place. Sans ajouter un mot à l’adresse du barbier, je me dirigeais vers Sherlock qui gardait toujours inlassablement son nez plongé dans le journal. Je m’assis alors dans le fauteuil à côté du sien et pris le temps de la réflexion. Un détail qui m’avait échappé jusque alors revint dans mon esprit.
- Sherlock, tu m’as bien dit que ta mission était un secret d’Etat, c’est bien ça ?
Une mission d’infiltration dangereuse du gouvernement ? Cette initiative n’avait pu être prise que par Mycroft, bien évidemment !
- Honnêtement, je ne comprends pas ton frère ! Il n’a pas suffisamment d’agents à son service pour éviter de lancer sa famille dans une mission suicide ? Ce qui est sûr c’est qu’il n’a pas intérêt à poser un pied dans cette maison dans les jours qui viennent. Je t’assure que je lui ferais comprendre ma manière de penser.
Je ne les connaissais pas depuis très longtemps mais je savais à quel point les deux frères adoraient se lancer dans ce genre de jeux dangereux. C’était une chose que j’avais personnellement beaucoup de mal à comprendre et à accepter ! J’étais résolue à le lui faire comprendre, d’une manière beaucoup plus douce cette fois-ci. Me relevant de mon siège, je me plaçais devant mon coéquipier et lui arrachait des mains ce journal qu’il avait tant de peine à reposer. Puis, tout en m’accroupissant, je posais mes deux mains sur ses genoux espérant ainsi capter finalement son attention.
- Je suis désolée pour ma réaction de tout à l’heure. C’est juste que… Sherlock tu sais je tiens énormément à toi. Ca me rendrait malade s’il t’arrivait quelque chose tout en pensant que je n'ai rien pu y faire. Je n’ai pas envie de te perdre… Katie n’a pas envie de te perdre ! Après tout, qu’est-ce qu’on deviendrait sans toi ?
Soudain, j’entendis la voix de Katelyn m’appeler. La petite souhaitait me voir revenir à ses côtés afin que je puisse admirer sa nouvelle coiffure.
- Regarde Maman, Monsieur Graves m’a tellement bien coiffée. Je suis jolie n’est-ce pas ? - Tu es très belle, ma puce !
J'avais annoncé cela en roulant des yeux en direction du barbier. Balthazar proposa alors à ma fille d’aller chercher des fleurs pour parfaire sa coiffure. C’est alors que le barbier tourna enfin son attention vers mon coéquipier !
- Un petit rasage ? - Non !
D’un geste brusque, ma main vint s’écraser sur l’avant-bras du barbier, imitant le même geste que j’avais eu lorsque je tentais de convaincre le barbier de relâcher son emprise sur le clown le matin de Noël. Plantant un regard meurtrier empli de reproches dans le sien, je lançais dans un murmure.
- Ne t'avises surtout pas de lui faire du mal !
Me rendant subitement compte que mon attitude avait pu attirer l’attention de Sherlock. Je m’écartais alors légèrement et abandonnais mon air menaçant pour la remplacer par une mine toute penaude.
- Je veux dire, Sherlock n’a pas l’habitude de se faire raser par un étranger il n’apprécierait peut-être pas ! Quoi qu’après tout, vous faites ce que vous voulez !
Mon regard meurtrier céda bientôt sa place à une supplique. J'espérais sincèrement qu'il n'aurait pas la mauvaise idée de s'en prendre à lui.
- Je t'en supplie, ne devient pas le monstre qu'il pense que tu es. Tu vaux tellement mieux que ça !
Je n'avais pas choisis ces mots par hasard. En réalité, ces derniers étaient les mêmes que ceux que j'avais prononcé lors de son attaque du clown. J'espérais qu'ils lui serviraient ainsi d'électrochocs. Cependant je resterais sur mes gardes, prête à agir en cas de besoin. Je finis finalement par lui parler de ce petit jeu de jalousie entre lui et Sherlock qui m'agaçait fortement.
"Et maintenant que j'y pense, ne mêle pas ma fille à vos petits jeux "qui gagnera l'affection de qui" ! Car, même si tu as de la peine à le concevoir, il est tout à fait possible d'aimer et de consacrer du temps à deux personnes à la fois !"
En prononçant cette dernière phrase, je ne pus m'empêcher de rougir légèrement. Etait-ce réellement de Kateryn à qui je faisais référence en cet instant ? Réalisant que ma main était toujours posée sur son avant-bras, je relâchais finalement mon emprise sur lui. Ne désirant pas croiser son regard à cet instant, je quittais le salon pour rejoindre Katelyn qui m’appelait depuis sa chambre.
- Oui j’arrive, ma puce !
Après avoir lancé un dernier oeil menaçant à l’adresse du barbier et un regard inquiet à l’adresse de mon ami, je disparu dans la pénombre du couloir ! Nous ne revenions dans le salon qu'une dizaine de minutes plus tard. Katelyn portait dans ses mains le paquet de fleurs pour Balthazar. Ne désirant par les déranger, nous nous asseyions autour de la table du salon. C'est alors que ma fille sortit dans un sourire malicieux des feuilles et des crayons qu'elle avait trouvé dans le bureau de sa chambre. Frénétiquement, elle commença à colorier son dessin sans en détacher son regard. Lorsque je lui en avait demandé la raison en quittant sa chambre, elle s'était contentée de se tourné vers moi en lançant !
"Tu crois qu'un simple dessin peut suffire à rendre une personne plus heureuse ?"
acidbrain
Sherlock Holmes
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« Tu devrais pas regarder les gens comme ça »
| Conte : Sherlock Holmes | Dans le monde des contes, je suis : : Sherlock Holmes
" Ainsi en était-il depuis toujours. Plus les hommes accumulaient des connaissances, plus ils prenaient la mesure de leur ignorance."
