« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver.
Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve
sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)

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 Hear my whispers in the dark } Family Dust & Adam

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Evangeline Leviosa
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Evangeline Leviosa

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| Dans le monde des contes, je suis : : Marraine la BonneFée

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________________________________________ 2018-01-05, 21:03

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Twinkle, twinkle, little star, how I wonder what you are...

Evangeline ne rêvait jamais. C’était là tout le paradoxe dont souffrait cette étoile pourtant désignée à la création des histoires dont rêvait les humains. Jamais aucune de ses créations ne venaient traîner autour de ses tempes, malgré l’enveloppe humaine qui la maintenait sur le sol de la Terre. Ses nuits étaient faites d’obscurité reposante, de quelques moments d’éveil où elle apercevait le ciel étoilé par delà le voile des rideaux de son lit à baldaquin, par la fenêtre qu’elle laissait toujours ouverte sur le jardin, et de profond repos.

Ce qui expliqua en partie la profonde panique dans laquelle elle se trouva, cette matinée précise, quand elle se réveilla en sursaut de son premier et unique cauchemars.Le cri strident qu’elle poussa résonna longtemps dans sa tête et avant qu’elle ne parvienne à s’en défaire, la porte de sa chambre s’ouvrit en grand, poussée avec violence, et Adam jeta des regards furtifs de chaque côté de la pièce, comme pour rosser l’imprudent qui aurait pu être entré par sa fenêtre ouverte.

Dès qu’elle l’aperçut, Evie sursauta, mais elle avait le souffle bien trop court et la peau bien trop moite pour s’en offusquer, prostrée dans son immense lit, ses deux mains recroquevillés près de ses coeurs, qui affleuraient à la lisière de sa peau, dans un léger scintillement. Trop sonnée, elle n’eut pas le réflexe de le dissimuler, ses sœurs battant des rythmes insoutenables sous sa peau, tout aussi apeurées qu’elle.

Ça avait été terrifiant. Pire que cela, cela avait été l’essence même d’une peur primaire, d’une peur insondable, une peur qu’Evie ne pouvait concevoir ni même quantifier, juste se remémorer, sans parvenir à contenir les tremblements de son corps. Tout ce… Noir. Cette obscurité. Cela n’avait rien à voir avec le ciel, rien à voir avec la galaxie, c’était bien plus ténébreux, bien plus nimbée de cette froideur coupante, cassante… Une froideur qui rentrait par chaque pores, chaque cellules, chaque os, qui dévorait le corps, habitait l’âme, dévorait le coeur et étouffait la moindre étincelle de lumière, le moindre scintillement possible. Et puis, il y avait eue… Cette voix.

Malgré elle, Evie secoua la tête, se rendant compte qu’Adam s’était avancé dans la pièce pour venir se tenir près d’elle, si bien qu’elle du relever la tête pour l’observer, sans se rendre compte qu’il observait cette étrange lueur contre son sein avec une forme sourde de méfiance. De distance.

-Je… J’ai… j’ai... bafouilla-t-elle avant de tout bonnement éclater en sanglot.

Jamais de son existence elle n’avait eue aussi peur. Une véritable terreur, nichée dans son ventre, qui léchait son échine en ne laissant qu’un frisson sur sa peau. Elle ne sut pas très bien ce qui se passa ensuite, mais lorsqu’elle reprit contenance, elle avait le visage cachée entre ses paumes, et la main d’Adam caressait doucement son épaule. Elle du respirer plusieurs fois avant de parvenir à essuyer son visage, reculant de son torse avant de se mettre à mordiller sa lèvre, honteuse.

-Je… je vous demande pardon, je… Je ne sais pas ce qui m’a...

Détournant les yeux, elle essuya encore une fois sa joue, se sentant brusquement rougir en réalisant la situation dans laquelle elle se trouvait… Encore. Pourquoi par toutes les étoiles de la galaxie fallait-il que ce soit lui qui l’ai entendu hurler ? Et pourquoi était-il entré aussi brusquement d’abord ? Il ne savait pas qu’il s’agissait de sa chambre ?! Malotru. Goujat. Pourtant, elle se sentit vraiment reconnaissante qu’il soit venu. Qu’il soit là. C’était… Apaisant, en un sens. Etait-ce donc là ce pourquoi les humains n’avaient de cesse de lui demander « d’avoir quelqu’un » dans leur vie ?

-Je… Suis désolée. J’ai fais… Un… Mauvais rêve. Mais ce n’est pas logique, réalisa-t-elle soudain, fronçant les sourcils, sans regarder Adam. Je ne fais jamais de rêve. Je ne peux pas en faire, c’est une chose d’hum...

Mordant sa langue, elle tourna les yeux vers Adam, qui la fixait cette fois avec une forme d’incompréhension mais aussi d’agacement dans le regard. Mince ! Il…. Ne fallait pas qu’il sache ! Monsieur Adam était peut-être un humain valeureux, avec des principes de bonnes sociétés -c’était Mademoiselle Adele qui le disait, Evie n’avait pas la moindre idée de ce qui constituait ou non de ‘bons principes’- il n’en restait pas moins un humain envieux et cupide, qui n’hésiterait probablement pas longtemps avant de tenter de lui arracher ses coeurs ou de lui extorquer des vœux, comme un imbécile. Comme si elle pouvait les exaucer ! Elle n’avait pas ce genre de magie en elle, c’était une magie totalement différente et n’importe quel être vivant doté d’un peu de bon sens pouvait bien s’en rendre compte !

-Humiliante, reprit-elle. Oui, les… les rêves sont des choses…. Humiliantes. L’esprit… L’esprit devrait se reposer et non pas se perdre dans des clichés de situations connues de l’humanité depuis la nuit des temps et qui ne font qu’évoluer pour mieux coller aux aspirations des siècles passant.

Eut-elle parler une autre langue qu’Adam aurait peut-être eue l’air plus convaincu… Rapidement, Evie plaqua ses mèches derrière chacune de ses oreilles, avant de relever le menton. Si il tenait à débattre sur le sujet, elle avait de très nombreux exemples à lui fournir ! Malgré tout, cela l’angoissait. Ce… Rêve n’était absolument pas normal. Elle… N’était pas censé rêver. Pas censé avoir de cauchemars. Ce n’était pas normal, pas normal du tout, et elle ne comprenait pas ce qui pouvait bien lui arriver !

Son visage prit une soudaine expression d’illumination, commençant à sourire, avant de se renfrogner, se fermant un instant avant de mordiller son pouce.

-Monsieur Adam? fit-elle, sur un ton presque timide soudain. Est-ce que je pourrais vous demander… Un… Un service ? Je… Dois aller voir mon frère, mais nous sommes en week-end, et je ne peux pas prendre… Le bus. Mademoiselle Adele dit que parfois, vous la ramener du commissariat?

Son ton était timide, presque fuyant. Il l’aurait été bien plus si elle avait eue la moindre idée de ce que ‘moto’ signifiait, dans ce que Mademoiselle Adele lui racontait !

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________________________________________ 2018-01-22, 13:25


Hear my whisper in the Dark...

Evangeline avait tendance à dérailler très légèrement du commun des mortels. Elle ne pensait pas de la même manière, elle n’était pas au courant des mœurs ou des choses légitimes de la vie, ne s’embarrassait pas de questions existentielles… En clair, elle avait le développement psychologique d’une enfant de dix ans mais le langage d’un poissonnier de cinquante. Pourtant, l’entendre qualifier ainsi les rêves de choses humiliantes avait quelque chose de profondément surprenant – dérangeant, certes – mais aussi audacieusement déplacé. Ils ne parlaient pas de ce genre de choses entre eux, ce qui se passait dans la tête du roi ne concernait que lui, mais la voir énoncer une idée aussi arrêtée lui fit froncer les sourcils. Affirmation saugrenue. Développement interrompu. Elle était la sœur de celui que toute la ville appelait le Marchand de Sable et elle osait s’en prendre aux rêves comme de vulgaires passades décevantes ? Pour le coup, c’étaient ses paroles qui se trouvaient humiliantes, pas le contraire.

Adam lui l’aurait sans doute dit s’il n’avait pas encore en tête son cri effrayé… Et s’il ne voyait pas à quel point elle tremblait encore comme une feuille. Malgré son air assuré, ce petit mouvement de menton pédant qu’Evangeline se plaisait à aborder, il pouvait deviner ses craintes et son état déboussolé. Il s’était passé quelque chose dans ses songes mais… Ce n’était qu’un rêve, non ? Les cauchemars, ce genre de choses, étaient souvent effrayants et si c’était la première fois qu’elle en faisait un elle pouvait être mise à mal ; mais il fallait avoir un minimum de logique pour se rappeler qu’une fois le rêveur éveillé, il n’avait plus rien à craindre. Même cette femme à tout faire avait les compétences suffisantes pour s’en rappeler, non ?

Il poussa un soupir face à son changement d’attitude, haussant un sourcil devant sa demande plutôt… incongrue. Evangeline semblait tenir à cœur de l’éviter depuis leur aventure de la dernière fois et il la laissait volontiers loin de ses propres quartiers. Elle semblait avoir trouvé un équilibre dans les tâches à effectuer et trouvait même le temps d’apprendre à lire et à écrire en compagnie du gamin là… Jamie. Adam l’aimait bien, quoiqu’il en dise ou fasse croire, sinon il ne l’aurait jamais toléré à l’intérieur du château ; et puis au moins Evie semblait s’en être fait un ami.

C’était du moins ce que lui rapportait Adèle quand elle les croisait, lui-même préférant ne même pas assister à ce genre de rencontres sous peine d’être pris d’un agacement profond et inexpliqué. Sans explication logique il était prit d’une colère pinçante à chaque fois qu’il décelait leurs rires et avait préféré s’effacer ; peut-être qu’à force de patience il parviendrait à se contrôler mais, pour l’heure, les surprendre ensemble n’était pas une épreuve de facilité. Si elle l’appréciait tellement, pourquoi ne partait-elle pas avec lui ? Ça ferait une chambre supplémentaire de libre dans le palais ! Bref.

Adam chassa cette pensée emprunte d’amertume et sembla très sérieusement réfléchir à la demande de la jeune femme… Se passant une main dans la barbe avant de finalement hocher la tête.

« Je peux vous déposer, je dois aller en ville. » Confirma-t-il puis la voyant se lever précipitamment de son lit, il ajouta : « Maintenant ? » 

Apparemment oui. Elle venait de se précipiter sur une grande penderie bleu turquoise et l’ouvrit avant de se figer, dos à lui. D’où il était, le roi pouvait observer à loisir ses longs cheveux blonds ondulants jusqu’au milieu de son dos, ses hanches disparaissant sous la chemise de nuit et ses longues jambes dénudées aux pieds nus. Elle était petite, un peu menue mais chaque mouvement de son être laissant sous-entendre la nervosité dont elle était pourvue au quotidien. Sur le qui-vive. Alerte. Et un tempérament qui ne se laissait pas faire… Il releva les yeux du galbe esquissé quand il se rendit compte qu’elle l’observait, semblant attendre quelque chose.

« Plait-il ? » S’étonna-t-il, prit en flagrant délit indécent.

Ce ne fut que lorsqu’elle lui demanda de sortir qu’il remarqua qu’elle avait commencé à défaire l’une de ses manches, dévoilant une épaule qu’il avait embrassé il n’y a pas si longtemps. Détournant le regard, Adam dissimula son malaise dans un raclement de gorge et quitta la chambre sans demander son reste. Il descendit les marches menant au hall principal, passa devant le grand salon et s’attarda quelques instants au niveau de la salle à manger où il restait encore quelques assiettes de viennoiseries et autres confitures.

Miss Samovar, toujours élégamment vêtue et pourvue d’un chignon tiré à quatre épingles, s’occupait à soigneusement débarrasser les couverts utilisés par les nombreux habitants de l’endroit. Elle était d’une prévenance exemplaire et d’une rigueur immuable, s’entendant à merveille avec l’organisation d’Adèle… Elle ne releva même pas la tête mais le roi sut qu’elle avait remarqué sa présence, car elle saisit une tasse de café encore retournée et y versa un liquide noir et chaud avant de venir le lui tendre.

« Tenez. Une bonne journée commence avec un bon café. »

« Merci. » Grommela-t-il en acceptant la tasse, soufflant un instant dessus avant d’en boire une gorgée.

