« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)
« Why do you have to go and make things so complicated? »
I see the way you're acting like you're somebody else, gets me frustrated.
Mes doigts hésitants effleuraient les touches noires et blanches du piano. Je ne m'étais plus approchée de l'instrument maudit depuis noël, préférant garder une distance raisonnable entre lui et moi. Pourtant, l'appel de la musique se faisait de plus en plus fort. Je savais que j'allais finir par déclarer forfait. C'était une certitude, comme quand je ne pouvais repousser plus longtemps l'attente de lire un roman aux rouages trépidants.
J'avais vérifié que nul ne se trouvait au rez-de-chaussée et je m'étais installée face au piano. Je n'avais pas l'intention d'en jouer. Je voulais simplement sentir mes doigts caresser les touches. Développais-je une sorte de manque ? C'était bien trop absurde pour que je me pose sérieusement la question.
Anatole fit irruption dans la pièce. Sa voix me fit sursauter et je crispai les mains au-dessus du clavier, figée d'effroi. Je tournai la tête vers lui et remarquai qu'il avait son apparence plus âgée. Pourquoi changeait-il sans cesse selon sa fantaisie ? C'était extrêmement perturbant. Je restai silencieuse alors qu'il s'installait à l'autre bout du tabouret. Le faisait-il exprès d'établir autant de proximité ? Ne pouvait-il pas discuter tout en restant à une distance convenable ?
J'écoutais patiemment ce qu'il racontait. Curieusement, le fait qu'il ait son apparence que je rattachais au titan plutôt qu'à l'homme me confortait dans l'idée que le thème de la conversation était en rapport avec le joyeux bazar qui nous concernait tous, d'Olympe à Titania. Pourtant, il ne parlait que de son héritage. Pourquoi s'en souciait-il à ce point ? Je nourrissais un peu d'amertume à l'idée qu'il ait signé les documents de monsieur Templeton. Ce n'était pas correct. Il n'en était pas le bénéficiaire légitime. Je me pétrifiai de nouveau en entendant sa question concernant le piano. Je battis des cils, le souffle court et prétextai la première chose qui me passa par la tête :
"Je faisais simplement la poussière."
Joignant le geste à la parole, j'attrapai le bord de ma manche pour en frotter rapidement les touches qui émirent plusieurs notes dissonantes et graves. Après quoi, je fermai le dessus du piano dans un claquement sec et me relevai d'un bond. Hypérion était décidément trop près.
Je m'arrêtai près d'un fauteuil et me penchai pour croiser les bras dessus. Ses suppositions et interrogations me plongeaient dans la perplexité. Il n'avait pas tort. Quelque chose était étrange dans toute cette histoire. Je haussai un sourcil surpris en apprenant qu'il ne sentait plus l'aura d'Octave Templeton sur terre.
"Tu envisages le fait qu'il soit le père noël ?" suggérai-je, avant de rire légèrement. "Après tout, s'il s'est manifesté uniquement la nuit du vingt-quatre décembre, il y a de quoi émettre de sérieuses suppositions..."
J'écoutais le reste de ses paroles, hochant la tête, pensive. Décidément, c'était extrêmement mystérieux et intéressant.
"Nous sommes partenaires du crime, si je comprends bien ?" lançai-je avec une expression enhardie. "Tu devrais choisir une 'collègue' plus compétente, car je viens seulement de débuter la lecture de mon premier Agatha Christie et... je ne suis vraiment pas douée pour trouver les indices ni en tirer des conclusions."
Je levai les yeux vers le plafond, réfléchissant malgré tout à tout ce que Hypérion avait dit. C'était plus facile de l'appeler ainsi quand il avait sa forme âgée. Bizarrement, je me sentais (un peu) plus détendue que lorsqu'il était Anatole. C'était idiot mais je n'y pouvais rien. Je savais pourtant qu'il s'agissait de la même personne. Je ressentais également moins de "ressentiment" à l'égard du titan, à la différence du 'jeune homme'. A moitié embrouillée, je me massai brièvement la tempe et préférai me focaliser sur l'histoire de l'héritage. C'était préférable pour éviter une migraine et un rougissement de joues non programmé.
"Il faut mettre la main sur cette perle. Tu as signé un papier mais tu n'as reçu aucune clé de coffre, c'est bien ça ?"
Je me redressai d'un bond : une idée venait de me traverser l'esprit.
"Le papier comporte forcément le nom d'une banque et une adresse. C'est une attestation prouvant ton ayant droit sur cet objet. Donc, si l'on se rend à cet endroit, ils nous le remettront forcément, ou nous aurons au moins un indice pour suivre la piste lancée par Octave Templeton. Qu'en dis-tu, Agent Hypérion ?"
J'esquissai un sourire espiègle à l'adresse du titan. Je n'avais pas l'âme d'une enquêtrice, mais mon côté aventureux en trépignait déjà d'impatience !
.
crackle bones
Anatole Cassini
« Maîïîtreuuuh !!! »
| Avatar : ➹ Bill Nighy & John Krasinski
« Il existe 175.000
espèces de papillons... »
« Le papillon ne compte pas
les mois, mais les moments.
Ce qui lui confère suffisamment
de Temps pour vivre, ressentir, aimer. »
| Conte : ➹ Intrigue Divine | Dans le monde des contes, je suis : : ✲ Le Titan Hyperion, un papillon étoilé.
J'étais resté quelques instants à l'observer droit dans les yeux, sans bouger. Mes lèvres s'étaient étirés et j'affichais une mine réjouie, dont elle ne cernait pas le sens. Mais pour moi, ça voulait tout dire. Cela dit, je me demandais si ça venait du fait que j'étais sous ma forme plus âgée, ou si c'était une toute autre raison qui l'avait poussé à m'appeler ainsi.
« Hyperion... » murmurais-je avec le même sourire.
Elle ne m'avait jamais appelé ainsi. Ca faisait remonté des souvenirs anciens, et qui n'existaient pas encore pour elle. Des souvenirs qui n'existeraient sans doute jamais à ses yeux, mais dont je ne pouvais pas nier l'existence.
« Je... » bégayais-je. « Je vais nous téléporter si tu veux bien. »
Je lui avais tendu la main. Car oui d'accord, pour l'avoir déjà fait face à elle, elle savait que j'étais capable de nous téléporter sans même la toucher. Mais je voulais profiter de ce moment de confusion, pour lui tenir la main. J'avais bien le droit à un petit plaisir, n'est ce pas ? Au contact de sa peau, je nous avais déplacé jusqu'à cette fameuse banque, nous téléportons juste devant. C'était là où on l'avait retrouvé et où il nous avait à son tour observé, comme si tout ceci était normal.
« Vous en avez mis du temps. » dit-il en portant sa main à son poignet afin d'en vérifier l'heure. « Nous allons pouvoir commencer. Si vous voulez bien me suivre. »
J'avais adressé un petit regard à Ellie. Dès qu'on était apparu ici, on s'était retrouvé devant les portes vitrées, face à monsieur Templeton. Comment avait-il su qu'on arriverait maintenant ? Je n'en avais pas la moindre idée. Tout ceci était déjà bien mystérieux, mais ça prenait encore une autre tournure.
« Là, il m'épate. Je n'ai aucune idée de quel genre de créature il s'agit, et son aura a tout ce qu'il y a de plus ordinaire. Mais, je suis véritablement curieux de voir ce qu'il nous réserve. Je sais que ça serait plus prudent de rebrousser chemin, mais... que craignons n'est ce pas ? Existe t'il quelque chose de pire qu'un jeune homme en pleine crise d'adolescence et que des momies chatouilleuses ? »
Je me le demandais bien. On en avait vécu des folles aventures. Cet hommes, il avait eu l'intention de nous tuer, il l'aurait déjà fait. Ca nous laissait une marge. Pourquoi ne pas se laisser tenter par cette escapade ? Peut-être qu'on vivra une aventure hors du commun et moins dangereuse que d'ordinaire ? J'avais passé les portes vitrés, entrant dans la grande banque, accompagné de la dame de mes pensées. Une fois dedans, Monsieur Templeton qui nous attendait face à un guichet, nous fit signe de le rejoindre.
« C'est la première fois que vous allez entrer dans la salle des coffres. Si je puis me permettre un petit conseil, ne touchez qu'au coffre qui vous est consacré. »
Un conseil qui cachait une menace ? Pourtant, il souriait. Ou alors c'était vraiment un conseil judicieux qu'on devrait suivre. La curiosité m'aurait poussé à tenter d'en ouvrir un autre, mais il n'était pas question de se mettre en danger inutilement.
« Dites moi monsieur Templeton. Tout ceci... cela rime à quoi ? Qui est derrière tout ça ? » demandais-je sans le moindre signe d'énervement.
« Mais voyons. C'est votre héritage, monsieur Cassini. »
« Certes. » précisais-je. « Mais... à moins que je commette un impair, je dirais que toute ces personnes autour de nous, dans cette banque, ne sont pas réellement là. »
J'avais remarqué qu'elles possédaient une aura similaire à lui. A peine j’eus prononcé ces paroles, que tous se stoppèrent. Que ce soit les guichetiers, les agents de sécurité ou les simples clients. Ils tournèrent tous la tête dans notre direction, ce qui me donna froid dans le dos.