Jambes croisées en tailleur, Sherlock parcourut pendant quelques instants la petite gazette de Storybrooke. Le papier était moyen, mais au moins, il lui permettait d’avoir de précieuses informations sur les faits divers de la ville. Elle permettait également d’un seul regard, de juger le niveau d’incompétence de la population. Y compris celle des journalistes. Baissant légèrement le journal, son regard foudroya Balthazar. Essayant de lui transmettre par ce simple regard toute la haine dont il disposait envers sa personne, le détective eut ensuite un rictus mauvais. Remontant son journal, il reprit sa lecture, mais prit quand même la parole, comme si il avait oublié de répondre au barbier tellement ce qu’il disait était sans importance à ses yeux. « On s’occupe comme on peut Graves. En ce moment je cherche le mystérieux pyromane qui a mis le feu à votre établissement. Pas pour le dénoncer et le coincer derrière les barreaux… Non… Juste pour le remercier, et qui sait peut être même lui faire un câlin pour lui montrer qu’il n’est pas seul à vous détester. »
Ricanant tout seul à sa blague, il baissa subitement le journal. Personne n’avait ri, pas même Katelyn. «Je ne comprendrais jamais la nature humaine. »
Continuant de lire le journal, il prêta une oreille distraite mais certaine à la discussion entre Katelyn et Graves. Surveillant chaque geste du coin de l’œil et chaque parole. Soupirant lorsque Balthazar lui adressa à nouveau la parole, il se mit à rouler des yeux. Angelika vint s’asseoir à côté de lui. Elle lui parla alors de Mycroft, et lui demanda pourquoi lui plutôt qu’un autre. Tournant légèrement la tête, distrait, il finit par dire d’un ton lointain. « Tout simplement parce que personne en dehors de moi n’est assez compétent pour ce genre de mission. Et nous procédons avec Mycroft à des échanges de services. Ca fonctionne très bien entre nous ainsi... »
Elle lui arracha brutalement le journal, d’un coup de sang. Puis avec une douceur contrastée, elle lui saisit les mains et se mit à s’excuser… « Qu’est ce que vous deviendrez sans moi ? »
Souriant légèrement à Angelika d’une manière véritablement sincère et honnête, il murmura doucement afin que seule elle puisse l’entendre : « Il y a eu un avant Sherlock Holmes, il y aurait certainement un après. Tu t’inquiètes beaucoup trop pour moi. Les risques ont été mesurés, et je n’ai pas mis ma vie en danger outre mesure. Il n’y avait pas de place pour deux, car déjà, les prisons ne sont pas mixtes. Et tu espérais quoi ? Trouver l’amour de ta vie en prison ? »
Et il ricana joyeusement et tendrement à sa blague comme un petit bouffon. La dernière phrase était de l’humour si naïf ! Il ne connaissait en rien du passé commun des deux autres adultes présents ici. Il avait dit ça sur un ton d’humour pour détendre l’atmosphère ! Mais visiblement, il avait touché une corde extrêmement sensible, car cette phrase ne la fit pas du tout rire. Pourtant, lui, il la trouvait super drôle. La suite se passa très vite. Balthazar proposa de la raser, il allait refusé, quand Angelika se leva brusquement pour prendre les devant, et elle commença à lui murmurer des choses qu’il n’arrivait pas à entendre… Reprenant le journal d’un air suspicieux, il préféra ignorer la remarque sur le rasage et défroisser le journal pour reprendre sa lecture. Finalement, le Barbier opta pour une nouvelle attaque, en lui parlant d’Eulalie. Soupirant, il baissa son journal lentement, montrant clairement qu’il était en train de le faire chier comme jamais. « Vous comptez sincèrement me faire terminer cette journée comme elle a commencé Graves ? »
Ecoutant avec attention ce qu’il disait sur l’Amazone, il fronça légèrement les sourcils. Que cherchait-il à faire ? A l’atteindre au coeur ? C’était mesquin, mais c’était son style. Il était depuis bien longtemps passé à autre chose. C’est vrai, il avait trouvé Eulalie fort jolie et séduisante de prime abord. Mais au fil des minutes passées avec elle, il s’était rendu compte que toute relation deviendrait complexe, incompatible, et l’empêcherait de travailler convenablement. Souriant de son sourire le plus mauvais, il attrapa la serviette en plein vol, la serrant de toutes ses forces et fixant Balthazar d’un regard acide.
« Transmettez donc, mon cher Graves. Mes salutations les plus respectueuses et les plus dévouées. Je suis ravi que vous ayez enfin trouver quelqu’un. »
Son sourire se figea petit à petit. Que croyait-il ? Que l’on pouvait tenter d’abattre Sherlock Holmes avec de simples paroles ? « Cependant… Je suis extrêmement attristé de savoir que quelqu’un sur cette terre puisse trouver un intérêt tout particulier à quelqu’un qui a le coeur aussi sombre, aussi terne, et aussi froid que vous Graves. De la poudres aux yeux, voilà le commerce que vous devriez entreprendre. Sous ce masque de bienséance et froideur poli, se cache un monstre dont l’esprit est d’une noirceur affable. Mentez à qui vous voulez. L’Amazone, Angelika, Katelyn, mais pas à moi. »
Un silence pesant et électrique s’installa aussitôt dans la pièce. La tension était à son comble. « Mais aussi étrange que cela puisse paraître, j’accepte le défi. Rasez moi donc. Et de près. »
Avec une lueur sadomasochiste et de défi profond dans le regard, il s’enveloppa lui même parfaitement dans la serviette, et pencha la tête en arrière, prêt à subir la terrible vengeance du Barbier. Il savait qu’il n’était pas assez stupide pour l’assassiner aux yeux de tous. Mais il pouvait y lire l’envie. Et rien ne faisait plus jouir Sherlock Holmes que de voir la déception de ne pas pouvoir lui trancher la gorge à cet instant. Jetant également un regard de défi à Angelika, il lui transmis par ce simple coup d’oeil sa volonté de n’agir que par lui même. Il était libre de faire ses propres choix, et ce n’était pas elle qui allait l’empêcher de relever le défi du… Sinistre Balthazar Graves.
Balthazar Graves
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| Avatar : Ben Whishaw
Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.
DEMAIN DES L'AUBE.
| Conte : Sweeney Todd | Dans le monde des contes, je suis : : Mister T.