« J’ai ajouté un peu de lait, cela adoucit les mœurs. »

Son clin d’œil était sans équivoque et Adam leva les yeux au ciel. Il le préférait noir et simple, direct, dur. Pour le coup il ferait un effort puisqu’ils étaient apparemment pressés, Evie apparaissant déjà en haut des marches et les dévalant à toute allure… toujours pieds nus. Cette fille était impossible ! Heureusement que Mrs Samovar l’intercepta tandis qu’elle enfilait un manteau et l’obligea à porter chaussettes et bottes épaisses pour affronter la fraicheur hivernale.

« Prenez un peu de thé ma chère, ça vous réchauffera ! Vous êtes livide, est-ce que tout va bien ? »

Adam, déjà apprêté et sur le pas de la porte, tourna vivement la tête. Effectivement, elle était bien plus pâle encore que dans sa chambre et, pour une fois, ce n’était pas de sa faute. Même si elle rassura la domestique quant à son état, il vit trembler ses mains en mettant ses gants et cru un instant qu’elle allait chanceler en descendant les marches gelées. On avait déplacé la neige qui s’y trouvait en petits tas sur les côtés et le spectacle extérieur entouré d’un voile blanc avait de quoi couper le souffle.

Pourtant le roi ne s’y attarda pas, se dirigeant déjà sur le côté du bâtiment principal pour rejoindre les écuries : à côté des chevaux un garage avait été aménagé afin de placer les véhicules des différents membres du personnel. La moto d’Adam se trouvait un peu à l’écart pourtant ce n’était pas vers celle-ci qu’il se dirigea.

« Montez. » Ordonna-t-il en désignant un pick-up noir, déverrouillant celui-ci sous le regard interrogatif d’Evangeline. « Quoi ? Vous savez conduire peut-être ? Dépêchez-vous un peu. » 

Pourquoi les gens étaient-ils si surpris de le voir prendre autre chose que sa moto ? Il avait du passer son permis afin de pouvoir conduire les véhicules de police… c’était donc tout naturel qu’il possède aussi quelque chose à quatre roues. Et puis, vu la neige qui commençait à tomber il n’était pas question de glisser sur la route ou quoi que ce soit. Il attendit que la portière ne claque et que la ceinture soit bouclée pour démarrer et s’engager dans l’allée centrale des jardins menant au portail. Des traces de pneus étaient déjà inscrits dans la neige dégagée mais il roula prudemment, jusqu’à rejoindre le bitume à découvert et pouvoir accélérer un peu.

Grace à Adèle, il savait où vivait Sebastian Dust. C’était déjà une chose en moins à demander à sa compagne de route… Résolu à la laisser puis repartir aussitôt, il ne se priva cependant pas d’allumer la radio pour plonger l’habitacle dans une ambiance country – genre qu’il appréciait particulièrement depuis qu’il l’avait découvert. Et si elle osait changer, il lui répliquerait que c’était lui qui conduisait, donc, qui choisissait !




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________________________________________ 2018-02-25, 09:57

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Le ton qu’il utilisa en lui demandant si elle savait conduire lui fit instantanément lever les poings aux hanches, prête à lui répliquer l’une de ces répliques immédiates que Monsieur Adam avait le don de faire naître chez elle, mais rien ne lui vint. Tout d’abord, parce qu’elle devait bien avouer qu’il avait absolument raison, elle n’avait absolument pas la moindre idée de comment l’on pouvait bien conduire l’une de ces horribles machines, mais aussi parce qu’elle avait désespérément besoin de ses compétences en la matière. Mais ce fut bien l’unique raison pour laquelle elle finit par mordiller sa lèvre, relevant le menton avant de finalement daigner grimper dans l’immense machine de fer.

Evangeline n’aimait pas la voiture. En tant qu’étoile à l’origine immobile dans le ciel, la vitesse avec laquelle ces engins se déplaçaient lui donnait tout bonnement la nausée. Et jamais encore elle n’était entrée dans un engin aussi…. Gros ! Elle avait déjà été conduite par Louise, par Alice et même par Jamie, et elle devait bien avouer que, un million de fois plus gros, le véhicule de Monsieur Adam ressemblait plutôt à celui du jeune homme en question. Etroit, haut de plafond, et munit d’un de ces appareils qui diffusait de la musique, n peu trop fort à son goût, mais elle ne se gêna pas pour baisser le volume, Jamie lui avait apprit à la faire.

Quand elle tendit la main vers le lecteur, elle crut voir les yeux de Monsieur Adam se tourner vers elle, comme prêt à rouspéter mais visiblement elle ne fit pas ce à quoi il s’attendait et il finit par faire gronder sa voiture, ce qui fit aussitôt se raidir Evie, s’agrippant à la ceinture de sécurité. Et vu son expression, cela devait au moins être une forme d’insulte…

-Je… Je n’aime pas les voitures, se sentit-elle obligée de préciser, le voyant s’engager dans le garage.

Il fit mine de ne pas l’entendre, mais à force, Evie savait que Monsieur Adam était comme un très gros chat. Il pouvait tourner la tête de l’autre côté, ses oreilles restaient en général à l’affût.

-Elles… Enfin ça va trop vite pour moi.. Est-ce qu’on dit ‘une’ voiture ou est-ce que c’est ‘un’ ? Dans les livres qu’on lit avec Jamie, il n’y en a pas... réfléchit-elle à haute voix, gardant une main appuyée contre la portière.

Jamie avait entreprit de lui faire d’abord lire des contes, afin d’en savoir un peu plus sur Storybrooke et ses habitants, mais bientôt normalement, elle devrait commencer à lire ce que Jay nommait des ‘classiques’. Elle n’avait aucune idée de ce qu’il sous-entendait par là, mais apparemment, c’était un compliment, alors elle avait été encore plus assidue que jamais, et elle pouvait désormais lire ‘La Petite Sirène’ toute seule ! Ce dont elle n’était pas peu fière et dont elle avait sans doute rabattue les oreilles à son frère et Louise….

-Enfin, je sais que vous, les h…. Hommes, vous avez tendance à prendre personnellement tout ce qui touche à vos voitures -c’est Alice qui me l’a dit, je crois… Alors je voulais juste que vous sachiez que ce n’est pas contre vous, c’est juste que… Je n’aime pas ça.

Toujours concentré sur la route, Adam fit une sorte de hochement de tête, sans vraiment en être et ils finirent par sortir dans l’allée blanche, ce qui, l’espace d’un instant, détendit Evie. C’était la première fois qu’elle voyait vraiment de la neige. La neige cométaire ou la poussière d’étoiles n’avait bien sûr rien à voir, c’était… Tellement plus blanc. Plus doux. Plus…. Palpable.

Comme une enfant, elle se pencha à la vitre, observant le jardin dont elle devrait s’occuper dès son retour, avant de marmonner malgré elle les paroles de la chanson qui passait à la radio. C’était encore une chanson de ‘country’, à croire que les hommes n’écoutaient que cela !

-Jamie aussi aime cette musique, murmura-t-elle, plus pour elle même que pour Monsieur Adam, qui ne fit d’ailleurs pas le moindre commentaire.

La ville entière était prise sous une chape de neige, et Evie du plusieurs fois effacer la buée qu’elle produisait à être si proche de la vitre, s’obligeant à ne pas penser au cauchemar qu’elle venait de faire. Ni à l’absurdité de la chose…. Ou son impossibilité. Elle n’étaitpas supposée pouvoir faire ce genre de rêve, encore moins des cauchemars! Elle n’en avait jamais fait, et jamais depuis son réveil chez les humains, alors pourquoi ? Pourquoi aujourd’hui et qui en était le responsable ? Qui pouvait bien être parvenu à la faire rêver ? Est-ce que Pitch était de retour ? La guerre avait-elle reprit ? Il fallait qu’elle sache, qu’elle comprenne, et il n’y avait qu’une seule personne en mesure de l’aider…

La maison de son frère ne se situait pas très loin du château, du moins, pas en voiture, et heureusement, Monsieur Adam conduisait à allure acceptable pour Evie, continuant à se concentrée sur la neige puisqu’il n’avait pas l’air de vouloir faire ‘la conversation’. C’était tout de même étrange, cette façon qu’il avait de ne jamais parler vraiment…. Avec les autres, cela allait sans le moindre problème, qu’il s’agisse de Louise, de Jamie, d’Alice, voir même du Docteur Cain mais avec Monsieur Adam, c’était une autre histoire…. Il avait toujours l’air si… taciturne. Même quand, pour tricher, elle tentait de sonder son coeur dans l’espoir de comprendre un peu mieux ce qui pouvait bien faire de Monsieur Adam…. Eh bien Monsieur Adam lui même, elle se retrouvait toujours dans une impasse, submergée par sa mélancolie et sa tristesse concernant sa malédiction.

Malgré elle, Evie se mordit la lèvre, coulant un timide regard vers lui, à travers le miroir, sur le côté de la voiture -un viseur, d’après ce qu’elle avait comprit. La malédiction d’Adam était une chose terrible, Evie y consentait sans le moindre problème, mais il y avait autre chose chez lui qui lui faisait énormément de peine. C’était ce manque d’amour pour lui même qui parfois la touchait alors même qu’elle ne tentait pas de percer ses souhaits. Cela émanait de lui comme des volutes noires et lui enserrait le coeur, lui coupant le souffle et la forçant à retenir des larmes. C’était terrifiant de puissance et douloureux comme jamais. A chaque fois, Evie hésitait entre lui sauter dessus pour lui frapper le haut de la tête ou le prendre dans ses bras aussi longtemps que nécessaire pour que cela se dissipe…

En réalité, elle restait toujours clouée sur place, incapable du moindre mouvement. Et elle restait convaincue qu’il l’aurait immédiatement renvoyée si elle avait fait l’une ou l’autre chose de toutes manières…

Perdue dans ses pensées, elle ne se rendit pas compte que Monsieur Adam avait arrêté la voiture, et il lui fallut quelques secondes -et un raclement de gorge- pour qu’elle le comprenne, sursautant comme rarement encore.

-Oh euh… je…. Merci ! Beaucoup ! Je… Vous remercie. Monsieur Adam.

Gauche, elle tendit la main, comme pour la poser sur son épaule, comme Jamie le faisait parfois avec elle, avant de se raviser, pas certaine qu’il apprécierait le geste. Resserrant ses doigts, elle ouvrit la porte précipitamment, s’éjectant de l’habitacle pour monter quatre par quatre les marches de la maison de son frère, avant de tambouriner sur la porte d’entrée avec véhémence.

-Sab ! Marchand de Sable, ouvre ! J’ai besoin de ton aide, tu dois….

Elle put à peine retenir un cri de surprise et de peur, lorsqu’elle sentit une immense silhouette s’approcher d’elle, la faisant se plaquer à la porte d’entrée… Avant de comprendre qu’il ne s’agissait que d’Adam, qui tenait son manteau, royalement oublié sur le siège passager, à la main. Elle n’eut cependant pas vraiment le temps de le remercier puisque la porte sur laquelle elle s’appuyait pivota…. Et qu’Evangeline s’effondra de tout son long dans le couloir de Sebastian, à ses pieds plus précisement.

-Bordel! jura-t-elle, dans un juron emprunté à Jamie, qui n’eut l’air de plaire ni à l’un ni à l’autre des deux hommes penchés au dessus d’elle.
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________________________________________ 2018-03-04, 13:09


Hear my whisper in the Dark...

C’était toujours très étrange de côtoyer Evangeline seul à seul. Depuis l’épisode de la douche, Adam évitait soigneusement de se retrouver en son unique compagnie et le moindre prétexte était bon à cela : être interpellé ailleurs, changer de direction en l’entendant, longer un mur pour éviter qu’elle ne le voit, trouver une autre compagnie comme excuse, s’enfermer dans la tour ouest… Rien n’était suffisant : il n’arrivait pas à se l’enlever de la tête. A chaque fois il revoyait ses joues un peu rougies et la longue chevelure blonde qui lui collait à la peau. A chaque fois il mourrait d’envie d’aller caresser cette nuque douce ou même de frôler sa main qui s’était agrippée si fermement à lui. A chaque fois il avait envie de faire taire cette bouche d’un baiser pour retrouver la saveur de ses lèvres… Et puis il se raisonnait et il se rappelait que c’était une idée complètement stupide. Il était un roi condamné à une malédiction définitive et elle était une… Fille à tout faire dans son château. Même les bonnes mœurs se moquaient de lui à l’heure actuelle !