« Cela pose t'il problème ? » demanda monsieur Templeton en plissant les yeux, tout en gardant son calme.
Je me rendis compte que j'avais toujours la main d'Ellie dans la mienne. Je lui adressais un petit regard, avant de sourire.
« Absolument aucun. Nous allons vous suivre jusqu'au coffre. »
Il sembla content. Je n'avais toujours aucune idée de qui il pouvait être et qui l'avait envoyé jusqu'à nous. Quoi qu'il en soit, une chose était sûre. Ce n'était pas quelque chose de divin, ni de titanesque. Et pourtant, tout semblait le laisser sous entendre. Mais non. Je sentais quelque chose de différent que je n'arrivais pas à distinguer. Je n'avais juste aucune idée de quoi il était réellement question. La seule certitude, c'était que lui savait tout de nous. Car étant sous ma forme âgé, il l'avait sans doute déjà vue, pour savoir que j'étais le même Anatole Cassini. Cela m'excitait encore plus !
Ellie Sandman
« J'ai pas trouvé où on peut demander un rang personnalisé... ! »
| Avatar : Felicity Jones & Raffey Cassidy
« La seule amitié qui vaille
est celle qui naît sans raison. »
« Why do you have to go and make things so complicated? »
I see the way you're acting like you're somebody else, gets me frustrated.
Cette banque était étrange. Les gens qu'elle abritait étaient étranges, et j'en eus la confirmation lorsqu'ils se stoppèrent tous dans leurs activités pour tourner la tête vers nous d'un même mouvement. Je me sentis extrêmement mal à l'aise, tirant sur mes manches pour tordre mes doigts à l'intérieur. Je les observai à la dérobée, alors que la main d'Hypérion se trouvait toujours dans la mienne. Je n'avais pas eu la présence d'esprit de me dérober. Sentir sa présence tout près avait quelque chose de rassurant, même si lui non plus semblait étranger à tout ceci. L'idée qu'un titan ne reconnaisse pas les auras de ces gens, encore moins de ce monsieur Templeton, avait quelque chose d'inquiétant et de grisant à la fois. D'où venaient-ils ? Qui étaient-ils ? Tant de questions auxquelles nous n'aurions probablement pas de réponses. Cela allait être à nous de les trouver. Il me tardait de débuter.
J'emboîtai directement le pas à monsieur Templeton lorsqu'il commença à marcher vers la salle des coffres, entraînant Hypérion dans mon sillage.
"Si la banque et les personnes qui la peuplent ne sont pas réellement là, qu'est-ce que ça veut dire, d'après toi ?" chuchotai-je au titan tandis que nous avancions.
Je me fis violence pour attendre ses suppositions, mais ne tenant plus, je repris la parole au bout de seulement quelques secondes :
"Peut-être que rien de tout ceci n'existe. Peut-être que nous nous trouvons au coeur d'une immense supercherie et..."
"Ce serait absurde." coupa monsieur Templeton d'un ton désinvolte.
Je battis des cils, surprise qu'il m'ait entendue alors que j'avais à peine murmuré. Il était assurément doué d'une ouïe très fine, équivalent à peu de choses près à celle des Olympiens.
"Pourquoi perdrait-on notre temps et le vôtre à se déplacer dans un lieu qui n'existe pas ? J'attendais mieux de vous, Mademoiselle Sandman." poursuivit-il d'une voix déçue.
Je fronçai les sourcils, peu touchée par ses propos. Imperturbable, il nous conduisit jusqu'à un couloir dont les parois étaient agrémentées de plusieurs portes en acier renforcé. Il se stoppa devant l'une d'entre elles. Là, il sortit une clé en argent minuscule qu'il introduisit dans la serrure. Plusieurs mécanismes s'enclenchèrent de l'autre côté et la lourde porte ronde pivota finalement au bout de quelques secondes.
"On se croirait à Gringotts, mais en plus neuf." fis-je remarquer avec un sourire amusé.
"Madame Rowling n'a rien à nous envier." lança monsieur Templeton d'un ton badin.
Décidément, cet "homme" était plein de ressources. Il connaissait l'auteur de Harry Potter. La recherche de sa véritable identité m'obnubilait davantage de minute en minute.
"Je vous en prie." déclara-t-il tout en s'effaçant de devant la porte pour nous laisser passer.
Je me mis sur la pointe des pieds pour jeter un coup d'oeil à la chambre forte. A première vue, les murs immaculés étaient nus. La petite pièce ne disposait de rien hormis une boîte posée sur une sorte de petite guéridon.
"Vous me prenez pour une chèvre ?" dis-je avec une moue. "Il est hors de question que j'entre là-dedans sans vous."
Je lançai un bref regard embarrassé à Hypérion, car ma première phrase avait provoqué une légère crispation de sa main dans la mienne. Puis je fixai monsieur Templeton. J'en profitai même pour lâcher le titan et croiser les bras, montrant de ce fait mon attitude intransigeante.
"De quoi avez-vous peur ?" fit-il avec un sourire trop large. "Vous ne saurez rien si vous n'entrez pas. Bon très bien, je vous accompagne."
Il fit un pas à l'intérieur et pivota vers moi, me faisant comprendre qu'il n'y avait aucun danger. J'entrai donc tout en restant sur mes gardes et le titan me suivit. Puis, je penchai la tête vers la boîte posée sur le guéridon. Elle était en métal et ne possédait pas de serrure. Après un regard quelque peu nerveux adressé à Hypérion, je posai les mains à plat dessus, inspirai profondément et l'ouvris brusquement.
A l'intérieur, rien d'autre hormis un gros bouton rouge.
"C'est une plaisanterie ?" dis-je à monsieur Templeton, à la fois anxieuse et exaspéré.
Ce dernier roula des yeux sans se départir de son sourire.
"Attention, ça risque de secouer !"
Il frappa le gros bouton et instantanément, les lumières s'éteignirent. Le générateur de secours dut prendre le relais car d'autres sources de clarté, plus diffuses, s'enclenchèrent bientôt, me faisant remarquer par ce biais que monsieur Templeton avait disparu.
"Qu'est-ce que...?"
Je n'eus pas le temps de finir ma phrase que le sol bascula dangereusement d'un côté. Je perdis l'équilibre et fermai les yeux en me sentant violemment projetée sur la droite. J'étouffai un cri quand je sentis quelque chose de plutôt mou amortir ma chute. Et me raidis en percevant des bras autour de moi.
"Laisse-moi deviner : je viens de tomber sur toi. C'est ça ?" demandai-je sans oser soulever les paupières.
Nul besoin de confirmation : en plus de son aura, je sentais l'eau de toilette d'Hypérion, mélange de menthe poivrée et de chlorophylle, m'envelopper de toutes parts. J'ignorais la raison pour laquelle il avait cette odeur, car je ne le voyais jamais mâcher de chewing-gum. Je mis cette question de côté pour m'animer enfin et me redresser, sans le repousser trop brusquement. Après tout, il n'y était pour rien. Me relevant, j'observai les parois plutôt penchées de la chambre forte. Nous marchions désormais sur l'un des murs et le sol était à notre gauche.
"On dirait que la banque a bougé sur son axe..."
Comme c'était évidemment impossible, je préférai partir directement sur la supposition la plus probable :
"La banque est un vaisseau spatial."
Pourquoi pas, après tout ? Cela expliquerait beaucoup de choses. J'époussetai mon pull même s'il ne comportait aucune poussière et me tournai vers la porte ronde heureusement restée entrouverte. Que nous attendait-il de l'autre côté ? J'avais cru entendre un bruit contre une porte close du couloir. Le bruit se répéta plusieurs fois. A moins que ce ne soit que mon imagination, décuplée par une anxiété teintée d'excitation ?
.
crackle bones
Eulalie
« J'ai pas trouvé où on peut demander un rang personnalisé... ! »
| Avatar : Holland Roden
"Qu'est-ce qu'elle me veut encore celle-là..."
"Coucou TortueMan, je t'ai manqué ?"
"Je sais que j'ai une mauvaise réputation
mais de là à garder une distance de sécurité..
tu abuses, Emmet."
♡
| Conte : Famille Divine | Dans le monde des contes, je suis : : Capitaine Amazone Sexy
Par contre je suis pas venue pour tenir la chandelle.
Ne jamais parler aux inconnus... C'était une chose qu'on apprenait aux enfants dès leur plus jeune âge. Je n'avais pas reçu cet enseignement, au contraire, j'allais généralement de moi-même leur faire la discussion. Sauf qu'il y avait une différence certaine entre une simple conversation anodine avec un étranger et le fait d'accepter un cadeau de ce dernier. J'aurai dû apprendre la leçon. La première fois que j'avais agis de la sorte, il ne s'était passé que de mauvaises choses par la suite. Ce ne serait pas différent avec cet homme à l'aura indistincte qui s'était installé à ma table chez Granny, même si je sentais qu'il ne s'agissait pas du Clown. Il aurait très bien pu prendre l'une des quinze autres places libres mais il avait fallut que ce soit celle-là. Comme par hasard.