Balthazar était resté parfaitement serein alors que Holmes lui parlait du "mystérieux criminel qui avait mis le feu à son établissement", mais il fut prompt à répliquer, d'un ton où le sarcasme était presque palpable :
"Je vais vous épargner une enquête éreintante : la pyromane s'appelle Neil Sandman. Elle ne s'en est pas cachée. Elle l'a même revendiqué auprès de moi. Etant donné sa nature divine, elle est malheureusement intouchable. La justice ne peut rien contre ces gens-là."
Sa voix avait pris une intonation agacée. Il haïssait cette femme et s'était juré de lui trouver une vengeance à sa mesure, un jour ou l'autre. Toute personne a ses faiblesses, même une fille de dieu. En attendant ce jour, il devait faire preuve de patience, et cette qualité était parfaitement aiguisée chez lui.
"C'est intéressant de savoir que vous êtes du côté des criminels."
Il avait réprimé un rictus complaisant à l'adresse du détective du dimanche. Après tout, en prétendant "vouloir faire un câlin" à la demi-déesse, il se rangeait du côté des "mauvais", alors qu'il prétendait oeuvrer pour le bien et même surpasser la police lorsqu'elle se retrouvait dans l'incapacité de résoudre des crimes. Quel piètre exemple de loyauté il donnait à Angelika !
Le barbier avait ensuite souri intérieurement face aux propos de la jeune femme. Ainsi, elle le croyait capable d'égorger un nuisible en présence de témoins. Le pensait-elle stupide ? Il n'aurait jamais agi aussi imprudemment. Et de toutes façons, Holmes ne l'insupportait pas au point de vouloir l'éliminer. Pas pour l'instant, en tous cas. Au contraire, ses petites piques l'amusaient beaucoup.
Il resta donc silencieux, savourant les paroles angoissées de la petite souris, et attendit qu'elle parte pour exercer son art.
Holmes répondit à ses propos concernant Eulalie tandis que Balthazar était occupé à affiler son rasoir. Il appréciait le bruit mélodieux du métal contre le cuir. Le détective s'était redressé dans son fauteuil, la gorge offerte. C'était diablement tentant... mais le barbier avait déjà su résister de nombreuses autres fois. Il savait que Holmes tentait de le provoquer avec ses paroles, cependant elles n'étaient guère plus que des caresses. Quelque part, Balthazar se sentait curieusement excité par ses accusations infondées. Il se doutait que le détective était envahi par l'envie dévorante de découvrir sa véritable nature, de pouvoir le confondre enfin et le mettre derrière les barreaux, et le barbier se complaisait à l'idée qu'il demeure face à un mur. C'était encore mieux que de le tuer. Depuis quelques temps, il s'amusait beaucoup à simplement dérouter les gens. C'était une activité extrêmement plaisante.
"Je vais vous offrir le rasage le plus net de toute votre existence." murmura-t-il avec convoitise, ses yeux perçants fixant la gorge de Holmes.
Il posa son rasoir pour se rendre dans la salle de bains. Il fit couler de l'eau chaude sur une petite serviette, humidifia également le blaireau de rasage, et revint tranquillement dans le salon. Il commença par tamponner l'épaisse barbe de Holmes avec le linge humide. Saturer la barbe avec de l'eau chaude permet de rendre la peau plus douce et souple, rendant le rasage plus facile. Il n'appréciait pas le détective, mais comme pour Angelika, il lui semblait impensable de mal effectuer son travail. De plus, le fait d'exercer son art à la perfection lui donnait une raison supplémentaire d'être haï par l'homme dans le fauteuil. Ce n'était pas un avantage à omettre, bien au contraire.
Il prépara ensuite la crème, la fouettant à l'aide du blaireau afin d'obtenir une mousse un peu plus aérée. Une fois qu'elle eut une texture à sa convenance, il l'appliqua sur le visage de Holmes en effectuant de petits cercles serrés. Il l'étala un peu trop généreusement, s'amusant à en mettre jusqu'au niveau de ses tempes. Puis, il récupéra son rasoir et commença à oeuvrer, le visage fermé et étrangement serein. Ses gestes étaient rapides et précis.
"Je ne mens à personne." déclara-t-il soudain d'un ton neutre. "Vous vous figurez que je suis un monstre, alors que je suis seulement coiffeur et barbier. Les gens comme vous devraient balayer devant leur porte avant d'accuser les autres."
Il agrémenta ses paroles d'un rapide sifflement, rappelant la mélodie de Pretty Women. Ce faisant, il appuya un tout petit peu trop son rasoir contre la joue du détective, juste ce qu'il faut pour provoquer un léger frisson chez l'autre. Raser faisait partie de son labeur favori. Cela lui rappelait de bons moments, et pas seulement les meurtres à répétition... Il se souvenait de Lucy, qui l'observait travailler, occupée à tricoter de petits vêtements pour leur futur enfant. A cette vision se superposait celle de Bianca, qui l'avait rasé dans la cellule de sa prison... Balthazar secoua la tête, chassant ces réminiscences parasites. Ce n'était pas le moment.
"Pas de mouvement brusque, nous arrivons au moment délicat." le prévint-il, presque amusé.
Comme Holmes était assis dans un fauteuil trop bas, Balthazar dut presque s'agenouiller devant lui pour passer le rasoir le long de sa gorge, de bas en haut. Il s'appliqua sans aucune difficulté : c'était le moment qu'il préférait. L'instant où tout pouvait basculer, où il avait la vie de l'autre dans le creux de sa main... Il voyait nettement l'artère de son cou battre légèrement sous sa peau. C'était une vision si avenante. Tant de fois il avait vu le sang jaillir de cette artère sectionnée. Jamais il ne pourrait se lasser d'un tel spectacle. Raisonnable, il se l'imagina en pensée.
Il se redressa quelque peu et toujours penché au-dessus de lui, attrapa la serviette humide pour essuyer les rares traces de mousse. Il tapota ensuite ses joues et s'écarta, lui enlevant le morceau d'étoffe passé autour de ses épaules.
"C'est plus propre." dit-il tout en observant son adversaire. "Hélas, avec vous, je ne peux espérer de meilleur résultat."