Secouant la tête dans un soupir, il chassa toutes ces possibilités un tantinet insensées et posa ses yeux sur… Le manteau oublié à côté de lui. Sérieusement ?! Plutôt que de la laisser se débrouiller sans – après tout elle allait chez son frère, elle n’allait pas courir les rues – il l’attrapa et s’extirpa du pick-up pour la rejoindre en quelques enjambées. Peut-être aurait-il du l’interpeller plutôt que d’apparaître de la sorte, ça lui aurait évité une crise cardiaque suivie d’une chute magistrale lorsque Sebastian avait ouvert la porte ! La fixant, les yeux écarquillés, il se redressa en constatant que le marchand de sable lui adressait un coup d’œil courroucé : quoi ? Pensait-il sérieusement que c’était lui qui lui avait appris un langage pareil ?! Levant les paumes en geste d’innocence, Adam n’eut pas le temps de se baisser pour aider la jeune femme que déjà son frère s’en chargeait.

N’importe qui en les voyant à côté aurait pu remarquer un petit air de famille, même si Sebastian dépassait de presque deux têtes la jeune femme avec qui il venait d’entrer dans le salon adjacent à l’entrée. Laissé pour compte, le roi hésita entre entrer ou bien simplement déposer le manteau et partir… Il n’eu finalement pas le choix lorsque des volutes de sable vinrent refermer la porte et se faufilèrent sous son propre manteau pour le pousser à le retirer. Pas touche ! Et puis c’était quoi toute cette magie ? Depuis quand elle était autorisée à s’approcher de lui ? En quoi quelqu’un qui vivait avec du sable vivant allait leur être utile dans la situation ? Evie avait décidément de drôles d’amis et une famille des plus étrange. Adam tapota doucement sur le sable pour l’empêcher d’aller plus loin : il savait encore se dévêtir seul. La vague s’immobilisa puis, après ce qui semblait être un hochement de tête, s’en retourna vers la pièce éclairée.

Retirant les vêtements d’hiver, le roi se frotta les paumes l’une contre l’autre pour en chasser la fraicheur et rejoignit les deux blondinets : la plus petite des deux agrippait le poignet de son vis-à-vis, comme inquiète de le voir s’éloigner.

« Sab, il faut que tu m’aides ! »

Sab prit une petite moue désolée, ne comprenant sans doute pas de quoi elle lui parlait. Ca tombait bien, Adam non plus ; il savait pour le cauchemar mais de là à en faire une affaire d’état… c’était à ne pas tout comprendre. Il lorgna sur une espèce de bestiole à poils noirs qui passa en rampant sur le sol et dont il évita soigneusement d’approcher. Si Sebastian voulait élever une taupe c’était son problème mais qu’il la garde bien avec lui, ces petites vermines avaient tendance à être la plaie des jardiniers du château à l’époque… Lui les trouvait parfois drôle mais il n’avait jamais eu l’idée d’en faire un animal de compagnie. Ce type était bizarre quand même un peu.

« J'ai.. J'ai... J'ai fais un cauchemar, mais ce n'est pas possible, je ne peux pas rêver, je n'ai jamais rêvé ! C'est complètement impossible ! »

Le marchand de sable fronça sérieusement les sourcils cette fois, ouvrant et refermant la bouche comme s’il répétait ce qu’elle venait de dire. Ah oui, c’était vrai qu’il était muet.

« Tu as vu quoi ? »
 
Adam sursauta légèrement : des lettres venaient de se former là, comme ça, entre eux ! Qu’est-ce que c’était encore que ça ? Alors le sable de tout à l’heure… C’était ce paysan qui le manipulait directement ? Aussitôt un frisson désagréable le parcouru. Un autre sorcier. Cette ville semblait en être remplie, pourquoi est-ce qu’il n’existait pas un répertoire pour tous les répertorier au poste de police ?

C’était une idée à soumettre à Adèle à l’occasion. En attendant, la figure d’Evie en train de se mordre les lèvres n’avait rien de franchement rassurant.

« C'était... Il faisait froid... Et... C'était... Il n'y avait... Rien du tout c'était entièrement... Vert ou noir, c'était sombre… » Elle s’interrompit, se figeant. « Et puis il y a eu une voix. Elle a... Dit quelque chose... Je ne sais pas quoi... Et puis elle a hurlé. »

Ses yeux se relevèrent et semblèrent enfin remarquer le roi, près de l’encadrement de la porte. Aussitôt elle détourna le regard pour porter une accusation tamisée à son frère :

« Pourquoi tu l’as laissé entrer ?! »

Adam haussa un sourcil en croisant les bras ; s’il dérangeait il fallait le lui dire directement hein… Au pire il n’en avait pas grand chose à faire de son cauchemar – même s’il avait débarqué dans sa chambre en l’entendant hurler, soit – et ce n’était pas lui qui avait demandé à rester. Il devait juste la déposer et repartir tranquillement derrière. Et ce n’était pas le regard assassin de la femme à tout faire qui allait le faire bouger plus rapidement de là. Elle était au courant qu’elle était plus pâle qu’un mort à l’heure actuelle ?

Se mordant l’index un instant, Sab reprit légèrement contenant.

« Tu me laisserais aller voir ? »
 
« Devant lui ?! »

D’accord, très bien, message reçu.

« Voudriez vous aller vous servir un peu de thé ?
J’en avais fait pour le petit déjeuner.
Dans la cuisine.
 »
 
Le marchand de sable désigna la porte juste à côté d’eux et, même si l’ego du roi venait d’être piqué dans sa fierté, il finit par obtempérer. Passant à côté de la fratrie sans un seul regard à Evie, il s’engouffra dans la nouvelle pièce et constata qu’effectivement, ils avaient interrompus Sebastian en plein repas. Une assiette trônait encore sur la table, à côté de laquelle l’espèce de taupe était installée et mangeait allègrement les pancakes posés dedans. Quand il entra, la bestiole leva la tête dans un couinement, attendit un instant puis se remis à manger comme si de rien était. D’accord… Adam avait eu son quota de choses bizarres pour la journée.

« Tu lui montres ton pouvoir ?! As-tu perdu l'esprit ?! Les humains sont dangereux, les humains sont...  » S’emporta Evangeline, interrompu par la main de son frère sur la sienne.

Sans un mot il l’attira à sa suite et l’invita à s’asseoir sur le canapé. Un sourire doux sur le visage malgré la petite ride d’inquiétude sur son front, il attendu qu’elle soit enfin assise pour lui répondre.

« Nous sommes à Storybrooke.
Ne t’en fais pas.
 »
 
« Qu’est-ce que je dois faire ? »

Demanda-t-elle, mal à l’aise et le teint toujours aussi pâle. Fatiguée. Il ne faisait aucun doute que ce cauchemar n’était pas normal et l’avait beaucoup éprouvée… Sab eu un peu de peine pour elle. Pour ça et pour ce qui allait suivre mais… Il avait besoin d’en avoir le cœur net. Une telle manifestation ne pouvait pas provenir de n’importe qui et elle renfermait sans doute plus d’indices qu’elle ne le pensait.

« Rien. Hormis que, je suis désolé, mais je vais te demander de te rappeler de ce cauchemar.  »
 
Il leva les mains comme pour lui demander l’autorisation de les poser sur ses tempes.

« Quoi qu’il arrive, n’oublie jamais que ce n’est pas la réalité.  »
 
Ajouta le marchand de sable avec un sourire encourageant. Il l’avait déjà fait auparavant, ça n’avait rien de douloureux. Ils se contenteraient d’explorer les souvenirs de ce songe comme elle accepterait de les lui présenter. De se rappeler. Peut-être qu’ils obtiendront des réponses plus vite sur la situation. Evie poussa une expiration longue, le dévisageant avec intensité. Confiance. Envie et désir de le croire. C’était un gardien, que pouvait-il bien arriver ?

« D’accord. Très bien. »

Une expiration supplémentaire et elle ferma les yeux, les poings serrés sur la cuisse. Sebastian déposa un baiser sur son front et, doucement, apposa ses paumes de chaque côté de sa tête. Il ferma les yeux à son tour et laissa le sable entrer en action…

Adam venait de saisir l’une des tasses, après avoir bataillé avec la taupe pour qu’elle daigne comprendre qu’il ne visait pas du tout son assiette, et s’apprêtait à verser du thé à l’intérieur lorsque la maison toute entière fut parcouru d’un tremblement. S’immobilisant, sur le qui-vive, il fixa l’animal qui avait l’air tout aussi surpris que lui.

« C’est toi qui a fait ça ? » 

La réponse était évidente : non. Reposant prudemment la théière, il constata que la lumière de la fenêtre se mettait à décliner rapidement et un coup de vent violent balaya les volets pour les refermer brutalement. D’accord, ça n’avait absolument rien de normal ce truc ! Est-ce qu’ils étaient en train de faire une invocation ou ce genre de choses dans l’autre pièce ? Décidant d’en avoir le cœur net – pas de sorcier maléfique à proximité de sa personne ! – il rouvrit la porte de la cuisine…

Et se retrouva nez-à-nez avec une silhouette faite de fumée noire aux reflets verts.

Toute la pièce semblait plongée dans une obscurité étouffante. Il ne parvenait même pas à deviner le canapé ou les deux jeunes gens qui étaient avec lui auparavant. Qu’est-ce que c’était que ce délire ?! Et après elle osait affirmer qu’elle était une humaine lambda ? Mais les humains normaux ne connaissaient pas ce genre de sitation ! La silhouette se tourna vivement dans sa direction et leva la main devant un semblant de visage, murmurant un « Chhhh… » peu rassurant. Quoi chut ? Il n’avait rien dit qui… Mais pas le temps de tergiverser davantage : avant qu’il ne puisse refermer la porte, une vague de fumée plongea sur lui et l’englouti dans les ténèbres.




Evangeline Leviosa
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________________________________________ 2018-03-05, 11:26

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Twinkle, twinkle, little star, how I wonder what you are...

Les sons autour d’elle furent d’abord sourd et distant, comme noyé dans un confus mélange, fait de métal et de bois, de bruit et de voix. Les hennissements stridents se mêlaient au bruit des roues de bois traçant des sillons dans la boues, les voix des hommes se hurlant après percutaient celles des femmes tentant de vendre leur marchandise. Au loin, un bruit continu de métal frappé lui brisa les tympans et avant qu’elle ne puisse intégrer d’autres sons, le corps d’Evangeline se redressa, les yeux grands ouverts. L’odeur de la paille lui emplit les narines, prenant appui sur ses paumes pour se redresser dans la charrette où elle était allongée. Le ciel au dessus d’elle lui apparut étrangement blanc, tirant sur le gris et avant qu’elle ne comprenne où elle se trouvait, une voix criarde se mit à lui hurler dessus.

-Descend d’la toi ! s’écria un vieil homme à la peau cireuse, lui attrapant les chevilles pour la tirer hors du tas de paille où elle se trouvait.

Le geste comme la voix lui enserrèrent la gorge, et Evie sentit son souffle s’accélérer. Où était-elle ? Qu’est-ce que c’était que cet endroit ? Où était Sebastian ? Pourquoi est-ce qu’elle n’était pas dans son salon ? Qu’est-ce qui se passait ? Ses coeurs en son sein se mirent à battre un rythme effréné, violent et rude, et l’odeur fétide de l’homme qui la fit littéralement tombé de sa charrette n’aida en rien à la calmer.

-Sale gueuse ! Sors d’ici avant que je ne te rosse ! vociféra-t-il, en relevant la canne qui lui servait à marcher comme pour la menacer.

-Pardonnez moi, Monsieur… Où… où suis-je? fut tout ce qu’elle parvint à articuler, ses mains se mettant à trembler sans qu’elle puisse rien faire pour l’en empêcher.

L’homme ne daigna aucunement lui répondre, se contentant de cracher à ses pieds avant de claudiquer jusqu’à l’avant de sa carriole pour reprendre sa route. Aussitôt, Evie sentit les larmes lui monter aux yeux, envahit par une profonde panique. Tout autour d’elle lui était strictement inconnu. Les maisons rustiques et penchées, les hommes et les femmes en tissus sales, marchant d’un pas lourd ou au contraire, courant partout comme si la mort était à leur trousse, les sons métalliques et ferreux, l’odeur insoutenable de boue et de moisissure, tout la prit à la gorge et elle ne put empêcher un sanglot de s’échapper de sa gorge, portant une main à sa bouche sous l’effet de la peur.