J'aurai dû m'inquiéter du fait qu'il connaisse mon nom ou bien fuir et dire « Non merci, j'ai déjà donné ». Sauf que... j'étais trop curieuse. J'avais besoin de me divertir. Et je voulais savoir ce qu'il avait pour moi, comme il le prétendait.
Autant dire que ma déception fut sans précédent lorsque je me retrouvais – seule et sans savoir comment – dans une pièce aux murs froids et presque entièrement vide, à l'exception d'une coiffeuse en bois ancien écrasée contre le sol, dont le miroir fissuré me renvoyait mon reflet blasé. J'enchaînais les soupirs et les remontrances grommelées à l'adresse de cet inconnu qui ne m'avait pas donné plus de détails sur ce qui m'attendait. Un meuble était d'une telle banalité, surtout en si mauvais état. Au moins, la poupée de la dernière fois avait eu le mérite d'être travaillée. Là... je ne voyais qu'une sorte de façon détournée de me dire que j'étais narcissique et trop portée sur mon physique, ou de me faire comprendre que je n'étais pas aussi belle que je le pensais. Il n'y avait pas une histoire de sept ans de malheur suite à un miroir cassé, d'ailleurs ? Mais je ne l'avais pas touché, je ne devais pas être concernée. En tout cas, je le prenais mal. Je prenais tout très mal, dernièrement.
Mon regard s'était tourné en direction de ce qui m'apparaissait comme étant la porte de cet endroit. Ronde, immense, fermée, métallique. A priori solide. Je décidais d'abord d'y frapper quelques coups, par simple politesse, ne sachant ce que je trouverai derrière. Réalisant très vite qu'il était inutile d'espérer recevoir de l'aide ou la moindre réponse, je forçais un peu plus face à l'absence de poignée. Je dû prendre un peu d'élan, pour réussir à la faire bouger. Ça me permettait d'évacuer un peu cet agacement que je ressentais à l'idée d'être embarquée dans un lieu que je ne reconnaissais pas, au moins.
Ce n'était pas le monde noir, il était trop... lumineux. Je secouais la tête face à la stupidité de mes réflexions. Je pouvais faire mieux que ça, quand même. J'étais décevante à tirer des conclusions si peu recherchées. Si Hypérion avait été là... Si ?
« Il est là. »
Cette affirmation s'échappa de mes lèvres avec une légère hésitation. Je sentais son aura avec précision, tout près. Il n'était pas tout seul, d'ailleurs. Comment... Je devais arrêter de me poser des questions, surtout en restant plantée là comme une idiote, ça n'avait pas le moindre sens. Mes pas me menèrent à la porte entrouverte, semblable à celle que je venais de casser, qui tenait encore avec difficulté à son mur.
Doucement, je venais frapper un coup dessus, n'attendant pas de réponse pour y passer ma tête avec impatience. Mes yeux s'ouvrirent en grand en les voyant tous deux debout, mes sourcils se fronçant et restant ainsi de longues secondes à les étudier. J'étais dans un endroit inconnu, arrivée de manière inexplicable, suite à une rencontre étrange. J'avais mes raisons de douter de la réalité de leur présence. Contrairement à la dernière fois, il ne semblait pas y avoir de... défaillances, au niveau de leurs auras. Je les sentais comme si ils étaient vraiment là. C'est que ça devait être le cas.
« Vous n'êtes pas des hallucinations. »
Je me détendais immédiatement à cette constatation, me mettant à leur sourire le plus naturellement du monde. Je préférai ne pas m'interroger sur le hasard qui faisait que nous nous rencontrions aussi soudainement, peut-être eux avaient-ils une bonne explication.
« Bonjour Ellie. »
Elle m'avait l'air anxieuse, maintenant que je l'observais. Etait-ce parce que... Non, je n'avais rien interrompu, n'est-ce pas ? Il y avait quelque chose entre eux, c'était indéniable. Une sorte d'alchimie comme j'en voyais dans les séries télévision. C'était assez perturbant, d'ailleurs. Perplexe, ma tête se pencha sur le côté en se tournant vers le Titan.
« Bonjour Hypérion. Vous êtes de nouveau vieux. »
Ce n'était qu'une remarque comme une autre. J'aurai aussi pu dire qu'il était moins jeune que la dernière fois... ce qui aurait été dire la même chose de manière différente, en réalité.
« Je peux vous laisser tous les deux si vous le souhaitez. »
Pourquoi est-ce que je disais ça ? Mes lèvres se pincèrent, alors que j'étais à la fois gênée sans avoir aucune raison de l'être et intriguée... sans que ce ne soit plus justifié.
« Même si je ne préférerai pas, pour être franche. »
Très bien, cet aveu pouvait paraître douteux, maintenant que je m'entendais le prononcer.
« Oh ce n'est pas que je ne veux pas... que je suis... Je vous apprécie énormément Ellie. »
Qu'est-ce que je racontais ? Je m'enfonçais dangereusement dans des explications bancales que je n'étais pas moi-même certaine de comprendre, me sentant de plus en plus mal à l'aise. J'hésitais à refermer cette porte derrière laquelle je me cachais et à m'éloigner pour mettre fin à ce drôle d'échange.
« C'est juste que je ne saurai pas quoi faire ici toute seule puisque je ne sais pas ce que je fais là. »
J'avais dis cette phrase à une vitesse bien moins contrôlée que ce que j'imaginais.
black pumpkin
Anatole Cassini
« Maîïîtreuuuh !!! »
| Avatar : ➹ Bill Nighy & John Krasinski
« Il existe 175.000
espèces de papillons... »
« Le papillon ne compte pas
les mois, mais les moments.
Ce qui lui confère suffisamment
de Temps pour vivre, ressentir, aimer. »
| Conte : ➹ Intrigue Divine | Dans le monde des contes, je suis : : ✲ Le Titan Hyperion, un papillon étoilé.
J'avais rattrapé Ellie, juste avant qu'Eulalie nous rejoigne. Ce monsieur Templeton, qui venait de nous fausser compagnie, avait décidé d'organiser une sortie en famille ? C'était ce qui m'avait traversé l'esprit, car en quelques minutes seulement, voilà que je me retrouvais dans la même pièce, ou plutôt le même vaisseau spatial, que ma fille et la femme de mes pensées. C'était plutôt curieux, n'est ce pas ? Est ce qu'on attendait quelque chose de nous ? Pourquoi ne pas m'avoir fait venir seul, si tel était le cas.
« Reste avec nous, Eulalie. » lui répondis-je, tandis qu'elle s'enfonçait en disant à Ellie, que la présence de cette dernière ne la dérangeait pas. « J'ai bien peur que tu ne sois pas la seule à ignorer la raison de ta présence ici. Vois tu, un certain monsieur Templeton nous a invité à le rejoindre, avant de disparaître. Je pense qu'il ne s'agit pas d'une personne, mais plutôt d'un robot ou quelque chose de ce genre. Il n'a pas les caractéristiques d'une créature. Il fait beaucoup plus humain. » affirmais-je.
Je me rendis vite compte qu'Eulalie était ce qu'on pouvait appeler une créature, et que de dire qu'un robot faisait plus humain qu'elle, n'était pas quelque chose de fort appréciable pour la jeune femme.
« Tu es différente des autres créatures, Eulalie. Tu es ce qui se rapproche le plus d'un être humain ordinaire, mais avec des pouvoirs extra ordinaires. »
Elle n'avait pas été créé d'une manière banale. Son corps avait été sculpté dans de l'argile. Ce n'était pas anodin. Je ne m'expliquait même pas comment j'avais réussi une telle prouesse, ou encore moins comment ma soeur, Thémis, avait eu l'idée d'utiliser cette matière, afin de créer ses Amazones.
« Nous devons sans doute voyager à travers la galaxie, afin d'atteindre une destination où on en apprendra plus sur les raisons de notre présence ici. Il suffit de nous laisser guider. Je ne pense pas qu'on risque grand chose. Si tel était le cas, on n'aurait pas attendu aussi longtemps pour nous faire venir. Je propose qu'on attende patiemment. On pourrait faire un tour du vaisseau. » proposais-je.
Je n'étais pas convaincu que c'était le mieux à faire, mais quoi qu'il en soit, si on voulait en savoir plus, il fallait laisser nos hôtes nous guider à travers la galaxie. En espérant bien entendu que ce voyage ne durerait pas trop longtemps. Je n'avais aucune idée d'à quelle vitesse nous voyageons. On sentait une force invisible autour de nous, nous pousser en avant, ou plutôt pousser l'ensemble du vaisseau dans cette direction. Mais j'étais incapable d'en définir la vitesse ou la distance parcourue. Peut-être qu'on y verrait plus clair à partir de la salle de commandement. Et puis, on y croiserait sans doute une personne ou une autre. Ca nous permettra d'en apprendre d'avantage.
« Te souviens tu où tu étais juste avant de te retrouver ici, avec nous ? » demandais-je à Eulalie, avant de porter mon attention sur Ellie pour veiller à ce qu'elle aille bien.