Il fronça le nez en regardant les boucles folles et rousses de ses cheveux. Une teinture aurait été nécessaire, mais il doutait de parvenir à supporter le détective durant plusieurs heures d'affilée.
Se retournant, il remarqua qu'Angelika et sa fille étaient revenues. Il était tellement plongé dans son travail qu'il ne les avait pas entendues. La gamine s'était assise à la table de la salle à manger et semblait occupée à dessiner. Il aperçut les fleurs en papier posées à côté d'elle et s'en approcha instinctivement pour commencer à les glisser dans sa coiffure. Se faisant, il déclara d'un ton glacé :
"Parlons paiement. Ca fait soixante-douze dollars pour toi. Pour elle, c'est gratuit." précisa-t-il en adressant un bref regard à la fillette. "La barbe, c'est trente dollars." dit-il à Holmes avec l'ombre d'un sourire sardonique.
Il avait augmenté le tarif du rasage, chose qu'il faisait fréquemment lorsque le client lui déplaisait. D'ordinaire, il proposait un baume adoucissant mais il n'allait certainement pas se montrer serviable auprès de cet imbécile. Il pouvait s'estimer heureux d'avoir eu un rasage de qualité.
Ensuite, il rassembla posément ses affaires et se rapprochant d'Angelika, il lui glissa à l'oreille :
"Tu vois : ton cher voisin a toujours sa carotide intacte. Il n'y avait aucune raison d'avoir peur."
Il se mordit les lèvres, beaucoup trop amusé, presque flatté, par le fond d'inquiétude qu'il lisait dans les yeux de l'ancienne petite souris. Comment pouvait-elle prétendre l'aider si en fin de compte, elle ne lui faisait aucune confiance ? C'était pitoyable. Encore une fois, elle s'était moquée de lui. Il avait eu raison de ne pas croire aux belles paroles qu'elle avait prononcées dans la salle de bains, juste avant l'arrivée de Holmes.
"Vous pourrez continuer à vivre des jours heureux."
Il grimaça légèrement en prononçant cette phrase. Pour lui, le bonheur était un mot vide de sens, un parasite aussi pernicieux que l'espoir.
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Angelika B. Beresford
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"Donc on est bloquée dans un monde que tu ne maîtrise pas ? On va bien se marrer."
"Tu sais bien que les plus beaux chapitres de ta légende tu ne les as jamais écrit seul, n'est-ce pas Sherlock Holmes ?"
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A peine le détective et le barbier avaient-ils été rassemblés dans cette pièce que les hostilités avaient débutées. N’avait-il réellement aucune limite à leur haine partagée ? Leur comportement me mettait réellement mal à l’aise. Décidée à faire la sourde oreille, je ne pus cependant me montrer insensible à la remarque de Sherlock concernant le pyromane qui avait mit le feu à l’atelier de Balthazar. Faisant fi du travail du barbier, je me retournais vers mon acolyte tout en lui lançant un regard des plus meurtriers. Le ton de ma voix était des plus corrosifs.
- Sherlock ! Pourrais-tu lui épargner ce genre de remarques ? C’est tellement petit et mesquin… c’est vraiment indigne de toi !
Indigne de lui ? Certainement pas ! Combien de fois l’avais-je entendu servir ce genre de petites piques puériles à toutes les personnes qu’il souhaitait ridiculiser ? D’ordinaire, il était rare que je m’emporte mais là il avait dépassé les bornes. On ne mettait pas plus bas que terre un homme qui était déjà à genoux.
- Je te demander pardon pour le comportement de Sherlock ! Il a beau posséder l’un des esprits les plus brillants du monde des contes, c’est un véritable idiot en matière de compétences sociales !
Cependant, la fureur que j’avais ressentie envers Sherlock n’égalait en rien le profond sentiment d’injustice qui bouillonnait à l’intérieur de moi en entendant la réponse du barbier. Cette situation réanimait douloureusement le souvenir des drames que Benjamin avait dû traverser à l’époque.
- Il n’existe donc pas un seul monde où la justice sait se montrer aveugle et impartiale ?
J’avais prononcé ces quelques paroles dans un murmure si bien que seul le barbier aurait pu l’entendre. Je repris peu de temps après la parole d’une voix plus distincte.
- Cela m’écœure tellement de penser que certaines personnes, au nom d’une sacro-sainte impunité, se permettent de commettre de telles atrocités ! Aucun statut social, aucune nature, aussi divine qu’elle soit, ne devrait donner le droit de faire souffrir les autres en détruisant leur vie ou en s’emparant de leurs biens les plus précieux. Aucun !
La flamme ravivée des souvenirs m’avait poussé en me levant de mon siège à planter un regard bienveillant et rageur dans les yeux du barbier.
- Benj…
Je me mordis la lèvre aussitôt, regrettant de mettre aussi vite emportée, prenant le risque d’éveiller des soupçons condamnables dans la tête de mon ami
- Je… je veux dire… je suis vraiment navrée pour ce qui t’est arrivé. Je suis de tout cœur avec toi ! Si je peux faire quelque chose pour t’aider, n’hésite surtout pas à me le demander ! Je ferais tout mon possible pour t’aider.
Je finis cependant par m’écarter du barbier pour rejoindre mon très cher associé. Regrettant profondément la tournure qu’avaient pris nos retrouvailles, j’espérais pouvoir rattraper mes erreurs. Fort heureusement, notre affection mutuelle résolu à elle seule très vite le conflit naissant. Mes mains glissées dans les siennes, je ne pouvais décrocher le sourire de mon visage. Tout du moins pas avant qu’il ne lance sa dernière réplique.
« Et tu espérais quoi ? Trouver l’amour de ta vie en prison ? »
Bien évidemment, mon acolyte avait prononcé cette phrase sur le ton de la plaisanterie. Il ne connaissait rien de notre histoire commune avec Benjamin. D’ailleurs, à ma grande honte, il ne connaissait pour le moment pas grand-chose en dehors de ma vie à Storybrooke. Il faudrait un jour que ces vérités éclatent au grand jour. Ce n’était cependant pas encore le moment ! Rabaissant une demi-seconde mes yeux vers le sol, je les relevais et éclatais d’un petit rire nerveux.