-Sebastian! s’écria-t-elle, se tournant en tout sens. Sebastian ! Je t’en prie ! Sebastian!!

Plusieurs personnes la considérèrent avec une forme distante de mépris, sans arrêté leur route pour autant, et Evie se mit à marcher sans même savoir vers où, titubant dans la rue sans cesser d’appeler le nom de son frère.

-S’il vous plait, vous connaissez Sebastian ? C’est mon frère, s’il vous.. S’il vous plait…

Les gens n’avaient pour elle pas le moindre visage, tous se détournant plus ou moins vite d’elle sans même prendre la peine de lui répondre parfois. Un seul homme lui accorda une seconde d’attention, lui volant sa ceinture sans même qu’Evie ne s’en rende compte. Sa robe de lin blanc retombait jusqu’à ses chevilles sur des chaussons de cuir tannés qu’elle ne sentait même pas, trop perdue pour s’attacher aux sensations réelles. Dévorée jusqu’aux entrailles par l’angoisse, elle ne se rendit même pas compte qu’elle avait atteint une sorte de rue principale, où de nombreuses carrioles déambulaient sans prendre garde aux passants.

-Je vous en prie ! S’il vous plait ! Il est grand, roux, il s’appelle Sebastian!

Elle aurait tout aussi bien pu ne pas parler leur langue. Personne ne daigna lui accorder le moindre regard ni la moindre attention, et bien assez rapidement, Evie finit par se laisser tomber sur des marches, le souffle court et l’esprit perdu. Ses sœurs contre son sein battaient de plus en plus fort, paniquées comme elle, lui coupa le souffle et lui donnant la nausée au point de devoir fermer les yeux un instant, tétanisée, terrifiée. Elle n’avait aucune idée d’où elle se trouvait, elle n’avait aucune idée de comment elle était arrivée ici. Elle n’avait aucune idée d’où était Sebastian. Est-ce qu’il allait bien ? Est-ce qu’elle était… Seule, ici ? Malgré elle, elle plaqua sa main contre ses lèvres, réprimant à grande peine un sanglot violent avant de brusquement sursauter, sentant une main se poser sur son épaule.

-Tout doux ma mie ! ricana l’homme, en la voyant prête à reculer. Tout doux. J’ai entendu dire que tu cherchais quelqu’un.

-Ou… Oui, acquiesça-t-elle rapidement, essuyant ses larmes de ses joues. C’est mon frère, il s’appelle Sebastian.

-Oui, Sebastian, c’est ça. C’est lui dont j’ai entendu parler.

-Vous l’avez vu? s’exclama-t-elle, lui saisissant les mains avec véhémence

Le geste eue le dont de faire rire l’homme, qui acquiesça à son tour.

-Oui. Si tu veux, je peux t’emmener jusqu’à lui.

-Je vous en prie, oui ! J’ai besoin de le voir ! Absolument!

-Bien sûr, ma mie, bien sûr. Suis moi, je vais t’emmener jusqu’à lui.

D’un bond, Evie fut sur ses pieds, s’approchant de l’homme qui se dirigea aussitôt vers l’une des ruelles proches.

-Merci, vraiment je… je vous en suis très reconnaissante.

-Mais ce n’est rien ma mie, tout homme doit aider son prochain.

-Les hommes ici ne semblent pas très… Serviable pourtant.

-C’est la guerre, ma mie, cela ne rend pas les gens plus confiants.

A ces mots, Evie fronça les sourcils. La guerre ? De quelle guerre parlait-il ? Il n’y avait aucune guerre en route là d’où elle venait. A moins qu’on ne lui en ai pas parler ? Rapidement, ils finirent par tourner une deuxième, puis une troisième fois, débouchant sur une ruelle qui sentait fort l’urine et la sueur. Malgré elle, Evie se cacha le nez, ce qui fit ricaner l’homme qui finit par venir la tirer de la main.

-Tu veux retrouver ton frère ou non ?! insista-t-il, la faisant finalement céder.

L’échoppe où il la fit entrer était… Rouge. Très rouge. Les tentures au mur semblaient dégouliner de couleur, les sofas étaient rehausser de coussins carmins, même les tapis au sol étaient tisser de fil pourpre au point qu’Evie se demanda si c’était à seul fin de cacher la crasse ou bien pour dissimuler… Autre chose. Un frisson la parcourut et l’homme acheva de la faire traverser l’entrée, venant toquer à une porte que l’on finit par lui ouvrir. L’homme la tira une fois de plus en avant, avant de la propulser vers un homme assit à une sorte de bureau massif.

-En v’la une autre.

L'homme eue une sorte de demi sourire, portant une coupe à ses lèvres avant de se relever.

-Quel charmant oisillon avons-nous là, dit-il, contournant le bureau pour s’approcher d’elle.

-Je… Suis à la recherche de mon frère, bafouilla-t-elle, sa gorge se serrant inexplicablement.

-Nous sommes tous à la recherche de quelque chose, ma chère.

-Je… cet homme m’a dit que je pourrais le trouver ic...

Sans un regard pour elle, l’homme jeta une bourse à celui qui l’avait tirer jusqu’ici, le faisant quitter la pièce aussitôt, et Evie sentit ses coeurs se mettre à battre follement. Quelque chose n’allait. Quelque chose n’était pas juste !

-Je… je suis...

Un coup de poing en plein abdomen lui coupa la parole et elle se courba en deux, le souffle coupé.

-Habituez vous ma chère, ce n’est pas le premier que vous recevrez ici, fit l’homme, attrapant la base de ses cheveux pour la faire se redresser. -Ni ceci.

Violemment, il la plaqua au mur, fondant sur sa gorge pour y apposer ses lèvres et les choses devinrent rapidement compliqué. La fenêtre opposé explosa littéralement au moment où son genoux entrait en contact avec l’entrejambe de son vis-à-vis. Le cri rauque de l’homme se mêla à celui, beaucoup plus impressionnant de Monsieur Adam, qui contourna rapidement le bureau pour saisir l’homme à la gorge et le plaquer à son tour contre le mur, à côté d’Evie qui peinait à retrouver son souffle.

-A… Adam?! parvint-elle à siffler, s’appuyant contre le bureau.

Mais que diable fichait-il ici lui aussi ?!
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________________________________________ 2018-05-22, 18:30


Hear my whisper in the Dark...

Quelque chose n’allait pas. Franchement pas. Lorsqu’il avait ouvert un œil dans un sursaut, il s’était redressé d’une couche qu’il ne se souvenait pas avoir compté dans ses appartements et… Dans une ambiance aussi familière qu’inconnue. Sautant à pieds joins hors du lit de fortune, il remarqua de nouveaux vêtements qui lui semblaient eux aussi familiers. Confortables en tout cas. Et adaptés à ses souvenirs de la mode, pas comme les nouveautés de jeans et de cuir qui venaient à se demander si on pouvait survivre à un coup d’épée dans de pareils attirails !

Les yeux curieux et méfiants, il repoussa ses cheveux en arrière et franchis la seule porte qui comblait l’un des murs de la petite chambre. Aussitôt, des gloussements résonnèrent et il n’eu aucun mal à comprendre où est-ce qu’il venait d’atterrir : un bordel. Des petits rires tamisés, des réponses frabieuses, audacieuses, et voilà qu’un duo de femmes aussi peu vêtues qu’aguicheuses surgirent sur sa droite, s’éventant vivement. Elles poussèrent des cris aigus en le voyant, portant l’une la main à son cœur et l’autre à sa bouche.

« Oh Adam ! »
« Monsieur Adam ! Vous voilà réveillé ! »


Elles minaudèrent sitôt leur première surprise passée, s’approchant immédiatement de lui pour le saisir chacune par un bras. Leurs décolletés indécents et leurs lèvres rouge vifs étaient aussi érotiques que pouvait l’être cette époque et, un instant, le roi se demanda s’il n’était pas en train de rêver. Leurs visages lui rappelaient de très anciens souvenirs et il n’était pas franchement certain de pouvoir leur donner un véritable nom. Trop loin. Si loin. Si… Un claquement résonna dans le couloir tandis qu’une femme bien plus habillée apparaissait à son tour, frappant ses paumes l’une contre l’autre d’un air sévère.

« Marie ! Bernadette ! Allez donc travailler au lieu de minauder ! Croyez-vous que votre pitance se gagnera en se prélassant de la sorte ? »

Les deux glousseuses poussèrent des gémissements plaintifs mais finirent par relâcher les bras d’Adam qui, libre de ses mouvements, vérifia par réflexe sa poche et y constata toujours la présence d’une petite bourse. Les vols étaient monnaie courante en leurs temps et il n’était pas rare de se faire avoir par de jolis visages… Attendez mais, comment pouvait-il savoir qu’il possédait de l’argent là-dedans ?!

La brune s’avança vers lui et, sans plus de manière, le gifla avec une certaine violence malgré la finesse de son corps. Puis elle saisit son visage et déposa un baiser sur ses lèvres. Un sourire plus tard et elle le relâchait, tapotant sa joue comme satisfaite de ce qu’elle venait de lui faire subir.

« Elisabeth… » Déclara-t-il, parvenant enfin à la reconnaître.

« Gagné ! C’est bien, tu ne t’es pas trompé cette fois, ta majesté cachée… » Elle eu un petit air supérieur et satisfait, mais ne se départi pas de son sourire. « … Mais il va falloir que tu m’expliques ce que tu faisais, inconscient, derrière ma porte. »

Adam ouvrit la bouche mais elle le fit taire d’un index sur sa bouche.

« Pas ici, oublies-tu que les murs ont des oreilles dans les bordels ? »

Ses yeux clairs la fixèrent avec encore plus d’incompréhension, la suivant volontairement à travers l’une des salles principales. Il se massa le crâne, ignorant royalement les ébats physiques des uns comme des autres, là sur une table, l’autre contre un mur ; c’était le propre des bordels. Par contre, il saisit le poignet d’Elisabeth alors qu’elle l’entraînait encore.

« Je… J’étais avec deux personnes. Normalement. Une jeune femme blonde et un grand… avec des taches sur le visage. » 

« Sais-tu combien de personnes correspondent à cette définition ? »

Pas faux, un point pour elle. Ils finirent par arriver dans un petit bureau sombre, une fenêtre donnant sur la rue. Elle venait de se retourner pour saisir un pichet qu’il cru apercevoir une silhouette bien connue en provenance de la rue : une jeune fille aux cheveux blonds et à l’air toujours aussi pincé, suivant un type qui avait l’air de tout sauf d’être franchement sympathique. Qu’est-ce que… Il ne réfléchit pas vraiment et, sans même prévenir Elisabeth, il disparu du bureau pour s’élancer à la recherche de celle qu’il avait très sincèrement pris pour Evangeline.

Il ne lui fallut pas longtemps pour la voir entrer dans une bâtisse semblable à celle qu’il venait de quitter. Il reconnaissait très bien le blason à l’entrée et roula des yeux, agacé, prodigieusement agacé par ce que cela signifiait. Si Evie était réellement là-dedans sans savoir où elle se rendait, il allait franchement lui mettre les points sur les i ! Entendant piétiner derrière lui il se retourna vivement et découvrit Elisabeth, essoufflée, qui porta une main sur son ventre comme pour se reprendre.

« Eh bien… A ce que je vois, tu n’as pas perdu tes habitudes ! » Souffla-t-elle. Adam lui adressa un sourire distrait. « J’ai bien fait de prévenir les autres de ton retour… Il était temps !»

Le roi la regarda sans trop comprendre de quoi elle lui parlait. Temps de quoi ? Il fronça les sourcils avant de reporter son attention vers le bordel. Avec un peu de chance, la blondinette ne serait pas immédiatement conduite aux étages, plutôt… Il se leva et, suivi par son acolyte féminin, il contourna l’ancienne bâtisse en longeant les échoppes de marché. Par réflexe il baissait la tête, évitant soigneusement de s’approcher de qui que ce soit et évitant les paysans en haillons qui cherchèrent à lui rentrer dedans dans le but probable de lui chaparder quelque chose. Toutes ces odeurs. Toutes ces paroles qu’il entendait. Toutes ces manières… C’était une ambiance qui lui parlait tellement. Sans qu’il ne sache vraiment pourquoi.