Elle semblait avoir repris totalement ses esprits, après sa petite chute.
« Veux tu que je te tienne la main pour longer le couloir, ou ça ira ? » ajoutais-je avec un petit sourire.
J'avais bien le droit de la taquiner, n'est ce pas ?
« Oh et oui. Je suis plus âgé, Eulalie. Ellie me préfère sous cette apparence. Elle est bien plus à l'aise de cette manière. » me forçais-je à préciser avant d'indiquer la sortie de la pièce d'un geste de la main, aux deux jeunes femmes.
Ellie Sandman
« J'ai pas trouvé où on peut demander un rang personnalisé... ! »
| Avatar : Felicity Jones & Raffey Cassidy
« La seule amitié qui vaille
est celle qui naît sans raison. »
« J'aime le thé : c'est une communion intemporelle entre le corps et l'esprit. »
Sauf que là, je n'aurais pas dû.
"Bonjour Eulalie." dis-je avec un sourire incertain.
La présence de la jeune femme me déconcertait. Pourquoi l'avait-on faite venir ? A quoi cela rimait-il ? Depuis qu'elle était venue au monde, je ne l'avais pas croisée très souvent, et comme avec la majorité des gens, je ne savais pas quoi lui dire, ni comment me comporter avec elle. "Heureusement", notre situation allait forcément me permettre de franchir la barrière du langage. Hypérion lui expliqua rapidement comment nous étions arrivés jusqu'à l'intérieur de ce vaisseau spatial. Je fronçai les sourcils en l'entendant énoncer qu'un robot était plus humain qu'une créature. Se rendait-il compte de l'impact de ses paroles sur sa propre fille ? Je tournai la tête vers Eulalie, désemparée, mais le titan se rattrapa d'une façon discutable. Je me contentai de secouer légèrement la tête, exaspérée, et de me diriger vers le couloir. La question d'Hypérion me fit cligner des yeux.
"Je n'ai pas besoin que tu me tiennes la main. Je sais marcher." dis-je un peu sèchement, alors que je sentais mes joues s'empourprer.
J'accélérai un peu afin de mettre une petite distance entre nous deux. Hélas, je n'étais pas suffisamment loin pour ne pas entendre ce qu'il raconta à Eulalie.
"Pardon ?" fis-je, outrée, en me retournant d'un bond. "Je... je ne suis pas plus... Ce n'est absolument pas... Je ne préfère pas..."
Pour une mystérieuse raison, je me retrouvais dans l'incapacité d'achever chacune de mes phrases. J'aurais dû mieux préparer mes réparties, au lieu d'agir sous l'impulsivité. Ce manque d'éloquence me plongea dans un profond embarras, si bien que je ne fus bientôt plus capable de soutenir le regard du titan et de l'amazone. Je tapotai l'une de mes joues en feu, les yeux baissés, et plutôt furibonde. Contre moi-même de ne pas avoir réussi à répliquer correctement. Contre Hypérion de m'avoir attaquée verbalement en traître. Oui, je considérais ses paroles comme une agression. En tous les cas, il avait menti, puisque je ne me sentais pas du tout plus à l'aise, désormais.
"Trouvons la salle de commandement. Ca nous permettra peut-être de mieux comprendre la raison de notre présence ici." marmonnai-je toujours sans les regarder.
Je pris la tête du groupe, nullement anxieuse à l'idée de trouver quelque ennemi au détour d'un couloir. Etant donné mon état de nervosité, je me sentais tout à fait capable de tailler n'importe quel imbécile trop présomptueux en pièces. Comme je m'y attendais, le corridor ne débouchait plus sur la salle principale de la banque, mais une autre pièce qui ressemblait à une salle d'attente d'hôpital. Une douzaine de sièges étaient disposés autour d'une table basse. A côté d'une plante vert fluo -sans doute une mauvaise imitation des plantes terrestres- un distributeur de boissons entièrement opaque. La pièce disposait d'une seule porte, vers laquelle je me dirigeai, mais en passant devant le distributeur, ce dernier prononça d'une voix informatisée :
"Faites votre choix !"
Je sursautai et me stoppai devant la machine qui était deux fois plus haute que moi. Sur le petit écran, on me proposait deux choix : CHAUD ou FROID. J'esquissai une moue, et déclarai en haussant les épaules :
"Après tout, ça peut être agréable de découvrir un breuvage extra-terrestre. Je me demande s'ils ont du thé. Voulez-vous quelque chose ?"
Hypérion m'invita à me servir la première. Je jetai un coup d'oeil à Eulalie mais remarquai que cette dernière était très occupée avec la plante vert fluo : elle avait posé le doigt dessus, sans doute pour la toucher, et ne parvenait plus à l'en décoller. La feuille de la plante s'allongeait à mesure qu'elle tirait dessus, en dispensant une forte odeur de chlorophylle. S'agissait-il d'un chewing-gum géant ? Je me mordis les lèvres pour réprimer un sourire face à l'image de l'amazone qui semblait fascinée par le phénomène, puis re-pivotai vers le distributeur. Je sélectionnai CHAUD et l'écran proposa alors une quantité ahurissante de boissons. Je choisis un thé intitulé "Soleil étoilé", dont le sous-titre stipulait : Délicat et raffiné, succombez pour cet assemblage de saveurs venues d'un autre Temps, aux notes de menthe sauvage et de chocolat. Un thé chocolaté, voilà qui était pour le moins curieux. Suffisamment intriguant pour que je veuille le goûter.
Le distributeur fut parcouru d'un courant bleu électrique et se mit à vrombir avec enthousiasme. La boisson se préparait. Cependant, au lieu de l'habituel petit compartiment, ce fut tout un tiroir qui s'ouvrit dans la machine. Une sorte de table dépourvue de pieds sortit du tiroir, glissant silencieusement. Je retins mon souffle : sur la table était allongé un jeune homme seulement vêtu d'un sous-vêtement noir beaucoup trop étroit. C'était gênant. Très gênant. Surtout que le jeune homme en question ressemblait à s'y méprendre à Anatole.La machine émit un gargouillis bienheureux. A cet instant, le jeune homme ouvrit subitement les yeux et se redressa d'un bond. J'étais incapable de détacher mon regard de lui, traumatisée. Pourquoi me fixait-il avec tant d'insistance ? Pourquoi souriait-il de cette façon ?
"Je suis CHAUD pour toi, Ellie." déclara-t-il d'un ton suave qui me fit frémir des pieds à la tête -sans doute d'horreur.
Comble de l'abomination, il se leva sur la table dépourvue de pieds et commença une danse lascive. Je me cachai à moitié les yeux derrière ma main tandis que de l'autre, j'appuyai au hasard sur la machine pour annuler le tout. Comme un coup du sort, cette dernière lança d'un ton ravi :
"PLUS CHAUD ! TOUJOURS PLUS CHAUD !"
La faux Anatole se trémoussait de plus en plus. Je le voyais du coin de l'oeil, le visage cramoisi, alors que je tentai de me focaliser sur ce satané distributeur. Enfin, ce dernier proposa à l'écran :
"SOUHAITEZ-VOUS PASSER UNE AUTRE COMMANDE ?"
"Peut-être que si tu choisis une... boisson, celle-ci va s'annuler d'elle-même ?" supposai-je tout en pivotant vers Eulalie, le regard suppliant.
J'avais de suite pensé à la jeune femme car je me sentais bien trop honteuse pour adresser la parole à Hypérion. Je n'osais même pas regarder vers lui, de peur de voir sa réaction. Tout était de la faute de ce distributeur ! Quelle idée avais-je eu de vouloir y toucher ? Je me pétrifiai en sentant le faux Anatole quitter la table pour se rapprocher de moi. Je me reculai aussitôt, déglutissant avec peine.
"Pas... bouger ! Plus un geste !" dis-je, autoritaire, tout en levant le doigt vers lui.
Il était toujours nanti de son sourire imbécile.
"Tu as demandé plus chaud, toujours plus chaud." fit-il remarquer d'un ton étrangement mécanique, tout en portant les mains à son sous-vêtement noir.
Il passa les pouces contre la couture tout en haussant un sourcil provocateur. Je me reculai davantage, espérant pouvoir me fondre dans le mur. Non, pitié...
"Eulalie... Je t'en supplie..." balbutiai-je dans un filet de voix.
.
crackle bones
Eulalie
« J'ai pas trouvé où on peut demander un rang personnalisé... ! »
| Avatar : Holland Roden
"Qu'est-ce qu'elle me veut encore celle-là..."
"Coucou TortueMan, je t'ai manqué ?"
"Je sais que j'ai une mauvaise réputation
mais de là à garder une distance de sécurité..
tu abuses, Emmet."
♡
| Conte : Famille Divine | Dans le monde des contes, je suis : : Capitaine Amazone Sexy
Par contre je suis pas venue pour tenir la chandelle.
J'étais encore confuse. Entre humain, robot et créature, je n'arrivais plus à savoir où me placer, mais cette interrogation me paraissait futile dans une telle situation. Je pourrai m'y attarder plus tard quand... J'ignorais à quel moment exactement. J'avais finis par comprendre que j'étais différente, c'était le plus important.