- Oui eh bien s’il me vient un jour l’idée saugrenue de m’enticher d’un bagnard, sois un ange et fais-en sorte de m’en dissuader ! Peu importe la personne concernée, cela finira toujours mal !
Résolue à passer un peu de temps avec ma famille de Baker Street, ce fut ma fille que je finis par rejoindre pour un atelier improvisé de dessin. Katelyn était désireuse de faire un cadeau au barbier pour le remercier des services qu’il avait offert à sa poupée adorée !
Suivant d’un œil suspicieux les interactions entre les deux hommes, je ne pouvais m’empêcher de m’inquiéter. Oh certes, je n’étais pas assez idiote pour croire que Balthazar prendrait le risque de lui faire mal en notre présence ! C’était toutefois une peur que j’avais grande peine à chasser de mon esprit. Qu’avait-il de plus normal après tout ? Je l’avais cru mort durant près de 40 ans et lorsque je l’avais enfin retrouvé c’était pour apprendre qu’il était devenu l’un des serial killer les plus célèbres et meurtriers du monde des Contes ! De plus, j’avais compris que Sherlock et lui se haïssaient cordialement. Faire comme si de rien n’était aurait été une imprudence inqualifiable de ma part ! Heureusement, mes soupçons se révélèrent bel et bien infondés.
Sursautant légèrement, je vis le barbier que je n’avais pas quitter des yeux se rapprocher de Katie. Je ne pus alors m’empêcher de rabaisser les yeux, légèrement honteuse à l’idée d’avoir pu lui paraître si méfiante. Ma fille l’accueillit alors avec un grand sourire, retournant d’un geste brusque le dessin qu’elle ne voulait pas que le barbier voit. Afin de détourner son attention, elle lui tendit les fleurs de papier.
- Je vous ai rapporté quelques fleurs de mon matériel de bricolage. Elles sont belles, non ?
Elle tendit alors davantage ses mains pour qu’il puisse les saisir. Il en plaça une puis deux, effectuant son travail avec soin et des gestes exacts et irréfléchis. Sa belle mécanique fut cependant interrompue par sa petite souris qui, non contente d’assister au spectacle, finit elle-même par participer au jeu. Arrachant d’un geste rapide la fleur qu’il tenait dans sa main, elle lui sourit et lui adressa un clin d’œil.
- Tu permettes que je t’aide ? Je trouve ton idée vraiment super et l’apprendre de toi me permettra de la refaire à l’occasion !
Piètre excuse en vérité ! Ce que je voulais véritablement c’était me faire pardonner mon geste malheureux précédent et lui prouver que je faisais au mieux pour lui prêter ma confiance. J’appréciais chacune des secondes de notre travail et goûtais avec délice ce rêve éphémère d’avoir la famille dont j’avais toujours rêvé ! Quelques instants plus tard, nous finissions de déposer les fleurs dans les cheveux de Katie qui put se mirer avec une fierté non dissimulée dans le miroir.
- Regarde, comme tu es magnifique ma puce ! - Wouah c’est vraiment superbe ! Vous êtes un vrai magicien, Monsieur Graves ! Et toi aussi Maman, c’est du très bon travail d’équipe !
Elle rit alors gentiment tout en m’adressant un clin d’œil. Ce fut l’instant où Balthazar intervint dans la discussion, comme s’il prenait un malin plaisir à briser la magie de cet instant. Le barbier me le fit clairement comprendre lorsqu’il parla du montant que nous lui devions ! D’un signe de tête entendu, je partis chercher mon porte-monnaie. Sortant 90 dollars de la pochette en cuir noir, je tendis le billet à Balthazar.
- Voilà pour ma part et celle de Katelyn. Tu peux garder la monnaie, après tout tu l’as amplement mérité.
Ce fut l’instant où Balthazar s’approcha de moi pour me glisse au creux de l’oreille une vérité qui me renvoyais à la figure la crainte que je ressentais à son égard. Je resserrais alors l’emprise que j’avais encore sur mes billets de banque.
- Je… je suis navrée, Balthazar !
Je n'oubliais cependant pas que Sweeney Todd en personne se tenait devant moi. Certes je faisais tout mon possible pour lui faire confiance. Cependant, j'espérais qu'il avais bien pris en compte ma menace. Il ne pourrait jamais espérer s'en prendre à Sherlock sans en subir de graves conséquences !
Sa deuxième phrase me laissa cependant perplexe, je ne comprenais pas réellement ce qu’il voulait dire par là. Cependant, ce dernier mot me ramenait immanquablement à la discussion que nous avions eu précédemment dans la salle de bain.
- Tu t’imagines sincèrement que je pourrais être parfaitement comblée sans pouvoir veiller sur ton bonheur également ? Sans que tu fasses partie de ma vie ?
J'avais prononcé cette phrase dans un murmure tout en plongeant mon regard dans le sien. Soudain, Katelyn qui troubla cette discussion. Arrivant toute penaude, le dessin dissimulé derrière son dos, elle finit à le tendre au barbier.
- Tenez monsieur Graves ! C’est de ma part et de cette d’Irène. Je tenais à vous remercier d’avoir su prendre si bien soin de nos cheveux et de nous avoir rendue si belles.
Il avait alors tout à loisir de pouvoir enfin l’observer. En son centre, on pouvait voir un joli et élégant chat orangé à la moustache grise portant une écharpe autour du cou. Le chat semblait indiqué de la patte le coin gauche du dessin où on pouvait distinguer un joli arbre sur lequel reposait un oiseau au plumage bleuté. Du côté droit, on pouvait voir une étoile scintiller de mille feux. D’un geste maladroit et d’une écriture encore enfantine, elle avait écrit dans un coin de la feuille les paroles que son ami Rufus lui avait dites un jour dans le monde des contes et qui avait été pour elle un moteur tout au long de sa vie.
« L’espoir c’est comme un oiseau bleu, on l’aperçoit de loin et il veille sur nous comme l’étoile du Berger. On ne peut ni l’acheter, ni l’enfermer dans une cage ! Il demeure là tout de même et grâce à lui un jour tout s’arrange ! »
Elle lui sourit alors timidement
- J’espère que cela vous plait !