Elisabeth lui désigna une ruelle et ils s’y engagèrent. Elle se pencha légèrement vers l’une des fenêtres et désigna l’intérieur à Adam. Ce dernier reconnu sans mal, à travers le carreau crasseux, la jeune femme qui l’avait obligé à sortir du château le matin même pour rejoindre son frère ! Le petit ennui c’était qu’il n’était pas franchement satisfait de voir un homme lui flageller la figure ! Sentant la colère envahir ses sens, il chercha autour de lui avant de finalement reculer d’un pas. Elisabeth ouvrit la bouche pour dire quelque chose mais il ne lui laissa pas le temps de parler, assénant un prodigieux coup de poing dans la fenêtre qui céda sous sa force et s’ouvrit vers l’intérieur. Sans attendre, il enjambant la hauteur et pénétra dans la pièce pour venir saisir le dos de l’indigent et le plaquer brutalement contre le mur !

Sa paume sur sa gorge il le vit écarquiller des yeux de surprise, aussi grands sans doute que ceux d’Evie à sa gauche dont les joues rouges trahissaient la peur qu’elle venait d’avoir. Ou bien étaient-ce les traces de doigts qu’il discernait sur l’une de ses paumettes ?

« A… Adam ?! »

Elisabeth venait de se glisser à l’intérieur elle aussi et épousseta sa robe nonchalamment, observant la jeune fille de la tête au pied en haussant un sourcil. L’homme, qui fronçait les sourcils, fini par les écarquiller et par dessiner un large sourire sur son visage.

« Adam ! Ça faisait… Longtemps ! J’ignorais que cette jeune pupille était à toi, si je l’avais su, crois-moi que je n’aurais pas grassement payé pour qu’on me la… »

« L’as-tu frappée ? » 

« Et bien… Il se pourrait que… »

Adam resserra vivement sa prise sur lui, soudain plus furieux que précédemment, et il fallu l’intervention d’Elisabeth pour les rappeler à l’ordre l’un comme l’autre :

« Allons, allons, tout cela pour une histoire de jupons ! Tenez vous un peu messieurs, nous ne devons pas attirer l’attention ! Dois-je vous rappeler que les miliciens de Balem sont partout en ville ?! »

L’homme eu un sourire un peu cirspé en la désignant de l’index comme pour pousser Adam à l’écouter ! Ce dernier poussa un juron avant de consentir à relâcher sa groge, non sans le gratifier d’un regard aussi sombre qu’agacé. Il ne perdait rien pour attendre !

« Balem ? » Demanda-t-il, se massant le poing qui avait frappé le carreau. Heureusement que le verre coûtait bien trop cher pour ne pas en gratifier les fenêtres des rues.

Les regards des deux étrangers passèrent de lui à Evangeline, puis de nouveau à lui.

« D’accord… Je crois que nous avons beaucoup à discuter. Le sommeil t’aurait-il fait perdre la tête ? » S’amusa Elisabeth malgré son air grave. « Sais-tu au moins qui est… ? »

« Goosefat Bill. » Répondit Adam, comme d’une évidence, ce qui provoqua un éclat de rire du concerné. « Mais j’ignore qui est Balem. » 

Il se tourna vers Evangeline et tandis la main pour toucher son visage rougit. Pourvu qu’elle n’ait pas trop mal… Une gifle pouvait être particulièrement douloureuse à supporter. Son regard, radoucit, croisa le sien. Au moins l’avait-il retrouvé, c’était toujours ça. N’en manquait plus qu’un si on considérait l’addition, mais un grand rouquin n’était pas forcément la chose la plus évidente à reconnaître : une telle couleur de cheveux entraînait bien de la méfiance.

Bill donna une tape dans le dos d’Adam.

« J’ai presque cru que tu allais réellement m’étriper ! »

« J’ai hésité. » 

Il le jaugea comme pour savoir s’il plaisantait ou non et préféra faire comme si. S’inclinant face à Evangeline, il s’excusa platement à cette dernière de l’avoir prise pour une potentielle fille de joie en devenir. Elisabeth jeta plusieurs regards à la fenêtre brisée et tritura l’une de ses mèches brunes.

« Bill, il nous faut un endroit sécurisé. » Ordonna-t-elle.

Le concerné hocha la tête.

« C’est comme si c’était fait ! Dois-je m’attendre à revoir Bédivère avant le printemps ? »

« Sans doute. J’ai dépêché un garçon pour le prévenir dès qu’Adam est apparu devant chez moi. Le temps du changement est venu, l’homme né-roi est de retour. Et tu sais ce que ça veut dire. »

« Que beaucoup de sang risque de couler si ça se confirme. »

Il avait l’air particulièrement ravi de cette constatation et Adam resta indécis. Sa main serrant celle d’Evie malgré lui, il n’était pas certain de comprendre ce qui leur arrivait. Pourquoi retrouvait-il ces gens qu’il connaissait ou, du moins, qu’il avait l’impression de très bien connaître ? Pourquoi était-elle là alors que c’était impossible ? Il serra les mâchoires, il détestait être avec autant d’incertitudes. Et quelque chose lui soufflait que sa compagne de route n’avait pas plus idée que lui de ce qu’il se tramait ici… Où était Sebastian quand on avait besoin de lui ?!



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________________________________________ 2018-06-23, 14:50

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Evangeline observait la scène qui se déroulait devant ses yeux avec une distance nébuleuse. Elle qui ne comprenait déjà pas en général le monde dans lequel elle avait atterrit malgré elle, était encore plus perdue que jamais. Où était-elle ? Qui étaient ces gens ? Pourquoi avaient-ils tous l’air de connaître Monsieur Adam ? Et pourquoi lui aussi avait-il l’air de les connaître ? Et pourquoi est-ce qu’il n’avait pas frappé cet homme alors qu’elle en mourrait d’envie ?! Elle avait encore mal à l’estomac tant il avait porté fort son coup, et elle devait bien avouer que lorsqu’il posa un regard suspicieux sur elle, quand Monsieur Adam lui prit la main, elle lui jeta un regard assassin et plein de colère, serrant les doigts de Monsieur Adam avec les maigres forces qui l’habitait. Il ne du pas sentir grand-chose, cela dit…

Et puis d’abord, pourquoi est-ce qu’il lui prenait la main ? Il n’avait jamais eue ce genre de geste envers elle, jamais ! A dire vrai, la seule fois où il l’avait réellement touché, tout… Avait très légèrement dérapé. Les autres fois, il l’avait surtout porté jusqu’à son lit, à cause de ses fichus évanouissements, qui s’étaient quand même raréfié avec le temps. Alors ce genre de geste, simple et doux… N’étaient pas franchement l’habitude. Mais elle ne relâcha pas vraiment sa main, s’arrangeant juste pour ne pas croiser son regard quand il la tira en avant, à la suite de Bill, qui poussa la porte de son bureau, Adam et Evie juste derrière lui. Puis la jeune femme brune.

Malgré elle, Evie voulu l’observer à la dérobé, essayer de comprendre un peu qui elle était. Elle n’eut pas franchement le temps cela dit, ses yeux se relevant très très haut ou très très bas quand ils durent passer par la salle principale du bordel, où s’affairaient plusieurs jeunes femmes et jeunes hommes, dans le plus simple appareil et la plus bruyante des ambiances. Evie sentit aussitôt ses joues la brûler, assez mal à l’aise de ce genre de chose. Elle avait beau parfaitement savoir ce que les humains faisaient pour se reproduire, cela ne voulait en aucun cas dire qu’elle voulait en avoir la preuve en direct ! Fixant ses pieds, elle cru entendre la jeune femme derrière elle pousser un petit soupir mesquin, vaguement hautain, et elle lui jeta à elle aussi un regard belliqueux, à deux doigts de lui demander des comptes. Heureusement la main d’Adam dans la sienne la tirait en avant et elle suivit docilement le mouvement jusqu’à une autre pièce, sentant fort le vin, et une autre encore, sentant l’humidité cette fois. A demi cachée par la haute taille de Monsieur Adam, qui touchait presque le plafond de cette nouvelle pièce, et remplissait au moins la moitié de l’espace entre les deux murs opposé, elle aperçut vaguement Bill bouger une immense caisse, enlever quelques lattes de bois, et révélé un passage, sombre, dans le mur.

Aussitôt Evie se crispa. Elle détestait les espaces restreints. Elle était une étoile, un astre lunaire, son élément naturel demeurait les cieux ! Hors de question qu’elle rampe dans ce… Trou béant et humide. Adam du sentir sa réticence, tout comme Elizabeth, qui poussa un autre soupir, avant de jeter un regard derrière elle.

-Il faut se presser ! Les hommes de Balem sont peut-être déjà sur nos traces...

-Je ne rentreras pas là-dedans, marmonna Evie entre ses dents, les yeux rivés sur le trou, malgré les gestes pressants de Bill.

-Allons dépêchez vous !

-Elle n’ai pas à l’aise dans les petits espaces, précisa Adam, ce qui fit froncer les sourcils d’Evie.

Elle ne lui en avait jamais parlé et d’ailleurs, qui lui avait donné le droit de le leur dire à eux ?!

-Adam, insista-t-elle, il faut qu’on sorte d’ici et vite !

Malgré elle, Evie la fusilla du regard, avant de relever le menton. D’un geste, vif, elle arracha sa main de celle de Monsieur Adam, se dirigeant vers le trou avant d’y plonger tête baissé. Elle cru entendre un sifflement appréciateur, probablement Bill, qui manqua à nouveau de peu une gifle magistrale, mais Evie n’eut pas vraiment le temps de le regretter. Tout autour d’elle, elle pouvait sentir la présence humide de la pierre et l’odeur horrible de l’humidité et du bois pourri. Un mélange qui renforçait sa nausée, mais Evie serra le poing, déterminée à prouvée à cette idiote aux cheveux sombres qu’elle n’était pas qu’une enfant à qui on promet une sucrerie pour qu’elle avance. Même si elle avait les larmes aux yeux et les mains qui tremblaient. De combien de terre étaient-ils tous recouvert ? Et si tout s’effondrait ? Si les murs se rapprochaient soudain et les écrasaient tous ? Elle eue un sursaut soudain, sentant une main se poser sur sa hanche, et elle du se mordre les lèvres pour ne pas hurler dans cette nuit absurde. Elle cru d’abord que c’était à nouveau cet imbécile de Bill, mais la main était beaucoup trop large pour qu’elle soit la sienne.

Etrangement, le fait de savoir Monsieur Adam si près d’elle, au point de pouvoir la toucher, la rassura. Enormement. Quoi qu’il arrive, Monsieur Adam pourrait toujours intervenir. Relevant le menton, elle inspira profondément, tout en continuant à avancer, sans jamais voir de lumière se dégager d’où que ce soit.

-Il va falloir tourner ma chère, l’informa Bill après ce qui lui sembla une éternité, et en tendant les mains devant elle, Evie sentit effectivement la pierre humide s’incurver et une lueur finit par se dégager de l’obscurité.

Si elle avait pu, Evie se serrait précipité vers elle, en courant aussi vite que possible. Mais ses jambes tremblaient beaucoup trop pour cela et après un instant infini, elle du enfin plisser les yeux dans la lueur de l’après-midi. Le tunnel s’ouvrait sur une sorte de prairie, à la lisière d’une forêt plutôt sombre. Un lac se dessinait à leur gauche, et Evie s’y précipita pour se laver les mains, pleine de boue et de mousse, finissant par passer une main dans sa nuque, poussant un soupir de soulagement. Derrière elle, elle entendait les trois autres parler, probablement de leur futur destination, mais Evie ne les écoutait pas, tâchant de ralentir les coeurs qui tambourinaient en elle. Une main sur sa poitrine, l’autre dans l’eau, elle fronça légèrement les sourcils quand elle vit la surface de l’eau se troubler d’un léger aura…. Vert.

-Evangeline ?

D’un bond, Evie se redressa, reculant d’un pas. La présence soudaine de Monsieur Adam dans son dos l’avait prise au dépourvu, et son coeur battait la chamade.

-Evie, corrigea-t-elle, par réflexe, s’étonnant de son essouflement soudain.

Elle avait l’impression d’avoir soudain couru sans même s’en rendre compte.

-Tout va bien ? sembla s’intéresser Bill, terminant de sangler… Un cheval ?

Brusquement, Evie réalisa que de nouveaux visages l’entourait. Une poignée d’homme, trois chevaux, et un enfant. Quand étaient-ils arrivés ? Elle ne les avait absolument pas entendu s’approcher. Battant des cils, elle les observa tous un à un, comme si elle venait de s’éveiller d’un songe. D’un étrange songe.