« Je ne suis pas arrivée d'un coup... J'ai suivi un homme que je ne connaissais pas. Je crois que je n'aurai pas dû. » fut la seule réponse que je fus en capacité d'apporter à la question du Titan.
J'avouais être quelque peu perturbée par l'échange qui suivit entre eux. Pourquoi est-ce qu'il voulait tenir sa main ? Pourquoi elle refusait ? Pourquoi est-ce qu'elle le trouvait mieux comme ça ? Ou... pas ? Pourquoi est-ce qu'il prenait en compte ce qu'elle préférait ? Ma bouche s'était ouverte pour se refermer face à tant d'incompréhension. Ce serait trop de questions d'un coup, et certainement inapproprié. Je pouvais presque ressentir la gêne d'Ellie tant elle était prononcée. J'hésitais, me demandant si je devais l'être aussi sans savoir exactement ce qui m'y pousserait.
Finalement, changer de pièce était la meilleure manière d'oublier cet instant. Je n'aimais pas « me laisser guider » mais si c'était la seule option envisageable, je devais bien m'y plier. Ne pas être toute seule rendait au moins l'expérience intéressante. Tout comme cette plante à la couleur trop vive. Et collante. Je savais que la toucher n'était pas une idée brillante et ça ne fit que se confirmer puisque je n'arrivais pas à m'en détacher. C'était néanmoins intriguant, presque amusant, je n'avais jamais vu une telle chose avant. Est-ce qu'il s'agissait d'un simple végétal inoffensif ou est-ce que j'étais en train de faire n'importe quoi ? Je ne ressentais aucune douleur à son contact, ça devait juste servir de décoration. Est-ce que ça se mangeait ? Ce serait une bonne manière de m'en débarrasser. J'avais commencé à en approcher ma bouche sans être certaine de ce que je faisais, mais la voix du distributeur sonna comme un avertissement qui me fit sursauter.
Que faisait Anatole ici ? Ou plutôt : que faisait-il ici dans une tenue pareille ? Ou encore... Ce n'était pas Anatole. Pas le vrai. Le vrai était là. Juste à côté, un peu plus vieux. Qu'est-ce qui se passait, bon sang ? Ellie semblait en pleine détresse. C'était pourtant sa commande. Aussi... perturbante soit cette constatation. Je comprenais maintenant clairement ce que comptait faire le Anatole sorti de cette machine et je n'avais pas envie d'assister à un tel spectacle. Je ne devais même pas l'imaginer. J'en avais la nausée rien qu'en y pensant.
Aux grands maux, les grands remèdes. C'était l'adage approprié. Je parvins à en détacher mes doigts -bien que toujours légèrement recouverts par cette matière collante- et ne réfléchis pas avant de m'emparer du pot de cette fleur élastique. Mes pas furent rapides jusqu'à ce faux Anatole en sous-vêtement et je n'eus pas la moindre hésitation, frappant sa tête aussi brutalement que possible. Je m'étais déjà faite avoir une fois face à une copie mal intentionnée, ça ne se reproduirait plus. Et Ellie m'avait supplié, j'avais fait en sorte d'agir de façon efficace. Mon pied alla frapper à plusieurs reprises le torse de la... chose, simplement pour m'assurer qu'elle était pour l'instant bien en état de panne, avant que mes yeux ne se relèvent vers Hypérion.
« Pardon. »
Je ne savais pas si je devais m'excuser. C'était... trop singulier, comme événement, pour que je sache exactement de quelle manière réagir.
« Est-ce que c'est un distributeur de copies de Titan ? »
Je me retournais vers la machine, ma curiosité me poussant à m'en rapprocher. Que faisait un tel objet dans un tel endroit ? J'aurai préféré qu'il serve de vrais boissons, je n'aurai pas dis non à un thé. Un instant, je m'imaginais qu'il serait peut-être possible que Thémis en sorte si j'appuyais sur certains boutons au hasard. Réflexion que je trouvais stupide au moment même où je le faisais, puisqu'il aurait été plus probable qu'un second Hypérion en sorte vu qu'il était celui qui m'avait crée. Peut-être en version âgée, cette fois. J'avais cassé le pot de fleur en blessant le premier, je devrais trouver une autre arme pour l'arrêter si jamais il se montrait trop... entreprenant.
Pourtant, ce ne fut pas un nouveau Anatole à moitié nu qui se présenta sur la table qui était de nouveau sortie de l'appareil. J'aurai préféré. J'aurai préféré n'importe qui d'autre que cet homme maudit. Qu'était-donc le but de ce distributeur pour 'm'offrir' une chose pareille ? Avant qu'il n'ait pu se redresser, je m'en étais approchée pour lui retirer son masque. Ce que je pus y voir dessous me fit le remettre directement en place dans un mouvement sec. Mon cœur battait affreusement vite, d'un coup. Qu'est-ce que... Ce n'était pas le visage d'Elliot, là-dessous.
J'entendis le bruit distinctif de la fin de commande en émettant une légère exclamation surprise, alors que sans ménagement, je repoussais la table sur laquelle il se tenait. Sa tête frappa contre le rebord de la machine et je dû user de toutes mes forces pour le remettre à l'intérieur, non sans difficulté. En vérité... Je n'y arrivais pas totalement, poussant ses jambes pour le faire se plier au maximum, tordant la table pour qu'il ne puisse pas s'échapper. J'avais le souffle court, mes mains ne lâchaient plus les bords que je forçais à l'extrême et des bruits étranges en sortaient. Comme un mélange de gargouillements et de voix robotique. Oh, peut-être que je l'avais cassé, mais ce n'était pas plus mal. Ce qui en sortait ne valait pas le coup d'être vu.
« N'y touchez pas ! » avais-je lancé en direction de mon créateur, que je supposais aussi curieux que moi, me plaquant toujours contre la paroi. « Je ne veux pas connaître vos fantasmes ! »
Je me crispais soudainement, réalisant ce que je venais de prononcer à haute voix, mes yeux s'écarquillant face à cette sorte de confession et de révélation simultanées. Mes yeux s'ouvrirent en grands, passant sur Ellie, puis sur le Titan, puis sur Ellie de nouveau. Si c'était... Si c'était bien ça, alors son Anatole toujours assommé était... Oh mon dieu.
« Ce n'est pas ce que je voulais dire... » tentais-je de me rattraper maladroitement, en sentant mes joues devenir plus rouges encore. « Ce n'est qu'une machine inutile qui fabrique n'importe quoi. »
Mon rire forcé pour détendre l'atmosphère sonnait bien trop nerveux à mes oreilles pour avoir l'effet escompté.
« Et si on... si on partait ? »
Voilà. Très bonne initiative. Je lançais un dernier coup de genoux en direction de l'appareil en espérant qu'il ne se rouvre pas subitement, m'en écartant à une allure assez rapide pour ne pas avoir à le constater si c'était le cas. Je ne parvenais pas à diminuer mon malaise, peinant à garder un rythme cardiaque respectable. Mon regard restait fixé sur l'unique porte s'offrant à nous, que j'ouvrais immédiatement. Ce n'était qu'un couloir aux murs blancs, où je me sentais beaucoup plus à l'aise que dans l'autre pièce, même si j'étais parcourue de cette désagréable sensation d'être observée. Peut-être parce que j'étais suivie par Hypérion et Ellie.
Une réflexion me frappa alors en réalisant ce qui venait de se passer.
« Oh. »
Je me stoppais, me tournant vivement pour leur face face, une expression à la fois inquiète et choquée prenant place sur mes traits.
« Vous ne pensez pas... Vous n'imaginez pas que j'ai des pensées déplacées envers Elliot ? »
Je me rendais compte qu'ils n'avaient peut-être pas vu le visage que j'avais remarqué. Et que... Surt était normalement Elliot. Ce qui pouvait très certainement prêter à confusion. J'espérais qu'ils n'avaient pas tiré ce genre de conclusions.
« Ce n'est pas le cas. Il est marié. Et même s'il ne l'était pas, ça n'arriverait pas ! Ce n'est pas mon genre. » précisais-je avec assurance. « Si... si seulement j'ai un genre. »
J'en avais moins, maintenant.
« Ellie vous préfère jeune je crois. »
Pourquoi ? Pourquoi est-ce que je faisais ça ? C'était un réflexe que de chercher à détourner la conversation en situation de stress ? Mon regard exprimait à quel point j'étais navrée mais j'ignorais si ce serait suffisant.
black pumpkin
Anatole Cassini
« Maîïîtreuuuh !!! »
| Avatar : ➹ Bill Nighy & John Krasinski
« Il existe 175.000
espèces de papillons... »
« Le papillon ne compte pas
les mois, mais les moments.
Ce qui lui confère suffisamment
de Temps pour vivre, ressentir, aimer. »
| Conte : ➹ Intrigue Divine | Dans le monde des contes, je suis : : ✲ Le Titan Hyperion, un papillon étoilé.