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« Tu devrais pas regarder les gens comme ça »
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" Ainsi en était-il depuis toujours. Plus les hommes accumulaient des connaissances, plus ils prenaient la mesure de leur ignorance."
Sentant le rasoir du barbier effleurer sa peau avec une précision chirurgicale, il le fixa dans les yeux dans un air de défi. Il n’avait pas peur de la mort, non. Sherlock Holmes préférait mourir en ayant prouver que Graves était un criminel, un tueur en série, plutôt que de vivre en le laissant impuni. Ecoutant avec soin ce qu’il lui disait, il ne répondit pas dans un premier temps. Sentant la précision et les aspects méticuleux du barbier, le détective se mit à sourire en coin. C’est bien ce qui lui semblait. Sa façon de tenir le rasoir sans trembler, ce regard froid et calme, ce soucis du détail… Ca ne confirmait que le fondement de ses pensées. Il était convaincu d’avoir raison. « Même les dieux peuvent être jugé. Et nous sommes tous égaux devant cette justice. »
Passant la serviette lui même sur son visage, il s’observa dans un miroir. C’était un véritable travail de professionnel. Il n’y avait rien à redire là dessus. Mettait-il autant de calme, d’entrain et de patience à faire disparaître un corps ? Sherlock se posa sincèrement la question. Caressant sa carotide, il remarqua qu’il n’y avait aucune trace. Pourtant elle était douloureuse, comme un discret avertissement… Décidément, Balthazar Graves, vous venez de surpasser Jim Moriarty. L’ignorant simplement et volontairement quand il commença à se défendre sur le fait qu’il n’était que simple barbier, Sherlock lui adressa un regard froid, et poli derrière le miroir qu’il baissa et reposa avec une attention toute particulière sur la petite commode. Un regard qui signifiait : « Pas à moi, Graves. » Se tournant subitement vers Angelika, il se remémora les paroles qu’elle avait eu sur son comportement mesquin. C’était avant de se faire raser. Il avait alors simplement rouler des yeux. Mais la voyant aussi proche du barbier ne lui plaisait pas du tout. Alors qu’elle s’avança pour lui murmurer quelque chose, il prit une tête d’enfant de 8ans, pour lancer cette magnifique pique : « Mieux vaut être mesquin que naïf ! Au moins, on n’en souffre pas. »
Ricanant lui même à sa propre blague, il remarqua qu’elle ne fit rire personne. Oh, très bien. Il monterait son propre duo de comicshow avec Elliot Sandman pour la peine. « 90 dollars pour une couleur moyenne et une coupe classique, c’est un peu trop généreux. Fais attention Angelika, tu vas finir par devenir un de ses actionnaires avec ce genre d’investissements ! »
Un nouveau silence. Nouveau bide. Il s’imagina tout de même Elliot frapper dans ses mains pour l’applaudir. Lui au moins comprenait son humour. Haussant les épaules et soupirant, il poussa le fauteuil, quand le dessin de Katelyn et ses remarques attirèrent son attention. Ce dessin était vraiment vilain. Un vilain pour un vilain, dirons nous. Roulant des yeux, il se demanda même si malgré le fait que la petite soit adoptée, Angelika ne lui avait pas transmis sa naïveté inflexible. Se frappant le front sans gêne pour extérioriser son point de vu, il sourit maladroitement à Katelyn qui le regarda d’un œil plein d’interrogation. Oui, il était jaloux. Ce poison de Graves venait salir son monde. Utilisant ses grandes jambes pour arriver au niveau du petit attroupement, il regarda le dessin avec plus de détail. Lisant la phrase, et observant le dessin d’un peu plus prêt, il reconnu immédiatement le chat, ainsi que la provenance de cette dernière. Comme au ralenti, son regard se porta un instant sur Katelyn, puis sur Angelika. Quelques briques s’emboitèrent parfaitement dans son esprit si complexe, pour former une ligne directrice claire et limpide. Ses yeux allèrent ensuite sur le chat. Puis sur Graves. Il manquait un élément. Quelque chose clochait. Pour ne pas éveiller les soupçons, il pencha légèrement la tête et dit à Katelyn : « C’est très joli. » mentit-il avec un rictus qu’une enfant ne comprendrait car il trouvait ça affreux. « Tu ne pouvais pas me faire plus plaisir en offrant ce genre de chose à notre ami ici présent. Il va être ravi. »
Détournement d’attention. Piqué Angelika au coeur et à vif en se moquant de Katelyn pour chasser dans son esprit les réflexions sur le fait qu’il avait compris quelque chose à l’instant même où il avait vu le chat à moustache. Balthazar ne pouvait pas voir encore le dessin. Elle finit par lui tendre en disant : « Tenez monsieur Graves ! C’est de ma part et de celle d’Irène. Je tenais à vous remercier d’avoir su prendre si bien soin de nos cheveux et de nous avoir rendue si belles. »
Manquant de perdre l’équilibre au nom d’Irène, il se maintint un peu plus appuyé sur la chaise qu’il se mit à serrer de toutes ses forces pour ne pas hurler. Irène… Portant une main à sa tempe rapidement, il décida qu’il était temps de prendre congé. Cela faisait beaucoup d’informations pour aujourd’hui, et il devait s’isoler pour tout classer dans son palais mental. Mais il devait avant tout savoir et confirmer quelques éléments. Et rapidement. Réfléchissant en quatrième vitesse, sur comment manipuler l’assemblée pour arriver à ses fins, il se redressa et prit un ton joyeux, théâtralement parfait. Tapant dans ses mains pour monopoliser l’attention Katelyn sursauta légèrement. Se tournant vers Angelika, il déclara : « Bien ! Je ne vais pas abuser plus longtemps de ton précieux temps Angelika. En plus je pense que vous avez encore quelques détails à régler. Je voudrais vous inviter, Katelyn toi et Balthazar à la maison, ce soir, pour dîner. On est le 31 non ? Ca serait bête de rester chez soit ! Qu’est ce que vous en pensez ? Je pense que nous sommes partis du mauvais pieds, Graves. Parfois il m’arrive de ne pas paraître trop sympathique aux yeux d’inconnus ! »
Dans un sourire et un geste des mains mondains digne des aristocrates qui coulèrent avec le Titanic, il fixa Angelika d’un air radieux. Il s’était directement adressé à elle, car elle en serait ravi, son coeur le voulait, il le sentait. Lui, allait refusé, mais elle allait insister.