-Il faut qu’on y aille, insista la brune, sur un ton qui sous-entendait qu’elle l’avait déjà souligné plusieurs fois.

Une angoisse sourde se logea dans son ventre et Evie tourna les yeux vers Monsieur Adam, désespérée. Qu’est-ce qui leur arrivait enfin ? Le souffle court, elle vit à son regard que quelque chose l’inquiétait aussi.

-… Où va-t-on maintenant? chuchota-t-elle, observant les chevaux avant de revenir à lui. Qui sont tous ces gens ? Où est-ce qu’on est?

Elle savait que ce n’était pas le bon moment pour toutes ces questions, mais elle devait les poser. Absolument. Sous risque d’exploser. Ou de luire de toutes parts.

-Adam !

Il eue un sorte de hochement de tête, plus pour lui même, avant de se retourner vers la brune, qui avait déjà enfourché son cheval. Visiblement, on attendait plus qu’eux…

-Promettez-moi de m’expliquer, souffla-t-elle, avant de hocher la tête elle aussi, revenant vers les autres.

Dès qu’elle passa près de Bill, celui-ci lui tendit un… Sac de jute. Et Adam le lui arracha presque des mains.

-Pardonne moi Adam, mais tu connais les règles. Si elle vient, elle ne doit pas voir où nous allons.
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________________________________________ 2018-07-23, 22:32


You're no longer a myth.
You're starting to mean something.

Il n’aimait pas la tournure que prenaient les évènements. Il ne les comprenait pas tous, comment pouvaient-ils passer d’une ville à une prairie en bordure de lac ? Comment pouvaient-ils tous se retrouver là alors que, quelques instants auparavant ils étaient… Adam détestait la magie et, par-dessus tout, il détestait ne pas comprendre ce qui lui arrivait. Les visages étaient familiers, les noms revenaient à sa bouche au moment où il les prononçait et des morceaux de souvenirs s’emboitaient les uns dans les autres. Mais ça n’avait rien de logique. Ça n’avait rien d’évident. Il y avait quelque chose qui ne tournait pas rond ici. Ils étaient à Storybrooke désormais, alors, pourquoi revenir dans un univers qui était le sien ? Et comment ?

Il déglutit devant l’affirmation de Bill et s’agaça de voir que les autres validaient sa condition. Elisabeth se drapa dans un manteau bleuté avant d’en tendre un, plus sobre, à Evangeline. Il ne faisait pas spécialement froid mais dès lors où il songea que le paysage semblait hivernal, le roi fut parcouru d’un frisson glacé qui le fit trembler de la tête aux pieds. Se mordant la lèvre, il se tourna vers la jeune femme blonde et ouvrit le sac en toile. Il était particulièrement révulsé à cette idée mais, après un hochement de tête, il fini par le lui passer autour du cou et fit disparaître son si joli visage. Joli ?

Il l’aida à grimper à cheval et, alors qu’il s’apprêtait à se détourner, sa main resta coincée dans la sienne dans un étau qui trahissait son inquiétude. Peut-être qu’elle n’avait jamais chevauchée jusqu’alors ? Peut-être que… Il poussa un soupir intérieur et, empoignant le pommeau de la selle, se hissa derrière elle et se cala dans son dos. Ses jambes retrouvèrent d’instinct la bonne position et il sentit l’animal incurver le dos sous le poids supplémentaire. Sa queue fouetta l’air et ses oreilles se mouvèrent d’avant en arrière plusieurs fois. D’une pression des rênes, Adam le rassura légèrement. Ses bras passés autour de la jeune femme, il attendit que chacun ait mis pied à l’étrier puis, sans attendre, leur petite caravane se mis en marche.

Le chemin fut long, indéniablement. Adam ne se rappelait pas l’avoir déjà effectué en entier et, pourtant, lorsqu’il ruisseau surgissait ou que des bois les frôlait il avait l’impression de tout reconnaître. C’était comme si le monde se morcelait au fil de leur avancée et qu’il complétait les espaces par des choses familières. Il distingua un bosquet qu’il affectionnait adolescent, mais ce dernier se trouvait à des miles à la ronde si on y réfléchissait bien... Il reconnu la falaise qu’il contournèrent, observa longuement les monts enneigés au loin et se laissa envahir par les vents frais qui soulevaient les pans du manteau qu’il avait lui aussi enfilé. Parfois, leurs compagnons de route se lançaient quelques piques mais il n’y répondait pas vraiment.

Concentré sur la respiration d’Evie juste contre lui, son dos appuyé sur son torse et ses cuisses jouxtant les siennes. Elle avait mis plusieurs minutes à se détendre un peu et une heure de plus pour accepter de se laisser aller. Il se doutait qu’elle était inquiète de sa condition mais le roi ne pouvait rien y redire. Il ne pouvait que tenter de la rassurer à sa manière, ses bras détendus autour d’elle et la promesse silencieuse d’une protection si quoi que ce soit leur arrivait. Mais il ne laisserait rien arriver.

Les oiseaux piaillaient à leur passage, quoique certains se taisaient respectueusement quand la silhouette d’Elisabeth franchissait le guet et les observait d’un air songeur. Ils firent une seule halte et mangèrent de la viande chauffée sur un feu précaire. Evie eu l’autorisation de retirer le sac mais, très vite, la route recommença et les membres ankylosés d’Adam ne changèrent absolument rien à cette décision. Il fallait s’enfoncer davantage dans les bois. Il fallait franchir les maquis silencieux et se soustraire à la vue de toute civilisation. Il fallait s’enfouir aux frontières de la peur pour espérer trouver un peu de cette paix promise…

Encore fallait-il y parvenir.

Lorsque les rochers furent contournés et le soleil déclinant, Adam repéra un mouvement sur le haut d’un talus. Se raidissant, échangeant un regard avec Bill qui se trouvait à sa hauteur, ce dernier hocha la tête et aussitôt, un pan de lianes s’écarta à quelques mètres d’eux : un tunnel creusé dans la roche se révéla et ils y pénétrèrent à dos de cheval, faisant résonner les sabots contre la pierre. L’odeur de l’humidité envahit ses narines et ses paupières mirent quelques secondes à s’habituer à la soudaine obscurité. Ils évoluèrent jusqu’à retrouver un peu de lumière et purent enfin mettre pied à terre. Evangeline aussi, puisqu’il l’aida à le faire malgré ses réticences, et lui retira délicatement le sac.

Autour d’eux régnait une agitation nerveuse : des hommes et des femmes, même quelques enfants, vaquaient à leurs occupations en leur lançant parfois des regards intrigués. Inquiets. Remplis d’espoir. Ou de peur aussi… Adam les balaya sans vraiment y faire attention, repérant des armes soigneusement rangées comme des malles de bois vieillis ou d’autres coffres répartis ça et là. Des passerelles de bois et des cabanes longeaient les hauteurs, permettant de se déplacer aisément et avec agilité tout en ayant une vue imprenable sur le sol.

L’endroit était sommaire, taillé à même la roche, pourtant il semblerait que ce soit leur point de décente.

« Ca va aller ? »

Demanda-t-il à Evie, en cherchant son regard en penchant la tête vers elle. Qu’espérait-il ? Son approbation ? Il l’ignorait.

Tandis qu’il retirait son manteau, Bill les guida vers une autre salle où les gens semblaient s’être rassemblés, les épiant dans un silence attentif et retenu. Eux qui n’aimaient pas forcément être le centre de toute l’attention étaient servis ! Adam cru reconnaître des visages mais n’en fut pas certain, aussi se contenta-t-il de rester sérieux avec cette habituelle petite ride entre les sourcils. Une tension régnait au sein de la caverne, un vrombissement sourd qui se répercutait sur les murs et pouvait s’entendre jusqu’au fond de son crâne. Quelque chose se tramait. Quelque chose arrivait.

Et, visiblement, ils les attendaient pour cela.

Ils pénétrèrent dans une des cabanes au rez-de-chaussée, où une table couverte d’ustensils offrait à leurs yeux quelques victuailles. Des œufs s’y trouvaient, sans doute fraichement défais de leur coquille puisque ces dernières gisaient sur le bois grossier ; des pichets à l’odeur de vin nauséabond, des verres sculptés et d’autres bougies pour éclairer se partageaient l’espace.

Et au bout de la table, un homme à la peau d’ébène qui releva les yeux à leur arrivée.

« Alors… C’est toi qui a trainé Goosefat Bill hors de son bordel et l’a ramené jusqu’ici ? »

Son ton était accusateur, ce qui ne plu pas vraiment au roi. Il croisa les bras sur son torse, le défiant sans honte et sans une seule once de crainte. On ne l’attaquait pas sans qu’il ne réponde.

« Contrairement à toi, il avait mal choisi sa planque. »

« Il était troisième sur l’avis de recherche de la Milice. Depuis longtemps. »

Sous-entendait-il qu’il était si bien caché que personne n’était parvenu à le débusquer ? Soit la Milice n’était plus ce qu’elle se devait d’être, soit…

« Comme je le disais, mauvaise planque. »

Le noir se leva de sa chaise pour venir se porter à sa hauteur, le défiant à son tour d’une autorité qui respirait par tous les ports de sa peau. Mais le roi n’était pas dupe et, encore moins impressionné par cet étalage. Si c’était une question d’ego, il était rudement bien placé et cela… Son adversaire le savait.

Il y eu un silence tendu puis, soudain, tous deux lâchèrent un soupir amusé et leurs épaules furent parcourues de soubresauts. Des rires fusèrent. Des sourires apparurent. Et ils s’étreignirent fraternellement dans une poigne ferme.

« Adam ! »

« Bedivere… »

Le concerné lui tapota la joue comme s’il cherchait à imprimer chaque traits de son visage, surpris de le revoir mais aussi profondément rassuré… Ou presque. Une appréhension se lisait au fond des yeux. Bill apparu derrière eux, rapidement suivi d’Elisabeth qui époussetait sa robe d’un air nonchalant. Le regard que lui porta Bedivere était sans équivoque mais elle l’ignora, le laissant étreindre ensuite Bill tandis qu’il se contentait d’aposer son front sur sa main avec respect.

« Et quelle jouvencelle est-ce là ? »

Ses yeux venaient de se porter sur Evangeline. Aussitôt, un muscle sous la mâchoire d’Adam se serra ; il n’avait rien à craindre de Bedivere mais…

« Voici Evie, ma… »

Femme à tout faire. Mais en cet instant, il eu un moment d’hésitation, qui profita à Elisabeth.

« Sa péronnelle en détresse. Et si nous passions directement aux choses sérieuses, qu’en dites-vous ? Nous n’avons pas beaucoup de temps et chacun d’entre nous sait à quelle vitesse peuvent se répandre les rumeurs. »

Elle avait l’air nerveuse. Bedivere serra poliment la main de la blondinette et apposa un baiser furtif sur le dos de cette dernière, respectueux. Il se releva avec un petit sourire en coin et ses yeux passant des uns aux autres. Il s’arrêta sur Adam.

« Elle n’a pas tort, nous t’attendons depuis trop longtemps. »

« Et il vaudrait mieux nous préparer dès à présent, la suite promet de ne pas nous enchanter mais il va de soit que nous n’avons pas le choix.. »

Devant le froncement de sourcil du blond, Bedivere reprit la parole, une main sur son bras.

« Ton épée, Adam. L’homme-né-roi se doit d’avoir son épée. »

Il marqua une pause.

« Excalibur et son rocher sont aux mains de Balem. Et nous allons la récupérer. »



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• Tututut et c'est parti pour une nouvelle journée !
• Ouiii Emy ! Chantons ensemble !
• ... Il n'est que 7h et vous m'épuisez déja les filles ...



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| Dans le monde des contes, je suis : : Marraine la BonneFée

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________________________________________ 2018-08-03, 19:04

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Twinkle, twinkle, little star, how I wonder what you are...

Evie avait été d’une patience exemplaire. Elle avait accepté de se faire recouvrir la tête d’un sac de jute à l’odeur rance, elle avait accepté de monter à cheval alors qu’elle ne savait absolument pas chevaucher, elle avait accepté qu’un inconnu –qu’elle avait certes assez rapidement reconnu- monte avec elle et la touche de vraiment très –trop- près, elle avait même accepté de ne pas se plaindre pendant toute la durée –et ça avait vraiment été très long !- du voyage mais là, elle avait clairement dépassé ses limites.

- Mais de quoi est-ce que vous parlez ?!