Je n'en revenais pas de ce qui venait de se dérouler sous mes yeux. D'abord, on avait trouvé cette machine qui faisait apparaître le fruit de nos fantasmes, à en croire Eulalie. Ca, je le gardais pour une réflexion ultérieure, vue ce qui lui était apparu. Ensuite, on avait eu le droit à une version jeune de moi-même, en mode boxer et sexy. J'étais sexy d'ordinaire, du moins là j'en avais la confirmation, mais je ne pensais pas un jour me déhancher de cette manière là face à ces jeunes femmes. Autant cela m'amusait quand il avait été question d'Ellie, autant cela me gênait en songeant au fait qu'Eulalie assistait également au spectacle. Fort heureusement, elle avait agis de la meilleure des manières, et sans doute de la façon dont j'aurais dû le faire. Même si un fois que ce pauvre clone de moi-même se pris le pot de fleur sur la tête, je sentis une vive douleur sur le haut de mon crâne. C'était instinctif, rien de plus. Je compatissais pour ma pauvre moitié.
S'en était donc suivi, ma réflexion ultérieure. Dans le sens où face à nous, Eulalie fit apparaître un Surt allongé sur une table. Elle avait tenté de le cacher du mieux qu'elle pouvait, et de s'en débarrasser, mais le mal était fait. Si cette machine montrait bien nos plus grands fantasmes, comme la jeune femme l'avait suggéré, cela voulait-il dire qu'elle avait un faible pour Elliot ? Et par conséquent pour quelqu'un qu'elle devait combattre et tuer ? Aurais-je créé une jeune femme attiré par les bad boys ? Je n'en avais pas l'impression. Surtout que je m'étais inspiré de certaines jeunes femmes saines d'esprit, tel qu'Ellie ou Aphro... d'accord, elle était peut-être attirée par les bad boys. Il faudrait qu'on ait une discussion elle et moi. En attendant, je l'avais suivi, tout comme Ellie l'avait fait, en direction d'une autre salle, laissant derrière nous les carcasses de mini Anatole et mini Elliot. Ce fut à ce moment là qu'Eulalie se stoppa, puis se tourna, afin de nous faire face et de nous ôter de la tête toute supposition sur ses fantasmes.
« Ne t'en fais pas, Eulalie. On ne pensait rien de cela. Tu l'as dit toi même, cette machine révèle simplement nos... fantasmes. » dis-je en laissant échapper un petit sourire, tout en jetant un oeil discret à Ellie. « Et dans ton cas, ça doit simplement être la personne qui hante tes pensées. D'où Elliot bien entendu. » précisais-je.
Avant qu'elle enchaine, j'avais juste voulu clarifier quelque chose de plus...
« Car il va de soit, que c'est le visage d'Elliot que tu as vue quand tu lui as retiré le masque, et que tu as essayé de nous le cacher, n'est ce pas ? »
Elliot la hantait. Cette question me hantait ! Est ce que oui ou non, c'était bel et bien Elliot qu'elle avait vue ? Quoi qu'il en soit, elle avait enchainée en affirmant les préférences d'Ellie, qui eu pour effet de me faire sourire une nouvelle fois. J'avais tourné la tête vers la jeune femme, avant de me mettre totalement face à elle.
« Tiens, c'est vrai ça. Je pensais que tu me préférais sous cette apparence. Que ça te mettait bien plus à l'aise. Mais je ne me suis jamais posé la question de pourquoi. Serais-ce parce que sous mon autre apparence, tu m'imagines toujours en boxer ? »
Je ne pu m'empêcher de lui faire un très grand sourire taquin. Je me demandais si je devais créer un champs de protection autour de moi, ou si elle ne m'attaquerait pas. Quoi qu'il en soit, sans lui laisser le temps de répondre, j'avais pris les devants et j'avais franchis le couloir qui nous menait à une autre pièce. Il était petit et on s'était rapidement retrouvé face à une toute nouvelle porte qui s'était ouverte une fois face à elle.
« Je crois que nous avons trouvé ce que nous cherchions. » affirmais-je en entrant dans la salle des commandes.
J'avais observé les alentours. Il y avait une sorte de gouvernail comme sur les bateaux, et divers ordinateurs un peu de partout. Au loin se trouvait également un distributeur de boisson. Ils en avaient dans toutes les pièces ?
« Une salle des commandes, mais pas de commandant. C'est surprenant. Qui plus est, le gouvernail bouge. Ce qui signifie qu'on est guidé à distance ? »
Ce n'était pas vraiment une question, mais plus une constatation. Face à nous se tenait une immense baie vitrée d'où on pouvait voir l'espace au loin. C'était noir et il y avait une planète au loin qu'on voyait encore tout en petit. Je ne reconnaissais pas du tout ce bout de l'univers. Quoi qu'il en soit, je sentais toujours l'aura de mes amis au loin, mais de plus en plus éloignée. Ce qui signifiait qu'on était toujours dans notre univers, mais à une distance bien lointaine de la Terre. Je me demandais où on se rendait.
« On va faire des recherches. Eulalie ? Tu regardes sur les ordinateurs si tu vois quelque chose ? Je vais tenter de regarder sur ceux à droite. Quant à toi Ellie... tu peux te poster devant la machine là bas, pour être sûr que rien en sort. » dis-je une nouvelle fois taquin, avant de me diriger vers un ordinateur.
Une fois face à lui, j'avais fait la chose la plus censée qui soit.
« Indique nous où nous allons. » lui dis-je, sans avoir de réponses de sa part.
J'avais cru comprendre que la plupart des machines étaient comme des robots. Ils pouvaient ainsi nous répondre et ça allait bien plus vite pour nous. Mais celle là se montrait capricieuse.
« D'accord. Va falloir le faire en manuel. » affirmais-je en prenant l'objet se trouvant à côté de l'ordinateur, et en le bougeant comme j'avais déjà vue faire certaines personnes.
Au bout de quelques secondes, rien se produisait. Je n'avais aucune idée de comment procéder. Fort heureusement au loin, il y avait une affiche. C'était plus simple de lire que de toucher à ses appareils. Adressant un regard rassurant aux filles, je m'étais dirigé vers l'affiche et je l'avais lu de gauche à droite, de haut en bas et dans les moindres détails. J'en savais du coup un peu plus sur le lieu où on se trouvait ! Fier de ma découverte, je m'étais tourné vers les filles pour leur dire ce que j'avais appris. Je les fixais, leur souriais et... et...
« Il est conseillé de se laver les mains avant de toucher aux écrans. Tout comme il est demandé en cas d'incendie, d'utiliser les issues de secours. Et on n'a pas le droit de fumer de l'herbe des hautes plaines dans la salle de commandement... »
Oui, ça ressemblait plus à un règlement intérieur, plutôt qu'à une explication censée d'où on était et d'où on allait. Mais bon, c'était un début, n'est ce pas ? Mieux valait se rapprocher des filles pour voir comment elles s'en sortiraient elles.
Ellie Sandman
« J'ai pas trouvé où on peut demander un rang personnalisé... ! »
| Avatar : Felicity Jones & Raffey Cassidy
« La seule amitié qui vaille
est celle qui naît sans raison. »
« J'aime le thé : c'est une communion intemporelle entre le corps et l'esprit. »
Sauf que là, je n'aurais pas dû.
Eulalie nous avait débarrassés de la copie d'Anatole en petite tenue, ce qui était une excellente chose. Cependant, le remerciement que je m'apprêtais à lui faire se bloqua dans ma gorge alors que je l'entendais prononcer cette phrase immonde et grotesque :
"Ellie vous préfère jeune, je crois."
Que... Comment...? Voilà que mes pensées devenaient aussi monosyllabiques que mes paroles. Mieux valait que je reste silencieuse pour le moment. Je me contentai de fixer l'amazone, me sentant profondément trahie. Je n'avais pas la prétention de la connaître énormément, mais j'estimais que ce qu'elle venait de dire était particulièrement déplacé et infondé ! Cette machine n'exauçait en rien nos fantasmes ! Si tel avait été le cas, ce n'était pas Anatole en tenue provoquante qui en serait sorti, mais Thomas Hardy, habillé de pied en cape, et récitant un passage de Loin de la foule déchaînée. Au moins. Puisque je n'avais pas de pensée honteuse à l'esprit. Aucune. Mes songes étaient dépourvus de la moindre notion sensuelle. D'ailleurs, je ne dormais pas. Je faisais seulement mention de mes rêveries éveillées, lorsque je décidai de reposer mes yeux quelques minutes après une lecture enfiévrée. Etais-je réellement en train de me justifier face à moi-même ? Ellie, tu es ridicule. confiai-je à mon inconscient.
Déstabilisée, je me mordis l'intérieur des joues alors qu'Hypérion enfonçait le clou concernant la remarque de sa "fille". Il s'éloigna ensuite tranquillement. J'aurais voulu partir en sens inverse mais étant donné que nous étions piégés au coeur d'un vaisseau spatial inconnu, mieux valait rester ensemble. Nous arrivâmes dans ce qui semblait être la salle des commandes. L'immense vitre panoramique montrait un décor céleste infini, avec une planète au loin qui se rapprochait à vue d'oeil. Je restai quelques secondes émerveillée par cette vision, avant de replonger dans l'instant présent. Restant résolument éloignée du distributeur (décidément, il y en avait partout !) malgré la pique d'Hypérion, je m'avançai vers un écran.