« Oh, et ne faites pas le timide, ça fera énormément plaisir à Katelyn. En plus, je crois que j’ai commandé de la Dinde pour 6 par accident. Mycroft ne viendra pas, malheureusement, trop de travail… Puis il n’aime pas les réveillons ! Que grincheux ! Allez, je compte sur vous pour ce soir ! »
S’en allant à pas joyeux et rapide vers la porte, il l’ouvrit comme une furie, ne leur laissant aucun temps de réponse. Faisant volte face, il posa un peu de monnaie sur le porte-parapluie.
« Oh j’oubliais ! J’ai pas mon porte-monnaie, je l’ai perdu. Angelika vous réglera sûrement les 12 dollars qui manque, elle adore éponger mes dettes ! Puis il faut dire qu’elle a le coeur sur la main ! »
Leur faisant un clin d’oeil, il sortit avec un petit sourire.
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Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.
DEMAIN DES L'AUBE.
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Balthazar glissa l'argent dans son portefeuille avant de ranger ce dernier dans la poche de son manteau qu'il avait récupéré. Il acceptait volontiers les pourboires, surtout lorsqu'il estimait avoir fait plus que son travail. Venir dans cette fosse aux serpents avait été un véritable calvaire pour plusieurs raisons, et il était ravi -à sa manière- de pouvoir enfin s'en aller. Il roula à demi les yeux au ciel en entendant la remarque d'Angelika. Il était vraiment temps qu'elle cesse de jouer les bons samaritains. N'en avait-elle pas assez de rediffuser le film "La petite souris qui murmurait à l'oreille du bagnard" ? Il avait parfaitement entendu ses propos adressés à Holmes le concernant. Toujours à jouer un double jeu. Maudite femme...
"Le bonheur est pour les simples d'esprit." dit-il d'un ton grinçant à sa question.
Imperturbable, il vit voler son manteau pour l'enfiler. C'est alors que la gamine s'approcha en cachant une feuille dans son dos. Le barbier lui jeta un regard méfiant. Il ne savait à quoi s'attendre. Les paroles de la petite le mirent sur la voix, ainsi que celles de Holmes, et lorsqu'elle lui tendit son dessin, il referma la main dessus dans un geste mécanique. Il observa les traits de couleurs maladroits et les esquisses représentant un chat, un arbre et un oiseau. Ses yeux se plissèrent alors qu'il déchiffrait les mots écrits sur un coin de la feuille, dans une écriture enfantine. Le coin de sa bouche tressauta tandis que le reste de son visage demeurait aussi impénétrable et dépourvu d'émotion qu'un morceau de bois. Il hésita à le déchirer, mais il estima que cela aurait été redondant après la lettre dont les vestiges devaient giser dans cette maudite caisse, en haut de l'étagère, à l'autre bout de la pièce. Et puis, il n'avait pas envie de voir la tristesse se peindre sur les traits lisses de la fillette. Elle aurait bien le temps pour la souffrance. Autant qu'elle garde ses larmes pour plus tard. Il ne voulait pas de mal aux innocents.
Il se contenta donc de lui rendre d'un geste sec, manquant de la griffer avec la feuille. La fillette poussa le papier vers lui avec un grand sourire.
"C'est pour vous ! Vous pouvez le garder." dit-elle, avec l'enthousiasme de toute sa naïveté.
"Je n'ai aucun mur auquel l'accrocher." articula-t-il, sa patience étant placée à rude épreuve.
"Vous n'avez pas de mur chez vous ?" s'étonna-t-elle.
"Je n'ai plus de chez moi." répondit-il plus sombrement qu'il ne l'aurait voulu.
La gamine parut décontenancée. Elle leva les yeux vers sa mère, cherchant un éclaircissement, puis finalement, récupéra son dessin tout en assurant :
"Dans ce cas, je vous le garde précieusement. Vous pourrez le reprendre quand vous aurez de nouveau des murs. Mais... vous dormez où, du coup ?"
La curiosité des enfants... C'était à la fois consternant et épouvantable.
"A l'hôtel." grommela-t-il.
"Ah, donc vous avez des murs mais ce ne sont pas les vôtres." dit-elle en hochant la tête.
Le barbier resta quelque secondes perplexe face à la réplique de l'enfant. Inexplicablement, il songea à Eulalie, comparant sa compréhension à celle de la gamine. C'était effarant cette ressemblance entre les deux. Il fut parcouru d'un désagréable frisson et retrouva son expression morne habituelle.
Il secoua la tête et remarqua que Holmes avait déserté les lieux. Il se souvenait vaguement l'avoir entendu brasser de l'air quelques instants plus tôt, mais ne lui avait pas accordé l'attention qu'il escomptait. A présent, des bribes lui revenaient en mémoire.
"Dis à Holmes qu'il me doit douze dollars." grommela-t-il à Angelika tout en passant son écharpe autour de son cou. "Ce n'est pas à toi de payer pour lui."
Il fit un pas pour s'éloigner, marqua une hésitation, puis pivota vers les deux filles.
"Il m'a invité à dîner ?" demanda-t-il, incertain.
"Oui, c'est le nouvel an ce soir !" fit la gamine avec entrain. "Vous ne pouvez pas refuser, monsieur Graves ! A moins que vous ayez autre chose de prévu..."
Elle parut dévastée à cette idée. La palette d'émotions passant sur son visage était étonnante. Parfois, il se souvenait que lui aussi avait été un enfant. Avait-il eu ce même éclat dans le regard, cette fraîcheur sur les joues ? Toute son existence se confondait dans un dégradé de gris. Il se souvenait très bien de quand il était un petit garçon, mais il ne préférait pas se pencher sur ces réminiscences.