Sa voix lui échappa complètement, se mettant à crier sans même s’en rendre compte, sous le regard à la fois surpris et franchement  circonspect des hommes présents –sans parler du regard blasé de la jeune femme qui acheva de la mettre hors d’elle.

-Je ne vous permets absolument pas de me traiter de… ‘Péronnelle’ ! Qui êtes-vous pour me traiter de la sorte, vous ignorez absolument tout de moi et vous vous permettez de tels jugements !  Espèce de… Paillarde !

Elle avait voulu dire ‘pimbêche’ mais le mot s’était modifié de lui-même dans sa bouche, ce qui l’énerva d’autant plus. L’insulte eue, en revanche, l’effet escompté, puisque la jeune brune haussa un sourcil visiblement surpris et… Amusé. Elle entendit une sorte de gloussement, se tournant immédiatement vers le coupable, qui n’était autre que cet imbécile de Bill qui s’était permis de…

- Et vous, avisez-vous une seule fois de me toucher à nouveau, et je vous ferais regretter d’être né !

-Mademoiselle Evie, je ne…

-Taisez-vous ! Ne m’adressez plus jamais la parole ! Je ne veux plus jamais que vous vous approchiez de moi, si vous tenez à vos bourses !

De nouveau, les mots se modifièrent, passant d’un langage, certes fleuri mais moderne, à quelque chose de plus… Médiévale.

-Qui êtes-vous, tous ?! Où est-ce que nous sommes ?! De quel droit est-ce que vous me traitez comme une moins que rien ?! Qui sont ces gens ?! finit-elle par s’exclamer, se tournant vers Adam qui… Souriait.

S’en fut clairement trop pour Evie, qui poussa un petit cri grognon, avant de se retourner pour sortir de la pièce, d’un pas furibond. Non mais pour qui ils se prenaient, tous, pour la traiter comme une bête de foire ?! C’était eux les fous et les rustres, pas elle ! Elle avait fait des efforts, essayer d’être poli et courtoise mais là, c’était juste…  Et puis ce sourire en coin là, ce petit air fier ! Pour qui il se prenait ? A tous les coups, il devait de nouveau avoir des pensées… D’un seul mouvement, Evie se figea, au milieu de la clairière. Quelque chose se noua dans son ventre, comme une pierre glacée tombant lentement et l’entrainant avec elle. Son souffle s’alourdit et elle ferma les yeux, tentant de développer son pouvoir hors d’elle, mais rien n’y fit. Elle n’entendait pas la moindre chose. Pas le moindre désir. Pas le moindre souhait. Rien. Absolument rien. Rien de plus que le battement de son cœur…

Par réflexe, elle posa sa main sur sa poitrine, terrifiée. Elle ferma à nouveau les yeux pour se concentrer, mais elle ne parvenait pas à les entendre. Les cœurs de ses sœurs… Elle n’entendait que le sien, qui battait la chamade, une course folle et effrayée, et elle sentit un vertige l’obliger à s’asseoir sur le premier roc recouvert de mousse. Quelque chose n’allait pas. Quelque chose n’allait pas du tout ! Elle pouvait pourtant les sentir en elle, mais comme…  Endormi. Silencieux. Des étoiles éteintes. Une angoisse terrible lui bloqua la gorge, et elle se sentit presque prête à fondre en larmes, tant elle avait peur. Qu’est-ce qui était en train d’arriver ? Où était-elle ? Pourquoi Adam avait-il l’air de connaître tous ces hommes ? Pourquoi ne pouvait-elle plus entendre les désirs des humains ? Pourquoi ses sœurs ne battaient-elles plus avec elle ? Qui lui avait retiré ses pouvoirs ? Et où était Sab ?!

Son cœur se serra plus encore en songeant à son frère, relevant les yeux avant de plaquer une main sur sa bouche dans un sanglot. Où était-il ? Que s’était-il passé ? Pourquoi n’était-il pas avec elle ici ? Où avait-il disparu ? Etait-il seul ? Perdu ? il fallait qu’elle le retrouve ! Il fallait qu’elle le cherche ! Pourquoi avait-elle quitté la ville ?! Pourquoi les avaient-elles suivis ?! Sab devait être dans la ville, il y était forcément ! Adam et elle s’y étaient retrouvé, alors il devait y être ! C’était obligatoire ! C’était sûr…

-Si j’étais vous, je n’y irais pas.

Sans s’en rendre compte, elle s’était relevé, et titubait déjà vers la forêt. L’homme qui venait de lui parler taillait un rondin de bois, d’un geste mécanique, crachant de temps à autre à côté de lui, et se curant les dents.

-Je vous demande pardon ?

-La forêt. Si j’étais vous, j’y irais pas. Déjà parce que dans quelques heures, il va faire nuit, et je voudrais pas être dans le noir tout seul au milieu des loups et des renards, et puis en plus, Elizabeth a posé des pièges tout autour d’ici. Personne ne peut nous trouver. Mais personne ne peut en partir non plus. Goeffrey Chaucer, précisa-t-il, s’étant relevé et approché, ma Dame, troubadour et chevalier, pour vous servir.

Il eue une sorte de courbette exagérée, s’inclina profondément devant elle.

-Evie, bredouilla-t-elle maladroitement. Qu’est-ce que vous faîtes ici ?

-Moi, oh, je suis missionné pour surveiller les environs. C’est d’un ennui mortel, si vous voulez tout savoir. Comme je vous l’ai dit, Elizabeth a piégé tous le bois. Cela dit c’était toujours pratique de savoir quand nous sommes attaqués. Et quand un pauvre soulard s’est perdu en allant se soulager.

Elle pinça les lèvres, se tournant à nouveau vers la forêt.

-Vous devez partir, c’est ça ? Vous n’êtes pas avec Adam, c’est cela ? Il vous a embarqué là-dedans alors que vous veniez juste de sortir de votre chambre ?

-Je ne suis pas une prostituée ! s’énerva-t-elle, le fusillant du regard.

-Loin de moi cette idée, vous avez les attitudes d’une vraie dame ! s’empressa-t-il de dire, un peu trop rapidement d’ailleurs. C’est juste que peu de monde résiste aux charmes dévastateurs de ce cher Adam, même la bonne bourgeoisie !

Elle fronça les sourcils, le dévisageant sans comprendre où il voulait en venir.

-Vous ne pouvez pas partir, hélas, ma Dame, et je ne puis rien faire pour vous y aidez. Peut-être… Devriez-vous en discuter avec Bédivère ou Adam ? Ou même Elizabeth, elle pourrait vous permettre de…

-Je ne veux plus que le moindre d’entre eux ne s’approche de moi.

-Et je vous comprends, mais voyez, en ce cas, je ne peux malheureusement rien faire. Je suis confus.

-A table ! l’interrompit  presque une voix, derrière eux.

-Oh sublime ! Je mourrais de faim ! Venez, insista-t-il quand il vit qu’elle ne le suivait pas. Vous ne pouvez pas partir, et je paris que vous n’avez pas mangé depuis un sacré moment, à en juger par vos hanches.

-Qu’est-ce qu’elles ont mes hanches ? demanda-t-elle, après les avoir observer un instant.

-Elles sont menus et minces. Comment voulez-vous survivre et mettre au monde un enfant avec des hanches aussi minces ?!

Il eue un petit claquement de langue, finissant par l’attraper par le bras pour la guider vers un grand feu, où rôtissait… Quelque chose. Evie n’avait pas la moindre idée de ce que ça pouvait être et pour être honnête, elle n’avait pas très faim, jusqu’à ce qu’on lui tende une tranche de pain brun et un peu de beurre salé. Elle picora d’abord, avant d’en engloutir toute une tranche puis une deuxième, et de s’attirer l’attention de petits garçons qui, à leur dire, n’avaient jamais vu de ‘fille aux cheveux de blé’. Elle trouva l’expression adéquate et mignonne, et se laissa manipuler les cheveux avec un sourire, apportant sans s’en rendre compte un peu de joie dans ce camp jusqu’alors maussade. Les visages autour d’elle étaient  souriants, mais fatigués, malades pour certains. Les vêtements rapiécés attestant de la rudesse de la vie ici. Les joues brunis et les mains noueuses étaient les preuves de la dureté du monde dans lequel ils se trouvent. Et pour une fois, sans le savoir, Evie fut soulagée de ne pas entendre le moindre de leur désir. Le moindre de leur souhait.

Il faut du temps à Adam pour les rejoindre, et si Evie n’avait pas faim, lui en revanche dévore allégrement la viande qu’on lui propose, se laissant tomber lourdement en face d’elle. Si elle détourna les yeux pour lui signifier qu’elle lui en voulait toujours, elle fut beaucoup plus rude avec Bill, qui, au moment de s’asseoir près d’elle, octroya un ‘non’ qui l’obligea à partir s’asseoir plus loin, sous les rires des différentes femmes présentes… Et d’Adam aussi. Ce qu’il pouvait l’énerver quand il souriait comme ça ! Pas un sourire de moquerie, quelque chose de beaucoup plus… Chaud. Doux. Cela la mettait toujours un peu mal à l’aise, son ventre se tordant d’une sensation qu’elle ne connaissait pas. Elle avait bien essayé de l’expliquer à Mademoiselle Adele, mais elle s’était contenter de lui donner des médicaments roses sans goût…
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________________________________________ 2018-08-21, 12:06


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« Vous êtes sûre que vous n’avez pas froid, habillée de la sorte ? »

Adam posait la question car la nuit était tombée radicalement vite et que la fraicheur de l’environnement s’était alors rappelé à eux. On lui avait passé un épais manteau de fourrure qu’il avait accepté sans reddition, mais il semblerait qu’Evangeline se maintienne dans sa robe bleutée sans nécessité d’épaisseur supplémentaire… Assez insensé, en somme. Elle n’avait pas touché à la nourriture qu’on leur avait proposé quand lui avait allègrement mordu dans ces morceaux de viande rôtie. Il ne savait pas quand serait leur prochain repas aussi préférait-il s’octroyer une réserve au cas où ; bien qu’il troqua son bol de ragoût à une femme voûtée qui semblait en avoir bien plus besoin que lui. Celle-ci l’avait chaleureusement remerciée de son sourire édentée avant d’apposer ses paumes autour du bol de bois et de se laisser réchauffer par ce dernier.

Ces gens avaient l’air fatigués. Ils caressaient une forme d’espoir qu’Adam ne parvenait pas encore à comprendre. Il y avait des choses si familières ici, des choses si évidentes mais d’autres semblaient complètement inaccessibles à ses pensées. Il savait et ne savait pas à la fois où il se trouvait. Il comprenait les visages mais pas les intentions. Il suivait le fil en ayant l’impression de remonter dans le passé. Un passé oublié. Un passé qu’il n’avait pas pu vivre parce qu’on le lui avait arraché de la pire des manières… Mais tout semblait d’une évidence propre et presque fantasmagorique alors il préférait ne pas interférer. Pas encore.

Pour l’heure, la question était de savoir si sa compagne de route boudait de nouveau ou non.

« Non. » Répondit-elle à sa question, d’un ton sec.

Elle lui en voulait, c’était certain. Qu’avait-il donc encore fait pour la mettre dans cet état ?

« Vous mentez mal. »

Pour toute réponse elle eut un reniflement dédaigneux, ses mains autour de ses bras en tentant de dissimuler ses grelottements. La température avait radicalement baissé en à peine deux heures et le feu ne suffisait pas à réchauffer tout ce monde. Surtout quand on s’en trouvait loin, comme elle. Il poussa un soupir et se leva, sous le petit air mutin de Bill qu’il décida d’ignorer ; Evangeline était ici avec lui et ne semblait rien connaître de cet endroit, il ne la laisserait pas se mettre en danger sous prétexte d’orgueil – ou toute autre raison.

« Ne soyez pas trop fière, votre santé est importante. »

« Je ne suis pas fière ! »

Et lui était le père noël. Il la toisa des pieds à la tête une fois à sa hauteur, haussant un sourcil évocateur aux mouvements de ses mains pour tenter de se réchauffer.