"Il est tactile." soupirai-je à l'adresse du titan, car sa démonstration face à la machine était plus qu'exaspérante.
J'appuyai dessus mais rien ne se produisit. Je lus ce qui s'inscrivit à l'écran avant de préciser :
"Il faut un code d'accès."
C'était évident. Je me reculai en soupirant de plus belle. Impossible de le deviner. Il allait donc falloir poursuivre les recherches autrement. J'observai la pièce dans sa globalité, réfléchissant intensément, avant de pivoter de nouveau vers l'écran. Au hasard, j'entrai le code 1234. Une alarme rouge bipa au-dessus de nos têtes. Ne me laissant pas décourager, j'entrai ensuite le code 0000. Ceux par défaut sur tous types de machines électroniques terrestres. A ma grande surprise, l'écran se déverrouilla.
"J'ai réussi." balbutiai-je, ouvrant des yeux ronds comme des billes.
Il proposait différentes "ambiances de croisière". Je voulus quitter cette page mais il n'y avait aucun moyen tant que je n'avais rien sélectionné. Fronçant les sourcils, je réfléchis entre les différents choix : "Plage", "Banquise", "Tropiques", "désert". Je débutai par appuyer sur l'ambiance par défaut mais il semblait que rester dessus empêchait d'accéder au reste. Même si j'avais un très mauvais pressentiment, il fallait que je sélectionne autre chose.
"Banquise. Au moins, ça sera très froid." marmonnai-je, le regard buté sur l'écran.
A peine avais-je effleuré cette proposition de mon index que la température chuta radicalement de plusieurs degrès. Bientôt, de la buée s'échappa de nos bouches alors qu'une fine couche de givre recouvrait toutes les consoles et les parois. Tout fut sublimé par la glace en l'espace de quelques secondes. Je restai immobile, aux aguets, et constatai tout compte fait que ce n'était pas si terrible. J'adressai un grand sourire quelque peu hautain à Hypérion, voulus esquisser un pas pour retourner vers l'écran mais à cet instant, je perdis l'équilibre et glissai sur le sol qui était devenu une véritable patinoire. Je sentis quelqu'un me rattraper dans mon dos et me redresser, sans me lâcher pour autant.
"Je donnerais ma vie pour toi, Ellie !" fit une voix roucoulante et familière à mon oreille.
"Quoi ? Oh, non !" fis-je en tournant la tête pour dévisager Anatole qui me souriait d'un air atrocement niais.
Il cherchait à me garder étroitement serrée contre lui. Je me dégageai violemment et me sentis partir en arrière, mes bras faisant des moulinets pour tenter de ne pas tomber. Dans ma glissade maladroite, je m'aperçus que la copie du titan portait désormais un épais anorak fermé jusqu'au col, ainsi qu'un pantalon (Gaïa soit louée). La machine poussa un joyeux bip, plusieurs mètres derrière lui.
"Je crois... je crois que les écrans sont liés à ce distributeur de malheur ! Aaaah !"
Je poussai un cri alors que je chutai au sol.
"Ne touchez plus à rien !" ordonnai-je en relevant la tête et en repoussant les cheveux qui tombaient devant mes yeux.
Le faux Anatole se précipitait déjà vers moi, bras tendus dans un élan chevaleresque ridicule.
"LAISSE-MOI TRANQUILLE ! Tu n'es pas mon fantasme !" m'écriai-je d'un ton enragé.
Surpris, il se stoppa net sans glisser du tout sur le parterre lisse comme un miroir. Je m'accordai quelques secondes pour poser mes joues brûlantes simultanément contre le sol glacé. Aaaah, ça faisait du bien... Mon front finit par taper quelque peu dessus. Je n'en pouvais plus. Quelques secondes plus tard, je m'aperçus que l'Anatole glacé s'était allongé juste à côté de moi, et me fixait d'un oeil attendri. Je me relevai donc mais mon trop grand empressement me fit chuter de nouveau. J'étouffai un gémissement de douleur et demandai à tout hasard :
"Quelqu'un pourrait remettre l'ambiance par défaut, s'il vous plaît ?"
Pourquoi avais-je la désagréable impression d'être la seule à ne pas savoir tenir debout sur la banquise ? Sans doute qu'un titan et une amazone avaient des crampons intégrés à leurs pieds. De quoi me couvrir davantage de ridicule, c'était absolument... parfait.
"L'homme sous le masque... ce n'était pas Elliot."
Je me mordis aussitôt les lèvres. C'était mal, c'était même très mal de révéler quelque chose d'aussi personnel. Après tout, cela ne me regardait pas. Lorsque Eulalie avait soulevé le masque de Surt, j'étais dans l'angle parfait pour découvrir le visage de cet inconnu. J'ignorais de qui il s'agissait, mais il l'avait suffisamment énervée pour qu'elle essaye de le remettre aussitôt dans le distributeur.
Je tentai de me redresser une énième fois quand une voix mécanique enjouée émana subitement dans toute la salle, agrémentée d'une alarme clignotante rouge :
"Vous venez d'activer le moment entre filles ! Quelle chance !"
Une trappe s'ouvrit sous moi. Il s'écoula une seconde de battement, avant que je ne tombe à vive allure. Puis, ma chute fut brusquement arrêtée par un canapé sur lequel je rebondis. Echevelée, le souffle court, je m'aperçus qu'Eulalie se tenait juste à côté de moi. Avait-elle subi la même chose ? Je clignai des yeux vers le plafond qui s'était refermé, et eus un sursaut en sentant un pot de crème glacée apparaître dans ma main et une cuillère dans l'autre. Nous nous trouvions dans une pièce qui ressemblait à un salon chaleureux, et la télévision devant nous s'alluma sur le générique de Love Actually. Je posai un regard incertain sur Eulalie qui avait un paquet de chamallow dans les mains.
"Qu'est-ce... qu'est-ce qui nous est arrivé ?" balbutiai-je, déroutée.
Nous devions retrouver Hypérion. Hélas, la pièce ne semblait pas posséder de porte et j'ignorais si j'étais capable de me téléporter. Je me sentais bien trop chamboulée pour le moment.
"Vous avez activé le 'mode entre filles' !" répéta la voix informatisée. "Papotez autant que vous le voulez ! Eulalie a un graaand problème et beaucoup de questions qui concernent son petit ami ! Quant à vous Ellie, vous ne pouvez plus faire la tortue plus longtemps !"
"La tortue ?" fis-je, médusée.
"L'autruche, pardon ! Les animaux terrestres sont si nombreux, je m'y perds parfois ! Amusez-vous bien !"
Subitement, nos vêtements furent changés au profit de pyjamas duveteux : le mien était bleu pâle et celui de l'amazone rose pastel. La panoplie parfaite du cliché "moment entre filles". J'avais envie de pousser une plainte déchirante. Jamais encore je n'avais vécu une torture pareille.
Posant ma glace sur le canapé, je me levai et inspectai les parois, posant mes paumes à plat puis collant une oreille contre afin d'écouter ce qu'il y avait de l'autre côté. Rien. J'hésitais à appeler Hypérion par télépathie. Je préférais me débrouiller toute seule. Je finis par tapoter le mur, cherchant un endroit où il sonnait creux. Comment savoir s'il n'y avait pas juste le vide sidéral de l'autre côté ?
"Je te prie de m'excuser pour ce que j'ai dit." déclarai-je, penaude, sans oser regarder Eulalie. "Ca ne me regarde pas. Je n'aurais pas dû le dire en présence d'Hypérion."
Les bras ballants, je continuai d'inspecter les murs, tapant légèrement dessus de temps à autre.
Et c'est faux : je ne le préfère pas quand il est jeune. Je ne le préfère pas du tout. C'est un titan. Je le respecte, c'est tout. ajoutai-je mentalement.
J'ouvris la bouche pour prononcer ces paroles à haute voix, mais me retins au dernier moment. Mieux valait éviter une conversation délicate, surtout avec la musique de Love Actually en fond sonore. Ce film ne m'avait jamais paru aussi agaçant qu'en cet instant. Je baissai les yeux sur les chaussons lapins que je portais. C'était bien la seule chose agréable de cet endroit. Et au moins, dans cette pièce, on pouvait marcher sans risquer de se casser une jambe. Hypérion avait-il rétabli l'ambiance par défaut ? La banquise avait-elle quitté le vaisseau ?
J'en étais là de mes réflexions quand quelque chose attira mon attention : un mug posé sur la table basse, sur lequel était imprimé une photo représentant Eulalie avec l'homme que j'avais vu sous le masque. Je la saisis entre mes mains, les sourcils froncés. De l'autre côté de la tasse était écrit "Happily ever after". La tendant à Eulalie, je déclarai avec un sourire foncièrement gentil :
"Je suis heureuse pour vous."