Bien entendu, il n'avait rien de prévu, ce soir-là. A vrai dire, il avait oublié qu'une nouvelle année se profilait à l'horizon. Il exécrait les fêtes de toutes sortes. La seule qui avait grâce à ses yeux était le séminaire de coiffure annuel se déroulant à New York.
"Pourquoi je viendrais ?" lança-t-il presque sèchement, braquant un regard perçant sur Angelika.
Il n'attendait aucun argument en particulier, car il savait qu'elle allait en profiter pour sortir un habituel discours éventé sur le fait que ce serait un bon moyen de redevenir l'homme bon et généreux qu'elle avait connu...
Il laissa échapper un soupir désabusé, esquissa un geste dédaigneux de la main et se rendit jusqu'à sa mallette pour la fermer brusquement. Après quoi il s'en saisit et partit sans se retourner.
Quelques heures plus tard...
Un paquet sous le bras, Balthazar fumait une cigarette tout en se dirigeant à grands pas vers le 221 Baker Street, son manteau trop large flottant dans la bise hivernale. Cela faisait deux fois qu'il empruntait cette rue la même journée. A présent que la nuit était tombée, l'obscurité conférait un aspect spectral aux bâtiments environnants. Nullement troublé par cette atmosphère particulière, il s'arrêta devant la porte et observa quelques secondes les chiffres en métal poli cloués dessus. Il coinça la cigarette entre ses lèvres et se pencha pour déposer le paquet rectangulaire sur les marches. La boîte avait été emballée par une vendeuse du magasin dans lequel il s'était rendu. D'ordinaire, il ne faisait pas ce genre d'excentricité. Il n'offrait pas de cadeau. Il ne voyait pas l'intérêt. Cependant, en passant devant la vitrine du-dit magasin, alors qu'il déambulait sans but, son regard avait été attiré par ce jouet en particulier. Il l'avait presque acheté dans un état second.
Il avait l'intention de se fondre dans la nuit et de laisser le soin aux habitants de découvrir le paquet par eux-mêmes, le lendemain matin, mais tous ses plans s'écroulèrent lorsqu'il entendit la porte s'ouvrir. Il se redressa d'un bond, levant les yeux vers la personne avec une expression perplexe et presque fautive. La vieille femme devant lui l'observa, tout aussi stupéfaite, avant que son regard ne s'éclaire subitement.
"Oh, vous devez être Balthazar ?" fit-elle d'un ton ravi. "On n'attendait plus que vous ! Vous estimez que c'est une heure pour venir, mon garçon ? On a déjà commencé à dîner ! Ah, les amis de Sherlock sont bien comme lui !"
Elle laissa échapper un petit soupir agacé, secouant la tête, avant de rire d'un air entendu.
"Entrez voyons ! Vous allez vous transformer en glaçon !"
Le barbier plissa des yeux en remarquant que la vieille chouette tenait une drôle de cigarette qu'elle tentait tant bien que mal de cacher sous son gilet en laine. Ce qui était certain, c'est qu'elle n'avait pas l'intention de fumer de la nicotine.
Il n'avait pas prévu de rester. Mais après tout, pourquoi pas ? L'idée lui semblait assez tentante, avec du recul.
"Oh, mais éteignez-moi ça avant !" dit-elle, réprobatrice, en désignant la cigarette qu'il avait en bouche. "Le tabac, quelle calamité ! Heureusement, Sherlock utilise des patchs, maintenant ! Je ne supporte pas l'odeur de la fumée !"
Sans la lâcher des yeux, il saisit sa cigarette entre ses deux doigts et la laissa chuter au sol. Puis, au moment de passer près d'elle pour entrer, il susurra :
"Tout dépend quelle sorte de fumée..."
Il jeta un regard éloquent vers le joint qu'elle tentait de cacher. La vieille femme s'éclaircit la gorge et s'empressa de changer de conversation.
"Vous avez oublié votre paquet !"
Elle alla ramasser la boîte sur les marches et la lui tendit avec un grand sourire. Balthazar s'en saisit avec un rictus crispé. A cet instant, des pas précipités résonnèrent dans l'escalier et il aperçut bientôt la gamine accourir, dans une jolie robe avec des collants assortis.
"Monsieur Graves ! Je savais que vous viendriez !"
"Je ne reste pas." grinça-t-il entre ses dents.
"Mais bien sûr que si !" assura la vieille chouette en roulant des yeux. "J'avais mis un couvert de plus, de toutes façons. Au fait, je m'appelle Madame Hudson. Enchantée."
Puis, se tournant vers l'escalier, elle mit sa main au bord de sa joue et hurla :
"SHERLOOOCK ! ANGELIKAAA ! VOTRE AMI EST ARRIVE !"
Balthazar grimaça face au coffre impressionnant de cette petite vieille, et jeta un peu trop brusquement le paquet à la gamine.
"Oh, c'est pour moi ?" fit-elle, déconcertée.
Il se contenta d’acquiescer sèchement. Et comme il n'appréciait pas tout ce qui s'apparentait à des surprises, il déclara d'un ton bourru en désignant l'emballage bleu électrique :
"C'est une tête à coiffer. Comme ça, tu pourras t'entraîner pour Irene."
La fillette se perdit en remerciements et semblait sur le point de partir en orbite tant elle sautillait sur place, serrant son paquet contre elle. Etrangement embarrassé, Balthazar passa une main dans ses cheveux tout en fixant un carré de tapisserie, dans le couloir, quand brusquement, il sentit un bras s'enrouler autour du sien.
"Oh, qu'il est charmant !" minauda Madame Hudson. "Je l'aime beaucoup, celui-ci ! Vous prendrez bien un petit remontant ? On a déjà bu l'apéro mais ce n'est pas bien grave."
Elle lui adressa un clin d'oeil et l'entraîna vers l'escalier avec une poigne étonnamment puissante, la gamine sur les talons. Il avait la désagréable impression qu'un piège venait de se refermer sur lui. Quelle idée avait-il donc eu...? Hélas, il avait bien trop de fierté pour reculer, à présent.