« C’est cela. Et vous n’avez pas froid non plus. »

« Non ! » Evie grelottait dan ss véhémence. « EJe ne demanderai pas d’aide à ces hommes. »

Ah, le voilà, le nœud du problème : ceux qui les accompagnaient. Ou plutôt, ceux qui avaient pris les rênes des opérations. Si le prince pouvait comprendre la colère qu’elle pouvait maintenir à l’égard de Bill et ses manières – lui aussi lui aurait bien frappé la figure pour avoir posé les mains sur elle – il n’avait, en revanche, aucune idée de ses griefs contre Bedivère ou contre Elisabeth. Cette dernière avait son caractère et ses manières, celles d’une femme dirigeant une maison de louves et devant gagner sa hargne face à des hommes plus vicieux encore, mais cela n’excusait rien. Pas qu’il le sache. Si lui pouvait le comprendre, ayant vécu dans ce monde et cette époque, il ne pouvait pas lui demander de faire de même.

Adam défit l’une des fourrures épaisses qui couvrait ses épaules et la retira, afin de la déposer sur celles de la jeune blonde.

« Mais moi, je vous en offre. »

Sous le poids soudain elle se mit à tituber et rattrapa de justesse les bords du manteau. S’il cru qu’elle allait le retirer pour le lui rendre, elle n’en fit finalement rien. Mais son menton se releva.

« … Merci. »

« De rien. »

Il leva les mains pour nouer les lanières correctement afin qu’il reste en place autour d’elle. Lui-même sentait déjà un peu plus de fraîcheur mais il supporterait cela. Il n’avait pas besoin de deux épaisseurs quand d’autres n’en possédaient pas.

« Lutter pour votre survie n’est pas votre fort, n’est-ce pas ? »

« Je n’ai jamais eu à le faire. » Elle haussa les épaules mais détourna le regard.

« Tant mieux alors. »

Il y eut un silence avant qu’elle n’ose rouvrir la bouche.

« Mais vous, si. »

Ses yeux croisèrent finalement les siens pour l’observer, soudain bien plus proches que ce qu’ils croyaient jusqu’alors. Pourquoi est-ce que cela prenait autant de temps que de nouer un manteau, déjà ? Il s’emmêla les pinceaux et dû recommencer, une ride se dessinant entre ses sourcils. Evie était en train de toucher un point sensible malgré elle, et c’était lui-même qui l’avait mit sur la piste. Quel imbécile.

« Je ne me souviens pas. »

Adam l’avoua malgré lui, concentré de nouveau sur son manteau. Il ne remarqua pas l’étrange douceur qui voilà soudain les yeux clairs de la jeune femme qui l’observait avec attention. Il ne se souvenait pas d’une partie de sa vie. Il y avait des souvenirs qui lui avaient été arrachés, et pourtant cet endroit lui semblait si familier, si évident… C’était à n’y rien comprendre.

« Vous n’en avez pas de souvenirs ? »

« Non. » A son tour de refuser d’affronter son regard. « Il y a beaucoup de choses dont je ne me souviens pas. Ici, ça à l’air évident mais… J’ai l’impression que ce n’est pas exactement la réalité. »

Cela paraissait fou mais… Comment ces personnes pourraient-elles se trouver ici, au même endroit et pour la même cause, alors qu’il ignorait même qu’elles pouvaient toutes se connaître ? Comment pouvaient-ils aborder le sujet d’excalibur alors qu’elle avait disparue avec feu son père, Uther Pendragon ? Comment pouvaient-ils seulement s’en souvenir quand lui n’avait eu conscience de cette existence que deux années auparavant ? … Beaucoup trop de questions et bien peu de réponses.

Mais une évidence : il faisait nuit et il ne se transformait pas en monstre.

« … Vous n’êtes pas le seul. Ce monde… Est étrange. » Lorsqu’il eut terminé, Evie serra le manteau autour d’elle. « Mais… Ils est comme… Formé pour vous. Ce… Ce n’est pas votre passé ? »

« Pas exactement. » Il avait lancé un regard circulaire autour d’eux avant de répondre. «  Il y a des gens et des choses que je reconnais mais... Ca ne ressemble pas à mes souvenirs. Pour ceux que j'ai. »

« Ces gens… Qui sont-ils pour vous ? Qui ont-ils été ? »

Si seulement il avait une réponse claire à cette questions… ! Adam passa une main dans ses cheveux pour les coiffer en arrière, signe d’une nervosité évidente de sa part.

« Certains... Ont été des chevaliers. Des hommes loyaux envers... Mon père. Pour d'autres, je ne les connais pas. Enfin, j'ai l'impression de les avoir déjà vus mais...  »

Son père. Il se rendit compte qu’il n’avait jamais abordé le sujet de sa famille avec la jeune femme jusqu’à présent. Comment aurait-il put, à vrai dire ? Ils parlaient peu tous les deux, et pas de sujets si personnels généralement. Comme une entente cordiale, une manière de se découvrir petit à petit similaires à deux bêtes sauvages en train de se flairer. L’un pouvait attaquer l’autre à tout instant, le blesser et l’éconduire, alors ils marchaient sur des œufs et faisaient des manières.

Même s’il avait eu l’impression de s’être beaucoup rapproché de la jeune femme ces dernières temps… Etait-ce une simple illusion ?

« EC’est étrange. Je pensais… Que nous étions dans l’un de vos souvenirs, même si ça n’a aucun sens… » Evie se mordilla la lèvre, songeuse. « Pourquoi Sab nous aurait envoyé dans l'un de vos souvenirs ? »

Sebastian ? Etait-ce lui le responsable de cette situation ? Avouer qu’il n’avait pas du tout songé à cette possibilité aurait blessé son orgueil aussi se retint-il, mais il lui sembla soudain que quelques rouages se débloquaient dans son esprit et qu’il comprenait ce qui restait incompréhensible d’ordinaire. Adam n’aimait pas la magie, toutes ces choses inexpliquées qui pouvaient décider d’une vie ou d’une mort pour vous ; mais le jeune homme s’était toujours montré bienveillant envers eux. Sans compter qu’Evangeline lui faisait confiance. Etaient-ils dans un songe ? Etaient-ils… Prisonniers d’un rêve ?

« Et vous, vous vous sentez changé ? »

Elle le tira de ses pensées et il papillonna du regard avant de comprendre qu’elle s’adressait bien à lui. S’assurant qu’aucune oreille indiscrète ne traînait à proximité, Adam fini par répondre :

« Si nous sommes dans un souvenir, je n'ai pas vécu cette campagne. Pourtant, Bedivere ne dit pas que des choses qui n'ont pas de sens : Excalibur existe. Mais elle appartenait à mon père et elle a été perdue... J'ignore, en revanche, qui est Balem. Et pourquoi est-ce qu’il possèderait l’épée et son rocher. »  » Il marqua une courte pause. « Je ne sais pas. Et vous ?  »

Soudain soucieuse, sa vis-à-vis jeta plusieurs regards circulaires avant de le saisir par le bras pour le tirer plus à l’écart encore. Adam cru entendre un commentaire grivois provenant des hommes encore éveillés autour du feu mais il les ignora ; le temps n’était pas aux batifolages, il se passait quelque chose de trop important pour cela.

« Adam, il y a... Une chose que je dois vous dire. Je... Ne vous l'ai pas dit avant parce que c'est un... Secret qui peut me mettre en danger. Je... Je ne… » Qu’est-ce qu’il se passait ? Pourquoi avait-elle l’air aussi grave ?! Evie pris une grande inspiration avant de débiter d’une traite : «  Je suis une étoile à souhaits. Enfin je... J'ai été une étoile à souhaitsw avant d'être... Mise dans ce corps d'humaine, mais je... Je ne suis pas humaine, je... J'entends les souhaits des humains, enfin, normalement je les entends mais pas ici, ici je n'entends rien, comme si quelque chose... Me retenait ! Je... »

Attendez. Minute. Pause. Pause et rembobinage. Une… Etoile ? Comment ça, une étoile ?! Une étoile comme celles qui brillaient dans le ciel ? Mais… Mais ce ne pouvait… Est-ce que c’était pour cela qu’elle avait toujours l’air un peu différente ? Un peu perdue ou préoccupé même dans le silence ? Mais comment est-ce qu’elle… Lui qui pensait être différent. Lui qui pensait n’être qu’un monstre et déjà quelque chose de singulier, voilà que le monde parvenait encore à l’étonner. Il avait bien accepté l’idée d’un marchand de sable ou de sorcières, de poisson ou de toute autre chose grotesque comme ceci. Mais ça… Cela dépassait la logique et la raison.

Abasourdi, interdit, il la fixa en comprenant la suite de sa phrase : qu’est-ce qui pouvait être suffisamment puissant pour faire taire une étoile ?

« Une… Étoile. À souhaits. » Répéta le prince, comme pour pour lui-même. Comme pour laisser entrer cette idée folle dans son esprit. « ... C'est pour ça que vous… ? »

Comme ça qu’elle avait su trouver les mots envers lui ? Comme ça qu’elle avait compris certaines choses sans qu’il n’ai besoin de les dire ? Lui qui pensait qu’elle l’avait espionné ou que certains membres du château avaient dévoilés des secrets de son passé ! Alors qu’elle était… Une étoile. Il avait encore bien du mal à réaliser cette énormité. Cette vérité. Evangeline n’aurait eu aucun intérêt à mentir de toute manière, et elle avait l’air bien trop inquiète pour cela : elle mordait son pouce, ce qu’elle faisiat toujours en cas de nervosité extrême.

Bien, ils étaient sans doute dans le même état.

«  Oui, une... Etoile. Je vous fais peur ? »

La question n’était pas anodine. Si elle lui faisait peur ? Evidemment ! C’était une nouvelle forme de magie, un maléfice qui se tenait devant lui ! Mais en même temps, Adam était partagé par un sentiment contraire de compassion à son égard. Evangeline avait soudain l’air encore plus fragile et précieuse que précédemment et il n’était pas sûr de savoir comment réagir. Comment appréhender cette nouvelle. Il ouvrit la bouche pour la refermer plutôt rapidement, déglutissant pour chasser cette boule dans sa gorge. Pourquoi ces entrailles se tordaient-elles de la sorte en la regardant ? Pourquoi ressentait-il ce pincement à la poitrine, comme si soudain la chose la plus précieuse au monde se trouvait en face de lui ? … C’était à n’y rien comprendre.

Il y eu un nouveau silence, durant lequel il chercha quoi dire. Quoi avouer. Ses mains parcoururent le manteau malgré lui, comme s’il cherchait à en dessiner les contours. A comprendre que c’était toujours la même jeune femme. Qu’elle était toujours là. Toujours la même.

« Non. » Finit-il par dire, prenant sur lui de ne pas fuir. Il n’était pas un lâche ni un pleutre, même s’il avait encore du mal à réaliser ce qu’il se passait. « Evie, je… »

« Hey, ne batifolez pas dans l’obscurité comme cela, il existe des couchettes bien plus pratiques pour cela ! »

Cria William, les tirant de leur bulle de révélations. Adam rompit le contact avec Evangeline, se tournant pour constater que Bill leur dédiait un verre avant de se prendre une tape derrière le crâne de la part de Bedivère. Elisabeth avait disparu du feu central. Il poussa un soupir, reportant son attention sur celle qui occupait – à l’heure actuelle – toutes ses pensées. Il se sentait étrange. Bizarre. Attiré et à la fois si lointain. L’envie fougueuse de l’embrasser lui traversa l’esprit et il retint son geste de justesse, prétextant alors remettre une mèche de ses cheveux blonds derrière son oreille.

« Nous… Devrions aller dormir. Nous… Evie ? »

Il ne voulait pas qu’elle pense qu’il fuyait ou qu’il avait peur. Il ne voulait pas qu’elle croit qu’il ne la considérait plus de la même manière, même si sa vision avait effectivement changé. De quelqu’un de précieux, elle était devenue importante. Pourquoi, grand dieu ? Pourquoi est-ce que son cœur s’accélérait davantage maintenant qu’il savait ? Pourquoi est-ce qu’il ressentait tout un flot de sensations quand ses yeux croisèrent les siens ? Pourquoi est-ce que…

Sa main glissa pour doucement enlacer la sienne. Serrer sa paume. Une promesse silencieuse.

« Si vous êtes une étoile, alors je serais celui guidé par votre lumière… »

Maladroit sous-entendu. Maladroite promesse. Mais c’était tout ce qu’il était capable de dire pour le moment. Parce qu’il était incapable de comprendre ce qui étreignait son âme à ce point. Parce qu’il était incapable de mettre un nom sur le sentiment qui l’enveloppait de son aura chaleureuse à en couper le souffle. Parce qu’il était incapable de prononcer quelques mots qui auraient pu tout changer : je vous aime.



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