Je remarquai alors un autre mug sur la table basse, qui n'était pas là quelques secondes auparavant. Une photo de moi enlaçant Hypérion avec l'inscription : "Say I do! I do! I do! I do! I do!". Mon coeur s'accéléra et je sentis de nouveau mes joues devenir brûlantes. Il s'agissait forcément d'un montage car je ne me souvenais pas l'avoir pris dans mes bras avec une telle ardeur. Deux liquides fumants emplissaient les tasses mais je n'avais aucune envie de boire dedans.
"Ca commence à bien faire... Ces gens, quels qu'il soient, n'ont rien de mieux à faire que de s'occuper de la vie privée des autres ?" bougonnai-je en croisant les bras.
.
crackle bones
Eulalie
« J'ai pas trouvé où on peut demander un rang personnalisé... ! »
| Avatar : Holland Roden
"Qu'est-ce qu'elle me veut encore celle-là..."
"Coucou TortueMan, je t'ai manqué ?"
"Je sais que j'ai une mauvaise réputation
mais de là à garder une distance de sécurité..
tu abuses, Emmet."
♡
| Conte : Famille Divine | Dans le monde des contes, je suis : : Capitaine Amazone Sexy
Par contre je suis pas venue pour tenir la chandelle.
Elliot ne hantait pas mes pensées. Certes, ça avait été le cas pendant de longues semaines, avant que je n'arrive à me convaincre que le tuer n'était définitivement pas envisageable. Mais maintenant... J'avais préféré ne rien ajouter face au Titan, malgré son insistance. Il n'avait pas besoin de savoir. Je n'avais pas à lui dire quoi que ce soit. Je ne savais même pas ce que j'aurai bien pu préciser, de toute façon. La diversion que j'avais faite semblait avoir fonctionner, et je n'étais pas peu fière d'avoir échappée de peu à une discussion étrange.
Je cherchais à taper sur ses écrans face à moi sans que ça n'apporte grand chose, écoutant le Titan réciter les règles à suivre dans ce vaisseau sans commandant. Qu'est-ce que c'était, de 'l'herbe des hautes plaintes' ? Peu importait. Ça devait venir d'une autre planète. Je croisais les bras face à mon incompétence, observant Ellie dont les résultats étaient bien plus concluants que les nôtres. Sans le moindre doute, elle était le cerveau de ce trio. Je devais l'admettre. Si on oubliait le fait qu'elle avait transformé l'endroit en mini Pôle Nord. On aurait peut-être pu faire une petite séance de patinage pour profiter de ce nouveau décor.
Je devais avoir une expression aussi surprise que craintive au retour de la copie d'Anatole. Si cette version prête pour aller au ski venait de sortir de la machine à côté de nous pour secourir d'Ellie, j'espérais qu'il n'en serait pas de même pour ce faux Surt-pas-Surt. Elle n'avait pas besoin de me demander de ne rien toucher, ce n'était pas dans mon intention, je voulais éviter tout débordement ! Est-ce que je devais aller l'aider, alors qu'elle semblait faire preuve d'une grande maladresse sur cette banquise ? J'hésitais. Elle avait déjà quelqu'un pour la soutenir, même si ce n'était pas ce qu'elle voulait. Je tentais de faire ce qu'elle demandait, incapable pourtant de parvenir à remettre cette... ambiance par défaut. Je ne comprenais plus rien.
Je crus m'étouffer en entendant ses propos. Etait-ce de la vengeance ? Ou... Non. Elle n'avait aucune raison de dire une chose pareille. Elle ne pouvait pas le savoir, de toute façon. Elle n'avait rien vu. Ma tête se retourna vers elle, mon regard se posant ensuite immédiatement sur Hypérion. Est-ce que mon visage trahissait ma gêne ? Je n'eus pas le temps de le savoir.
Si la chute ne fut pas des plus agréables, au moins il y avait des chamallow. Dans les situations de stress, il était important d'avoir de quoi manger et je m'empressais d'en ouvrir nerveusement le paquet. Le Titan n'était pas là, mais Ellie oui. Et mes coups d'oeil dans sa direction étaient nombreux et incertains. J'écoutais à peine la voix qui nous parlait à travers les murs. Je ne savais pas d'où elle venait, je n'arrivais pas à le définir.
« J'ai déjà vu ce film. »
Je me raclais la gorge, avalant un nouveau morceau de guimauve en fixant l'écran face à moi, sursautant face à mon changement de vêtements. Je n'étais déjà pas habituée à porter un pyjama couvrant autant de parcelles de ma peau, pour être honnête, et je n'étais pas persuadée que ce soit une couleur qui m'aille à merveille.
« Je peux la prendre ? » questionnais-je la déesse sans pour autant la regarder.
Elle avait abandonné sa glace. Je n'étais pas contre la manger à sa place. Je ne pensais pas que partir à la recherche d'un passage secret pour sortir d'ici soit une solution. Il s'agissait d'un moment entre filles, peut-être qu'il suffisait d'attendre qu'il soit passé et que nous retrouverions Hypérion juste après. Il était tout proche, je sentais encore sa présence. Finalement, ce n'était pas plus mal qu'il ne se trouve pas avec nous pour le moment. Pas alors que cette tasse venait d'apparaître, me faisant secouer la tête de gauche à droite sans que je ne la prenne alors qu'elle me la tendait.
« Je ne sais absolument pas qui est cet homme. » tentais-je de me défendre d'une voix trop aigüe pour paraître sincère.
Ne souhaitant pas toucher au mug me concernant, je m'étais redressée sur le canapé pour 'emprunter' celle où la photo d'Ellie et Hypérion se trouvait. J'avais quand même soif.
« C'est dans la nature humaine d'être curieux. Peut-être dans la nature alien aussi. »
Dans celle des créatures également, à dire vrai.
« Tu n'as pas à être désolée. Je n'aurai pas dû lui dire que tu le préférais... jeune. Mais c'est le cas, non ? »
Ma tête se pencha sur le côté. Je reposais finalement la tasse avant même de l'avoir porté à mes lèvres. J'avais l'estomac trop noué pour qu'une boisson chaude puisse parvenir à me détendre. Cette situation était insensée et nous mettait toutes deux mal à l'aise sans que je ne sache exactement pourquoi.
« Pourquoi est-ce qu'il est sorti de la machine pour toi ? »
Mes lèvres se pinçaient, mes mains se crispaient l'une contre l'autre alors que je sentais que ce n'était pas approprié. Je me relevais pour faire les cents pas face à la télé sans y prêter attention. Je connaissais l'histoire, elle ne m'intéressait pas, je m'en fichais.
« Je ne peux pas en parler à Hypérion. »
Je piétinais, passais une main dans mes cheveux, soupirais. Puis me stoppais soudainement quelques secondes, fixant Ellie, avant de me décider à m'approcher d'elle. Cette discussion allait être des plus étranges que je n'ai encore jamais vécu. Je ne savais pas si j'étais prête.
« Est-ce que tu le trouves attirant physiquement ? »
Ma question était sortie sur un ton détaché. Je tentais de faire au mieux pour ne pas me sentir dérangée puisqu'il s'agissait de mon créateur, dont je parlais. Et en plus de cela, il s'agissait d'Ellie. Je ne l'avais croisé que peu de fois, sans que nous ne devenions forcément proches. J'allais trop vite.
« Je sais que c'est délicat, mais je promets de ne rien répéter. J'ai besoin de savoir. »
… C'était encore plus bizarre dis comme ça, ou ce n'était qu'une impression ?
« Pardon. Je ne devrais pas demander ça, c'est trop personnel. J'ai encore des progrès à faire sur la manière correcte de faire évoluer une conversation. »
Je lâchais un soupir ressemblant plus à une sorte de plainte étrange avant de porter ma main à mon front. Je m'interrogeais sur trop de sujets simultanés.
« Est-ce que je dois en discuter avec lui ? »
Mes yeux se posaient sur ceux d'Ellie. J'étais en pleine détresse. Je ne comprenais plus ce qui se passait dans ma tête, tout se bousculait à une vitesse folle.
« Il pourra m'aider. Il pourra me dire ce que ça veut dire, exactement, comment le gérer. »
J'avais recommencé à marcher, garder un mouvement régulier me permettant de ne pas me mettre à déblatérer de nouvelles idioties.
« Après tout, il le saura un jour, certainement. »
Je hochais la tête comme pour me convaincre moi-même.
« Même si en tant que... que femme, ce serait peut-être mieux d'en parler avec toi ? »
D'accord. Je doutais encore.
« Il y a toute cette histoire... Je le connais, cet homme. » avais-je précisé comme si c'était nécessaire, indiquant la tasse étrange d'un mouvement de tête. « Ce n'est pas... Pourquoi est-ce qu'il faut que ce soit avec quelqu'un qui compte, la première fois ? »
Et pourquoi cette question avait été la seule à me passer à l'esprit, à ce moment précis, comme si c'était le plus important ?
« Ouh la ! Désolé de vous interrompre mais ça, je pense que c'est un sujet qui devrait être abordé avec un adulte responsable ! »
Oui et bien, Ellie en était une, non ? Et la seule présente dans cette pièce, en plus de ça.
« Je vais le faire venir ! »
Hein ? Qui ça ? Non, non, je n'étais pas encore certaine de le vouloir !
« Surtout pas ! On est très bien toutes les deux ! »